19 avril 2020 7 19 /04 /avril /2020 23:33

Depuis le recouvrement de la souveraineté nationale, la vie politique algérienne est dominée par un régime militaire. À vrai dire, avant même que le cessez-le-feu ne soit décrété, un groupe d’officiers, installés aux frontières, a décidé d’imposer sa volonté à un peuple exsangue par plus de 7 ans de guerre.

Toutefois, les Algériens n’ont pas attendu le 20 avril 1980 pour s’opposer à l’un des pires régimes politiques au monde. Ainsi, dès le 20 septembre 1962, le premier parti d’opposition a été créé par Mohamed Boudiaf. Bien que d’autres opposants aient donné la chance aux nouvelles institutions, le non-respect des règles élémentaires de la démocratie –le point de rupture étant la rédaction de la première constitution du pays dans une salle de cinéma –les a poussés à rentrer dans une opposition radicale. C’est le cas du FFS à partir du 29 septembre 1963.

Cependant, malgré la victoire au forceps du régime sur ces mouvements d’opposition –il faut attendre février 2019 pour que les Algériens conjuguent leurs efforts au sein du même mouvement –, les activités politiques n’ont pas disparu. Bien qu’elles connaissent des hauts et des bas, depuis 1978, le bras droit de Hocine Aït Ahmed, maitre Ali Mécili, a fait adopter, dans un séminaire tenu dans la région grenobloise, une plateforme où les revendications politiques et culturelles devaient être portées sur le terrain par la nouvelle génération.

De retour en Algérie, ces militants ont suivi minutieusement le plan. Pour la plupart de ces jeunes universitaires, il fallait mener ce combat, en priorité, à l’université. Du coup, dès la rentrée 1979/1980, les partis d’oppositions, en l’occurrence le FFS et le PRS, étaient largement représentatifs au sein de l’université de Tizi Ouzou. D’où la création des comités autonomes pour contrecarrer les syndicats du régime et son fidèle allié, le PAGS.

Quoi qu’il en soit, sans la stupide interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri sur « la poésie kabyle ancienne », à l’université de Tizi Ouzou, le 10 mars 1980, les événements ne se seraient peut-être pas précipités. Bien entendu, il ne s’agit nullement d’enlever quoi que ce soit au mérite des animateurs du 20 avril 1980. Car, quoi qu’en puisse épiloguer sur la portée de ce mouvement, cette date représente une réelle fissure dans l’édifice du parti unique.

Et pour cause ! Après deux décennies du règne chaotique du parti unique, les Algériens n’attendaient que le moment idoine pour se débarrasser de la dictature. D’ailleurs, ce mouvement pour le changement démocratique a été imité par les autres régions du pays, à l’instar d’Oran et Saida en 1982, Annaba en 1983, Casbah en 1985, Constantine et Sétif en 1986, etc. L’addition de ces mouvements a conduit incontestablement au premier printemps algérien en octobre 1988. Hélas, le régime a su déjouer tous ces mouvements. En usant de la répression sauvage, beaucoup de compatriotes ont renoncé à la lutte…jusqu’à une date qui restera mémorable, le 22 février 2019.

Pour conclure, il va de soi que le printemps berbère est le prolongement du mouvement national. Les principaux acteurs y demeurent attachés à ce récit national. Bien qu’une brebis galeuse ait voulu privatiser cette grande date, force est de reconnaître que la portée de ce mouvement dépasse largement ses calculs absurdes.

Dans le fond, toute démarche qui ne s’inscrit pas dans le renforcement de l’union nationale est une pure trahison du 20 avril 1980. C’est ce que rappelait magistralement Mouloud Mammeri dans sa réponse au journal El Moujahid en juin 1980 : « Nous sommes cependant quelques-uns à penser que la poésie kabyle est tout simplement une poésie algérienne, dont les Kabyles n’ont pas la propriété exclusive, qu’elle appartient à tous les Algériens. » Depuis le 22 février 2019, cette citation se vérifie partout dans le territoire national. Et c’est ce qui fait la force du hirak, contrairement à tous les mouvements antérieurs.   

 

  

 

commentaires

A
MCB, Février 1989.<br /> DÉCLARATION DES ANIMATEURS (ONZE SIGNATAIRES) DU MCB<br /> - R. ACHAB, A & A. TALEB, S. KHELLIL, M. STIET, A. FALI.... -<br /> .<br /> ... dénonçant la " manipulation " que constituait la création du RCD, " né avant termes ", avant même la Constitution pluraliste (Mars 1989) qui allait consacrer le multipartisme.... En effet, l'ordre de créer le RCD a été donné par le Général Belkheir avec S. Saadi et M. Ait-Larbi lors des " tractations secrètes en date du 6 Octobre 1988, fixant pour feuille de route: 1, " tenir la Kabylie " pour qu'elle ne reoigne pas la protestation; 2, la " mise à mort " du MCB ; 3, la bataille contre le FFS ; 4, la disloquation de la LADDH....<br /> .<br /> L'écrivain, romancier , anthropologue et grammairien Mouloud MAMMERI avait refusé de venir assister, et il avait avait eu droit à un torrent d'insulte et d'outrances de Saadi et Ferhat. Salem CHEKER avait alors publié un texte dans le Monde où il avait manifesté son opposition au RCD. D'autres activistes, militants et opposants avaient dénoncé la maneouvre des Généraux ultras qui avaient conçu et mis en œuvre la fameuse " ouverture contrôlée ", en créant une fausse opposition, voire une contre-opposition propulsé sur le devant de la scène pour barrer la route à l'opposition vraiment oppositionnelle.... Le RCD, parti-satellite lié au puissant Clan des Généraux faucons / ultras Belkheir-Nezzar-Mediene-Touati-Ait Ouarab-Djebbar / puissant car puiisammment amarré à la puissante Police secrète, la SM-DRS)... <br /> ;<br /> Le RCD a par la suite été fractionné en deux : le MPR de Benyounès et le MAK de Ferhat.Le MAK a été ramifié à son tour : l'URK et le FLK. L'URK fracture en URK-1 /intérieur et l'URK-2 / extérieur. C'est la S-DRS qui crée et récrée, fait-refait-et-défait, untilise, instrumentalise et manipule à sa guise. C'est la stratégie de l'atomisation, l'émiettement, le morcellellement et la dispersion pour parvenir à la " division totale ", qui allonge l'existence le Régime miliaro-mafieux, le renforce et le fortifie.....
Répondre
A
Merci pour ce partage précieux

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories