18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 14:51

Comme toutes les constitutions imposées jusque-là au peuple algérien, celle d’Abdelmadjid Tebboune ne risque pas de déroger à la règle. En effet, depuis la désignation de la commission chargée de sa rédaction jusqu’à son adoption, toutes les étapes sont et seront contrôlées par le même régime. D’ailleurs, même si les citoyens essaient de participer, leur apport sera nul puisque les choix ont été faits bien avant la désignation de ladite commission.

C’est pourquoi il est difficile de parler de la constitution du peuple algérien. Car, depuis l’indépendance, le régime élabore des textes en vue d’asseoir sa domination sur le pays. C’est tout le contraire d’une constitution du peuple où c’est le contrat social qui est adopté en vue de permettre les équilibres et la séparation des pouvoirs. À partir de ce contrat, les équipes gouvernementales se succèdent sans que le nouveau responsable ait le besoin de tout réécrire. Chez nous chaque chef de l’État préfère en avoir sa propre constitution.

Et pourtant, avant « l’élection » du 12 décembre 2019, tous les discours officiels parlaient de la nouvelle ère. En effet, après la tentative de reconduire un homme cliniquement mort à la tête de l’État, le régime a été pris à son propre piège. Le mouvement populaire a alors  mis à nu les pratiques irresponsables du régime le poussant à faire marche arrière. À rappeler que le chef de l’État était dans le premier cercle du régime de Bouteflika. Pourquoi le régime a été alors aveugle au point de ne pas prévoir une telle crise ? Dans la réalité, ce type de régime –les constitutions qu’il élabore ne prévoient pas la remise en cause par le peuple de leur domination –n’a aucune prévision d’avenir. Ses intérêts immédiats priment sur tous les rêves de la société.    

Est-ce que le régime a tiré les enseignements de la crise ? Certainement oui. Mais, quel enseignement alors ? Il ne va plus se retrouver dans la même situation que celle de février 2019. C’est-à-dire, dans la nouvelle constitution, une disposition constitutionnelle permettrait de déjouer le piège si le peuple venait à reprocher au dirigeant son incapacité à diriger le pays. D’où la création d’un poste de vice-président. Fait de prince, celui-ci est désigné par « le président ». Donc, sur deux, trois ou même quatre ans, l’Algérie pourrait être dirigée par un homme choisi par une seule personne. De même qu’en 1996, le régime a créé le sénat, dont le tiers est désigné par « le président », pour empêcher l’opposition d’avoir une majorité au parlement. C’est cela l’esprit des lois en Algérie.

Pour toutes ces raisons, il est difficile qu’une nouvelle Algérie émerge à l’ombre de cette énième révision constitutionnelle. On peut même dire qu’on est loin des aspirations du hirak de février 2019, qui souhaite la restitution des rênes du pouvoir au peuple. Et si le hirak s’arrête pour une raison ou une autre, cela veut dire que le mouvement populaire de février 2019 a juste donné l’occasion au régime de corriger certaines failles. Ce qui lui donnerait une longévité plus grande que celle prévue par les tenants du régime. Mais, si cela doit arriver, il restera au moins une seule bataille à mener : que cette constitution du régime ne rende aucun hommage au hirak. Car, les objectifs du hirak sont diamétralement opposés à l’esprit de la constitution de Tebboune.   

 

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories