25 juin 2017 7 25 /06 /juin /2017 08:23

« Abane Ramdane est mort au champ d’honneur », extrait du journal El Moudjahid du 29 mai 1958.

Cet extrait est évidemment un pur mensonge. Abane Ramdane n’est pas mort dans un accrochage avec les troupes ennemies, mais il a été étranglé par ceux qui sont supposés être les siens.

Contrairement à ce qui est écrit dans cette tribune, Abane Ramdane ne s’est pas chargé d’une mission de contrôle à l’intérieur du pays en vue de rencontrer les maquisards, mais plutôt attiré dans un guet-apens. La vérité, c’est que cinq membres du CCE (comité de coordination et d’exécution), tous colonels, ont décidé de l’éliminer.

Le traquenard consiste à l’attirer à la frontière marocaine. Depuis quelque temps, les services de Boussouf n’ont cessé d’envoyer des télégrammes au CCE à Tunis lui signalant un grave différend avec les forces royales. Arrivé le 27 décembre 1957 au Maroc, Abane Ramdane a été assassiné, par les sbires de Boussouf, quelques heures plus tard.

Bien que le secret soit gardé dans le premier temps, les criminels sont obligés d’admettre, dès février 1958, leur forfait. Et si les membres civils influents, à l’instar de Ferhat Abbas, Saad Dahlab, Ben Youcef Ben Khedda, n’ont pas démissionné, c’est parce qu’ils jugeaient que l’avenir du pays était plus important que la perte de la personne la plus éminente de la révolution.

Cela dit, en se comportant de la sorte, les politiques du CCE savent désormais que leur rôle sera secondaire. D’ailleurs, mis à part la gestion des dossiers techniques, aucun homme ne jouera, dans l’Algérie indépendante, un rôle important s’il n’est pas adoubé par le commandement militaire.

Toutefois, si en temps de guerre, un récit mensonger pouvait à la limite donner l’impression de l’unité des rangs, cette version ne devrait pas être maintenue après l’indépendance. Hélas, il n’y a pas que dans ce domaine où le régime impose sa vision.

Enfin, pour celui qui veut connaître l’histoire merveilleuse du mouvement national –il faudrait accepter les pages glorieuses et d’autres qui le sont moins de notre révolution –, il devrait chercher en dehors des récits officiels.

Aït Benali Boubekeur   

 

18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 15:22

Toute la difficulté pour les auteurs d’un coup d’État est de le faire passer pour une action légitime. Bien que le régime mis en place par Ben Bella –soutenu par ses tombeurs jusqu’à ce qu’il fasse un pas envers le FFS de Hocine Aït Ahmed –soit antidémocratique, son renversement obéit à la même logique autoritaire, voire, dans une certaine mesure, plus rétrograde.

Pour paraître légaliste, l’équipe putschiste tente, dans la foulée des événements du 19 juin 1965, de justifier le coup d’État. Pour ce faire, Boumediene et ses acolytes font « porter de façon systématique le chapeau à un seul homme, en l’occurrence A. Ben Bella, de tout ce qui n’allait pas dans l’Algérie indépendante », écrit Abdelkader Yafsah, dans « la question de pouvoir en Algérie ».

Composé de 25 membres, dont 18 militaires de carrière, le conseil de la révolution tente vaille que vaille de démontrer que Ben Bella a écrasé l’armée. Cette thèse ne tient évidemment pas la route. Car, si tel avait été le cas, « ils n’auraient pas congédié aussi facilement qu’ils l’ont fait de la présidence de la République et de tous les postes qu’il cumulait », note le politologue.

Dans ce cas, est-ce que le 19 juin 1965 sert à corriger la dérive révolutionnaire, comme le prétendent les putschistes ?  Pour que cette allégation soit effective, il faudrait qu’il y ait une rupture avec la gestion des affaires entre 1962 et 1965. Selon Abdelkader Yafsah, « les explications que fourniront les auteurs du coup d’État, pour justifier leur entreprise et légitimer leur pouvoir, apparaîtront comme autant « d’alibis », d’autant plus que, dans leur exercice du pouvoir, ils tomberont et suivront les mêmes travers politiques que ceux qu’ils dénonçaient chez Ben Bella et qui avaient motivé leur intervention armée pour y mettre fin. »

En tout cas, il existe au moins un volet où le régime de Boumediene surclasse son prédécesseur. C’est indubitablement celui des assassinats politiques. Deux chefs historiques, Mohamed Khider et Krim Belkacem, payent le prix de leur opposition au régime de Boumediene. Quant à Hocine Aït Ahmed, il n’échappe au traquenard que grâce à sa méfiance au régime.

Sur le plan interne, malgré les annonces des putschistes de vouloir rectifier la trajectoire de la révolution, depuis juin 1965, les institutions sont privatisées plus que jamais. Bien qu’elle ne soit pas démocratique, car élaborée en dehors de la volonté populaire, la constitution de 1963 et ensuite la charte d’Alger d’avril 1964 permettaient au moins de définir le rôle de chaque organisme, dont celui de l’armée.

