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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 18:43
Qui va empêcher le sacre de l'« empereur » Bouteflika ?

L'Algérie s’apprête à vivre son énième coup de force. Pour la stabilité du régime, et au grand dam de l'Algérie qui attend un changement salvateur, les décideurs vont nous imposer, comme à l'accoutumée, leur candidat. Apparemment, les querelles internes sont un souvenir ancien. En tout cas, en allant lui-même déposer son dossier au siège du conseil constitutionnel, un appendice d'El Mouradia, le chef de l’État sortant accomplit sans doute son dernier exercice avant de prêter serment.

Et pourtant, il y a quelques jours, avant l'annonce par procuration de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, la scène politique algérienne a connu une effervescence. Or, à chaque fois que les Algériens essayent de débattre, le régime intervient brusquement pour siffler la fin de la récréation. En effet, s'il y avait un deuxième tour, par exemple, opposant Mouloud Hamrouche à Ali Benflis, cela ne serait pas inintéressant. Par ailleurs, bien que la sortie médiatique de Mouloud Hamrouche soit destinée davantage au commandement militaire qu'aux Algériens, le contenu de ses deux messages peut-être considéré comme une esquisse exhaustive à la crise politique algérienne.

Or, comme par magie, à peine une semaine après la première déclaration de Mouloud Hamrouche, « le premier ministre », Abdelmalek Sellal, met fin à toutes les supputations en annonçant la candidature d'Abdelaziz Bouetflika. Dans la foulée, l'ancien chef de file des réformateurs des années 1990 renonce à une éventuelle candidature. Car, l'élection présidentielle en Algérie n'a jamais été une rencontre entre un candidat et le peuple. « J'appelle au boycott parce que les élections ne constituent pas dans notre pays un mécanisme pour choisir », déclare-t-il, le 27 février 2014.

En fait, depuis 1962, pour le régime algérien, dont A. Bouteflika est l'un des éléments clés de l'équipe usurpatrice, les élections sont formelles. Mais, puisque ses partisans évoquent souvent les principes démocratiques, peuvent-ils répondre à cette question : Est-ce qu'un candidat presque mourant a des chances de remporter des élections aux USA (Saidani a fait le parallèle avec Roosevelt) ou en Allemagne (référence de Sellal à Angela Merkel) ? Non seulement les décideurs enfreignent la constitution, mais ils défient les lois biologiques en misant sur un infirme pour sortir l'Algérie de son marasme. En tout cas, les images de l'ENTV du 3 mars 2014 montrant A. Bouteflika affaibli -il faut être aveugle pour ne pas constater la dégradation de son état de santé -sont une preuve irréfutable d'une machination contre l'Algérie.

Cela dit, face à une société démissionnaire, il n'est pas étonnant à ce que le salut de l'Algérie, d’après Mouloud Hamrouche, ne puisse venir que d'un coup d’État. Un coup d’État qui n'en dit pas son nom, bien entendu. « Nous avons plusieurs exemples où l'intervention de l'armée a permis en fin de compte à mettre un système démocratique plus au moins réussi même si cela demande beaucoup de temps en effet », estime Mouloud Hamrouche.

Or, dans les pays où l'armée a encouragé le processus démocratique, à l'instar de l'Espagne ou du Portugal, les sociétés étaient déjà en mouvement. En Algérie, avant l'avènement des réseaux sociaux, les voix contestataires -bien qu'elles soient nombreuses -étaient étouffées. Force est de reconnaître, tout compte fait, que leur détermination n'a pas suffi à enclencher la dynamique citoyenne. Désormais, la contestation que l'on voit dans la rue se contente d'empêcher le chef de l’État de se représenter. Est-ce cela la dynamique susceptible de réaliser le changement ? C'est pour cela, à mon humble avis, que la vision de Hamrouche, consistant à lier l'espoir démocratique en Algérie à l'intervention de l'armée, est une chimère.

En revanche, si les Algériens veulent que leur pays s'épanouisse, il faudra qu'ils retroussent les manches. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. De la Tunisie à l'Ukraine, les tyrannies ne résistent pas à la pression populaire. Cela dit, la chute du régime ne doit pas constituer une fin en soi. En effet, la société civile ne doit en aucun cas relâcher la pression jusqu'à ce que les institutions soient mises en place. A partir de ce moment-là, on ne vivra plus jamais des épisodes comme celui qu'on vit en ce moment. Premier mandat ou quatrième mandat, son titulaire ne sera qu'un simple exécutant de la volonté populaire.

Pour conclure, il va de soi que le passage en force du chef de l'Etat, en vue de briguer un quatrième mandat, n'est pas de bonne augure pour l'avenir du pays. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le pays qui a sacrifié ses meilleurs enfants pour sa libération mérite mieux. Or, jusque-là, le régime a fait de ce pays sa propriété privée. En s'appuyant sur les forces de sécurité, tous les Algériens qui dénoncent leur domination sont soumis à de multiples pressions, en l'occurrence policière et judiciaire. Et tout ça pour satisfaire l’Ego d'un homme voulant mourir sur le trône.

Ait Benali Boubekeur

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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 12:07
 A quand un sursaut national pour libérer le pays de la dictature.

«L'habitude humour des dominés a noté que les potentats ne quittent le pouvoir que dans le cercueil», Albert Memmi, dans «portrait du colonisé».


En tentant le passage en force pour un quatrième mandat, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, vient de confirmer ce constat. Bien que la constitution ne lui interdise pas de briguer un nouveau mandat [le coup de force constitutionnel du 12 novembre 2008 lui a ouvert la voie royale lorsqu'il a supprimé la clause limitant le nombre de mandats présidentiels à deux], force est de reconnaître que cette candidature est une insulte à l'intelligence des Algériens. En fait, son état de santé s'est tellement détérioré, depuis son AVC le 27 avril 2013, qu'il ne peut pas assumer une fonction présidentielle.


Cependant, étant donné que le peuple algérien est exclu dans le processus de la désignation de son premier représentant, ce dernier a deux choix: se coucher comme il le fait depuis au moins deux décennies ou désapprouver la manière dont il est traité jusque-là. Bien que le régime s'appuie sur un arsenal répressif, comme le montre la dispersion musclée des manifestants contre le quatrième mandat à la fac centrale, l'enjeu est tellement de taille -il s'agit de l'avenir de l'Algérie -qu'il ne faudrait pas laisser le pouvoir en décider tout seul.


