29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 22:36
Réaction aux contributions au vitriol de Ramdane Redjala contre Hocine Ait Ahmed.

Première partie : la période révolutionnaire.

Dans cette réponse, il ne s’agit pas, pour moi, de m’ériger en donneur de leçons. Mais, en lisant les articles de Ramdane Redjala, il me parait nécessaire d’intervenir en vue de clarifier certaines choses. A son encontre, je vais, hélas, utiliser un langage peu conventionnel. Car, ce plumitif, en mal de notoriété, cherche, comme dans la fable de « Wejlala », un charlatan comme lui qui a chié dans la place publique –Thala –, à ce que les gens en parlent de lui. Pour y parvenir, il s’appuie sur le journal en ligne « Le Matin », dont la haine de son directeur pour Hocine Ait Ahmed n’est plus à démontrer, pour déverser tout son venin.

Ainsi, du 7 au 12 octobre 2014, le journal électronique ouvre son espace à ce plumitif irresponsable. Mêlant la haine, la malhonnêteté et la pusillanimité, en vue d’attenter à l’image respectable dont jouit Hocine Ait Ahmed dans l’opinion, ce terroriste de la plume emploie un langage nauséabond. En fait, pour avoir parcouru la série de contributions de ce sieur, à vrai dire un réquisitoire d’un « homme » submergé par la haine, on découvre à quel point le jugement peut-être faussé quand l’auteur est dépourvu de valeurs humaines. Du coup, sur une dizaine de pages format A4, il ne trouve aucun point positif à la riche carrière politique de l’un des pères fondateurs de la révolution algérienne, Hocine Ait Ahmed. Peut-on, dès lors, accorder le moindre crédit à la description de ce charlatan ? Son jugement est semblable à celui d’Hitler parlant des Juifs ou de Netanyahou parlant des Palestiniens.

Cependant, bien que le parcours de Hocine Ait Ahmed soit reconnu par les observateurs sérieux, je tenterai en me basant sur les archives consultables par tout le monde de démonter les arguments de cet écrivaillon enragé, Ramdane Redjala. En fait, mêlant la mauvaise foi, les interprétations personnelles et l’occultation volontaire de la vérité, ce voyou ne recule devant rien. Alors que les historiens s’accordent sur le rôle capital de Hocine Ait Ahmed, le plumitif le présente comme le plus grand manipulateur que l’histoire de l’humanité n’ait jamais connu. Et pourtant, pour résumer l’apport de Hocine Ait Ahmed, voila ce qu’écrit l’historien américain, Matthew Connelly, auteur du livre « l’arme secrète du FLN. Comment de Gaulle a perdu la guerre d’Algérie » : « Avant même le déclenchement de la guerre avec la France en 1954, les nationalistes algériens avaient une vision internationale du conflit qu’ils voulaient mener. L’homme qui développe cette stratégie s’appelle Hocine Ait Ahmed. »

Hélas, malgré ces œuvres historiques faisant de Hocine Ait Ahmed un élément clé dans le déclenchement de la révolution algérienne, Ramdane Redjala réduit ce rôle à néant. De toute évidence, ce n’est ni le journal de Benchicou, ni les adversaires de Hocine Ait Ahmed, dont l’éthique est, pour eux, un concept superflu, qui vont nous apprendre la vérité. Pour ceux qui sont à la quête de cette dernière, ils pourront la trouver dans les œuvres des historiens de métier, à l’instar de Mohamed Harbi, Gilbert Meynier, Benjamin Stora, etc. Quant à la méthode de Redjala, il va de soi que sa démarche haineuse ne peut –et c’est le moins que l’on puisse dire –s’approcher de la norme scientifique. Son cœur est tellement noir qu’il n’est pas capable d’admettre la moindre évidence. En effet, dans ses trois premières contributions sur la période révolutionnaire, il ne parle ni du rapport de Zeddine en 1948, ni de la participation de Hocine Ait Ahmed à la conférence de Rangon, en Birmanie, en 1953, ni de ses contacts avec Messali en vue de reconstituer l’OS (organisation spéciale) après sa dissolution par le comité central du PPA-MTLD, mais il s’attarde longuement sur son conflit avec Ali Yahia Rachid à l’époque où ils étaient lycéens. De la même façon, en ce qui concerne la crise berbériste, il ne précise pas que la Kabylie n’a pas suivi largement le mouvement lancé par Ali Yahia Rachid et ses amis. Mais, si la crise le touchait à ce point, pourquoi ne dénoncerait-il pas la chasse aux berbéristes, en Kabylie même, lancée par Krim Belkacem et Fernane Hanafi ? Visiblement, les faits historiques ne l’intéressent guère.

Quoi qu’il en soit, le rôle de Hocine Ait Ahmed se limite, selon lui, à une participation timide à la conférence de Bandoeng en avril 1955. Dans la foulée, ce dernier se fait arrêter –et il raconte cette période décisive 1954-1956 en deux lignes –en octobre 1956 en compagnie de quatre chefs historiques. Or, qu’il en déplaise à ce charlatan, l’histoire associe le nom de Hocine Ait Ahmed à ceux qui ont donné naissance à la diplomatie algérienne. Ainsi, ignorant volontairement les œuvres de Hocine Ait Ahmed, telles que l’ouverture du bureau du FLN à New York, son soutien indéfectible aux résolutions de la Soummam –le seul d’ailleurs des chefs historiques emprisonnés –, les rapports qu’il a envoyés au CCE (comité de coordination et d’exécution) en vue de créer le gouvernement provisoire, il passe directement à la crise de l’été 1962. Pour ce plumitif, depuis la libération des cinq chefs historiques, le rôle de Hocine Ait Ahmed se résume au sous-titre de sa deuxième contribution : « 18 mars -27 juillet : de l’expectative à la démission. » Là encore, ce voyou de la plume se livre à une description mensongère. Que Dieu maudisse les menteurs.

