16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 14:27

benchicou.jpgLes amis d’Averroès et la librairie « la Renaissance » ont convié, hier,  l’auteur du  « Journal d’un homme libre », Mohamed Benchicou, à une conférence-débat autour de son livre. Le débat a été animé par le journaliste à l’Humanité, Alain Raynal, et le président des « Amis d’Averroès », Moncef Benouniche.

D’emblée Moncef  a décrit, de façon laconique, le parcours de Benchicou. Il a notamment mis en exergue les persécutions dont est victime le fondateur du matin. En effet, il a rappelé qu’il a été arrêté en 2004 non pas pour ces écrits, mais sous le chef d’inculpation de délinquant économique. Quant aux œuvres qu’il a publiées, a-t-il ajouté, elles sont au nombre de quatre. Publié en 2004, le livre « Bouteflika, une imposture algérienne » a été sévèrement critiqué par les proches du président. Benchicou a payé un lourd tribut puisqu’il a été arrêté en 2004 et condamné à deux ans de prisons fermes. Au sortir de la prison, a-t-il poursuivi, il a publié « Les geôles d’Alger, le combat du journaliste qui trempa sa plume dans la plaie ». Son troisième livre l’a intitulé « Je pardonnerai ». Et finalement, l’an dernier, Benchicou a publié « le journal d’un homme libre». Après cette présentation, la parole a été ensuite donnée à Benchicou.

L’auteur des geôles d’Alger a précisé que l’interdiction de son livre en Algérie est la preuve irréfutable de l’absence de la liberté dans son pays. Le régime attaque, à travers cette interdiction de publier un travail intellectuel, ce cher symbole, acquis après tant de sacrifices du peuple algérien. C’est aussi, a-t-il dit, l’accès à la lecture qui est remis en cause. Et ceux qui essayent de s’opposer à cette dérive sont tout bonnement punis par l’Etat. Benchicou a étayé son argument en citant le limogeage du directeur de la bibliothèque nationale. Désormais, la publication de livres en Algérie est soumise à la censure, a-t-il ajouté. La bibliothèque nationale, de l’avis de Benchicou, n’est rien d’autre qu’une officine de la police nationale. En plus de sa mission traditionnelle, elle est chargée de recueillir des informations sur les auteurs. Et si l’ouvrage était de nature à porter atteinte à l’image des dirigeants, elle devrait le signaler aux autorités supérieures. Pour preuve, il a donné l’exemple de l’interdiction de son livre avant qu’il ne paraisse. Bien que la ministre de la culture ait justifié ceci par l’apologie à la violence et à l’anti sémitisme, il en demeure pas moins que ces justifications sont infondées et ne sont, en aucun cas, suffisantes pour  interdire le livre.

Cependant, bien que le régime ait mené une campagne mensongère sur le contenu du livre, une partie de la société a refusé de baisser les bras. Pour l’auteur du journal d’un homme libre, les Algériens ont refusé à ce qu’on les prive d’un travail intellectuel fait spécialement pour eux. Du coup, il fallait trouver une solution pour contourner l’interdiction gouvernementale. Et il n’en existait pas mille. Partant, l’auteur a décidé de l’imprimer clandestinement. Toutefois, cette détermination à braver l’interdit n’était pas du goût des décideurs. Résultat des courses : trois libraires ont été arrêtés à Alger. Il s’en est suivi la saisine de tous les ouvrages étalés dans les points de vente. Ce procédé, selon Benchicou, est comparable aux autodafés pratiqués au XXème siècle. Ce qui a engendré en Europe, à ce moment-là, la montée du fascisme. En tout cas, le durcissement de la politique du régime ne vise qu’à régenter la société. Selon le fondateur du journal le matin, ce rapport d’autorité risque de créer un fossé grandissant avec la société. Et sans la vigilance de cette dernière, la confrontation serait inéluctable.

Concernant la relation du régime algérien avec le reste du monde, Benchicou estime que le régime, malgré la domination qu’il impose aux citoyens, n’arrive pas à se faire connaître à l’étranger. Bien qu’il jouisse d’une aura auprès des capitales occidentales, le régime est mal connu par les peuples de la planète. En échange de facilité des marchés, le régime bénéficie du soutien occidental. Ce qui l’a amené à dire qu’il n’existe en Algérie qu’un simulacre de république. Il existe un parlement, un sénat, a-t-il renchéri, mais ces institutions ne sont pas choisies librement par les Algériens. Elles sont imposées grâce à la complicité des puissances occidentales. Le régime français qui soutient indéfectiblement le régime algérien, selon Benchicou, a subi au moins deux phénomènes : le terrorisme et les harraga. Car il est difficile de retenir les jeunes à rester chez eux quand le régime de leur pays ne se préoccupe que de sa pérennité.  Il a terminé son exposé en souhait que les occidentaux aident les Algériens à bâtir une société démocratique.

La parole a été ensuite donnée à l’assistance pour interroger l’auteur sur le contenu de son livre et la situation politique de l’Algérie. Benchicou a répondu bien sûr à toutes les questions sans fard ni acrimonie.

Par Ait Benali Boubekeur.  Toulouse, 16 mai 2009

 

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