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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 22:37

Après l’entrée de plain-pied dans la crise sanitaire, tous les pays cherchent à minimiser les dégâts. Ils diffèrent simplement dans les approches. On peut facilement scinder ces pays en deux catégories. Il y a des pays où c’est la vie des citoyens qui est primordiale.

Dans ce cas, les gouvernements se démènent pour être à la hauteur. D’emblée, ils ont rassuré leurs concitoyens sur la mobilisation des moyens de leurs États en vue d’amortir considérablement les effets néfastes de la pandémie sur leur vie quotidienne.

De l’autre côté, il y a des gouvernements qui se sont imposés à leurs concitoyens. Pour ces derniers, qu’il y ait une crise ou une pandémie, l’essentiel de leur action est de permettre la survie de leur système. Pour ce faire, tous les moyens sont bons. Coupé de la population, le régime s’appuie sur une minorité aussi vorace que lui pour maintenir sa domination.

Quant au reste de la population, elle est livrée à elle-même. Dans le cas du régime algérien, et pour ne pas noircir le tableau, on peut se limiter à la gestion du Covid-19. Bien que l’avènement de la crise soit étranger à sa volonté, le régime algérien –contrairement aux gouvernements responsables –profite de cette pandémie pour assener un coup terrible au mouvement de contestation.

En effet, au moment où partout dans le monde, la hache de guerre est enterrée, le régime algérien actionne ses fonctionnaires de « la justice »pour porter les coups d’estocade décisifs. Il s’agit notamment des affaires de Kartim Tabbou, Abdelouahab Fersaoui et Khaled Drareni, etc. Sans la crise sanitaire, les sanctions auraient été moins sévères. Car, des militants aussi engagés qu’eux ont été libérés sous la pression du hirak.

En tout cas, avec le chantage judiciaire, il est certain que le régime ne fait aucun cadeau à ses adversaires. C’est la raison pour laquelle les libérations des détenus, obtenues avant les mesures de confinement, peuvent être considérées comme des victoires politiques. Elles sont peut-être insuffisantes pour déstabiliser le régime, mais ce ne sont pas des cadeaux.

Sur le plan économique, la gestion de la crise n’est pas différente de la gestion politique. Car, un gouvernement crédible ne pourrait pas demander de confinement s’il ne garantissait pas le minimum vital. Hélas, il n’y a aucune stratégie en vue. Selon Ihsane El Kadi, « Tebboune n’a pas eu le temps de réfléchir à la diversification de  l’économie algérienne. » Ce qui lui vaut le blocage de ses deux sites internet par le pouvoir. Et ils osent en plus parler de la nouvelle Algérie.

Dans la réalité, Tebboune n’est que le représentant d’un système figé dans le temps. Tout ce qu’il génère, c’est la corruption, la violence, l’injustice, etc. Pour les représentants du régime, l’Algérie se limite à leurs privilèges et aux récompenses à octroyer à leur clientèle. Tous les Algériens qui n’adhérent pas à leur stratégie mortifère sont alors considérés comme des ennemis à contrôler.

Cette gestion par la violence a eu des résultats escomptés pendant plusieurs décennies. Durant ces longues années, le peuple algérien a renoncé à tous ses droits. Les uns ont quitté le pays. Les autres ont accepté les conditions humiliantes. Cela dit, ceux qui ont quitté le pays vivent d’autres humiliations. Ceci est dit par connaissance de cause.

Et puis, en se croyant tout permettre, le régime a franchi tous les rubicans en 2019 en voulant maintenir à la tête de l’État usurpé un homme cliniquement mort. C’est cette énième humiliation qui crée le déclic salvateur. Et s’il y a une chose à retenir dans cette mobilisation, c’est que le peuple ne s’est pas mobilisé pour les biens matériels, mais pour son honneur. Une qualité dont ne peut en aucun cas se prévaloir les représentants du régime. Et même si le peuple ne peut pas changer la donne dans le court et le moyen terme, l’essentiel est de ne pas se taire. Car, s’il se tait encore, le régime marchera encore sur son cadavre.

   

 

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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 23:50

La propagation du coronavirus inquiète tous les pays. Face à cette pandémie, les responsables soucieux de la santé de leurs compatriotes s’en remettent au corps médical. Non pas pour les soigner uniquement, mais aussi pour leur montrer la marche à suivre. L’objectif est de parvenir à endiguer le plus rapidement possible la pandémie qui menace leurs concitoyens.

