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5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 16:26

Malgré les révélations fracassantes sur l’achat des sièges au parlement, le régime ne compte pas changer de stratégie. La nouvelle constitution du régime sera débattue dans un parlement dépourvu de toute légitimité. D’ailleurs, quand, au plus fort moment du hirak, il y avait plus de 20 millions d’Algériens dans la rue, toutes les institutions devaient se mettre en sourdine voire s’auto-dissoudre. Bien entendu, une telle situation ne peut pas survenir dans les pays où le pouvoir revient au plus fort.

En tout cas, à l’approche du scrutin constitutionnel, les caciques du régime, à leur tête Mohamed Chorfi ou le « président »du sénat par intérim, vont continuer –et c’est le moins que l’on puisse dire –à prendre les Algériens pour des cons. En demandant au peuple d’aller voter pour une constitution qui n’émane pas de sa volonté prouve, encore une fois, que le régime ne veut pas se départir de ses pratiques anciennes.

Ainsi, bien que les revendications du hirak ne souffrent d’aucune ambigüité, le régime fait comme si le 22 février 2019 n’était qu’un événement banal. Car, avant le hirak, le régime procédait toujours de la même façon. Une fois les clans du régime étaient d’accord sur leur constitution, ils organisaient ensuite un simulacre de scrutin en vue d’entériner ce choix. Ne pouvant faire face à la violence du régime, le peuple algérien laissait faire. Cela ne gênait pas le régime d’annoncer des chiffres staliniens alors que les citoyens boudaient systématiquement ces rendez-vous électoraux.

Hélas, l’abus de pouvoir d’un côté et le renoncement de l’autre côté ont conduite au règne catastrophique de Bouteflika. En 20 ans, il a détruit l’économie, la politique, les repères de la société, etc. Les révélations de Tliba renseignent sur l’étendue des dégâts, et ce, même si ce que livrent les témoins ne représente que la partie visible de l’iceberg. D’ailleurs, qui peut parler de la gestion du secteur de l’habitat sous Bouteflika ? Il est évident que le clan vainqueur ne fera pas son procès.

En tout état de cause, quand les Algériens se sont regroupés au sein du hirak, ils avaient la certitude qu’un tel régime ne pourrait jamais évoluer vers un État de droit. Du coup, l’exigence de départ des têtes d’affiche du régime reste la condition sine qua non en vue de rompre avec ces pratiques.

Malheureusement, le régime a assez de ressources pour réussir ses contre-attaques. En organisant le scrutin du 12/12/2019 contre la volonté populaire, le régime démontre sa capacité à se pérenniser. Sans même changer de méthodes par rapport à la confection des anciennes constitutions, Abdelmadjid Tebboune s’en offre une à la mesure de ses ambitions. Jusqu’au 1er novembre 2020, tous les anciens soutiens de Bouteflika sortiront de leurs placards pour nous chanter les vertus de la nouvelle constitution.

De son côté, la majorité du peuple algérien, regroupée au sein du hirak, ne croira aucun traitre mot des issabates. Quel sera le verdict ? Le régime adoptera par la force sa constitution. Mais, cette fois-ci, le peuple ne cautionnera pas par son silence. Et c’est toute la différence avec les scrutins constitutionnels précédents.

 

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 20:00

Le 80e vendredi du hirak est marqué par une répression terrible. Après l’annonce du référendum constitutionnel, prévu le 1er novembre 2020, le régime tente de juguler toute opposition effective. Ainsi, s’il parvient à faire taire le hirak, le taux officiel de l’adoption de ladite constitution sera de plus de 80% de oui. Et pour cause ! Issu du même régime –il le sert sans répit depuis 1969 –, Abdelmadjid Tebboune voudrait aussi avoir les mêmes résultats que ses prédécesseurs.

En tout état de cause, il y a des révélations qui ne trahissent pas. En déclarant, lors de la rencontre avec les walis, que 80% des Algériens sont satisfaits, il annonce par ricochet le résultat du futur scrutin. Mais, pour ce faire, il devrait éteindre la contestation. Et surtout, éviter autant que faire se peut le scénario du 12 décembre 2019. Ainsi, au moment où la clientèle du régime votait, près de ¾ de l’électorat était dans la rue pour contester la fausse élection. Ce qui n’empêche par le régime de ne sentir aucune gêne à gérer le pays.

Hélas, en s’appuyant sur les services de sécurité, dont les fonctionnaires sont intéressés par leurs carrières que par l’avenir du pays, le régime a réussi à imposer la continuité du régime en reprenant subrepticement le slogan du hirak « la nouvelle Algérie ». Or, si 80% des Algériens soutiennent vraiment le programme de Tebboune, pourquoi il ne laisse pas les 20% s’opposer paisiblement ? Pourquoi une si grande majorité se sentirait mal à l’aise si la minorité continuait à se battre pour ses idées ? En plus, en respectant cette minorité, le régime algérien ferait preuve d’un esprit démocratique qui rehausserait l’image de l’Algérie.

Dans le fond, le régime sait que son maintien n’est pas dû à un soutien populaire, mais il est obtenu grâce aux services de sécurité. Du coup, à l’approche du rendez-vous décisif pour le régime –et non pas pour l’Algérie –, la politique répressive atteindra son apogée. Bien que le discours officiel parle de tolérance, sur les questions essentielles, le régime ne compte pas laisser le peuple lui disputer la souveraineté nationale. Après les deux étapes de l’élaboration de la constitution –sa rédaction et sa discussion entre amis –, il ne permettra pas à la majorité du peuple de remettre en cause la phase ultime, à savoir l’adoption de la constitution. Faut-il juste rappeler au passage que cette constitution rend hommage au hirak, mais elle combat, sans vergogne, tout ce qu’il incarne.

Ainsi, même si Tebboune et ses amis peuvent se vanter d’avoir accordé quelques pouvoirs au parlement, dans la réalité, le pouvoir exécutif a la mainmise totale sur les autres pouvoirs. En tout cas, la séparation de pouvoir reste utopique, car s’il y a la séparation du pouvoir, ce régime disparaîtra automatiquement. Et tant que ce régime reste en place, il ne pourrait y avoir de réelle opposition en dehors de la rue.

Le régime a bien compris cette équation. La preuve : chaque vendredi, il mobilise son arsenal répressif pour faire taire la seule opposition au régime. Heureusement, cela n’a pas l’air d’impressionner les Algériens. Car, ils ne veulent pas défendre leur droit de s’opposer, mais ils luttent pour que le régime, qui a échoué sur tous les plans, n’ait plus à décider seul de l’avenir du pays. Cela a un prix : répression, emprisonnement, brimade, etc. Cela rappelle aussi ce qu’ont subi les meilleurs fils de l’Algérie entre 1954 et 1962.    

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30 août 2020 7 30 /08 /août /2020 09:16

En remettant en cause le droit syndical, Issad Rebrab révèle l’image négative du libéralisme sauvage en Algérie. Bien que le groupe Cevital ait été présenté comme le modèle économique à encourager, il n’en reste pas moins que cela se fait au détriment de l’ouvrier. En d’autres termes, son principal dirigeant n’a rien à serrer de la situation de l’ouvrier ni de l’avis du Code du travail.

Cela dit, son attitude peut varier selon le pays où il se trouve. Si en France, par exemple, où il a sauvé une entreprise, il se plie à la réglementation, il n’en est pas de même, en Algérie, où les salariés de la filiale Numilog sont licenciés par voie postale et en enfreignant le droit des salariés. Dans le document en question, le motif de licenciement reste vague.

Pire encore, le groupe Numilog n’a même pas pris la peine d’attendre la décision de la justice, une justice pourtant au service des longs bras. Est-ce que Rebrab est à son premier abus. Sans vouloir refaire l’histoire, c’est toute sa fortune qui est acquise dans des conditions floues. L’ancien premier ministre, Belaid Abdeslam, ne cessait de le dire de son vivant sans qu’aucune déclaration ne remette en cause ses allégations.

Et pourtant, des citoyens ont cru à sa bonne foi. Après son arrestation en 2019, une vague de soutien s’est manifestée. Dans une petite cafétéria havraise où les gens de la région se rencontrent, j’ai été quasiment le seul à dire qu’il ne méritait pas une telle solidarité. À la limite, j’ai été de ceux qui condamnaient une justice revancharde. Car, après la chute de son clan, il était prévisible que des règlements de comptes suivent.

