19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 15:22
Algérie : un géant aux pieds d’argile.

Les crises se succèdent, en Algérie, sans qu’aucune leçon ne soit tirée. La dernière en date est consécutive à la chute des prix du pétrole. À chaque fois, les mêmes interrogations se posent avec acuité : pourquoi le pays est-il si fragile pour ne pas pouvoir faire face ? Bien que les réserves, selon le rapport de la banque d’Algérie, puissent assurer pour les trois années à venir le même niveau des importations –l’Algérie importe quasiment tout ce qu’il consomme –, il n’en reste pas moins que la crise qui se profile nécessite une prise de conscience collective.

Alors que le pays dispose d’atouts divers –une richesse extraordinaire de son sous-sol, une population jeune –, comment se fait-il que le pays soit si vulnérable ? À vrai dire, le principal problème de l’Algérie se situe au niveau politique. En effet, le pouvoir consacre l’essentiel de son temps à se maintenir contre ceux qui réclament le changement, à tel point qu’il ne s’occupe que de cette question. Résultat des courses : malgré une conjoncture financière favorable, qui a permis notamment à l’Algérie d’engranger près de 1000 milliards de dollars en 15 ans, le pays navigue à vue.

De toute évidence, même si des réalisations ont été faites, force est de reconnaître que les plans d’investissements n’ont pas apporté les résultats escomptés. Pour certains analystes, là où le bât blesse surtout, c’est que les sommes injectées ont fait le bonheur des prédateurs financiers. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant à ce que le pays replonge dans la crise dès que la source pétrolière commence à tarir.

Néanmoins, ce qui est intrigant dans cette situation, c’est l’absence de la réaction du peuple algérien. Se contente-t-il des maigres distributions sociales, comme le souligne le sociologue Nacer Djabi ? Si tel est le cas, on pourra aisément dire que le peuple algérien est loin d’être à la hauteur des enjeux.

Et pourtant, pas loin de chez nous, le peuple grec donne au monde entier une leçon de « bravitude », pour reprendre l’expression de Ségolène Royal. En effet, en dépit des pressions tous azimuts, les Grecs refusent de s’agenouiller. En refusant le plan européen, le 5 juillet dernier, par 61% des voix –Tsipras s’est pliée ensuite aux conditions des créanciers de la Grèce –, ils tiennent tête aux institutions les plus puissantes de la planète. Pendant ce temps, le peuple algérien accepte d’avoir à sa tête un home très diminué physiquement après son AVC en avril 2013.

En tout état de cause, bien qu’on ne puisse pas réduire le régime algérien à un seul homme, si les Algériens avaient refusé cette intronisation en avril 2014, ils auraient marqué un point décisif face à ceux qui tiennent les rênes du pouvoir. Pour autant, à l’échelle des responsabilités, le régime, qui s’est imposé au pays depuis 1962, est le seul responsable.

Pour conclure, il va de soi que la crise qui menace le pays est avant tout une crise politique. La conjoncture financière favorable des années 2000 n’est qu’une occasion ratée par l’Algérie pour mener à bien les réformes nécessaires. Hélas, l’histoire retiendra que la période Bouteflika aura été une multitude d’occasions manquées. Et au rythme où les prix du pétrole dégringolent, il est fort probable que Bouteflika quitte le pouvoir en laissant le pays en pleine crise, c’est-à-dire au niveau où il était dans les années 90. Mais, de grâce, que l’on ne nous dise pas que Bouteflika est de la même trempe que les Roosevelt, Churchill ou Merkel.

Aït Benali Boubekeur

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