13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 21:09

À l’instar de toutes les libertés, la liberté de la presse souffre énormément en Algérie. La raison est toute simple : le régime algérien veut tout contrôler. Et ce n’est pas parce que la grande majorité de la presse s’y soumet –Abdelmadjid Tebboune parle de 8000 journalistes qui ne sont pas inquiétés –que la situation peut être qualifiée de normale.

En tout cas, la gestion de ce secteur sensible est à l’image de la politique menée par le régime depuis 1962. En plus de la corruption à tous les niveaux, les médias sont utilisés comme un outil de propagande. C’est pourquoi les médias publics n’ont jamais été ouverts à l’opposition, à l’exception de la courte période gérée par les réformateurs. Depuis cette parenthèse, l’information est utilisée dans le même et unique objectif : louer l’action du régime.

Toutefois, quoi qu’on puisse épiloguer sur les luttes antérieures, le mouvement du 22 février 2019 a fait rentrer l’Algérie dans une nouvelle ère. Celle-ci prévoit une rupture totale avec les pratiques du système pour qui ses soutiens sont de bons Algériens et les autres sont des traîtres à éliminer. Hélas, le régime n’a pas encore dit son dernier mot. Après leur libération –car, le hirak a avant tout libéré quelques voix à l’intérieur du régime –, les nouveaux caïds se retournent contre la révolution qui les a émancipés.

En effet, qui pouvait imaginer, avant le 22 février 2019, Abdelmadjid Tebboune accéder à la magistrature suprême ?  Deux éléments prouvent que ce scénario était impossible sans l’avènement du hirak. Après sa désignation à la tête du gouvernement en 2017, le patronat ne voulait pas travailler avec lui. Résultat des courses : les Bouteflika l’ont renvoyé comme un malpropre. Le deuxième événement est l’implication de son fils dans l’affaire de l’importation de 701kg de cocaïne.

Pourquoi ces rappels ? Lors de ses multiples déclarations médiatiques avant le 12 décembre 2019, Tebboune expliquait qu’il n’était pas comme les Bouteflika. Il disait même qu’il était différent. Personne à ce moment-là ne pensait au pire. D’ailleurs, est-ce que c’est cela qui a motivé l’homme fort du moment, en l’occurrence Gaid Salah, à le porter à la tête de l’État ? Ce n’est pas impossible.

Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que depuis sa désignation, Abdelmadjid Tebboune ne montre aucun signe d’apaisement politique. Aidé par la pandémie, les arrestations, les convocations et les prolongements de peine augmentent substantiellement. Chaque jour, plusieurs animateurs du hirak publient sur les réseaux sociaux leurs convocations par les services de sécurité. Quel est leur tort ? C’est de croire qu’une nouvelle Algérie est possible.

Finalement, le régime a du mal à accepter de se mettre sous l’autorité du peuple. Car, dans le cas où il accepte, cela veut dire que tous les Algériens seront égaux devant la loi. Chaque institution va exercer ses pouvoirs en dehors de toute injonction de l’exécutif. Le budget de l’État sera élaboré en fonction des besoins du peuple et non en vue de satisfaire les lobbies qui gravitent autour du régime. Malheureusement, avec le maintien de ce système –le problème n’est pas dans les personne, mais c’est ce genre de système qui génère tous ces défauts –, ce rêve paraît lointain. Mais, si les Algériens ne renoncent pas à la poursuite du hirak, ce ne sera pas impossible de changer de système. À quel prix ? Les prisons vont sans doute se remplir davantage.

    

 

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

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