Par Saïd Radjef. Le 16 mars 2016.
Les aveux et les vérités de l'histoire qui le démasquent, qui dévoilent sa véritable nature, son rôle peu reluisant du temps où il occupait de hautes fonctions au sein de l'État, du temps où le peuple combattait pour sa liberté contre la colonisation et du temps où il avait fait preuve de toutes les forfaitures, de toutes les trahisons dont seule une âme esclave est capable, relèvent d'un complot ourdi par la police politique (dont il était l'un des fers de lance), d'une conspiration d'indicateurs du DRS...
Mais quand ces aveux et ces vérités de l'histoire ciblent le régime qu'il avait servi avec audace, il se les approprie. Comme pour tous les narcissiques, tout leur est dû. Ils n'admettent aucune mise en cause et aucun reproche. Si vous vous avisez à remettre les pendules à l'heure, vous entendrez alors cette phrase qui fait rougir le sarcasme le plus humiliant: "t'es qui toi l'indicateur, le gay pour parler ainsi?"
Le pervers narcissique a souvent une composante mythomane. Elle est liée à sa propension au mensonge – une composante opérationnelle, consciente, pour parvenir plus facilement à ses fins – et à un besoin de se voir mieux qu’il n'est dans la réalité. Il aime se mentir à lui-même, sur lui-même. Le déni (de ses défauts, de l'autre) lui permet de « s'aimer » (et de s’aimer toujours plus).
Comme tout mythomane, il ment souvent parce qu'il craint la réaction négative de l’entourage (de dévalorisation, par exemple) qu'entraînerait l'aveu de la réalité et de son mensonge. Sa mythomanie a tendance alors à s’auto-entretenir, sans fin, voire à se renforcer au cours du temps.
Il se ment à lui-même, sur sa vraie valeur, sur ce qu’il est réellement. Il sait partiellement qu’il se ment à lui-même, mais en même temps il minimise son propre mensonge sur lui-même. A certains moments, il finit par croire à son mensonge, à d’autres, il a conscience de son mensonge. C’est toute l’ambivalence de la pathologie mythomane.