23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 23:15
La démarche du FFS : Le tout est de pouvoir oser le changement.

A chaque moment décisif de l’histoire postindépendance de notre pays, le FFS a toujours assumé pleinement son rôle. Bien que ces adversaires dénoncent un reniement imaginaire –quoi que le FFS entreprenne, ce n’est jamais bon –, il n’en reste pas moins que les choix du parti sont conformes à l’éthique, à l’esprit républicain et aux principes qui ont présidé à sa création.

Pour corroborer cette thèse, il suffit de rappeler la main-tendue de Hocine Ait Ahmed au régime, lors de sa conférence de presse du 10 juillet 1963 à Ain El Hammam, pour qu’il ne prive pas l’Assemblée nationale constituante de sa mission. Et si le duo Ben Bella-Boumediene l’avait écouté, l’Algérie n’aurait pas vécu des moments dramatiques. Du coup, ceux qui reprochent au FFS sa disponibilité au dialogue ne connaissent rien à sa philosophie. A-vrai-dire, ceux qui accusent le FFS de reniement doivent corriger les parcours chaotiques de leurs partis respectifs.

Cela dit, quand un parti veut aller de l’avant, il ne doit pas tenir compte de certains commentaires émis par des journalistes-militants. Dans sa logique de quête d’une solution politique et pacifique à la crise algérienne, l’apport du FFS est inéluctable. Que ce soit à Tipaza ou au siège de la présidence, le FFS, fidèle aux principes qui ont forgé sa ligne, défend, sans fard ni acrimonie, sa vision. Ainsi, le 10 juin dernier, Ahmed Betatche indique clairement que la véritable solution réside dans un dialogue réunissant l’opposition, la société civile et le pouvoir.

Encore une fois, pour étayer le bien-fondé de cette démarche, le premier secrétaire du FFS rappelle que toutes les initiatives où une partie a été exclue du dialogue ont malheureusement toutes échoué. Faut-il préciser aussi que celles-ci n’ont pas abouti, notamment celle de Sant Egidio, à cause de l’entêtement du pouvoir à ne pas lâcher les rênes du pouvoir. Or, depuis les révolutions nord-africaines, le régime appelle lui aussi au dialogue. En l’état actuel des choses, il est évident que cela reste insuffisant pour que la relation de confiance s’installe entre le pouvoir et l’opposition.

Mais, si le pouvoir veut dialoguer, pourquoi la classe politique ne saisira-t-elle pas cette occasion pour rappeler, les yeux dans les yeux, le tort que le régime a fait à ce pays ? En tout cas, du côté du FFS, le dialogue ne lui a jamais fait peur. « La volonté de dialogue qui a toujours animé notre parti et notre Président Hocine Ait Ahmed depuis la création du FFS en 1963, avec à son actif plusieurs initiatives depuis lors en direction des décideurs pour engager des discussions pour une sortie de crise », lit-on dans la déclaration du FFS du 17 juin 2014.

Par ailleurs, pour qu’il n’y ait pas de malentendu, la délégation du FFS, qui a remis, le 17 juin 2014, la déclaration au chef de cabinet de la présidence de la République, rappelle que cette présence n’est en aucun cas une caution au projet de la révision de la constitution. Pour les membres de la délégation, cette présence est une nécessité –un devoir patriotique, pour reprendre les termes de la déclaration –en vue de soulever les dangers guettant notre pays. Sans être pessimiste, force est de reconnaitre que ceux-ci se multiplient à foison.

Toutefois, en se refusant à commenter les propositions de telle ou telle loi, le FFS préconise la voie idoine pour rassembler tous les Algériens. En guise de bonne foi, les membres de la délégation du FFS exhortent le régime à ne pas avoir peur du changement. «Il ne se fera pas contre vous, mais avec vous », disent-ils. En effet, la solution à laquelle appelle le FFS ne se fera pas en faisant tomber des têtes, mais en rassemblant les Algériens autour d’une dynamique consensuelle.

Pour conclure, il va de soi que la politique d’exclusion, que le régime a pratiqué depuis le recouvrement de l’indépendance, n’a apporté que des malheurs pour notre pays. C’est en tirant justement les leçons de ces expériences passées que le FFS se propose de jouer un rôle médiateur entre les différents segments de la société en vue de rapprocher les vues. Celui-ci consiste in fine à « créer collectivement le cadre et le climat de confiance entre les différentes parties pour des échanges sereins et fructueux sur les voies et moyens de réaliser un large consensus national pour ouvrir des perspectives nouvelles au pays. » Le tout est de pouvoir oser le changement.

Ait Benali Boubekeur

19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 17:57
Pourquoi une certaine presse fait-elle du FFS un adversaire ?

Entre le FFS et la presse algérienne, la relation n'a jamais été au beau fixe. En plus, l'animosité de celle-ci envers celui-là ne risque pas de connaître son épilogue de sitôt. En fait, depuis le refus du chef historique, Hocine Ait Ahmed, de cautionner le coup d'Etat de janvier 1992, le FFS est la cible de la presse « dite libre ». Et pourtant, si Hocine Ait Ahmed avait assumé les responsabilités suprêmes, la presse aurait été plus libre et plus autonome. Hélas, sous la dictature, des hommes de cette envergure n'ont pas la possibilité d'accéder aux commandes de l’État.

Cependant, bien que la situation de la presse ne soit plus celle du début des années 1990, il n'en demeure pas moins qu'elle garde une rancune particulière envers le FFS. Ainsi, aucune initiative ni aucune prise de position politique du parti n'ont le mérite d'être mentionnées dans ses colonnes. En revanche, dès que la proposition est reprise par les autres partis, la presse s'empresse de la relayer en la présentant comme la panacée.

Cela dit, qu'elle soutienne une option politique, ce rôle ne choque guère personne en Algérie. A-vrai-dire, cela fait des années que les Algériens ne croient plus au professionnalisme de la presse. Ils connaissent tellement son histoire pour ne pas la juger. Surtout ils savent que la mise sous tutelle de la presse a été orchestrée par le régime pour étouffer toute voix discordante. De la même manière, ils ne condamnent pas les responsables de journaux pour avoir troqué leur liberté contre la garantie de la survie de leurs titres. D'ailleurs, les titres récalcitrants n’ont-ils pas payé un prix très fort en disparaissant des étalages. Quant aux autres, de surcroît donneurs de leçons, ils se sont évidemment pliés au chantage des autorités.

Naturellement, tous les acteurs politiques qui ont dénoncé le coup de force de janvier 1992 sont systématiquement souillés par cette presse. De la même façon, leurs initiatives sont également discréditées. Pour corroborer cette thèse, rappelons-nous des articles au vitriol à l'encontre des participants au contrat de Rome. Bien que la plateforme élaborée à Sant Egidio condamne, sans fard ni acrimonie, l'accès au pouvoir ou le maintien aux responsabilités par la violence, la presse algérienne –à l'époque une succursale du ministère de l'information pour ne pas dire autre chose –engage une campagne d'une violence inouïe envers les auteurs de ces propositions.

Toutefois, malgré les années qui nous séparent de ces événements, son aversion à l'égard du FFS ne change pas. Ainsi, depuis janvier 1992, aucune initiative du FFS n'est vue d'un bon œil. Et quand elle lui arrive de parler du FFS, elle approche plus souvent des ex-militants pour recueillir leurs avis. En 2012 par exemple, alors que le FFS a décidé de participer aux élections législatives au-delà des considérations partisanes, la presse ouvrait plus ses colonnes aux anciens militants, devenus entre temps ses adversaires les plus zélés, pour parler du FFS. Après les élections, tous les meetings des frondeurs sont automatiquement couverts, même si des fois il s'agissait de réunions sans importance.

Enfin, malgré le retrait de Hocine Ait Ahmed de la vie politique, la presse ne pardonne pas au FFS sa dénonciation du coup d’Etat de janvier 1992. Sinon, comment expliquer qu’en l’espace d’une année la proposition de créer les conditions d’un consensus national a été à peine mentionnée, alors qu’aujourd’hui la même proposition est présentée comme étant l’unique solution ? Et pourtant, depuis la tenue du 5eme congrès et avant même que le pouvoir envisage de reconduire l’actuel chef de l’Etat, le FFS ne cessait pas d’appeler au rassemblement en vue de parvenir à un consensus politique national. Or, il y a une année, la presse présentait cette proposition au mieux comme une politique de fuite en avant du FFS et au pire comme un éventuel deal entre le pouvoir et le FFS. Enfin, au lieu de saluer la participation du FFS à la conférence de la CNLTD, le journal El Watan qualifie honteusement cette participation de simple « caution ».

Pour conclure, il va de soi que les propriétaires de journaux sont libres de dénigrer les activités d’un parti et de mettre en valeur celles des autres. A la limite, pourrait-on dire, c’est de bonne guerre. Mais, qu’ils ne prétendent pas qu’ils obéissent aux règles de déontologie. Quant au FFS, son combat n’est pas déterminé selon les attentes du régime et d’une presse hostile. En condamnant la violence d’où qu’elle vienne et en cherchant un rassemblement de tous les Algériens sans exclure aucune partie, sa voie a été déjà choisie du temps où Hocine Ait Ahmed dirigeait le parti. Et les Algériens épris de justice lui reconnaissent cette valeur.

Ait Benali Boubekeur

14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 06:41
Les arguments d’Ahmed Betatache lors de la rencontre de la CNTLD.

Depuis la création du FFS, le parti ne repousse aucune invitation visant à rassembler les Algériens. Cela dit, il existe des initiatives qui ne sont que des trompes l'œil. Celles-ci sont généralement entreprises par le régime pour soigner son image. De l'avis des dirigeants du FFS, il n'en est pas de même de la conférence nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). Le seul bémol réside probablement dans la démarche. En fait, alors que le FFS prône une solution associant l'opposition, le pouvoir et la société civile, la CNLTD entendrait réaliser le changement sans associer le pouvoir.

Toutefois, pour qu'il n'y ait aucun malentendu, faut-il rappeler que s'il y a un parti qui lutte depuis 51 ans pour le départ du régime, c'est bien le FFS. Bien que ses positions soient incomprises, le FFS essaie toujours de soulever sans ambages le fond du problème. Et c'est la raison pour laquelle la délégation du FFS s'est rendue à Zeralda pour exposer son point de vue. En tout état de cause, tout en expliquant que le FFS est prêt à travailler avec toutes les forces politiques nationales, le premier secrétaire du FFS, Ahmed Betatache, indique que la démarche de la CNLTD ressemble à des initiatives qui ont été entreprises dans le passé sans qu'elles aboutissent malheureusement. Pour éviter à l’Algérie une perte de temps précieuse, il faudrait logiquement tirer les enseignements de ce qui n’a pas marché.

