3 juillet 2020 5 03 /07 /juillet /2020 13:56

Ces derniers jours, beaucoup d’encre a coulé sur la définition du projet de la future Algérie. Cette polémique est entretenue pas des éradicateurs de la place de la République. Pour eux, le slogan « État civil et non militaire » ne suffit pas. D’après eux toujours, ce ne sont pas les représentants authentiques du peuple algérien issus des urnes qui définiront le cap, mais les représentants du courant éradicateurs. Faut-il rappeler que dans toutes les consultations en Algérie, ce courant était sans assise populaire.

Et si le hirak, comme l’entendent les éradicateurs, définit la nouvelle République avant le vote des Algériens, qui est-ce qu’il le différenciera alors du régime qui a imposé, depuis 1962 à nos jours, le cadre étatique en dehors de la volonté populaire ? C’est sans doute le pire service à rendre au hirak en tentant de lui assigner une mission qui n’est pas la sienne.

Dans la réalité, le hirak n’a pas pour mission de devenir le tuteur du peuple. Ce mouvement, qui représente l’addition de toutes les volontés de la société, ne peut pas remplacer la légitimité des urnes. Car, dans le hirak, ils cohabitent plusieurs courants. En démocratie, la seule légitimité qui vaille est celle qui sort des urnes.

Bien que la crainte des éradicateurs puisse être discutable –l’exemple iranien en 1979 étaie cette thèse –, on ne peut pas bâtir une démocratie en interdisant, avant même l’instauration de l’État de droit, un courant de pensée. Dans le fond, les arguments des éradicateurs ne tiennent pas la route. En Algérie, le système militaire, dans les années 1990, était assez fort pour accepter de se mettre ni sous le contrôle des islamistes ni sous le contrôle des républicains.

Sur quelle base peut-on dire ça ? En juin 1991, il y avait la possibilité de mettre le courant islamiste en minorité lors des élections législatives initialement prévenues le 26 juin de la même année. Malgré le découpage électoral injuste du gouvernement Hamrouche en avril 1991, le FIS n’a pas réussi à troubler l’ordre public.

Au bout de trois semaines de grève, les places occupées commençaient à se vider. Et c’est là que l’incident de la place du 1er mai a tout chamboulé. Une voiture banalisée a ouvert le feu sur les manifestants. Ce qui a provoqué la recrudescence des tensions. Dans l’incapacité de poursuivre sa mission, Mouloud Hamrouche a remis sa démission. La suite est connue : le nouveau découpage de Ghezali, le harki du système comme il se définit lui-même, en octobre 1991 a offert la victoire sur un plateau au FIS.

A rappeler aussi que le FIS ne pesait qu’un quart du corps électoral à cette élection. Pire encore, de juin 1990 à décembre 1991, il a perdu plus d’un million de voix. Hélas, ce qui s’apparentait à un cadeau électoral s’avérait en fin de compte comme un cadeau empoisonné.  Ça c’est pour l’histoire et pour les amnésiques.

Pour l’avenir, il est évident que le peuple algérien, à travers ces mobilisations pacifiques et civilisées, a dépassé ces pièges. Même les courants islamistes ne revendiquent  pas un État théocratique. Il n’y a qu’à voir les déclarations responsables du mouvement Rachad.

En tout cas, dans un État de droit, tous les partis sont contraints de respecter les valeurs de la République. Et la majorité n’est valable que le temps d’un mandat avec obligation de respecter l’alternance au pouvoir. Encore une fois, c’est le peuple –et uniquement le peuple –qui définit qui va représenter la majorité et qui va être dans la minorité. Hélas, cela semble déranger les éradicateurs. Ils veulent une démocratie qui ressemble à la dictature d’une minorité. Et ça, le peuple n’en veut plus, puisqu’il vit cette situation depuis 1962.

 

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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