Hélas, cet élan de solidarité envers un homme injuste ne se manifeste pas quand il s’agit de défendre ses victimes. Préfèrent-ils le monde de la finance aux valeurs de solidarité ancestrales ? C’est à eux de clarifier leur position. Pour les détracteurs du libéralisme sauvage, le choix a été fait depuis des lustres. Toutefois, il ne faudrait pas confondre le libéralisme à la Rebrab et le libéralisme qui se pratique en Europe. Il y a des empires économiques –c'est le cas de Bouygues en France –où les droits des salariés sont respectés et garantis.

En Algérie, le combat doit être tous azimuts. Tout d’abord contre le régime qui fabrique ces monstres. Car, ce qui se produit chez Numilog ne pourrait pas arriver si la justice était libre. D’ailleurs, faut-il attendre quelque chose de la justice ? Si elle rétablit les ouvriers de Numilog dans leurs droits, ce sera son premier exploit. Mais, comme l’ont dit Moad Bouchouareb et ensuite Tebboune, le peuple algérien peut encore rêver.

 

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28 août 2020 5 28 /08 /août /2020 14:09

Le régime algérien tente un deuxième passage en force après celui du 12 décembre 2019. En effet, un référendum sur la nouvelle constitution du régime est programmé le jour anniversaire de la révolution algérienne. Cette date symbolise le refus du carcan colonial. Or, cette constitution va consacrer au mieux, pour plusieurs décennies, la continuité d’un régime renouvelé. Là aussi une précision s’impose : contrairement à ce que prétend le régime, il ne s’agit pas de la nouvelle Algérie, mais seulement du nouveau régime. En plus, la plupart de ses membres ont des carrières de plus de 50 ans au sein du même régime.  

Pourquoi le choix de cette date historique ? Le régime n’est pas à une exploitation près de l’histoire. Au lieu de chercher la légitimité populaire –comme le font tous les pays démocratiques –, le régime algérien s’accroche à un récit qu’il a vidé de son sens depuis l’indépendance. Car, si les hommes de novembre 1954 avaient affronté la mort pour la libération du pays, ils n’auraient pas cautionné le remplacement d’une domination par une autre domination. Sans vouloir comparer les deux dominations, celle allant de 1962 à nos jours –surtout les années Bouteflika –a causé énormément de dégâts.

D’ailleurs, que penseraient nos chouhadas –là où ils sont –du bilan de Bouteflika ? En hypothéquant la meilleure chance de l’Algérie de s’en sortir du sous-développement –plus de  1000M$ sont gaspillés inutilement –, le régime a montré ses limites. Est-ce que les autres chefs d’État auraient pu remettre l’Algérie sur les rails s’ils avaient eu une telle manne financière ? La réponse est non. Car, le problème ne vient pas des hommes, mais de la nature du système. Ce genre de système, partout dans le monde, détruit systématiquement les espoirs des peuples.

C’est cette subtilité que les représentants du régime ne veulent pas comprendre. Et pourtant, pour la majorité du peuple algérien, cet échec du régime lui paraît comme une évidence. En tout cas, depuis le 22 février 2019, les mots d’ordre des manifestants sont clairs : le départ de tous les représentants du régime ainsi que la restitution des rênes du pouvoir au peuple. Car, qui contrôle rênes du pouvoir contrôle les institutions. Or, le nouveau régime, issu du scrutin du 12 décembre, se comporte comme le seul détenteur de la souveraineté nationale.  

Ainsi, quand le communiqué présidentiel dit que « le dernier mot reviendra au peuple », cela prête à rire. Car, cette constitution a été voulue par Tebboune, élaborée par ses amis, présentés comme des experts, et elle sera adoptée par sa clientèle. Mais, l’arrière-pensée est ailleurs. Bien que le chef de l’État considère le scrutin du 12 décembre suffisant pour être légitime, le pourcentage officiel –sans doute gonflé –de 38% le dérangerait. À vrai dire, il n’est pas le seul à vivre une situation pareille.

En 1999, après le retrait de tous les candidats, Bouteflika a été mal élu. Pour redorer son image, le régime a organisé un référendum sur mesure fin 1999.  La question était : êtes-vous contre ou pour la paix. Cette fois-ci, le régime choisit la date qui fait plus de consensus en Algérie : la révolution de novembre 1954. Mais, comme il a été dit plus haut, ce régime n’ayant rien à voir avec cette date historique, le hirak devrait se mobiliser pour montrer qu’il était le plus proche de cette date. Pour ce faire, il y a une condition : peu importe les provocations du régime, il faudrait rester pacifique.

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23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 15:28

Depuis le début du hirak, les résolutions de la Soummam paraissent incontournables en vue d’ériger la nouvelle République. C’est ce qui explique sans doute l’afflux des militants du hirak à Ifri Ouzellaguen. Parmi ces militants, plusieurs figures sont connues pour avoir payé cher leur engagement. On peut citer les anciens détenus d’opinion, à savoir Lakhdar Bouregaa, Karim Tabbou, Samir Belarbi, Fodil Boumala, Samira Messouci, etc.

Que signifie cet afflux vers cette partie chère à l’Algérie? Ce lieu représente un grand symbole, en l’occurrence la réalisation de l’unité nationale. En effet, ce fut à la Soummam que le document incluant toutes les formations algériennes dans le combat libérateur a été adopté. Mais, il rappelle aussi que le non-respect des résolutions de la Soummam a conduit le pays à la dérive autoritaire. Cela dit, il faut avoir l’honnêteté de dire que ces résolutions ont été piétinées par une partie de ceux-là mêmes qui les avaient élaborées.

En tout cas, les Algériens, surtout après le 22 février 2019, ont compris que l’absence de garde-fous menait forcément aux mêmes crises politiques. C’est pourquoi l’élection de Tebboune dans les conditions contestables, selon les observateurs, ne résout rien. Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Ainsi, bien que le discours officiel fasse place au respect des libertés, à la moindre contestation citoyenne, le réflexe autoritaire, hérité du système mis en place en 1962, reprend le dessus. C’est la raison pour laquelle les citoyens se sont donné rendez-vous au lieu du congrès de la Soummam pour renouveler  le serment de rompre avec le système, responsable de tous les malheurs de l’Algérie.

Toutefois, il faut concéder que les pesanteurs ne viennent pas seulement du régime. Ainsi, cette célébration est entachée par des réactions indignes de quelques individus se prenant pour les ayatollahs de la morale en Kabylie. Bien que Samir Belarbi n’ait pas besoin d’aucune autorisation –il est partout chez lui en Algérie – de se rendre à Ifri, certains extrémistes lui reprochent de prendre une photo avec des « femmes kabyles ».

Cependant, la meilleure réponse vient de la principale concernée. Il s’agit de l’avocate Nassima Rezazgui. « Je suis Algérienne fière de l’être. Je suis Kabyle fière de l’être. Mon éducation, mes valeurs et mon honneur sont intouchables. Je suis libre et majeure pour me prendre en photo avec qui je veux », écrit-elle sur sa page facebook. Pour qui comprend en peu de mots, il n’y a rien à rajouter à cette réponse magistrale.

Enfin, il va de soi que la victoire du hirak va permettre certes de remettre le pays sur les rails. En s’appuyant sur des valeurs universelles, les institutions seront contrôlées par la volonté populaire. Hélas, la révolution du sourire ne résoudra pas tout. Les problèmes relatifs au comportement et au racisme nécessiteront une autre révolution. Et il y a vraiment du pain sur la planche.   

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21 août 2020 5 21 /08 /août /2020 19:20

Les masques sont désormais tombés à Paris. En effet, depuis le 16 août 2020, les perturbateurs des rassemblements de la place de la République rejoignent leur famille politique de cœur, en l’occurrence le MAK. Du coup, à la même heure que le rassemblement de la place de la République, ils se sont donné rendez-vous, dimanche dernier, à Stalingrad pour parler de leurs sujets de prédilection.

Cela dit, le propos ici n’est pas de condamner des militants –quelle que soit leur cause –de manifester. Toutes les causes sont défendables et chaque individu, sur cette planète, a le droit d’exprimer son opinion. Mais, est-ce que toutes les causes sont défendables par tout le monde et en même temps ? La réponse est non. Ainsi, à partir du moment où le projet du hirak et le projet du MAK sont antinomiques, on n’a pas le droit d’exploiter une cause pour en hisser une autre.