Dans sa déclaration, le premier secrétaire du FFS insiste d'emblée sur la devise du parti depuis des lustres : le dialogue entre tous les Algériens. En effet, depuis le coup de force de janvier 1992 –hélas, plusieurs acteurs présents dans l'hôtel Mazafran ont soutenu le coup d'Etat, voire manœuvré en coulisse pour hâter son accomplissement –, le FFS fait du dialogue son cheval de bataille, et ce, en vue de sortir l'Algérie de la crise. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celle-ci a tiré et tire encore le pays vers le bas.

Par ailleurs, la participation de la délégation du FFS à la conférence de la CNLTD s'inscrit, selon Ahmed Betatache, dans la poursuite des objectifs entérinés par le FFS lors de son 5eme congrès de mai 2013. Pour rappel, avant même que les acteurs politiques aient envisagé comment aborder le rendez-vous électoral d'avril 2014, le FFS a préconisé le rassemblement des forces vives de la nation en vue de parvenir à un consensus politique. Lequel consensus aurait pu éviter à l'Algérie un énième passage en force du régime en imposant un candidat malade à la tête de l'Etat.

Néanmoins, bien que le changement soit inéluctable, le consensus, selon Ahmed Betatache, doit se faire sans exclusion. Et si l'opposition est en mesure de réunir une telle dynamique, il ne faudra pas qu'elle reproduise les erreurs commises par le pouvoir. De toute évidence, l'histoire nous a enseigné que lorsqu'une partie est exclue, les chances d'aboutir à un changement sans heurts s'éloignent. Pour étayer cette thèse, on peut citer les propositions contenues dans la plateforme de Sant Egidio. En effet, bien que tous les acteurs admettent en aparté que la violence doit être bannie de la compétition politique ou pour se maintenir au pouvoir, il n'en reste pas moins que le rejet de la plateforme dans le fond et dans la forme par le régime n'a pas permis la mise en œuvre de ces propositions. Cela dit, pour que les choses soient claires, le régime, à l’époque, a toujours eu peur de ce genre d'initiatives. Du coup, la responsabilité de l’échec de cette initiative incombe au pouvoir.

Pour toutes ces raisons, le changement effectif nécessite la conjugaison des efforts de toutes les parties. Et à chaque fois qu'une partie est mise à l'écart, c'est le régime qui s'en sort plus fort. Or, l'Algérie a besoin d'un véritable renouveau. Grâce à l’engagement des bonnes volontés, ce changement se fera surtout sans violence. Enfin, pour clore sa déclaration, Ahmed Betatche appelle à la concrétisation du consensus politique. Pour lui, les pays qui sont parvenus à des changements pacifiques, ce sont des pays où tous les acteurs politiques sont associés. Sans vouloir copier un quelconque modèle, l'Algérie pourra au moins s'en inspirer.

Ait Benali Boubekeur

9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 10:23
Pour que le changement ne repose pas sur les sables mouvants.

Dans les relations humaines, la confiance se gagne. En politique, celle-ci obéit à la même règle. Bien qu’elle puisse fluctuer, dans les grands pays, la communication entre les gouvernés et les gouvernants permet de maintenir ce lien. En Algérie, force est de reconnaitre que la crise de confiance remonte à des lustres. Et ce ne sont pas les pseudos consultations, initiées par Ahmed Ouyahia, qui vont la rétablir.

Dans ces conditions, il est difficile d’envisager un engouement des citoyens en vue de soutenir l’œuvre du pouvoir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est ce scepticisme est justifié. En effet, comment peut-on accorder la moindre crédibilité aux dirigeants inamovibles dont les efforts ne tendent qu’à pérenniser leur emprise ? En effet, depuis 1962, les différentes constitutions du pays sont faites pour consolider le pouvoir. D’ailleurs, on parle volontiers de « fait de prince ». La démarche actuelle du régime étaie, si besoin se fait sentir, cette thèse. Le texte fondamental a été élaboré par des experts, et ce, loin de toute implication du peuple.

Cependant, bien que les deux parties doivent parvenir tôt ou tard à une solution politique consensuelle en vue d’écarter les scénarios malheureux, il n’en reste pas moins que l’exclusion du peuple de ses affaires retarde l’échéance. Faisant semblant de servir les intérêts du peuple, en réalité, le régime pense avant tout aux siens. Sinon, comment expliquer le fait qu’à 80 ans les dirigeants algériens ne veulent pas prendre leur retraite ? De la même manière, malgré le fort taux d’abstention à l’élection présidentielle d’avril dernier, les décideurs ne cherchent même pas à décoder le message qui leur est adressé.