Or, depuis juin 1965, toutes les institutions du pays sont suspendues. Il faudra attendre 11 ans pour qu’une constitution voie le jour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celle-ci est pire que celle de 1963 en ce sens qu’elle aggrave le pouvoir personnel.

Pour conclure, il va de soi que le 19 juin n’a fait qu’exacerber l’accaparement du pouvoir. Au mauvais démarrage en 1962, où le prédécesseur de Boumediene s’est démené à détruire toutes les forces saines du pays, le coup d’État de juin 1965 plonge davantage le pays dans l’abime. En effet, pour le spécialiste de la question du pouvoir en Algérie, Boumediene précipite le pays dans une crise multidimensionnelle. « Treize ans après le coup d’État de juin 1965, les mêmes problèmes demeurent. Ils se nomment toujours bureaucratie, féodalisme, analphabétisme, indifférence et non-engagement politique », écrit-il.

Pire encore, 52 ans après le coup d’État, le régime, qui règne sans discontinu, ne semble vouloir faire ni son mea-culpa ni tirer les leçons de ces échecs. En tout cas, si les Algériens ne se réapproprient pas les institutions, le règne injuste pourra encore durer 100 ans, pour paraphraser une des porte-voix du régime.

Aït Benali Boubekeur

 

 

25 mai 2017 4 25 /05 /mai /2017 08:04

La prise du pouvoir par la force en 1962 éloigne déjà le rêve de voir s’installer une démocratie effective en Algérie. En effet, bien avant le coup d’État du 19 juin, les verrouillages tous azimuts concernaient tous les aspects de la vie politique nationale.

La question qui se pose naturellement est la suivante : après avoir vaincu toutes les oppositions, pourquoi l’alliance sacro-sainte du groupe d’Oujda n’a pas survécu longtemps ? Bien évidemment, le conflit n’a pas pour point de départ une divergence sur la démocratisation de l’État.

Bien que plusieurs analystes assimilent à tort le groupe d’Oujda à sa seule dimension militaire, il n’en reste pas moins que sa composition et les luttes internes jusqu’au coup d’État de juin 1965 montrent que le groupe n’est pas monolithique. Jusqu’à quel point le clan de Boumediene allait-il accepter les agissements de Ben Bella ?

Pour Abdelkader Yafsah, dans « la question de pouvoir en Algérie », la volonté présidentielle consiste à « porter atteinte aux intérêts non de l’armée en tant que groupe social, mais à son noyau dirigeant issu du clan d’Oujda, devenu envahissant et menaçant. »

À en croire toujours le politicologue, toutes ces difficultés sont surmontables sauf une. « Mais plus que toute autre cause, ce sera l’accord conclu entre Aït Ahmed (leader du FFS et emprisonné) et Ben Bella qui déclenchera le coup d’État », écrit-il.

Pour lui, ce n’est pas le virage autoritaire, entrepris par Ben Bella dès 1962, qui est l’origine du coup de force. D’ailleurs, dès octobre 1963, le chef de l’État de l’époque actionne l’article 59 de la constitution lui donnant les pleins pouvoirs.

Cela dit, malgré le renforcement de son pouvoir, Ben Bella n’arrive pas à prendre le dessus sur son rival. Peu à peu, l’armée, sous la houlette de Boumediene, devient la force politique la plus organisée. Du coup, au moment du coup d’État, seuls quelques fidèles regrettent le départ de Ben Bella.

En retoquant l’accord FLN-FFS, le successeur de Ben Bella ajourne, par la même occasion, le calendrier démocratique sine die. Durant son règne sans partage, le recours permanent à la force caractérise le mode de gouvernance.

Bien évidemment, cela se fait au détriment des intérêts suprêmes de la nation. Car, dans toutes les gestions opaques, les personnes qui gravitent autour du système ne sont là que pour profiter.

Hélas, cette situation dure jusqu’à nos jours. Et elle durera jusqu’à ce que les Algériens s’approprient enfin les institutions de l’État, indument squattées par les inamovibles dirigeants.

Aït Benali Boubekeur          

 

2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 20:36

Contrairement aux idées reçues, la fin de la guerre d’Algérie a été très rude. Cette épreuve sera encore plus alambiquée après l’indépendance. Car, si la France a eu le temps de maîtriser  ses propres partisans du chaos, la révolution algérienne ne pouvait pas se permettre un tel exercice. Tout désordre pourrait être exploité par les autorités coloniales.

Quelles sont alors les forces qui défient l’autorité légitime de la révolution algérienne ? Bien qu’elles soient minoritaires, ces forces stationnées dans les frontières ont pour seul objectif d’imposer leur vision archaïque à la société.