De toute façon, le contraire, c'est-à-dire la désaffection du peuple, compliquerait davantage la donne. Et l'Algérie souffrira énormément, si le peuple algérien renonce à prendre son destin en charge. En effet, il faut que les Algériens sachent que la reconduction de ce système va conduire inéluctablement à vau-l'eau. Après l'échec du système Etat-DRS, il est temps que le peuple algérien -l'un des derniers pays au monde à qui on impose encore ses représentants -reprenne sa souveraineté. Comme le démontre Lahouari Addi, «la structure même de l'Etat-DRS est génératrice de corruption et de dérapages dans la lutte antiterroriste qui ont rabaissé le droit comme jamais auparavant».


Mais, entre temps, les hauts responsables se partagent tranquillement la rente pétrolière. Sinon, comment expliquer que des dirigeants, dont l'âge avoisine les 80 ans, ne veulent pas prendre leur retraite? Seuls les intérêts colossaux peuvent justifier cette longévité. A vrai-dire, ce qui les intéresse, ce sont les avantages que procurent l'exercice de leur fonction. Pour se donner de la voix, ils mobilisent une clientèle aussi vorace qu'eux. Malheureusement, c'est cette dernière qui réclame, au nom du peuple algérien, le maintien du système, à sa tête Abdelaziz Bouteflika. Dépourvus de toute conviction, les éléments composant la clientèle du régime peuvent sacrifier l'avenir de l'Algérie. Pour renforcer ce clan, on apprend qu'Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem sont de retour pour mener la campagne électorale pour le compte du chef de l'Etat grabataire.


Pour toutes ces raisons, si dans quelques jours un sursaut national ne se manifeste pas, les Algériens, par leur silence complice, participeront à la périclitation du pays. Que faut-il attendre d'un régime qui n'arrive même pas à garantir des conditions spartiates, notamment les produits de première nécessité, alors que le pays a engrangé en dix ans prés de 800 milliards de dollars? Or, si avec cette somme faramineuse Bouteflika n'arrive pas à sortir l'Algérie de son marasme [avec l'équivalent de 200 milliards de dollars, les pays de l'Europe de l'ouest, qui ont subi des destructions consécutives à la Seconde Guerre mondiale, ont reconstruit leur pays et fondé une économie solide], on ne voit pas comment il fera pour sortir l'Algérie de la crise? C'est pour ça que la seule solution réside dans la mobilisation citoyenne.


Pour conclure, il va de soi que notre pays n'a pas de chance en ayant à sa tête des dirigeants incompétents. Après avoir profité du système, ils prennent désormais le pays en otage pour ne pas rendre des comptes. Du coup, ils s'accrochent au pouvoir jusqu'à ce qu'ils rejoignent leur dernière demeure. Au passage, ils n’hésitent pas à laisser une société déchirée, et ce, pour peu que les intérêts du clan soient garantis. C'est le propre de tous les dictateurs. Abdelaziz Bouteflika fait partie de cette catégorie. Maintenant, la balle est désormais dans le camp du peuple.


Ait Benali Boubekeur


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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 10:42
Les peuples n’ont que les gouvernements qu’ils méritent.

S’il y a un infime doute sur cette sentence historique, l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika lève définitivement le voile sur cet imbroglio. En effet, cette candidature étaie la thèse selon laquelle le gouvernement est à l’image de son peuple algérien. Dans notre cas, celui-ci, qui a courbé l’échine depuis des décennies, ne peut avoir à sa tête qu’un chef d’Etat grabataire. Entre les deux, il y a bien sûr une relation de symbiose, pour reprendre l’expression d’Abdelmalek Sellal. Il omet juste de signaler que cette relation est entre le régime et sa clientèle. Mais, pourquoi notre pays, qui a relevé le défi le plus pernicieux, à savoir la mise à mort du système colonial, n’est pas capable de construire un Etat de droit ? La raison est simple. En Algérie, il n’existe aucun contre-pouvoir. Bien que les dirigeants claironnent qu’ils gouvernent au nom du peuple, force est de reconnaître que ce dernier est étranger à ce qui se trame –dans la plupart des cas –contre lui.

Cependant, bien que chaque scrutin mette en exergue le fossé séparant le peuple et ses dirigeants, le régime exploite malhonnêtement la désaffection du peuple pour mettre en valeur les quelques voix de vautours. « A la demande insistante des représentants de la société civile des 46 wilayas visitées lors de mes tournées, je vous annonce aujourd’hui officiellement la candidature du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l’élection présidentielle du 17 avril prochain », déclare Sellal à Oran le 22 février 2014. Mais, si les Algériens veulent que Bouteflika reste au pouvoir, et ce, malgré un état de santé l’empêchant d’exercer la moindre fonction, pourquoi vous mobilisez vos services de sécurité pour empêcher les autres Algériens de défiler à Alger contre le quatrième mandat, sans doute de trop ? Là aussi, les vrais Algériens, ce sont ceux qui réclament leur maintien. Normalement, ce sont les candidats qui soumettent leurs programmes. Or, dans une Algérie où les intérêts privés priment sur l’intérêt national, quelques opportunistes –étant donne que le champ est libre –font tout pour que cette situation perdure.

De toute évidence, pour les observateurs de la scène politique nationale, vos arguments ne servent qu’à tromper l’opinion. En d’autres termes, vous profitez de notre pusillanimité pour imposer votre vision. Quant à vos soutiens, ils représentent, comme c’est le cas dans toutes les dictatures, à peine 20%. Et ce sont ceux-là que vous appelez évidemment le peuple algérien. Quoi qu’il en soit, bien que la nature dictatoriale du régime algérien soit un secret de polichinelle, on ne s’attend pas à ce que le pouvoir pousse le ridicule jusqu’à présenter un homme invalide pour représenter le pays. Même au temps colonial où le mépris des Algériens fut l’essence même de ce système, ils n’ont jamais humilié le peuple algérien de la sorte.

Hélas, au lieu de calmer les esprits, le chef de l’Etat, malgré un état de santé lamentable, ne veut rien lâcher. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses deux derniers messages n’évoquent la crise que pour annoncer la victoire d’un clan sur l’autre. Et quand il parle des Algériens, il les somme de ne pas s’immiscer des Affaires du pays. Mais, comment les Algériens pourront-ils choisir librement, si leur liberté est étriquée. En tout cas, la directive du 20 février énonce carrément les limites à ne pas franchir. « Promouvoir et faciliter l’exercice, par les électeurs, de leur droit de vote et de leur droit de choisir librement celui qu’ils jugent le plus à même de mériter leur confiance », ordonne le chef de l’Etat. Pour lui, les Algériens n’ont qu’un seul droit : glisser le bulletin de vote dans l’urne. Pour les récalcitrants, ils auront en face d’eux un arsenal répressif.

