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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 20:31

Le projet de loi sur la déchéance de la nationalité que prépare le régime soulève des inquiétudes légitimes. L’arrière-pensée des dirigeants est évidemment d’assener un coup de massue à l’opposition effective –regroupée majoritairement au sein du hirak –qui ose remettre en cause le pouvoir inamovible.

Bien que cette mesure soit en contradiction avec les chartes internationales signées par le régime, force est de reconnaître que la pression populaire –à ne pas confondre avec les bavardages sur les plateaux d’El Magharibia –a fait perdre au régime toute raison et toute rationalité. Ainsi, pour se débarrasser des opposants intransigeants, le clan vainqueur en 2019 veut étouffer ces voix en les rendant non algériennes.

Pour quelle finalité ? Le régime veut une société sans opposition franche. D’ailleurs, dans la dernière rencontre de Tebboune avec « la presse », celui-ci exhorte les Algériens à prendre le contrôle des institutions non décisionnelles. Comme à la fin des années 1980 où le régime a volontairement abandonné les collectivités locales afin que l’opposition échoue –mais avant ça, ils ont voté la loi du 1er avril 1990 qui privait le maire de tous les pouvoirs –, cette fois-ci le régime est prêt à abandonner le parlement.

Or, la malhonnêteté du régime  se résume en une phrase : cette chambre d’enregistrement –à ne pas confondre avec l’Assemblée nationale constituante de septembre 1962 à septembre 1963 – ne joue aucun rôle depuis l’indépendance. À la limite, elle était une tribune pour faire le procès du régime. Pendant ces décennies, est-ce que le régime était sensible à la critique ? Il n’y a aucun indice qui puisse étayer cette thèse. Donc, c’est sans risque que le régime veut s’ouvrir.

Quant à ceux qui demandent un changement profond, le régime est prêt à mobiliser son artillerie lourde. Alors que les codes en vigueur scellent l’inaliénabilité de la nationalité, Abdelmadjid Tebboune enfreint toutes les règles. Même un Bouteflika à l’ego démesuré n’a pas osé en aller dans ce sens. À un député qui suggérait l’introduction de cette sanction dans le code de la nationalité, son premier ministre en 2014 a répondu par la négative en évoquant la contradiction de cette mesure avec les chartes internationales.

Enfin, s’il faut une telle loi, il ne faudra pas qu’elle soit un instrument politique. Que la loi définisse exactement les cas de la déchéance. En aucun cas, elle ne doit être exploitée par le régime pour punir ses adversaires politiques. Pour cela, le régime doit cesser de se confondre avec l’État. La critique du régime n’est en aucun cas une volonté de déstabiliser l’État.

De la même manière, les généraux politiciens ne sont pas l’armée. Et dans le cas où le régime veut faire passer cette loi, celle-ci ne pourrait être que la copie de la loi sous Vichy. Pour rappel, ce régime collaborationniste a déchu le général de Gaulle de sa nationalité, le 8 décembre 1940. L’histoire a finalement donné raison à ce dernier. Malheureusement, malgré ces leçons de l’histoire, le régime veut nous replonger dans les tiraillements des années 1940. Pour ces raisons, on peut dire in fine que le peuple est très en avance sur le régime.               

    

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5 mars 2021 5 05 /03 /mars /2021 11:29

Le refus catégorique du régime de répondre aux revendications légitimes du peuple algérien crée des tensions au sein du hirak. Bien entendu, entre la dynamique générale et les avis divers des animateurs, il y a un fleuve de sagesse qui les sépare. Et pour ne pas tourner autour du pot, il est évident que la sagesse est du côté de la masse et non pas des animateurs.

De la même manière, pour qu’il n’y ait pas de malentendu, cette note n’a pas pour but de minimiser la responsabilité du régime dans cette crise. Bien entendu, elle est totale. Mais, en disant cela, on ne doit pas s’interdire de dresser le tableau des deux ans du hirak. Même si globalement le bilan est positif, il n’en reste pas moins que quelques réactions son abusives et nuisent à la poursuite sereine de la révolution du sourire. C’est le cas du refus de tous les partis. Plus grave encore, certains tiennent des déclarations au nom du hirak.