 En tout cas, la position du MAK a été exprimée, dès le début du hirak, par Ferhat Mehenni. Dans une vidéo, il a appelé des partisans à jeter les drapeaux des chouhadas à la poubelle. De leur côté, les citoyens de la région de Kabylie ont répondu de la plus belle des manières en brandissant le plus grand drapeau jamais hissé dans les manifestations du hirak. De même, en agissant avec intelligence et un civisme exceptionnel, les militants du hirak renvoyaient systématiquement les militants de Ferhat Mehenni dans leurs rassemblements en Kabylie.

Hélas, si en Algérie la marge de manœuvre était restreinte, il n’en est pas de même en Europe. En plus, le scénario, qui a été préparé fin juin 2020 à la place de la République, pouvait séduire les nostalgiques du coup d’État de janvier 1992. Alors que le mouvement Rachad a joué un rôle honorable depuis février 2019, les infiltrés voulaient présenter à l’opinion ses militants comme de vulgaires terroristes. Malgré les explications des membres de Rachad, ces infiltrés exigeaient leur exclusion du hirak et la rédaction d’une charte interdisant leur mouvement.

Bien que ces revendications sentent d’emblée le piège, les militants du hirak ont gardé leur sang-froid. Et pour cause ! Quand un peuple est en quête de sa liberté, il n’accepte pas d’être détourné de son objectif. En tout cas, si le régime, avec tous ses moyens répressifs et également de coercition, n’a pas réussi à faire éclater le hirak, ce ne sont pas les quelques extrémistes qui y parviendraient. Cela dit, leur nuisance peut freiner le mouvement. C’est la raison pour laquelle les militants du hirak, en Algérie ou à l’étranger, doivent doubler de vigilance.

Enfin, il va de soi que le jeu de ces infiltrés est habile. Combien de fois leur chef de file a parlé en arabe pour tromper l’opinion. Heureusement, à l’ère d’internet et des réseaux sociaux, il est difficile de cacher son jeu. Ainsi, en 2012, Abane Meziane a été arrêté à l’aéroport d’Alger après son retour de Tunisie où il a participé, en tant que représentant du MAK, à une rencontre sur les droits de l’Homme. Finalement, même en participant au hirak, il n’a pas coupé les ponts avec le MAK. Le soutien de Ferhat Mehenni après l’affaire de république, sa participation à une émission TV web du Mak et le rassemblement du 16 août 2020 le discréditent définitivement.           

 

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19 août 2020 3 19 /08 /août /2020 19:28

Malgré les 64 ans qui nous séparent du congrès de la Soummam, les détracteurs ne cessent de proliférer. Si, en 1962, l’équipe victorieuse de la crise de l’été de la même année était impliquée directement dans la crise –Ben Bella était l’adversaire le plus acharné du congrès de la Soummam –, après l’indépendance, ce sont le régime et toute sa clientèle qui rejettent les résolutions de la Soummam. C’est le cas notamment après la révolution du sourire. Ainsi, quand la rue algérienne voulait réhabiliter le congrès de la Soummam, les soutiens du régime ont inventé le slogan la badissia-novembria. Ce qui est historiquement un non-sens.

Toutefois, pour mieux comprendre l’esprit du congrès de la Soummam, il faudrait  rappeler le contexte. Bien que la déclaration du 1er novembre 1954 soit d’une importance capitale, il n’en reste pas moins que les rédacteurs se sont contentés des principes généraux. C’est le cas quand il propose la négociation. Sur quels critères fallait-il désigner les négociateurs ? Qui allait les valider ? C’est la raison pour laquelle les initiateurs de l’action armée ont programmé une réunion d’évaluation –et éventuellement d’élaborer d’autres documents – courant janvier 1955.

