25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:48

Malgré l’exclusion du peuple algérien depuis 1962, certains événements, notamment la date du 1er novembre 1954, sont communément célébrées et partagées entre tous les Algériens, et ce, quel que soit leur bord politique. En programmant le référendum pour le renforcement du nouveau régime, Abdelmadjid Tebboune a pris le risque inconsidéré de diviser les Algériens.

Cependant, bien que la manœuvre vise à pousser les Algériens à faire de cette date un clivage, c’est le régime qui a été pris à son propre jeu. En refusant de tomber dans le piège de la division, le peuple algérien s’est montré à la hauteur. Il n’en est pas de même des membres du gouvernement. Deux « ministres » ont ainsi commis des maladresses flagrantes.    

Pour le cas du « ministre » de la Jeunesse et des Sports, sa déclaration est carrément un dérapage dangereux. Pour lui, la constitution de Tebboune s’inspire du 1er novembre 1954. En s’adressant aux opposants au régime –il tente de les assimiler aux opposants à l’Algérie, alors que l’ennemi numéro un du pays est celui qui a dilapidé ses richesses, souillé son honneur et piétiné sa souveraineté –, il dit ceci : « si ça ne vous plait pas, quittez le pays ! »

Dans la réalité, la démarche du régime est antinomique avec celle du 1er novembre 1954. Sans refaire l’histoire coloniale –les présidents français parlent d’une entreprise profondément injuste jusqu’au crime contre l’humanité –, il faut rappeler au « ministre » que le soulèvement de novembre 1954 visait à se soustraire de la domination.

Hélas, en 1962, en refusant au peuple algérien de choisir son destin, les décideurs ont imposé leur propre domination. En un mot, la domination a juste changé d’intitulé. Pendant 57 ans, les différents régimes ont renforcé la dictature au détriment des libertés individuelles et collectives.

Toutefois, la pire période, c’est indubitablement celle de Bouteflika. Pendant son règne, il a détruit tous les repères et tous les tissus sociaux. Obnubilé par son égo démesuré, son pouvoir personnel a conduit à des catastrophes qui ont failli dégénérer en 2019 vers l’inconnu si ce n’est la sagesse du peuple algérien et de son mouvement, le hirak. Sans exagération aucune, s’il y a un mouvement qui ressemble à l’esprit du 1er novembre 1954, c’est bien le hirak.

A contrario, cet esprit ne peut être incarné par les successeurs de Bouteflika, et ce, pour la simple raison : plus de 95% de la nouvelle équipe a servi aveuglément Bouteflika, dont le « ministre » de la Jeunesse et des Sports. De la même manière, Abdelmadjid Tebboune a été ministre de Bouteflika de 1999 à 2017, assurant même pour une courte période la chefferie du gouvernement.

Malheureusement, au moment où le peuple réclame une rupture radicale avec l’ancien régime, les mêmes caciques reprennent le contrôle du pouvoir et proclament la rupture avec l’ancien régime. Comment comptent-ils procéder ? Jusque-là, le seul changement est dans le discours. Dans la pratique, il ne s’agit ni plus ni moins que de la continuité de l’ancien régime.

D’ailleurs, cette constitution ne diffère en rien de celle de 2016. « Le président » possède les mêmes pouvoirs qu’un Roi. Sur la méthode, cette constitution est préparée dans le même esprit que celle de 1963, 1976, 1989, 1996. Ce sont les experts qui rédigent. C’est l’exécutif qui tranche. Le peuple ne parait qu’à la fin du processus pour la ratification. D’où l question : est-ce que les hommes de novembre 1954 se sont battus pour instaurer un tel régime? Si le régime le pense vraiment, c’est qu’il ne comprend rien à l’esprit de novembre1954.   

 

  

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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