Cela dit, ce n’est pas la première fois que le peuple désavoue le régime. Hélas, à chaque fois, la réponse est la même. Le même scénario se répète aussi. Ainsi, à chaque fois que le régime est en difficulté, il s’appuie sur ses relais. A titre d’exemple, certains « démocrates » n’ont-ils pas constitué des milices pour défendre le régime ? Or, malgré les vicissitudes et les coups encaissés, s’il y a un seul parti qui garde la même cohérence, c’est évidemment le FFS. Après avoir œuvré pour l’édification d’un Etat républicain et social –un système qui ne peut se réaliser ni sous la dictature militaire ni sous le régime théocratique –, il poursuit, 25 ans après sa reconnaissance, la même mission. Laquelle mission doit être évidemment précédée par la concrétisation d’un consensus politique national. Enfin, cette voie devra aboutir à la restitution des rênes du pouvoir au peuple algérien, une condition sine qua none pour que le peuple puisse exercer pleinement ses droits. Pour cela, la seule réforme urgente est celle qui consiste à rétablir la confiance entre les Algériens.

Pour conclure, il va de soi que l’Algérie a besoin d’être reformée de fond en comble. Pour y parvenir, le régime doit abandonner l’idée de se maintenir au pouvoir coûte que coûte. L’histoire a montré que le pouvoir personnel a conduit des peuples à des épreuves malheureuses. L’Algérie n’a-t-elle pas payé un lourd tribut dans les années 1990 ? Quant au peuple algérien, il doit s’investir –le changement ne peut pas être l’affaire d’un parti ou d’un groupe quelconque –pacifiquement pour reprendre sa souveraineté malmenée depuis 1962. C’est à ces deux conditions in fine que l’Algérie parviendra au changement réel.

Ait Benali Boubekeur

6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 22:20
Égypte : la victoire d’Al Sissi peut-elle combler son déficit de légitimité.

Dans les pays de l’Afrique du nord, les élections se suivent, mais elles n’apportent aucun changement. On peut même se demander s’il n’y a pas une espèce de malédiction qui frappe ces pays. Ainsi, à l’exception de la Tunisie, dont le processus n’est pas encore achevé, les autres pays vivent sous les régimes autoritaires. Bien que l’Égypte ait failli échapper à ce sortilège en chassant Moubarak du pouvoir en 2011, les militaires égyptiens –comme ce fut le cas en Algérie en 1992 –ont refermé cette parenthèse démocratique depuis le coup d’Etat du 3 juillet 2013. Dans ces conditions, que peuvent représenter des élections organisées par les auteurs du putsch contre le président légitime, Mohamed Morsi ?

De toute évidence, en dépit d’un score brejnévien –96% de suffrages exprimés « en faveur » du maréchal Al Sissi –, force est de reconnaitre que les Égyptiens ont tourné le dos à cette supercherie électorale. En effet, le fort taux d’abstention indique le fossé séparant les putschistes de la population. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la cassure devient de plus en plus béante. Et pour cause ! Les dirigeants militaires ont mis en sourdine l’activité politique depuis juillet 2013.

Cependant, pour étouffer toute voix discordante, les nouvelles autorités mènent une politique répressive dépassant de loin celle qui a été mise en place sous Moubarak. « Depuis le 3 juillet, plus de 1400 manifestants pro-Morsi ont péri sous les balles des policiers et soldats, plus de 15000 Frères musulmans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort lors des procès de masse expédiés en quelques minutes », écrit Alain Gresh dans un article au « Monde Diplomatique ».

D’une façon générale, bien que le pouvoir sous Morsi ne soit pas forcément un modèle à louer, il n’en demeure pas moins que sa victoire était avant tout le triomphe de la démocratie. Car, au second tour du scrutin présidentiel du 24 juin 2012, 52% des électeurs se sont déplacés aux bureaux de vote afin, rappelons-nous, de choisir entre le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, et le candidat de l’armée, Ahmed Chafik.

Toutefois, n’ayant qu’une majorité relative (les Frères musulmans n’ont recueilli que 47% lors des élections législatives de janvier 2012), il est normal que l’opposition réprouve les orientations politiques préconisées par la majorité parlementaire. A la limite, cette opposition est uniment dans son rôle. Et pour peu que la contestation se fasse dans le cadre constitutionnel, la moindre entrave à son action pourrait être interprétée comme un abus de pouvoir.

Hélas, pour sauver des intérêts occultes –les Algériens en savent quelque chose –, le haut commandement militaire profite de la mobilisation de la jeunesse égyptienne pour mettre un terme au processus démocratique. En tout cas, malgré les tentatives des Frères musulmans d’imposer leur propre vision, ce coup d’Etat contre le seul président élu démocratiquement marque la fin de la révolution du 25 janvier 2011.

Du coup, comme dans tous les systèmes répressifs, l’armée concentre entre ses mains les pleins pouvoirs. Selon Alain Gresh, « le renversement de Morsi n’a pas élargi le pluralisme des médias en Égypte. Au contraire, une demi-douzaine de chaines a été interdite, des journalistes arrêtés, les médias étrangers dénoncés avec les mêmes accents que la presse officielle. » En tout cas, c’est dans ce contexte délétère que le maréchal Al Sissi annonce sa candidature, le 31 mars dernier, pour le scrutin présidentiel prévu les 27 et 28 mai 2014. Comme pour le candidat du régime algérien, le maréchal Al Sissi justifie sa candidature en répondant aux appels incessants du peuple. Comme en Algérie, le seul enjeu de l’élection se résume au taux de participation.