Ainsi, aux positions irréconciliables des parties en conflits, ils s’ajoutent des tensions internes dans chaque camp. Bien que chacun veuille minimiser les dissensions en son sein, de juin 1960 (conférence de Melun) à mars 1962 (conférence d’Evian), les positions officielles de part et d'autre sont perturbées par les agitateurs des deux camps.  

Dans le cas français, depuis le fameux discours du général de Gaulle sur l’autodétermination en septembre 1959, le lobby colonial –bénéficiant par ailleurs d’un soutien indéfectible de certains militaires hauts gradés –tente de renverser la cinquième République naissante. Des journées des barricades en janvier 1960 à la politique de la terre brulée pratiquée par l’OAS en passant par la tentative de coup d’État du quarteron de généraux en avril 1961, chaque tentative a failli plonger la France dans le désordre et perpétuer, par la même occasion, un système de domination archaïque.

Du côté algérien, les tensions commencent à apparaître après le départ du CCE (comité de coordination et d’exécution) vers l’Extérieur. Certains analystes situent le premier coup d’État contre la révolution algérienne à l’élimination d’Abane Ramdane par le fameux groupe, les 3B, en décembre1957.

Du coup, jusqu’à janvier 1960, leur emprise sur la révolution est incontestable. Mais, après une crise de prés de 6 mois en 1959, les 3B confient le sort de la révolution à l’arbitrage de 10 colonels, parmi eux Houari Boumediene.

Dans la foulée, à la fin des travaux du CNRA (conseil national de la révolution algérienne), en janvier 1960, l’armée des frontières est unifiée sous la houlette de Houari Boumediene. En fin stratège, ce dernier avance ses pions sans faire trop de bruit. Il suffit, pour lui, d’attendre le moment propice pour hériter du pouvoir sur un plateau.

Entre temps, pour mettre fin au conflit colonial, ce ne sont ni les agitateurs français ni les loups de Ghardimaou qui s’y mettent. Cela dit, si le général de Gaulle a eu le temps de neutraliser ses adversaires en soumettant sa politique à la volonté populaire lors des référendums de janvier 1961 et d’avril 1962, le GPRA ne pouvait pas ouvrir un conflit avec son état-major au risque de discréditer toute la révolution.

Pour conclure, il va de soi que la durée du conflit a permis l’émergence de nouvelles têtes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celles-ci se soucient peu de la souffrance du peuple comparées aux forces qui ont déclenché la guerre en 1954. Ainsi, si les initiateurs de la lutte armée avaient pour seul objectif de libérer le peuple de la domination coloniale, les victorieux de la crise de l’été 1962 lui dénient tout bonnement le droit de s’immiscer de ses affaires. Or, quel que soit le type de la domination, aucune d’elle n’est tolérable. Dans une certaine mesure, celle des nationaux est pire que celle des étrangers. Car, elle provient des personnes avec lesquelles le citoyen est sensé cohabiter. Toutefois, la seule satisfaction réside dans la libération du territoire. Quant au peuple, le jour où il se rendra compte des bienfaits de la liberté, il se libérera tout seul.

Boubekeur Aït Benali        

18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 17:53

« L’indépendance n’est pas la fin en soi, mais seulement un moyen qui permettra la transformation de la situation de notre pays, qui passe de l’état de stagnation à celui d’un pays libéré, pleinement engagé dans la bataille de la reconstruction économique et de libération sociale », message au peuple algérien du président légitime du GPRA, Ben Youcef Ben Khedda, le 18 mars 1962.

Cet optimisme est celui d’un dirigeant politique pieux. Malheureusement, à peine le brasier colonial est éteint, les seigneurs de la guerre invitent les politiques visionnaires à céder leur place. C’est probablement de là que découle la crise actuelle.

De toute évidence, si le peuple algérien réussit tant bien que mal le contre-projet, à savoir la mise à mort du système colonial, le projet de reconstruction –qui est de loin le plus important –est quelque part négligé. Or, c’est ce projet qui est prioritaire et primordial. Et c’est ce qui se dégage à la lecture du message du  président légitime du gouvernement provisoire.

Bien évidemment, les intentions ne suffisent pas. Il faudrait aussi que les futurs dirigeants se soumettent à la volonté populaire. Pour le président Ben Khedda, la seule légitimité est celle qui sort des urnes. « Cet État sera démocratique. Il souscrira sans réserve à la Déclaration universelle des droits de l’homme et fondera ses institutions sur le principe démocratique et sur l’égalité des droits politiques entre tous les citoyens sans discrimination de race ou de religion », écrit-il.

Hélas, ce que le président Ben Khedda ignore probablement, c’est qu’un groupe d’officiers a déjà tranché la question. Pour eux, la gestion de la société ne peut pas être un contrat de confiance. En effet, après une longue absence sur le territoire national et n’étant pas pour la plupart d’entre eux des militants politiques, ils n’avaient aucune gêne à se départir des principes énoncés le 1er novembre 1954.

