26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 11:23
Décryptage du message de Mouloud HAMROUCHE.

« Le système, qui a atteint ses limites et ne peut plus se renouveler, ne peut plus gouverner dans la cohérence et la cohésion », extrait de l’interview de Mouloud HAMROUCHE au journal El Watan.

Cette sentence de l’enfant « qui a contribué à construire ce système » renseigne, si besoin se fait sentir, sur la décadence du régime. Bien que ce dernier se maintienne encore par la force, cette logique finira par provoquer un jour sa chute. Hélas, cela ne se fera pas sans conséquences. D’ailleurs, c’est probablement pour éviter les risques d’un changement brutal que Mouloud HAMROUCHE tire la sonnette d’alarme. « Je voulais signaler que le problème ne réside pas dans des querelles, mais dans l’obsolescence du système politique. Un système à bout qui ne peut plus choisir et décider. Il a atteint ses limites et peut s’effondrer à tout moment. Les conditions objectives pour cela sont réunies », explique le chef de file des réformateurs entre 1989 et 1991.

Par ailleurs, ne focalisant pas son intervention sur le scrutin du 17 avril prochain, Mouloud HAMROUCHE regrette le choix de Bouteflika de se représenter, et ce, malgré une santé chancelante. D’après lui, même s’il est élu le 17 avril, il sera absent aux rendez-vous importants, notamment sur le plan géopolitique. Ainsi, contrairement aux précédentes sorties médiatiques, cette fois-ci, son message est clair. Bien qu’on ait du mal à comprendre sa façon exclusive de s’adresser à l’armée (c’est la raison pour laquelle ceux qui pensent construire une dynamique avec le peuple ne peuvent pas le suivre), dans son interview à El Watan, il justifie –ce qui n’est pas faux –que « la majorité de la population a été forcée de déserter le champ politique. »

Or, un changement qui se fait sans le peuple algérien conduira, au mieux, à atténuer les effets de la crise et, au pire, à maintenir un statu quo dévastateur pour le pays. Incontestablement, dans les deux cas, le peuple ne contrôlera absolument rien. A l’inverse, la construction d’une dynamique citoyenne ne peut être que porteuse d’espoir. Bien que Mouloud HAMROUCHE jouisse encore d’un capital de confiance, ça serait vraiment une erreur de demander au peuple pour qu’il suive un homme. Partout dans les pays civilisés, le projet se construit à partir de la base. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, en Algérie, toutes les décisions viennent d’en haut.

Cependant, pour épargner à notre pays des épreuves encore difficiles, le mieux serait de concrétiser au plus vite le changement. Comme l’admet Mouloud HAMROUCHE, « le pays a besoin de réponses maintenant. » Car, si les Algériens n’interviennent pas rapidement pour prendre leur destin en main, l’Algérie, sous le chantage des décideurs, ira à-vau-l’eau. Pour éviter au pays ce scénario catastrophique, il faudra réunir toutes les bonnes volontés, « toutes les idées et aucune contribution n’est moralement récusable », suggère Mouloud HAMROUCHE. En gros, il faut que le rassemblement n’exclue personne. En fait, l’erreur à ne pas faire, selon mon humble avis, c’est d’exclure des patriotes au nom du patriotisme.

Pour conclure, il va de soi que les partisans du changement vont avoir du pain sur la planche. Car, en mobilisant toutes les richesses du pays en vue de se pérenniser, le changement ne sera pas une simple affaire. Pour ne rien céder, les profiteurs du système vont se battre avec acharnement pour garder leurs privilèges. Pour imaginer où ils peuvent y aller, il suffit de décortiquer les déclarations des partisans de Bouteflika. « Que dieu maudisse ceux qu’ils ne nous aiment pas », « Chaouia hacha rezk rebbi », « c’est dieu qui a confié le pouvoir à Bouteflika », sont quelques déclarations de ceux qui veulent s’accrocher indéfiniment au pouvoir. Pour toutes ces raisons, la seule solution réside dans la mobilisation des Algériens pour exiger le départ de ces dirigeants et assurer un avenir radieux à notre pays.

Ait Benali Boubekeur

24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 14:53
« Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois » : la leçon politique de Zeroual à Bouteflika.

Après un silence de plusieurs années, l’ancien chef de l’Etat, Liamine Zeroual, décortique la crise que vit le pays. Indubitablement, il ressort de sa lettre que l’Algérie va mal. En effet, bien que le pays dispose de moyens financiers faramineux, force est de reconnaitre que l’Algérie n’avance pas. Et pour que le pays soit dans cet état, il existe incontestablement des responsables. Contrairement à ce qu’a affirmé Ouyahia sur BRTV, il y a quelques jours, la faute n’incombe pas au peuple algérien. Car, dès lors que la désignation de ses représentants lui échappe totalement, il est politiquement incorrect de l’incriminer de quoi que ce soit.

De toute évidence, dans les pays qui respectent les citoyens, un rendez-vous électoral, comme celui du 17 avril prochain, est un moment où les dirigeants se soumettent à la volonté du peuple. A entendre les courtisans du régime, tels que Sellal ou Ben Younes, on n’a pas l’impression que les dirigeants ne se donnent pas à cet exercice. Car, si jamais cette volonté est réellement respectée, elle donnera normalement « mandat au prochain président de la République d’agir en son nom, pour une période de cinq ans », pour paraphraser le général Zeroual.

En Algérie, depuis le recouvrement de l’indépendance, les scrutins sont formels. Les décideurs de l’ombre choisissent d’abord (d’où la candidature de consensus) et puis on convoque le corps électoral pour entériner ce choix. D’ailleurs, malgré un ton diplomatique, le général Zeroual dénonce, certes en termes un peu voilés, l’acharnement du clan présidentiel à vouloir imposer un homme grabataire à la tête de l’Etat. « C’est là un insigne honneur pour le prétendant à la magistrature suprême mais également une lourde et délicate charge, autant morale que physique », écrit-il.

Cela dit, appartenant lui-même au régime, le général Zeroual n’est pas le mieux placé pour parler du respect de la volonté populaire. En fait, comme tous les chefs d’Etat, il a été imposé en 1995 au peuple algérien. Durant son mandat, ses partisans ont été d’une violence inouïe envers les gens qui ne pensaient pas comme eux. De la même manière, bien qu’il parle de l’alternance au pouvoir, durant la présidence Zeoual, Naegelen aurait paru un petit joueur. Pour les amnésiques, rappelez-vous de la « victoire » du RND aux élections législatives du 5 juin 1997. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fraude du siècle a été avalisée par le général Zeroual.

D’ailleurs, quand il parle de l’alternance, il ne précise pas si celle-ci doit concerner l’alternance au sein du régime ou parle-t-il de l’alternance émanant du peuple. Toutefois, la détérioration de la situation politique sous le règne de Bouteflika est telle que la période Zeroual nous parait démocratique. En effet, bien que la constitution soit conçue pour prévenir la formation d’une majorité de l’opposition au parlement, à travers notamment la création du sénat (la nomination d’un tiers de ses membres par le président est antidémocratique), il n’en demeure pas moins que les rédacteurs du texte fondamental ont introduit un article, le fameux article 74, qui permettrait au moins une alternance à l’intérieur du système. Hélas, depuis 2008, la suppression de l’article limitant le nombre de mandats présidentiels à deux hypothèque les chances de toute alternance.

Quoi qu’il en soit, bien que l’analyse du général soit superficielle, il donne tout de même quelques orientations. Pour sortir de la crise actuelle, le prochain mandat, selon lui, « doit s’inscrire dans le cadre d’un grand dessein national et offrir l’opportunité historique d’œuvrer à réunir les conditions favorables à un consensus national autour d’une vision partagée sur l’avenir de l’Algérie. » Comment y parvenir ? Le général est malheureusement évasif. En appelant au vote massif –on peut comprendre qu’il n’appelle pas à voter pour Bouteflika –, il ne donne aucune consigne de vote. Or, s’il croit à la sincérité du scrutin du 17 avril, il ne dit pas comment le vainqueur fera de son mandat un « mandat-transition ». Enfin, quand on a une ambition pour son pays, n’est-il pas plus judicieux de porter soi-même le projet ?

Pour conclure, comme le montre le titre du texte, à comparer Zeroual à Bouteflika, il va de soi que celui-ci parait plus démocratique et plus soucieux de l’avenir de l’Algérie. En effet, en remettant son mandat en septembre 1998, le général Zeroual a montré qu’il n’était pas un assoiffé de pouvoir. Hélas, il n’en est pas de même de son successeur. Malgré un état de santé en perpétuelle dégradation, ce dernier ne veut pas lâcher les rênes du pouvoir. Et c’est là où se situe la différence entre les deux hommes. Du coup, par rapport à Bouteflika, Zeroual peut être considéré comme un grand homme politique, et ce, malgré sa carrière de militaire.

Ait Benali Boubekeur

22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 16:27
Le parallèle entre la révolution iranienne et la crise politique algérienne

« Lorsque les impérialistes comprirent que le maintien de la monarchie risque de provoquer une révolution, ils commencèrent à «lâcher» le Shah, sous couvert de préoccupations démocratiques », écrit le journal Riposte, le 3 mars 2009.

Incontestablement, c'est ce qu'on appelle le paradoxe des démocraties occidentales. Bien que les responsables des grandes démocraties se soumettent volontiers, chez eux bien évidemment, au contrôle du peuple, en dehors de leurs frontières, leur logique de profit prend largement le dessus sur le respect des peuples. En effet, pour peu que le dictateur, en charge des affaires d'un pays, leur garantisse l'exploitation des matières premières, ils sont prêts à pactiser avec le diable. Dans certains cas, ils n'hésitent pas à intervenir directement dans les affaires des autres pays pour imposer leur protégé. «En 1951, Mossadegh, le chef d'un parti nationaliste, le Front national, devient premier ministre. Il reçoit le soutien du clergé chiite et, appuyé par les sentiments nationaux du peuple, il procède à la nationalisation du pétrole. Un complot monté en commun par les États-Unis et la Grande-Bretagne, l'opération Ajax, aboutit au blocus de la production pétrolière. Le chef des ayatollahs lâche Mossadegh qui est renversé et jeté en prison. Le pétrole est privatisé. Les compagnies US peuvent prendre pieds en Iran en démantelant le monopole de la compagnie britannique exerçait avant la nationalisation », écrit Denis Collin, dans « la chute du Shah. Révolution et contre révolution. » Indubitablement, les peuples du « tiers monde » sont soumis à un double rideau de fer.

Mais, quand le peuple se sent humilié, sa réaction peut transcender toutes les embûches. Bien que la dictature, imposée par le Shah, soit terrible, la mobilisation du peuple iranien s'avère plus redoutable que la terreur du régime inique. « Les leaders des différents mouvements tant libéraux que marxistes ou religieux se rendirent compte qu'ils n'avaient pas les moyens, individuellement, d’encadrer un mouvement populaire aussi massif et déterminé. L'improbable alliance religieux-marxistes-libéraux se renforcera donc encore de plus belle », lit-on dans le même article de Riposte. Ainsi, malgré le déploiement d'un arsenal répressif, le régime iranien, incarné par le Shah, cède devant la détermination des Iraniens. Bien que les ayatollahs détournent la révolution ensuite de son itinéraire initial, force est d'admettre que le peuple iranien a accompli son devoir en mettant fin au règne tyrannique du Shah.

En Algérie, seule celle de 1954-1962 peut être considérée comme une réelle révolution. Toutes les tentatives, durant la période postindépendance, ont échoué. En ce sens, ceux qui assimilent les événements d'octobre 1988 à une révolution se trompent lourdement. Bien que le tribut payé par les Algériens soit au même niveau que les sacrifices consentis par les révolutionnaires des pays où il y a eu le changement de système, force est de reconnaître que le régime algérien a court-circuité le mouvement. Par ailleurs, bien qu'il ait lâché du lest en accordant quelques réformes, les dirigeants algériens vont peu-à-peu revenir sur ces acquis. Aujourd'hui, quinze ans après le règne de Bouteflika, on peut affirmer que la situation politique est en perpétuelle dégradation. En tout cas, celle-ci est semblable à la période précédant le simulacre d'ouverture démocratique. Partant, au risque de contredire ceux qui voient que la solution de la crise algérienne doit être faite en concertation avec le régime en place sont des utopistes. Et ce, à moins que l'on ne veuille pas tirer les enseignements d'octobre 1988. Car, dans ce cas, le régime, en se sentant menacé, va jouer toutes ses cartes en vue de détourner le mouvement. « Le Shah, néanmoins, tenta une ultime fois de rétablir une situation pourtant désespérée. Il entreprit des consultations afin de construire un gouvernement d'ouverture. Pour convaincre de sa bonne foi, il fit dissoudre le parti unique Rastakhiz, et emprisonner le directeur de la terrifiante SAVAK (l'équivalent du DRS algérien). Il alla même jusqu'à faire emprisonner son ami, l'ancien Premier ministre Amir-Abbas Hoveyda », lit-on sur un site internat traitant de la révolution iranienne. Ce revirement du Shah explique à quel point les tyrans résiste jusqu'à l'ultime seconde en vue de sauver leurs privilèges.

Dans le cas algérien, force est reconnaître que les mouvements de contestation sont rarement coordonnés. Et quand il y a un mouvement embryonnaire, tel que le projet de sortie de crise élaboré par les opposants algériens à Sant-Egidio, les premiers à combattre ce projet ce sont les soi-disant opposants. Le régime n'a qu'à s'appuyer ensuite sur sa clientèle pour justifier son refus de se mettre autour d'une table en vue de négocier une issue à la crise politique algérienne. De la même manière, à chaque fois que des acteurs politiques sérieux, à l'instar de Hocine Ait Ahmed ou d'Abdelhamid Mehri, évoquent la nécessité d'un large rassemblement, les faux opposants mettent en avant l'exemple iranien. En d'autres termes, il ne peut pas y avoir d'alliance entre Algériens pour la simple raison que la révolution pourrait subir le même sort qu'en Iran. Du coup, par l'acharnement des éradicateurs, l'Algérie est condamnée à avoir des dirigeants insultants comme Sellal et Benyounes ou des impotents comme Bouteflika.

Pour conclure, il va de soi qu'il ne s'agit pas de copier un modèle. Chaque peuple a ses spécificités. Les Algériens sont assez grands pour choisir le modèle leur convenant. Ce qu'ils n'ont pas le droit de faire en revanche, c'est de rester bras croisés. Et si jamais ils ne font rien dans les brefs délais, l'avenir de notre pays sera sérieusement compromis. Dans ce cas, il ne faudrait pas pleurnicher.

18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 13:43
15 ans après l'arrivée de Bouteflika au pouvoir, la crise politique est toujours là.

« De l'éviction du gouvernement réformateur en juin 1991 à l’intronisation d'Abdelaziz Bouteflika par la hiérarchie militaire en avril 1999, les généraux ont poursuivi ce qu'ils font en réalité depuis l'indépendance : anticiper pour étouffer dans l’œuf toute expression autonome de la société, toute véritable opposition démocratique ou initiative susceptible de créer les conditions d'une alternance qui remettrait en cause leur mainmise sur l'Algérie », extrait d'un article de Hocine Ait Ahmed, du 2 novembre 2003, intitulé « sortir l'Algérie du chaos ».

En effet, d'une certaine façon, il est inutile de retourner jusqu'au coup de force de l'été 1962, perpétré par l'état-major général (EMG) contre le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne), pour expliquer la crise politique algérienne. Les 26 ans de la dictature militaire, sous couvert du règne du parti unique, auraient pu être un mauvais souvenir dans l'histoire de la jeune nation. En effet, l’avènement du pluralisme en 1989 aurait pu contribuer à tourner cette page. En fait, s'il y avait eu un peu de sagesse, l'Algérie aurait pu négocier son virage démocratique au début des années 1990. Hélas, et c'est le moins que l'on puisse dire, quinze après l'arrivée de A. Bouteflika au pouvoir, la crise politique est toujours là. Bien que ses partisans louent sans vergogne le bilan présidentiel, force est de reconnaître que les blocages des années 1990 se posent, aujourd'hui plus qu'avant d'ailleurs, avec acuité.

De toute évidence, sur le plan politique, le régime s'appuie sur sa clientèle -les Algériens étant exclus du champs politique depuis l'accession du pays à l'indépendance -pour imposer son candidat. Par ailleurs, bien que les arguments ne soient pas les mêmes d'une décennie à une autre [le discours sur la légitimité révolutionnaire est troqué en faveur d'une impérative stabilité], tout est fait pour que les rênes du pouvoir restent entre les mains d'un seul groupe. Or, cette stabilité ne profite pas à tous les Algériens. Ainsi, en dépit d'une aisance financière, les pauvres en Algérie se comptent par millions. Dans le même temps, les milliardaires poussent comme des champignons. Et comme par hasard, à l’exception d'un seul membre du FCE (forum des chefs d'entreprises), tous ces patrons soutiennent le quatrième mandat du chef de l’État « sortant ».

