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19 octobre 2015 1 19 /10 /octobre /2015 15:21
Ferhat-Ouyahia : le choc des extrêmes.

À chaque fois qu’une crise se profile, la Kabylie devient le bouc émissaire des maximalistes. Ainsi, entre un régime qui fait comme si les problèmes sont inventés dans le seul but de déstabiliser le pays et les déclarations incendiaires de Ferhat Mehenni, il n’y a plus de place, selon eux, à une voie médiane. Et pourtant, pendant des décennies –avant que la Kabylie ne soit cassée par les arrouch –, ce bastion de la démocratie a su déjouer toutes les manœuvres visant à le neutraliser.

Cependant, face à cette situation frôlant le désespoir, il y a une question qui s’impose : où sont passés ses hommes et ses femmes si prompts à réagir à ces voix ne représentant pas ses aspirations ? En d’autres termes, sommes-nous obligés de subir les déclarations d’un Ouyahia soucieux de la pérennité du régime ou d’accepter que le revanchard, voire le raciste, Ferhat Mehenni s’autoproclame chef de la Kabylie ? Il va de soi que notre silence ne fait qu’abimer de plus en plus l’image d’une Kabylie longtemps avant-gardiste.

En tout état de cause, bien que la Kabylie soit une partie intégrante de l’Algérie –peut-on d’ailleurs priver un organisme d’un de ses membres ?–, il n’en reste pas moins que le mutisme des habitants de la région risque de la plonger dans une situation pernicieuse.

Cependant, s’il y a une urgence, c’est bien celle qui consiste à remettre Ferhat Mehenni à sa place. Après avoir renié son pays dans une interview en juillet dernier, on ne peut pas le laisser régler ses comptes sur notre dos. « Si la préoccupation des gouvernements successifs était de construire un avenir à la jeunesse…, aurais-je eu l’idée de revendiquer l’indépendance de la Kabylie ? Je ne le crois pas », répond-il à Ouyahia.

Toutefois, à consulter l’histoire contemporaine, il n’y avait que des hommes, tels que Mussolini, Hitler, qui s’identifiaient à une population. Hélas, Ferhat Mehenni n’est pas à sa première tentative. De la proclamation de la mort du MCB et son remplacement par le RCD en novembre 1988 à celle de soulever la Kabylie contre les groupes islamistes armés (GIA) en septembre 1994, en passant par le boycottage scolaire et son projet sécessionniste, chaque proposition visait à mettre à genou la Kabylie.

Aujourd’hui, il plus que jamais nécessaire que la Kabylie sorte de sa léthargie et retrouve, par la même occasion, son rôle de jadis. Dans le cas contraire, son nom va continuer d’être exploité à des fins politiques par les uns et à assouvir une soif de vengeance par les autres. Dans les deux cas, force est de reconnaitre in fine que ces voix maximalistes ne servent nullement ses intérêts.

Aït Benali Boubekeur

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17 octobre 2015 6 17 /10 /octobre /2015 12:17
En s’attaquant à Hocine Ait Ahmed, Abdelhafidh Yaha se décrédite lui-même.

Même les pires ennemis de Hocine Ait Ahmed lui reconnaissent des valeurs positives. Le témoignage d’Abdelhafidh Yaha, intitulé « le FFS contre dictature », est exclusivement un livre à charge. Ni les moments de combat qu’ils ont partagés ensemble ni le respect des valeurs ancestrales n’ont atténué son ardeur revancharde.

Bien que son passé de maquisard doive susciter respect et considération, force est d’admettre que son récit est aux antipodes des valeurs révolutionnaires. Alors que la création du FFS est intiment liée au nom de Hocine Ait Ahmed, il faut attendre la 23eme page pour que l’auteur du livre le cite pour la première fois en lui reprochant sa position lors de la crise de l’été 1962.

En fait, lors de ladite crise, deux groupes –celui de Tlemcen, conduit par le duo Ben Bella-Boumediene, est plus violent et celui de Tizi Ouzou, conduit par Krim-Boudiaf, voulant empêcher le premier de prendre le pouvoir –sont sur le point de s’affronter militairement. Renvoyant dos à dos les deux groupes, Hocine Ait Ahmed démissionne de tous les organismes dirigeants de la révolution, le 27 juillet 1962.

C’est également l’attitude de Saad Dahlab, le principal négociateur des accords d’Evian. Condamner une telle position, de surcroît éminemment politique, relève de la mauvaise foi. Et c’est ce que fait d’emblée Abdelhafidh Yaha en citant le plus politisé des chefs historiques, Hocine Ait Ahmled.

Cependant, bien que cette première dénonciation me conforte dans l’orientation du livre, j’ai décidé de poursuivre la lecture. Ainsi, en parlant de la création du FFS, Abdelhafidh Yaha omet un détail capital : la mise en place de l’UDRS (union pour la défense de la révolution socialiste), fondée par Karim Belkacem, Mohand Oulhadj, Ali Yahia Abdenour. Son but est de déclencher une action militaire contre Alger tout en s’interdisant de mener une quelconque activité militaire en Kabylie. La date est fixée pour le 3 juillet 1963.

Étrangement, cela nous rappelle le climat de la crise de l’été 1962, opposant le groupe de Tlemcen à celui de Tizi Ouzou. Constant dans ses positions, Hocine Ait Ahmed refuse de prendre part à ce mouvement comme il l’a fait en juillet 1962.

Quoi qu’il en soit, le fait que l’auteur cache cet événement laisse le lecteur perplexe. Ainsi, ou bien l’auteur du livre n’est pas au courant de la préparation de la création du FFS ou il est malhonnête. Dans les deux cas, son récit ne peut plus être considéré crédible.

Contrairement à ce qu’affirme Abdelhafidh Yaha, où il se donne le meilleur rôle, on n’impose pas à Hocine Ait Ahmed la marche à suivre. À l’inverse de la démarche de l’UDRS, celle du FFS est politique. Ce qui correspond à l’image de celui qui a représenté le FLN historique lors de la conférence des non-alignés en avril 1955.

Quant à la suite du récit, notamment l’épisode de l’arrestation de Hocine Ait Ahmed et de son fidèle ami, Ali Mécili, on ne peut qu’éprouver dégout et amertume de la façon dont elle est présentée. En effet, affirmer que le chef historique, qui a décidé de continuer le combat malgré les trahisons de l’encadrement du FFS en novembre 1963, a organisé son arrestation, le 17 octobre 1964, est le summum de la bêtise. Pire encore, il affirme en termes à peine voilés que c’est Ali Mécili –celui qui a payé de son sang son engagement pour la démocratie en Algérie –qui a été l’origine du complot. Et c’est là que je me suis dit qu’il est temps de refermer ce torchon.

En guise de conclusion, il va de soi que le parcours de Hocine Ait Ahmed ne peut être entamé par des récits mensongers. Pour autant, est-ce que l’homme est parfait ? Si on lui pose la question, il répondra par la négative. Dans une carrière politique de plus de 70 ans, il a sans doute fait des erreurs. Mais la présentation d’Abdelhafidh Yaha dépasse l’entendement. En tout cas, même s’il ne parvient pas à souiller l’image de Hocine Ait Ahmed, il pourra se contenter de se faire une fortune en vendant une histoire préfabriquée. D’ailleurs, de notre temps, n’est-ce pas l’argent qui guide les hommes ?

Aït Benali Boubekeur

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 09:55
Le printemps démocratique algérien doit être pacifique.

À chaque commémoration des événements du 5 octobre 1988, deux sentiments ambivalents se mêlent : l’espoir de voir se concrétiser le projet d’une réelle démocratie –avec une séparation effective des pouvoirs –et l’inquiétude de voir les dirigeants s’accrocher vaille que vaille au pouvoir. Jusque-là, force est de reconnaître que c’est cette volonté de se pérenniser au pouvoir qui a renvoyé aux calendes grecques le projet démocratique.

Par ailleurs, pour parvenir à un changement pacifique, les Algériens doivent se servir des expériences antérieures. Celles-ci nous ont enseigné que le recours à la violence était le pire choix. Bien que les organisations soient débordées par certains excités, il faudrait rappeler qu’à chaque épreuve de force, le régime rétrécissait davantage le champ des libertés.

Le meilleur exemple est la suppression sine die de toute manifestation à Alger après la marche du 14 juin 2001 où des excités –on dirait même qu’ils étaient en mission commandée –ont mis en péril la vie des milliers de manifestants pacifiques.

Après cette parenthèse sur les pièges à éviter, il va de soi que les éléments qui ont provoqué l’explosion d’octobre 1988 sont d’actualité. À titre de comparaison, la chute des recettes fiscales, tirées essentiellement des hydrocarbures, est semblable à celles de 1987, c’est à dire une baisse de 50% du prix du baril.

L’autre élément qui étaie cette comparaison est l’instabilité au sommet de l’État : en 1988, il y avait une lutte entre les réformateurs et les conservateurs et, en 2015, on assiste au bras de fer entre le clan présidentiel et celui des services.

Toutefois, tant que le régime continue à distribuer, il parvient à contenir le mécontentement social. Or, comme en 1988, les mesures d’austérité sont entérinées à un haut niveau. Et c’est justement la concomitance de l’autoritarisme politique et de l’austérité économique qui font déborder le vase.

Mais quel est le scénario idéal pour l’Algérie ? Pour qu’il n’y ait aucun risque d’effusion de sang, il existe une seule voie : le dialogue. Pour cela, le régime doit renoncer à sa prééminence sur la société et celle-ci doit s’en saisir du débat politique.