En tout cas, si le changement de régime doit nous replonger dans une ère de parti unique ou d’absence de partis, la révolution du sourire accouchera d’une souris. Malheureusement, ces slogans sont accentués des derniers temps. Au départ, c’étaient les partis de l’alliance présidentielle ayant accompagné Bouteflika. Aujourd’hui, c’est autour de tous les partis. La rue peut certes contester, mais elle ne peut pas juger. L’interdiction d’un parti relève de la décision d’une justice libre et indépendante. En ce moment, force est de reconnaître qu’on en a ni l’une ni l’autre.

En attendant, le régime parachève sa restructuration. Bien qu’il soit définitivement discrédité, les tensions au sein du hirak lui garantissent une pérennisation. La programmation des élections législatives anticipées s’inscrit dans cette logique. Même si le boycottage massif ne fait aucun doute, le grand mouvement populaire assistera impuissant à la dernière étape de restructuration du régime. Et même si le mouvement revient en force, le refus de structuration, les bisbilles entre Rachad et les partisans de la double rupture, le souhait de la fin des partis, sont autant d’éléments qui permettent au régime de perdurer dans le temps. Car, le régime vit des tiraillements internes de la société.

Enfin, il va de soi que la partie n’est pas perdue. La grande majorité des manifestants au sein du hirak tient à l’union, dans la diversité des courants, pour parvenir au changement. Malheureusement, les quelques activistes, qui n’ont par ailleurs aucun mandat du hirak, développent ces sujets de division. Pire encore, chacun rêve que son courant rafle la mise. Heureusement, la jeunesse algérienne saura déjouer ces pièges. Car, la société saine est celle qui tolère toutes les opinions et  permet la cohabitation sereine de tous les courants politiques.

 

    

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27 février 2021 6 27 /02 /février /2021 21:14

Les fabuleuses mobilisations du 22 et du 26 février 2021 impressionnent sur tous les plans. À un moment où des doutes subsistaient sur la capacité du hirak à rassembler autant de monde dans les rues algériennes, les citoyens déjouent toutes les prévisions. C’est tant mieux, car, sur le plan comptable, tout reste à faire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les objectifs essentiels ne sont pas encore atteints.

Bien que le discours officiel claironne que le hirak a chassé la issaba du pouvoir en 2019, il n’en reste pas moins que, pour la majorité du peuple algérien, le régime n’a changé que quelques visages. Les pratiques, les mensonges et la propagande sont toujours maintenus. D’ailleurs, s’il y avait un seul regret à émettre après deux ans de hirak, ce serait le refus obstiné du régime d’accompagner ce formidable élan populaire.

En fait, contrairement aux contestations précédentes, la révolution du sourire devrait logiquement être écoutée. Car, elle ne survient pas d’un caprice du peuple voulant, sur un coup de tête, changer les institutions en place. Que l’on soit d’accord ou pas avec cette dynamique, force est d’admettre  que le hirak est avant tout une réaction au coup de force du régime obtus voulant reconduire un homme cliniquement mort à la tête de l’État.

Sans l’éveil du peuple algérien, Abdelmadjid Tebboune n’aurait été au mieux qu’un ministre subalterne au service des Bouteflika. Donc, tous ceux qui bombent le torse aujourd’hui auraient été de simples larbins si le peuple algérien n’avait pas donné naissance à la révolution du sourire.

Malheureusement, le clan vainqueur se retourne contre le hirak dès la prise de ses fonctions. Ainsi, les cas d’emprisonnement sous Tebboune dépassent indubitablement le nombre de prisonniers politiques sous Bouteflika. Sur ce point, ils ont raison de parler de leur nouvelle Algérie. Car, ils ont innové en emprisonnant des citoyens pour des simples publications sur les réseaux sociaux. C’est uniquement à cela que leur slogan de l’Algérie nouvelle s’applique malheureusement.

En fin de compte, malgré les lacunes organisationnelles du hirak –on parle de manque de projet à porter, de son incapacité à choisir ses représentants, alors que certains activistes s’arrogent ce droit –, force est de reconnaitre que cette dualité a mis à nu le régime. À travers ses réponses sécuritaires aux revendications politiques, le régime est définitivement discrédité. Le pouvoir apparent et le pouvoir occulte peuvent développer le discours qu’ils veulent, la grande majorité du peuple n’attend que leur départ. D’ailleurs, quand le peuple se mobilise de cette façon, il est indécent que les dirigeants s’accrochent à une fausse légitimité. Le reste n’est qu’une perte de temps pour le pays.  

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 09:02

Certains animateurs du hirak se trompent incontestablement de cible. Peu importe les défauts de la direction actuelle, le FFS n’est pas l’ennemi à abattre. Or, on constate amèrement sur les réseaux sociaux des réactions inappropriées. Pire encore, certaines voix avaient ou ont un attachement avec le parti. Quant aux ennemis habituels, leur acharnement est routinier.

Quel est le point de départ ? Ces réactions sont justifiées par certains par la suite positive qu’a donnée la direction actuelle à l’invitation de Tebboune. Le plus facile serait évidemment de décliner l’invitation. Or, si la direction actuelle n’y croit pas à la capacité du hirak –pour le moment, il n’est pas sur le terrain comme en 2019 –à transcender la crise, elle a le droit de proposer sa démarche. Dans tous les cas, l’autonomie des organisations politiques est une ligne rouge dans une démocratie.

Dans le fond, que reprochent ces animateurs du hirak à la direction du FFS ? Que la direction actuelle n’accompagne pas le hirak, alors que ce dernier n’est même pas sur le terrain ou à la recherche d’un second souffle. Et même s’il y a une divergence d’opinions, cela ne doit pas s’accompagner d’insultes. D’ailleurs, si ces animateurs veulent imposer un unanimisme, comme celui qu’a imposé le FLN entre 1954 et 1962, la révolution du sourire conduira indubitablement aux mêmes dérapages.

Est-ce que le pays a intérêt à reproduire les mêmes échecs ? La réponse est non. Ainsi, bien que leur radicalité soit compréhensible, la colère doit être dirigée contre le régime, responsable de la crise. Pour les amnésiques, pendant plusieurs décennies, cette radicalité a été portée par le FFS. Des dirigeants avertis au sein du FFS ont prédit que si le régime ne changeait rien à son hégémonisme, cette radicalité du FFS serait dépassée par celle de la société.

Malheureusement, ces alertes ne sont pas prises au sérieux. Par sa gestion chaotique, le régime a aggravé la situation. Aujourd’hui, le FFS parait comme un parti modéré. C’est le parallèle que l’on peut faire avec la première moitié des années 1950. Le PPA-MTLD, qui était classé comme une organisation dangereuse, a été dépassé par sa frange radicale, regroupé en 1954 au sein du FLN.

Et même si certains veulent brouiller les cartes, le terrain de lutte n’est pas le même. Et cette différence doit être rappelée. Si hier le peuple algérien faisait face à un colonisateur féroce, aujourd’hui, le combat est politique. À moins que certains excités songent à un autre plan.

Enfin, s’agissant de la famille FFS, les divergences internes ne peuvent se régler au sein du hirak. Ce serait une erreur de s’en prendre au sigle FFS, et ce, peu importe la démarche de la direction. Car, le problème remonte à avant le hirak. Cette direction devait être renouvelée en 2017. Dans quelques mois, la direction du FFS devrait finir son deuxième mandat, alors qu’elle est toujours à son premier. Or, certains militants qui critiquent la direction actuelle acceptent, eux aussi, d’être membres du conseil national alors que leur mandat est fini en 2017. Quant au hirak, il suffit que la mobilisation revienne au niveau de 2019 pour que ces problèmes de représentation ne se posent plus. Une chose est sure, la révolution ne se fait pas sur les réseaux sociaux ou en Occident.

   

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28 octobre 2020 3 28 /10 /octobre /2020 21:43

Pendant toute la campagne référendaire, les tenants du régime ont parlé d’une ère nouvelle. Sans trop s’attarder sur les dérapages, chaque intervenant a fait miroiter une Algérie des libertés, d’égalité, de justice, etc.  Bien entendu, cette campagne s’est faite sans aucun contradicteur sur les médias publics. En d’autres termes, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un monologue. Le plus grave, c’est que ce monologue dure depuis 1962.

Toutefois, admettons que l’Algérie ait besoin, comme le soutient mordicus le régime, d’une nouvelle constitution. Pourquoi cette initiative revient-elle au seul régime, alors que le peuple algérien se mobilise, depuis février 2019, pour être, lui aussi, un acteur de son destin ? Hélas, cette réforme est proposée par les experts liés au régime et elle est adoptée par un parlement discrédité par la divulgation des informations sur les achats massifs des sièges par les oligarques. L’exprimant en termes plus diplomatiques, dans une interview du 22 octobre 2020, Lahouari Addi écrit : « au lieu de dissoudre les deux chambres et de procéder à de nouvelles élections législatives, le président a préféré des réformes avec les représentants de scrutins truqués. »

Sur le fond du sujet, à savoir le contenu de la constitution, Lahouari Addi met à nu les manœuvres du régime. Bien que la constitution accorde des pouvoirs étendus « au président », pour lui, c’est le haut commandement militaire qui tire les ficelles. En tout cas, pour tromper l’opinion, la nouvelle constitution laisse prévoir la victoire de l’opposition lors des élections législatives. Ainsi, si le gouvernement est dirigé par une chef de gouvernement, ce dernier sera donc issu de l’opposition. En revanche, s’il est issu des partis du régime, il sera dirigé par un premier ministre. Cela dit, tant que les mêmes caciques sont à la tête de l’État, l’Algérie ne connaitra pas de chef de gouvernement.

En tout état de cause, ce faux espoir –dans le cas où il existe encore des Algériens honnêtes qui croient à la bonne foi du régime –est soumis « à la règle non écrite constitutive du régime algérien : le commandement militaire est source de pouvoir en lieu et place de l’électorat », écrit Lahouari Addi. Pour étayer cette thèse, il explique que tous les ministères ne sont pas en jeu. Ainsi, quel que soit le résultat des élections, les ministères de la Défense, de l’Intérieur, de l’Économie, des Affaires étrangères sont hors compétition. Pour lui, « le parti vainqueur aux élections aura les ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Pêche, du commerce, des habous, etc. »

Du coup, la question qui s’impose est de savoir qu’apporte-t-elle cette nouvelle constitution ? À chaque fois que le régime a vécu une crise, il a certes lâché un peu de lest. En 1989, le régime a introduit le multipartisme. En 1996, il a mis en place la limitation du nombre de mandats présidentiels. En 2020, le régime propose la création de poste de chef de gouvernement en cas de la victoire de l’opposition. Dans la réalité, en concédant sur un point, le régime verrouille sur le restant du texte la possibilité de la moindre alternance. Et cela n’échappe pas à l’œil vigilant du peuple algérien. Du coup, cette constitution ne peut être que la priorité du pouvoir.

   

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25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:48

Malgré l’exclusion du peuple algérien depuis 1962, certains événements, notamment la date du 1er novembre 1954, sont communément célébrées et partagées entre tous les Algériens, et ce, quel que soit leur bord politique. En programmant le référendum pour le renforcement du nouveau régime, Abdelmadjid Tebboune a pris le risque inconsidéré de diviser les Algériens.

Cependant, bien que la manœuvre vise à pousser les Algériens à faire de cette date un clivage, c’est le régime qui a été pris à son propre jeu. En refusant de tomber dans le piège de la division, le peuple algérien s’est montré à la hauteur. Il n’en est pas de même des membres du gouvernement. Deux « ministres » ont ainsi commis des maladresses flagrantes.    