A vrai dire, on ne doit pas dire « candidat sortant ». Car, les candidats sortants dans les pays réellement démocratiques remettent leur mandat en jeu. Ce n'est pas le cas bien évidemment de Bouteflika. Sans l'intervention divine, il sera réélu le 17 avril prochain. Bien que cette réélection ne puisse être expliquée par aucune science, y compris la science politique, les dirigeants, qui insultent au passage tous les Algériens qui ne pensent pas comme eux, vont faire de ce rendez-vous électoral biaisé un événement démocratique. Or, qui dit règles démocratiques, dit normalement transparence. Pourquoi ils ne publient pas alors les dossiers des candidats avec leurs certificats médicaux ? Que le médecin, qui a délivré le fameux certificat, dise aux Algériens que le chef de l’État est en bonne santé, toutes les doutes seront levés.

A partir de là, même si les dés son pipés, les Algériens diront que leurs dirigeants « respectent les lois qu'ils ont eux-mêmes imposées ». Du coup, les Algériens jugeront, en étant en contact avec le candidat du système, s'ils est capable d'assumer la fonction présidentielle. Or, les courtisans du système considèrent que le chef de l’État n'a pas besoin d'aller à la rencontre des Algériens. « Il gouverne avec sa tête et non avec ses pieds », claironnent-ils. Poussant le ridicule jusqu'à la limite de l'intolérable, un supporter de Bouteflika déclare sur une chaîne de télévision que « c'est dieu qui a donné ce pouvoir à Bouteflika. »

Pour conclure, il va de soi que l'heure est grave. Si les Algériens se sentent réellement en mesure de former une nation, ils devront descendre dans l’arène. Le changement, ce sont eux qui devront l'imposer. « Cela passe par l'élection d'une Assemblée constituante qui exige la mise en place d'un gouvernement de transition. Loin des fausses solutions, des faux dialogues, des manœuvres de sérail destructrices », suggère Hocine Ait Ahmed dans sa contribution intitulé « sortir l'Algérie du chaos ». C'est à cette condition que l'Algérie mettre fin à une dictature qui n'en dit pas son nom.

Ait Benali Boubekeur

15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 10:19
Le changement doit se faire avec tous les Algériens et contre le régime.

Après la validation de la candidature de A. Bouteflika, on peut dire que l'élection est pliée. Bien que le candidat du régime ne puisse même pas contribuer à sa propre victoire, au nom des intérêts privés, cette joute sera soutenue par les prédateurs de tout acabit et verra une grande mobilisation de la clientèle du régime. En mettant ainsi les Algériens devant le fait accompli, ces derniers n'ont alors que des choix cruciaux. Evidemment, le plus pusillanime serait de dire qu'il n'y a rien à faire. Quant à ceux qui veulent égayer la galerie, ils peuvent continuer leur combat contre le quatrième mandat. Or, malgré certains désaccords internes, les dirigeants algériens ressouderont leurs rangs si jamais la perspective de perdre le pouvoir se profile à l'horizon.

Toutefois, sans être un connaisseur, il me semble que la solution consiste à éveiller les consciences. Comme au début des années 1990, le thème central doit être la sanction de ce régime dans son ensemble. Hélas, le mouvement «barakat», qui se définit comme un mouvement national, reste ambigu sur cette question. Dans une vidéo circulant sur internet, Karima Bouraoui s'oppose au quatrième mandat parce que l'Algérie n'est pas une dictature, dit-elle. Même TSA relève que le mouvement élude la question de la police politique, «dont la dissolution est réclamée par plusieurs mouvements et partis politiques.» De toute évidence, pour les observateurs de la scène politique algérienne, cette revendication est nécessaire pour instaurer une réelle démocratie en Algérie.

Par ailleurs, bien qu'il faille saluer le courage de cette dame bravant les forces de l'ordre, sa colère n'est pas suffisante -et c'est le moins que l'on puisse dire -pour parvenir au véritable changement. Et pour cause! La crise algérienne exige un examen approfondi pour situer les responsabilités. Ainsi, pour Ahmed Dahmani, « le contrat national qui s'est imposé (plus exactement qui a été imposé aux Algériens) a fait que l'armée (et son bras politique, la police politique) a toujours eu (pendant la guerre de libération nationale et depuis l'indépendance à nos jours) un rôle central, a toujours monopolisé les principaux leviers du pouvoir.»

Cela dit, bien que ce soit une opposition partielle, le mouvement « barakat» n'est pas à incriminer. Il n'est en aucun cas responsable de ce qui se passe actuellement en Algérie. Mais, pour ceux qui se disent pourquoi un mouvement qui brave les forces de l'ordre ne bénéficie pas d'un large soutien, on peut répondre ceci: barrer la route à Bouteflika, sans exiger le départ de tout le régime, ne garantit pas le changement.

En revanche, un mouvement qui appelle au rassemblement des Algériens -en Iran, par exemple, l'alliance qui a fait chuter le Chah allait du parti communiste jusqu'aux islamistes radicaux -en vue de contraindre le régime à partir, celui-ci a de fortes chances d’être suivi. Or, en Algérie, dès qu'on parle de ce genre de rassemblement, certains évoquent justement le cas iranien pour exclure une partie des Algériens. Au grand dam de l'Algérie, et au grand bonheur du régime, pour eux, le projet démocratique exclut de fait la tendance religieuse, sauf celle qui est gentille. Dans une conférence-débat, organisée à Toulouse, et à laquelle j'ai assisté, Saïd Sadi nous a dit ceci: «Si un tel cas [la victoire du FIS en 1991] se présentait derechef, j’appellerais à l’arrêt du processus démocratique.» Voilà grosso modo les idées qui empêchement qu'un large rassemblement puisse avoir lieu en Algérie.

Pour conclure, il va de soi que le maintien du régime, à sa tête A. Bouteflika, est porteur de tous les dangers. Cela dit, s'opposer à un seul homme, me semble-t-il, ne peut pas conduire au changement. Or, pour que celui-ci ait les chances de se réaliser, il faudrait qu'il se fasse contre le régime dans son ensemble. Pour parvenir à créer les conditions de ce changement, tous les courants doivent être associés, mais chacun doit garder son autonomie. Car, aucun mouvement ne peut, à lui tout seul, réaliser ce projet. Mais, les Algériens s'acceptent-ils mutuellement pour songer à un tel rassemblement? A vrai dire, il faudrait d'abord commencer par s'accepter mutuellement.

Ait Benali Boubekeur

12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 10:47
Le changement n'est pas l'affaire d'un seul mouvement.

«A défaut de démocratiser les institutions dés 1999, ce qui n'était pas son projet, Bouteflika aurait pu engager la modernisation du pays, rationaliser le travail des institutions», interview de Madjid Benchikh à El Watan, le 8 mars 2014.

Ce passage résume, si besoin se fait sentir, le bilan des quinze ans de règne d'Abdelaziz Bouteflika. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est difficile de dégager des points positifs d'un bilan marqué par la corruption, la hogra et les dépassements en tout genre. En outre, mis à part la clientèle du régime, les Algériens savent que les quelques réalisations sont en deçà des moyens dont dispose le pays. Evidemment, cet échec est celui d'un régime dans son ensemble. Cela dit, bien que ce soit une erreur d'imputer à un seul homme la gestion calamiteuse des Affaires du pays, l'acharnement du chef de l'Etat à vouloir rester au pouvoir, malgré une santé chancelante, risque de mettre le pays en danger.

Toutefois, ce qui est grave, c'est que 52 ans après l'indépendance, l'Algérie ne parvient pas à gérer les périodes cruciales dans la sérénité. Depuis l'indépendance, les dirigeants -mis à part la période où Mohamed Boudiaf a été à la tête de l'Etat -passent leur temps à faire le vide autour d'eux qu'à s'occuper des problèmes de l'Algérie. C'est dans ce sens là qu'il faudrait comprendre les courtisans voulant le maintien d'un chef dont la santé s'est détériorée depuis presque un an. Bien que le régime ne soit pas prêt à céder le pouvoir, la candidature de Bouteflika fausse le jeu et contraint, par la même occasion, des Algériens à se positionner pour ou contre cette candidature. Du coup, on peut dire que le scrutin du 17 avril s'apparente davantage à un référendum qu'à une élection présidentielle, digne de ce nom.

Le plus grave encore, c'est que cette candidature compromet sérieusement les chance d'une transition politique sans heurts. « Le chef de l'Etat, de surcroît diminué par la maladie, ne peut rien sans le commandement militaire, mais celui-ci ne trouve pas en son sein les capacité pour élaborer des politiques nouvelles et des réformes pour organiser le changement, encore moins une transition démocratique. C'est une crise grave du système lui-même qui, par des blocages répétés, met en péril le pays», estime Madjid Benchikh. Cela dit, les Algériens ne découvrent pas ça. Depuis 1962, les différents clans du régime sont d'accord sur une seule chose: éloigner le plus possible les Algériens de la conduite des Affaires de l'Etat. «Comme dans le conte, vous êtes portefaix : C’est là votre sort. Si vous pensez qu’ils vous ouvriront leur porte, Vous êtes bons à duper. Car celui qui, une fois, goûte à la chair de perdrix, N’en sera jamais rassasié», extrait de la chanson de Matoub Lounes.

Par ailleurs, bien que le mouvement "barakat" ne puisse pas -de par sa composante -constituer une alternative [plusieurs membres sont connus pour leur engagement antérieur en faveur de l’arrêt du processus électoral en 1992], il n'en reste pas moins que la colère contre le quatrième mandat est justifiée. Personne ne détenant le monopole de la vérité, tous les mouvements ont leur place. Mais, pour que les Algériens puissent accorder du crédit à l'initiative du mouvement "barakat", il ne faudrait pas que ce mouvement soit la succursale d'un parti politique ou qu'il reprenne l'essentiel des idées de celui-ci. De la même manière, ça serait vraiment une erreur de croire que le changement repose sur un seul mouvement, un seul parti ou une seule association. «Le système sera affaibli, si l'initiative de barakat se développe et si d'autres initiatives de même type se multiplient avec de plus en plus de précisions et de force», souligne Madjid Benchikh.

Pour conclure, il va de soi que la crise algérienne est imputable au régime. Depuis sa fondation, celui-ci a construit un pouvoir et non pas un Etat. Bien que le chef de l'Etat ait une grande part de responsabilité, la focalisation des attaques contre sa personne n'avancera pas la cause du changement. Pour être précis, le départ de Bouteflika et le maintien de la police politique ne changera pas la nature de la crise. C'est pour cette raison que la campagne contre le quatrième mandat pourrait tromper l'opinion. Un opposant à Bouteflika est-il forcément un opposant au régime? La réponse est non. Et les exemples sont légion.

Ait Benali Boubekeur

8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 18:16
L'Algérie a besoin d'une révolution comparable à celle de 1789 en France.

« Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes », réponse des députés du tiers-état à Louis XVI, le 23 juin 1789.


Dans tous les pays, quand la crise de confiance atteint un certain niveau, le changement devient alors inéluctable. L'histoire nous a enseigné que celui-ci s'est toujours fait contre l'équipe dirigeante. De son côté, le régime en place essaie autant que faire se peut de peser de tout son poids pour que ce changement ne se produise pas. Du coup, pour qu'une nouvelle ère voie le jour, il faudrait que le régime en place soit forcé de lâcher les rênes du pouvoir. Or, en Algérie, bien que le taux d'abstention , dans les différents scrutins, atteigne parfois les 70%, le mécontentement citoyen n'a jamais donné naissance à un mouvement révolutionnaire comparable à ceux qui ont existé dans le monde.


Pour illustrer mon propos, je vais choisir le cas de la révolution française. Toutefois, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, il ne s'agit, pour moi, que de comparer deux périodes, certes distinctes, mais qui s'y ressemblent énormément. Tous les autres parallèles ne m'intéresse pas. Qu'en est-il au juste ? En fait, la crise de l'ancien régime, dans certains aspects, est comparable à la crise actuelle que vit l'Algérie. En effet, en 1788, le gouvernement du royaume fut dans l'impasse. La crise de confiance fut telle que les deux ordres, le clergé et la noblesse, ne couraient que derrière les privilèges. Et les députés du tiers-état ne pouvaient pas éviter le pourrissement tant les deux autres ordres étaient d'accord avec le pouvoir royal pour maintenir le système inique.

En Algérie, on constate quasiment la même chose. Bien que le fossé séparant les citoyens du pouvoir s'élargisse de jour en jour, les privilégiés font tout pour pérenniser ce système. Un système qui profite évidemment à une seule catégorie, le clan régnant et sa clientèle. Ainsi, malgré les deux siècles qui séparent les deux régimes, force est de reconnaître que la course au profit ne varie pas énormément. Si la nature des deux régimes varie peu, il n'en est pas de même des deux populations. Ainsi, la différence entre les deux se situe au niveau de la prise de conscience, notamment des élus de l'ancien régime, sous Louis XVI.


En effet, bien que le pouvoir royale n'ait pas été souple avec ses sujets, des hommes courageux ont bravé pacifiquement le pouvoir royal. Convoqués pour les états généraux du 5 mai 1789, en constatant la faillite du système, les députés du tiers-état ont proclamé la fin des privilèges. N'ayant pas été suivis par les deux autres ordres, les élus du tiers-état ont proclamé, dans la foulée, la naissance de l'Assemblée nationale le 17 juin 1789. Malgré la mobilisation des gardes royaux pour disperser les conclavistes, la détermination des représentants du peuple français a triomphé.


Hélas, en Algérie, ceux qui sont censés défendre la parole du peuple sont du côté du régime. Quand on voit des députés applaudir la candidature de Bouteflika, on se dit que ces pseudos représentants sont simplement indignes de toute confiance. Ils déshonorent même cette fonction législative si importante dans des pays démocratiques. Car, dans les pays où les pouvoirs sont séparés [Bill Clinton a failli être destitué par les représentants du peuple après l'affaire Lewinsky], leur mandat leur donne autant de pouvoir que celui du président de la République.


Devant cette situation de blocage tous azimuts, que faudrait-il faire ? La réponse me parait toute simple. Au risque de paraître naïf, je suppose qu'il faille revenir là où la partie s'est arrêtée, c'est-à-dire en 1962. En effet, le coup d'Etat contre le GPRA et l'imposition d'une liste unique du duo Ben Bella-Boumediene à l'Assemblée constituante ont détourné la révolution algérienne de son itinéraire. Pour reprendre le pouvoir qui nous a été volé, les Algériens doivent se mobiliser pour imposer une Assemblée constituante. Cela devra permettre à tous les Algériens d'y prendre part. Que ceux craignent la défaite électorale se préparent psychologiquement à accepter le verdict des urnes. On n'a pas le droit de se tromper éternellement de société. C'est à ce moment-là que l'Algérie bâtira les instituions républicaines, dignes des promesses de ceux qui ont donné leur sang pour la patrie.

Ait Benali Boubekeur

6 mars 2014 4 06 /03 /mars /2014 14:06
Si le peuple n'agit pas, nos dirigeants vont mettre le pays à genoux.

A choisir entre le maintien d'une statut quo porteur de tous les dangers ou engager une transition démocratique permettant un changement pacifique dont le pays a tant besoin, les tenants du quatrième mandat ont choisi, sans aucune hésitation, la première alternative. Les partisans de Bouteflika sont, en tout cas, prêts à livrer une bataille féroce pour que le chef de file soit «élu". Et pourtant, ce dernier n'est même pas capable d'annoncer, en quelques mots, ses intentions. Les images du 3 mars parlent d'elles-mêmes. Heureusement, pour eux bien sur, les techniques de triche, en arrangeant les séquences, existent. Bien que la moquerie du petit journal nous fasse mal au cœur, il n'en reste pas moins qu'au-delà de la blague les animateurs de «Canal Plus » mettent à nu les pratiques machiavéliques des «journalistes » de canal Algérie.

Néanmoins, en l'état actuel des choses, ce ne sont pas ces dénonciations en chaîne qui vont dissuader le régime pour qu'il renonce à son emprise sur le pays. Les dirigeants autoproclamés vont continuer à pressurer la société jusqu'à ce que la situation devienne intenable. Malheureusement, ce jour-là, ce sont les Algériens de condition modeste qui payeront les pots cassés. Entre temps, ce sont les Benyounes, homme opportuniste mangeant à tous les râteliers, les Sellal et autres qui donnent de la voix. En confondant évidemment leurs intérêts personnels avec ceux de l'Algérie, ils claironnent que si le régime ne se maintient pas, ça sera le chaos. Or, le chaos va arriver à cause de leur gestion calamiteuse des Affaires du pays. Ceux qui disent aujourd'hui que la situation en Libye est désastreuse, ces gens-là oublient que ce sont les pratiques de Kadhafi, qui ressemblent à celle du régime algérien, qui ont conduit à cette situation.