Quoi qu’il en soit, bien qu’une telle transition soit chimérique, il n’en demeure pas moins qu’il existe bel et bien. D’ailleurs, puisque tout le monde parle de bon sens et de l’amour de l’Algérie, pourquoi les acteurs ne font pas en sorte à ce que le mirage devienne la réalité ?

En tout cas, la balle est désormais dans le camp des décideurs. Enfin, après avoir hypothéqué les chances de l’Algérie de se développer suite à la conjoncture financière favorable des années 2000, le chef de l’État peut sortir par la grande porte en œuvrant à concrétiser une transition démocratique qui permettra la restitution effective des rênes du pouvoir au peuple.

Aït Benali Boubekeur

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 17:50
La réconciliation nationale est-elle la panacée ?

Le chef de l’Etat ne communique désormais avec le peuple algérien qu’avec des messages épistolaires. À l’occasion du dixième anniversaire de la promulgation de la loi sur la réconciliation nationale, le chef de l’État explique les enjeux de cette loi en termes d’intérêt national.

Bien que des familles des victimes ne voient en cette loi qu’un obstacle les empêchant de connaitre le sort des leurs, force est de reconnaître que le message présidentiel ne fait que confirmer cette thèse. À moins que le chef de l’État les intègre dans ce qu’il nomme « les proches des victimes du terrorisme abject et destructeur. »

Et si tel est le cas, le malentendu a encore de beaux jours devant lui. Car, ces familles penseraient plutôt à une autre violence, celle des forces de sécurité. En tout cas, alors qu’en dix ans l’exécutif a tout le temps nécessaire pour dissiper le quiproquo, cette commémoration ignore royalement ces familles.

Quoi qu’il en soit, malgré l’autosatisfaction du chef de l’État, lorsqu’il parle notamment « de ce choix salutaire vers lequel Allah a bien voulu guider nos pas », il n’en demeure pas moins que cette loi est insuffisante au moins sur un point : le rôle de la justice est uniment étouffé par l’exécutif.

En tout état de cause, bien que les violences du début des années 1990 soient derrière nous, le fait qu’un débat n’ait pas eu lieu entre les Algériens pour aplanir les différends, les ingrédients qui ont provoqué cette crise sont hélas présents. Il y a quelques jours seulement, le cas Madani Mezreg a suscité et suscite encore des débats houleux.

Personnellement, bien que je croie à la non-utilisation de l’Islam à des fins politiques –en effet, si une religion suscite l’adhésion des fidèles, il n’en est pas de même du projet politique. En plus, l’Algérie étant une République, cette question ne devrait même pas se poser –, il n’en reste pas moins que les droits politiques de chaque Algérien doivent être garantis.

En outre, alors que cette question est du ressort de la justice, pendant tout l’été, la presse s’est déchaînée pour dénier le droit à Madani Mezreg de créer son parti. À son tour, le chef de l’État précise enfin, dans son dernier message, « les limites qui doivent être respectées et sur lesquelles l’État sera intransigeant. »

Or, dans une République de droit, c’est uniquement à la justice qu’échoit le rôle de définir les droits de chacun. C’est à elle aussi de déterminer si les projets politiques défendus par les Algériens sont conformes à l’esprit de la République. Dans notre pays, force est de reconnaître que la presse et l’exécutif se substituent au pouvoir judiciaire. Et s’il doit y avoir un seul changement, c’est incontestablement vers le renforcement de ce dernier que les efforts doivent être concentrés.

Pour conclure, il va de soi que la loi sur la réconciliation nationale comporte des lacunes. Pour éviter le scénario des années 1990, il faudrait que le citoyen ait confiance en ses dirigeants. Une méfiance de sa part signifie une adhésion aux idées extrémistes. Du coup, la seule question qui mérite d’être posée est la suivante : depuis 1992, est-ce que le régime a fait des efforts pour que sa gestion soit exemplaire en associant autant que faire se peut le citoyen ? La réponse est évidemment non.

Aït Benali Boubekeur

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 09:14
Le départ du général Toufik : une affaire interne au régime.

Les changements intervenus à la tête du DRS nous rappellent les moments difficiles que l’Algérie a vécus lors des déchirements du mouvement nationaliste en 1953-1954 et ensuite après son indépendance. Bien que les enjeux soient propres à chaque période, il n’en reste pas moins que ces crises ont un dénominateur commun : le mouvement nationaliste ou le clan le plus fort du régime « éclate, mais pour se réformer autour de son noyau le plus centralisateur et le plus autoritaire », pour reprendre l’expression de Mohamed Harbi, dans « le FLN, mirage et réalité ».

En effet, la lutte de leadership au sein du PPA-MTLD (parti du peuple algérien-mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), opposant le comité central au président Messali, a failli remettre en cause le projet indépendantiste. L’implication des durs du parti, en l’occurrence les militants de l’OS –branche militaire du parti – a fini par écarter les deux factions. Ce qui a fait dire à Messali Hadj que « l’absolutisme bureaucratique en Algérie est né le 1er novembre 1954 avec le FLN », note l’éminent historien.

