
Après l’entrée de plain-pied dans la crise sanitaire, tous les pays cherchent à minimiser les dégâts. Ils diffèrent simplement dans les approches. On peut facilement scinder ces pays en deux catégories. Il y a des pays où c’est la vie des citoyens qui est primordiale.
Dans ce cas, les gouvernements se démènent pour être à la hauteur. D’emblée, ils ont rassuré leurs concitoyens sur la mobilisation des moyens de leurs États en vue d’amortir considérablement les effets néfastes de la pandémie sur leur vie quotidienne.
De l’autre côté, il y a des gouvernements qui se sont imposés à leurs concitoyens. Pour ces derniers, qu’il y ait une crise ou une pandémie, l’essentiel de leur action est de permettre la survie de leur système. Pour ce faire, tous les moyens sont bons. Coupé de la population, le régime s’appuie sur une minorité aussi vorace que lui pour maintenir sa domination.
Quant au reste de la population, elle est livrée à elle-même. Dans le cas du régime algérien, et pour ne pas noircir le tableau, on peut se limiter à la gestion du Covid-19. Bien que l’avènement de la crise soit étranger à sa volonté, le régime algérien –contrairement aux gouvernements responsables –profite de cette pandémie pour assener un coup terrible au mouvement de contestation.
En effet, au moment où partout dans le monde, la hache de guerre est enterrée, le régime algérien actionne ses fonctionnaires de « la justice »pour porter les coups d’estocade décisifs. Il s’agit notamment des affaires de Kartim Tabbou, Abdelouahab Fersaoui et Khaled Drareni, etc. Sans la crise sanitaire, les sanctions auraient été moins sévères. Car, des militants aussi engagés qu’eux ont été libérés sous la pression du hirak.
En tout cas, avec le chantage judiciaire, il est certain que le régime ne fait aucun cadeau à ses adversaires. C’est la raison pour laquelle les libérations des détenus, obtenues avant les mesures de confinement, peuvent être considérées comme des victoires politiques. Elles sont peut-être insuffisantes pour déstabiliser le régime, mais ce ne sont pas des cadeaux.
Sur le plan économique, la gestion de la crise n’est pas différente de la gestion politique. Car, un gouvernement crédible ne pourrait pas demander de confinement s’il ne garantissait pas le minimum vital. Hélas, il n’y a aucune stratégie en vue. Selon Ihsane El Kadi, « Tebboune n’a pas eu le temps de réfléchir à la diversification de l’économie algérienne. » Ce qui lui vaut le blocage de ses deux sites internet par le pouvoir. Et ils osent en plus parler de la nouvelle Algérie.
Dans la réalité, Tebboune n’est que le représentant d’un système figé dans le temps. Tout ce qu’il génère, c’est la corruption, la violence, l’injustice, etc. Pour les représentants du régime, l’Algérie se limite à leurs privilèges et aux récompenses à octroyer à leur clientèle. Tous les Algériens qui n’adhérent pas à leur stratégie mortifère sont alors considérés comme des ennemis à contrôler.
Cette gestion par la violence a eu des résultats escomptés pendant plusieurs décennies. Durant ces longues années, le peuple algérien a renoncé à tous ses droits. Les uns ont quitté le pays. Les autres ont accepté les conditions humiliantes. Cela dit, ceux qui ont quitté le pays vivent d’autres humiliations. Ceci est dit par connaissance de cause.
Et puis, en se croyant tout permettre, le régime a franchi tous les rubicans en 2019 en voulant maintenir à la tête de l’État usurpé un homme cliniquement mort. C’est cette énième humiliation qui crée le déclic salvateur. Et s’il y a une chose à retenir dans cette mobilisation, c’est que le peuple ne s’est pas mobilisé pour les biens matériels, mais pour son honneur. Une qualité dont ne peut en aucun cas se prévaloir les représentants du régime. Et même si le peuple ne peut pas changer la donne dans le court et le moyen terme, l’essentiel est de ne pas se taire. Car, s’il se tait encore, le régime marchera encore sur son cadavre.