17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 17:00

408610_291559054277826_922805981_n.jpgLa sanglante répression du 17 octobre 1961, à Paris, est vraisemblablement l’un des événements les moins médiatisés dans l’histoire de la guerre d’Algérie. En effet, bien que les victimes et des historiens aient tenté de faire connaitre cette tragédie, le verrouillage, autour de cet événement par les autorités françaises, a conduit indubitablement à le rendre méconnaissable. Du côté français, cela n’est-il pas dû au fait que le principal mis en cause, Maurice Papon, a occupé des postes importants après l’indépendance ? En partie certainement. Que des crimes soient commis ailleurs, dans les territoires coloniaux notamment, cela ne gênait pas trop ; mais, que cela se passe au cœur de la capitale, l’affaire pouvait poser un réel problème. D’où le mutisme entourant cette affaire.

D’une façon générale, pour que le secret soit percé, le grand public a attendu près de trois décennies pour qu’il ait connaissance des détails de cette répression. En 1991, Jean Luc Einaudi publie un ouvrage intitulé « la bataille de Paris ». D’une façon évidente, l’auteur montre implicitement que la jeune cinquième République n’est pas allée de main morte pour stopper la procession des paisibles travailleurs algériens, le 17 octobre 1961. En effet, ces derniers sont venus en masse manifester contre le coup de feu discriminatoire imposé, aux seuls algériens, par Maurice Papon. Ainsi, environ 30000 Algériens, de la région parisienne notamment, répondent à l’appel de la fédération de France du FLN.

Cependant, bien que les autorités coloniales mènent des négociations avec le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne), il n’en reste pas moins que le mouvement révolutionnaire est combattu sans ambages, notamment en métropole. Malgré les difficultés inhérentes à son implantation, il n’en demeure pas moins que la fédération de France du FLN ne baisse pas les bras. « L’affaiblissement de la fédération de France induit par les internements et les expulsions massives en Algérie furent même portés au crédit du préfet de police qui contribua ainsi à montrer que même si l’Etat français négociait avec le FLN, il le faisait en position de force et sans y être contraint par les « attentats » perpétrés par les indépendantistes », écrit Emmanuel Blanchard, en 2001.

En tout état de cause, le préfet de police, Maurice Papon, a –et c’est le moins que l’on puisse dire –les coudées franches. Dès le 2 octobre, il donne des consignes fermes. Pour un coup donné, avertit-il, « nous en porterons dix ». Mettant son plan à exécution, il impose, à partir du 5 octobre, un couvre-feu spécialement pour les Algériens. Couvert par sa hiérarchie, notamment par le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, il interdit aux Algériens de circuler la nuit à partir de 20 heures 30.

Néanmoins, bien que le bon sens recommande aux dirigeants de la fédération de France de ne pas donner une occasion au réactionnaire Papon afin de taper sur les Algériens, la décision arrêtée par l’organisation du FLN consiste à rassembler le maximum de monde en vue de prouver que le FLN a les moyens de riposter contre les mesures iniques mises en place contre eux. Ainsi, le 17 octobre 1961, vers 20 heures, des cortèges immenses convergent vers les bouches du métro parisien. Bien que les sources ne donnent pas les mêmes chiffres quant nombre de manifestants, il n’en reste pas moins que les rues grouillent de monde.

Par ailleurs, en dépit des consignes strictes de la fédération de France du FLN sur le caractère pacifique de la manifestation, les hommes, sous les ordres de Maurice Papon, ne conçoivent pas les choses de la même façon. D’ailleurs, le bilan des arrestations témoigne, si besoin est, de l’ampleur de la répression. Pour se rendre compte de la grandeur de la violence, vers 22 heures 30, le nombre d’arrestation est uniment exorbitant. Cela dit, bien qu’il ne soit publié que 48 heures plus tard, les autorités françaises font état de l’arrestation de 11638 Algériens. Quant au nombre de morts, le bilan a été longtemps dissimulé. En effet, il faut attendre presque trente ans pour que l’on admette que celui-ci oscille entre 200 et 300 morts ce jour-là.

En somme, il va de soi que ce crime, de surcroit injustifié dans la mesure où les accords de cessez-le-feu seront signés cinq mois plus tard, ne diffère pas des autres commis tout au long de la guerre d’Algérie. Tout compte fait, la logique répressive demeure le seul langage. Enfin, vers la fin de la guerre, bien que le général de Gaulle engage une négociation de fond avec le GPRA, il ne parvient pas tout de même à contrôler tous les énergumènes, dont Maurice Papon fait indubitablement partie de cette catégorie. En tout cas, jusqu’à l’ultime seconde de la guerre d’Algérie, et ce, malgré les propositions de paix, la répression a été le maitre mot de la guerre d’Algérie.

Par Ait Benali Boubekeur

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