Bien qu’en occident cette approche soit très tôt assimilée, dans certains pays, comme c’est le cas en Algérie, le citoyen est livré à soi-même. Pire encore, des hommes religieux n’hésitent pas à s’inscrire en faux avec les recommandations sanitaires de confinement. C’est le cas notamment de la critique d’Ali Belhadj concernant la fermeture des mosquées.

Et pourtant, les mesures nécessaires qui s’appliquent à tous les pays doivent l’être pour l’Algérie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette affaire dépasse amplement la foi. Car, le coronavirus ne reconnait ni les frontières ni les religions. Du coup, en l’absence d’une autorité légitime pouvant accompagner le peuple et compte tenu du déphasage du discours religieux avec la réalité, tous les espoirs reposent sur le hirak. Les campagnes de sensibilisation et de mobilisation étayent d’ailleurs cette thèse.

Malgré l’acharnement du régime contre les animateurs du hirak –chaque jour, le pouvoir exécutif redouble de férocité en condamnant et en convoquant des innocents –, le hirak adopte une attitude exemplaire en maintenant la suspension des marches hebdomadaires. Mieux encore, les pratiquants-manifestants n’ont nullement suivi les prêches d’Ali Belhadj. Ce qui prouve que le hirak ne s’inspire ni des putschistes de 1962 ni des islamistes des années 1990.

Toutefois, quelle que soit la dureté de l’épreuve, cette pandémie sera surmontée un jour. Et là, il faudra vraiment se poser les questions judicieuses. Est-ce que l’Algérie pourra s’en sortir avec le maintien du même régime ? Le hirak n’a d’autres choix que de poursuivre le combat. Sans démagogie, cela va de la survie de notre pays.

D’ailleurs, comment peut-on avoir confiance envers ce régime qui demande au peuple de payer ses échecs, au moment où dans le monde entier, les gouvernements rassurent leurs concitoyens sur leur aide indéfectible. Faut-il rappeler qu’en moins de deux décennies, ce même régime –auquel a participé Tebboune –a massacré plus de 1000 milliards de dollars.

Enfin, il va de soi aussi que des leçons vont être tirées au niveau mondial. Tous les spécialistes prônent de nouveaux modèles économiques. Ainsi, la remise en cause du modèle actuel devrait toucher, à en croire Jacques Attali, tous les pays. « À chaque fois qu’une pandémie ravage un continent, elle discrédite le système de croyance et de contrôle, qui n’a pas su empêcher que meurent d’innombrables gens ; et les survivants se vengent sur les maîtres, en bouleversant le rapport à l’autorité », écrit-il.

En Algérie, force est reconnaitre que les exigences sont doubles. D’abord, en s’inscrivant dans la dynamique mondiale  pour le changement de système. Ensuite, en poursuivant son propre combat, entamé depuis le 22 février 2019. En attendant, il faudrait respecter le temps de la pandémie. La vie des militants est plus importante que toute victoire politique.

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20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 20:10

Sans adhérer à la moindre théorie de complot, avec l’accélération de la pandémie, le régime algérien doit se frotter les mains. En effet, contrairement aux précédentes décennies où les alternances claniques se passaient sans ambages, depuis le 22 février 2019, le hirak refuse toute solution émanant du système inamovible, installé contre la volonté populaire en 1962.

Hélas, le serment de ne pas arrêter le combat pacifique jusqu’au départ de la mafia régnante est contrarié par la propagation du coronavirus. Cela dit, bien que la suspension des manifestations devienne une exigence sanitaire vitale, la pression politique, quant à elle, ne doit pas cesser pour autant. Car, pour le moment, aucun objectif du hirak n’a été atteint. Ni le départ des responsables de la crise, ni la mise en place des nouvelles institutions ne sont réalisés.

En dépit des déclarations d’autosatisfaction des officiels, les pratiques de la période Bouteflika n’ont pas disparu. Pire encore, les abus de pouvoir que l’on croyait révolus, tels que les kidnappings, reviennent comme à l’époque de la sombre décennie noire. Donc, avant de décréter la suspension des marches, le peuple algérien devrait évaluer le sens de son geste. En aucun cas, ça ne peut être un renoncement. Car, le maintien de ce même régime, c’est ni plus ni moins la poursuite de la même politique qui a échoué sur tous les plans.

Toutefois, dans le contexte sanitaire actuel, force est de reconnaître que la priorité n’est pas de poursuivre la forme actuelle de contestation. Car, ce virus n’offrira aucune seconde chance à nos concitoyens les plus fragiles. Du coup, le maintien des marches hebdomadaires, c’est jouer à la roulette russe. Pire encore, dans le barillet, ce n’est pas une seule cartouche que le suicidaire met, mais la totalité de la capacité.