Ainsi, du lendemain euphorique de la signature des accords d’Evian, entre le GPRA et le gouvernement français, jusqu’à l’entrée des troupes des frontières à Alger, en début septembre 1962, en passant par l’élimination du GPRA et son remplacement par un bureau politique enfreignant tous les statuts de la révolution, le duo Ben Bella-Boumediene engrange victoire sur victoire.

Toutefois, si le peuple avait la moindre force morale, accepterait-il que les sacrifices des meilleurs enfants de ce pays soient détournés ? En tout cas, bien que les Algériens soient fatigués des affres de sept ans de guerre, il n’en reste pas moins que son manque d’implication s’apparenterait à une pusillanimité qu’à une philosophie de Gandhi.

Qu’en est-il, 55 ans plus tard, du message de Ben Youcef Ben Khedda ? Il va de soi que sa teneur reste encore d’actualité. En effet, les défis de l’époque sont encore à relever. D’après le président Ben Khedda, « nous avons à édifier une société nouvelle qui reflétera le visage nouveau et jeune de l’Algérie libre, où chaque citoyen doit apporter sa contribution. »

Pour y parvenir, le président légitime de la révolution algérienne appelle les Algériens à assumer leurs responsabilités. « L’Algérie sera ce que nous, Algériens, nous voulons qu’elle soit », estime-t-il.

Aït Benali Boubekeur

 

 

 

 

3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 22:37

L’assassinat de Larbi Ben Mhidi, le 4 mars 1957, représente un vrai tournant de la révolution algérienne. En effet, malgré sa modestie légendaire, le président du congrès de la Soummam est l’un des principaux fédérateurs des courants intérieurs de la révolution.

D’ailleurs, dès sa neutralisation –son arrestation se situe vers le 25 février 1957 –, les tensions surgissent au sein du comité de coordination et d’exécution (CCE). En dépit des efforts d’Abane Ramdane de veiller sur la place du politique au sein des institutions révolutionnaires, le départ du CCE vers l’Extérieur complique gravement sa tâche.

Hélas, le hasard a fait que les deux pièces maitresses du CCE et, par ricochet, de la révolution algérienne meurent par strangulation. Depuis l’apparition du livre du général tortionnaire, Paul Aussaresses, on en sait davantage sur les circonstances inhumaines de ce lâche assassinat.

Quoi qu’il en soit, bien qu’il soit difficile de faire admettre aux défenseurs de la colonisation l’existence des pratiques inhumaines dont sont victimes les « indigènes », le témoignage de Paul Aussaresses révèle la barbarie des promoteurs zélés de la colonisation et surtout l’absence, voire l’inexistence de toute référence aux droits de l’homme dans le règlement des conflits.

Sinon comment expliquer que les lois de la guerre ne s’appliquent pas au prisonnier Larbi Ben Mhidi ? Bien que son statut de chef révolutionnaire puisse provoquer la panique des autorités coloniales, une autorité qui respecte les droits de l’Homme ne recourt pas à l’assassinat.

En fait, à en croire le général tortionnaire, dès les premiers jours de l’arrestation de Larbi Ben Mhidi, des personnalités judiciaires haut placées cherchent à le liquider. Pour étayer son propos, il cite le juge Bérard. « Ce juge d’instruction, on s’en souvient, avait pour mission de tenir le cabinet de François Mitterrand, le garde des Sceaux, directement informé de ce que nous faisions, sans avoir à passer par le parquet », écrit-il.

Ainsi, pour se débarrasser du chef historique du FLN, le juge propose, de façon à peine voilée, à Paul Aussaresses d’empoisonner le prisonnier. Alors qu’une quantité infime de cyanure est mortelle, le chef tortionnaire s’en procure, sans difficulté, dans une pharmacie algéroise, une bouteille de 75cl.

Finalement, le tortionnaire opte pour une méthode plus dégradante et plus inhumaine. Dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, Larbi Ben Mhidi est entraîné dans une ferme isolée à une vingtaine de kilomètres d’Alger. « Une fois dans la pièce, avec l’aide de mes gradés, nous avons empoigné Ben Mhidi et nous l’avons pendu, d’une manière qui puisse laisser penser à un suicide », avoue, sans honte bue, le général tortionnaire.

Enfin, pour maquiller cet assassinat, le tortionnaire doit convaincre l’autorité judiciaire de sa bonne foi. Et comme le hasard fait bien les choses, son interlocuteur n’est autre que le juge Bérad, cité précédemment.

Pendant longtemps, cette affaire est classée comme un suicide. Sans vouloir remettre une couche sur la polémique provoquée par les propos d’Emmanuel Macron, on se demande qui de Ben Mhidi ou de Paul Aussaresses est le plus barbare. Pire encore, un tortionnaire peut-il accomplir une mission de civilisation ? C’est sans doute aux historiens qu’incombe la mission de répondre et non pas aux politiques dont l’intérêt ne dépasse pas la période électorale.

Aït Benali Boubekeur  

 

    

 

  

5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 11:09


Le début du différend remonte à la crise connue sous le nom de « complot berbériste ». Bien que le mouvement ne connaisse pas une grande ampleur, la direction lui réserve tout de même un traitement répressif. En tout cas, la réaction est indubitablement disproportionnée. Et pour cause ! Selon Ait Ahmed, la crise a eu pour point de départ l’agitation d’un seul militant, Rachid Ali Yahia. « En 1948, Ouali Bennai envoie en France un ancien lycéen de Ben Aknoun, Mohand Sid Ali Yahia (dit Rachid), pour qu’il y reprenne ses études interrompues en 1946, lorsqu’il s’était mis à la disposition du parti en Kabylie », décrit Ait Ahmed les états de service du militant en question.

  1. bien qu’il ait activé au sein du district de Kabylie, ses services, d’après le témoignage d’Ait Ahmed, ne furent pas prépondérants. « Quand Ali Yahia est venu nous rejoindre en 1946, j’ai eu du mal à le faire intégrer dans nos structures, d’abord au niveau de son village et ensuite de son douar d’origine, qui est aussi le mien », note Ait Ahmed dans ses mémoires intitulées « l’esprit d’indépendance ». N’ayant pas connaissance des décisions prises au sommet, Rachid Ali Yahia s’intéresse aux questions secondaires. En effet, bien que la question identitaire soit essentielle, devant le phénomène colonial, celle-ci n’est pas prioritaire, comme le prouveront plus tard les combattants de la Wilaya III historique.

Quoi qu’il en soit, au moment où le parti engage une réflexion profonde sur le déclenchement de l’action armée, Rachid Ali Yahia ouvert un débat au sein de la fédération de France du PPA-MTLD sur l’orientation idéologique de la future Algérie. Cela dit, bien que tous les militants soient affectivement attachés à la question identitaire, il n’en reste pas moins, pour la majorité d’entre eux, que l’urgence est de se débarrasser d’abord du carcan colonial. Jouant sur la fibre sentimentale, Ali Yahia Rachid fait voter alors une motion contre l’orientation arabo-islamique du parti. Lors du vote, 28 membres sur 32 sont d’accord.

Cependant, la réaction de la direction ne s’est pas fait attendre. Pressée par le courant activiste de la suivre dans la voie révolutionnaire, la direction du PPA-MTLD est restée pantoise. Et elle ne retrouve ses forces que pour combattre la motion parisienne du parti. Dans son angle de tir, elle réserve, sans le dire clairement, ses attaques contre l’ensemble de l’aile radicale. D’essence frondeuse, la Kabylie est désormais dans son collimateur. Pour Ait Ahmed, « À partir de cet épisode, la Kabylie trainera –il faut dire les choses comme elles sont –la casserole du « berbérisme » avec toutes les connotations irrationnelles, négatives et ironiques, attachées à la fonction d’épouvantail. Il y a comme ça des grains de sable, des personnages insignifiants, qui entrainent dans la vie politique des conséquences démesurées ».

Cependant, saisissant la balle au bond, la direction du PPA-MTLD réagit promptement. Pour ce faire, Messali charge trois berbérophones (Sadok Saïdi, Dr Chawqui Mostefai, et Radjeff Belkacem) de reprendre le contrôle de la fédération de France. « Au printemps 1949, la capitaine Saïdi participe donc aux opérations de pacifications et de maintien de l’ordre avec d’autant plus d’élan qu’il a, cette fois, le sentiment d’être du bon coté, et qu’à triompher sans péril il n’en aura pas moins la gloire de se faire une virginité », note Ait Ahmed.

De toute évidence, cet orage parisien n’est pas prêt de disparaitre de sitôt. Bien que l’agitation soit contenue dans quelques poches en Kabylie, la direction maintient sa pression et engage un bras de fer avec les militants de cette région sans distinction. En tout cas, le premier à payer les frais est Ouali Bennai. Voulant se rendre en France [personne ne peut situer exactement les motifs], Ouali Bennai est arrêté à Oran avant son embarquement vers Marseille. Selon Ait Ahmed, « il réagit comme un père tranquille irlandais devant un pugilat : on y prend part, et on ne s’interroge sur ses motifs que quand il est terminé ». Dans la foulée, les accusations fusent dans tous les sens. Pour la direction, le départ de Ouali Bennai en France est la preuve de l’existence du dit complot.

Quant aux défenseurs de la motion de Rachid Ali Yahia, ils accusent la direction d’avoir donné Ouali Bennai à la police coloniale. Tout compte fait, la vague d’arrestation fait peser quand même des soupçons sur la direction. « Les captures successives de presque tous les dirigeants du district de Kabylie vont jeter de l’huile sur le feu des passions, des suspicions, des anathèmes : Amar Ould Hamouda, appréhendé dans un tram de la capitale ; Saïd Oubouzar, responsable politique pour la région de Tizi Ouzou, coincé seul et arrêté à Alger ; toujours à Alger, Omar Oussedik, encerclé et ceinturé au jardin Marengo,…Quelques jours plus tard, c’est autour du responsable de l’OS en basse Kabylie, Omar Boudaoud, qui, revenant de la capitale, est cueilli à l’arrivée de l’autocar de Rebeval (Baghlia) », note Ait Ahmed à juste titre.

