Pour la première, en France, le président sortant ne concourt pas à sa propre succession. Et pourtant, le bilan de François Hollande n’est pas aussi désastreux. En tout état de cause, quelles que soient les raisons, ce retrait du président français encore en exercice ne fera que renforcer la démocratie française. De la même manière, cette leçon doit servir d’exemple à tous les dirigeants inamovibles que l’exercice du pouvoir n’est pas une fin en soi.
En effet, pour qu’un pays soit stable, il faudrait que la préservation des institutions soit la préoccupation première. Et c’est le sens du retrait de François Hollande. « Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche qui ne rassemblerait pas autour de moi », affirme-t-il.
Certains internautes algériens se précipitent alors en comparant cette démarche à celle de Liamine Zeroual en 1998. Bien que le refus du général Zeroual de se soumettre au dictat du haut commandement militaire mérite d’être salué, il n’en demeure pas que ces deux démarches sont distinctes. Car, si François Hollande a été élu démocratiquement en 2012, il n’en était pas de même de Liamine Zeroual en janvier 1994.
Et si Abdelaziz Bouteflika avait accepté le poste, Liamine Zeroual serait resté ministre de la Défense. En plus, François Hollande ne jette pas l’éponge, car il est empêché d’exercer ses fonctions. Il renonce, car il ne s’estime pas le meilleur candidat de la gauche. En effet, face à une droite unifiée et une extrême droite qui se renforce sans cesse, François Hollande ne s’estime pas en mesure de fédérer « les progressistes ».
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette attitude est quasiment absente chez la quasi-unanimité des dirigeants du Tiers Monde. En Afrique –et à des rares exceptions –, les dirigeants comme les opposants se distinguent par une longévité démesurée aux responsabilités.
Il est évident, enfin, que ce retrait constitue avant tout une grande leçon d’humilité. En effet, il est très rare qu’un homme politique cède la place en vue de permettre à sa famille politique de choisir le candidat le plus susceptible de rassembler largement.
Comment se fait-il que ce comportement soit inconcevable dans un pays comme le nôtre ? La réponse découle de la façon dont sont organisées les institutions. Si en France le président n’est qu’un simple acteur politique à qui on confie un mandat, en Algérie, par exemple, le chef se substitue aux institutions à l’instant où il accède au pouvoir.
Du coup, quand l’alternance s’impose, le successeur envisage, dans le premier temps, la réorganisation des institutions en vue d’asseoir son pouvoir. C’est ce qui explique l’enchainement des mandats du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika. Il faut juste rappeler, in fine, que lorsqu’Abdelaziz Bouteflika était ministre en 1962, François Hollande avait à peine 8 ans. Comme quoi la longévité ne s’accompagne pas forcément de résultat.
Aït Benali Boubekeur