À ce titre, et sans vouloir donner des leçons aux manifestants, il faudrait sérieusement peser les choix ? Est-ce que la révolution sera victorieuse si la population est décimée ? Il va de soi que chaque vie perdue inutilement est un échec. C’est la raison pour laquelle la suspension des manifestations est un impératif. Et si vous ne voulez pas adopter les gestes qui sauvent pour vous-mêmes, faites-le pour ceux qui veulent survivre à cette pandémie. Car, c’est une question de vie ou de mort.

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6 mars 2020 5 06 /03 /mars /2020 20:32

Il suffit d’une rencontre anodine pour que les vieux démons soient ressuscités. Comme à l’accoutumée, ce sont les anciens éradicateurs –dans les années 1990, ils ont contribué à légitimer le plus terrible des coups d’État en janvier 1992 –qui divisent le peuple algérien dans sa quête de la souveraineté perdue en 1962. Ainsi, sans qu’il y ait ni un référendum ni une majorité dont ils peuvent se réclamer, ils appellent d’ores et déjà à l’exclusion d’une partie de nos concitoyens.

Mais, comme disait Hocine Aït Ahmed, certains faux démocrates n’épousent une cause que pour la trahir quelque temps plus tard. Sinon, comment peut-on dénoncer l’exclusion pratiquée par le régime et la prôner aussitôt quand il s’agit de l’adversaire ? L’explication est toute simple. Ce sont sans doute des acteurs attachés davantage à leur cause idéologique qu’à la cause nationale.

Et pourtant, depuis le 22 février 2019, les Algériens ont dépassé ces luttes stériles. Désormais, le pluralisme politique ne fait plus débat. Chacun avec ses propres moyens participe, autant que faire se peut, à l’émergence de la nouvelle République en rupture avec les pratiques en vigueur, mises en place en 1962.

Pour qu’il y ait une telle unité d’action, le hirak a eu l’intelligence, dès le départ, de ne pas mettre en avant les questions secondaires. En effet, si chacun avait mis en avant ses revendications partisanes, le mouvement populaire n’aurait jamais survécu aux contradictions. En tout cas, le régime aurait joué rapidement sur cette faille.

Pourquoi alors l’offensive des éradicateurs en ce moment crucial ? Et pourtant, ils savent que leur extrémisme idéologique n’est pas apprécié de la population. Dans ce cas, pourquoi ce sont eux qui devraient définir le cadre de la nouvelle République ? C’est à cela que doit veiller le hirak. Car, si leur vœu se réalise, leur approche ne sera pas tellement différente de la politique exclusive pratiquée par le régime.

Toutefois, cette unité d’action ne devrait pas conduire à une suprématie d’un courant sur tous les autres. En quelque sorte, il faudrait éviter le cas iranien de 1979. En effet, pour faire tomber le Chah d’Iran, il a fallu une alliance des oppositions allant de l’extrême gauche aux islamistes. Après leur arrivée au pouvoir, ces derniers se sont retournés contre leurs alliés d’hier.

Que faut-il faire pour qu’un tel scénario ne se produise pas en Algérie ? Contrairement à ce que prônent les éradicateurs, le dialogue entre tous les acteurs du hirak serait une solution idoine. Comme le dit si bien Lahouari Addi, les citoyens sont conscients de leurs différences idéologiques. Cela ne les empêche pas de manifester ensemble. Lorsque les conditions seront réunies, les citoyens pourront alors « s’opposer pacifiquement sur le terrain électoral pour laisser les électeurs décider à qui confier la majorité parlementaire pour une période de cinq ans », pour reprendre les propres mots du sociologue.

Enfin, il va de soi qu’à l’exception du courant éradicateur, toutes les autres sensibilités sont d’accord pour que la nouvelle République soit inclusive et surtout construite sur les bases de la tolérance et de l’acceptation mutuelle. Malgré cette divergence, cela ne devrait pas décourager les acteurs du hirak de multiplier les contacts. Le but est de parvenir à définir un cadre républicain permettant de faire cohabiter toutes les mouvances politiques.

Pour y parvenir, il faudrait arriver, après le départ du régime inique, à organiser des élections libres pour confier les affaires du pays aux authentiques représentants du peuple. Ensuite, il faudrait que la justice soit libérée de toute tutelle pour qu’elle puisse intervenir en cas de dépassement. C’est à cette démocratie que les Algériens aspirent. Et ce n’est sans doute pas à celle prônée par les éradicateurs.       