Dans ces conditions, il n’y a aucun doute sur le maintien d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat. Et pour cause ! En empêchant la société de s’organiser, il ne reste qu’une clientèle avide et insatiable qui occupe le terrain. Pour cette dernière, pour peu que le compte bancaire soit plein, l’avenir de l’Algérie ne la concerne pas. Quant au régime, au nom de la fausse stabilité, on continue à étouffer la société. Or, « la plus grand imposture consiste à présenter ce qui s’est passé en Irak, en Syrie ou en Libye comme un argument en faveur d’une fumeuse « stabilité ». On sait tous que c’est bien la « stabilité » de Saddam, de Kadhaffi et de Bachar qui sont en bonne partie la cause du malheur de ces peuples », écrit K. Selim du quotidien d’Oran.

Pour conclure, malgré les apparences trompeuses, le régime algérien ne diffère pas foncièrement des dictatures qui ont chuté récemment. Ce ne sont pas les dernières directives présidentielles qui vont démentir ce fait accompli. Grosso modo, à en croire le chef de l’Etat, les droits des Algériens se limitent au droit de vote. Le reste est une atteinte à la stabilité nationale. En conséquence, le mis en cause est considéré comme un danger menaçant la nation. A vrai dire un danger qui menace la stabilité du régime. Pour toutes ces raisons, le régime va être reconduit sans problème le 17 avril et Abdelaziz Bouteflika aura son quatrième mandat. Comme tous les dictateurs, qui ont survécu aux mouvements populaires, il mourra sans doute sur le trône. Mais, de grâce, qu’ils nous ne disent pas qu’ils se sacrifient pour l’Algérie. Car, en vérité, ils sacrifient l’Algérie pour assouvir leur égo démesuré.

Ait Benali Boubekeur

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22 février 2014 6 22 /02 /février /2014 10:46
Dans quel cas l’engagement de Hamrouche est-il porteur d’espoir ?

Les risques qui menacent la stabilité du pays sont tels qu’aucun Algérien conscient ne peut se taire. Faut-il pour autant que nous pensions la même chose ? « Si nous pensons tous la même chose, nous ne pensons plus rien », a répondu François Bayrou aux sollicitations de l’UMP en 2002. Cela dit, le fait de ne pas penser la même chose ne veut pas dire que les divergences soient insurmontables. Tout cela me conduit à dire que la sortie médiatique de Mouloud Hamrouche ne constitue pas une panacée, mais on ne peut pas la rejeter non plus en bloc. L’histoire en Algérie nous a appris que « ceux qui rejettent les propositions dans le fond et dans la forme » sont des va-t-en-guerre. Rappelons-nous du rejet de la plateforme de Sant-Egidio par les éradicateurs et de la violence qui s’en est suivie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la déclaration de Mouloud Hamrouche, cette semaine, a réveillé les vieux démons.

Cependant, pour revenir aux propos de l’ancien chef du gouvernement réformateur, la question qui taraude mon esprit est la suivante : si Mouloud Hamrouche décide de se présenter, le fera-t-il en allant à la rencontre du peuple algérien ou en cherchant à concilier les clans du régime ? S’il s’agit de la première alternative, et compte tenu du travail qu’il a effectué entre 1989 et 1991, l’espoir est permis. Mais, dans le cas où il choisit la seconde alternative, il ne réussira au mieux qu’à atténuer les effets de la crise. En l’état actuel des choses, il est probable que le plus honnête des enfants du système penchera pour la seconde alternative. « Pour que notre pays vive ces échéances dans la cohésion, la sincérité et la discipline légale et sociale, il est primordial que les différents intérêts de groupes, de régions et de minorités soient préservés et garantis », déclare-t-il.

Par ailleurs, bien qu’il soit très tôt de tirer les conclusions sur ses intentions, dans la déclaration de Mouloud Hamrouche, ce dernier, me semble-t-il, a sans doute tenu compte de son éviction en juin 1991. Pour lui, s’il faut continuer les réformes, il faudra le faire sans remettre en cause le rôle politique de l’armée. D’ailleurs, a-t-il tort de penser cela ? La réponse est évidemment non. En effet, le retrait de l’armée le 4 mars 1989 de la vie politique ne l’a pas empêché de sonner la fin de la récréation politique en janvier 1992.

Dans quel cas alors la sortie médiatique de Mouloud Hamrouche est porteuse d’espoir ? Cette démarche est intéressante dans la mesure où le régime décide de desserrer la brise enserrant la société. Cela nécessite du coup une période de transition durant laquelle il y aurait le partage du pouvoir. Durant cette période de transition, l’institution militaire, qui constitue la colonne vertébrale du régime, lâchera petit à petit les rênes du pouvoir. Enfin, au terme de cette période, les réformes devront conduire à la démilitarisation du système. « C’est à ces conditions que notre Armée nationale populaire assurera sa mission plus aisément et efficacement et nos institutions constitutionnelles assumeront clairement leurs rôles et fonctions », pourrait-on attendre de cette transition négociée. En tout cas, bien que ce passage de la déclaration de Mouloud Hamrouche soit sorti de son contexte, une solution négociée, selon mon humble avis, doit conduire à cette finalité. Dans ce cas, il faudra que ce grand réformateur soit aidé par tous ceux qui souhaitent une transition sans effusion de sang.

Pour conclure, il va de soi que dans les systèmes opaques, l’exercice du pouvoir est un domaine réservé. En effet, depuis l’indépendance de l’Algérie, les Affaires du pays se traitent en privé. Ainsi, après avoir laminé la société, le régime occupe tous les espaces. D’ailleurs, même le plus réformateur des enfants du système ne compterait pas s’appuyer sur le peuple algérien pour y arriver au pouvoir. Cela dit, étant un homme de principes, Mouloud Hamrouche jouit encore d’un capital de confiance. Et s’il doit y avoir une transition négociée, Mouloud Hamrouche devra surement jouer les premiers rôles.

Ait Benali Boubekeur

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 18:59
Peut-on parler de la faillite de l’opposition ?