Pire encore, dans sa démarche machiavélique, le plumitif oppose les chefs historiques en chargeant à chaque fois Hocine Ait Ahmed. Ainsi, tantôt, il oppose Hocine Ait Ahmed à Krim Belkacem, tantôt, celui-là à Mohamed Boudiaf. Parfois, il l’oppose aux deux. Or, bien que l’on puisse critiquer un choix ou une orientation politique, les Algériens, dans leur ensemble, n’ont jamais été jusqu’au point de dénigrer un des chefs historiques. Mis à part ce voyou, cette approche est inédite. Bien qu’on puisse condamner un coup d’État et tous ses conspirateurs, il n’en demeure pas moins que l’on ne peut pas s’attaquer à un homme qui n’a pas gouverné, ni cherché à parvenir au pouvoir en dehors de la volonté populaire. Cela dit, pour revenir à cette histoire consistant à opposer les chefs historiques, cette méthode est dégueulasse. Car, ayant chacun d’eux un caractère propre à lui, ces trois figures de proue du mouvement national ont eu des approches différentes.

Ainsi, en 1956, Hocine Ait Ahmed et Krim Belkacem étaient pour les résolutions de la Soummam, alors que Mohamed Boudiaf en était contre. En 1962, bien qu’ils soient tous contre le coup de force de l’état-major général (EMG), dirigé par Houari Boumediene, Hocine Ait Ahmed n’a pas souhaité l’affrontement entre le groupe de Tlemcen et le groupe de Tizi Ouzou. Pour lui, le seul recours qui permette de transcender la crise est de remettre le pouvoir au peuple algérien. D’ailleurs, au congrès de Tripoli, fin mai-début juin 1962, à ceux qui suggèrent que le bureau politique (BP) soit confié aux cinq chefs historiques, Hocine Ait Ahmed et Mohamed Boudiaf sont sur la même longueur d’onde. Rapportant leur position commune, Mohamed Harbi écrit : « Nous n’étions pas d’accord entre nous en prison, nous ne le sommes pas non plus entre nous aujourd’hui. Alors, pourquoi proposer une liste dont les membres ne s’entendent pas au départ. » Voilà donc un exemple où l’on a Ait Ahmed et Boudiaf soutenir le même choix, alors que Krim Belkacem croit à l’idée de siéger avec Ben Bella au BP. Par ailleurs, le 2 aout 1962, Mohamed Boudiaf et Krim Belkacem trouvent un accord avec le groupe de Tlemcen –Boudiaf devient alors responsable des affaires extérieures au sein du nouveau BP –, alors Hocine Ait Ahmed se rapproche des syndicats, et ce, après sa démission de tous les organismes dirigeants. Mais cela n’a pas créé des ruptures irréversibles entre ces trois chefs. On sait que dans leur clandestinité, les contacts n’ont jamais cessé entre eux.

Hélas, ce plumitif fait sa propre lecture. D’ailleurs, il s’attaque sans vergogne à tous les dirigeants, tels que Ben Khedda, pouvant se trouver sur la même ligne que lui. En effet, étant un défenseur de la légalité, donc du côté du GPRA contre l’EMG, Hocine Ait Ahmed est du côté de Ben Khedda. Or, ce voyou s’attaque de façon éhontée à ce dernier. Bien qu’il n’y ait aucune archive consultable faisant allusion au fait que Ben Khedda veuille interdire à Zbiri de voter, cet écrivaillon le descend en flamme pour faire passer son message : Hocine Ait Ahmed a failli à son devoir de protéger le GPRA. Tout ça pour dire que ce qui est arrivé à Ben Khedda et au GPRA était de la faute de Hocine Ait Ahmed. Honte à toi. Et pour ceux qui veulent connaitre cet épisode, voici la version largement partagée par les historiens. Lors des travaux en plénière à Tripoli, Ben Khedda explique que les procurations dont dispose Zbiri ne peuvent pas être prises en compte. Car, selon les statuts du FLN, un colonel peut suggérer une liste de trois commandants le secondant dans la gestion de sa wilaya, mais ce choix doit être entériné par le GPRA. Or, cette liste, selon Ben Khedda, n’a pas été transmise auparavant au GPRA. D’où le clash entre Ben Bella, vice-président du GPRA et son président. Et c’est cela qui a provoqué l’abandon des travaux du congrès.

Enfin, ce que ne peut pas nier ce sieur Redjala, c’est que Hocine Ait Ahmed n’a jamais rompu avec la légalité. Jusqu’au mois de juillet, il est resté ministre du GPRA, soit presque deux mois après la rupture entre le GPRA et l’EMG. Mais, quand l’option militaire est devenue inéluctable, Hocine Ait Ahmed a pris naturellement ses distances avec les deux groupes antagonistes, Tlemcen et Tizi Ouzou. Pour éviter l’affrontement, il s’est adressé aux forces de l’avant-garde, dont les syndicats, pour faire entendre raison aux deux groupes. Et c’est sans doute cet appel qui a contribué à la mobilisation des Algériens à sortir dans la rue en criant : « sept ans, ça suffit ». Du coup, qu’il en déplaise encore une fois à ce plumitif, l’histoire retient et retiendra pour l’éternité que Hocine Ait Ahmed a été de tous les combats pour que le peuple algérien recouvre son indépendance et retrouve sa dignité bafouée.

Ait Benali Boubekeur

24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 13:32
Décryptage des démarches du FFS de la CNTLD

« Que des partis qui étaient il y a encore quelques mois de cela au gouvernement ne partagent pas la démarche du FFS est tout à fait compréhensible. Qu’ils oublient leur histoire récente pour lui donner des « leçons d’opposition » relève de l’incongru », édito de K. Selim, du Quotidien d’Oran.

De toute évidence, pour qu’il y ait un changement de régime, il existe essentiellement deux voies pour y parvenir. La première consiste à créer les conditions d’un débat inclusif et la seconde consiste, quant à elle, à créer un rapport de force en vue d’imposer ce changement au pouvoir. En critiquant de façon éhontée la démarche du FFS, la CNTLD devrait assumer logiquement la seconde voie. Cela dit, la question qui taraude l’esprit est de savoir si ces anciens alliés du régime [certains ont quitté le gouvernement au début de l’année en cours] ont les moyens de leur politique ?

En tout état de cause, pour qu’ils puissent y parvenir, il faudrait au moins qu’ils comptent sur une mobilisation citoyenne à l’instar de ce que l’on a vu à la place El-Tahrir. Or, les animateurs de la CNTLD ont dû annuler des meetings faute d’autorisation. Du coup, on peut conclure aisément que leur discours radical ne concorde pas avec les actions de terrain. D’ailleurs, même s’ils voulaient tenter un quelconque forcing, avec les horreurs vécues en Algérie dans les années 90, un projet portant des germes d’affrontement aurait-il la moindre chance d’aboutir ? En 2011, lors des soulèvements nord-africains, les Algériens ont donné leur réponse en refusant de suivre l’exemple égyptien, libyen et syrien. Encore une fois, on peut affirmer que de la CNCD à la CNTLD, le déficit de crédibilité est tel qu’aucun appel ne pourra soulever les grandes foules. Non pas que les Algériens ne veuillent pas le changement, mais ils ne croient pas à l’épreuve de force.

Cependant, puisque le changement n’est envisageable que par le dialogue, on se demande pourquoi les membres de la CNTLD choisissent volontairement l’exclusion ? Pire encore, ils s’attaquent à tous ceux qui prônent un changement englobant toutes les meilleures volontés nationales. En outre, bien que le FFS ne veuille pas polémiquer en considérant que l’intérêt du pays prime sur les bisbilles, les attaques de la CNTLD ne s’estompent pas pour autant. Plus grave encore, ils reprennent les anciennes formules du régime pour disqualifier la démarche du FFS. « Ils rejettent, pour reprendre une expression du pouvoir, « globalement et dans le détail », son initiative de recherche d’un consensus national. Un consensus national auquel le même pouvoir aurait pris part. Incroyable « opposition » qui s’oppose au doyen des opposants, au motif de rechercher le dialogue avec le pouvoir. Indécrottable opposition qui invente du coup l’opposition à l’opposition », écrit Noureddine Khelassi, le 18 novembre 2014.

En tout cas, en refusant de recourir à une solution radicale et en s’attaquant au FFS pour avoir préconisé un débat inclusif, la CNTLD s’exclut, elle-même, du processus de sortie de crise. Et si elle parvient à saborder l’initiative du FFS, elle contribuera fortement au maintien du statu quo. Et pourtant, écrit K. Selim, « les membres de la CNTLD, avec ses opposants anciens ou de fraiche date, partagent avec le FFS que le système en place a abouti à l’impasse. Constat devenu d’ailleurs une banalité que même des hommes du régime admettent en aparté. » Hélas, en choisissant une méthode qui a peu de chance d’aboutir, la CNTLD rend un grand service au pouvoir. En effet, l’article 88 étant inapplicable à cause du verrouillage du jeu politique –à moins que les membres de la CNTLD comptent sur le coup d’État militaire –et la mobilisation de la rue risquant de leur faire défaut, la CNTLD s’oppose au seul projet de l’espoir, la conférence nationale de consensus. Pour toutes ces raisons, le FFS doit aller jusqu’au bout.

Pour conclure, il va de soi que la crise actuelle nécessite une analyse intelligente. La culture du coup d’État doit disparaitre pour laisser place au débat politique. Sans réclamer le moindre monopole, le FFS propose modestement cette voie. Hélas, cette démarche est vigoureusement combattue par une fausse opposition qui se croit détentrice de la vérité. Pour elle, il suffit d’élaborer une plateforme de revendication pour que l’Algérie sorte de la crise. Malheureusement, il est peu probable que le régime se plie à leurs desiderata. En revanche, en l’associant en tant qu’acteur, au même titre que l’opposition et la société civile, dans une conférence sans préalable, cette initiative peut déboucher sur un changement pacifique.

Ait Benali Boubekeur

19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 20:49
Le discours mensonger de la CNTLD ne peut pas détourner le projet du FFS.

En mettant en œuvre les résolutions de son 5eme congrès, le FFS ne prend personne de vitesse. Et pourtant, l’idée a du mal à séduire une certaine fausse opposition radicale, et ce, pour la simple raison qu’elle émane du FFS. En effet, bien que tous les acteurs politiques évoquent la nécessité impérieuse d’un rassemblement national en vue de sortir le pays de la crise, les anciens alliés du régime, appuyés par une presse partisane, tentent de galvauder le sens de la démarche du FFS.

Ainsi, après avoir apporté son soutien total au régime dans les années 1990, en prenant les armes en vue de le sauver, cette pseudo-opposition confond sciemment le dialogue et la compromission. Regroupés au sein de la CNTLD, ces acteurs politiques n’admettent aucune proposition ne venant pas d’eux. Animés par un sentiment de fausse radicalité –Sofiane Djilali et Mohcene Belabbes n’ont jamais pensé à un projet politique sans invoquer le coup d’État militaire –, ils divisent les Algériens entre les antis et les proches de Bouteflika.

Or, bien que chaque opinion doive être respectée, la voie préconisée par la CNTLD ne peut pas être la panacée. Et pour cause ! Le point de départ de la crise, selon eux, en l’occurrence la vacance du pouvoir, est secondaire. Pour eux, il suffit que l’armée fasse un énième coup d’État pour que l’Algérie recouvre la stabilité. Sans être spécialiste de ces questions, il va de soi que cette idée est dangereuse pour notre pays. Aucun coup d’Etat au monde n’a apporté la stabilité ni le développement.

Cependant, entre une fausse opposition qui ne mesure pas les risques d’une éventuelle tragédie et un pouvoir qui ne pense qu’à la pérennisation de ses intérêts, le FFS prône une voie plus prudente certes, mais combien nécessaire pour rassembler les Algériens autour d’une même table. En tout cas, si rien n’est fait pour rapprocher les points de vue, le régime algérien se contentera de maintenir le statu quo. Mais, doit-on attendre que ce soit lui qui organise le débat ? L’opposition est aussi habilité à provoquer ce débat. « Les régimes autoritaires présentent des spécificités nationales, mais tous, d’une manière ou d’une autre, vont négocier leur sortie à un moment où le statu quo s’avère intenable compte tenu du contexte local », décrit Mohand Amokrane Chérifi la nature des régimes dictatoriaux.

En Algérie, Force est de reconnaitre que le régime a toujours su mettre en échec les propositions de sortie de crise. De la plateforme de Sant Egidio au mémorandum de 2001, pour ne citer que les initiatives les plus connues, le régime les a rejetés en prétextant les dangers inhérents à la situation sécuritaire. Et paradoxal que cela puisse paraitre, ceux qui ont défendu le régime les armes à la main, à travers la création des milices civiles, se disent aujourd’hui contre tout dialogue avec le pouvoir.

En un mot –et cela résume leur parcours –, tout ce qui permet à l’Algérie de retrouver sa stabilité est systématiquement rejeté par cette pseudo-opposition. Pour étayer cette thèse, il n’y a qu’à voir leur attitude concernant la tenue de la conférence nationale de consensus. Feignant d’ignorer tous les enjeux du moment, les animateurs de la CNTLD s’attaquent avec une véhémence assez rare au projet du FFS. Pour tromper l’opinion, ils présentent la démarche du FFS comme étant une manœuvre du régime. Du coup, ils s’assignent pour mission de la saborder.