Pour le cas du « ministre » de la Jeunesse et des Sports, sa déclaration est carrément un dérapage dangereux. Pour lui, la constitution de Tebboune s’inspire du 1er novembre 1954. En s’adressant aux opposants au régime –il tente de les assimiler aux opposants à l’Algérie, alors que l’ennemi numéro un du pays est celui qui a dilapidé ses richesses, souillé son honneur et piétiné sa souveraineté –, il dit ceci : « si ça ne vous plait pas, quittez le pays ! »

Dans la réalité, la démarche du régime est antinomique avec celle du 1er novembre 1954. Sans refaire l’histoire coloniale –les présidents français parlent d’une entreprise profondément injuste jusqu’au crime contre l’humanité –, il faut rappeler au « ministre » que le soulèvement de novembre 1954 visait à se soustraire de la domination.

Hélas, en 1962, en refusant au peuple algérien de choisir son destin, les décideurs ont imposé leur propre domination. En un mot, la domination a juste changé d’intitulé. Pendant 57 ans, les différents régimes ont renforcé la dictature au détriment des libertés individuelles et collectives.

Toutefois, la pire période, c’est indubitablement celle de Bouteflika. Pendant son règne, il a détruit tous les repères et tous les tissus sociaux. Obnubilé par son égo démesuré, son pouvoir personnel a conduit à des catastrophes qui ont failli dégénérer en 2019 vers l’inconnu si ce n’est la sagesse du peuple algérien et de son mouvement, le hirak. Sans exagération aucune, s’il y a un mouvement qui ressemble à l’esprit du 1er novembre 1954, c’est bien le hirak.

A contrario, cet esprit ne peut être incarné par les successeurs de Bouteflika, et ce, pour la simple raison : plus de 95% de la nouvelle équipe a servi aveuglément Bouteflika, dont le « ministre » de la Jeunesse et des Sports. De la même manière, Abdelmadjid Tebboune a été ministre de Bouteflika de 1999 à 2017, assurant même pour une courte période la chefferie du gouvernement.

Malheureusement, au moment où le peuple réclame une rupture radicale avec l’ancien régime, les mêmes caciques reprennent le contrôle du pouvoir et proclament la rupture avec l’ancien régime. Comment comptent-ils procéder ? Jusque-là, le seul changement est dans le discours. Dans la pratique, il ne s’agit ni plus ni moins que de la continuité de l’ancien régime.

D’ailleurs, cette constitution ne diffère en rien de celle de 2016. « Le président » possède les mêmes pouvoirs qu’un Roi. Sur la méthode, cette constitution est préparée dans le même esprit que celle de 1963, 1976, 1989, 1996. Ce sont les experts qui rédigent. C’est l’exécutif qui tranche. Le peuple ne parait qu’à la fin du processus pour la ratification. D’où l question : est-ce que les hommes de novembre 1954 se sont battus pour instaurer un tel régime? Si le régime le pense vraiment, c’est qu’il ne comprend rien à l’esprit de novembre1954.   

 

  

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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 19:51

Le lâche assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire et de géographie, est un acte barbare où son auteur ne pouvait se prévaloir de l’appartenance à la civilisation humaine. Ainsi, au-delà de sa nationalité, de son « appartenance religieuse », ce qui caractérise son acte –comme le sont tous les attentats terroristes –, c’est l’absence de tout humanisme. En effet, pour achever une personne de cette façon, l’auteur de l’acte terroriste a dû rompre tous les liens avec la communauté humaine.

Cela dit, cette présentation ne doit pas absoudre le courant politico-religieux qui sert de catalyseur. Définissant cette idéologie, Tahar Khelfoune, professeur de droit à l’université de Lyon, écrit ; « L’islamisme est une idéologie de contrôle politique, social et de censure de la pensée pour ne laisser libre cours qu’à l’ordre religieux afin d’asservir les sociétés. » Quoi qu’il en soit, tant que ce courant de pensée reste dans le cadre humain, les dégâts sont moins importants. Ce qui n’est pas le cas le vendredi 16 octobre 2020 quand Samuel Paty a été sauvagement assassiné.

