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27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 13:28

Le règne dictatorial n’a pas seulement détruit l’économie, mais il a précipité la descente aux enfers de la société algérienne. Désormais, des Algériens peuvent s’en prendre aux langues, à la liberté des autres au nom de leur idéologie. C’est la polémique de ces derniers temps, entretenue par le leader islamiste Makri qui veut criminaliser l’usage de la langue française. Bien entendu, la régression ne se résume pas à ce thème.

Néanmoins, cette forme d’extrémisme n’est pas propre à ce courant. Ces idées peuvent être émises par des courants dits laïques, où la haine de la langue arabe et de la religion musulmane est assumée. Du coup, le but de cette note n’est pas d’incriminer un seul courant, mais de dénoncer l’exploitation de certains thèmes à des fins politiques.

En tout état de cause, ce genre d’abus n’a jamais arrangé les affaires de l’Algérie et encore moins en cette période où le peuple algérien se bat pour se réapproprier les institutions du pays, accaparées par le régime depuis 1962.

Pour revenir à la proposition de Makri, il est important de rappeler l’évolution du courant islamiste afin de mieux comprendre la régression de cette pensée. En Algérie, tous ces courants se réclament de la pensée d’Abdelhamid Ben Badis. Or, quand on se réclame de quelqu’un, on doit perpétuer son esprit de tolérance.

Est-ce que le fondateur du courant islamiste pouvait criminaliser l’usage de la langue française quand il était à la tête de l’association des Oulémas ? La réponse est non. Car, Ben Badis se battait pour le respect de la société musulmane algérienne dans le cadre des lois françaises.

Et paradoxal que cela puisse paraître, l’association des Oulémas prônait l’application de la loi de 1905 à la religion musulmane. En fait, bien que l’Algérie ait été considérée comme une terre française jusqu’à 1962, les lois de la République française, notamment la loi sur la laïcité, n’ont jamais été appliquées dans ce territoire.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le temps a donné  raison à Ben Badis et ses compagnons qui réclamaient la séparation de la religion de la gestion politique. Hélas, les paradigmes de Ben Badis de tolérance ont disparu après le recouvrement de la souveraineté nationale. Chaque responsable utilise la religion pour parvenir à ses fins politiques. Personnellement, je n’adhère pas à la revendication des éradicateurs qui prônent la laïcité comme une punition. Il vaut mieux parler de la non exploitation de la religion à des fins politiques.

Ainsi, avant le multipartisme, on a assisté à des prêches politiques dans les mosquées, car les responsables n’estimaient pas utile de s’adresser eux-mêmes aux citoyens. On a vu des islamistes, dans les années 1990, promettre aux Algériens de les emmener au paradis s’ils votaient pour leur parti politique. Récemment, il y a un ministre des affaires religieuses qui recommande de ne pas dire la vérité au nom de la soumission aux gouvernants. Voilà en gros le bilan de ce courant.

Heureusement, la jeunesse qui s’est soulevée le 22 février 2019 a dépassé ces pratiques archaïques. Courageusement, ils se battent pour une Algérie nouvelle. Celle-ci doit tourner le dos à cette Algérie malmenée par les différents acteurs des décennies précédentes.  

 

 

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25 mai 2020 1 25 /05 /mai /2020 13:19

Dans une tribune fort instructive, une quarantaine de nos compatriotes donne une leçon politique au régime. En effet, le plus dur dans cet exercice est de récapituler les revendications des quinze mois du hirak en y mettant des mots justes. D’emblée, ils se demandent –et cette question est destinée à toute l’opinion –comment un pouvoir qui piétine les droits de l’homme, à travers les arrestations arbitraires, puisse respecter les libertés des citoyens dans le cadre d’une nouvelle constitution ?

À vrai dire, ces questions qui fâchent n’auront jamais de réponse. Car, quand le régime parle de citoyens, il n’entend pas généraliser cette acception à tous les Algériens, mais il parle de ceux qui sont d’accord avec lui. Il n’y a qu’à voir l’accès aux médias public. Bien qu’ils soient théoriquement le bien public, il n’y a que les flatteurs qui y ont droit. Et quand les autres Algériens militent ouvertement pour le changement, le régime les envoie directement dans ses geôles. À tel point que dans quelque temps, les prisonniers d’opinion dépasseront les détenus de droits communs.