Quoi qu’il en soit, malgré un discours nationaliste axé principalement sur la protection des Égyptiens contre le terrorisme, le peuple égyptien ne suit pas le maréchal dans son délire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette attitude agace les partisans du régime. Certains vont jusqu’à traiter les abstentionnistes de « traitres ». Car, après deux jours de vote, le taux de participation ne dépasse guère les 37%. Pour, soi-disant, permettre au plus grand nombre d’électeurs de prendre part au scrutin, les autorités prolongent l’opération de vote d’une journée.

Cette disposition est évidemment illégale. Les Égyptiens, qui refusent de courber l’échine, la condamnent sans ambages. En effet, sur le plan juridique, les opposants à cette mascarade évoquent la contradiction de cette prorogation avec « l’article 10 de la loi sur l’élection présidentielle ». En fin de compte, bien que le taux de participation ne dépasse pas celui qui a permis la victoire de Mohamed Morsi le 24 juin 2012, le nouveau chef de l’Etat égyptien peut se consoler d’avoir réuni 23 millions d’électeurs sur 59 millions inscrits. Dans ce cas, peut-il gouverner avec une minorité quand lui-même a déposé Mohamed Morsi au motif qu’il s’appuyait sur ses partisans pour gouverner? En réalité, la minorité du maréchal vaut plus que toutes les majorités dans la mesure où il a une armée qui le soutient. Du coup, la différence entre les deux hommes réside dans la possession de la puissance de feu.

En somme, il est clair que la joute présidentielle n’a pas pour but de consolider l’assise démocratique en Égypte. Malgré le désaveu, le nouveau régime va revenir sur tous les acquis de la révolution du 25 janvier 2011. Est-ce que les Égyptiens acceptent-ils que leurs sacrifices soient balayés d’un revers de la main ? Comme en juin 2013, est ce qu’ils vont demander le départ du nouveau régime si les résultats économiques sont en deçà des attentes ? Enfin, quelle que soit l’ampleur de la contestation, il sera difficile de faire partir le maréchal.

Ait Benali Boubekeur

3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 22:22
La révision constitutionnelle : Le problème est aussi dans la méthode.

En maintenant le calendrier des consultations, le pouvoir semble se résoudre à l’irréversibilité de son option. Bien que des diverses voix soulèvent l’incohérence de la démarche, il n’en reste pas moins que le régime –fidèle à ses réflexes autoritaires –tente encore une fois le passage en force. Dans ce cas, peut-on parler d’une constitution consensuelle quand les règles du jeu sont fixées par une partie, en l’occurrence le pouvoir ? Hélas, habitué à imposer sa vision de façon unilatérale, le pouvoir recourt à des fausses solutions en engageant des consultations formelles.

De toute évidence, la solution à la crise politique, dont les origines remontent au coup de force de l’été 1962, ne peut se limiter à une simple consultation voire à un changement de tel ou tel article de la constitution. A ce titre, faut-il rappeler qu’à cinq reprises, le texte fondamental a été remanié sans que la crise ne connaisse son épilogue. A chaque fois, le chef de l’Etat en exercice la façonne selon ses convenances. Et le moins que l’on puisse dire, c’est en 52 ans la méthode a peu varié. Comme d’habitude, on fait appel à une équipe d’experts pour réfléchir à la place du peuple.

En tout état de cause, la dernière commission, à la tête de laquelle se trouve Ahmed Ouyahia, ne déroge pas la règle. En guise de bonne foi, il invite 150 personnalités. Or, dans les pays où les dirigeants respectent leurs concitoyens, ces personnalités ne sont autres que leurs représentants. Cette commission peut s’appeler alors « Assemblée nationale constituante ». D’ailleurs, c’est pour éviter ce genre de crise que le FFS a appelé dès 1989 à l’élection d’une Assemblée nationale constituante. Malheureusement, cette proposition a été combattue par le régime et ses alliés. Aidé par une presse aux ordres, on a fait passer Hocine Ait Ahmed pour un perturbateur. Force est de reconnaitre que cette proposition est toujours d’actualité.

En tout cas, aidé par une presse obéissante, où Ahmed Ouyahia est présenté comme « un serviteur de la République », et une clientèle bruyante, le pouvoir se permet même de donner des leçons de patriotisme.. En avril dernier, ils ont réussi à « réélire » un homme malade à la tête de l’Etat, c’est comme si le sort de l’Algérie dépendait de lui.

Pour toutes ces raisons, le peuple algérien doit s’approprier son destin. Il doit à tout prix reprendre les rênes du pouvoir. Pour ce faire, il peut s’appuyer sur les bonnes volontés. A ce propos, les propositions du FFS constituent un cadre idoine pour parvenir au changement tant rêvé. En appelant à une solution politique consensuelle, la démarche du FFS permettra de réunir les conditions du passage à une seconde République à travers l’élaboration d’une constitution consensuelle.

En somme, la crise politique algérienne ne peut être résolue que lorsque l’on considère la crise en tant que telle. Toute fausse solution ne fera que retarder la mise en place des institutions républicaines irréprochables. Ce rêve a été celui des meilleurs fils de l’Algérie qui ont donné leur sang pour que l’Algérie se libère du joug colonial. Malgré un retard de 52 ans, ce rêve est plus que jamais nécessaire à concrétiser. Pour cela, il faudrait juste choisir la bonne méthode : le consensus politique national.