 

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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 20:42

Dans une interview au quotidien français « Le Figaro », le chef de l’État dévoile ses ambitions. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses éléments de langages ne sont pas de nature à apaiser le climat politique dans le pays. Bien qu’il concède quelques erreurs commises ces dernières années, Abdelmadjid Tebboune ne remet pas en cause la nature du régime à l’origine de la crise.

Quelle est alors la part de vérité dans ses déclarations ? Il faut vraiment être un pur produit du système pour y adhérer à ce type de langage. Car, pour lui, il n’y a que la dernière décennie qui pose problème. Mais, admettons que le mal remonte à seulement dix ans. Ce qu’il ne dit pas au Figaro, c’est qu’en 2010 il était l’un des piliers du système Bouteflika. En 2017, il a été désigné premier ministre pendant deux mois. Son éjection était le résultat d’un bras de fer à l’intérieur du système. Pour autant, a-t-il été éliminé du clan régnant ? Ce n’est pas le cas, puisqu’Abdelmadjid Tebboune était présent à la coupole, le 9 février 2019, pour la présentation officielle du portrait de Bouteflika comme candidat au 5eme mandat.

Cependant, cette offensive médiatique est de bonne guerre. Car, s’il accepte le constat de la faillite du système, il ne pourra pas justifier son maintien. Le régime tentant de se maintenir vaille que vaille, ces interviews représentent un des moyens de tromper l’opinion. Au du moins, changer tout ce qui ne pourrait pas conduire au départ des symboles du régime, tel qu’il est ressassé, chaque vendredi et chaque mardi, par la grande majorité du peuple algérien. En effet, avec tous les moyens de fraude, de chantage et de coercition, le régime ne retient que 39% de participation à la dernière élection.   

Quoi qu’il en soit, en réduisant le mal algérien au 5eme mandat, le chef de l’État prend le risque de s’inscrire en faux contre les revendications du hirak. Car, le 22 février 2019, les Algériens ne sont pas sortis pour revendiquer des réformes. La dernière humiliation du régime présentant un homme quasiment mort à la candidature suprême a été une goutte d’eau ayant fait déborder le vase. Dans le fond, le mal était plus profond. Depuis le coup de force de l’armée des frontières contre l’instance légitime de la révolution algérienne, en l’occurrence le GPRA, le peuple algérien a été réduit au statut de mineur.

À chaque étape de notre histoire, ce sont les gardiens du temple qui imposent leur propre vision. C’est le cas en 1962 quand l’armée des frontières a imposé Ben Bella. en 1965, le haut commandement militaire s’est emparé des rênes du pouvoir au mépris de la volonté populaire. En 1979, c’est lors du conclave des officiers que le colonel Chadli a été choisi comme successeur de Boumediene. Mais, le pire choix de l’instance politique de l’armée a été de confier les affaires du pays à Bouteflika en 1999.  Or, dans l’interview déjà citée, Abdelmadjid Tebboune balaie tous ces faits. Du rôle du haut commandement militaire, il n’évoque que la date du 19 juin 1965. Dans ce cas, où il ignore tout ce qui s’est passé dans le pays ou il travestit la réalité. Chacun fera son idée.

Dans la réalité, depuis l’indépendance, l’Algérie n’a jamais connu un système démocratique. A comprendre par là le libre choix des Algériennes et des Algériens en vue d’ériger leurs propres institutions. De la même manière, le pays n’a jamais connu d’alternance au pouvoir. Que les représentants du régime et leurs soutiens le veuillent ou non, cette situation a pourri la vie du peuple algérien.

Pour toutes ces raisons et contrairement aux allégations du chef de l’État, les Algériens, dans leur grande majorité, ne demandent pas l’accélération du calendrier des réformes. La raison est toute simple : ceux qui ont détruit le pays n’ont aucun crédit pour fonder un nouvel État en rupture avec les pratiques du passé. C’est pourquoi il est mensonger de dire que toutes les revendications du hirak sont satisfaites. En plus, dans le fond, il n’y en a qu’une : la refondation d’une nouvelle République sans les symboles du régime. En un mot, tant qu’Abdelmadjid Tebboune s’accroche à son mandat, la revendication du hirak ne sera jamais satisfaite.

 

 

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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 21:45

S’il y a une question à se poser, c’est indubitablement la suivante : est-ce qu’il y a un seuil de mobilisation à partir duquel le régime pourrait accepter les doléances de la grande majorité du peuple algérien ? A priori, les chiffres ne font pas peur aux décideurs. Ainsi, après un an de mobilisation exemplaire –le monde entier salue l’esprit de responsabilité du peuple algérien –, le pouvoir de fait ignore les revendications légitimes du mouvement populaire.

