Ce que devait être un fait divers anodin est transformé par les partisans de Ferhat Mehenni comme un acte de haute trahison. Il s’agit évidemment de la présence des deux icônes de la chanson algérienne, Lounis Ait Menguellet et Idir, à une rencontre présidée par le premier ministre, Abdelmalek Sellal.
Ainsi, après le lynchage sur les réseaux sociaux de la jeune « Miss Kabylie », en janvier dernier, pour avoir préféré s’exprimer en arabe, cette fois-ci, les partisans de Ferhat Mehenni s’en prennent, d’une façon éhontée, à deux monuments de la chanson kabyle.
Dans le fond, à travers ses attaques, le mouvement de Ferhat Mehenni entend imposer un modèle à la nord-coréenne où seules ses idées ont le droit de cité. Après avoir confisqué le 20 avril, une date nationale algérienne célébrant la défense des libertés politiques et culturelles, voilà que la présence des deux chanteurs de renom à la rencontre contre le piratage est assimilée à un acte contre la Kabylie.
Or, dans la réalité, bien que ces deux grands chanteurs soient des légendes dans la région, il n’en reste pas moins qu’ils ne la représentent pas. Et pour cause ! Seuls ceux qui sont élus démocratiquement peuvent prétendre jouer un tel rôle, et ce, le temps d’un mandat octroyé.
D’ailleurs, ceux qui s’attaquent à eux n’ont pas ce fameux mandat. Et si Ferhat Mehenni continue de s’autoproclamer chef de la Kabylie, tout le monde doit comprendre que ce n’est ni plus ni moins qu’un statut usurpé.
Cela dit, en créant un monstre, en l’occurrence le MAK, son fondateur –bien qu’il soit lui aussi extrémiste –se retrouve dans l’obligation de jouer au modérateur. Comme en janvier dernier, il appelle donc ses militants à la retenue en cessant les invectives.
Néanmoins, malgré ces appels au calme, il ne les désavoue pas dans le fond. Pour lui, par leur naïveté, ces deux grands chanteurs sont attirés dans un guet-apens. Or, ces derniers n’ont fait ni de déclaration d’allégeance ni le moindre soutien au régime.
Du coup, pourquoi le chef séparatiste les juge-t-il sur ce terrain, alors que les deux chanteurs ne donnent aucun caractère officiel ni représentatif à la rencontre ? Si Ait Menguellet a été piégé depuis 1999, à en croire Ferhat Mehenni, « le scénario tel qu’il a été exécuté montre bien qu’il y avait complot contre Idir », écrit-il dans son appel. Mais, il ne dit pas lequel. En tout cas, le vrai complot qui se prépare, c’est sans doute le complot contre notre Algérie.
Pour conclure, il va de soi que cette campagne haineuse montre que le mouvement qui prétend libérer la Kabylie risque de la plonger dans un cycle infernal. En effet, est-il correct qu’un mouvement qui se dit vouloir libérer la Kabylie, car elle est, selon eux, sous occupation –ce qui est faux – n’accepte pas que deux figures de proue de la chanson kabyle n’aient pas la même liberté de rencontrer qui ils veulent ? Enfin, pour mieux apprécier le courage et la détermination des hommes libres, il faut tout bonnement lire les réactions de Lounis Ait Menguellet et d’Idir sr leurs pages facebook.
Aït Benali Boubekeur