Ait Benali Boubekeur

29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 18:32
La dangereuse victoire du FN aux européennes.

Conçue pour écarter le spectre de la guerre et, par ricochet, rapprocher les peuples, l’union européenne (UE) est désormais submergée par les extrémistes. Bien que ces forces ne soient pas, en l’état actuel des choses, en mesure de former une majorité au parlement européen, il n’en reste pas moins que leur progression inquiète. En effet, dimanche dernier, dans plusieurs pays, l’extrême droite arrive largement en tête lors du scrutin pour le renouvellement du parlement européen. Et le plus paradoxal dans cette joute, c’est que ces partis sont choisis pour leur scepticisme voire leur rejet de l’Europe.

Cependant, si ces derniers sont affublés de partis extrémistes, force est de reconnaître que leur radicalisme varie d’un pays à un autre. Et pour cause ! Les partis scandinaves, par exemple, ne sentent nullement proches du FN (Front national), un parti fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972. Sa devise est la haine des autres. Du coup, le FN ne progresse que lorsque la France est traversée par une crise. Pour canaliser la déception des Français, il joue sans vergogne sur la peur. Ainsi, pendant la campagne électorale, à longueur de journée, l’ancien président du FN, Jean-Marie Le Pen, et l’actuelle présidente, Marine le Pen, axent leurs interventions médiatiques sur les risques qui menaceraient la France si elle ne résolvait pas le problème de l’immigration.

De toute évidence, cette peur est représentée par celle de l’étranger « bouffant » le pain des Français. Dans leur campagne de diabolisation de l’immigration, les Algériens sont évidemment leur cible favorite. Ainsi, après avoir milité au sein des groupuscules d’extrême droite ayant voulu garder vaille que vaille l’Algérie française –un projet basé sur le déni de la personnalité algérienne –, le discours de Jean-Marie Le Pen a peu évolué. Sa récente sortie médiatique sur le virus Ebola, un virus censé décimer les pauvres qui seraient tentés par l’immigration, corrobore cette thèse.

Mais, ce qui fait recette chez les Le Pen est incontestablement l’incapacité de l’Europe à protéger les Français. « Sous couvert d’un discours teinté de réalités économiques et sociales, le Front national joue de la crainte réelle du déclassement pour ajuster des boucs-émissaires. Ces étrangers, ces « mauvais Français », supposés être les acteurs de la destruction de notre modèle social », décrit Pierre-Yves Bulteau la stratégie des dirigeants du FN.

En tout cas, c’est en surfant sur cette peur et en profitant d’une conjoncture économique difficile que le FN parvient à capter les voix des Français. Ces derniers temps, ces derniers sont de plus en plus nombreux à rejeter l’Europe. Néanmoins, bien que ce vote soit un choix par dépit et non un vote d’adhésion, Marine Le Pen entend exploiter ce résultat pour peser sur le politique intérieure de la France. En effet, alors que les Français ne veulent plus de cette Europe qui écrasent les peuples, la présidente du FN réclame la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation des élections législatives anticipées.

Pour le moment, et encore pour les trois ans à venir, la France ne risque pas de tomber entre les mains des extrémistes. Mais, si rien n’est fait entre temps, le FN pourra créer la surprise en 2017. Un scenario que tout le monde craint. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une victoire du FN à une élection nationale majeure pourra isoler la France sur le plan international. Pour éviter un tel scenario, une réaction du tandem Hollande-Valls doit être à la hauteur.

En somme, il va de soi que le vote de dimanche est un vote sanction. Les Français –comme c’est le cas aussi dans de nombreux pays européens –ne veulent plus d’une Europe qui se fait au détriment des peuples. En tout cas, bien que le résultat des élections ne permette pas à l’extrême droite de s’emparer des leviers de commande, cet avertissement est à prendre au sérieux. D’autant plus que l’un des membres fondateurs de l’UE, en l’occurrence la France, sort affaiblie par cette joute. Enfin, bien que le spectre des années 1930 ne soit pas plausible, il n’en demeure pas moins que la politique d’austérité ne fera qu’augmenter le fossé séparant les peuples et les dirigeants européens. Et lorsque les peuples sont humiliés, les réactions sont parfois imprévisibles. D’où l’urgence d’agir vite en mettant au cœur du projet européen les préoccupations des peuples.

Ait Benali Boubekeur

21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 22:26
Le consensus national devrait précéder la révision constitutionnelle.

Nonobstant une médiatisation surdimensionnée, la démarche pour l’amendement de la constitution pose un problème de fond. En effet, dans les pays où le pouvoir émane réellement du peuple, un tel projet est le résultat d’un dialogue national. Lequel dialogue regroupe évidemment les potentialités nationales en vue d’élaborer ensemble une feuille de route consensuelle.

De toute évidence, bien que le pouvoir engage une soi-disant « concertation », force est de reconnaitre que cette démarche n’est ni consensuelle ni issue d’un large débat. D’ailleurs, pour le FFS, cette initiative est assimilée à un laboureur mettant la charrue avant les bœufs.

Quoi qu’il en soit, pour les dirigeants algériens, la modification du texte fondamental répond à des manœuvres politiciennes. La question de la bonne gouvernance est uniment reléguée au second plan. Pire encore, depuis le recouvrement de l’indépendance, les dirigeants excellent dans le musellement de la société.

