5 décembre 2016 1 05 /12 /décembre /2016 20:08

Pour la première, en France, le président sortant ne concourt pas à sa propre succession. Et pourtant, le bilan de François Hollande n’est pas aussi désastreux. En tout état de cause, quelles que soient les raisons, ce retrait du président français encore en exercice ne fera que renforcer la démocratie française. De la même manière, cette leçon doit servir d’exemple à tous les dirigeants inamovibles que l’exercice du pouvoir n’est pas une fin en soi.

En effet, pour qu’un pays soit stable, il faudrait que la préservation des institutions soit la préoccupation première. Et c’est le sens du retrait de François Hollande. « Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche qui ne rassemblerait pas autour de moi », affirme-t-il.

Certains internautes algériens se précipitent alors en comparant cette démarche à celle de Liamine Zeroual en 1998. Bien que le refus du général Zeroual de se soumettre au dictat du haut commandement militaire mérite d’être salué, il n’en demeure pas que ces deux démarches sont distinctes. Car, si François Hollande a été élu démocratiquement en 2012, il n’en était pas de même de Liamine Zeroual en janvier 1994.

Et si Abdelaziz Bouteflika avait accepté le poste, Liamine Zeroual serait resté ministre de la Défense. En plus, François Hollande ne jette pas l’éponge, car il est empêché d’exercer ses fonctions. Il renonce, car il ne s’estime pas le meilleur candidat de la gauche. En effet, face à une droite unifiée et une extrême droite qui se renforce sans cesse, François Hollande ne s’estime pas en mesure de fédérer « les progressistes ».  

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette attitude est quasiment absente chez la quasi-unanimité des dirigeants du Tiers Monde. En Afrique –et à des rares exceptions –, les dirigeants comme les opposants se distinguent par une longévité démesurée aux responsabilités.

Il est évident, enfin, que ce retrait constitue avant tout une grande leçon d’humilité. En effet, il est très rare qu’un homme politique cède la place en vue de permettre à sa famille politique de choisir le candidat le plus susceptible de rassembler largement.

Comment se fait-il que ce comportement soit inconcevable dans un pays comme le nôtre ? La réponse découle de la façon dont sont organisées les institutions. Si en France le président n’est qu’un simple acteur politique à qui on confie un mandat, en Algérie, par exemple, le chef se substitue aux institutions à l’instant où il accède au pouvoir.

Du coup, quand l’alternance s’impose, le successeur envisage, dans le premier temps, la réorganisation des institutions en vue d’asseoir son pouvoir. C’est ce qui explique l’enchainement des mandats du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika. Il faut juste rappeler, in fine, que lorsqu’Abdelaziz Bouteflika était ministre en 1962, François Hollande avait à peine 8 ans. Comme quoi la longévité ne s’accompagne pas forcément de résultat.  

Aït Benali Boubekeur   

 

commentaires

M
"le successeur envisage, dans le premier temps, la réorganisation des institutions en vue d’asseoir son pouvoir" vous dites. En Algérie, le Président qui se place ou que l'on place se voit entouré d'une cour de valets qui veulent faire plaisir, en faisant la courbette. Ces valets sont au niveau de toutes les institutions du pays, y compris dans la Défense nationale. Ces valets, si l'on peut les appeler ainsi, crée autour d'eux la même configuration en imposant leur dictât à leurs collaborateurs et ainsi de suite sur l'échelle des organigrammes des différentes institutions, jusqu'au plus bas de l'échelle. <br /> Quant à comparer la démarche de F.Hollande à celle de L. Zeroual , c'est tenter de comparer la montagne à la mer, c'est à dire sans commune comparaison. L'un (Holland) a été démocratiquement élu; il a su éviter à la France une décomposition certaine avec tous les facteurs exogènes (terrorisme- environnement économique désastreux et une opposition (la droite) plus que valable) , il a veillé sur la stabilité des institutions Françaises ( Armée, justice et l’exécutif) . Homme clairvoyant , il a su prendre une décision noble en sachant que sa candidature ne ferait pas l'unanimité dans le camp de la gauche. <br /> Quant à notre Zeroual, il est parti comme il est venu , c'est à dire que les hommes de l'ombre, qui l'ont placé, ont décidé de le faire partir suite à sa position vis à vis du dossier noir de l'AIS. Par conséquent, la position ou la décision de Holland de ne pas briguer une deuxième est toute à son honneur, pendant que certains "politiques " parlent d'un cinquième mandat pour notre président, loin très loin de cette honorable décision du Président Français.
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A
Franchement, je n'ai rien à ajouter. Vous avez tout dit. Merci pour ces éclairages, Mr Mellah

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