Est-il possible de construire un projet de société en étant contre quelque chose? Dans un passé un peu lointain, les Algériens ont pu arracher l'indépendance du pays en combattant le système colonial. Mais, force est de reconnaitre que cela n'a pas permis de construire un pays sur des bases solides. De même, il y a 22 ans, les Algériens ont voté contre le régime en place. Conséquence de ce choix par dépit, l'Algérie a vécu sa plus longue et pénible période de barbarie.

Toutefois, malgré la violence érigée en règle par le régime, il restait une poignée d'hommes politiques pouvant proposer un projet alternatif. Hélas, de cette infime quantité, une partie a tiré sa révérence (Abdelhamid Mehri) et une autre, forcée par le poids des années (Hocine Ait Ahmed), s'est retirée de la politique. Au jour d'aujourd'hui, il n'en reste quasiment rien. Et quand le peu d'hommes qui restent prennent la parole, on attend forcément beaucoup de choses d'eux.

Hélas, la déclaration des trois personnalités nationales, Ali Yahia Abdenour, Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles, n'est malheureusement pas à la hauteur des attentes. Et pour cause! Ils ne sont d'accord que pour être contre la candidature de l'actuel chef de l'État, Abdelaziz Bouteflika. Bien qu'une éventuelle candidature de A. Bouteflika soit une absurdité vu son état de santé, le fait de réduire la faillite du système à une seule personne est tout aussi absurde.

En effet, n'est-ce pas le régime, à sa tête le DRS, qui a érigé le système Bouteflika en 1999? À deux reprises par la suite, en 2004 et 2009, le même régime, au nom de la stabilité du pouvoir et non à la quête de celle du pays, a reconduit le même homme.
Cela dit, il ne s'agit pas, dans cette modeste note, de remettre en cause le constat des trois personnalités. Ce qui m'intrigue le plus, c'est de voir les chevronnés de la politique se positionner contre quelques et non pour quelque chose. « Nous signataires de la présente déclaration, disons non à une quatrième candidature de M Bouteflika et appelons toutes les forces saines du pays -et notamment celles attachées à la justice sociale et à la moralisation de la vie politique - à exprimer leur refus par tous les moyens pacifiques qu'ils jugent utiles », déclarent-ils.

Cependant, pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté, je n'ai aucune sympathie pour A. Bouteflika. En fait, un quatrième mandat, si le régime l'impose au peuple algérien, sera une injustice, mais aussi une insulte à la mémoire de ceux qui ont libéré le pays pour qu'on puisse vivre dans la dignité. D’ailleurs, même au temps de la colonisation, dont le mépris du peuple algérien atteignait son paroxysme, les autorités coloniales tenaient compte de la réaction des « indigènes ».
Or, malgré un lourd tribut payé pour se débarrasser de ce système honni, voilà que le régime algérien –au nom des intérêts claniques –ne veut rien lâcher, ni rien entendre. En divisant le peuple –le système colonial a fait autant, mais il a laissé une certaine autonomie aux partis nationalistes –, le régime abuse de cette domination.
Par ailleurs, bien que beaucoup de concitoyens partagent cette approche, force est d'admettre qu'ils ne peuvent pas aller au-delà de la dénonciation. On n’a pas les capacités, faut-il le préciser, requises pour porter ce projet. Mais, quand on voit des personnalités, ayant acquis une réputation incontestable, reprendre les mêmes arguments, on se dit que l'Algérie va vraiment très mal. D'ailleurs, cette remarque vaut pour tous les acteurs pouvant proposer une alternative.

En revanche, ce que l'on sait, c'est que cette alternative doit se faire contre le régime. Car, à moins qu'on soit utopique, il est difficile de croire que la solution puisse émaner de ce régime. Et pour ceux qui recherchent un repère, ils n'ont qu'à revisiter le combat de Hocine Ait Ahmed. Un homme, qui jusqu'à son retrait de la tête du FFS, a toujours préconisé une rupture avec le régime. Hélas, depuis ce retrait de la scène politique, on assiste au mieux à une dénonciation de l'un des clans du pouvoir. Ce qui compromet fortement les chances de changement, bien sûr.

Pour conclure, il va de soi que le régime a planifié cette situation depuis des lustres. En phagocytant les organisations autonomes, le régime s'offre aujourd'hui le luxe de se diviser sans pour autant risquer de perdre les rênes du pouvoir. En effet, bien qu'il soit traversé par une crise interne sévère, l'absence, sur le terrain, des forces de changement prolongent sine die sa durée de vie. C'est en ce sens que l'initiative des trois, que la presse nomme "le front anti quatrième mandat" me parait improductive.

Ait Benali Boubekeur

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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 08:31
L’armée algérienne est-elle critiquable ?

« Quand le régime algérien est enrhumé, c’est toute l’Algérie qui tousse », un proverbe adapté à l’actualité algérienne.

En effet, à chaque fois que la scène politique est en ébullition, le rôle de l’armée se pose avec acuité. Bien qu’aucun algérien digne de ce nom ne remette en cause son importance, il n’en reste pas moins que son immixtion dans le champ politique l’expose forcément aux critiques. De toute évidence, à partir du moment où l’armée intervient dans un domaine où les responsables devraient théoriquement rendre des comptes, l’armée, ou plutôt le haut commandement militaire, est traitée en tant qu’acteur politique. Cela dit, « Pour comprendre la prédominance de l’armée dans le système politique algérien, il faut encore revenir à l’histoire du mouvement national », écrit Lahouari ADDI dans « l’Algérie et la démocratie ».

Cependant, bien que les initiateurs de la lutte armée soient écartés –les chefs historiques seront utilisés après l’indépendance pour compenser le manque de la même légitimité de certains chefs -, au nom de ce combat libérateur, « l’armée algérienne considère qu’il lui appartient de diriger l’État –auquel elle a donné naissance –afin qu’il ne dévie pas des objectifs du mouvement national », souligne l’éminent sociologue, Lahouari ADDI. En fait, c’est au nom de cette pureté révolutionnaire que l’armée des frontières, dirigée par Houari Boumediene, accuse, à tort évidemment, le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne) d’avoir bradé la souveraineté nationale. Bien évidemment, éloigné du terrain de la lutte, l’EMG (état-major général) a eu tort de reprocher au GPRA d’avoir conclu les accords de paix avec la France.