Il est donc évident que Samuel Paty a été victime de la déviation de cette idéologie. Car, même si le travail de l’enseignant pouvait être contesté –en plus, il n’a accompli que son devoir en toute liberté –, il n’appartiendrait pas à un être humain, normalement constitué, de juger de mettre fin à vie de la personne mise en cause. Sans être un spécialiste des religions, il n’y a aucune religion qui octroie aux individus le droit d’ôter la vie pour des différends idéologiques, politiques ou autres.

Toutefois, malgré la responsabilité des courants idéologiques, ces monstres n’attendent nullement un mandat pour agir. D’ailleurs, si les religions pouvaient choisir leurs représentants, ces monstres seraient les derniers sur la liste. Malheureusement, ce sont ces personnes qui occupent l’espace.

Néanmoins, même si le cas de Samuel Paty est douloureux, la plupart de leurs victimes sont avant tout musulmanes. Et quand ces dernières ne le sont pas directement atteintes dans leur chair, elles sont pointées du doigt. Dans la plupart des émissions après chaque attentat, les commentateurs estiment que les musulmans ne dénoncent pas assez les attentats. Pour eux, les condamnations individuelles ne suffisent pas. Or, pour la plupart, ils mènent une vie discrète. Et surtout, ils ne cherchent à être représentés par personne. Et encore moins par les égorgeurs.

Mais, admettons que les musulmans doivent faire quelque chose collectivement. Quel sera l’émetteur de l’appel ? Dans une République comme celle de la France, la seule autorité à qui il faut répondre, ce sont les lois de la République. C’est peut-être à cause de ça qu’il n’y a pas de réaction communautaire. Sinon, individuellement, le cœur est avec toutes les victimes de ces barbares sans foi ni loi.     

  

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18 octobre 2020 7 18 /10 /octobre /2020 19:38

Dans une contribution mêlant l’expérience historique et les défis du moment, Sadek Hadjeres donne une leçon magistrale aux usurpateurs du pouvoir. Pour lui, les issabates ne sévissent pas depuis les 20 dernières années. Profitant de la faiblesse d’un peuple exsangue par sept ans et demi d’une guerre impitoyable, un pouvoir militaire s’est imposé contre sa volonté. Peu à peu, et de déviation en déviation, le régime s’est transformé en une mafia coupée de tout lien avec le peuple.

Bien que l’équipe dirigeante actuelle parle d’une nouvelle Algérie, dans la réalité, elle n’est que la suite des équipes précédentes. D’ailleurs, dans l’équipe actuelle, plus de 90% ont servi aveuglément Bouteflika. En tout cas, leur point commun à tous est l’exploitation de l’histoire en vue de se maintenir ad vitam ad aeternam au pouvoir.

Cela dit, si les anciens chefs de l’État pouvaient se prévaloir d’une participation à la guerre d’Algérie –membre de l’EMG, Bouteflika n’a mis les pieds en Algérie qu’en 1962 pour la prise du pouvoir –, il n’en est pas de même de Tebboune. Pour créer un lien avec la révolution de novembre 1954, il convoque le corps électoral pour le 1er novembre 2020. Pour Sadek Hadjeres, c’est une conspiration ourdie « afin de travestir grossièrement le premier novembre officiel. »

En tout état de cause, ce spectacle serait destiné, selon Sadek Hadjeres, à satisfaire les appétits des prédateurs internationaux. Pour étayer cette thèse, il cite la double visite des responsables de l’armée américaine et « le forcing des autorités françaises. » La visite de Jean Yves Le Drain est intervenue après la publication de sa sublime contribution. Il ne s’agit donc pas d’un oubli. Leur but est clair : entrainer l’ANP dans les conflits impérialistes.