Ainsi, au lieu de répondre aux revendications légitimes du hirak –ce sont en plus des exigences du 21e siècle –, le régime tente de se régénérer en proposant des solutions des années 1960. En effet, si on compare la constitution de Ben Bella à celle de Tebboune, les institutions subissent la même hégémonie d’un seul homme sous la couverture du haut commandement militaire –nos soldats sont dans la même situation que le reste de la population –, qui est le parti politique le plus puissant du pays.

Toutefois, après toutes les humiliations subies depuis l’indépendance, la grande majorité du peuple algérien est sortie dans la rue un certain 22 février 2019. Que le régime le veuille ou non, cette date est à la fois un repère et un projet de rupture. Car, quand un régime dilapide plus de 1000 milliards de dollars, quand un régime tente de reconduire un homme cliniquement mort à la tête du pays, il est évident que ce régime est définitivement disqualifié.

En plus, est-ce que l’Algérie est condamnée à être gouvernée indéfiniment selon le modèle des années 1960 où les contre-pouvoirs sont inexistants ? Après une carrière de plus de 50 ans au sein du régime intolérant, on ne peut pas incarner le renouveau. Hélas, quand le contrôle vient de la rue –il n’y a aucun pouvoir intermédiaire entre le pouvoir exécutif et le citoyen –, ces responsables montent au créneau pour dénoncer la trahison des millions de citoyens. Pire encore, ils prêtent à la religion des fonctions contraire à sa mission, tel ce ministre qui interdit aux citoyens de critiquer les gouvernants même lorsque ceux-ci sont des corrompus, des voleurs, etc.

Enfin, il est évident que le départ des têtes d’affiche du système –les institutions restent, car elles sont au service de la nation –est nécessaire. Est-ce qu’une transition s’impose ? Sans doute oui. En tout cas, le peuple algérien souverain saura choisir librement ses représentants respectant les règles de la démocratie, notamment la séparation des pouvoirs. Pour les signataires du manifeste pour une constitution du peuple souverain, la solution réside dans l’élection d’une Assemblée nationale constituante. Mais, pour ce faire, il faudrait débattre avec toutes les parties pour que cette solution soit consensuelle. Et quoi qu’il en soit, dans la future constitution du peuple algérien, ce dernier doit paraitre le détenteur du pouvoir réel et non celui qui adopte la constitution pour offrir des pouvoirs illimités à un seul homme.

      

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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 08:30

Dans toutes les périodes cruciales que notre pays a traversées, les étudiants ont joué amplement leur rôle. Mais, il faut reconnaître que leur apport à la révolution du sourire dépasse toutes les prévisions. Cette conscience est indubitablement héritée de l’engagement de leurs ainés pendant la guerre de libération.

En effet, le 19 mai 1956, les étudiants ont décidé collectivement de quitter les bancs des universités –les lycéens ont aussi suivi le même mot d’ordre –pour rejoindre les maquis. Pour eux, un diplôme sous la domination coloniale n’aurait fait de l’étudiant qu’un bon cadavre.

Cependant, bien qu’il ne faille pas comparer le régime colonial avec la gestion chaotique postindépendance, force est de reconnaître que le régime ne se soucie pas de l’avenir des étudiants. L’absence de perspective –sauf pour les enfants des oligarques où des moyens faramineux sont mis à leur disposition –pousse l’étudiant, avant même la fin de leur cursus pour certains, à quitter le pays. Car, un diplôme sous la domination de la junte ne ferait au mieux de l’étudiant qu’un bon chômeur. Et ça, c’est avant le 22 février 2019.

Cela dit, dans cette crise postindépendance, la responsabilité n’incombe pas totalement au régime. Bien évidemment, les réactions violentes du régime ont dissuadé les citoyens à s’immiscer de leurs affaires. Mais, au fond, c’est cette pusillanimité qui a permis au régime de conduire les affaires du pays sans aucun contrôle. Ce qui a conduit hélas à l’une des pires gouvernances : le règne de Bouteflika où malgré une aisance financière, le régime a ruiné le pays.

Or, dans tous les pays, quand un régime échoue, un changement de gouvernance s’impose. Car, dans la plupart des cas, la crise est liée au choix du type de régime. Bien que cela n’échappe pas à la grande majorité du peuple algérien, le régime tente de se régénérer en adoptant un nouveau discours, mais tout en gardant les mêmes pratiques. Comment peuvent-ils convaincre les citoyens quand 95%  –si ce n’est pas plus –des fidèles de Bouteflika sont toujours aux commandes ?