Cela dit, en critiquant les accords politiques, Houari Boumediene [il a voté contre les préaccords d’Evian au CNRA (conseil national de la révolution algérienne) de février 1962] outrepasse ses prérogatives. Mais, ce n’est pas fini. Après l’indépendance, il utilise l’armée pour accéder au pouvoir. Ainsi, en dépit de la présidence civile, confiée à Ahmed Ben Bella, le commandement militaire est fortement représenté au gouvernement. En tout cas, cette cohabitation va durer moins de trois ans. À partir de 1965, le colonel Boumediene assume tous les pouvoirs. Désormais, le pouvoir politique est entre les mains de l’armée. Comme l’écrit Lahouari ADDI, celle-ci verrouille tout. « Quand, en 1973, fut lancée la réforme agraire algérienne, la revue de l’armée (El Djeich) donnait le ton dans ses éditoriaux : L’ANP frappera les ennemis de la révolution agraire », note-t-il.

Du coup, à la mort de Houari Boumediene en 1978, le choix de son successeur, à en croire Lahoauri ADDI, a été fait de sorte que l’armée contrôle le pouvoir politique. « Chadli Bendjedid n’était pas en compétition pour succéder à Houari Boumediene, et il avait exprimé plusieurs fois son refus d’accéder à la magistrature suprême. Cependant, pensant jouer sous sa direction un plus grand rôle politique, l’armée tenait à lui », écrit-il. Tout compte fait, contrairement à son prédécesseur, Chadli Bendjedid se contente d’un rôle secondaire. Bien qu’il prenne gout et parvienne à se maintenir au pouvoir pendant treize ans, les grands dossiers sont traités par ses collaborateurs, dont Larbi Belkheir, son éminence grise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, sous le règne de Chadli, l’Algérie a connu une régression sur tous les plans. Selon Lahouari ADDI, « la faiblesse du président et son incapacité à s’imposer véritablement à l’armée ont compromis les réformes politiques à travers lesquelles il pensait sauver le régime. L’ouverture politique décidée sans concertation ni consultations avec les principaux courants politiques a affaibli le régime qui perdait de plus en plus sa cohérence. »

Toutefois, prise de vitesse par les événements, l’armée se retire de la vie politique, le 4 mars 1989. La nomination d’un ministre de la Défense et la création du poste de chef de gouvernement, responsable devant le parlement et non devant le président, sont perçues comme des signes positifs. Cela dit, malgré ces avancées, les sceptiques –et ils sont nombreux –ne sont pas convaincus. Le ministre de la Défense va-t-il se soumettre au gouvernement, dont l’action est contrôlée par le pouvoir législatif, se demandent-ils. Malheureusement, la suite des événements leur donne raison. Le 11 janvier, écrit Lahouari ADDI, « l’armée a annulé les élections législatives de décembre 1991 parce que celles-ci, en donnant une écrasante majorité de députés au FIS, contredisaient le schéma pour lequel elle avait opté. »

De toute évidence, en sonnant la fin de la récréation, l’armée aurait dû assumer le pouvoir sans qu’elle cherche à le déléguer à des tiers. Dans ce cas, on aurait au moins un pouvoir identifié. Et il est fort possible qu’il ressemble à celui exercé par Boumediene entre 1965 et 1978. Or, « se voulant légaliste, elle [l’armée] a cherché, toutefois, à mettre le maximum d’atouts constitutionnels de son côté, ne tenant surtout pas à être accusée d’avoir fomenté un coup d’État », note l’auteur de « l’Algérie et la démocratie ». Malgré le discours rassurant, les Algériens ne sont pas dupes. Ils savent que ce coup de force n’aurait jamais été possible, s’il n’y avait pas eu l’intervention de l’armée. Depuis cette date –le 11 janvier 1992-, il n’y a rien qui se fait sans son aval. Bien qu’elle délègue ses pouvoirs au personnel civil, dont le chef de l’État, force est de reconnaitre que son rôle est prépondérant.

Pour conclure, il va de soi que l’intervention du haut commandement militaire dans la vie politique brouille les cartes. Cela dit, tant que les clans composant le pouvoir sont d’accord entre eux, les turbulences sont maitrisées. Que se passe-t-il quand le chef de l’État tente de s’émanciper ? Eh bien, le régime algérien s’expose à des dangers. C’est ce qui peut arriver à l’Algérie en ce moment. Comment faire pour éviter cette crise ? Tout simplement, il faudrait remettre le pouvoir au peuple. Ceci va préserver l’armée des critiques et va permettre, par la même occasion, à l’Algérie de retrouver une stabilité politique basée sur la légitimité effective des urnes.

Ait Benali Boubekeur

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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 21:12
Le coup d'État permanent en Algérie.

Depuis une semaine, l'interview d'Amar Saidani, secrétaire général du FLN, focalise tous les débats. En dépit de l'imminence du scrutin présidentiel, où devraient être normalement discutées les grandes orientations du pays, les dirigeants algériens se livrent à spectacle désolant. Bien que cette empoignade permette de comprendre la façon dont est géré le pays, les répercussions qui en découlent risquent d'être graves. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette lutte se fait au détriment de l'Algérie. Ainsi, au-delà des conclusions sur l'affaiblissement d'un clan du pouvoir par rapport à un autre, on n’est pas prêt de voir le bout du tunnel. Dans cette lutte, il est en effet peu probable que le vainqueur rende le pouvoir au peuple.

Toutefois, le mérite de cette interview, si elle en a un, c'est d'avoir révélé au grand public la réalité du pouvoir algérien. C'est-à-dire, un pouvoir qui excluant systématiquement la participation du peuple algérien à la gestion de ses Affaires. Ainsi, de Ben Bella (1962-1965) à Bouteflika (1999 jusqu'à nos jours), aucun chef d'État n'a été issu de la volonté populaire. Pour gouverner, aucun d'eux n'a soumis son programme au peuple algérien afin qu'il ait un mandat à exécuter. « Je voulais être en effet le candidat de l'armée. Uniquement de l'armée. Je ne voulais avoir de fil à la patte ni avec la société civile ni avec la mouvance islamiste. En tant que candidat de l'armée, je me présentais en réconciliateur », rapporte la journaliste Élisabeth Shemla après sa rencontre avec Abdelaziz Bouteflika en novembre 1999.

Cependant, depuis cette confession jusqu'à aujourd'hui, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Le chef de l'État mal élu en 1999, suite au retrait de ses concurrents, a acquis entre temps d'énormes pouvoirs. Néanmoins, bien que le clan présidentiel puisse parler désormais d'égal à égal avec le DRS, la puissance de ce dernier est intacte. « La présence de la sécurité intérieure dans toutes les institutions laisse une impression que le pouvoir en Algérie n'est pas civil. Les agents de ce département sont partout: dans les APC (mairies), la présidence, au sein des partis politiques », déclare Amar Saidani au journal électronique TSA (tout sur l'Algérie).