Jusque-là, les différentes équipes dirigeantes pouvaient agir sans risquer la moindre contestation. Cela dit, par devoir d’honnêteté, aucun d’eux n’a osé exposer la vie des soldats algériens à des dangers extérieurs. Or, depuis le 22 février 2019, la donne politique a changé. Les Algériens veulent se soustraire d’une dictature qui place les intérêts occultes au-dessus des intérêts de la nation.

Malheureusement, en ne tenant pas compte de l’avis des citoyens, le régime persévère dans ses errements. En faisant abstraction des  doléances du peuple, il renvoie l’espoir du changement aux calendes grecques. En attendant, le peuple algérien résiste comme il peut. Malgré un relâchement dû à la répression féroce, la flamme est toujours maintenue. En plus, les raisons de la colère sont toujours là. « Qui acceptera de sacrifier la vie de nos djounoud, de leurs officiers, patriotes et intègres pour complaire aux puissances impérialistes », s’interroge Sadek Hadjeres. Il appartient au hirak de répondre à cette interrogation.

Enfin, il va de soi que le risque majeur pour la nation est de se retirer du champ politique. De son côté, si le régime croit une seconde que le peuple est le détenteur de la souveraineté, il devra sauter tous les verrous pour que tout le monde puisse s’exprimer. Car, la souveraineté ne se limite pas à donner le droit de vote, mais c’est d’être à l’écoute des préoccupations du peuple algérien.  

   

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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 20:30

La radicalisation du régime à l’approche du référendum constitutionnel révèle sa vraie nature et démontre son manque de confiance. Bien entendu, pour mener la répression, il accuse les animateurs du hirak de dévier le mouvement du 22 février 2019 de sa trajectoire initiale. Or, dès le départ, la grande majorité du peuple algérien a réclamé la mise en œuvre des articles 7 et 8 de la constitution. Pour concrétiser le projet de la nouvelle Algérie, le hirak a ajouté une condition : le départ de toutes les têtes d’affiche du régime. C’est cela l’esprit du hirak originel. Et à la veille du référendum, cette revendication phare demeure toujours d’actualité.

Cependant, bien que le régime ait fait semblant de comprendre, dans le premier temps, les revendications du hirak, il n’en reste pas moins que ses réponses ne correspondaient pas aux doléances. Ainsi, le 2 avril 2019, le haut commandement militaire a appliqué l’article 102 de la constitution au lieu des articles 7 et 8. Même si les Algériens ont applaudi le départ de Bouteflika, dans le fond, cette approche s’apparentait à un coup d’État déguisé. Car, cet article devait s’appliquer en 2013 quand le chef de l’État a été victime d’un AVC.

En tout cas, sans vouloir assumer la politique répressive, le haut commandement militaire n’avait pas non plus l’intention d’accompagner le peuple algérien dans sa quête de reprendre les rênes du pouvoir. Et s’il y avait un accompagnement, c’était juste dans les discours. Dans la réalité, comme l’écrit Ali Bensaad, dans sa dernière contribution, « cette radicalisation sécuritaire a été la seule option de l’armée aux premiers jours du hirak. Il n’y a jamais eu la moindre velléité de dialogue de la part de l’armée pas même dans l’affichage. » Et si le régime ne voulait pas se lancer dans le bras de fer, c’est parce qu’il peaufinait le plan de la désignation de la nouvelle direction du pays.

Du coup, sans risque de se tromper, on peut dire que le régime n’a reculé que pour mieux sauter. Après le 12 décembre 2019, le régime a pensé avoir résolu la crise politique. Bien qu’aux yeux des Algériens les mêmes problématiques se posent, pour le régime, il faudrait vite tourner la page du hirak. Aidé par la pandémie mondiale, le régime a repris et reprend peu à peu le contrôle total de la rue.

Pour discréditer les animateurs du hirak qui veulent entretenir la flamme, Tebboune leur apporte une double réponse. Sur le plan médiatique, il considère que le hirak originel est terminé après son élection. Du coup, tous ceux qui sortent après sa désignation veulent juste déstabiliser l’Algérie. Sur le plan sécuritaire, le régime renoue avec sa politique de prédilection qui consiste à quadriller toutes les villes. Et à un degré plus la capitale.