Du coup, chaque « président » élabore sa propre constitution. D’ailleurs, les Algériens ont l’habitude d’associer le nom du chef de l’État à la période qu’il a gérée. Et pour chacun d’entre eux, l’élaboration de la constitution se fait en créant les fausses conditions de consensus.

Pour ce faire, le pouvoir invite les acteurs politiques à commenter le projet présidentiel. Si quelqu’un est d’accord, on fera alors de cet événement un moment d’union nationale. En revanche, si un parti d’opposition conteste la démarche, on mobilisera tous les moyens de l’État pour le discréditer.

Naturellement, le FFS se trouve dans la seconde catégorie. Entre le pouvoir et le FFS, l’approche, pourrait-on dire, est antinomique. D’ailleurs, intervenant en marge des travaux du forum des élus, le premier secrétaire, Ahmed Betatache, affirme que le parti milite pour « la reconstruction d’un consensus politique pour la reconstruction d’un État de droit. »

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette voie diffère foncièrement de celle du pouvoir. Ce dernier –bien qu’il rétablisse la limitation du nombre de mandats présidentiels – s’inscrit dans une approche visant la pérennisation de son emprise sur l’Algérie. Et c’est en tenant compte de ces éléments que le peuple algérien devrait jouer son rôle d’arbitre.

Bien évidemment, dans quelques semaines, la clientèle du régime va se mobiliser pour louer les avancées démocratiques en Algérie. Dans le fond, ces améliorations [la garde à vue limitée à 48 heures, la limitation du nombre de mandats présidentiels] ne sont que des concessions fragiles. Et si un jour le régime décide de les supprimer, il ne se généra pas. Dans ce domaine, les exemples se multiplient à foison. Le plus indicatif est celui de la révision de la constitution le 12 novembre 2008.

Probablement, les mêmes acteurs viendront vendre le projet contraire. Ainsi, Ahmed Ouyahia, qui a milité pour la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux en 1996, a changé facilement de fusil d’épaule en 2008 en soutenant la suppression de cette clause limitative. Aujourd’hui, il est à la tête de l’équipe qui prône le retour à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Dans quelques années, en regardant les Algériens dans les yeux, il pourra revenir avec la même détermination défendre la suppression de cette loi. Et tout ça, sans sourciller.

Pour conclure, il va de soi que la démarche du pouvoir –au-delà des maigres concessions –exclut de fait le peuple algérien. En effet, la feuille de route du régime est élaborée de façon unilatérale. Le but est d’imposer, encore une fois, sa vision. Alors que l’opposition revendique une solution politique à la crise, le régime se recroqueville sur lui-même.

Résultat des courses : malgré une richesse dont dispose le pays, force est d’admettre que l’Algérie est clouée au sol à cause de la situation de statu quo. Enfin, bien que le pays aille à vau-l’eau, le régime fait la sourde oreille. Mais cela peut-il empêcher l’opposition de créer les conditions de rassemblement de toutes les énergies ? La réponse est non. Dans ce domaine, le FFS a un rôle primordial à jouer.

Ait Benali Boubekeur

15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 17:55
Le FFS ne joue pas avec la question de changement.

Si, pour le régime, le rassemblement doit se faire inéluctablement autour du chef de l’État, ce constat n’est pas partagé par l’opposition. En fait, bien que les électeurs aient donné un signal fort en boudant les urnes le 17 avril dernier, il n’en demeure pas moins que le régime n’a pas l’intention de céder un iota de son pouvoir. Se recroquevillant sur lui-même, il tourne, encore une fois, le dos à la société. Dans ce cas, il ne faut pas être un savant pour déduire que la situation de statu quo va être maintenue en invoquant notamment l’argument de la stabilité.

Cependant, depuis quelque temps, l’opposition démocratique, à sa tête le FFS, préconise une autre voie. Celle-ci consiste évidemment à concrétiser un changement sans heurts. Bien entendu, sa priorité est de « reconstruire un consensus national », lequel consensus devrait réunir « l’opposition politique, la société et le pouvoir » en vue d’élaborer un programme de sortie de crise.

Pour cela, le FFS se donne tous les moyens et le temps nécessaire en vue de concrétiser ce projet. Quoi qu’il en soit, la tâche ne parait pas une simple sinécure. En effet, le régime et sa clientèle ne vont pas céder facilement. Et en l’état actuel des choses, il est fort possible que le gouvernement Sellal3 déploie tous ses efforts pour déjouer les plans de l’opposition. N’étant pas capable d’engager lui-même un dialogue avec les forces représentatives de la société, il va surement dépenser des sommes faramineuses pour les discréditer, dans le premier temps, et tenter d’acheter la paix sociale, dans le second temps.

De la même manière, pour tromper l’opinion, le chef de l’État fait appel à des figures de l’administration –certains qualifient l’équipe gouvernementale de groupe de technocrates –en guise d’ouverture. En réalité, ces hommes et ces femmes sont d’une fidélité indéfectible au régime. En plus, peut-on s’attendre à ce que ces nouveaux ministres aient une marge de manœuvre ? Pour ceux qui observent la scène politique nationale depuis des lustres, il est fort à parier que ces nouveaux venus soient de simples exécutants. Ainsi, malgré les promesses électorales, le début du quatrième mandat ne diffère guère des précédents.

