28 juin 2020 7 28 /06 /juin /2020 13:54

Après l’arrestation d’Amira Bouraoui et la mise en demeure du parti de Mohcine Belabbes, le régime pense avoir achevé la contestation. Bien entendu, il est libre de faire ce calcul. Il faut dire aussi que ce terrain a été balisé par ses chargés de mission qui se sont mis à attaquer systématiquement le hirak et ses têtes d’affiche.

Cela dit, pour qu’il n’y ait pas de malentendu, le hirak ne fonctionne pas comme un parti politique. Si tel était le cas, il se serait disloqué depuis longtemps. Il s’agit plutôt d’une pression populaire –son caractère pacifique et civilisé est salué de par le monde –en vue de réclamer aux usurpateurs du pouvoir de leur restituer leur bien, l’Algérie. Et en aucun cas, le hirak n’a vocation ni à prendre le pouvoir ni à l’exercer.

Du coup, que le régime et ses missionnaires le veuillent ou non, le hirak ne peut pas être éliminé. Car, il traduit le sentiment d’un peuple voyant son pays être mené à l’abattoir par une bande d’irresponsables. Et même s’ils veulent désigner des têtes, comme le fait si bien l’écrivain de service Bensaada, le piège ne réussira pas.

Quelle est alors l’ambition du hirak ? Ce mouvement de contestation populaire, qui regroupe toutes les sensibilités, demande que le pays soit géré comme toutes les Républiques qui se respectent. Cela passe par l’élimination de tous les réseaux informels qui tiennent en otage le pays et ses institutions. Il s’agit donc de définir une stratégie permettant au pouvoir de transférer le pouvoir au peuple. Le Soudan a choisi cette voie.  

Hélas, cette approche ne convient pas au régime, car il y a des grands intérêts personnels en jeu. En guise de riposte, il essaie de personnaliser le problème. Ainsi, depuis l’installation de Tebboune, le régime tente, selon sa propre vision, de frapper le hirak à la tête. C’est peine perdue, car le hirak, c’est tout le monde à la fois et c’est aussi des participations individuelles.

Pour ces raisons, la multiplication des arrestations et les intimidations ne sont que des coups d’épée dans l’eau. Car, bien que ces personnes soient respectables, elles ne sont que des éléments dans le hirak. En revanche, plus la répression augmente, les Algériens comprendront que le régime n’évoluera jamais. D’ailleurs, à aucun moment, cette rupture n’est perceptible dans les actes.

De toute évidence, si Tebboune voulait vraiment tourner la page du passé, il opterait pour un mandat de transition permettant d’instaurer des nouvelles institutions sur le modèle des pays démocratiques. Hélas, dès la prise de ses fonctions, il s’appuie sur les mêmes symboles du régime. Dans toutes les équipes qu’il dirige, rares ceux qui n’étaient pas des responsables sous Bouteflika. Pire encore, profitant de la pandémie –un malheur planétaire –, il met en œuvre une politique sécuritaire pire que celle de l’époque de Bouteflika.

De la même manière, sa politique de confinement est la pire qui soit observée dans le monde. En effet, dans les pays où les dirigeants sont comptables de leurs politiques, ils ont décrété le confinement total sur une période courte et, en même temps, ils se sont engagés à subvenir à tous les besoins de leurs compatriotes et même au-delà. Étant étranger en France, j’ai bénéficié de ces mesures généreuses. En contrepartie, tout le monde est invité à respecter le couvre-feu sanitaire. Résultat des courses : le pays s’est déconfiné depuis le 11 mai 2020.

En Algérie, le régime joue avec la vie des Algériens. Il ne confine pas totalement et il ne suit pas l’exemple suédois consistant à rechercher l’immunité collective. Du coup, il utilise le confinement comme une arme politique. Ainsi, tout en permettant à ses alliés de se réunir en congrès dans des salles clauses, il interdit aux citoyens de se rassembler pour des raisons sanitaires. Ce sont donc ces contradictions qui vont donner un second souffle au hirak. car, si le mouvement s’arrête comme le souhaite Tebboune, ce sera l’échec, et ce, dans le mesure que rien n’a changé depuis 1962.   

 

 

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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