Ainsi, après avoir volé au FFS son idée de consensus, les animateurs de la CNTLD combattent sans le moindre scrupule le parti d’Ait Ahmed, mais s’inspirent de son projet consistant à rassembler les Algériens. Cela dit, en mettant du temps avant de lancer son projet, le FFS s’est fait lui-même piéger. Car, si la conférence de consensus avait eu lieu avant avril 2014, le FFS aurait évité pas mal de sujets, et notamment celui sur la légitimité du chef de l’État.

Quoi qu’il en soit, bien que ce détail soit capital, il n’en reste pas moins que le projet tient la route. Et ce ne sont pas les anciens alliés de la frange dure du régime qui peuvent le remettre en cause. Enfin, si le projet du consensus se met en œuvre, les Algériens pourront, pour la première fois depuis l’indépendance, se parler sereinement. En présence des représentants de la société civile, le pouvoir et l’opposition pourront discuter de l’avenir de l’Algérie.

Pour conclure, il va de soi que l’Algérie a besoin de toutes les meilleures volontés pour transcender la crise. Bien que le régime ait repoussé jusque-là les initiatives de l’opposition, il n’en reste pas moins que les risques d’instabilités, qui guettent le pays, exigent la tenue d’un dialogue franc entre le pouvoir et l’opposition. D’ailleurs, le pouvoir a-t-il d’autres choix ? On peut même dire que s’il le fait, ce sera pour ne pas paraitre la dernière dictature de la région à avoir rejeté le dialogue. Et c’est là où se trouve l’intelligence du FFS en prônant un changement progressif et en association avec le pouvoir. Pour y arriver, il faudra tenir compte de tous les avis, y compris ceux qui sont hostiles à sa démarche.

Ait Benali Boubekeur

31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 21:26
Algérie : Le changement n’émanera pas de l’intérieur du régime.

À la veille du 60eme anniversaire de la révolution algérienne, la grogne sociale risque d’en déclencher une autre. Dans la mesure où elle ne s’accompagne pas d’une effusion de sang, on peut dire qu’elle est même souhaitable. Hélas, dans l’anarchie qui prévaut actuellement en Algérie, il est fort possible aussi que ce soit une nouvelle « ouverture par effraction ». En tout cas, après une gestion catastrophique du pays depuis l’indépendance, il est temps que l’Algérie accueille la naissance d’une deuxième République.

Et s’il y a apparemment une chance pour que celle-ci voie le jour, cela viendra peut-être de l’intérieur. La démonstration de force de la police à Alger, à Ghardaïa et à Oran montre que le régime algérien est un géant aux pieds d’argile. Par la même occasion, cette manifestation dévoile, si besoin se fait sentir, la nature du régime algérien. En effet, seuls ceux qui peuvent disposer de la force s’arrogent le droit de s’exprimer. Les manifestations de citoyens ordinaires, autant dire la totalité ou peu s’en faut du peuple algérien, sont automatiquement réprimées par les forces de sécurité. Bien qu’ils soient issus du peuple, ces policiers ont servi et servent en premier lieu les intérêts du régime, dont la finalité est son maintien ad vitam ad aeternam.

Mais, après plusieurs décennies de gestion sécuritaire des questions politiques, force est d’admettre que cette méthode est récusée par ceux-là mêmes qui sont censés la mettre en œuvre. D’ailleurs, les signes avant-coureurs de la crise sont apparus à Ghardaïa. Bien que la résolution du conflit nécessite la réunion des parties en désaccord en vue de débattre franchement, les autorités ont opté pour la politique de la trique. Et quand celles-ci veulent donner l’impression de débattre, elles choisissent les acteurs en fonction de leur accointance avec le pouvoir. D’où la durée assez longue du conflit.

En tout état de cause, bien que l’on ignore les tenants et les aboutissants de la manifestation des policiers, on peut au moins tirer une conclusion : la politique sécuritaire, sur laquelle table le régime, ne marche pas. Quant à la thèse du complot contre le clan du « président » Bouteflika, cela n’étonne personne dans la mesure où cela fait partie de la culture politique algérienne. Depuis l’indépendance du pays, le maintien ou l’arrivée au pouvoir de nos dirigeants ne déroge pas à cette règle. Résultat des courses : chaque revendication, chaque doléance et chaque contestation impliquent l’emploi ou la démonstration de la force.

Enfin –et c’est là où le bât blesse – si les différents clans du pouvoir peuvent régler leurs comptes en exhibant la force, ces derniers se rejoignent tel un seul homme pour mater les manifestations citoyennes. « Ils [les défilés policiers] révèlent crûment, dans une dimension ubuesque, qu’en Algérie la liberté de manifester n’est concédée, aujourd’hui comme hier, qu’à ceux qui sont chargés de l’étouffer », écrit Omar Bendarra, un opposant algérien en réaction à la manifestation des policiers. Dans ces conditions, bien qu’il puisse y avoir du changement, celui-ci sera au profit d’un autre clan. Quant à l’Algérie, que ce soit le clan Bouteflika ou un autre, qui lui succédera, elle continuera d’en pâtir.

Ait Benali Boubekeur

10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 07:33
Voilà comment Ferhat Mehenni exploite-t-il la mort d’Hervé Gourdel ?

L’histoire va retenir qu’à chaque fois que l’Algérie vit un drame, Ferhat Mehenni l’exploite de façon éhontée. En 1988, après la mort de cinq cents jeunes, fauchés par les mitrailleuses de l’armée algérienne, dans les manifestations d’octobre, il décrète, avec d’autres amis, la mort du MCB et la naissance dans ses cendres d’une nouvelle formation politique, le RCD. En 1994, alors que les siens sont scolarisés en dehors d’Algérie, il lance le boycottage scolaire en Kabylie.

Pour notre génération, les séquelles de son aventurisme politique se ressentent jusqu’à nos jours. D’ailleurs, on se demande toujours pourquoi le choix s’est porté sur le sacrifice des écoliers. En tout cas, c’est la première fois dans le monde où des politiques prennent en otage l’école pour parvenir à leur fin politique. Même les dictateurs les plus aveugles n’y touchent pas à ce secteur de façon aussi indigne. Enfin, profitant de la mort de 126 jeunes en Kabylie, assassinés par les gendarmes lors du printemps noir, il lance son mouvement séparatiste sans prendre même pas la peine de consulter les citoyens de la région. Il décrète tout seul que la Kabylie doit recouvrer son indépendance.

