28 août 2016 7 28 /08 /août /2016 19:24
Quelle attitude face aux échéances électorales à venir ?

À quelques mois du rendez-vous électoral législatif du printemps prochain, la scène politique est d’ores et déjà en effervescence. Dans les démocraties normales, la question de la participation ne se pose même pas. La compétition étant saine, la préoccupation des partis est de savoir quelle serait la nouvelle majorité.

Or, dans notre pays, le véritable enjeu est le suivant : est-ce que la participation va être au service du pays au va-t-elle permettre de légitimer un processus biaisé ? De toute évidence, bien que les élections ne reflètent pas la volonté populaire, il n’en reste pas moins que les enjeux varient d’une formation politique à une autre.

Hormis le FFS de Hocine Ait Ahmed, où chaque participation a été jusque-là mûrement réfléchie, la plupart des formations prenaient part au scrutin dans un intérêt strictement partisan. En d’autres termes, si pour les uns la participation répondait à la stratégie du parti, il n’en est pas de même du FFS.

En tout cas, du temps où le chef charismatique, feu Hocine Ait Ahmed, était à la tête du parti, il annonçait la couleur bien avant le scrutin. Pour lui, le régime en place ne pouvait organiser ni des élections libres ni honnêtes. Mais si jamais le pays était menacé par un plan de déstabilisation, il faudrait penser à l’intérêt suprême du pays.

C’est le cas notamment en 2012, au moment où toute la région était en proie à l’ingérence des puissances occidentales guettant la moindre occasion de s’immiscer des affaires internes du pays. Ainsi, en dépit d’un discours au vitriol à l’encontre du régime, le FFS a jugé utile de faire passer le patriotisme avant les autres considérations.

Qu’en est-il cinq ans plus tard ? Tout d’abord, l’homme qui sait fixer le cap n’est plus de ce monde. Ensuite, contrairement à 2012, le contexte n’est plus le même. Après les discours d’ouverture de 2011 et 2012, le régime semble revoir de fond en comble ses plans. Lors du dernier message présidentiel du 20 août 2016, le chef de l’État exclut toute remise en cause de ses réformes. Pour lui, le processus démocratique est achevé. Donc, pas de dialogue avec l’opposition.

Cela étant dit, est-ce que la question de changement concerne uniquement les partis ? La réponse est mille fois non. Dans tous les pays qui se respectent, c’est le peuple qui organise les pouvoirs à travers les mandats qu’il octroie aux élus. Hélas, en Algérie, le peuple dort sur ses lauriers depuis l’indépendance.

Certes, bien que le régime ait exercé une violence incommensurable en vue de le réduire au silence, il faudrait avoir l’honnêteté de dire que le peuple algérien n’est pas, tout simplement, à la hauteur de la mission qui était la sienne au lendemain de l’indépendance.

En effet, du congrès de Tripoli de fin mai début juin 1962 à la révision constitutionnelle de janvier 2016, son destin lui échappe entièrement. Et s’il avait fait face au coup de force du duo Ben Bella-Boumediene –le 22 juillet 1962, ils mettent en place le bureau politique supplantant l’instance légitime de la révolution algérienne, le GPRA –, l’Algérie aurait échappé à la destruction systématique de ses repères.

Au jour d’aujourd’hui, si les Algériens veulent avoir un État comme tous les peuples, il faudra qu’il sorte de leur sommeil qui dure depuis 54 ans. Surtout, ils n’ont pas besoin de demander l’instauration de la commission indépendante de surveillance des élections, car si chacun refuse qu’on détourne sa voix, le pouvoir politique ne pourra pas tricher. Mais, si le peuple poursuit sa politique de l’autruche, les partis ne pourront, au mieux, que limiter les dégâts. Dans ces conditions, au risque de dislocation nationale, menacée par le MAK, il faudra participer quitte à prolonger la durée de vie de ce régime injuste.

