La présence de Ferhat Mehenni, le 7 avril 2018, au cimetière Père Lachaise est intrigante. Et pour cause ! Le chef autoproclamé de la Kabylie ne se déplace pas pour rien. S’il se joint à la commémoration de la mort d’Ali Mécili, ce n’est pas par bonté, mais il devrait chercher un intérêt.
En sentant que le parti, cher à Ali Mécili, vit une crise de direction, le chef du MAK saisit la balle au bond en essayant de tirer des dividendes. En quelque sorte, il se comporte comme quelqu’un qui va au supermarché faire ses courses.
Pourquoi ces interrogations diront certains ? D’autant plus qu’Ali Mécili a connu Ferhat Mehenni dans les années 1970. Si depuis son installation à Paris il ne ratait aucune commémoration, personne ne pourrait douter de son geste. En plus, selon la tradition de nos aïeux, ça ne serait qu’un devoir, d’autant plus que dans les moments difficiles, Ali Mécili n’a pas hésité à mettre les mains à la poche en vue de financer les deux premiers albums de Ferhat Mehenni.
Toutefois, entre les deux hommes, les chemins se sont séparés depuis longtemps. Si Ali Mecili est resté fidèle aux idéaux du FFS jusqu’à son ultime souffle, il n’en est pas de même du chanteur. En outre, depuis les événements d’octobre 1988, entre Ferhat et ses amis, d’un côté, et le FFS, incarné par le chef charismatique, Hocine Aït Ahmed, les chemins se sont séparés définitivement.
À deux reprises, les choix défendus par le FFS et l’ancienne formation politique de Ferhat Mehenni sont inconciliables. Il s’agit de décréter la mort du MCB et sa transformation en parti politique, dans le premier temps, et de soutenir le coup d’État militaire, dans le second temps.
Pire encore, depuis 2001, il se proclame chef de la Kabylie, et ce, au détriment de tout esprit démocratique. C’est comme si un retour au règne stalinien pouvait aider la région à s’épanouir ou à sortir de la crise. En plus, surfant sur le désappointement de la jeunesse, il leur fait miroiter le rêve suivant : il suffit de détester l’Algérie, la langue arabe et l’islam pour que la vie devienne meilleure.
Enfin, si ce discours peut tromper une partie de la population, il ne peut pas être de même s’agissant des militants formés dans l’école politique de Hocine Aït Ahmed et Ali Mécili. Ainsi, bien que le militant puisse être déçu par le fonctionnement de son parti, il ne peut pas –comme le souhaite Ferhat Mehenni –devenir raciste.
Du coup, si le déplacement de Ferhat Mehenni au cimetière Père Lachaise vise à recruter des soutiens à son projet, il se trompe de destination. Car, les chemins entre le FFS et le MAK –ça reste mon sentiment –sont comme deux droites ne pouvant jamais se croiser, pour reprendre la logique chère aux professeurs de mathématique.
Aït Benali Boubekeur