9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 20:57

La présence de Ferhat Mehenni, le 7 avril 2018, au cimetière Père Lachaise est intrigante. Et pour cause ! Le chef autoproclamé de la Kabylie ne se déplace pas pour rien. S’il se joint à la commémoration de la mort d’Ali Mécili, ce n’est pas par bonté, mais il devrait chercher un intérêt.

En sentant que le parti, cher à Ali Mécili, vit une crise de direction, le chef du MAK saisit la balle au bond en essayant de tirer des dividendes. En quelque sorte, il se comporte comme quelqu’un qui va au supermarché faire ses courses.

Pourquoi ces interrogations diront certains ? D’autant plus qu’Ali Mécili a connu Ferhat Mehenni dans les années 1970. Si depuis son installation à Paris il ne ratait aucune commémoration, personne ne pourrait douter de son geste. En plus, selon la tradition de nos aïeux, ça ne serait qu’un devoir, d’autant plus que dans les moments difficiles, Ali Mécili n’a pas hésité à mettre les mains à la poche en vue de financer les deux premiers albums de Ferhat Mehenni.

Toutefois, entre les deux hommes, les chemins se sont séparés depuis longtemps. Si Ali Mecili est resté fidèle aux idéaux du FFS jusqu’à son ultime souffle, il n’en est pas de même du chanteur. En outre, depuis les événements d’octobre 1988, entre Ferhat et ses amis, d’un côté, et le FFS, incarné par le chef charismatique, Hocine Aït Ahmed, les chemins se sont séparés définitivement.

À deux reprises, les choix défendus par le FFS et l’ancienne formation politique de Ferhat Mehenni sont inconciliables. Il s’agit de décréter la mort du MCB et sa transformation en parti politique, dans le premier temps, et de soutenir le coup d’État militaire, dans le second temps.

Pire encore, depuis 2001, il se proclame chef de la Kabylie, et ce, au détriment de tout esprit démocratique. C’est comme si un retour au règne stalinien pouvait aider la région à s’épanouir ou à sortir de la crise. En plus, surfant sur le désappointement de la jeunesse, il leur fait miroiter le rêve suivant : il suffit de détester l’Algérie, la langue arabe et l’islam pour que la vie devienne meilleure.

Enfin, si ce discours peut tromper une partie de la population, il ne peut pas être de même s’agissant des militants formés dans l’école politique de Hocine Aït Ahmed et Ali Mécili. Ainsi, bien que le militant puisse être déçu par le fonctionnement de son parti, il ne peut pas –comme le souhaite Ferhat Mehenni –devenir raciste.

Du coup, si le déplacement de Ferhat Mehenni au cimetière Père Lachaise vise à recruter des soutiens à son projet, il se trompe de destination. Car, les chemins entre le FFS et le MAK –ça reste mon sentiment –sont comme deux droites ne pouvant jamais se croiser, pour reprendre la logique chère aux professeurs de mathématique.

Aït Benali Boubekeur  

   

 

6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 21:02

Il y a 31 ans, la Ville lumière assiste à l’un des crimes politiques les plus abjects. Le 7 avril 1987, l’opposant algérien, Ali Mécili, est assassiné pour s’être opposé activement à la politique dictatoriale du régime algérien. « Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l’Algérie », prédit-il son avenir quelques semaines avant le lâche assassinat, perpétré par le sous-traitant des services secrets algériens, Abdelmalek Amellou.

Cependant,  malgré les charges et les pièces pouvant inculper l’assassin et démontrer la complicité de la sécurité militaire algérienne (SM), la justice française n’ose pas franchir le pas. Et pourtant, dès le 6 juin 1987 –Amellou est expulsé la première fois en avril 1987 –, la police française retrouve dans les poches de l’inculpé, lors de son retour en France, l’ordre de mission signé par la SM.  

Hélas, c’est la raison d’État qui l’emporte dans cette affaire. En dépit des aveux de l’assassin, le ministre délégué à la sécurité, Robert Pandraud, instruit les services de police, le 12 juin 1987, afin qu’ils expulsent le criminel vers Alger. Depuis cette date, tous les moyens sont déployés pour que la vérité ne jaillisse pas.