Or, la situation du front ne permettait pas d’organiser une telle rencontre nationale. D’où son renvoi sine die. En tout cas, après l’effet de surprise, les autorités coloniales ont déployé leur arsenal militaire coupant les liaisons entre les wilayas historiques. Dans une rencontre avec les militants de la fédération du FLN au Maroc, en février 1960, Lakhdar Ben Tobbal a avoué qu’avant le congrès de la Soummam, « chaque wilaya vivait renfermée sur elle-même et volait de ses propres ailes. »  Quant à l’organisation nationale, elle était à peu près la suivante : en mars 1955, 3 chefs historiques intérieurs sur 5 ont été neutralisés. Au début de l’année 1956, le 4eme a quitté le territoire en vue d’acheter les armes. À partir du 22 octobre 1956, seuls 2 chefs historiques sur 9 étaient en libertés. Enfin, après mars 1957, il ne restait que Krim Belkacem sur le terrain.

Face à cette hémorragie, la révolution devait-elle démissionner ? Dans la déclaration du 1er novembre 1954, les rédacteurs faisaient du FLN un front de tous les Algériens et non la propriété d’un groupe détenant une quelconque autorité morale. « Le Front de libération nationale est le ton front, sa victoire est la tienne », lit-on dans la fameuse proclamation. Dans ce cas, qui est-ce qui pourrait empêcher d’autres Algériens de prendre en charge la révolution même si ils ne faisaient pas partie du groupe des neuf. Mais, dans le cas où ils ne voulaient que d’autres Algériens qu’eux organisent la révolution, pourquoi les détracteurs de l’époque n’ont rien fait pour tenir la réunion programmée en janvier 1955 ? Plus grave encore, pourquoi ne voulaient-ils pas revenir à l’intérieur pour organiser sur place la révolution ? À moins que ces difficultés ne soient pas leurs préoccupations.

Enfin, que les détracteurs le veuillent ou non, le congrès de la Soummam a donné le sens à la révolution algérienne. En définissant le cadre de la négociation, le congrès de la Soummam a évité une implosion certaine. Ainsi, malgré l’acharnement des membres de l’état-major général à saborder la négociation –certains voulaient une victoire militaire, mais ils n’ont jamais mis les pieds en Algérie de 1954 à 1962 –, le conseil national de la révolution algérienne, issu du congrès de la Soummam, a mis fin au conflit en adoptant les accords d’Evian à plus de 4/5eme des membres. À vrai dire, moins trois voix des membres de l’état-major général.

Sur le plan politique, l’esprit de la Soummam a permis de réaliser le projet que toute nation en conflit voudrait faire : le rassemblement de toutes les forces vives de la nation. Cela dit, s’il fallait rajouter une ligne à cette plateforme, ce serait la suivante : à l’indépendance, tous les mouvements reprendraient leur autonomie. Car, cette faille a laissé la porte ouverte aux malintentionnés de faire du mouvement de libération un moyen d’instaurer leur abjecte dictature. Sinon, pour le reste, l’histoire retient que le congrès de la Soummam n’est pas en contradiction avec la proclamation du 1er novembre 1954. Cela se passe uniquement dans la tête des détracteurs du congrès de la Soummam.          

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15 août 2020 6 15 /08 /août /2020 16:48

Dans sa dernière rencontre avec les walis, Abdelmadjid Tebboune s’adresse, en parlant de l’opposition, au clan déchu. Bien que le message du 22 février 2019 soit clair à ce sujet, dans le sens où il rejette tous les clans du pouvoir, le clan vainqueur ne veut pas se détourner des pratiques du passé.

En effet, à chaque crise du pouvoir, le clan vainqueur sort la carte du chantage. Dans cette rencontre, le chef de l’État demande au peuple de l’accepter, sinon ce sont les plus méchants qui prendront la place. Cela dit, pour la précision, jusqu’à fin mars 2019, ces deux clans formaient un même corps.

Toutefois, là où le bât blesse, c’est qu’il rétorque au clan déchu en s’appropriant le hirak. Pour discréditer les manœuvriers encore en prison, Tebboune leur répond sèchement. « C’est fini, le peuple est sorti dans la rue. Le train a démarré, personne ne l’arrêtera », argue-t-il. Cette  lecture est évidemment erronée.

Un observateur non averti pourrait même comprendre que le peuple algérien s’est allié avec le clan de Tebboune pour écarter l’issaba. D’un autre côté, cette soi-disant alliance n’a aucune existence sur le terrain. Qui emprisonne les militants du hirak et les journalistes qui couvrent leurs marches ? Ce n’est pas le clan déchu. Bien entendu, s’il était aux affaires, il ferait pareil, voire pire.