En tout état de cause, de cette machination, il ne reste qu’un seul responsable, en Kabylie, en liberté. Il s’agit de Belaid Ait Medri. Celui-ci pense en effet que cette vague d’arrestation résulte d’une collusion entre les autorités coloniales et des membres influents de la direction nationale du PPA-MTLD. Nonobstant le travail de conciliation entrepris par Ait Ahmed, le climat de méfiance, de part et d’autre, ne facilite pas sa tache, d’autant plus qu’il est accusé, lui aussi, de comploteur. En tout cas, la direction du parti ne lui pardonnera pas son projet de faire évader Ouali Bennai de prison. « Mais ma marge d’action diminue au fur et à mesure que s’enfle le tir croisé des accusations, d’autant plus que je dois redoubler de précautions, car la police m’a identifié dans l’affaire de la poste d’Oran », argue ait Ahmed de la dureté de sa mission.

Cela dit, bien que la police soit toujours à ses trousses, Ait Ahmed va tenter de convaincre la direction de stopper ses attaques contre les responsables de la Kabylie. « Je leur demande de garder la tête froide : l’avalanche d’arrestations qui ont frappé que les dirigeants de la Kabylie, cela sent la provocation, la manipulation. Il ne faut pas se tromper d’adversaires. Bennai et tous les emprisonnés sont des hommes sérieux et conséquents. Ali Yahia n’est qu’une péripétie. Il n’était pas au comité central de Zeddine. Il ignore tout de nos options fondamentales, de nos buts. Mais justement, comment les atteindre si on décime l’encadrement en Kabylie », tente-t-il de raisonner la direction du PPA-MTLD.

En effet, à la réunion de Zeddine de décembre 1948, à laquelle ont participé Ait Ahmed, Ould Hamouda et Bennai, l’aile révolutionnaire a réussi à faire adopter son projet insurrectionnel. Néanmoins, bien qu’aucun responsable n’ait pu voter contre un tel projet, en catimini, certains membres de la direction font tout pour repousser cette échéance. Les notables du PPA-MTLD ne veulent plus de l’orientation arrêtée à Zeddine. Ainsi, en combattant le projet insurrectionnel, l’opportunisme électoraliste, selon Ait Ahmed, a de bons jours devant lui. En tout état de cause, après cette série de purges, la direction va réaliser son unité en excluant les parasitaires.

Finalement, au-delà de l’extirpation du germe berbériste, la direction du PPA-MTLD a su neutraliser le courant activiste dans sa globalité. Le meilleur exemple est celui de l’élimination de Lamine Debaghine, payant ainsi les frais de son désaccord avec Messali. Mi-révolutionnaire mi-réformateur, ce dernier sera rejeté plus tard par les uns et par les autres. Car son alliance avec les réformateurs ne durera pas longtemps. En 1954, les activistes, en portant un projet clair, élimineront et Messali et les réformateurs.

 

5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 10:23

Beaucoup de personnes situent le début de la bataille d’Alger à la fameuse « grève des huit jours » (28 janvier-4 février1957). En effet, si l’on considère le déchainement des paras, commandés par le général Massu en vue de la casser –une grève à laquelle a appelé le CCE (comité de coordination et d’exécution) issu du congrès de la Soummam –, comme le point de départ, il sera difficile de classer une série d’événements qui se sont déroulés tout au long de l’année 1956 à Alger.

De toute évidence, bien que les villes ne connaissent pas un grand emballement comme le sont les campagnes après les premières actions de novembre 1954, il n’en reste pas moins que le mouvement de libération est scruté à la loupe. Malgré les intimidations, à partir de juin 1956, les événements s’accélèrent. À l’exécution de deux membres du FLN, le 19 juin 1956, à la prison de Barberousse, la cellule du FLN algéroise « organise pour la première fois des attentats aveugles au revolver contre la population européenne », écrit le grand historien, Pierre VIDAL-NAQUET, dans « la torture dans la République (1954-1962) ».

Désormais, le conflit n’a plus de limites. Après une préparation de longue haleine, les colons passent à la vitesse supérieure. Le 10 aout 1656, la Casbah est secouée par une déflagration faisant une centaine de morts. Bien que les auteurs [Philippe Castille et Michel Fechoz] avouent avoir perpétré l’attentat, aucune sanction n’est prise à leur encontre.