Bien évidemment, nonobstant les obstacles et les verrouillages, la famille de Mécili et son parti, le FFS, ne baissent pas les bras. Du temps où Hocine Aït Ahmed était vivant, l’affaire a été défendue de la plus belle des manières. D’ailleurs, tous les éléments qui auraient pu aider la justice française à rendre un jugement équitable sont contenus dans le livre, rédigé par feu Hocine Aït Ahmed, intitulé « l’affaire Mécili ».

Malheureusement, malgré tous ces efforts, force est de reconnaître que l’affaire est loin de connaître son épilogue. Et s’il doit y avoir un seul sujet sur lequel toute la famille politique de Mécili doit se mettre d’accord, c’est de perpétuer la mémoire de Mécili jusqu’à ce que la vérité se sache. Pour y parvenir, les dirigeants actuels devraient s’inspirer de l’engagement d’Ali Mécili et de son ami le plus proche, Hocine Aït Ahmed, en faveur de la culture démocratique. Le 20 avril prochain, chaque congressiste devrait avoir une pensée pour ces deux grands monuments de la politique avant de décider de l’avenir du parti.

En somme, en cette circonstance, comment ne pas évoquer la candidature de l’assassin d’Ali Mécili aux élections locales de novembre 2017 à Ath Rezine. Sans la mobilisation des militants du FFS à tous les niveaux, l’administration aurait accepté qu’un assassin dirige une commune.

Enfin, il faut reconnaître que l’invalidation de cette candidature est une petite victoire, et ce, dans la mesure où le régime algérien admet qu’Amellou est un criminel. Quant à la grande victoire, ce sera le jour où la justice condamnera le criminel et les instigateurs. C’est la raison pour laquelle le parti ne devrait pas lâcher du lest sur cette affaire. Mais, encore une fois, cela ne pourrait pas se faire quand les rangs sont dispersés ou quand le fonctionnement du parti s’éloigne de la tradition démocratique, chère à Ali Mécili.

Aït Benali Boubekeur

4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 19:37

De 1940 à 1943, tous les rapports de l’administration coloniale se félicitent de l’attitude des « indigènes ». Bien qu’une partie des militants indépendantistes aient songé une alliance avec le mouvement hitlérien en vue d’abattre le système colonial, la réaction ferme de Messali Hadj, président du PPA (parti du peuple algérien) a remis de l’ordre au sein du parti.

En effet, pour le président du PPA, il est hors de question de s’allier avec un monstre en vue d’acquérir ses droits. C’est ainsi que l’expérience du CARNA (comité d’action révolutionnaire nord-africain) reste au stade du projet. Mais, cela n’empêche pas l’administration coloniale de condamner Messali Hadj à 16 ans de travaux forcés, le 28 mars 1941.

Toutefois, après le débarquement anglo-américain de novembre 1942, la donne évolue sensiblement. Il est désormais question de faire appel aux « indigènes» pour qu’ils participent à la libération de la métropole. Les principaux dirigeants indépendantistes étant incarcérés, ce sont les organisations modérées qui parlent au nom du peuple algérien.

Contrairement au conflit mondial précédent, cette fois-ci les interlocuteurs de l’administration coloniale demandent des contreparties. Ces revendications sont contenues dans un document appelé « le manifeste ». Il est rédigé par Ferhat Abbas, le 7 février 1943.

Cependant, pour que le mouvement ait de l’ampleur, Ferhat Abbas compte mobiliser au-delà des soutiens de l’administration coloniale, à savoir les élus et les Oulémas. « Le manifeste présenté au PPA et au Oulamas fut accepté sans aucune retouche. Le plus dur restait à venir. Il fallait obtenir l’accord de tous les élus », écrit Mahfoud Kaddache, dans « histoire du nationalisme algérien. » C’est ainsi qu’une délégation, conduite par Ferhat Abbas, est reçue le 3 mars 1943 par le gouverneur général, Peyrouton.

