27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 13:28

Le règne dictatorial n’a pas seulement détruit l’économie, mais il a précipité la descente aux enfers de la société algérienne. Désormais, des Algériens peuvent s’en prendre aux langues, à la liberté des autres au nom de leur idéologie. C’est la polémique de ces derniers temps, entretenue par le leader islamiste Makri qui veut criminaliser l’usage de la langue française. Bien entendu, la régression ne se résume pas à ce thème.

Néanmoins, cette forme d’extrémisme n’est pas propre à ce courant. Ces idées peuvent être émises par des courants dits laïques, où la haine de la langue arabe et de la religion musulmane est assumée. Du coup, le but de cette note n’est pas d’incriminer un seul courant, mais de dénoncer l’exploitation de certains thèmes à des fins politiques.

En tout état de cause, ce genre d’abus n’a jamais arrangé les affaires de l’Algérie et encore moins en cette période où le peuple algérien se bat pour se réapproprier les institutions du pays, accaparées par le régime depuis 1962.

Pour revenir à la proposition de Makri, il est important de rappeler l’évolution du courant islamiste afin de mieux comprendre la régression de cette pensée. En Algérie, tous ces courants se réclament de la pensée d’Abdelhamid Ben Badis. Or, quand on se réclame de quelqu’un, on doit perpétuer son esprit de tolérance.

Est-ce que le fondateur du courant islamiste pouvait criminaliser l’usage de la langue française quand il était à la tête de l’association des Oulémas ? La réponse est non. Car, Ben Badis se battait pour le respect de la société musulmane algérienne dans le cadre des lois françaises.

Et paradoxal que cela puisse paraître, l’association des Oulémas prônait l’application de la loi de 1905 à la religion musulmane. En fait, bien que l’Algérie ait été considérée comme une terre française jusqu’à 1962, les lois de la République française, notamment la loi sur la laïcité, n’ont jamais été appliquées dans ce territoire.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le temps a donné  raison à Ben Badis et ses compagnons qui réclamaient la séparation de la religion de la gestion politique. Hélas, les paradigmes de Ben Badis de tolérance ont disparu après le recouvrement de la souveraineté nationale. Chaque responsable utilise la religion pour parvenir à ses fins politiques. Personnellement, je n’adhère pas à la revendication des éradicateurs qui prônent la laïcité comme une punition. Il vaut mieux parler de la non exploitation de la religion à des fins politiques.

Ainsi, avant le multipartisme, on a assisté à des prêches politiques dans les mosquées, car les responsables n’estimaient pas utile de s’adresser eux-mêmes aux citoyens. On a vu des islamistes, dans les années 1990, promettre aux Algériens de les emmener au paradis s’ils votaient pour leur parti politique. Récemment, il y a un ministre des affaires religieuses qui recommande de ne pas dire la vérité au nom de la soumission aux gouvernants. Voilà en gros le bilan de ce courant.

Heureusement, la jeunesse qui s’est soulevée le 22 février 2019 a dépassé ces pratiques archaïques. Courageusement, ils se battent pour une Algérie nouvelle. Celle-ci doit tourner le dos à cette Algérie malmenée par les différents acteurs des décennies précédentes.  

 

 

Publié par Ait Benali Boubekeur - dans Actualité

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories