7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 18:44

djamel_zenati.jpgDans une longue interview à un journal dont la ligne éditoriale n’est plus à présenter, Djamel Zenati ouvre son cœur en s’attaquant sans vergogne à son ancien parti, le FFS. D’emblée, l’intitulé de l’interview, pour ceux qui décèlent la morgue de Zenati, peut déjà prêter à confusion. Ayant raison contre tout le monde, ce qu’il décrète ne peut n’être ni nuancé ni remis en cause. Tu as beau lui dire que « ton point de vue est respectable », mais je crois à une autre voie, il ne se départira jamais de son idée initiale.

D’une façon générale, à partir du moment où Zenati a estimé que les élections législatives ne pourraient pas déboucher sur le changement en Algérie [le résultat, pour être honnête, corrobore sa thèse, mais il faut dire aussi que le peuple algérien n’a pas accompli son devoir], ceux qui ont décidé de participer ont systématiquement tort. En tout état de cause, bien que le président du FFS, Hocine Ait Ahmed, ait insisté dans ses différents messages pour que les militants de son parti respectent les partisans du boycott, ces derniers maintiennent encore qu’une pareille participation équivalait à une compromission.

Par conséquent, pour Zenati, dans cette stratégie du FFS, il y a forcément « le renoncement à la mission historique du FFS au profit d’une fusion dans les choix du pouvoir et l’arrimage à ses jeux claniques ». Quoi qu’il en soit, pour dissimuler leur animosité envers le FFS de Hocine Ait Ahmed, certains contestataires font le distinguo entre la direction et son président. Bien que ce dernier choisisse, selon les statuts du parti, les membres de la direction, Zenati explique qu’ « il faut faire la différence entre le FFS et l’appareil du FFS ». Et surtout, sans présenter la moindre preuve palpable, il accuse le FFS, notamment son appareil, de collusion avec le pouvoir. Néanmoins, bien que l’accusation soit grave, l’argument –et c’est le moins que l’on puisse dire –n’est pas solide.

Cela dit, en dépit des insuffisances que l’on puisse reprocher à la direction, notamment une communication qui n’est pas au diapason des attentes des militants, on ne peut pas parler d’une quelconque dérive. Pour avoir séjourné en Algérie pendant la campagne électorale des législatives, il y a incontestablement une liberté de parole à tel point que les réunions, auxquelles j’ai participé personnellement, trainaient en longueur.

Cependant, après avoir fixé l’objectif de remobilisation de la société, il est normal que le FFS se restructure de sorte à ce que les Algériens puissent le rejoindre. Toutefois, bien que Zenati sache très bien d’où venaient les blocages inhérents à la structuration du parti jusque-là, l’ancien député du FFS réduit ce déploiement à une « opération militaro-bureaucratique avec des relents de chasse aux sorcières ». En tout cas, cet avis n’est pas celui admis par les nombreux militants arrivant au FFS.  Et paradoxal que cela puisse paraitre, celui qui se dit attaché au FFS inaugure son retour en politique en créant son propre mouvement. « Il tire sa force de la justesse de ses positions et de la conviction de ses animateurs », définit-il son mouvement naissant.

A priori, on peut dire, à propos de l’avènement de ce mouvement, qu’il n’y a rien d’anormal à ce qu’un autre mouvement politique naisse en Algérie. Dans les faits, cela doit se traduire par une politique d’opposition ou de soutien au régime. Or, ce mouvement a pour cible privilégiée le FFS. Et bien qu’il épargne Ait Ahmed des attaques directes, Zenati estime –en s’appuyant notamment sur les on-dit –qu’il n’a plus les moyens de s’impliquer dans la vie politique en général.

Quant à son mouvement, il affirme qu’il n’a rien à offrir aux Algériens en dehors d’un cadre d’organisation pour la construction d’un avenir démocratique. Surtout, ce mouvement ne prétend nullement exercer le pouvoir. Enfin, bien que l’expérience catastrophique des Arrouch soit encore dans toutes les mémoires, le mouvement de Zenati épouse les mêmes formes d’organisation. En filigrane, la devise de ce  mouvement peut être présentée comme ceci : personne n’est responsable, personne ne s’engage à construire, etc. D’où d’ailleurs le choix du mode horizontal de ce mouvement. Comment peut-on in fine rassurer les Algériens en ne s’engageant sur rien, alors que les vrais partis n’ont pas réussi à le faire sur la base de projets sérieux ? À moins que le but sous-jacent consiste seulement à déstabiliser le FFS.  

Par Ait Benali Boubekeur

commentaires

D
Zenati a un problème d'ego non reconnu et refoulé. Dommage il est intelligent mais il finit par devenir illisible. Pour ne pas être intoxiqué on a le droit de le censurer pour pas perdre de temps
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