De son côté, le régime algérien, pour qui tous les moyens sont bons pour pérenniser son emprise sur l’Algérie, pousse les jeunes désemparés à suivre ce forcené. Cela dit, bien que la situation soit désespérante et désespérée, les Kabyles demeurent attachés à l’unité nationale. L’histoire nous a enseigné que le bastion du nationalisme a toujours été à l’avant-garde nationale. Hélas, cette région si chère à l’Algérie ne peut pas échapper à toutes les manipulations qui se font en son nom. Ainsi, à chaque épreuve de sang, Ferhat Mehenni rôde tel un chacal pour tirer les prébendes des malheurs de l’Algérie de façon générale et de la Kabylie de façon particulière.

D’ailleurs, l’affaire Hervé Gourdel en est la parfaite illustration. En effet, surfant sournoisement sur cette vague d’indignation, Ferhat Mehenni renouvèle son offre de service aux puissances occidentales. Dans une déclaration du MAK, ses dirigeants disent clairement que les Occidentaux peuvent compter sur eux comme ils le font avec les Kurdes d’Irak. Voilà d’ailleurs un parallèle dangereux pour notre pays en général et pour la Kabylie en particulier. Quant à leur chef, il profite de la vague d’indignation exprimée par les citoyens de la région, suite à la décapitation d’Hervé Gourdel, le fondateur du MAK monte au créneau pour expliquer que la Kabylie est distincte de l’Algérie.

Dans une tribune publiée par un journal hexagonal, Ferhat Mehenni offre ses services aux puissances impérialistes. « Seule une Kabylie indépendante est en mesure de garantir sur son territoire, voire au-delà, la sécurité des personnes et des biens dont le voisinage occidental a tant besoin », propose-t-il toute honte bue. Et là où le bât blesse, c’est que cela se fait à l’insu des intéressés et surtout à leur détriment. Enfin, en simple subordonnée à l’entité sioniste, il se rend illico en Israël pour réaffirmer son allégeance. Or, le drame dans cette affaire, c’est qu’il nous engage tous dans son délire. Bien qu’il n’existe aucun doute sur le fait que les Kabyles le désavouent au moment opportun, pour le moment, il offre la Kabylie sur plateau à Israël.

Pour conclure, il va de soi que la Kabylie souffre de la politique des usurpateurs du pouvoir en Algérie depuis 1962. Au moment où Hocine Ait Ahmed tentait de mobiliser les Algériens, en s’appuyant sur la Kabylie notamment, pour infléchir la dictature, Ferhat Mehenni et ses amis ont été d’un secours indéfectible au régime algérien. Dans les années 1990, son parti a créé des milices armées en vue de défendre le régime en place les armes à la main. Voilà le triste bilan de l’action politique de Ferhat Mehenni. Hélas, après avoir échoué dans toutes les actions entreprises, il se lance désormais dans une aventure séparatiste. Mais, après avoir abusé la confiance des Kabyles, ton projet sera mis en échec par les fidèles fils de l’Algérie, les Kabyles eux-mêmes.

Ait Benali Boubekeur

6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 07:30
Au-delà de la condamnation, que peut-on dire de plus sur l’affaire Hervé Gourdel ?

L’assassinat d’Hervé Gourdel est incontestablement l’événement tragique qui a frappé de plein fouet l’Algérie. Ce lâche assassinat rappelle surtout les années de sang. Cela dit, bien que la violence n’ait pas cessé pendant ces dix dernières années, cet événement nous replonge littéralement dans cette période cauchemardesque. A-vrai-dire, cette soi-disant accalmie est seulement dans le discours officiel. Dans la réalité, l’Algérie est assise sur une poudrière.

En effet, dans certaines régions et notamment en Kabylie, où la vie des citoyens ne vaut pas grand-chose, la violence est quasiment quotidienne. Ainsi, en Kabylie, il ne passe pas une semaine sans qu’on entende qu’un de nos compatriotes a été enlevé. Généralement, ces malheureuses affaires se terminent par le payement d’une rançon, ce qui ruine la famille, ou par la liquidation physique de l’otage.

Néanmoins, contrairement aux rapts des Algériens anonymes, les criminels du Daesh –ces derniers ont fait allégeance au califat quelques jours avant l’enlèvement d’Hervé Gourdel –s’en prennent à un citoyen dont la vie est plus précieuse eu égard à sa nationalité. En effet, le gouvernement français, issu de la volonté populaire, n’abandonne pas ses citoyens. Au du moins, il fait de son mieux pour qu’ils ne se sentent pas abandonnés.

Cela dit, une fois le moment émotionnel est passé, certains journalistes français commencent à se poser des questions. « On s’associe naturellement à la peine et aux chagrins de ses proches (Hervé Gourdel). Mais, sous le coup de l’émotion, un certain nombre de contre-vérités, de mensonges éhontés, sont aussi proférés. Il n’est pas admissible de laisser la politique étrangère prise en otage par l’émotion, aussi légitime que soit cette dernière. Il est inacceptable que la politique intérieure puisse être cyniquement manipulée au nom de cette émotion », écrit Jacques SAPIR, dans une tribune parue dans le Grand Soir.

De toute évidence, bien que la condamnation de cet acte barbare ne doive pas souffrir d’aucune équivoque, on ne peut pas non plus passer sous silence les conditions dans lesquelles ce mouvement terroriste a été créé. En effet, cette organisation criminelle, appelée Daesh, n’est pas survenue ex nihilo. « Il convient de rappeler ici que le soi-disant « Etat islamique » se développe sur les ruines laissées par l’intervention de ce qu’avec Maurice Godelier nous appelions en 2003 « l’isolationnisme interventionniste providentialiste » des Etats-Unis. C’est cette intervention, avec ses suites, qui a durablement déstabilisé la région », argue-t-il.