En tout cas, ce n’est pas à cette jeunesse consciente qu’il faudra vendre ce plan diabolique. Pour déjouer donc ce plan machiavélique, il faut reconnaître que le rôle de la jeunesse en général et des étudiants en particulier a été et est capital. Ils savent que le maintien du même régime ne peut reproduire que les mêmes effets. Ainsi, en sauvant le pays, c’est leur avenir qu’ils sauvent également. Et ça, les étudiants l’ont bien compris. D’où leur persévérance.

De la même manière, quand la crise sanitaire a nécessité une pause, les étudiants sont les premiers à suspendre leurs marches hebdomadaires. Cette sagesse prouve que les étudiants sont à la hauteur des enjeux. Hélas, ils font face à un régime démoniaque qui profite de cette pandémie pour intimider, voire emprisonner, les animateurs du mouvement pour leurs publications sur les réseaux sociaux. Pour la plupart, ces animateurs sont jeunes. Ainsi, au lieu d’être une chance pour le pays, cette merveilleuse jeunesse est perçue comme une menace par le régime. Heureusement, cette répression ne les dissuade pas.

 

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 14:51

Comme toutes les constitutions imposées jusque-là au peuple algérien, celle d’Abdelmadjid Tebboune ne risque pas de déroger à la règle. En effet, depuis la désignation de la commission chargée de sa rédaction jusqu’à son adoption, toutes les étapes sont et seront contrôlées par le même régime. D’ailleurs, même si les citoyens essaient de participer, leur apport sera nul puisque les choix ont été faits bien avant la désignation de ladite commission.

C’est pourquoi il est difficile de parler de la constitution du peuple algérien. Car, depuis l’indépendance, le régime élabore des textes en vue d’asseoir sa domination sur le pays. C’est tout le contraire d’une constitution du peuple où c’est le contrat social qui est adopté en vue de permettre les équilibres et la séparation des pouvoirs. À partir de ce contrat, les équipes gouvernementales se succèdent sans que le nouveau responsable ait le besoin de tout réécrire. Chez nous chaque chef de l’État préfère en avoir sa propre constitution.

Et pourtant, avant « l’élection » du 12 décembre 2019, tous les discours officiels parlaient de la nouvelle ère. En effet, après la tentative de reconduire un homme cliniquement mort à la tête de l’État, le régime a été pris à son propre piège. Le mouvement populaire a alors  mis à nu les pratiques irresponsables du régime le poussant à faire marche arrière. À rappeler que le chef de l’État était dans le premier cercle du régime de Bouteflika. Pourquoi le régime a été alors aveugle au point de ne pas prévoir une telle crise ? Dans la réalité, ce type de régime –les constitutions qu’il élabore ne prévoient pas la remise en cause par le peuple de leur domination –n’a aucune prévision d’avenir. Ses intérêts immédiats priment sur tous les rêves de la société.    

Est-ce que le régime a tiré les enseignements de la crise ? Certainement oui. Mais, quel enseignement alors ? Il ne va plus se retrouver dans la même situation que celle de février 2019. C’est-à-dire, dans la nouvelle constitution, une disposition constitutionnelle permettrait de déjouer le piège si le peuple venait à reprocher au dirigeant son incapacité à diriger le pays. D’où la création d’un poste de vice-président. Fait de prince, celui-ci est désigné par « le président ». Donc, sur deux, trois ou même quatre ans, l’Algérie pourrait être dirigée par un homme choisi par une seule personne. De même qu’en 1996, le régime a créé le sénat, dont le tiers est désigné par « le président », pour empêcher l’opposition d’avoir une majorité au parlement. C’est cela l’esprit des lois en Algérie.

Pour toutes ces raisons, il est difficile qu’une nouvelle Algérie émerge à l’ombre de cette énième révision constitutionnelle. On peut même dire qu’on est loin des aspirations du hirak de février 2019, qui souhaite la restitution des rênes du pouvoir au peuple. Et si le hirak s’arrête pour une raison ou une autre, cela veut dire que le mouvement populaire de février 2019 a juste donné l’occasion au régime de corriger certaines failles. Ce qui lui donnerait une longévité plus grande que celle prévue par les tenants du régime. Mais, si cela doit arriver, il restera au moins une seule bataille à mener : que cette constitution du régime ne rende aucun hommage au hirak. Car, les objectifs du hirak sont diamétralement opposés à l’esprit de la constitution de Tebboune.   

 

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13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 21:09

À l’instar de toutes les libertés, la liberté de la presse souffre énormément en Algérie. La raison est toute simple : le régime algérien veut tout contrôler. Et ce n’est pas parce que la grande majorité de la presse s’y soumet –Abdelmadjid Tebboune parle de 8000 journalistes qui ne sont pas inquiétés –que la situation peut être qualifiée de normale.

En tout cas, la gestion de ce secteur sensible est à l’image de la politique menée par le régime depuis 1962. En plus de la corruption à tous les niveaux, les médias sont utilisés comme un outil de propagande. C’est pourquoi les médias publics n’ont jamais été ouverts à l’opposition, à l’exception de la courte période gérée par les réformateurs. Depuis cette parenthèse, l’information est utilisée dans le même et unique objectif : louer l’action du régime.

Toutefois, quoi qu’on puisse épiloguer sur les luttes antérieures, le mouvement du 22 février 2019 a fait rentrer l’Algérie dans une nouvelle ère. Celle-ci prévoit une rupture totale avec les pratiques du système pour qui ses soutiens sont de bons Algériens et les autres sont des traîtres à éliminer. Hélas, le régime n’a pas encore dit son dernier mot. Après leur libération –car, le hirak a avant tout libéré quelques voix à l’intérieur du régime –, les nouveaux caïds se retournent contre la révolution qui les a émancipés.

En effet, qui pouvait imaginer, avant le 22 février 2019, Abdelmadjid Tebboune accéder à la magistrature suprême ?  Deux éléments prouvent que ce scénario était impossible sans l’avènement du hirak. Après sa désignation à la tête du gouvernement en 2017, le patronat ne voulait pas travailler avec lui. Résultat des courses : les Bouteflika l’ont renvoyé comme un malpropre. Le deuxième événement est l’implication de son fils dans l’affaire de l’importation de 701kg de cocaïne.

Pourquoi ces rappels ? Lors de ses multiples déclarations médiatiques avant le 12 décembre 2019, Tebboune expliquait qu’il n’était pas comme les Bouteflika. Il disait même qu’il était différent. Personne à ce moment-là ne pensait au pire. D’ailleurs, est-ce que c’est cela qui a motivé l’homme fort du moment, en l’occurrence Gaid Salah, à le porter à la tête de l’État ? Ce n’est pas impossible.

Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que depuis sa désignation, Abdelmadjid Tebboune ne montre aucun signe d’apaisement politique. Aidé par la pandémie, les arrestations, les convocations et les prolongements de peine augmentent substantiellement. Chaque jour, plusieurs animateurs du hirak publient sur les réseaux sociaux leurs convocations par les services de sécurité. Quel est leur tort ? C’est de croire qu’une nouvelle Algérie est possible.

Finalement, le régime a du mal à accepter de se mettre sous l’autorité du peuple. Car, dans le cas où il accepte, cela veut dire que tous les Algériens seront égaux devant la loi. Chaque institution va exercer ses pouvoirs en dehors de toute injonction de l’exécutif. Le budget de l’État sera élaboré en fonction des besoins du peuple et non en vue de satisfaire les lobbies qui gravitent autour du régime. Malheureusement, avec le maintien de ce système –le problème n’est pas dans les personne, mais c’est ce genre de système qui génère tous ces défauts –, ce rêve paraît lointain. Mais, si les Algériens ne renoncent pas à la poursuite du hirak, ce ne sera pas impossible de changer de système. À quel prix ? Les prisons vont sans doute se remplir davantage.

    

 

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11 mai 2020 1 11 /05 /mai /2020 08:38

La célébration du 8 mai 1945 est certes un devoir national. C’est l’occasion de rappeler les horreurs que le peuple algérien a vécus. Peu importe les divergences idéologiques, les Algériens doivent s’incliner collectivement à la mémoire de ses meilleurs enfants fauchés par le système colonial. Pour que ce rendez-vous ne donne lieu à aucune polémique, il faudrait qu’il soit donc apolitique.

Contrairement à ce que prétend être Abdelmadjid Tebboune, à savoir le gardien du temple de la mémoire, le peuple algérien n’a jamais cessé de vouer un respect incommensurable à ses ainés. Donc, cette mémoire est un enjeu collectif. En tout cas, les Algériens ont prouvé, durant des décennies, leur reconnaissance sans vergogne à ceux qui ont œuvré, sur le terrain de la lutte, pour leur libération.

Inversement, depuis l’indépendance, l’exploitation de ce sujet par le régime a paralysé le pays. En effet, jusqu’à l’élection de Bouteflika, la légitimité historique a pris le dessus sur tous les types de légitimité. Dans la réalité, on pourrait parler plutôt d’une légitimité usurpée. Car, l’ossature du régime a été façonnée par l’armée des frontières, laquelle –ou du moins ses chefs –n’a pas participé directement à la guerre de libération.

Hélas, c’est au  nom de cette « légitimité historique »que le pouvoir usurpateur a puni sévèrement les cinq chefs historiques, survivants de la guerre de libération. Ainsi, deux chefs historiques sur cinq sont assassinés par les services secrets en 1967 et en 1970. Deux autres sont forcés à l’exil (1964-1992 pour Mohamed Boudiaf et 1966-1989 pour Hocine Aït Ahmed). Enfin, après avoir servi de caution au système de Boumediene, Ben Bella a passé 15 ans dans les geôles du régime (1965-1980). Bitat a échappé à la maltraitance, car il a choisi de s’effacer en faveur des maîtres de l’Algérie.

Pour toutes ces raisons, depuis le 22 février 2019, le peuple algérien sait que ce régime n’est pas son allié. En gaspillant plus de 1000 milliards de dollars –certains caciques ont détourné des sommes pouvant assurer la vie d’une dizaine de générations de leurs proches –, le hirak prône alors une rupture radicale avec ce régime irresponsable.

Enfin, bien que nous soyons tous attachés à ces pages de notre histoire, la construction de l’État de droit est prioritaire. Dans un pays où plus de 70% de la population a moins de 30 ans, les questions mémorielles relèvent d’un passé un peu lointain.

Pour la connaissance de ce sujet, des historiens ont accompli un travail formidable. Hélas, aucun de ces historiens n’a réussi à mener son travail objectivement dans son propre pays. L’exemple de l’éminent historien, Mohamed Harbi, est là pour rappeler cette réalité. Du coup, sur quelle base le chef de l’État compte-t-il lancer ces recherches ? L’histoire a prouvé qu’à chaque fois que le politique se mêle de ce sujet, le chercheur perd son autonomie. En tout cas, si c’est pour aboutir à justifier tous les problèmes de l’Algérie indépendante par la présence coloniale, ce ne sera ni utile ni objectif.  

 

 

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6 mai 2020 3 06 /05 /mai /2020 15:01

La disparition d’Idir va laisser un vide incommensurable. Bien qu’aucune personne ne puisse faire l’unanimité, le nom d’Idir est associé au caractère universel de son œuvre. Cela se confirme à travers l’hommage planétaire rendu à l’homme de culture.

En tout état de cause, dans les circonstances comme celles-ci, les gens éduqués se rappellent les bons faits du défunt. À l’examen du parcours d’Idir, il n’a fait que tirer la culture berbère et algérienne vers le haut. Ses chansons sont en effet reprises dans toutes les langues et à travers le monde entier.  Sans être chauvin, quand un concitoyen atteint ce niveau de gloire, cela devrait réjouir tous les compatriotes.

Hélas, certains s’arrêtent sur quelques positions politiques. Depuis plusieurs décennies, Idir, comme nous le sommes tous, dénonçait la politique du régime algérien envers la culture amazighe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le temps lui a donné raison, puisque la culture amazighe –grâce aux sacrifices des militants sincères de la cause –devient une réalité désormais admise. Plus intéressant encore, depuis l’avènement du hirak, la grande majorité du peuple algérien –à l’exception d’une minorité conservatrice et haineuse –en fait sienne.

Cependant, il n’y a pas que les quelques égarés islamistes –pour ne pas citer le plus haineux d’entre eux, Abdelkader Dehbi –qui exploitent cette mort d’Idir pour verser leur haine ou plutôt maintenir le climat de haine dans notre pays. Alors qu’une telle circonstance devrait normalement exclure toute exploitation politique, force est de reconnaître que Ferhat Mehenni ne peut pas s’en empêcher. « Le pouvoir algérien qui prit peur, va mobiliser des dizaines de millions de dollars, pour sponsoriser le raï pour abattre Idir et freiner la chanson kabyle », écrit-il dans son hommage à Idir. Peut-on respecter l’âme d’Idir en polémiquant ainsi ? J’en doute personnellement.

Enfin, on voit sur les réseaux sociaux la prolifération des pétitions pour le rapatriement du corps d’Idir en Algérie.  C’est quand même une drôle d’initiative. Car, cette question relève de la volonté du défunt de son vivant et ensuite il appartient à sa famille de sang –et à cette famille uniquement –d’exaucer ce vœu.

Quelle est la meilleure façon de rendre hommage au défunt dans le respect dans nos traditions ? Sans vouloir donner la moindre leçon, les codes de notre société sont simples. On présente d’abord les sincères condoléances à la famille proche du défunt. Ensuite, on se met à la disposition de la famille endeuillée si elle a besoin de l’aide. Malgré l’aura internationale d’Idir, certaines décisions appartiennent à son cercle familial proche. En tout cas, quel que soit le lieu de son enterrement, son œuvre demeurera toujours éternelle. Tout ce qu’on peut dire, c’est paix et miséricorde à l’âme de notre idole, Idir.

 

 

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4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 13:27

La défaite du nazisme a été attendue par tous les peuples. Dans le cas de l’Europe, cela a permis la libération de plusieurs territoires. Parmi ces territoires, il y avait la France. Bien qu’elle ait été une puissance mondiale, elle a subi l’occupation nazie de 1940 à 1945. Peut-on alors occuper un autre pays quand ledit pays est occupé ? Il n’y a que le système colonial qui peut offrir cette possibilité.

Sans vouloir remonter jusqu’à la genèse de l’occupation coloniale, force est de reconnaître que la métropole a toujours considéré ces territoires comme le prolongement de l’Hexagone. Peuplé par une minorité française, ce territoire était régi par des lois républicaines quand il s’agissait des Français et par des lois d’exception quand il s’agissait des autochtones.

Ainsi, quand en 1943, le régime colonial a demandé des sacrifices aux indigènes, ces derniers ont conditionné leur apport à la fin de la domination coloniale. Ces revendications ont été portées par le regroupement des partis nationalistes, appelé les amis du manifeste et de la liberté (AML). Cela dit, ce regroupement n’était pas homogène. Seul le PPA (parti du peuple algérien), présidé par Messali Hadj, était ouvertement indépendantiste.

En tout cas, malgré les péripéties, la victoire des Alliés commençait à se dessiner bien avant 1945. Ainsi, après presque six ans d’un conflit mondial d’une rare violence, le monde se dirigeait vers la paix.  Mais, qui est concerné par cette paix recouvrée ? Alors que le monde entier fêtait dans la liesse la défaite du monstre hitlérien, dans les colonies, la domination ne donnait aucun signe de relâchement. Du coup, les colonisés pouvaient fêter la victoire de leurs dominants, mais jamais la fin de leur domination.

Que ce soit à Sétif, à Guelma, à Kherrata, tous les rassemblements, à l’initiative des AML, ont été réprimés dans le sang. Pour les autorités coloniales, le défi des indigènes était insupportable. Car, il touchait à la grandeur de la France. Cette vision étriquée oublie volontairement qu’au nom de cette même grandeur, des peuples sont soumis à toutes les injustices, à la faim, au déni de la citoyenneté, etc.

Toutefois, même si le général Duval a promis une paix de dix ans après avoir brisé une population déjà fragilisée, la conquête de la liberté était inébranlable. À partir de mai 1945, le mouvement national, notamment le courant radical, a tiré les leçons qui s’imposaient. Pour lui, un système de domination ne se remettait jamais en question. Désormais, la lutte devait avoir un seul objectif : la libération du pays quitte à payer un lourd tribut. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le peuple algérien a payé cher la libération du territoire.

Hélas, ce que les initiateurs de ce projet ont oublié, c’est que la fin de la domination coloniale ne signifie pas la libération totale. Bien que le sol soit libéré, comme disait Hocine Aït Ahmed, le peuple algérien a été maintenu dans le même état de sujétion. Depuis 1962, les dirigeants se comportent comme des maîtres, alors que la promesse des chouhadas était de bâtir une République irréprochable. Pour certains, surtout ceux qui tirent des avantages dans le maintien de la dictature,  ils refusent de parler de domination quand il s’agit du règne, même injuste, des nationaux.  En vérité, la pire domination est celle qui émane d’un autre concitoyen. Du coup, même si les objectifs ne sont pas les mêmes, depuis mai 1945, le combat pour la libération totale se poursuit.

