6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 21:14

algeria01.jpgDans tous les pays du monde, lorsqu’un conflit paralyse un pays, les dirigeants politiques sont les premiers à engager un débat sans exclusive avec l’ensemble des acteurs politiques. En Algérie, bien que la tragédie des années 1990 ait plongé le pays dans une crise indescriptible, les responsables algériens se sont recroquevillés sur eux-mêmes en refusant toute initiative tendant à trouver une solution politique au problème.

De toute évidence, c’est pour tenter de trouver une issue à la crise algérienne que plusieurs partis politiques algériens se sont réunis, du 8 au 13 janvier 1995, en Italie –à Rome précisément –en vue de proposer une solution de sortie de crise à la tragédie algérienne. Celle-ci, pour rappel, est la conséquence de l’arrêt du processus électoral, décidé par le haut commandement militaire le 11 janvier 1992. Prévu pour le 16 janvier 1992, le second tour des élections législatives n’aura jamais lieu. Cela dit, bien que le parti vainqueur ne soit pas un chantre des principes démocratiques, au premier tour de ces élections, les Algériens ont sanctionné le régime ayant étouffé le peuple algérien depuis l’accession de l’Algérie à l’indépendance en 1962.

D’une façon générale, les participants à cette rencontre, abritée par la communauté de Sant ‘Egidio, ont mis en exergue, dans la première partie de la plateforme [elle contient six parties en tout], les principes, foulés au sol depuis l’indépendance, devant présider à la gestion des affaires du pays. Ceux-ci sont malheureusement non respectés par les dirigeants algériens qui se sont succédé au pouvoir. Ainsi, en premier lieu, les rédacteurs remontent jusqu’à la proclamation de novembre 1954 pour prôner « la restauration de l’État algérien souverain démocratique et social dans le cadre des principes de l’islam ».

Cependant, pour qu’il y ait la stabilité du régime, les signataires de la plateforme de Sant ‘Egidio consacrent le principe de la non-violence.  En effet, bien que la tentation de se pérenniser au pouvoir puisse attiser les convoitises, ils rejettent  formellement l’emploi de la violence pour accéder au pouvoir ou pour s’y maintenir. En outre, dans le souci d’éloigner le spectre de la dictature, dont l’Algérie a payé depuis 1962 une facture salée, il est question de consacrer le principe de l’alternance au pouvoir. « Les instituions librement élues ne peuvent être remises en cause que par la volonté populaire », énoncent-ils dans le point 6 de la partie relative aux « valeurs et principes ».

En tout cas, les invités de la communauté de Sant ‘Egidio n’omettent rien qui puisse déboucher sur la confiscation du pouvoir. S’inspirant des grandes démocraties occidentales, ils préconisent la séparation des pouvoirs. Pour eux, il faut qu’il y ait une indépendance entre le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Pour couronner le tout, les rédacteurs de la plateforme précisent également le rôle de l’armée. En effet, pour que l’Algérie soit apaisée, il faudrait que l’armée se limité « à se attributions constitutionnelles de sauvegarde de l’unité et de l’indivisibilité du territoire national ».

Néanmoins, les détracteurs de la plateforme soulèvent l’ambigüité du point 7 relatif à la loi légitime. L’assimilant à tort à la l’application de la loi coranique [l’application de la charia], ils rejettent du coup la plateforme dans le fond et dans le détail. Or, dans le point 13, les dirigeants de l’opposition algérienne réunis à Rome avancent le principe de « la liberté et le respect des confessions ». Ce qui prouve que le point 7 ne parle pas de la loi divine.

En tout état de cause, ces propositions constituent, pour les rédacteurs de la plateforme, des éléments de débat avec les autorités algériennes. Par ailleurs, bien qu’à Sant ‘Egidio les partis présents représentent 99% de l’électorat en 1991, il n’en reste pas moins que les chefs de l’opposition n’imposent rien. En plus, bien que les observateurs aient craint l’intransigeance des dirigeants du FIS voulant réclamer la poursuite du second tour des législatives, grâce au discours persuasif d’Ait Ahmed, témoigne le responsable de la communauté de Sant ‘Egidio, cette exigence est évacuée.

Toutefois, pour revenir à un climat non vicié en Algérie, les invités de la communauté de Sant ‘Egidio proposent quelques mesures d’apaisement, notamment la libération  des détenus du FIS, l’ouverture du champ politique et médiatique, l’annulation de la décision de dissolution du FIS, etc. Sur cette base, les acteurs politiques réunis à Rome s’engagent à respecter la constitution en vigueur. À partir de là, estiment-ils, la négociation peut commencer.

En tout état de cause, s’accrochant indûment aux avantages que procure l’exercice du pouvoir, les dirigeants algériens refusent toutes propositions allant dans le sens de résoudre le conflit. Pour fabriquer un dialogue à leur convenance, les dirigeants Algériens vont aller, dès 1996, dans les montagnes en vue de négocier avec des éléments armés. Résultat des courses : prés de deux décennies plus tard, le retour au calme en Algérie n’est pas effectif. Et si le régime algérien avait accepté ce cadre de travail, proposé par les rédacteurs de la plateforme de Sant ‘Egidio, l’Algérie aurait gagné un temps précieux  pour s’occuper des problèmes plus importants, à l’instar du chômage, la répartition équitable des richesses nationales, etc. Malheureusement, le document est rejeté dans le fond et dans la forme. Depuis cette date, la constitution est remaniée deux fois. À chaque fois, le pouvoir du président est renforcé, au détriment du droit du peuple à choisir librement ses représentants. Du coup, l’Algérie repose sur la volonté d’un seul homme, le président de la République, lui-même désigné préalablement par un cercle occulte du pouvoir à qui il devrait rendre des comptes.

Par Ait Benali Boubekeur

   

 

 

 

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