13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 21:01
Bouteflika est-il le fossoyeur des acquis d’octobre 1988 ?

Le principal défaut de l’Algérie –comme dirait Arnaud Montebourg –, ce sont incontestablement ses dirigeants. Bien qu’elle soit à l’âge de maturité –cela fait 52 ans qu’elle est « indépendante » –, l’Algérie souffre toujours des mêmes maux qui la paralysent depuis des lustres, à l’instar de la corruption massive, la hogra, l’emprise du même clan sur les richesses nationales, etc.

Toutefois, est-ce que l’actuel chef de l’Etat est le seul responsable de la situation dans laquelle se trouve notre pays ? Pour quelqu’un qui ne veut pas noyer le poisson, l’échec ne peut pas être imputé à une seule personne. Faut-il rappeler d’ailleurs que le régime algérien est capable d’accueillir tout Algérien en son sein pour peu que ce dernier le serve et se démène pour sa pérennisation.

De façon générale, c’est ce système inique qui a été ébranlé le 5 octobre 1988, et ce, après un règne dictatorial sans partage durant 26 ans. Bien que les manœuvres du sérail aient précipité cette explosion, il n’en reste pas moins que la principale cause réside dans le fait que la société soit étouffée. En effet, l’absence de liberté d’expression, de liberté de manifester et de participer à la vie politique du pays sont autant d’éléments qui ont provoqué cette révolte.

D’ailleurs, c’est le point de vue des neuf personnalités nationales qui ont interpellé « le président » Chadli le 12 octobre 1988. « Elle (l’explosion) n’aurait cependant pas revêtu ce caractère anarchique et destructeur si les manifestants avaient réellement eu la possibilité de dire librement leur malaise et leurs opinions dans les formes pacifiques que toute législation de pays démocratique se doit de prévoir. Le mal est donc plus profond et plus lointain », écrivent les Bentoumi, les Belhocine et les autres.

Par ailleurs, bien qu’un simulacre d’ouverture soit obtenu au prix d’un lourd tribut –plus de 500 jeunes sont fauchés à la mitrailleuse –, le régime algérien n’a jamais au fond voulu d’un véritable changement en Algérie. Au contraire, avant même de concéder quelques réformettes, les caciques du régime pensaient déjà à la manière de les abroger ou du moins les noyer dans un faux processus démocratique.

En dépit du travail remarquable accompli par Mouloud Hamrouche entre 1989 et 1991, force est de reconnaitre que les vrais décideurs ont fini par l’éjecter du pouvoir un certain 4 juin 1991. En tout cas, leur stratégie machiavélique a abouti en janvier 1992 à la mise en sourdine du processus démocratique.

Toutefois, malgré une décennie noire ravageuse, une certaine opposition, emmenée par le duo Ait Ahmed-Mehri, s’est acquittée de sa mission. Et si celle-ci avait été écoutée en 1995, l’Algérie aurait pu s’en sortir. Mais, au lieu de privilégier une solution politique pouvant mettre l’Algérie à l’abri de tous les dangers, les décideurs ont opté pour le maintien vaille que vaille du système.

Pour couronner le tout, les décideurs font alors appel à Bouteflika en 1999. Sa mission est évidemment de perpétuer le système. Du coup, par sa longévité et son esprit revanchard, A. Bouteflika a une responsabilité colossale. Aidé par la conjoncture favorable, il a anéanti les velléités démocratiques. Nostalgique de la période Boumediene, il a tout fait pour ériger un système semblable. Quant aux personnes qui l’entourent, celles-ci ont un seul objectif : profiter des richesses nationales en acceptant d’accomplir n’importe quelle sale besogne.

Pour conclure, il va de soi que l’Algérie n’a jamais échappé au contrôle du clan qui a confisqué le pouvoir en 1962. Bien que des volontés existent en son sein pour que le pouvoir évolue –je pense aux réformateurs dans les années 1980 –, les partisans de la manière forte l’ont toujours emporté. A ce propos, les événements d’octobre 1988 constituent avant tout une lutte au sommet de l’Etat. Quant aux acquis, ils sont le fruit de la mobilisation spontanée de la jeunesse algérienne. Hélas, les concessions du régime ne sont que temporaires. Et s’il restait encore des petits espaces de liberté, l’arrivée de Bouteflika a fini par les achever.

Ait Benali Boubekeur

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