Hélas, la victoire des gaullistes rend caducs les engagements pris par les prédécesseurs. La nomination du général Catroux, à la place de Peyrouton, tranche en faveur du maintien du statu quo colonial. « Le 23 juin 1943, Catroux signifia à nouveau aux membres de la commission des réformes : le gouvernement ne pouvait s’engager à modifier le statut de l’Algérie ou de l’Empire », note l’historien.

En guise de réformes, le général de Gaulle déterre le projet Blum-Violette. Grosso modo, les mêmes mesures sont reprises dans l’ordonnance du 7 mars 1944. Pour les partisans du manifeste, il faudrait créer un rapport de force capable de faire entendre aux autorités coloniales que ces mesures sont dépassées. Le 4 avril 1944, à l’exception du PCA (parti communiste algérien –l’histoire retient que les communistes algériens sont toujours absents des grands rendez-vous de notre pays –et de quelques élus retournés, tous les courants nationalistes se regroupent au sein des AML (les amis du manifeste et de la liberté). Hélas, cet espoir est de courte durée.

Enfin, il est évident que dans le contexte colonial de l’époque, il est inconcevable de laisser les « indigènes » s’organiser. D’autant plus que tous les rapports indiquent la suprématie du PPA dans toutes les sections locales des AML. Du coup, de la naissance des AML aux événements de mai 1945, l’administration coloniale déploie tous les moyens en vue de saborder cette organisation.

Aït Benali Boubekeur

   

 

  

 

28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 19:37

Après avoir boycotté la journée du cessez-le-feu pendant de longues années par les vainqueurs de la crise de l’été 1962, leur dernier représentant, en la personne du chef de l’État actuel, admet enfin que le 19 mars 1962 est une date fondamentale dans l’histoire de notre pays. Cela dit, bien qu’il y ait une certaine reconnaissance implicite à l’œuvre du GPRA, renversé pour rappel par l’armée des frontières, force est de reconnaître que ce message comporte une arrière-pensée politique.

En effet, bien que le régime nie l’existence d’une crise économique, la réalité lui rappelle tous les jours l’étendue des difficultés dues aux choix décidés en solo par le régime. Pour justifier son maintien, le régime n’a d’autre choix que de nous servir une recette désuète. Ainsi, pour lui, le système colonial est à l’origine de nos déboires. Or, après 56 ans d’indépendance, où plus de 75% de la population est née après 1962, ces arguments ne passent pas.

Même si le chef de l’État est dans son rôle quand il affirme que « l’esprit de la glorieuse révolution de Novembre a continué à guider l’Algérie vers d’autres victoires après le recouvrement de la souveraineté de notre chère patrie », la réalité du terrain nous renvoie une autre image. Car, dans tous les pays, les grandes victoires s’obtiennent par l’association du peuple à la gestion de ses affaires.

Or, depuis 1962, le régime s’identifie à l’État. Il empêche par la même occasion le peuple algérien de jouer pleinement son rôle. Et quand ce dernier essaie parfois de s’intéresser à ses affaires, la seule réponse du régime est de mobiliser son arsenal répressif. Les dernières manifestations des résidents médecins en font foi.

Cependant, pour qu’il n’y ait pas de fausses interprétations –un exercice que le régime maîtrise à merveille –, le bilan de l’Algérie depuis l’indépendance n’incombe qu’au régime. Hélas, dans les conjonctures difficiles –à chaque chute brutale des prix du pétrole –, c’est le malheureux peuple qui paie les pots cassés. Est-ce que pour autant les Algériens sont logés à la même enseigne ? Malgré la crise, les fortunes mal acquises continuent de prospérer. À tel point que la course à l’argent sale se généralise et touche quasiment tous les secteurs. Sinon, comment expliquer que les prix des voitures « montées en Algérie » reviennent plus chers que si elles étaient importées ?

Pour conclure, il va de soi que ce genre de message est de nature populiste. Dans le fond, les pays qui se développent ne regardent pas tout le temps dans les rétroviseurs. Après 56 ans d’indépendance, il est indécent d’imputer l’échec de développement à une colonisation certes injuste et inhumaine. Pour parvenir à une sortie de crise, il ne devrait pas y avoir de recettes magiques. Il suffit juste de démocratiser les institutions du pays en procédant à la séparation effective des pouvoirs.

 Aït Benali Boubekeur  

20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 19:57

Malgré la programmation d’un congrès extraordinaire, la crise de direction au FFS n’est pas encore résorbée. En effet, bien que le conseil national du 9 mars dernier ait entériné le principe de la convocation du congrès extraordinaire, le texte sanctionnant les travaux de cette réunion ne semble pas faire l’unanimité. Et pour cause ! Avant même la tenue dudit congrès, son issue est déjà tranchée. En d’autres termes, l’article 48 des statuts du parti est uniment contourné.

Alors que la démission d’Ali Laskri est toujours d’actualité –en plus, avant même sa démission, le mandat de l’instance présidentielle est arrivé à son terme en mai 2017 –, le prochain congrès n’élira que deux membres en vue de compléter l’instance présidentielle. Ce qui suppose une liste unique. Au-delà du caractère antidémocratique d’un tel choix, il faudrait se demander si le parti allait gagner quelque chose en reprenant les recettes qui ont échoué partout dans le monde. En tout cas, ce n’est pas en bafouant la démocratie que le parti pourrait grandir.

En tout état de cause, si en 2013 une telle option était acceptée la mort dans l’âme, il ne pourrait pas être de même après un mandat terne de cette instance. Or, après le retrait de feu Hocine Aït Ahmed de la vie politique en 2012, la nouvelle direction aurait pu fixer des objectifs simples, à l’instar de la réorganisation du parti. Bien que le bilan ne soit pas négatif, on ne peut pas dire non plus que la priorité a été donnée à la structuration des sections.

De toute évidence, après un mandat de presque cinq ans, il est clair que le talon d’Achille du parti est le manque de démocratie interne. Du coup, si le FFS veut honorer la mémoire et le riche combat de Hocine Aït Ahmed, il devra se démocratiser davantage. À commencer par renoncer définitivement à cette histoire de liste unique. D’autant plus que les ravages du parti unique –le FFS a payé un lourd tribut en s’opposant à ce système monstrueux –sont encore perceptibles dans la société.

Pour conclure, il va de soi que pour le moment le parti peut éviter certaines erreurs. Le 20 avril prochain –le choix de la date pose un problème. On ne peut pas dénoncer les vraies ou les fausses velléités du régime de tenir les élections législatives un certain 20 avril et ne rien dire quand il s’agit de son propre parti –, les militants congressistes pourront rentrer dans l’histoire du parti en refusant d’avaliser des choix qui ne seront pas forcément bons pour le parti.

Enfin, je tiens à préciser que cette note ne vise à régler aucun compte. Il s’agit d’une simple description de ma déception. Pendant plusieurs années, je croyais profondément au combat du FFS en vue de démocratiser les institutions de notre pays. Malgré les mini-crises et les départs de certains cadres du parti, le FFS a réussi mal an bon an à s’en sortir. Cette fois-ci, il regrettable de dire que ce qui est proposé est loin de correspondre aux normes démocratiques. Mais comme dirait Hocine Aït Ahmed, allah irahmou, l’espoir n’est pas mort.

Aït Benali Boubekeur

 

14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 20:07

Dans les démocraties qui se respectent, il est inconcevable qu’une élection présidentielle ne suscite aucun intérêt à 13 mois de se tenue. Bien qu’on soit habitué en Algérie à ce que les élections ne soient qu’une formalité –destinées davantage à la consommation extérieure –, la dégradation de la situation économique aurait dû interpeller les citoyens. Il n’en est rien, pourrait-on regretter.

Hélas, dans l’état actuel des choses, cette élection ne concerne que le régime. En effet, il ne peut y avoir que deux scénarios possibles. Si Abdelaziz Bouteflika est candidat, le scrutin sera plié, sans surprise ni suspense. Dans le cas où il n’est pas candidat –ce qui parait peu probable –, le régime fera tout pour que sa succession se fasse en interne.