      

 

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29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 12:55

Lorsque les intolérants s’expriment, la raison s’éloigne. C’est ce à quoi on assiste depuis quelques jours. Le mouvement extrémiste, dirigé par Ferhat Mehenni, réagit violemment à une contribution de l’homme sulfureux, Mohamed Sifaoui. Dans cet échange, on comprend réellement ce que veut dire l’extrémisme. Car, la teneur de leurs attaques ne sert ni la démocratie et encore moins l’Algérie.

Toutefois, pour être réaliste, l’idée de l’indépendance de la Kabylie est avant tout une démarche revancharde d’un homme n’ayant aucune place dans l’échiquier politique algérien. En ce sens, elle est dangereuse pour le pays. Cela dit, les citoyens de la région n’ont pas attendu Mohamed Sifaoui pour dénoncer ce projet pernicieux.

Par ailleurs, ce qui est mauvais pour le pays ne l’est pas forcément pour le régime. Car, si le régime se sent en danger, il n’hésitera pas à exploiter ce projet irréaliste et irréalisable pour paraître comme le rempart de l’unité nationale. Alors que la seule chose qui intéresse le régime est la main basse sur la rente pétrolière.

Et pourtant, ce territoire, appelé jadis wilaya III historique, n’a aucune leçon de nationalisme algérien à recevoir de la part de ceux qui ont mis le pays à genoux. Et à chaque moment clé de notre histoire, les citoyens de cette région ont toujours œuvré et œuvrent toujours, avec abnégation et amour, pour la pérennité de la chère patrie, l’Algérie.

Hélas, dans tous les pays, quand la crise politique dérape, des courants extrémistes voient le jour. Et là où ces courants avaient de l’influence, les conséquences étaient fâcheuses. Ainsi, c’est l’esprit revanchard d’Hitler qui a conduit à la Seconde Guerre mondiale. De même, la revanche de Staline contre ses adversaires à la succession de Lenine a conduit à la pire dictature des temps modernes. Enfin, dans les années 1990, si le FIS avait pris le pouvoir –on peut toutefois lui reconnaître sa victoire électorale –, il aurait insaturé un système exclusif, violent et antidémocratique. Il faut rappeler que le régime nourrit ces ingrédients depuis 1962.

Riche de cette expérience et malgré la déception, la grande majorité des citoyens de la région ne suivent pas Ferhat Mehenni dans ses délires. Ainsi, en 2019, au tout début du hirak, son appel à ne pas adhérer au hirak a été un fiasco. De la même manière, les manifestants ont répondu formidablement à son insulte au drapeau des chouhadas en brandissant, lors de la manifestation suivant son appel, le plus grand drapeau national confectionné depuis le début du hirak. Sans oublier que toutes les tentatives de ses partisans de perturber les grands rassemblements se sont terminés par leur renvoi poli des lieux.   

Malheureusement, la période de confinement, où le hirak n’occupe plus le terrain, cela donne une fausse impression au MAK qu’il représente quelque chose. Dans une déclaration sur son site, le MAK se prend pour le gardien du temple. Ainsi, pour défendre un territoire dont ils n’ont ni le contrôle ni le monopole, ils vont jusqu’à menacer Mohamed Sifaoui. « Ignore-t-il le risque encouru en se mettant à dos le peuple kabyle », écrivent-ils toute honte bue.

Mais, quel est ce peuple qui se cache derrière l’autorité de Ferhat Mehenni ?  Ce n’est surement pas les millions d’Algériens qui manifestaient, avant le confinement, à Tizi Ouzou, Bejaia, Bouira, Boumerdes, Jijel, Sétif, etc. En tout cas, bien que le hirak observe une pause politique exigée par les conditions sanitaires, le combat n’est pas près de s’arrêter ni de rendre le tablier.

Que ce soit au centre, à l’Ouest, à l’Est, au Sud, le peuple algérien poursuivra dignement sa quête de la liberté. Comme il l’a montré depuis plus d’un an de combat, le hirak ne cédera pas de terrain ni aux extrémistes identitaires, ni aux extrémistes religieux, ni aux usurpateurs de pouvoir depuis 1962. Il poursuivra surement le combat pour bâtir la nouvelle République, telle qu’elle est rêvée par les authentiques libérateurs. Dans cette nouvelle Algérie, il y aura de la place pour tout le monde. Et celui qui ne respecte pas ce nouveau cadre, il provoquera uniment son auto exclusion.    