Ailleurs, et notamment dans les pays qui se respectent, la classe dirigeante aurait abdiqué depuis belle lurette s’il y avait eu un dixième de la mobilisation algérienne. En France, par exemple, Emmanuel Macron a retiré toutes les mesures litigieuses en décembre 2018, et ce, en trois ou quatre semaines de la mobilisation des gilets jaunes. A leur summum de la mobilisation, les gilets jaunes n’ont réuni que près de 300000 manifestants dans toute la France. Ce qui représente 0,46% de la population totale. En plus, de par son essence violente, ce mouvement aurait pu être combattu sans ne lui céder aucun acquis. Mais, dans les pays où l’on respecte les citoyens, quand la rue bouge, les responsables s’inclinent. Et après tout, ils sont là pour servir le citoyen.

En Algérie, le pouvoir de fait n’a aucun compte à rendre à la population. Issu des différents coups d’État, le régime s’est imposé par la force. Depuis 1962, le régime ne respecte ni les citoyens ni les règles rudimentaires régissant les Républiques. D’où l’absence de toute notion de contre-pouvoirs. Comme toutes les dictatures, le bilan du régime algérien est négatif dans tous les domaines. Et pour cause ! Dépendant de la volonté de l’homme fort du moment, les membres des différents clans savent que leur mission pourrait s’arrêter à n’importe quel moment. Du coup, tout au long de l’exercice de leur fonction, ils se gavent à satiété. D’où la multiplication des fléaux, telles que la corruption, la prévarication, etc. C’est le propre de tous les régimes de cette nature.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce constat est largement partagé depuis des lustres. Et si les Algériens ont observé pendant des décennies un silence regrettable –dans ce genre de crise, ce sont les générations suivantes qui payent les pots cassés –, c’est parce que le régime n’hésitait pas à faire couler le sang des innocents. En plus, jusque-là, chaque mouvement de contestation pensait être capable de réaliser tout seul le changement. Maniant avec brio l’art de la propagande, le régime parvenait à chaque fois à isoler le mouvement contestataire du reste de la population. Et là, il suffisait au régime de mobiliser son arsenal répressif –c’est le seul investissement que fait le régime depuis 1962 –en vue de donner le coup d’estocade.

Pendant de langues années, le régime pensait avoir trouvé la solution imparable. Les mouvements se présentant séparément, il n’avait en effet aucun mal à retourner la situation en sa faveur. Lors des révolutions nord-africaines de 2011, le régime a profité d’un faux pas d’un parti politique pour créer le climat de méfiance au sein de la société. C’est ce raisonnement absurde qui a poussé le régime à présenter à deux reprises la candidature d’un homme cliniquement mort à la magistrature suprême.

Heureusement, la énième humiliation en février 2019 est déjouée par la population. Il faut dire qu’à l’ère des réseaux sociaux, la donne n’est pas la même que celle des années 1990. Grâce à la jeunesse actuelle, les manipulations d’antan n’ont aucune prise. Petit à petit, c’est tout le peuple algérien qui reprend confiance en soi. Ainsi, depuis le 22 février 2019, la colère pacifique devient un véritable combat politique. En 52 semaines de combat, les Algériens expriment clairement leurs revendications : bâtir une nouvelle République selon les normes modernes. Pour ce faire, ils proposent que le régime, qui s’est emparé des rênes du pouvoir depuis 1962, ne joue aucun rôle. Dans le fond, ils ont raison, car celui qui est à l’origine de la crise ne peut être la solution. Pour le moment, le régime continue sa ruse. La dernière en date est de décréter le 22 février comme journée nationale. Mais, cela n’empêche pas Abdelmadjid Tebboune de s’appuyer sur tous les symboles qui ont conduit à l’explosion de la colère citoyenne, un certain 22 février 2019. Comme dit le proverbe : ils mangent avec le loup et ils pleurent avec le berger.    

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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 21:44

Dans quelques jours, la révolution du sourire va boucler un an de combat. À l’exception de quelques pessimistes, le hirak se porte bien. Comme le montre la mobilisation du 52eme vendredi de la contestation, un esprit d’enthousiasme anime le mouvement. Au-delà de tout bilan, la première victoire du hirak est évidemment celle qui permet de rassembler tout un peuple autour des revendications légitimes. Parmi elles, il y a le droit de choisir librement ses représentants et ses institutions en dehors de toute tutelle.