Toutefois, ce qui pose problème, c’est l’attitude du peuple algérien. En renonçant à exercer son droit de contrôle, il participe de façon sous-jacente à la ruine de son pays. Bien évidemment, il ne s’agit pas de diluer la responsabilité du régime. Mais, quand on se compare à certains pays, on constate que les régimes qui abusent du pouvoir ne sont pas bousculés par les citoyens.

Pour étayer cette thèse, on peut citer l’exemple de la France. Alors que les bilans des présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande ne sont pas négatifs, le peuple français souverain les a remerciés successivement en 2012 et 2017. Ainsi, en ne réussissant pas à renverser la courbe du chômage, François Hollande n’a pas estimé utile de solliciter les suffrages des Français.

Or, en Algérie, malgré l’échec des quatre mandats successifs –il n’y a eu ni résultats économiques positifs ni recul des inégalités –, la candidature du chef de l’État passera comme une lettre à la poste.

Du coup, pour assurer le statu quo, il ne reste au régime qu’à designer son candidat. Et en même temps, comme le soutient Abed Charef, dans sa note intitulée « Algérie tétanisée par le 5eme mandat », le régime « a juste besoin d’éviter l’émergence d’une alternative crédible. » Ce qui n’est pas une sinécure compte tenu de l’émiettement des forces politiques.

Pour conclure, il va de soi que tant que le régime est aux manettes, l’Algérie est condamnée au statu quo. Dans l’état actuel des choses, ni la société –absente de tout débat –ni la classe politique ne sont capables de peser face au régime. Résultat des courses : le régime a le choix entre la continuité ou le choix d’un autre candidat dans le sérail. C’est le seul suspense de cette élection.

Aït Benali Boubekeur

  

  

11 mars 2018 7 11 /03 /mars /2018 20:51

Annoncée en grande pompe par le site séparatiste, la participation du MAK à la célébration de la journée internationale de la femme n’a pas eu lieu, au Havre, en Normandie. Bien évidemment, la commune d’Harfleur n’a pas annulé l’événement. La journée de la femme a bien lieu ce samedi 10 mars 2018 au centre culturel la forge, sis à la rue Frédéric Chopin.

D’après la responsable du centre culturel avec laquelle j’ai échangé, la mairie d’Harfleur a signifié aux animateurs de l’association havraise, ACB76, qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Pour l’exécutif communal, de tendance communiste, il est hors de question de donner la parole à un mouvement dont les valeurs sont différentes des leurs. Ainsi, après avoir trompé le PCF lors de la fête de l’humanité, le MAK ne devrait plus compter sur le PCF pour déverser son message de haine.

En tout cas, bien que le MAK ait choisi cette fois-ci une association, citée plus haut, pour passer inaperçu, les responsables du centre culturel ne se sont pas laissés berner. Et pour cause ! Lors du débat, il est prévu que le président du mouvement séparatiste –hélas, lui il se dit président de la Kabylie, alors qu’il n’est que le responsable de son mouvement – et « ses ministres » prennent la parole. Pour la responsable du centre culturel, une recherche rapide sur l’identité des intervenants nous a montré qu’il y avait une incompatibilité avec nos valeurs.

Cette décision n’est pas appréciée par les personnes présentes. Si personnellement j’ai trouvé cette décision juste, car le bon sens l’a emporté, il n’en est pas de même d’une militante du MAK, venue de Paris pour écouter son sultan. Malgré les arguments de la responsable du centre culturel, la militante du MAK ne décolère pas. Pour elle, l’arabophobie et l’islamophobie ne sont pas répertoriés dans son logiciel comme des actes racistes.

Enfin, cette décision sage de la commune d’Harfleur devrait servir d’exemple à d’autres municipalités où des discours d’intolérance sont parfois tenus. D’ailleurs, est-il concevable que le pays de la révolution de 1789 tolère un mouvement dont les valeurs de fraternité et de tolérance ne sont pas respectées ? La mairie d’Harfleur répond sans ambages à cette question. Aux autres de suivre l’exemple.

Aït Benali Boubekeur   

  

6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 20:35

Même si la femme algérienne a évolué, son statut demeure indigne. De toute évidence, dans cette progression, le mérite ne revient pas au régime politique. Ainsi, si l’on trouve aujourd’hui des femmes médecins et avocates, la réussite est due à leur abnégation. Ce n’est en aucun cas grâce à la politique poursuivie depuis l’indépendance du pays.