Hélas, cette mainmise totale sur le pays est présentée comme un nouveau projet généreux pour l’Algérie. Dans les faits, il n’y a aucun indice qui permet d’étayer cette thèse. D’ailleurs, est-ce raisonnable qu’un homme qui se présente comme le sauveur ne fasse aucun mea-culpa d’une carrière de 55 ans au sein du même régime ? En tout cas, les grands pays n’ont pas besoin de messie, mais ils bâtissent leurs pays en s’appuyant sur toutes les compétences. En Algérie, tous les choix, depuis 1962, sont faits par le régime : la rédaction de la constitution, l’accès aux médias, les choix économiques, la liberté sélective, etc. En un mot : rien n’a changé depuis 1962.    

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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 16:23

Le 86eme vendredi du hirak est marqué par une violence inouïe du régime. Pour lui, le sujet du moment n’est autre que la constitution. Et pour avoir le droit à la parole, il faudrait être sur la même longueur d’onde. En d’autres termes, il faudrait dire au régime : tu es génial et tu as toute notre confiance. En tout cas, c’est la République dont rêvent Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chengriha.

De toute évidence, cette nouvelle Algérie –version du régime –ne laisse aucune place aux détracteurs. Bien que le discours officiel invoque des nouvelles libertés dans le cadre de la constitution 2020, le citoyen n’a aucun moyen, sur le terrain, d’exprimer une opinion contraire. Pour le régime de Tebboune, il faudrait attendre le 1er novembre 2020 pour glisser un bulletin dans l’urne.

Mais, avant cette date, seuls ceux qui soutiennent sans vergogne son projet ont le droit de parler. On les voit à la télévision, dans les meetings des partis de l’alliance présidentielle –les autres n’ont même pas le droit de tenir des réunions organiques – pour nous ressasser les mêmes arguments.

Pour les détracteurs, le régime leur réserve les arrestations, les intimidations, la violence, etc. Il n’y a qu’à voir le climat dans lequel s’est déroulé le 86eme vendredi à Alger. La présence policière a été telle que les témoignages faisaient état de l’impossibilité ne serait-ce que de prendre un café tranquillement. Dans ce cas, le citoyen ne peut que se préoccuper de sa sécurité. Et si les Algériens ne sortent pas massivement, c’est parce que le régime a repris, par la seule violence, le contrôle de la rue.

Cela dit, le peuple algérien ne découvre pas cette stratégie. À partir du moment où le régime était arrivé au pouvoir en 1962 par un coup d’État et s’est maintenu ensuite par les différents coups de force, il est évident que toutes ses réponses ne peuvent échapper à la logique de la violence. Et quand le 22 février 2019, le peuple algérien s’est soulevé, les mêmes conditions sécuritaires étaient présentes, telle une épée de Damoclès. En s’engageant sur cette voie risquée, plusieurs compatriotes sont pris en otage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces prisonniers représentent une dette d’honneur. Et chaque personne qui a participé, depuis février 2019, aux manifestations devrait se sentir responsable du sort de ces prisonniers.

Enfin, sans parler du calendrier du régime, la question qui mérite d’être posée est la suivante : est-ce que le hirak va reprendre la contestation comme en février 2019 ? Dans le cas où la rue ne retrouve pas le niveau de contestation d’antan, chacun doit être conscient que son abandon serait payé chèrement par les prisonniers politiques.

D’ailleurs, même dans le cas où le hirak devrait s’arrêter, il faudrait mener une négociation en vue de la libération des détenus politiques. Ensuite, il faudrait peut-être demander pardon au pays qui a cru un moment donné que ses fils étaient capables de le libérer de la dictature. Car, son échec serait interprété comme une aide à un clan pour se débarrasser de l’autre clan. Or, les 1’Algériens ne sont pas là pour faciliter la victoire d’un clan sur un autre. Le but est de reprendre le contrôle des rênes du pouvoir comme c’est le cas dans la plupart des pays de la planète.

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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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