19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 09:25

Depuis des années –si ce n’est depuis la naissance du régime algérien –, on nous parle des ennemis de l’Algérie sans jamais les identifier. Dans sa dernière sortie médiatique, le chef d’état-major, Saïd Chengriha, s’adonne au même exercice. Pour quel objectif ? Son but est de ressouder les rangs en vue de faciliter la tâche à la direction actuelle, conduite par Abdelmadjid Tebboune. Or, si vous aviez voulu du bien pour ce pays, pourquoi ne l’auriez vous pas fait pendant 58 ans où les Algériens ne contestaient pas la direction nationale ?

Cependant, bien qu’il ne nomme pas directement les ennemis de l’Algérie, il est aisé de comprendre que les attaques sont destinées à ceux qui s’obstinent à poursuivre la lutte au sein du hirak en vue de bâtir une nouvelle Algérie. Sans le dire clairement, il y a, selon le régime, les bons Algériens qui sont solidaires avec la direction du pays et de l’autre côté le reste du peuple, regroupé au sein du hirak, qui est automatiquement « hostile à l’Algérie ». C’est ce que met en exergue la dernière sortie du chef de l’état-major.

Dans la réalité, les vrais ennemis de l’Algérie sont ceux-là mêmes qui ont mené le pays à la ruine. En effet, depuis l’indépendance du pays, le régime s’est substitué au peuple algérien. Rappelons-nous de Bouteflika clamant devant un journaliste étranger qu’il incarnait à lui tout seul toute l’Algérie. Pour rejoindre le régime, l’individu doit donc renoncer à tous ses principes dans le sens où il doit défendre l’issaba au lieu des intérêts du pays.  

En tout cas, depuis 1962, le régime a gouverné sans opposition au sein des institutions, sans contre-pouvoirs, sans rendre de compte à personne. En s’appuyant sur une clientèle vorace, il a géré le pays comme une vulgaire entreprise familiale. Pendant tout ce temps-là, il a procédé de la même façon : si les prix du pétrole augmentent, les richesses sont partagées entre les cercles des affairistes du régime. Et si les prix dégringolent, il procède aux augmentations tous azimuts des prix et des taxes pour renflouer les caisses du régime.

Cette gestion chaotique a duré des années. Avant le hirak, les Algériens ont été divisés sur les moyens de lutte. De son côté, le régime qui dispose des moyens colossaux parvient toujours à casser ces dynamiques. Et ce, en s’appuyant sur les services de sécurité, lesquels ont malheureusement renoncé à leur citoyenneté en contrepartie d’un maudit salaire.

Et si ce même peuple avait continué à se soumettre à cette direction du pays, on serait toujours gouverné par Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Car, toute la direction du pays –FLN, RND, état-major, sénat, Assemblée nationale, FCE, UGTA –était pour le cinquième mandat de la honte. Il est alors difficile de nous faire croire que toutes ces personnes, réunies à la coupole le 9 février 2019, aient placé les intérêts du pays au dessus de leurs intérêts personnels. Et quand les Algériens sont sortis à Djelfa, Kherrata et puis dans toutes les wilayas, leurs craintes étaient de se faire canarder par les services du régime. Car, jusque-là, il n’y avait que des réponses répressives de la part de la direction du pays.

Hélas, bien que le régime ait accepté de se séparer de Bouteflika, il ne veut pas se remettre en question. Pour dépasser la crise, le régime a choisi quelqu’un qui était à la coupole le 9février 2019 pour incarner une nouvelle Algérie. Si cette solution convient au régime, car il garde tous ses privilèges, les Algériens continuent à aspirer à une autre Algérie. En quoi cette préoccupation de l’avenir du pays est une traitrise ? C’est l’histoire qui jugera tous les faits. Une chose est sure : ces militants traqués n’ont ni volé les richesses du pays, ni tué personne pour être jugés ainsi. Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas dire autant de ceux qui étaient à la coupole le 9 février 2019.

 

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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