9 août 2020 7 09 /08 /août /2020 11:32

Même si le régime tente de faire passer le procès de Khaled Drareni pour une affaire banale, tout le monde sait que l’affaire est politique. Bien qu’il soit arrêté en compagnie de deux autres animateurs du hirak, en l’occurrence Samir Belarbi et Slimane Hamitouche, le maintien en détention provisoire du journaliste confère à son affaire un autre cachet.

En effet, que le régime le veuille ou non, ce type de chantage n’existe pas dans un État de droit. Dans les pays qui se respectent, les procédures judiciaires sont bien encadrées. Hélas, en Algérie, la justice du régime tient compte des paramètres qui échappent au droit. Ainsi, sans minimiser le rôle des deux autres militants, le cas de Khaled Drareni démontre tout l’acharnement du régime contre l’idée même de la presse libre.

Quel est son tort ? Rapporter fidèlement les mots d’ordre du hirak. Cela ne plait pas aux décideurs. Ils préfèrent plutôt un journalisme dithyrambique. En tout cas, en punissant Khaled Drareni, le message du régime est un peu plus clair. À en croire Lahouari Addi, le message du régime aux journalistes est le suivant : « je n’ai pas le courage d’assumer la censure de la presse, mais si vous ne vous autocensurez pas, vous serez poursuivis pour une  incitation à la violence, atteinte à la sûreté de l’État, intelligence avec l’étranger », écrit-il sur sa page facebook.

Bien que la révolution du sourire ait libéré la parole, le régime ne digère pas la liberté de ton. Et pourtant, les médias dans leur ensemble sont en accord avec la politique du régime. Ainsi, malgré le vent de la liberté, il n’existe que quelques journalistes qui refusent de courber l’échine.

Dans toutes les manifestations, ces justes ne font que relater la vérité. Contrairement à la vile presse qui vit dans le mensonge – certains sont allés jusqu’à présenter la marche du 5 juillet 2020 à Paris comme un soutien de la diaspora à Tebboune –, Khaled Drareni n’a fait que rendre au journalisme sa lettre de noblesse, où sa mission consiste avant tout à rapporter les faits avec fidélité.

Hélas, dans les régimes qui n’émanent pas de la volonté populaire, la vérité n’est pas bonne à dire. Pourquoi le régime algérien ne supprime pas carrément la liberté de la presse ? Pour des raisons stratégiques, il a besoin de plaire aux puissances occidentales.  D’ailleurs, dans toutes ses sorties médiatiques, Tebboune parle de la liberté de la presse en arguant que plus de 8000 journalistes travaillent sans être inquiétés.

Or, cette grande majorité de la presse est anti hirak et défend systématiquement les positions du régime. La question qui se pose est la suivante : comment se fait-il qu’un régime défendu par la grande majorité des journalistes ait besoin d’emprisonner le seul journaliste qui ne se conforme pas à la corporation ? La réalité, c’est qu’en rapportant les mots d’ordre du hirak,  la voix de Drareni pèse plus que tous les médias du régime. D’ailleurs, les chiffres officiels du régime lors de la dernière élection montrent que six Algériens sur dix ne soutiennent pas le régime.

Enfin, dans deux jours, on connaîtra la décision du tribunal Sidi Mhamed. Tout porte à croire que le jugement sera sévère. En tout cas, à travers cette décision, comme le décrit si bien Lahouari Addi, le régime indiquera « dans quelle direction les décideurs veulent aller.» Cela dit, les Algériens doivent aussi avoir leur mot. Car, leur silence pendant plusieurs décennies a facilité la tâche au régime en vue de dépecer le pays.      

 

     

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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