Par ailleurs, pour venger les victimes innocentes, la réponse du FLN ne se fait pas attendre. Ce sont les fameuses bombes déposées dans les différents bars et cafés, fréquentés par les Français d’Algérie. Cela dit, sans qu’ils se rendent compte, les planificateurs de ces attentats ignorent que leurs actions gênent considérablement l’action des membres du CCE préparant une grande mobilisation politique à l’occasion de l’ouverture du débat sur la question algérienne à l’ONU, prévu fin janvier 1957.

Bien évidemment, il ne s’agit pas d’incriminer qui que ce soit. Mais, historiquement parlant, ces attentats ont accéléré le transfert du pouvoir des civils aux militaires. « Le 7 janvier 1957, sur l’ordre de Robert Lacoste, le superpréfet d’Alger, Roger Baret, signe une ordonnance déléguant au général Massu, commandant de la 10e division parachutiste, les pouvoirs de police dans le département d’Alger, c’est-à-dire le soin de liquider le terrorisme urbain et de briser la grève générale préparée par le FLN », note l’éminent historien.

Jusqu’au mois d’octobre 1957, une date correspondant à la fin de la bataille d’Alger, le rouleau compresseur colonial écrase tout sur son passage. Malgré les démissions spectaculaires de Paul Teitgen, haut responsable de l’administration et du général de Bollardière, qui récusent les méthodes du général Massu, la répression va crescendo.

Selon Pierre VIDAL NAQUET, « Paul Teitgen fut amené à signer 24000 assignations à résidence. Sur ce nombre, d’après ses déclarations publiques, 3024 individus devaient disparaître, morts sous la torture, ou sommairement exécutés. Ce chiffre est sans aucun doute inférieur à la réalité : les militaires ne déclarèrent pas toutes les arrestations et bien des victimes n’eurent pas le loisir d’être assignées à résidence ».  

Peu à peu, l’emprise de l’armée sur la vie politique française s’accentue. En mai 1958, elle refuse carrément l’investiture du président du Conseil, Pierre Pflimlin. Son seul tort est d’avoir déclaré que le problème algérien ne pourrait être résolu sans une négociation. Ce sont donc ces militaires –qui ont conduit la bataille d‘Alger – qui vont achever la IVe République.

Pour conclure, il va de soi que la bataille d’Alger ne peut pas être résumée en quelques lignes. Cela dit, d’un point de vue stratégique, les membres du CCE avaient besoin d’un calme relatif à Alger en vue de gérer la révolution. De leur coté, les révolutionnaires ne pouvaient pas rester bras croisés quand les membres de leur réseau se faisaient tuer. Résultat des courses : les réseaux et la direction politique sont décimés.

D’ailleurs, c’est après l’arrestation de Larbi Ben Mhidi que les survivants du CCE décident de quitter le pays. Ce choix s’avère lourd de conséquences. À partir du moment où la révolution est gérée loin des réalités du terrain, les nouveaux dirigeants ne comprennent pas forcément les souffrances du peuple. Ainsi, après l’indépendance, ces chefs extérieurs vont jusqu’à interdire au peuple algérien de s’immiscer dans ses affaires, alors qu’en novembre 1954, les révolutionnaires ont pris les armes contre cette exclusion.

Aït Benali Boubekeur        

22 janvier 2017 7 22 /01 /janvier /2017 10:09

Après une pacification douloureuse, les autorités coloniales proclament que l’Algérie est une partie intégrante de la France. Dans ces conditions, est-ce que cette règle s’applique aux habitants ? En d’autres termes, est-ce que les autochtones deviennent, par la même occasion, citoyens français ? Officiellement, les représentants de cet ordre le claironnent sans ambages. Dans les faits, les deux peuples qui se côtoient sont séparés par des obstacles infranchissables.

Toutefois, après la mobilisation des Algériens lors de la Grande Guerre (1914-1918), des dirigeants métropolitains songent réellement à l’émancipation d’une partie des « indigènes ». Bien que les réformes ne soient pas globales, certaines de ces mesures permettent à quelques milliers d’indigènes d’accéder à la citoyenneté.

Cela dit, si des récompenses peuvent être envisagées, il n’en est pas de même des réformes politiques ou sociales. En voulant se confronter au lobby colonial, Maurice Violette est le premier à faire l’expérience amère. En 1925, il est en effet nommé gouverneur général. « Pourtant, même ses timides réformes sociales furent l’objet d’un véritable tir de barrage de la part du milieu colon. Qui obtiendra son rappel. Au point que Violette signera quatre ans plus tard un livre en forme de défi : l’Algérie [sous-entendu française] vivra-t-elle ?, chronique amère d’un divorce radical entre un homme venu avec de belles intentions réformatrices et un monde fermé à toute novation », écrit Alain Ruscio dans « nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS ».