Cela étant dit, malgré les défauts et les carences du mouvement de libération, force est de reconnaître que le but assigné à leur action a été atteint. Hélas, vers la fin de la guerre, les rivalités entre les dirigeants apparaissent au grand jour. Et c’est au paroxysme de la crise que la réunification de l’armée des frontières se fait sous l’égide de Boumediene. En 1962, celle-ci s’impose en écartant le représentant légitime du peuple algérien, le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne). Et paradoxal que cela puisse paraître, les griefs que faisait Messali à l’encontre des anciens de l’OS en 1954 sont quasiment les mêmes que feront plus tard les Boudiaf, Krim, Ait Ahmed à l’égard de Boumediene.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette prise du pouvoir violente va garantir, pendant des décennies, la stabilité du régime. En dépit de l’éviction du « président » Ben Bella en 1965, on ne peut pas, pour autant, parler de crise majeure au sein du régime. Ainsi, bien que des minis crises finissent par la mise à l’écart de certains dirigeants –le chef de l’État actuel a été écarté en 1979 –, jusqu’à la fin des années 1980, le régime demeure solide sur ses appuis. Grosso modo, il faut attendre la fin de l’année 1991 et le début de l’année 1992 pour que les éradicateurs de l’armée, à leur tête le général Toufik, sifflent la fin de la récréation démocratique.

Toutefois, depuis 2009, on assiste derechef à une lutte acharnée au sommet du pouvoir. Celle-ci s’achève, à en croire certains commentateurs –il faut dire que le parti pris de la presse algérienne pour le désormais ex-chef des services secrets fausse leurs analyses –, par la défaite du général Toufik. Dans le fond, la victoire de l’un ou de l’autre clan ne va rien changer à la situation du pays. En d’autres termes, la victoire du peuple algérien interviendra quand les rênes du pouvoir lui auront été remises.

En somme, il va de soi que l’affrontement entre les deux clans ne sert en aucun cas l’intérêt du pays. Car, dans ces luttes, le vainqueur tient sa légitimité de sa victoire sur le clan rival. Dans ces conditions, le limogeage du général Toufik –l’homme qui a plombé la vie politique pendant un quart de siècle –ne change rien à la donne. À moins que le clan présidentiel décide de restituer le pouvoir au peuple. Hélas, cette hypothèse est peu probable. Du coup, tout reste à faire.

Aït Benali Boubekeur

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 19:42
Décryptage du dernier message présidentiel à l’occasion de la journée du Moujahid.

« L’Algérie est un legs précieux dont la préservation est la responsabilité de tous », extrait du message du chef de l’État à l’occasion de la journée du Moujahid.

Si l’exercice des droits citoyens avait été respecté depuis le recouvrement de la souveraineté, la responsabilité aurait été, dans ce cas, partagée. Or, en 53 ans d’indépendance, aucun dirigeant ne s’est soumis et ne se soumet au contrôle du peuple. Du coup, à chaque fois que le régime algérien se retrouve en difficulté, il reproche aux Algériens de ne pas faire assez.

Et c’est indubitablement à ce niveau que se situe le véritable malentendu. En effet, pour que le citoyen puisse être responsable, il faudra que les droits fondamentaux soient respectés. Or, quand il s’agit de déterminer la voie à suivre, le citoyen est systématiquement mis à l’écart. En règle générale, il est humilié à chaque fois qu’il tente de s’organiser.

Dans ce cas, le discours présidentiel reflète-t-il la réalité ? De toute évidence, si le rappel des deux dates historiques, en l’occurrence le 20 août 1955 et le 2O août 1956, peut-être partagé, il n’en est pas de même de la description faite de la gestion postindépendance. Bien que le régime invoque sans vergogne l’esprit de novembre 1954, il n’en reste pas moins que la mainmise sur les institutions est en contradiction avec cet esprit.

Car, si celui-ci avait pour but de briser les chaines de sujétion, les dirigeants successifs n’ont rien fait pour que ce rêve devienne une réalité palpable. Dans son ouvrage mythique, intitulé « les damnés de la terre », Frantz Fanon explique les blocages des pays décolonisés en expliquant que le chef indigène « entend se substituer » à l’ancien maître.

On comprend maintenant pourquoi des dirigeants algériens investissent leur argent –en l’absence d’une justice transparente, toutes les supputations sur la provenance de l’argent sont possibles –en métropole. Quant au citoyen lambda, il est exposé à toutes les restrictions dès que les recettes pétrolières ne sont en mesure de financer les menues distributions sociales.

Quoi qu’il en soit, bien que la libération du territoire soit une réalité incontestable, celle de l’individu reste à concrétiser, et ce, malgré le discours d’autosatisfaction du chef de l’État. Et si nous devons méditer « sur les facteurs de force de la révolution » et l’état du pays plus d’un demi-siècle après l’indépendance, il va de soi que les promesses de novembre sont restées au stade empirique.