Cela dit, bien que le régime puisse encore compter sur ses relais, l’idée du changement fait son chemin en Algérie. Et pour cause ! Même ceux qui taxaient le FFS de développer un discours maximaliste, en revendiquant notamment une autre façon de gouverner, se disent aujourd’hui partisans du changement. D’ailleurs, même l’idée d’une Assemblée nationale constituante et de l’avènement de la deuxième république ne font désormais plus peur. De la même façon, le concept de dialogue entre tous les Algériens, en vue de trouver une solution à la crise politique algérienne, est communément admis. Le temps où le FFS se battait seul sur ce sujet semble derrière nous, et ce, au grand dam des partisans du statu quo.

En somme, bien qu’aucun parti ne puisse avoir le monopole du changement, il n’en reste pas moins que la démarche du FFS présente l’avantage de la constance dans le combat. En effet, au moment où certains pensaient que le système pouvait être changé de l’intérieur ou qu’il fallait user de la violence pour s’emparer du pouvoir, le FFS, par la voix de Hocine Ait Ahmed, préconisait déjà la restitution du pouvoir au peuple, à travers l’élection de l’Assemblée nationale constituante et l’édification d’une République irréprochable. C’est cette histoire in fine qui doit peser dans le choix des acteurs politiques et de la société civile au moment où ils doivent se lancer dans la dynamique de changement.

Ait Benali Boubekeur

5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 13:21
La démarche du FFS continue à diverger avec celle du régime.

Dans une logique de pérennisation de la situation de statu quo, le régime cherche désespérément des appuis. Pour se dédouaner a posteriori, il tente alors d’attirer vers lui des partis crédibles, à l’instar du FFS. Or, bien que le FFS ait toujours défendu la stabilité de l’Algérie, force est de reconnaître que l’invitation d’Abdelmalek Sellal à rejoindre le gouvernement ne servira qu’à consolider le pouvoir inamovible.

De toute évidence, bien que le pays ait besoin d’une solution consensuelle, les tenants du régime recourent à des solutions de replâtrages, voire à des fausses solutions. Sinon, comment peut-on qualifier la démarche de Sellal visant à offrir au FFS deux portefeuilles ministériels afin qu’il applique « le programme du président » ? C’est comme si le dit programme est une panacée pour le pays.

Naturellement, la réponse de l’instance présidentielle ne se fait pas attendre et elle surtout ne souffre d’aucune ambiguïté. « La direction du parti a décliné cette proposition [rejoindre le gouvernement] au motif que la priorité du FFS est la reconstruction d’un consensus national et l’organisation d’une conférence nationale de consensus », argue Ali Laskri, membre de l’instance présidentielle, lors de son intervention à l’ouverture de la session ordinaire du Conseil national du parti, le 2 mai 2014. En tout état de cause, en refusant de participer à l’élection présidentielle du 17 avril, assimilée à l’occasion à une pièce de théâtre, il est normal que le FFS poursuive un cheminement différent. Celui-ci consiste à créer les conditions idoines pour trouver une solution politique et consensuelle à la crise que vit le pays.

Et ce n’est pas en offrant deux portefeuilles ministériels que le pays amorcera une nouvelle politique se substituant à celle qui a échoué. Pour Ali Laskri, « le changement n’est possible que si les tenants du système et ceux qui s’y opposent trouvent un intérêt à ce changement. Si tous ne sont pas convaincus qu’il y a une montée des périls et que le statu quo est suicidaire pour tous, alors rien ne bougera et on va droit à la catastrophe avec des scénarios à terme imprévisibles et violents. » Pour le moment, force est d’admettre que les blocages viennent du régime.

Quoi qu’il en soit, les instances du parti ne se contentent pas de dresser l’état des lieux. Depuis quelques temps déjà, le FFS établit des contacts avec des acteurs politiques, notamment des candidats à l’élection présidentielle ou des responsables de partis, afin de créer une dynamique politique en vue de parvenir à un changement pacifique en Algérie. Cependant, bien que les instances du parti ne fixent, pour l’instant, aucun calendrier –au motif que les organisations doivent s’entendre au préalable sur la nécessité d’une solution consensuelle –, il n’en reste pas moins que des contacts sont en cours. Indubitablement, ils seront mis à la connaissance du public au moment opportun.

En guise de conclusion, il va de soi que la démarche du FFS repose sur une seule logique: la reconstruction d’un consensus national. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, pour le moment, elle est aux antipodes de celle du régime. En 2012, en énumérant les divergences entre le FFS et le régime, le président Hocine Ait Ahmed a bien résumé les différentes approches en notant: « Celle du pouvoir basée sur la manœuvre à courte vue et la notre basée sur la conviction que seule la mobilisation politique et pacifique de notre peuple peut mettre le développement, la justice et la démocratie à la portée de notre société et notre pays à l’abri des ingérences extérieures. » En tout cas, c’est dans ce sens que le parti a opté, une année avant l’échéance présidentielle, dans ses résolutions politiques en mai 2013, pour une solution consensuelle. Enfin, bien qu’elle ait été combattue par le régime et ses acolytes durant des années, aujourd’hui, elle devient de plus en plus inéluctable. Sa concrétisation n’est qu’une question de temps.

Ait Benali Boubekeur

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