En un mot, cette intervention a enfanté, de façon sous-jacente, ce monstre. Selon le directeur de l’Humanité, Patrick Hyaric, « l’Amérique a fabriqué des monstres qu’elle ne contrôle plus. » Hélas, dans les grands medias, on n’entend jamais un tel son de cloche. Les grandes chancelleries essaient autant que faire se peut de vendre l’image d’un Daesh monstrueux sans prendre la peine de s’étaler sur les conditions qui ont permis son éclosion. Et maintenant que le monstre leur échappe entièrement, on essaie de mobiliser l’opinion afin de le diaboliser. Mais, là où le bât blesse, c’est que ce diable, qui mène une guerre au nom de l’islam en pervertissant ses principes, est combattu par une coalition dont les intérêts impérialistes priment sur le souci de garantir une vie paisible aux véritables victimes du Daesh. Sans le pétrole irakien, le sort de ces populations serait le même que celui des Ghazaouis.

Cela dit, une fois ce rappel étant fait, les Algériens ont toutes les raisons de s’inquiéter de l’incapacité de leurs dirigeants à gérer des dossiers aussi alambiqués. En fait, au moment où tous les projecteurs sont braqués sur l’Algérie, le régime algérien réagit de façon timide. Quant aux Algériens, pour qu’ils puissent s’informer, ils sont obligés de suivre l’évolution de l’affaire sur les médias français et attendre les annonces du président français. En effet, à New York, où François Hollande assiste à la 69eme assemblée générale de l’ONU, celui-ci informe le monde sur ce qui se passe en Algérie. Entre temps, le nôtre est aux abonnés absents.

Du coup, ceux qui ont ressassé à l’envi que Bouteflika ne gouvernerait pas avec ses pieds mais avec sa tête ont menti. A-vrai-dire, le chef de l’Etat ne peut ni bouger, ni communiquer et encore moins rassurer les Algériens sur les dangers guettant le pays. De toute façon, comme le décrit si bien l’éditorialiste du Quotidien d’Oran, les dirigeants algériens rendent davantage des comptes à leurs partenaires étrangers qu’aux Algériens. « Ou, au pire, ne se sent (système algérien) pas tenu de dire quelque chose aux Algériens », note-t-il.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce mépris élargit de jour en jour le fossé entre les dirigeants et les dirigés. Alors qu’en France une telle tragédie rassemble l’opposition et l’exécutif, en Algérie –bien que la condamnation de l’acte barbare soit unanime –cet événement, à cause notamment de l’attitude du pouvoir, suscite le rejet du pouvoir. Pour détourner l’attention, le régime lâche ses affidés pour inculper la région de Kabylie. Et pourtant, s’il y a une seule région d’Algérie qui tourne le dos au discours religieux –et non pas à la religion –, c’est bien la Kabylie. Or, malgré l’amélioration des conditions sécuritaires dans l’ensemble du pays, la Kabylie reste livrée à elle-même. Abandonnée par le régime en place depuis 1962, elle devient du coup le terreau du terrorisme, alors que ses habitants rejettent de façon très nette ce phénomène et l’idéologie allant avec.

Pour conclure, il va de soi que cet acte abject doit être condamné de la plus ferme des manières. Mais, les Algériens ne doivent pas s’arrêter à la simple condamnation. En effet, la gestion du rapt soulève des interrogations sur la gouvernance du pays. Ceux qui nous disaient avant la campagne d’avril 2014 que Bouteflika pouvait gérer le pays ont aujourd’hui, à travers l’assassinat d’Hervé Gourdel, la preuve que l’homme est incapable d’assumer les charges de la fonction présidentielle. Quant à la persistance du terrorisme en Kabylie, il est quand même bizarre qu’une région qui ne croit pas à l’idéologie islamiste –ou du moins extra minoritaire –soit son terrain de prédilection ? D’ailleurs, même si je ne partage et je ne partagerai jamais le combat indépendantiste du MAK, on ne peut pas croire une seconde les allégations mensongères de Louiza Hanoune selon lesquelles le MAK serait pour quelque chose dans l’affaire « Hervé Gourdel ».

Ait Benali Boubekeur

26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 10:51
Et si le premier devoir des nouveaux opposants était de tenir un langage de vérité.

Au début de la semaine, Ali Benflis a accordé une interview au journal El Watan. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nos anciens dirigeants ne deviennent de fervents démocrates que lorsqu’ils sont éjectés du pouvoir. Par ailleurs, bien que son constat puisse être partagé, il n’en reste pas moins que l’homme politique a contribué, depuis des années, à la consolidation de ce régime. D’ailleurs, selon Ali Benflis, pour ne pas renier son engagement politique antérieur, la crise politique, qu’il décline sous les trois formes, institutionnelle, constitutionnelle et légitimité, est récente.

Indirectement, elle l’impute à Bouteflika. Or, bien que ce dernier ait une grande part de responsabilité dans cette crise, il n’est qu’un dirigeant parmi tant d’autres ayant privé le peuple algérien de recouvrer sa liberté. Surtout l’histoire retiendra qu’entre l’Algérie et son ambition, Bouteflika a choisi celle-ci. Mais, si Ali Benflis veut paraître crédible, il faudra –étant lui aussi membre de ce régime –qu’il fasse son mea culpa. Or, quand il s’agit de situer les responsabilités, Ali Benflis se montre réservé.

De toute évidence, bien que notre armée doive être respectée, on ne peut pas, comme le fait Ali Benflis, occulter le rôle politique qu’elle a joué depuis l’indépendance. En fait, son haut commandement –pour ne pas mettre tous les soldats au même niveau de responsabilité –s’est emparé du pouvoir au lendemain du référendum sur l’autodétermination du peuple algérien. Depuis, elle n’a jamais quitté la scène. Et pour ceux qui croient que la grande muette ne s’immisce plus dans la politique, il suffit de se demander pourquoi « le président » de la République est aussi ministre de la Défense ? De la même manière, on peut se demander que fait Gaid Salah dans le gouvernement ?

Dans les pays où le rapport entre militaires et politiques est apaisé, le ministre de la Défense est un responsable politique dont son parti est majoritaire à l’Assemblée nationale. En Algérie, l’enjeu principal consiste à contrôler ce portefeuille hypersensible qu’à convaincre les Algériens de choisir tel ou tel programme. Pour étayer cette thèse, on peut se demander pourquoi Bouteflika a-t-il refusé de devenir « président » en 1994 ? Indirectement, pour lui à l’époque, le contrôle de ce ministre aurait été un gage pour exercer la fonction présidentielle.

Hélas, dans l’interview déjà citée, Ali Benflis semble ne pas vouloir regarder la réalité en face. « Demander à l’armée de s’impliquer dans telles confrontations ou de telles contradictions, n’est-ce pas lui demander d’être un acteur politique ? N’est-ce pas exiger d’elle qu’elle fasse –à notre place –des choix politiques ? Et bien pire, n’est-ce pas la contraindre à porter un projet politique ? Est-ce bien cela que nous voulons ? Je ne le crois pas absolument », répond-il à ses interrogations.

Dans le fond, et à moins que l’on veuille cacher le soleil avec un tamis, l’armée algérienne, sous l’égide de Boumediene et ensuite des différents chefs qu’elle a connus, n’a pas attendu qu’on lui dicte la marche à suivre. En fait, avant même que l’Algérie ne devienne indépendante, et en dépit des appels incessants des hommes politiques, tels que Ben Khedda, Ait Ahmed, Boudiaf, pour ne citer que les plus opposés à l’immixtion de l’armée dans le champ politique, le haut commandement a outrepassé sa mission en provoquant la mise à mort du GPRA.

Aujourd’hui encore, les prolongements de la crise de l’été 1962 se ressentent avec acuité. Du coup, la rupture radicale, c’est incontestablement de reprendre le jeu politique tel qu’il a été stoppé en 1962. Mais, est-ce que cela se passera sans affrontements ? Il est fort possible que ce ne soit pas le cas. Le régime algérien, qui représente la continuité depuis 1962 au prix de plusieurs coups de force, ne va pas se laisser déposséder du pouvoir, et par ricochet des richesses du pays, sans faire couler derechef le sang des Algériens. C’est pour ces raisons que les démarches revanchardes ne peuvent pas être le recours idoine. En revanche, un dialogue sans exclusive peut amorcer un début de changement. Une autre conférence à l’image de celle tenue à Sant Egidio, à laquelle le pouvoir sera associé en tant qu’acteur et non pas en tant que décideur, pourra mener le pays vers un avenir apaisé. Pour cela, il faut que chaque acteur politique pense d’abord à l’intérêt national.

Ait Benali Boubekeur

16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 17:41
Le FFS n’a pas de leçons à recevoir de quiconque.

Qu’il soit pour ou contre une idée, le FFS est la cible de la presse et de certains acteurs politiques. Bien que son projet politique, consistant à créer les conditions d’un consensus national, soit annoncé depuis dix-huit mois, contenues notamment dans les résolutions de son 5eme congrès de mai 2013, une certaine presse nationale, acquise à la cause de la CNTLD, se déchaine contre le FFS. De son côté, le RCD, qui n’a aucune leçon à donner au FFS, renoue avec ses anciennes pratiques. Pour lui, le FFS serait le problème empêchant la résolution de la crise politique algérienne. En effet, dans sa déclaration à la presse, Mohcine Belabbes accuse le FFS, pour ne pas avoir intégré le comité de suivi de la CNTLD, de ne pas avoir « de paroles » et de tenir « un discours vide ».

Normalement, en politique, le bon sens veut que les partis se fixent des limites de respect à ne pas franchir. Dans la déclaration en question, il est évident que le président du RCD ne s’est pas accommodé de ce principe. Hélas, la stratégie de son parti, et ce, depuis sa création, consiste à attaquer en premier pour que les mis en cause le suivent sur ce terrain. Or, dans une période pareille où l’Algérie a besoin d’un changement salvateur, il est souhaitable que le FFS ne réponde pas à ces attaques. Il a sans doute mieux à faire en menant à bien son projet de rassemblement national. Qu’il laisse au RCD cette sale besogne, aidé par des journalistes militants dont la mission d’informer objectivement les citoyens est reléguée au second plan. Mais, cela n’empêche pas les militants de rappeler que leur parti n’a pas à rougir de son parcours. Comme l’a si bien dit Hocine Ait Ahmed, le FFS n’a pas de leçons à recevoir de quiconque. A fortiori quand il s’agit de ceux qui défendent une cause pour la trahir le lendemain.

De toute évidence, le FFS est mu par une seule préoccupation : s’opposer aux usurpateurs du pouvoir pour le restituer au peuple algérien. Et il a prouvé, à plusieurs reprises, sa bonne foi dans ce domaine. Ainsi, au moment où certains pensaient que la démocratie devait être protégée par les chars et les Kalachnikovs, le FFS préconisait déjà le respect de la volonté populaire. Pour lui, il n’y avait aucune raison de barrer la route à Ali Djedi ou à Kamel Guemazi si le peuple lui confiait le mandat de gérer le pays. 22 ans après, et pour des raisons stratégiques, on assiste à une véritable palinodie du RCD. Les deux militants de l’ex-FIS sont reçus en grande pompe au siège du RCD. Pour le RCD, il suffit que les opposants préparent une feuille de route pour que le pouvoir rende les clés de la maison Algérie. Bien qu’elle soit louable, cette approche a peu de chance d’aboutir. Et c’est ce qui sépare fondamentalement les deux formations politiques, le FFS et le RCD.

Ainsi, dans les années 1990, si pour le RCD, la démocratie devait être sous la tutelle de l’armée, le FFS se battait pour que celle-là soit du seul contrôle du peuple. Aujourd’hui, et compte tenu de la situation géopolitique régionale, le FFS prône un dialogue sans exclusive, incluant même le pouvoir dans le processus. Pour ne pas se précipiter, le FFS s’est donné largement de temps pour mûrir son projet. Selon le nouveau secrétaire national, Mohamed Nebbou, les conditions de la tenue de la conférence nationale de consensus sont désormais réunies. « Inchallah, j’espère pour ma part, que cette conférence pourra se tenir avant la fin de l’année, avec l’accord de tous les partenaires pour réaliser le consensus le plus large possible », déclare-t-il devant les participants à l’université d’été du FFS. Enfin, sans vouloir polémiquer, les Algériens, qui aspirent à une véritable démocratie, reconnaissent au FFS ce mérite. Quant à ces détracteurs, ils peuvent jouer à la mouche du coche.

Ait Benali Boubekeur

8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 10:46
Pour une justice équitable en Algérie : retour sur le cas de Youcef Ould Dadda.