Et pourtant, dans la période la plus cruciale que notre pays ait connue, la femme algérienne n’a pas à rougir de son rôle. Malgré les brimades et les contraintes tous azimuts, elle a participé à la libération de son pays. Au moment où certains se la coulaient douce à l’Extérieur, les Algériennes se sont haussées au niveau de l’histoire, pour reprendre l’expression de Khaoula Taleb Ibrahimi. « Entre 1954 et 1962, des femmes algériennes ont, avant leurs cadettes des années de l’indépendance, bravé l’interdit et sont sorties de leur espace habituel pour participer à la lutte pour la libération du pays du joug colonial », écrit-elle.

Dans certaines situations, notamment pendant la bataille d’Alger, ce sont des jeunes filles qui ont assuré la survie du front. Aux condamnations à mort des militants du FLN historique, des femmes courageuses ont risqué leur vie pour venger leurs compatriotes. Ainsi, au moment où certains songent à former une grande armée à l’Extérieur, l’honneur des condamnés a été porté sur les épaules de ces braves femmes.

Hélas, à l’approche de l’indépendance, ceux qui ont le moins souffert des affres de la guerre se lancent dans une guerre de conquête de pouvoir. Là encore, la femme algérienne est doublement punie. Ainsi, si elle est écrasée comme le reste du peuple dans le premier temps, car le pouvoir est prédestiné,  dans le second temps, elle est condamnée à un statut de mineure à vie. Homme fort du clan d’Oujda, avant de le quitter une année plus tard, Mohammed Khider explique à l’héroïne de la bataille d’Alger, Djamila Boupacha, ce que son clan réserve à la femme : « Mais, madame, après l’indépendance, les femmes doivent revenir à leur couscous. »

Cette approche va couter très cher à notre pays. En effet, au lieu d’encourager les Algériennes et les Algériens à participer au développement de leur pays, le régime opte pour la démarche suicidaire en excluant toutes les meilleures volontés. Résultat des courses : après une gestion catastrophique, le régime algérien provoque la naissance des courants extrémistes. Du coup, pour calmer les barbus, le chef de l’État de l’époque, Chadli Bendjedid, promulgue en 1984 le  code de la honte, appelé code de la famille. Ce dispositif fait de la femme une mineure à vie.

Hélas, encore une fois, cette loi de la honte est toujours en vigueur. Bien qu’elle soit remaniée en 2005, son esprit n’évolue guère. Pire encore, ces dirigeants incombent leurs délires à la volonté de Dieu. C’est comme si Dieu fait la différence entre tous ses enfants (homme ou femme).

Aït Benali Boubekeur

 

2 mars 2018 5 02 /03 /mars /2018 16:28

Ce qui devait et doit être un élément décisif dans le développement du pays est malheureusement une source de blocage de notre pays. Bien que la nationalisation des hydrocarbures soit présentée comme un acquis du peuple, dans la réalité, cette ressource est détenue exclusivement par le régime. D’ailleurs, dans certains rendez-vous électoraux, les caciques n’hésitent pas à rappeler au peuple qu’il devrait voter pour le candidat du régime s’il n’était pas oublieux des services reçus.

Pour mieux comprendre la relation entre la pérennisation du système et l’exploitation du pétrole, il faudrait remonter au moins à la veille de l’indépendance du pays. Alors que la principale tâche aurait dû être la construction d’une République expurgée des démons de la domination, un groupe d’officiers, basé aux frontières, décide de se substituer à la volonté du peuple. « Les nationalistes de la dernière heure tenaient le discours suivant à l’endroit de la population autochtone : aidez-nous à avoir l’indépendance et vous toucherez votre salaire chez-vous, c’est-à-dire sans travailler », écrit le Dr Boumezrag à l’occasion du 47emme anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures.