En plus de cette omniprésence des services dans tous les organismes de l'État, les services algériens contrôlent également la presse. Car, au lendemain de l'apparition de l'interview de Saidani, les lécheurs de bottes réagissent aussitôt en criant au scandale. Ça y est! C'est le drame. Leur patron, le général Toufik, est attaqué frontalement par le clan hostile. Poussant le ridicule jusqu'à la limite de l’intolérable, certains titres, tels que le soir d'Algérie et le jeune indépendant, vont jusqu'à faire appel à la justice pour qu'elle punisse l'auteur du sacrilège. Quant aux commentateurs raisonnables, ceux-ci feignent d'accepter le débat contradictoire, ils répondent de façon diplomatique. « Les propos du secrétaire général du FLN ne nuisent pas seulement à la personne du général Toufik [le patron du DRS], mais c'est tout l'État algérien qui se trouve décrédibilisé », peut-on lire dans la presse algérienne.

Or, dans les pays qui se respectent, le chef des services secrets n'incarne pas la nation. Il est un simple fonctionnaire que son pays paye pour fournir un certain travail. Et au risque de choquer ces journalistes missionnaires, je peux même dire que le président de la République n'est qu'un simple citoyen chargé de représenter le pays. Pour cette mission, il perçoit un salaire qu'il doit mériter. Et si jamais il ne parvient pas à réaliser ses promesses électorales, les électeurs devront normalement le sanctionner aux prochaines élections.

Malheureusement, en Algérie, il n'en est pas ainsi. Dans une chronique publiée sur TSA, Gauthier Voland rend compte de ce paradoxe algérien. « Que le premier responsable du parti présidentiel se prononce contre un pouvoir militaire et appelle à une démocratisation civile du régime aurait dû réjouir tous les leaders d'opinion. Rien que de très normal dans des régimes aspirants à la liberté. Au lieu de cela, la presse algérienne quasi unanime dans la détestation du clan Bouteflika, a défendu ce pour quoi elle est payée par les services de sécurité qui ont la haute main sur la manne financière de l'Anep et a pris le parti de celui dont, il y a quelques mois encore, on n'aurait pas osé écrire le nom dans ses colonnes, le fameux général Toufik », écrit-il.

Pendant ce temps-là, le peuple algérien assiste impuissant à ce qui se trame sur son dos. Après avoir adopté, pendant des lustres, une attitude pusillanime envers le pouvoir, il est désormais incapable de lever sa tête. Peut-il être prétendre jouer un rôle dans un avenir proche, à l’occasion de l’élection présidentielle d’avril 2014 ? Il est vraiment difficile d’imaginer un tel scénario. Bien que la solution réside dans la mobilisation du peuple algérien, en l’état actuel des choses, il est impossible que la solution vienne de lui. Et pourtant, dans un passé certes assez lointain, les Algériens ont su choisir. En 1954, lors de la scission du principal parti nationaliste, le PPA-MTLD (parti du peuple algérien –mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), ils ont suivi le FLN historique. À ce propos, n’est-il pas temps de puiser dans l’histoire du pays pour envisager la solution ? Cette piste –et c’est le moins que l’on puisse dire –est celle qui permettra à l’Algérie de tourner la page de la dictature vieille de 52 ans.

Par Ait Benali Boubekeur

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 19:45
Il y a 15 ans, Hocine Ait Ahmed annonce sa candidature à l'élection présidentielle.

« Notre pays a besoin d'un État civil qui ne soit ni sous la tutelle de l'armée ni sous l'emprise de la religion. Mais qui ne soit ni contre l'armée ni contre l'islam », extrait du discours de candidature de Hocine Ait Ahmed, le 4 février 1999.

C'est en ces termes que conçoit le chef historique, Hocine Ait Ahmed, son projet pour l'Algérie. En tout cas, depuis l'ouverture politique en 1989, il ne cesse d'exhorter les Algériens à s'éloigner des extrêmes. En 1999, bien que les conditions ne soient pas complètement réunies, le rêve commençait à prendre forme. Après le retrait du général Zeroual des Affaires, beaucoup d'Algériens ont cru à une véritable chance de changement. Car, depuis l'indépendance, jamais une élection présidentielle n'a suscité autant d'engouement. En dépit du verrouillage politique, pratiqué sans concession par le régime, la présence des personnalités respectables à ce scrutin a laissé présager une sortie de crise. « Il [Zeroual] s'est même voulu exemple historique en avançant une seule et unique justification à son retrait anticipé : la nécessité de l'alternance au pouvoir. Le chef de l’État-major a repris à son compte cette explication. Il a assuré lui aussi que le scrutin serait libre », argue Hocine Ait Ahmed ce qui le motive à participer au scrutin présidentiel.

Mais, avant de développer les arguments de participation, l'un des plus probes des hommes politiques algériens revient sur la période de sept ans de guerre civile, imposée contre leur gré aux Algériens. En fait, depuis l’arrêt du processus électoral, l'Algérie est plongée dans une crise indescriptible. Résultat des courses : plus de 200000 de nos compatriotes payent de leur vie la lutte pour le fauteuil. Encore une fois, pour qu'il n’y ait pas d’ambiguïté, l'approche autoritaire du parti vainqueur aux élections législatives de décembre 1991 ne différait guère de celle du régime. Mais, quitte à vivre sous la tyrannie, autant que ce soit celle que le peuple a choisie. Cependant, pour tromper l'opinion nationale et internationale, les auteurs du coup d’État de janvier 1992 s'engagent à préserver la « démocratie ». C'est ainsi, par exemple, qu'en novembre 1995 le régime va imposer son candidat, alors que les partis représentatifs se sont réunis à Rome, quelques mois auparavant, pour trouver l'issue à la crise politique algérienne. Pour Hocine Ait Ahmed, le régime « nous avait vendu une élection présidentielle à la place de la paix. On nous a fait croire qu'un chef d’État serait plus fort pour ramener la paix et la stabilité s'il était élu par le peuple et s’il y avait des pouvoirs constitutionnels très importants. » Très vite, la crise au sommet de l’État balaye son chef. Dans le fond, cette solution a juste permis la consolidation du régime.

Mais, cela suffit-il à résoudre la crise politique ? En refusant de se soumettre à la volonté populaire, les clans du régime se livrent des batailles sans pitié. En fin de compte, le dernier mot revient au responsable dont le clan est le plus influent. Bien que le général Zeroual argue son départ du pouvoir pour permettre l'alternance, dans la réalité, ce départ est dû à un désaccord. Ce fait, selon Hocine Ait Ahmed, n'est pas nouveau pour en Algérie. « Depuis octobre 1988, les crises succèdent aux crises. Aucune de ces crises à répétition n'a jamais été mise à profit pour changer de cap. Notre pays ne compte plus les occasions perdues », dit-il. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que chaque occasion ratée enfonce l'Algérie dans la crise.

Connu pour son combat en faveur d'une Algérie débarrassée de toute tutelle, Hocine Ait Ahmed, comme c'est le cas des autres candidats libres, saisit la balle au bond en s'y engageant dans la bataille électorale. Du moins tant que la parole donnée par le chef de l'État sortant n'est pas remise en question. « Certes, je nourris toujours beaucoup de scepticisme sur la volonté des décideurs d'accepter les résultats du suffrage universel. Mais comment rester les bras croisés quand on perçoit dans la société les prémices d'une dynamique politique qu'on a de tout temps encouragée? Quand nos positions sont mieux comprises?», déclare-t-il devant les milliers de militants présents à la salle Harcha. Toutefois, pour que ce changement devienne possible, il faudrait que les Algériens mettent les mains à la pâte. D'après Hocine Ait Ahmed, « la reprise et la réussite de la transition démocratique ne sont pas, ne peuvent pas être, l'affaire d'un homme ou d'un seul parti. C'est l'affaire de tous les Algériens, de nous tous. »

Contrairement à ceux qui promettent monts et merveilles, l'emblématique chef historique se contente d'une seule promesse: « me battre avec vous et ensemble pour reconstruire le pays que nous laisserons à nos enfants.» Enfin, pour le candidat du FFS, la solution réside dans l'engagement des Algériens à reconquérir leur souveraineté bafouée. Pour y arriver, Hocine Ait Ahmed souhaite que la conjugaison des efforts aboutisse d'abord à stopper la violence en Algérie. En effet, cette spirale infernale dure depuis sept ans. Mais, précise-t-il, cette sortie de crise ne doit pas se faire par une partie d'Algériens contre une autre partie. « L'élection présidentielle peut et doit constituer l'occasion pour amorcer cette dynamique de paix et de réconciliation nationale. Seul un compromis historique mettra fin au processus de destruction de notre pays. Seul, il permettra de rassembler toutes les forces politiques qui condamnent la violence autour d'une issue politique, pacifique et globale de la crise », suggère-t-il. Hélas, le régime n'entend pas faire de cette élection un moment d'union nationale en faveur d'une Algérie apaisée.

Pour conclure, il va de soi que la voie proposée par Hocine Ait Ahmed est nécessaire pour sortir de la crise. Si le peuple algérien avait voulu réellement s'emparer de son destin, un homme de la stature de Hocine Ait Ahmed aurait servi de guide. Ce n'est pas le cas. Mais dans le contexte de l’époque, que vaut l'action politique quand ceux qui détiennent les rênes du pouvoir ne croient qu'à la violence? Malheureusement, malgré les promesses du chef de l'État sortant et malgré les engagements du chef de l'État-major, l'issu du scrutin de l'espoir ne différera pas des précédents. Homme de conviction, Hocine Ait Ahmed se retire, en compagnie des cinq autres candidats, de la compétition. Quinze ans après, le régime ne pense qu'à des fausses élections pour assurer sa pérennité.

Ait Benali Boubekeur

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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 10:30
L’aboutissement du processus démocratique en Tunisie.

« La Tunisie est un État à caractère civil, basé sur la citoyenneté, la volonté du peuple et la primauté du droit », article 2 de la constitution tunisienne, adoptée le 28 janvier 2014.

Si cet article est convenablement appliqué, la Tunisie inaugurera alors la phase de la démocratisation de ses institutions. Cela dit, bien que cette démocratie ait besoin d’être consolidée, pour un scrutateur de la scène politique tunisienne, il n’y a pas de raison pour que cette voie n’aboutisse pas. En effet, malgré un chemin truffé d’embûches, les représentants du peuple tunisien ont réussi, dimanche dernier, à concrétiser le rêve de tous les peuples vivant sous les dictatures.

Ainsi, après un règne sans partage de Benali, en réussissant à maintes reprises à éviter le chaos, la Tunisie devient le premier pays nord-africain à aller jusqu’au bout du processus démocratique. Bien que l’Algérie ait pu le faire en 1963, les propensions dictatoriales de ses chefs de l’époque ont renvoyé sine die ce rendez-vous avec l’histoire. Mais, là c’est une autre affaire. Pour traiter ce sujet, il faudra lui consacrer un sujet à part.

Cependant, pour revenir au cas tunisien, il ne faudrait pas s’enflammer tout de suite. Comme le rappelle si bien le Président Moncef Marzouki, « il reste un grand travail à faire pour que les valeurs de notre constitution fassent partie de notre culture. » Faut-il, encore une fois, rappeler que la Tunisie a vécu plus d’un demi-siècle sous la dictature. En outre, depuis la chute de Benali en janvier 2011, la révolution du jasmin a fait face à une campagne de déstabilisation tous azimuts. « Le terrorisme financé par certains pays golfiques, sous traitants d’Israël, ouvre une voie royale à l’installation de l’Occident dans la région et favorise le retour des fachos-dictatures », souligne Mustapha STAMBOULI.

À cette difficulté déjà assez lourde de conséquences s’ajoute la crise économique. En effet, ne disposant pas de ressources naturelles, le régime de transition avait du mal à apporter les solutions aux attentes des Tunisiens. « À l’intérieur et au centre du pays, à Sidi Bouzid, là d’où la contestation était partie fin 2010, la situation économique et sociale est toujours difficile », argue le spécialiste du « monde arabe », Vincent Geisser. Cela dit, faut-il avoir les caisses pleines pour que le pays se démocratise ? Le cas algérien est la preuve que la richesse ne rime pas forcément avec la démocratie effective.

De toute évidence, pour qu’un pays puisse se démocratiser, il faudrait que les ambitions personnelles soient mises de côté. En effet, bien que le délai imparti à l’Assemblée nationale constituante pour rédiger le texte fondamental soit passé [l’ANC a été élue en octobre 2011 pour un mandat d’une année], le processus démocratique n’a pas été remis en cause. Mieux encore, pour éviter à la Tunisie de sombrer dans une crise politique, le parti majoritaire cède la chefferie du gouvernement. Comme quoi, quand on aime son pays, on ne s’accroche pas, contre vents et marées, au fauteuil.

En tout cas, cette victoire de la démocratie est rendue possible grâce à la prise de conscience des représentants du peuple tunisien. En effet, bien que le parti Ennahda soit majoritaire, au nom des intérêts suprêmes de la Tunisie, les élus de ce parti ont voté pour une constitution consensuelle. Saluant cette réalisation historique, le chef de file d’Ennahda, Rachid Ghannouchi, se projette dans l’avenir. « Il faut être fier de ce qui a été réalisé et traduire cela par des élections mettant fin au provisoire et aboutissant à faire de la Tunisie la première démocratie arabe », déclare-t-il.

Pour conclure, il va de soi que cet exemple tunisien doit être longuement médité par les peuples vivant encore sous le joug des dictatures. En allant jusqu’au bout du processus, la Tunisie apporte une réponse à tous ceux qui ont conclu à l’incompatibilité de la démocratie avec la tradition musulmane. Or, dans les pays où l’échec du processus démocratique est latent, cela est dû à la propension des chefs, généralement autoproclamés, à priver les peuples de leur droit fondamental.

Ait Benali Boubekeur

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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 16:36
L’inquiétude d’une ONG sur la situation des droits de l'homme en Algérie.

Dans un rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie, pour l'année 2013, l'organisation non gouvernementale, Human Rights Watch, tire la sonnette d'alarme sur quasiment tous les plans. En effet, dans un document de cinq pages, elle relève sans complaisance les dépassements abusifs dont est victime la société algérienne. D'une façon générale, constate l'ONG, « malgré la levée de l'état d'urgence en avril 2011et l'adoption de nouvelles lois sur les libertés d'association et des médias, ainsi que sur les partis politiques, l'Algérie a fait peu de progrès sur la protection des droits humains. » Pour rappel, la levée de l'état d'urgence est intervenue au lendemain des révoltes nord-africaines. Ainsi, en signe d'apaisement, le chef de l'État, Abdelaziz Bouteflika, et les services de sécurité ont décidé l'abrogation de cette loi inique, maintenue jusque-là dans le seul but de museler la société.

Cela dit, bien que le régime se soit passé de cette loi scélérate, force est de reconnaitre que les années passent sans aucune amélioration ne soit à relever. Spécialiste de l'action psychologique, le régime algérien innove en recourant à d'autres méthodes. Partant, à défaut de recourir à la loi de 1992 relative à l'instauration de l'état d'urgence, lors des manifestations de chômeurs, les services de sécurité, selon Human Rights Watch, bloquent tout bonnement les accès aux sites de manifestations et procèdent à l'arrestation des meneurs. « La police a arrêté Tahar Belabbès, un coordinateur pour le comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), dans la ville méridionale d'Ouargla, le 2 janvier, après que la police ait [a]dispersé des manifestants pacifiques réclamant des emplois et le limogeage des responsables locaux pour ne pas avoir lutté contre le chômage », lit-on dans le rapport de l'ONG.

Cependant, pour ne pas faire de jaloux, le régime contrôle l'ensemble de la société. Estimant que le peuple algérien est incapable de faire un bon choix, on décide tout à sa place. Et si quelques voix s'élèvent pour les dénoncer, les sanctions tombent tel un couperet. D’ailleurs, après le coup d'État de janvier 1992, le régime algérien n'autorise aucune immixtion des Algériens dans les affaires de l'État. « L'État gère toutes les stations de télévision et de radio, et lorsqu'il s'agit de question clés, telles que la sécurité et la politique étrangère, elles diffusent la ligne officielle et ne tolèrent pas de commentaire dissident ou de reportages critiques », souligne l'ONG.

Quant à la presse privée, bien qu'elle puisse se permettre quelques critiques, elle ne s'aventure pas trop loin. En revanche, elle est acerbe quand il s'agit de déstabiliser les partis de l'opposition, à l'instar du FFS. Ainsi, depuis la légalisation du parti de Hocine Ait Ahmed, dont le combat pour la démocratisation des institutions algériennes n'est plus à démontrer, celui-ci n'a jamais bénéficié d'un quelconque encouragement de la part de cette presse dite "libre". Récemment encore, le journal El Watan difforme sciemment les propos d'Ahmed Betatache, lors du conseil fédéral du 25 janvier 2014, en vue d'induire la base militante en erreur.

Quoi qu'il en soit, ce rôle néfaste de la presse n'est que secondaire comparé à l’acharnement de l'administration en général. Du coup, chaque manifestation syndicale, par exemple, est systématiquement suivie de mesures dissuasives. En effet, bien qu'ils soient chômeurs, les animateurs de le CNDDC sont soumis à des amendes pécuniaires pour avoir réclamé du travail. Et quand il s'agit des professionnels, l'administration refuse uniment de reconnaitre le caractère autonome de leur organisation. Selon Human Rights Watch, « les autorités algériennes se livrent à des manœuvres administratives visant à refuser le statut juridique aux syndicats indépendants... Le syndicat des enseignants du supérieur solidaire, par exemple, a déposé ses documents le 19 janvier 2012. Il n'a obtenu aucun reçu à l'époque et n'a pas encore reçu de réponse du gouvernement, ce qui signifie qu'il ne peut pas fonctionner légalement. »

Pour conclure, bien que tous les indicateurs soient au rouge, le régime impassible fait comme si de rien n'était. En s'appuyant sur une clientèle bruyante, le pouvoir algérien claironne que, sans lui, l'Algérie ne s’en sortira pas. D'où la campagne pour le quatrième mandat pour l'actuel chef de l'État, et ce, malgré son état de santé dégradé. Cela dit, à trois mois de l'élection présidentielle, il semble que la partie soit jouée. Cela dit, malgré le maintien du régime, cela ne veut pas dire que ce choix soit le meilleur. Car, l'Algérie a besoin des dirigeants qui la respectent. Enfin, tant que l'équipe en place ne restitue pas le pouvoir au peuple, l'Algérie ne sera jamais apaisée. Le reste n'est que démagogie et manœuvre visant à priver le peuple algérien de vivre en paix.

Ait Benali Boubekeur

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