Que doivent faire les Algériens? Bien que le mouvement anti quatrième mandat ne constitue pas l'ébauche d'un projet de société, il n'en demeure pas moins que leur colère est juste. Comme nous tous, ces Algériens manifestent une peur légitime. «Où voulez-vous emmener le pays », s'interrogent les Algériens inquiets. Evidemment, pour toute réponse, le régime déploie son arsenal répressif. Or, malgré l'intervention musclée de la police, des voix continuent de dénoncer ce régime. Refusant de renoncer à l'Algérie, les compatriotes lancent des cris alarmants. Dans une chronique à «Maghreb Emergent », Kamel Daoud, dont la plume est incisive, interpelle le candidat Bouteflika. «Que voulez-vous? Plus d'argent? Plus d'Or et d'agneaux? Plus d'applaudissements? Plus de gloire? On vous le donnera. Donnez votre prix et on cotisera pour que vous preniez l'or et nous laissiez la terre. Pourquoi tenez-vous tant à emporter notre pays dans votre tombe? Enterrer vivante notre nation avec vous? ... Votre mascarade, vos danseurs et vos mannequins ont fait de nous la risée du monde. Là où tout le monde se révolte pour arracher la liberté, vous nous réduisez à l'asservissement par votre folie qui pense compenser votre manque de grandeur », lui dit-il.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que malgré ces appels, les dirigeants restent sourds. Atteints de cécité, nos dirigeants ne voient pas que la majorité de la population souffre de leurs agissements. Pour cela, il suffit qu'ils se rendent dans un bal de courtisans, accompagnés de caméras de l'ENTV, pour écouter les encenseurs leur dire qu'ils sont géniaux. Ainsi, en regardant de temps en temps les infos sur la zéro nationale, on se dit qu'avec ces courtisans, nos divergences sont quasiment insurmontables. En revanche, si on est sûr d'une chose, c'est que les héritiers de Ben Mhidi [il a été tué il y a 57 ans en refusant de se plier devant un système colonial injuste], ce ne sont pas eux. Car, on ne s'abaisse jamais de la sorte devant un homme. Bouteflika n'est qu'un homme qui doit rendre les comptes de sa gestion. Enfin, à ces courtisans, on peut dire ceci: vous pouvez prendre toutes les richesses de l'Algérie, mais vous ne ne serez que des bourgeois sans honneur.

En somme, il va de soi que pour le scrutin du 17 avril prochain, les dés sont pipés. Mais, s'il y a un enseignement à tirer sur les trois derniers mois, ça sera le suivant: bien que les clans du régime puissent se déchirer entre eux, ils s'unissent dés que le peuple s'invite au débat. En fin de compte, c'est cette flamme qu'il faudra entretenir avant comme après le 17 avril. En gros, il faudra crier plus fort que les courtisans qui, au nom des intérêts personnels, se proclament du peuple. Quant à ceux qui ont fait et font encore du mal à ce pays, la justice, terrestre ou divine, les rattrapera un jour.

Ait Benali Boubekeur

4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 18:43
Qui va empêcher le sacre de l'« empereur » Bouteflika ?

L'Algérie s’apprête à vivre son énième coup de force. Pour la stabilité du régime, et au grand dam de l'Algérie qui attend un changement salvateur, les décideurs vont nous imposer, comme à l'accoutumée, leur candidat. Apparemment, les querelles internes sont un souvenir ancien. En tout cas, en allant lui-même déposer son dossier au siège du conseil constitutionnel, un appendice d'El Mouradia, le chef de l’État sortant accomplit sans doute son dernier exercice avant de prêter serment.

Et pourtant, il y a quelques jours, avant l'annonce par procuration de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, la scène politique algérienne a connu une effervescence. Or, à chaque fois que les Algériens essayent de débattre, le régime intervient brusquement pour siffler la fin de la récréation. En effet, s'il y avait un deuxième tour, par exemple, opposant Mouloud Hamrouche à Ali Benflis, cela ne serait pas inintéressant. Par ailleurs, bien que la sortie médiatique de Mouloud Hamrouche soit destinée davantage au commandement militaire qu'aux Algériens, le contenu de ses deux messages peut-être considéré comme une esquisse exhaustive à la crise politique algérienne.

Or, comme par magie, à peine une semaine après la première déclaration de Mouloud Hamrouche, « le premier ministre », Abdelmalek Sellal, met fin à toutes les supputations en annonçant la candidature d'Abdelaziz Bouetflika. Dans la foulée, l'ancien chef de file des réformateurs des années 1990 renonce à une éventuelle candidature. Car, l'élection présidentielle en Algérie n'a jamais été une rencontre entre un candidat et le peuple. « J'appelle au boycott parce que les élections ne constituent pas dans notre pays un mécanisme pour choisir », déclare-t-il, le 27 février 2014.

En fait, depuis 1962, pour le régime algérien, dont A. Bouteflika est l'un des éléments clés de l'équipe usurpatrice, les élections sont formelles. Mais, puisque ses partisans évoquent souvent les principes démocratiques, peuvent-ils répondre à cette question : Est-ce qu'un candidat presque mourant a des chances de remporter des élections aux USA (Saidani a fait le parallèle avec Roosevelt) ou en Allemagne (référence de Sellal à Angela Merkel) ? Non seulement les décideurs enfreignent la constitution, mais ils défient les lois biologiques en misant sur un infirme pour sortir l'Algérie de son marasme. En tout cas, les images de l'ENTV du 3 mars 2014 montrant A. Bouteflika affaibli -il faut être aveugle pour ne pas constater la dégradation de son état de santé -sont une preuve irréfutable d'une machination contre l'Algérie.

Cela dit, face à une société démissionnaire, il n'est pas étonnant à ce que le salut de l'Algérie, d’après Mouloud Hamrouche, ne puisse venir que d'un coup d’État. Un coup d’État qui n'en dit pas son nom, bien entendu. « Nous avons plusieurs exemples où l'intervention de l'armée a permis en fin de compte à mettre un système démocratique plus au moins réussi même si cela demande beaucoup de temps en effet », estime Mouloud Hamrouche.

Or, dans les pays où l'armée a encouragé le processus démocratique, à l'instar de l'Espagne ou du Portugal, les sociétés étaient déjà en mouvement. En Algérie, avant l'avènement des réseaux sociaux, les voix contestataires -bien qu'elles soient nombreuses -étaient étouffées. Force est de reconnaître, tout compte fait, que leur détermination n'a pas suffi à enclencher la dynamique citoyenne. Désormais, la contestation que l'on voit dans la rue se contente d'empêcher le chef de l’État de se représenter. Est-ce cela la dynamique susceptible de réaliser le changement ? C'est pour cela, à mon humble avis, que la vision de Hamrouche, consistant à lier l'espoir démocratique en Algérie à l'intervention de l'armée, est une chimère.