Mais, ce qu’ignore le plus algérien, c’est qu’en échange de certains transferts sociaux, le régime lui prend tout, y compris sa dignité. Ainsi, 56 ans après l’indépendance du pays, la matraque est la seule réponse aux revendications légitimes des résidents ou des enseignants. Pour le régime, il ne peut y avoir qu’un seul deal avec la société : la nourriture contre le silence. Mais, en même temps, les proches du régime amassent des fortunes garantissant la vie de cinq générations au minimum.

Toutefois, tant que les prix du pétrole sont hauts, la distribution est possible. Mais, dès que les prix dégringolent, le pétrole devient la source du malheur. Ce qui engendre de graves crises, à l’instar de celle des années 1990. Pourquoi ces régimes ne tombent pas quand ils sont au bout de l’essoufflement ? Pour le Dr Boumezrag, « il est admis que le prix du brut est un baromètre de la santé de l’économie mondiale et un facteur de stabilité des régimes politiques menacés ». En quelque sorte, écrit le Dr Boumezrag, « c’est dans la pérennité des régimes autocratiques que l’Occident trouve sa prospérité et sa sécurité ». C’est exactement ce qu’a dit Emmanuel Macron, le 6 décembre 2017, lors de sa visite à Alger.

Dans ces conditions, le changement est quasiment impossible. Entre un soutien extérieur et un régime riche, la société pauvre n’y peut rien. Du moins tant que cette ressource est là. Or, selon les prévisions officielles, l’épuisement du régime interviendrait vers 2030. D’ici là, les Algériens peuvent poursuivre la politique de l’autruche ou se dire que ce pays mérite de meilleurs dirigeants. Hélas, encore une fois, il est peu probable que la deuxième alternative se concrétise.    

Aït Benali Boubekeur

 

  

26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 19:00

La question qui revient avec acuité, en France, est le phénomène de l’immigration. Bien évidemment, celle-ci est visible dans toutes les villes. Chaque catégorie a bien entendu son histoire. L’émigration algérienne est sans doute l’une des plus anciennes et dont l’histoire comporte une partie émotionnelle.

Pour des raisons que l’on ne peut pas expliquer, la plupart des historiens situent le début de l’émigration algérienne au début du XXème siècle, précisément en 1905. Or, selon Mahfoud Kaddache, « dès 1833 un passeport était exigé des Algériens se rendant en France …Une circulaire du gouverneur du 28 janvier 1905 supprime le permis de voyage pour certaines catégories. »

C’est probablement pour cette raison que les historiens situeraient le début de l’émigration à cette date. Or, l’année 1905 représente les grandes vagues. « 2000 Kabyles dans la région marseillaise (travaux pénibles dans les raffineries, savonneries et dockers) sont appelés à supplanter les grévistes italiens en 1905 », écrit l’historien.

Malgré les contestations du lobby colonial –il se plaint du départ de la main-d'œuvre bon marché –, le mouvement migratoire s’accélère. Entre 1914 et 1918, il atteint son point culminant. « Il s’agissait alors d’une émigration provoquée par les besoins de la France en guerre », note-t-il.

Petit à petit, des groupements se forment. Grâce à l’appui des communistes, les indigènes se dotent de la première organisation politique, l’ENA (étoile nord-africaine). En effet, « c’est au cours d’une réunion tenue en décembre 1924 que 150 ouvriers nord-africains de la région parisienne discutèrent de questions économiques et syndicales et abordèrent des problèmes politiques », écrit l’historien.

À partir de cette date, la lutte contre le système colonial prend forme. D’ailleurs, dans le contexte de l’époque, est-ce qu’un mouvement similaire peut exister en Algérie ? La réponse est non. Ni les élus, ni les Oulémas ne revendiquent la fin de la domination coloniale. Du coup, ce mouvement a pu exister en métropole, car les contraintes furent moins pesantes en France.

Enfin, jusqu’à l’indépendance du pays, le rôle moteur est joué par l’émigration. Hélas, après l’indépendance, elle est écartée de la façon la plus brutale. La raison s’explique par le fait qu’elle soit imprégnée de valeurs démocratiques. Ce geste aura malheureusement des conséquences fâcheuses.

Aït Benali Boubekeur      

    

 

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