Bien que le pouvoir en place mette toute son énergie en vue de saborder le mouvement, chaque semaine, les Algériennes et les Algériens lui rappellent leur détermination à bâtir une nouvelle République, débarrassée de l’arbitraire, de l’injustice, de la violence, de la corruption, etc. La liste est malheureusement longue. Ce qui justifie amplement la persévérance et la résilience du mouvement. En peu de mots, les Algériens ne veulent pas la mort de leur pays durement reconquis par des hommes libres.

Hélas, le refus du pouvoir, mis en place depuis 1962, de se soumettre à l’autorité du peuple rend toute sortie de crise alambiquée. Dans ce cas, quelles sont les voies raisonnables de dépasser la crise ? Incontestablement, la clef est entre les mains des détenteurs illégitimes du pouvoir. Du coup, pour une fois depuis l’indépendance, le régime peut-il se départir des fausses solutions ? C’est à l’évidence là où réside le problème. Malheureusement, malgré la pression populaire, l’actuelle équipe dirigeante poursuit exactement la même trajectoire que les équipes précédentes successives.

En effet, à chaque arrivée d’un représentant du pouvoir aux hautes responsabilités, il suggère l’adoption de la nouvelle constitution. Élaborées jusque-là en dehors de toute participation du peuple, elles accordaient toutes des pouvoirs exorbitants aux hommes forts du moment. Bien qu’on n’ait pas encore la première mouture de la constitution d’Abdelmadjid Tebboune, la méthode choisie ne diffère en rien des précédentes constitutions. Et pour cause ! Aucun chef d’État n’a élaboré une constitution pour le pays. Tous ont privilégié des textes permettant de renforcer leur pouvoir inique. Et à chaque fois, ce sont des experts qui se substituent aux représentants authentiques du peuple. Par conséquent, élaborées en dehors en dehors de son contrôle, ces constitutions ne tiennent pas compte du rôle prépondérant que devrait jouer le peuple.

Hélas pour le régime, cette ruse ne fonctionne plus depuis le 22 février 2019. Après un règne sans partage depuis 1962, le régime ne jouit d’aucune confiance. En tout cas, pour la grande majorité du peuple algérien, le régime ne peut et ne pourra pas conduire la transition vers un État de droit. Et s’il ne peut pas mener cette mission, il devra logiquement céder la place au nouveau pouvoir émanant du peuple. Hélas, avec la ruse qui le caractérise, le pouvoir ne veut rien entendre ni ne rien comprendre. Il faut dire que les profits que tirent les tenants du pouvoir dans les pays rentiers sont tellement colossaux que toute remise en cause de leur mainmise sur le pays déclenche une sévère réaction. Voilà pourquoi un an de combat pacifique ne peut bouger véritablement les lignes.

Pour toutes ces raisons, le mouvement populaire ne doit pas s’éteindre. Car, tous les éléments qui ont conduit à la crise politique de février 2019 sont toujours présents. Le pouvoir opaque est celui qui pèse sur les affaires du pays. Pour étayer cette thèse, il suffit de citer l’exemple de la nomination refusée du responsable de la Douane. Dans le même esprit, le parlement qui s’apprête à examiner la constitution de Tebboune est le symbole du règne exécrable de Bouteflika. Cela dit, le départ d’un tel système n’est pas une sinécure. Dès le départ, les voix raisonnables parlaient d’un combat de longue haleine. Même si ça peut paraitre long, un an de combat contre un régime qui a étalé ses tentacules en 57 ans de règne vicieux n’est pas énorme. Pour rappel, pour se libérer la première fois, le peuple algérien a résisté plus de 7 ans. Enfin, il faut préciser que les combats ne sont pas les mêmes.

 

   

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6 février 2020 4 06 /02 /février /2020 22:13

« Le système du parti unique se trouve être en vérité une forme nouvelle de reproduction, sous des aspects singuliers, mais différents, des systèmes féodaux où l’individu est sujet et non pas citoyen », extrait du livre de Mohamed Brahimi, intitulé « le pouvoir en Algérie et ses formes d’expression institutionnelle ».

Quand la crise politique a éclaté en février 2019, beaucoup de concitoyens ont pensé que la gestion de Bouteflika était un simple accident de parcours. Ce n’est pas tout à fait vrai. Le mal est plutôt lié au système de gouvernance, imposé au peuple algérien depuis 1962. En effet, à peine le pays s’est débarrassé du joug colonial, une frange radicale de l’ALN –l’armée des frontières que dirigeait Houari Bouemediene n’était pas représentative du peuple algérien –s’est emparée des rênes du pouvoir.