Cela dit, est-ce que la situation est pour autant désespérée ? En dépit des difficultés, l’espoir n’est pas mort, comme dirait Hocine Ait Ahmed. Pour y arriver, il faudrait que la justice soit au-dessus des hommes et que la séparation des pouvoirs soit effective. En tout état de cause, tant qu’un ministre ne peut pas être auditionné lors d’un procès, à l’instar du procès sur l’autoroute Est-Ouest, le chemin restera encore long.

Pour conclure, il est évident que chaque Algérien est appelé à jouer un rôle pour que le sacrifice des meilleurs fils de l’Algérie ne soit pas vain. Pourquoi le citoyen ne joue-t-il pas alors son rôle, pourrait-on se demander ? La raison est toute simple : le régime empêche uniment les Algériens de participer à la vie politique de leur pays, sauf pour ceux qui applaudissent en lorgnant le retour d’ascenseur.

Dans ce cas, quelle recette peut-elle être employée pour resserrer les rangs, comme le suggère le chef de l’État ? Est-ce en suivant aveuglément les instructions ? Hélas, cette approche a montré ses limites. Du coup, il ne reste qu’une seule voie : le régime doit se reformer de fond en comble et permettre, par la même occasion, au peuple de reprendre les rênes du pouvoir, celles-là mêmes qu’il lui revenait de droit en 1962. C’est à ce moment-là que les chouhadas se reposeront enfin en étant fiers du devoir accompli.

Aït Benali Boubekeur

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22 août 2015 6 22 /08 /août /2015 16:17
L’école algérienne doit être extirpée des luttes politiques.

À quelques jours de la rentrée scolaire, le débat enfle sur la réforme de madame Benghebrit. Dans la réalité, cette réforme n’est que de la poudre aux yeux. En effet, bien que le secteur éducatif soit important, c’est toute l’Algérie qui doit être reformée. Du coup, cette histoire d’introduction de la « darja », une panacée selon certains, n’est qu’une nouvelle diversion maladroite.

En fait, s’il y a un constat que l’opinion admet volontiers, c’est immanquablement l’échec de l’école algérienne. D’ailleurs, comment cela peut-être autrement quand on sait qu’aucun secteur ne marche ? À vrai dire, la gestion de l’école algérienne est à l’image de la gestion des affaires du pays.

Cependant, bien que l’école doive être un sujet de préoccupation permanent, une réformette à la hâte –et qui plus est, sans remettre en cause l’idéologisation de l’école –ne peut sauver le système éducatif. Et ce n’est sans doute pas l’introduction de la « darja » qui va changer quoi que ce soit.

De la même manière, ce n’est pas le retour du soutien critique –une période sombre de l’histoire de l’extrême gauche algérienne – de certains communistes qui va rendre crédible le projet de la ministre de l’Éducation, Nouria Benghebrit. Car, dans le fond, le problème de l’école est avant tout politique.

Alors que dans les pays modernes l’enseignement consiste à transmettre le savoir, en Algérie, les concepteurs des programmes ont pour soucis de satisfaire les dirigeants en vendant leurs pseudos exploits. Il y a quelques années, le coup d’État du 19 juin 1965 était encore célébré en grande pompe. Pire encore, il était une journée fériée.

Ainsi, pendant des décennies, l’école algérienne est uniment prise en otage par des idéologues, et ce, au détriment de la formation de qualité. Évidemment, cette idéologisation de l’école à des effets néfastes sur la société de façon générale.

Cependant, s’il y a une catégorie qui ne croit pas à l’école algérienne, c’est bien la classe dirigeante. Pour étayer cet argument, il suffit de réaliser un sondage pour savoir combien sont les hauts responsables qui scolarisent leurs enfants dans l’école publique, et ce, du primaire à l’université. Le résultat va indubitablement étonner les derniers crédules qui accordent encore leur confiance au régime actuel pour qu’il conduise le pays vers des lendemains enchanteurs.

Cela étant dit, bien que la dérive du système éducatif soit imputable au régime, les Algériens ne sont pas pour autant exempts de reproches. En effet, un peuple qui a démissionné depuis des lustres peut-il bâtir des institutions justes et, par ricochet, une école de savoir ? Il va de soi que par son silence irresponsable, on peut dire que le peuple algérien doit en assumer une partie de cet échec.

Pour conclure, il va de soi que la principale réforme de l’école est celle qui consiste à l’extirper de l’influence politique. En d’autres termes, les concepteurs des programmes ne doivent pas être soumis à une tutelle politique. Cela dit, l’acharnement des conservateurs –force est de reconnaître qu’ils ne se battent pas pour les mêmes objectifs –révèle la complexité de la tâche. Pour y arriver, il faudrait que l’intérêt général prime sur l’intérêt individuel ou sur celui du groupe.

Aït Benali Boubekeur

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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 11:59
Faut-il s’offusquer des propos de Sarkozy sans critiquer la situation de statu quo ?