Aït Benali Boubekeur

commentaires

M
"si les Algériens veulent avoir un État comme tous les peuples, il faudra qu’il sorte de leur sommeil qui dure depuis 54 ans." Un vœu pieux pour ce peuple qui est pris dans l'engrenage de l'assistanat. Voila le problème , le vrai problème de ce peuple qui est , au sortir de la révolution, vite happé par ce pouvoir qui lui offre une 'prise en charge" total dès la naissance du citoyen ou de la citoyenne. Ce pouvoir a compris que la seule manière de "tuer" ou d'achever un peuple c'est de lui offrir des services sociaux gratuits. De la médecine gratuite à l'éducation (école et université)) gratuite c'est une panoplie d'assistanat de ce peuple qui ne fait aucun effort afin d'acquérir des droits. Les droits étant vraiment limités, alors ce sont les devoirs qui sont méconnus. Un enfant, à l'age de cinq-six ans, est pris en charge dans un système scolaire dont les principes fondateurs sont dévoyés de la vraie histoire de ce pays ainsi que de son histoire récente. Les programmes du collège et du Lycée répondent aux mêmes considérations tout à fait rétrogrades d'un individu assisté. L'arrivée à l'Université ne change pratiquement pas le comportement de l'étudiant(e), à savoir une offre d'assistanat pure et simple symbolisée par cette orientation forcée dans une filière qui n'est peut être pas choisie, suivie d'une minable bourse trimestrielle, du prix INSIGNIFIANT du repas universitaire, du prix modique d'une chambre universitaire et d'une offre pratiquement gratuite du transport universitaire. L'Etudiant, futur cadre de ce pays, se retrouve malaxé et pris dans un engrenage d’assistanat qui fait de lui un sous citoyen. Hocine AIT AHMED disait: La confiscation , l'instrumentalisation la falsification et la manipulation de la mémoire historique illustrent clairement le caractère délibéré , planifié et totalitaire d'une volonté éradicatrice de toute forme de lutte politique non violente et de toute avancée démocratique .<br /> Dans les pays développés, si une bourse est octroyée, elle est assez conséquente pour que l'Etudiant se prenne en charge: il acquière les rudiments d'une gestion personnelle de ses frais, car il doit se débrouiller pour aller chercher et payer sa chambre, son repas et son transport. Mais si la bourse n'est pas obtenue, il doit se débrouiller pour avoir un travail à temps partiel pour subvenir à ses besoins. Ce sont là les prémices d'un citoyen qui se prend en charge pour AVOIR LE DROIT D'AVOIR DES DROITS. Revenons chez nous, une fois les études terminées, le monde extérieur devient alors un véritable labyrinthe qui offre deux choix: quitter ce pays ou rester et mourir à petit feu à défaut d'aller se jeter en mer.<br /> Ceci pour une première approche d'un cycle de vie d'un citoyen de ces trente dernières années. Un citoyen arrivé au terme d'une plénitude, appelé, normalement, à prendre des responsabilités autant politiques que professionnelles<br /> L'Algérie de 2016 est ainsi bâtie ; "Oui ! la dictature a mené pendant près de quarante ans une politique de déculturation , de dépolitisation voire de déstabilisation mentale des Algériennes et des Algériens afin de rendre impossible toute pensée et toute action logiques . Par contre elle a donné toutes ses chances à l'inculture politique , à la culture du mensonge de la manipulation et de la violence .Certains cercles du pouvoir s'évertuent encore à rendre irréversible la politique de la kalashnikov et des dobermans ".<br /> En conséquence, les échéances ,électorales soient elles, ne sont en réalité que chimériques dans ce pays qui a perdu toute notion de responsabilité: Pour nous, Algériens, l'heure est venue de tirer ensemble les leçons de notre histoire, de nous écouter les uns les autres par-delà les différentes chapelles, de débattre de nos échecs pour rendre une actualité aux idéaux de Novembre et trouver les conditions de leur réalisation.C'est la seule garantie pour éviter une véritable bombe à retardement.
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A
Pour reprendre votre conclusion, je dirais malheureusement que ce qui fait défaut à notre société, c'est le dialogue. Si un jour ce dialogue est engagé sans exclusive, on pourra dire que la crise commencera à être résolue. Merci, Mr Mellah, pour votre commentaire sensé.

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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