En tout cas, malgré des demandes constructives du hirak, on ne se sait pas ce qu’il représente ni ce qu’il pèse aux yeux de Tebboune. Car, d’après lui, le citoyen n’aurait pas d’engagement honnête, mais il « devenu une proie facile pour ces individus douteux et leur argent sale qui continue à circuler dans la société. » Cela dit, qu’on ne s’y méprenne pas. De Ben Bella à Tebboune, c’est la même rengaine. Pour dominer le peuple, on l’accuse d’être à la solde des manipulateurs.

Que le nouveau pouvoir –et non pas la nouvelle Algérie –le veuille ou non, ces pratiques ont existé avant février 2019 et elles ne sont pas sur le point de disparaître, comme tente de le faire croire le chef de l’État. Pour étayer cette thèse, il suffit d’examiner les conditions de la préparation de la nouvelle constitution.

Comme Ben Bella en 1963, Boumediene en 1976, Chadli en 1989, Zeroual en 1996 et Bouteflika en 2008 et 2016, Tebboune recourt à la même commission d’experts en vue de rédiger le texte fondamental. Du coup, quand il parle du consensus de son élaboration, il ne s’agit ni plus ni moins que du consensus des experts. Le peuple algérien devrait attendre encore un moment avant d’imposer la sienne, la plus légitime depuis 1962.

En somme, si Tebboune est dans son rôle de mettre toutes les chances de son côté, il est également du devoir de chaque citoyen de prendre position. Car, la non-immixtion des citoyens sans leurs affaires a conduit le pays à l’une des pires crises politiques en 2019. Ainsi, si le régime a reculé en février 2019, c’est grâce à la mobilisation citoyenne au sein du hirak. Et l’histoire est connue de tous.

L’esprit de responsabilité du hirak a fait que les événements n’ont pas dérapé. Ce sont les 80% dont parle Tebboune. Quant aux 20 %, qui représentent le pouvoir et sa clientèle, s’ils n’avaient pas recours à la violence, c’est parce que l’esprit pacifique du hirak a coupé l’herbe sous les pieds des autorités sécuritaires. Et les archives sont témoins.  

      

 

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12 août 2020 3 12 /08 /août /2020 19:39

Avant même l’avènement de l’état-major général, en janvier 1960, la situation politique était déjà catastrophique. Ce groupe d’officiers, installé aux frontières, que présidait Houari Boumediene, n’a fait que précipiter la révolution, dans le premier temps, et le pays, ensuite, dans un précipice. Et pourtant, en 1954, il n’y avait rien qui présageait une telle issue.

Bien que le FLN historique soit issu de la scission du parti indépendantiste, en l’occurrence le PPA-MTLD, il n’en reste pas moins que les fondamentaux du parti ont été préservés. D’ailleurs, dès le début, le slogan principal du front était : « la révolution par le peuple et pour le peuple. » Ce qui voulait dire que les institutions, même pendant la guerre, ne pouvaient être que démocratiques. Sinon, il était difficile d’associer le peuple à un tel projet.

Ainsi, malgré un début difficile, à partir de 1956, et notamment après le congrès de la Soummam, il était question de consulter le peuple dans tous les cas où la situation le permettait. C’est le cas lors de la constitution des Assemblées du peuple, composées de 5 membres. Lors des débats entre les congressistes à la Soummam, Ben Mhidi a défendu ce principe avec abnégation. Il voulait « des candidatures libres avec multiplicité de listes, sans limitations d’aucune sorte. Pour lui, un responsable loyalement élu serait forcément plus engagé qu’un responsable nommé ; une élection vraie serait une marque de confiance dans le peuple », écrit Gilbert Meynier dans « histoire intérieure du FLN 1954-1962 ».

Hélas, la militarisation de la révolution a détruit peu à peu ce noble projet. L’arrestation de Larbi Ben Mhidi en février 1957 et son lâche assassinat en mars de la même année a considérablement affaibli le comité exécutif de la révolution. De même, en perdant son allié de taille, Abane Ramdane ne pouvait rien faire face à l’alliance des colonels. Sa résistance a fini par l’emporter. Il a été assassiné à Tétouane, par ses propres frères d’armes, en décembre 1957.