Les Algériens réagissent, comme la légende populaire le rappelle, au quart de tour. Cela dit, la réaction de la presse et des internautes algériens, à la maladresse de Nicolas Sarkozy à propos de la proximité de la Tunisie avec l’Algérie, prouve que l’on accorde parfois davantage d’intérêt au futile qu’à l’essentiel.

En effet, bien que les propos de l’ancien président de la France soient injurieux et inconvenants, il n’en reste pas moins que ce discours est destiné à rassurer ses partisans à l’approche des échéances électorales en France. Doit-on, pour cela, réagir à toutes les sorties médiatiques de Nicolas Sarkozy jusqu’à 2017, voire au-delà. Les Algériens, me semble-t-il, ont d’autres chats à fouetter.

Surtout, ils doivent se préoccuper des difficultés économiques qui menacent le pays. En effet, après avoir raté sa chance historique de relancer sa machine économique –le pays a engrangé plus de 1000M$ en 16 ans –, force est de reconnaître que la crise qui se profile risque de déstabiliser véritablement le pays.

Ainsi, bien que les réactions d’indignation soient, encore une fois, légitimes, doit-on pour autant balayer d’un revers de la main le constat sur le danger menaçant notre pays ? De toute évidence, mis à part le propos sur la situation géographique, on peut émettre les mêmes craintes.

En plus, les commentaires que les Algériens font sur la politique française –en 2012, en pleine campagne électorale pour les législatives, les Algériens étaient plus intéressés par le second tour de l’élection présidentielle, opposant François Hollande à Nicolas Sarkozy, que par les leurs –sont, dans ce cas, autant d’immixtions dans la politique française.

En tout état de cause, si la fragilité du pays suscite autant de débats, les Algériens devront adresser leurs reproches aux dirigeants inamovibles. Car, malgré l’évocation à tout bout de champ de la main de l’étranger qui comploterait contre l’Algérie, la vraie menace pour la stabilité du pays est immanquablement interne.

Du coup, sans se référer aux déclarations des responsables politiques français ou américains, la situation politique interne nécessite une prise de conscience à grande échelle. Hélas, ces réactions sont inaudibles quand il s’agit de s’indigner de la conduite des affaires du pays.

Faut-il rappeler que depuis la chute des recettes pétrolières de moitié, le pays est en paroi à une crise économique d’une ampleur comparable à celle de 1986, et ce, dans la mesure où, comme à l’époque, toute la consommation nationale repose sur les revenus des hydrocarbures.

Et pourtant, lors des différentes campagnes électorales, et notamment celle d’avril 2014, les partisans de Bouteflika se sont déchainés pour imposer leur candidat à la tête de l’État en avançant l’argument selon lequel son intelligence serait d’un grand apport pour surmonter les crises. Le plus zélé d’entre eux, Amara Benyounes, est allé jusqu’à affirmer que Bouteflika était plus intelligent que tous les Algériens réunis.

Finalement, il n’en est rien. Comme tous ses prédécesseurs, Bouteflika se contente de gérer les revenus des hydrocarbures, sans jamais planifier une économie alternative à la dépendance pétrolière. Dans une chronique sur TSA, Mohamed Benchicou –longtemps porte-parole des éradicateurs lors de la décennie noire –affirme qu’en 16 ans, « Bouteflika n’a pas créé une seule usine… »

En somme, bien qu’on ne veuille pas que notre pays soit pointé du doigt par des responsables politiques des autres pays –et qui plus est à des fins politiques internes –, il n’en reste pas moins que la réaction la plus sévère doit être adressée à ceux qui nous gouvernent. Du coup, au lieu d’être choqués par les propos de Sarkozy –à l’automne, il va être reçu à Alger avec des honneurs et en lui déroulant le tapis rouge –, les Algériens feraient mieux de se préoccuper de l’avenir de leur pays.

Aït Benali Boubekeur

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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 06:52
La Kabylie s’est autodéterminée, comme toutes les régions d’Algérie, le 1er juillet 1962.

« Depuis la mise sur pied de l’Anavad, le gouvernement provisoire kabyle, ce serait de l’indécence de ma part de disposer d’un passeport d’une nationalité qui n’est pas la mienne. Aujourd’hui, ma seule nationalité est kabyle », interview de Ferhat M’heni à « Algérie Focus » en juillet 2015.

L’histoire des trahisons a indubitablement prévu tous les cas de figure sauf peut-être celui de trahir le combat de ses ancêtres. Pour ne pas remonter aussi loin dans l’histoire de la région, une question mérite d’être posée : qui aurait pu imaginer dans les années de l’ENA-PPA-MTLD entendre ce genre de sottise ? Hélas, les principes se perdent au fil des années. Aujourd’hui, on en arrive à la situation critique. Pour les plus zélés, franchir le rubican ne leur pose aucun problème de conscience.