Quoi qu’il en soi, bien que le gouverneur général admette la suprématie du lobby colonial, il ne renonce pas à s’opposer au statu quo. Pour lui, si la France veut avoir un avenir en Algérie, il faudra qu’il accomplisse des réformes osées. « Je redoute que la légitime fierté de résultats […] ait installé dans l’esprit [des colons] à la façon d’un dogme que l’Algérie dans l’avenir ne pourra continuer à être que par eux et pour eux ; s’il en était ainsi, et si la métropole n’intervenait pas pour imposer un point de vue plus juste et plus humain, l’Algérie serait condamnée » écrit Maurice Violette en 1929.

Cependant, si en 1925 les conditions n’étaient pas totalement réunies, en 1936, le projet des réformes est porté par le président du Conseil, Léon Blum, son ministre d’État, Maurice Violette, et une grande partie de la gauche française. Bien que le contenu ne soit pas très éloigné de celui de 1925, le lobby colonial refuse –malgré la légitimité des urnes – la moindre concession. Du coup, « trois mois seulement après la victoire électorale, Maurice Violette commençait déjà à s’inquiéter », note l’historien. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, comme en 1925, le lobby colonial réussit à infléchir les dirigeants métropolitains. En un mot, c’est cette minorité agissante qui impose son choix à toute la communauté pied-noir.

Enfin, il existe d’autres tentatives de réformer le système colonial après 1925 et 1936. Mais, après les événements de mai 1945, la grande majorité des « indigènes » ne croit plus à une possible cohabitation. D’ailleurs, le commandant en chef de la répression de mai 1945, le général Duval, prédit une paix de dix ans. Cette prédiction est ratée d’une année. En 1954, la révolte se généralise. Enfin, après sept longues années, la décolonisation se réalise à un prix exorbitant. Quant aux souffrances du peuple algérien après le recouvrement de l’indépendance, il s’agit d’une autre histoire.

Aït Benali Boubekeur

 

  

     

29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 19:59
Il y a des assassinats politiques qui ne s’oublient pas. Incontestablement, la liquidation physique de l’architecte de la révolution, Abane Ramdane, en fait partie. Bien que le régime ait tout fait pour minimiser la portée de cette affaire, les Algériens, notamment ceux épris de justice, savent que la dérive a commencé à ce moment-là.
En tout cas, ce lâche assassinat révèle l'incompétence des chefs révolutionnaires à surmonter la crise. En recourant à l’élimination physique, les hommes forts de la révolution la jettent dans les bras de la future dictature. En effet, quand la politique n’a plus de place dans un mouvement, la violence devient, par conséquent, la règle.
D’ailleurs, de décembre 1957 à septembre 1962, les conflits se règlent selon la loi du rapport de force. Au summum de la crise en décembre 1959, lors de la paralysie du GPRA ayant duré six mois, ou en aout 1961, lors de l'élimination des anciens de d’UDMA de Ferhat Abbas du GPRA, ou en juin 1962, lors du congrès de Tripoli, la politique est reléguée au second plan. Et c’est en leur qualité d’hommes politiques que les instigateurs de la mort d’Abane Ramdane, en décembre 1957 –ils étaient des chefs militaires de premier plan – seront éliminés de la direction de la révolution après l’accession du pays a la souveraineté.
Depuis ce moment-là, la capacité du dirigeant postindépendance se mesure à son pouvoir de faire taire la société. Or, dans les pays qui se respectent, quel que soit le titre du chef, il n'est qu'un citoyen soumis aux mêmes droits et aux mêmes devoirs. En Algérie, malgré les 54 ans qui nous séparent de la fin du système colonial, le statut du citoyen de seconde zone subsiste toujours.
En nous rendant, avec un groupe d’amis, le 24 décembre, à Alger, pour assister au meeting du FFS, un gendarme nous demande, à la sortie de Tizi Ouzou, notre destination. Le chauffeur explique alors la raison pour laquelle il se rend à Alger. Et pourtant, une simple vérification des papiers aurait dû suffire. Durant tout le trajet, plusieurs questions me taraudent l’esprit : si le gendarme n'était pas satisfait de la réponse, est-ce qui pourrait nous demander de rebrousser chemin ? Est-ce une simple curiosité ou une faon de nous intimider ? Ou est ce les deux la fois ?
Cela étant dit, bien que notre exemple n’ait pas une grande importance par rapport à l'élimination d’un grand homme, comme Abane Ramdane, il n'en reste pas moins que la crise actuelle a pris ses racines de la dérive révolutionnaire de decembre1957.
Pour conclure, il va de soi que l'assassinat injuste d’Abane Ramdane a pesé très lourd sur l'avenir du pays. Bien que le système politique ait évolué, force est de reconnaître que certaines pratiques, qui ont causé, de surcroît, tant de mal à la révolution et à notre pays pendant les premières années de son indépendance, n'ont pas disparu. C'est comme si la malédiction poursuivait le pays après tant d'assassinats injustes. Faudrait-il pour autant pleurnicher sur le sort du pays si les Algériens ne faisaient rien pour changer le système de gouvernance ? C’ est tout le sens, me semble-t-il, du combat qu’il faudrait mener.
Aït Benali Boubekeur

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