29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 18:32
La dangereuse victoire du FN aux européennes.

Conçue pour écarter le spectre de la guerre et, par ricochet, rapprocher les peuples, l’union européenne (UE) est désormais submergée par les extrémistes. Bien que ces forces ne soient pas, en l’état actuel des choses, en mesure de former une majorité au parlement européen, il n’en reste pas moins que leur progression inquiète. En effet, dimanche dernier, dans plusieurs pays, l’extrême droite arrive largement en tête lors du scrutin pour le renouvellement du parlement européen. Et le plus paradoxal dans cette joute, c’est que ces partis sont choisis pour leur scepticisme voire leur rejet de l’Europe.

Cependant, si ces derniers sont affublés de partis extrémistes, force est de reconnaître que leur radicalisme varie d’un pays à un autre. Et pour cause ! Les partis scandinaves, par exemple, ne sentent nullement proches du FN (Front national), un parti fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972. Sa devise est la haine des autres. Du coup, le FN ne progresse que lorsque la France est traversée par une crise. Pour canaliser la déception des Français, il joue sans vergogne sur la peur. Ainsi, pendant la campagne électorale, à longueur de journée, l’ancien président du FN, Jean-Marie Le Pen, et l’actuelle présidente, Marine le Pen, axent leurs interventions médiatiques sur les risques qui menaceraient la France si elle ne résolvait pas le problème de l’immigration.

De toute évidence, cette peur est représentée par celle de l’étranger « bouffant » le pain des Français. Dans leur campagne de diabolisation de l’immigration, les Algériens sont évidemment leur cible favorite. Ainsi, après avoir milité au sein des groupuscules d’extrême droite ayant voulu garder vaille que vaille l’Algérie française –un projet basé sur le déni de la personnalité algérienne –, le discours de Jean-Marie Le Pen a peu évolué. Sa récente sortie médiatique sur le virus Ebola, un virus censé décimer les pauvres qui seraient tentés par l’immigration, corrobore cette thèse.

Mais, ce qui fait recette chez les Le Pen est incontestablement l’incapacité de l’Europe à protéger les Français. « Sous couvert d’un discours teinté de réalités économiques et sociales, le Front national joue de la crainte réelle du déclassement pour ajuster des boucs-émissaires. Ces étrangers, ces « mauvais Français », supposés être les acteurs de la destruction de notre modèle social », décrit Pierre-Yves Bulteau la stratégie des dirigeants du FN.

En tout cas, c’est en surfant sur cette peur et en profitant d’une conjoncture économique difficile que le FN parvient à capter les voix des Français. Ces derniers temps, ces derniers sont de plus en plus nombreux à rejeter l’Europe. Néanmoins, bien que ce vote soit un choix par dépit et non un vote d’adhésion, Marine Le Pen entend exploiter ce résultat pour peser sur le politique intérieure de la France. En effet, alors que les Français ne veulent plus de cette Europe qui écrasent les peuples, la présidente du FN réclame la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation des élections législatives anticipées.

Pour le moment, et encore pour les trois ans à venir, la France ne risque pas de tomber entre les mains des extrémistes. Mais, si rien n’est fait entre temps, le FN pourra créer la surprise en 2017. Un scenario que tout le monde craint. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une victoire du FN à une élection nationale majeure pourra isoler la France sur le plan international. Pour éviter un tel scenario, une réaction du tandem Hollande-Valls doit être à la hauteur.

En somme, il va de soi que le vote de dimanche est un vote sanction. Les Français –comme c’est le cas aussi dans de nombreux pays européens –ne veulent plus d’une Europe qui se fait au détriment des peuples. En tout cas, bien que le résultat des élections ne permette pas à l’extrême droite de s’emparer des leviers de commande, cet avertissement est à prendre au sérieux. D’autant plus que l’un des membres fondateurs de l’UE, en l’occurrence la France, sort affaiblie par cette joute. Enfin, bien que le spectre des années 1930 ne soit pas plausible, il n’en demeure pas moins que la politique d’austérité ne fera qu’augmenter le fossé séparant les peuples et les dirigeants européens. Et lorsque les peuples sont humiliés, les réactions sont parfois imprévisibles. D’où l’urgence d’agir vite en mettant au cœur du projet européen les préoccupations des peuples.

Ait Benali Boubekeur

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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