/image%2F0550898%2F20210307%2Fob_bbca6d_07mars2021.jpg)
Le projet de loi sur la déchéance de la nationalité que prépare le régime soulève des inquiétudes légitimes. L’arrière-pensée des dirigeants est évidemment d’assener un coup de massue à l’opposition effective –regroupée majoritairement au sein du hirak –qui ose remettre en cause le pouvoir inamovible.
Bien que cette mesure soit en contradiction avec les chartes internationales signées par le régime, force est de reconnaître que la pression populaire –à ne pas confondre avec les bavardages sur les plateaux d’El Magharibia –a fait perdre au régime toute raison et toute rationalité. Ainsi, pour se débarrasser des opposants intransigeants, le clan vainqueur en 2019 veut étouffer ces voix en les rendant non algériennes.
Pour quelle finalité ? Le régime veut une société sans opposition franche. D’ailleurs, dans la dernière rencontre de Tebboune avec « la presse », celui-ci exhorte les Algériens à prendre le contrôle des institutions non décisionnelles. Comme à la fin des années 1980 où le régime a volontairement abandonné les collectivités locales afin que l’opposition échoue –mais avant ça, ils ont voté la loi du 1er avril 1990 qui privait le maire de tous les pouvoirs –, cette fois-ci le régime est prêt à abandonner le parlement.
Or, la malhonnêteté du régime se résume en une phrase : cette chambre d’enregistrement –à ne pas confondre avec l’Assemblée nationale constituante de septembre 1962 à septembre 1963 – ne joue aucun rôle depuis l’indépendance. À la limite, elle était une tribune pour faire le procès du régime. Pendant ces décennies, est-ce que le régime était sensible à la critique ? Il n’y a aucun indice qui puisse étayer cette thèse. Donc, c’est sans risque que le régime veut s’ouvrir.
Quant à ceux qui demandent un changement profond, le régime est prêt à mobiliser son artillerie lourde. Alors que les codes en vigueur scellent l’inaliénabilité de la nationalité, Abdelmadjid Tebboune enfreint toutes les règles. Même un Bouteflika à l’ego démesuré n’a pas osé en aller dans ce sens. À un député qui suggérait l’introduction de cette sanction dans le code de la nationalité, son premier ministre en 2014 a répondu par la négative en évoquant la contradiction de cette mesure avec les chartes internationales.
Enfin, s’il faut une telle loi, il ne faudra pas qu’elle soit un instrument politique. Que la loi définisse exactement les cas de la déchéance. En aucun cas, elle ne doit être exploitée par le régime pour punir ses adversaires politiques. Pour cela, le régime doit cesser de se confondre avec l’État. La critique du régime n’est en aucun cas une volonté de déstabiliser l’État.
De la même manière, les généraux politiciens ne sont pas l’armée. Et dans le cas où le régime veut faire passer cette loi, celle-ci ne pourrait être que la copie de la loi sous Vichy. Pour rappel, ce régime collaborationniste a déchu le général de Gaulle de sa nationalité, le 8 décembre 1940. L’histoire a finalement donné raison à ce dernier. Malheureusement, malgré ces leçons de l’histoire, le régime veut nous replonger dans les tiraillements des années 1940. Pour ces raisons, on peut dire in fine que le peuple est très en avance sur le régime.