En fixant les règles de l’exercice du pouvoir à la mode stalinienne, le peuple algérien s’est retrouvé exclu de la gestion de ses affaires. Bien que les constitutions et les chartes entérinées par les régimes successifs aient inscrit tous les droits sur le papier, dans la réalité, les affaires du pays sont gérées de façon unilatérale. Tous les choix cruciaux se décidaient en haut lieu. À chaque période, il y a eu soit un homme soit un clan qui incarnait ce pouvoir totalitaire.

Toutefois, plus que tous les autres, celui qui incarnait le pouvoir absolu fut Houari Boumediene. Après le coup d’État du 19 juin 1965, il a mis en sourdine toutes les institutions du pays. Le parlement et la constitution sont uniment gelés. En s’appuyant sur la simple ordonnance du 10 juillet 1965, il s’est arrogé tous les pouvoirs. Est-ce qu’un système démocratique pouvait conduire à une telle situation ? C’est là que l’on voit les ravages des systèmes où un homme, un clan, un régime pensent qu’ils sont capables de se substituer à tout un peuple.     

Cependant, malgré sa longévité, le système du parti unique s’est cassé la figure après un règne sans partage de près de trois décennies. Entre une corruption abusive et une injustice sociale criante, le peuple algérien a manifesté son ras-le-bol. Les symboles du régime ont été alors décriés avec une rare violence. Cela étant dit, on était loin du slogan « Yetnahaw ga3 ». Mais, la revendication du changement radical de gouvernance a été clairement exprimée.

Hélas, bien que des réformes aient été mises en œuvre, le régime ne s’est pas départi de la logique du parti unique. Pour reprendre définitivement la main, il y a eu le sacrifice de plus de 200000 morts et de plus de 20000 disparus. Au terme d’une guerre qui ne disait pas son nom, le régime a imposé un pluralisme maison. Trois courants ont animé cette fausse pluralité : le FLN, le RND et le MSP. Ils sont rejoints ensuite par des partis sans aucun ancrage ; à l’instar du MPA.

Ce schéma a été appliqué, sans discontinu, pendant les deux décennies de règne de Bouteflika. Comme à l’époque du parti unique, tous les efforts du régime consistaient à museler la société. Profitant de cette aubaine, les dirigeants ne se gênaient nullement de se servir dans la caisse. Pire qu’à l’époque du parti unique, la corruption et l’injustice ont atteint des niveaux intolérables. Mais, plus grave que tout ça, le régime a tenté d’humilier le peuple algérien de la plus vile des manières en voulant maintenir en place un homme cliniquement mort.  

Et comme dit le proverbe « à quelque chose malheur est bon », cette ultime humiliation a mobilisé le peuple algérien. Tout de suite, le peuple algérien a compris qu’il fallait reprendre les rênes du pouvoir. Trahi par les pseudos réformes de la fin des années 1980 –les réformateurs ont été empêchés de mener à bien leur mission –, la révolution du sourire exige le départ du régime comme condition sine qua non pour bâtir une République égalitaire. En dépit des ruses, des manipulations et de la répression tous azimuts, le mouvement populaire n’abdique pas. Car, il sait pertinemment que si le mouvement échoue, le régime inventera une autre forme de domination. Et là ce sera parti pour au moins deux décennies de règne sans partage.        

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30 janvier 2020 4 30 /01 /janvier /2020 20:28

À travers la décision de l’exploitation du gaz de schiste, le régime algérien reste fidèle à la politique rentière. Pour rappel, cette même politique a condamné notre pays à un grave sous-développement. Mais, là où le bât blesse, c’est que, cette fois-ci, il y a un risque d’exposer la vie des Algériens au danger. Toutes les études étayent ces craintes.

En effet, bien que le sujet relève encore du domaine de la recherche, dans les pays où la technologie de la fracturation a été pratiquée, les habitants à proximité des forages ont subi des conséquences sanitaires graves. C’est le cas notamment aux USA. En Grande-Bretagne, un sévère tremblement de terre a obligé le gouvernement de Boris Johnson à suspendre l’exploitation du gaz de schiste.

Toutefois, au-delà de ces risques qui pourraient être évalués par les scientifiques, l’exploitation du gaz de schiste est une affaire éminemment politique. Dans le cas de notre pays, la question a été posée plusieurs fois. Ainsi, dès l’entame du quatrième mandat, le chef de l’État à ce moment-là voulait faire un cadeau aux multinationales en guise, sans doute, du silence des capitales occidentales sur son élection préfabriquée. Il a fallu une mobilisation stoïque des populations du Sud pour que le projet soit retiré. D’ailleurs, dans sa conférence de presse du 23 janvier 2020, Abdelmadjid Tebboune cite nommément ces résistances citoyennes.