Cela dit, venant de Ferhat M’heni, cela ne choque guère. Car, depuis son engagement politique, il n’épouse une cause que pour trahir une autre. Mais, là où le bât blesse, c’est qu’il entraine dans son délire toute une région. Bien qu’elle n’estime pas opportun de se prononcer, la grande majorité doit affirmer sans réserve son attachement indéfectible au pays, dont son apport pour sa libération est reconnu par tous les Algériens.

En tout état de cause, malgré la politique de pourrissement du régime, les citoyens de la région –l’histoire a prouvé qu’à chaque fois que le pays avait besoin d’eux, ils étaient là pour défendre sa cohésion –sont assez intelligents pour ne pas suivre Ferhat M’heni dans ses délires racistes. Car, son projet repose uniment sur la haine. D’ailleurs, son rapprochement avec Israël –il ne faut pas confondre l’entité sioniste et les Juifs de façon générale. Eux -mêmes rejettent la politique de l’extrême droite israélienne – s’inscrit dans une logique machiavélique.

Pire encore, des partisans de Ferhat M’heni applaudissent les massacres d’enfants Ghazouis sous prétexte que les Kabyles sont persécutés par les Arabes. Voilà l’argument qui fonde la politique du GPK ou plutôt le projet haineux de l’ex-fondateur du RCD, Ferhat M’heni.

Du coup, doit-on laisser des gens pareils parler au nom de la région ? En tout état de cause, le silence est uniment synonyme de complicité passive. Ce silence est d’autant plus condamnable dans la mesure où les habitants de cette région de l’Algérie profonde connaissent parfaitement le parcours du porteur du projet.

De toute évidence, bien qu’il soit difficile de dresser un tableau succinct d’un homme politique, celui de Ferhat M’heni se résume à l’intrigue, aux coups bas et aux manipulations tous azimuts. Ainsi, au moment où les jeunes Algériens sacrifiaient leur vie pour permettre l’avènement de la démocratie en Algérie, Ferhat M’heni et ses amis sillonnaient la Kabylie pour qu’elle ne s’associe pas au mouvement.

Et quand les Algériens ont donné une raclée électorale au régime en 1990 et 1991 –certes, il s’agissait d’un choix radical, voire extrême. Doit-on pour autant juger le choix électoral de ses concitoyens ?–, le parti de Ferhat M’heni est allé jusqu’à créer des milices en vue d’assurer la pérennité du régime.

En 1994, pour saborder l’initiative du général Zeroual –une démarche à laquelle l’opposition majoritaire a répondu en organisant la rencontre de Rome –, Ferhat M’heni apparaissait à la télévision nationale pour lancer le boycottage scolaire. N’étant pas de sa mouvance politique, la majorité des étudiants estimait que la décision était injuste dans la mesure où toute la ligne politique de son parti était absurde.

Sans parler de l’anarchie –plusieurs étudiants ont fait des transferts vers les universités des wilayas limitrophes –, au moins deux lanceurs d’appel –Ferhat M’heni et Ould Ouali Lhadi, pour ne pas les citer –n’ont pas subi les conséquences de cette grève insensée. Le premier pour s’être installé la même année en France avec sa famille et le second sous que l’institut de médecine n’était pas concerné par le mouvement de grève.

Par ailleurs, bien que Ferhat M’heni soit évincé du RCD et du rassemblement national (branche du MCB), il décide six mois après le lancement de la grève de négocier, au nom de la région, avec le gouvernement Mokdad Sifi. Comme quoi ce rêve de devenir roi ne date pas d’hier.

Quoi qu’il en soit, tout en désavouant l’accord, le RCD va négocier le même accord en avril 1995, un accord que la dérision populaire appelle « les accords de la honte », mettant ainsi fin au boycottage scolaire. Et tout ça pour permettre à Saïd Sadi de se présenter aux élections présidentielles de novembre 1995.

Toutefois, après une traversé de désert de six ans –on aurait aimé qu’elle soit indéfinie –, les événements du printemps noir voient le retour sur la scène politique de l’enfant terrible de la région. Alors que la population s’est affolée en se mobilisant massivement pour épargner les vies humaines, Ferhat M’heni lance son projet d’autonomie de la Kabylie. Faut-il rappeler par ailleurs que le mouvement a été vite détourné de sa trajectoire par des délégués sous le contrôle des officines occultes.

Ainsi, bien que toutes les régions du pays subissent les mêmes injustices, Ferhat M’heni réalise l’un des plus graves raccourcis de l’histoire : il confond le pouvoir avec l’Algérie. « Je ne crois pas en une autre solution qui ferait de toute façon de nos enfants kabyles des Arabes. L’Algérie, de par sa création coloniale, ne peut vivre qu’en tant que dictature. Il faut dépasser l’Algérie pour vivre enfin la liberté », déclare-t-il au journal en ligne « Algérie Focus ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette déclaration nous rappelle les théories les plus extravagantes sur la suprématie des races.

