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À quelques mois du rendez-vous électoral législatif du printemps prochain, la scène politique est d’ores et déjà en effervescence. Dans les démocraties normales, la question de la participation ne se pose même pas. La compétition étant saine, la préoccupation des partis est de savoir quelle serait la nouvelle majorité.
Or, dans notre pays, le véritable enjeu est le suivant : est-ce que la participation va être au service du pays au va-t-elle permettre de légitimer un processus biaisé ? De toute évidence, bien que les élections ne reflètent pas la volonté populaire, il n’en reste pas moins que les enjeux varient d’une formation politique à une autre.
Hormis le FFS de Hocine Ait Ahmed, où chaque participation a été jusque-là mûrement réfléchie, la plupart des formations prenaient part au scrutin dans un intérêt strictement partisan. En d’autres termes, si pour les uns la participation répondait à la stratégie du parti, il n’en est pas de même du FFS.
En tout cas, du temps où le chef charismatique, feu Hocine Ait Ahmed, était à la tête du parti, il annonçait la couleur bien avant le scrutin. Pour lui, le régime en place ne pouvait organiser ni des élections libres ni honnêtes. Mais si jamais le pays était menacé par un plan de déstabilisation, il faudrait penser à l’intérêt suprême du pays.
C’est le cas notamment en 2012, au moment où toute la région était en proie à l’ingérence des puissances occidentales guettant la moindre occasion de s’immiscer des affaires internes du pays. Ainsi, en dépit d’un discours au vitriol à l’encontre du régime, le FFS a jugé utile de faire passer le patriotisme avant les autres considérations.
Qu’en est-il cinq ans plus tard ? Tout d’abord, l’homme qui sait fixer le cap n’est plus de ce monde. Ensuite, contrairement à 2012, le contexte n’est plus le même. Après les discours d’ouverture de 2011 et 2012, le régime semble revoir de fond en comble ses plans. Lors du dernier message présidentiel du 20 août 2016, le chef de l’État exclut toute remise en cause de ses réformes. Pour lui, le processus démocratique est achevé. Donc, pas de dialogue avec l’opposition.
Cela étant dit, est-ce que la question de changement concerne uniquement les partis ? La réponse est mille fois non. Dans tous les pays qui se respectent, c’est le peuple qui organise les pouvoirs à travers les mandats qu’il octroie aux élus. Hélas, en Algérie, le peuple dort sur ses lauriers depuis l’indépendance.
Certes, bien que le régime ait exercé une violence incommensurable en vue de le réduire au silence, il faudrait avoir l’honnêteté de dire que le peuple algérien n’est pas, tout simplement, à la hauteur de la mission qui était la sienne au lendemain de l’indépendance.
En effet, du congrès de Tripoli de fin mai début juin 1962 à la révision constitutionnelle de janvier 2016, son destin lui échappe entièrement. Et s’il avait fait face au coup de force du duo Ben Bella-Boumediene –le 22 juillet 1962, ils mettent en place le bureau politique supplantant l’instance légitime de la révolution algérienne, le GPRA –, l’Algérie aurait échappé à la destruction systématique de ses repères.
Au jour d’aujourd’hui, si les Algériens veulent avoir un État comme tous les peuples, il faudra qu’il sorte de leur sommeil qui dure depuis 54 ans. Surtout, ils n’ont pas besoin de demander l’instauration de la commission indépendante de surveillance des élections, car si chacun refuse qu’on détourne sa voix, le pouvoir politique ne pourra pas tricher. Mais, si le peuple poursuit sa politique de l’autruche, les partis ne pourront, au mieux, que limiter les dégâts. Dans ces conditions, au risque de dislocation nationale, menacée par le MAK, il faudra participer quitte à prolonger la durée de vie de ce régime injuste.
Aït Benali Boubekeur