La condamnation de Youcef Ould Dadda, à deux ans de prison ferme pour avoir mis sur internet une vidéo incriminant des policiers, est une preuve supplémentaire de l’acharnement du régime contre tous les Algériens qui se battent pour une Algérie juste. En fait, pour nos dirigeants, il n’y pas de place pour ceux qui contestent la conception qui se font de l’Algérie. D’ailleurs, les chefs d’inculpation sont uniment de nature à protéger le régime contre toute forme de déstabilisation. Hélas, ils confondent sciemment l’Algérie et le régime.

En tout cas, pour se donner les moyens de châtier légalement les « fautifs », le régime mobilise tous ses services. Ainsi, les juges, qui exécutent scrupuleusement les consignes, nous sortent le principe sacro-saint « d’atteinte à la sécurité nationale ». Et c’est justement à ce niveau que des citoyens, réunis autour du comité de soutien à Youcef Ould Dadda, se mobilisent pour s’élever contre ce énième abus de pouvoir. Dans leur déclaration du 2 septembre, ils en appellent à la mobilisation des Algériens –épris de justice –en vue d’obtenir la libération de leur compatriote, victime d’un procès inique.

Quoi qu’il en soit, le cauchemar de Youcef Ould Dadda a commencé en mars dernier lorsqu’il a posté une vidéo –en plus, il avoue que ce n’est pas lui qui a filmé –où l’on voit trois policiers en train de commettre un vol. Alors que dans les pays libres, l’auteur de l’acte héroïque aurait fait le tour des plateaux télés pour mettre en valeur son patriotisme, en Algérie, ce geste est assimilé à une machination visant à déstabiliser l’Etat. Cela dit, l’intérêt national n’a pas la même signification chez les dirigeants que chez les citoyens. Si pour ceux-ci cela signifie l’instauration d’un Etat de droit et une justice équitable, pour ceux-là, il s’agit d’invoquer ce principe pour sauver le régime.

Cependant, à en croire les représentants de la DGSN, la vidéo en question serait un montage visant à nuire à l’image de ses agents. Dans ce cas, la justice doit-elle se solidariser systématiquement avec ce corps constitué ? La réponse est non. Les policiers ou leurs responsables hiérarchiques ne devraient pas avoir un titre de super citoyen, mais ils ne devraient pas non plus être injustement punis. En toute indépendance, la justice doit vérifier les arguments des uns et des autres. Or, dans cette affaire, et c’est là que le bât blesse, il semblerait que les juges aient un parti pris flagrant. « Des juges qui exécutent magnifiquement bien leur mission : protéger les maitres, les décideurs et leurs agents contre ces citoyens qui éprouvent le besoin de réclamer la justice, l’égalité et la fin des abus impunis », note l’éditorialiste d’Algérie Focus, Dahmane Semmar. Et c’est ce que tentent de dénoncer plusieurs organisations ainsi que des citoyens réunis au sein du « comité de soutien à notre compatriote Youcef Ould Dadda ».

Enfin, malgré les promesses de campagne pour la présidentielle d’avril 2014 sur le renforcement de l’Etat de droit, force est de reconnaitre que le cas d’Ould Dadda confirme que les annonces médiatiques ne sont qu’un leurre. Dans la réalité, pour que le pouvoir politique change, il faudrait que la société civile l’exige. Et cette exigence de justice doit commencer par une large mobilisation en vue d’obtenir la libération de notre compatriote incarcéré. Et comme dans les pays de droit, la présomption d’innocence doit prévaloir. Et s’il doit y avoir une condamnation, il faudra que la procédure soit irréprochable. En fait, les enquêteurs, qui sont censés établir la vérité, ne peuvent pas être les plaignants. En d’autres termes, la DGSN étant directement incriminée dans cette vidéo, les juges ne devraient pas se baser sur ses conclusions. Seule une commission indépendante, et en accordant les moyens de contrôle à la défense, pourra jouir de la crédibilité en vue démêler le vrai du faux. A partir de là, on pourra parler d’un procès équitable. Et surtout, on tournera définitivement la page des pratiques héritées de la période coloniale qui a institué le concept de super citoyen en opposition aux citoyens de seconde zone.

Ait Benali Boubekeur

3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 18:10
A quand des rentrées sociales apaisées en Algérie ?

En Algérie, les rentrées sociales se succèdent sans que les pouvoirs publics ne soient en mesure d’apporter des solutions idoines. En fait, chaque années, les syndicats autonomes –le syndicat du régime, en l’occurrence l’UGTA, a vendu son âme depuis belle lurette –crient leur indignation. En outre, le malaise social est ressenti par toutes les franges de la société. Mais, celle qui en morfle davantage, c’est indubitablement le secteur de l’éducation nationale. En effet, bien que les autorités ressassent à l’envi que leurs revendications sont prises en charge, dans le fond, il n’en est rien.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la politique de replâtrage mine le secteur le plus névralgique. Cela dit, en qualifiant de névralgique le secteur de l’éducation, les détenteurs du pouvoir ne voient pas les choses de la même manière. Ils considèrent uniment les personnes en charge de l’école comme un boulet. En effet, leur préoccupation ne concerne nullement la formation de l’élite en vue d’assurer la continuité de l’Etat. A ce propos, on peut dire que l’école est exploitée au même titre que les services de sécurité. Le tout est de pouvoir préserver leur emprise sur le pays.

Cependant, s’il devrait y avoir l’amorce d’un changement, celui-ci ne pourrait pas se faire sous le règne de Bouteflika. Et pour cause ! Bien que le pays connaisse une conjoncture financière la plus favorable de son histoire, le pouvoir en place fait tout pour maintenir le peuple algérien dans une situation de crise permanente. Ainsi, malgré les plus de 850M$ engrangés par l’Algérie depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, « 28% de la population vit sous le seuil de pauvreté… Ce qui rend la population très sensible aux variations de prix des biens de première nécessité », écrit Elie Partigeon, dans un article intitulé « comment l’Algérie gâche ses richesses économiques ».

Incontestablement, cette rentrée sociale va ressembler aux précédentes. Tout en continuant à mener le pays dans la mauvaise direction, le régime algérien va essayer de distribuer quelques miettes en vue de calmer la grogne sociale. Or, le danger à moyen ou à long terme est de laisser se pérenniser cette situation de statu quo. Enfin, bien que le scénario libyen ou syrien doive être évité, les Algériens sont condamnés à agir. Ils doivent s’organiser notamment en vue de conquérir le droit de gérer leurs affaires. Pour cela, il faudrait se rassembler sur les points qui font consensus et ne pas s’étaler sur ce qui les sépare.

Ait Benali Boubekeur

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