Aujourd’hui, Ferhat M’heni n’hésite pas à franchir tous les rubicans. Pour lui, les enfants de la région ne se valent pas. « Il y a bien sûr mille et une façons d’être Kabyle. J’en ai tant rencontré. Toutefois, je ne pense pas que le fait d’être d’origine kabyle autorise quiconque à opposer à la nation kabyle un déni d’existence », argue-t-il. Tout est dit. Son projet annonce des règlements de compte digne des heures sombres de l’histoire contemporaine. Et pour ceux qui n’ont pas vécu la crise de l’été 1962, si le projet de Ferhat M’heni se concrétise, ils comprendront ce que veut dire « la chasse à l’homme ».

Pour conclure, il va de soi que l’appartenance de la Kabylie à l’Algérie ne peut-être remise en cause, et ce, quel que soit le prétexte. Car, il s’agit tout simplement d’un même corps. Évidemment, la gestion catastrophique des affaires de l’État peut générer des déceptions, mais cela ne peut pas aller au-delà d’une opposition politique et pacifique. Alors que le travail attendu des politiques consiste à réveiller les consciences, Ferhat M’heni veut entrainer la région dans une voie hasardeuse. Mais, les dignes héritiers des Abane, Ait Ahmed, Krim –la liste est très longue –ne le laisseront pas faire. Ils militeront toujours pour une Algérie démocratique, sociale et unie.

Aït Benali Boubekeur

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19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 15:22
Algérie : un géant aux pieds d’argile.

Les crises se succèdent, en Algérie, sans qu’aucune leçon ne soit tirée. La dernière en date est consécutive à la chute des prix du pétrole. À chaque fois, les mêmes interrogations se posent avec acuité : pourquoi le pays est-il si fragile pour ne pas pouvoir faire face ? Bien que les réserves, selon le rapport de la banque d’Algérie, puissent assurer pour les trois années à venir le même niveau des importations –l’Algérie importe quasiment tout ce qu’il consomme –, il n’en reste pas moins que la crise qui se profile nécessite une prise de conscience collective.

Alors que le pays dispose d’atouts divers –une richesse extraordinaire de son sous-sol, une population jeune –, comment se fait-il que le pays soit si vulnérable ? À vrai dire, le principal problème de l’Algérie se situe au niveau politique. En effet, le pouvoir consacre l’essentiel de son temps à se maintenir contre ceux qui réclament le changement, à tel point qu’il ne s’occupe que de cette question. Résultat des courses : malgré une conjoncture financière favorable, qui a permis notamment à l’Algérie d’engranger près de 1000 milliards de dollars en 15 ans, le pays navigue à vue.

De toute évidence, même si des réalisations ont été faites, force est de reconnaître que les plans d’investissements n’ont pas apporté les résultats escomptés. Pour certains analystes, là où le bât blesse surtout, c’est que les sommes injectées ont fait le bonheur des prédateurs financiers. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant à ce que le pays replonge dans la crise dès que la source pétrolière commence à tarir.

Néanmoins, ce qui est intrigant dans cette situation, c’est l’absence de la réaction du peuple algérien. Se contente-t-il des maigres distributions sociales, comme le souligne le sociologue Nacer Djabi ? Si tel est le cas, on pourra aisément dire que le peuple algérien est loin d’être à la hauteur des enjeux.

Et pourtant, pas loin de chez nous, le peuple grec donne au monde entier une leçon de « bravitude », pour reprendre l’expression de Ségolène Royal. En effet, en dépit des pressions tous azimuts, les Grecs refusent de s’agenouiller. En refusant le plan européen, le 5 juillet dernier, par 61% des voix –Tsipras s’est pliée ensuite aux conditions des créanciers de la Grèce –, ils tiennent tête aux institutions les plus puissantes de la planète. Pendant ce temps, le peuple algérien accepte d’avoir à sa tête un home très diminué physiquement après son AVC en avril 2013.

En tout état de cause, bien qu’on ne puisse pas réduire le régime algérien à un seul homme, si les Algériens avaient refusé cette intronisation en avril 2014, ils auraient marqué un point décisif face à ceux qui tiennent les rênes du pouvoir. Pour autant, à l’échelle des responsabilités, le régime, qui s’est imposé au pays depuis 1962, est le seul responsable.

Pour conclure, il va de soi que la crise qui menace le pays est avant tout une crise politique. La conjoncture financière favorable des années 2000 n’est qu’une occasion ratée par l’Algérie pour mener à bien les réformes nécessaires. Hélas, l’histoire retiendra que la période Bouteflika aura été une multitude d’occasions manquées. Et au rythme où les prix du pétrole dégringolent, il est fort probable que Bouteflika quitte le pouvoir en laissant le pays en pleine crise, c’est-à-dire au niveau où il était dans les années 90. Mais, de grâce, que l’on ne nous dise pas que Bouteflika est de la même trempe que les Roosevelt, Churchill ou Merkel.

Aït Benali Boubekeur

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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