 

    

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26 avril 2020 7 26 /04 /avril /2020 14:04

S’il y a un seul pays qui subit les effets néfastes du coronavirus, c’est bien l’Algérie. En plus de subir la crise économique touchant tous les pays, la situation politique se dégrade substantiellement. En effet, contrairement aux autres gouvernements qui se soucient du quotidien pénible de leurs concitoyens, le régime algérien saisit ce drame sanitaire pour régler ses comptes avec la société.  

Quel est son tort ? Depuis le 22 février 2019, elle remet en cause la mainmise du régime sur le pays. En effet, les tenants du pouvoir depuis 1962 n’aiment pas que les Algériens s’immiscent des affaires de la nation. Pour museler la société, le régime utilisait jusqu’à cette date de rupture tous les moyens en vue de faire taire ses contradicteurs. Au premier rang, on trouve les militants de la démocratie.

Historiquement hypocrite, la presse a été peu persécutée par le régime. Et pour cause ! Pendant plusieurs décennies, les rédacteurs en chef des journaux –et c’est vraiment un secret de polichinelle – sont simplement les agents des services secrets. Du coup, les critiques qui filtrent dans la presse servent à légitimer le régime en prétextant la liberté d’expression.

Toutefois, depuis l’avènement de la presse électronique, les lignes éditoriales échappent quelque peu aux décideurs. Bien que la rupture ne soit pas totale, elle dit des vérités qui ne plaisent pas au régime. Et ce n’est pas un hasard que le régime se venge à la moindre occasion pour les faire taire. C’est ce qui arrive en ce moment à Maghreb émergent, Radio M et Interligne.   

Pourquoi donc toute cette censure ? Il faut avouer que depuis le 22 février 2019, le régime a perdu la main. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le hirak a libéré tous les pans de la société, sauf ceux qui ne veulent pas. Ainsi, dans les marches de vendredi, on a pu voir des anciens militants du RND et du FLN rejoindre les hommes libres.

Cet élan a été couvert de la plus belle des manières par cette presse libérée, incarnée part les sites censurés. Pendant plusieurs mois, le régime a donc perdu tout contrôle. Sans l’apport décisif des forces de sécurité –le seul corps qui a été décisif dans le maintien de ce régime inique –, le peuple algérien aurait pu bâtir de nouvelles institutions, et ce, selon les principes d’égalité, de justice, etc. En un mot, un État de droit.

Hélas, et mille fois hélas, la pandémie provoquée par la propagation du coronavirus a permis au régime de reprendre un second souffle. Profitant du malheur planétaire, le régime algérien a actionné la justice aux ordres pour châtier les récalcitrants. Car, le régime ne conçoit la société qu’entre ceux qui sont avec lui et ceux qui sont contre lui. Du coup, dès le début du confinement, les convocations, les arrestations et les prolongements des peines des militants du hirak se multiplient.

Dans le second temps, le régime se retourne contre les sites internet favorables au hirak. Et là, tous les moyens sont bons pour faire taire les voix qui décrient les méthodes abjectes du régime.  C’est ce qui a valu la fermeture des deux sites d’Ihsane El Kadi quand il a écrit un article magistral sur les 100 jours de Tebboune.

Dans la réalité, le bilan de Tebboune ne peut que s’additionner à ceux de ses prédécesseurs. À partir du moment où il n’y a jamais eu d’alternance depuis 1962, le bilan du régime ne peut être dissocié. Ce qui vaut au chef de l’État vaut à chacun des collaborateurs du régime. À ce titre, Amar Belhimer applique la seule feuille de route du régime depuis l’indépendance : toutes les voix qui dénoncent les agissements du régime doivent recevoir la punition à la hauteur de leur engagement. Car, ce régime n’a pas besoin de citoyens, mais il a besoin de sujets et de chiatines pour qu’ils puissent perpétuer le terrible régime. Cette approche est évidemment en contradiction totale avec les desiderata du hirak. Ce mouvement sera d’ailleurs condamné à poursuivre le combat après la fin du confinement s’il ne veut pas que le pays  tombe dans les abysses.

 

 

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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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