Cette gestion de la révolution par la violence a ouvert la voie à d’autres opportunistes. Installés aux frontières, ces officiers, sans passé militant, n’attendaient que le moment opportun pour s’emparer des rênes du pouvoir. Ainsi, à partir de 1961, l’état-major général échappait au contrôle du gouvernement provisoire. Géré par les anciens militants du PPA-MTLD, de l’UDMA et des Oulémas, le GPRA a tu ces différends en pensant qu’à l’indépendance, la parole serait revenue au peuple.

Malheureusement, l’histoire ne leur a pas donné raison. Car, pour l’état-major général, le pouvoir n’était pas une question de légitimité, mais il se mesurait au seul rapport de force. Comme le dit si bien Gilbert Meynier, « rien d’étonnant, finalement, à ce que ce fût l’état-major général qui se fût opposé au pouvoir civil du GPRA en 1961-1962 et en eût finalement triomphé par la force et dans le sang à l’été 1962. »

Du coup, ce pouvoir, qui s’est installé sans la volonté du peuple –on est même tenté de dire contre sa volonté – n’a jamais voulu aller vers un État, propriété de tous les Algériens. Enfin, entre une résistance mitigée et parfois un silence incompréhensible, le peuple algérien est toujours en quête d’un État à construire. Pour ce faire, il y a une condition : rompre avec le régime instauré en 1962.    

 

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10 août 2020 1 10 /08 /août /2020 20:15

« Quiconque transgresserait ce que nous avons décidé sera accablé par Dieu de misère, de faim et d’humiliation, en ce monde et en l’autre », extrait de la décision d’exhérédation de la femme kabyle en 1749 par la réunion des arrouchs.

Décidément, l’organisation des arrouchs est porteuse de tous les malheurs. Cela dit, cette décision ne peut être expliquée que lorsqu’elle est remise dans son contexte. En revanche, il est inconcevable de défendre, au XXIème siècle, une telle transgression. Hélas, il a suffi d’une publication anodine sur facebook pour que les détenteurs de la morale du « peuple kabyle » pètent les plombs.

Ainsi, Amira Bouraoui a réussi à sortir de leurs gonds les « gardiens du temple ». Or, même si on n’est pas obligé de cautionner sa façon de s’exprimer –cela dit, personne n’a le droit de la juger sur son attitude –, il n’en reste pas moins que la question du statut de la femme en Kabylie laisse à désirer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est doublement punie. Tout d’abord par cette tradition rétrograde et plus tard par le code de la famille qui fait d’elle –au même titre que ses compatriotes de toutes les régions du pays – une mineure à vie.

Toutefois, dans les quelques réponses au post d’Amira Bouraoui, certains revendiquent fièrement que cette tradition avait le mérite de rompre avec l’islam. Quelle méconnaissance du contexte. Et pourtant, tous les arguments des conclavistes étaient teintés de religiosité. Mais, l’essentiel pour ces donneurs de leçon est de nier l’imprégnation de l’islam dans toute la société. C’est comme si être anti islam est un signe de progression et de modernité.

Bien entendu, cette propagande est orchestrée par les partisans de Ferhat Mehenni. En refusant d’être Algériens –à la limite, c’est leur droit –, ils s’attaquent à tout Algérien donnant son avis sur la Kabylie. C’est comme si le MAK représente toute la Kabylie. Or, il suffit de voir les grandioses manifestations du hirak en Kabylie pour se rendre compte que ce mouvement indépendantiste n’est présent que sur les réseaux sociaux.

Dans la réalité, la solution n’est pas dans les discours d’exclusion ou dans la course à l’extrémisme. Bien que le hirak se mette en sourdine à cause de la pandémie, ses revendications sont les seules à même de sortir le pays de cette impasse. La refondation d’une nouvelle République et l’instauration de l’État de droit sont les garants de la nouvelle Algérie apaisée.

Ce jour-là, ces questions ne se poseront plus, car l’État de droit protégera toutes les citoyennes et tous les citoyens. Au diable alors les détenteurs de la morale raciste et de la morale fondée sur les pratiques rétrogrades. Quant à ceux continueront à rejeter l’Algérie, et bien, ils pourront prolonger sine die leur séjour en Europe et en Amérique.  

 

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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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