Au lieu de rassurer ces populations en apportant les preuves irréfutables sur l’absence de risque inhérent à l’exploitation du gaz de schiste, le chef de l’État n’avance aucun argument. À moins que l’acte de foi soit considéré comme une preuve scientifique. Pire encore, cette politique s’inscrit dans la poursuite des engagements de son prédécesseur, alors que cette ère est révolue depuis le 22 février 2019.  

Qu’on le veille ou non, entre le retrait du projet de Bouteflika en 2014 et son retour en janvier 2020, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. À la tentative de maintenir un système menant le pays à veau-l’eau, les Algériens, dans leur grande majorité, opposent leur droit à gérer directement leurs affaires. Malgré les intimidations, les répressions tous azimuts, la rue algérienne ne renonce pas à sa revendication primordiale : la refondation d’une nouvelle République en rupture avec le système en vigueur, instauré depuis 1962.

Enfin, comme à chaque tentative de lancer l’exploitation du gaz de schiste, la majorité du peuple algérien ne se laissera pas faire. Cela va de l’avenir du pays et des générations futures. À vrai dire, le seul projet qu’Abdelmadjid Tebboune puisse mener sans opposition, c’est organiser le transfert de la souveraineté d’un régime défaillant à un peuple spolié de son droit fondamental depuis 1962. En attendant, le hirak doit poursuivre sa mobilisation pacifique et civilisée. Comme lors du 49eme vendredi de la contestation, le rejet de l’exploitation du gaz de schiste devra dominer les slogans du 50eme vendredi.   

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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 20:11

La dernière contribution de Kamel Daoud au journal « Le Point » ne laisse personne indifférent. La difficulté est de critiquer le fond sans critiquer la forme. En effet, que l’on critique ou que l’on encense ce texte, il y aura toujours une insatisfaction quelque part. En fait, si on le critique, on parait moins démocratique. Car, en démocratie, il n’y a pas de principe figé. Tout est donc critiquable. Si on défend son droit à critiquer de cette façon le hirak, cela revient à accepter les contre-vérités contenues dans ladite contribution.

On comprend alors pourquoi cette contribution est difficile à commenter. En d’autres termes, comment commenter sans excès ou comment être raisonnable dans la critique ? Parmi ces voix raisonnables, il y a incontestablement celle de Lahouari Addi. Dans sa contribution intitulée « de l’homme révolté à l’étranger », il met en exergue les points sur lesquels l’écrivain peut être critiqué.

En effet, loin des insultes et des insanités de quelques internautes, le professeur Lahouari Addi remet uniment les pendules à l’heure. Pour lui, il n’existe pas de soutien rural au régime inamovible. S’il n’y a pas de manifestations dans les villages, ce silence ne pourra pas être assimilé à un quelconque soutien. Et pour cause ! Le monde rural est celui qui a souffert le plus de la gestion chaotique du pays. Dans les villages les plus reculés en Kabylie par exemple, les citoyens sont livrés à eux-mêmes. Bien que des sources d’eau soient à proximité, de nombreux villages subissent des pénuries d’eau intolérables.

Quant à la victoire politique du régime en décembre2019, la sentence de Kamel Daoud est sévère. Dans le fond, tout le monde sait que les élections présidentielles en Algérie ne reflètent pas le verdict du peuple. Jusqu’à preuve du contraire, le candidat libre a toujours remporté le scrutin dès le premier tour. L’explication est simple : c’est le candidat du système.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette élection n’a pas dérogé à la règle. Le candidat préalablement désigné par le pouvoir occulte est fait plébisciter grâce au concours d’une administration pourrie et des services de sécurité ligotés. À leur décharge, c’est leur situation qui les oblige. Sinon, comment expliquer l’existence de 1300000 bulletins nuls. Ce sont des hommes et des femmes contraints par leur hiérarchie de voter. En ne pouvant pas désobéir, ils votent nuls.

Enfin, malgré la baisse de la mobilisation –il n’est pas possible de rassembler des millions de personnes chaque vendredi –, on ne peut pas pour autant décréter l’échec du hirak. Dans les pays qui se respectent, pour quelques milliers de manifestants, les gouvernements abdiquent. C’est le cas, en France, en décembre 2018, quand les gilets jaunes –un mouvement à ne pas imiter, car il est d’essence violente –ont obtenu le retrait de la taxe Carbonne. En Algérie, après 11 mois du grandiose hirak, marqué par des manifestations pacifiques et civilisées, le régime ne cède pas un iota. Pour se maintenir, il fait appel à ses services de sécurité et à son administration disqualifiés. Et c’est malheureusement cela que Kamel Daoud appelle une victoire politique.

  

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