En revanche, si les Algériens veulent que leur pays s'épanouisse, il faudra qu'ils retroussent les manches. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. De la Tunisie à l'Ukraine, les tyrannies ne résistent pas à la pression populaire. Cela dit, la chute du régime ne doit pas constituer une fin en soi. En effet, la société civile ne doit en aucun cas relâcher la pression jusqu'à ce que les institutions soient mises en place. A partir de ce moment-là, on ne vivra plus jamais des épisodes comme celui qu'on vit en ce moment. Premier mandat ou quatrième mandat, son titulaire ne sera qu'un simple exécutant de la volonté populaire.

Pour conclure, il va de soi que le passage en force du chef de l'Etat, en vue de briguer un quatrième mandat, n'est pas de bonne augure pour l'avenir du pays. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le pays qui a sacrifié ses meilleurs enfants pour sa libération mérite mieux. Or, jusque-là, le régime a fait de ce pays sa propriété privée. En s'appuyant sur les forces de sécurité, tous les Algériens qui dénoncent leur domination sont soumis à de multiples pressions, en l'occurrence policière et judiciaire. Et tout ça pour satisfaire l’Ego d'un homme voulant mourir sur le trône.

Ait Benali Boubekeur

2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 12:07
 A quand un sursaut national pour libérer le pays de la dictature.

«L'habitude humour des dominés a noté que les potentats ne quittent le pouvoir que dans le cercueil», Albert Memmi, dans «portrait du colonisé».


En tentant le passage en force pour un quatrième mandat, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, vient de confirmer ce constat. Bien que la constitution ne lui interdise pas de briguer un nouveau mandat [le coup de force constitutionnel du 12 novembre 2008 lui a ouvert la voie royale lorsqu'il a supprimé la clause limitant le nombre de mandats présidentiels à deux], force est de reconnaître que cette candidature est une insulte à l'intelligence des Algériens. En fait, son état de santé s'est tellement détérioré, depuis son AVC le 27 avril 2013, qu'il ne peut pas assumer une fonction présidentielle.


Cependant, étant donné que le peuple algérien est exclu dans le processus de la désignation de son premier représentant, ce dernier a deux choix: se coucher comme il le fait depuis au moins deux décennies ou désapprouver la manière dont il est traité jusque-là. Bien que le régime s'appuie sur un arsenal répressif, comme le montre la dispersion musclée des manifestants contre le quatrième mandat à la fac centrale, l'enjeu est tellement de taille -il s'agit de l'avenir de l'Algérie -qu'il ne faudrait pas laisser le pouvoir en décider tout seul.


De toute façon, le contraire, c'est-à-dire la désaffection du peuple, compliquerait davantage la donne. Et l'Algérie souffrira énormément, si le peuple algérien renonce à prendre son destin en charge. En effet, il faut que les Algériens sachent que la reconduction de ce système va conduire inéluctablement à vau-l'eau. Après l'échec du système Etat-DRS, il est temps que le peuple algérien -l'un des derniers pays au monde à qui on impose encore ses représentants -reprenne sa souveraineté. Comme le démontre Lahouari Addi, «la structure même de l'Etat-DRS est génératrice de corruption et de dérapages dans la lutte antiterroriste qui ont rabaissé le droit comme jamais auparavant».


Mais, entre temps, les hauts responsables se partagent tranquillement la rente pétrolière. Sinon, comment expliquer que des dirigeants, dont l'âge avoisine les 80 ans, ne veulent pas prendre leur retraite? Seuls les intérêts colossaux peuvent justifier cette longévité. A vrai-dire, ce qui les intéresse, ce sont les avantages que procurent l'exercice de leur fonction. Pour se donner de la voix, ils mobilisent une clientèle aussi vorace qu'eux. Malheureusement, c'est cette dernière qui réclame, au nom du peuple algérien, le maintien du système, à sa tête Abdelaziz Bouteflika. Dépourvus de toute conviction, les éléments composant la clientèle du régime peuvent sacrifier l'avenir de l'Algérie. Pour renforcer ce clan, on apprend qu'Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem sont de retour pour mener la campagne électorale pour le compte du chef de l'Etat grabataire.


Pour toutes ces raisons, si dans quelques jours un sursaut national ne se manifeste pas, les Algériens, par leur silence complice, participeront à la périclitation du pays. Que faut-il attendre d'un régime qui n'arrive même pas à garantir des conditions spartiates, notamment les produits de première nécessité, alors que le pays a engrangé en dix ans prés de 800 milliards de dollars? Or, si avec cette somme faramineuse Bouteflika n'arrive pas à sortir l'Algérie de son marasme [avec l'équivalent de 200 milliards de dollars, les pays de l'Europe de l'ouest, qui ont subi des destructions consécutives à la Seconde Guerre mondiale, ont reconstruit leur pays et fondé une économie solide], on ne voit pas comment il fera pour sortir l'Algérie de la crise? C'est pour ça que la seule solution réside dans la mobilisation citoyenne.


Pour conclure, il va de soi que notre pays n'a pas de chance en ayant à sa tête des dirigeants incompétents. Après avoir profité du système, ils prennent désormais le pays en otage pour ne pas rendre des comptes. Du coup, ils s'accrochent au pouvoir jusqu'à ce qu'ils rejoignent leur dernière demeure. Au passage, ils n’hésitent pas à laisser une société déchirée, et ce, pour peu que les intérêts du clan soient garantis. C'est le propre de tous les dictateurs. Abdelaziz Bouteflika fait partie de cette catégorie. Maintenant, la balle est désormais dans le camp du peuple.


Ait Benali Boubekeur


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