12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 17:53
Syndicats de l’Éducation, une histoire simple.

Saïd RADJEF

Sur 16 semaines pédagogiques possibles, les élèves n’ont n’en fait que deux depuis la rentrée scolaire à ce jour. Souvent renvoyés de l’école pour motif de grèves répétées, nos enfants deviennent des candidats potentiels à la débauche et à la délinquance. Mais l’éducation publique n’a été ni conçue ni construite sur la base des intérêts.
Au contraire, c’était le résultat d’une idée du bien publicpartagée par l’ensemble
de la société. Démocratie et concept d’éducation publique se confondent. L’éducation accessible à tous est en quelque sorte le fondement même d’une démocratie.
Protagoras, premier philosophe de l’éducation et ami du chef d’Athènes Périclès,
affirmait qu’ « une éducation centrée sur les vertus civiques est centrale à la démocratie ». C’est assez dire que l’éducation est au centre de toutes les sociétés évoluées,
tant modernes qu’antiques. Mais nous n’avons plus cette mémoire de l’histoire, du
passé et nous refaisons les mêmes erreurs qui nous ont menés à être toujours un peuple potentiellement colonisable. Et dire qu’il y a encore des gens qui en veulent à Benabi et F Abbas !

La légende raconte qu’à la suite d’une conspiration dont on ne connaîtra jamais les termes, un tyran est montésur le trône de son village. Pour venir a bout de l’histoire qui a retenu contre lui plusieurs charges, le tyran qui n’a jamais pu enfanté décida alors d’élever un bébé ogre trouvé sur son chemin, pour montrer sa bonté et cacher sa cruauté pour laquelle le village le haïssait tant. Mais vite le bébé ogre grandit pour devenir un véritable monstre. C’est alors que le tyran décida de lui léguer une partie de ses pouvoirs, au lieu de les conférer aux sages du village.
Un jour, alors qu’ils se baladaient tranquillement à travers les champs, l’ogre dit au tyran :
-Papa, d’ici j’entends ton sang couler dans tes veines. Cela suffit largement à mon dîner d’aujourd’hui.
Le tyran surpris par les propos de son fils adoptif, interrogea :
-Que veux tu dire mon fils ?
-Tu es gros et gras, père. Et puis tes oreilles sont si rouges qu’elles me donnent déjà de la salive à la bouche…
Avant même que le tyran eût le temps de réagir, l’ogre lui défonça le crâne de ses longs crocs. Et lorsqu’il eut terminé de le vider de son sang et de sa chair, il abandonna ses entrailles aux charognes…
Sur deux millions de bacheliers que compte le pays depuis 1962 à ce jour, plus de 65 % vivent en exil, le plus souvent dans des conditions précaires, alors que les recrutements pour le poste d’enseignant se font à coup de devises et de bakchich au sommet de l’Etat. Pour vider la société de sa citoyenneté, le pouvoir les a contraint a quitter le pays, pour laisser la place à des brigands, à des mercenaires sans scrupules, à des vagabonds politiques qui n’hésitent pas un seul instant à prendre en otage des centaines de milliers d’élèves pour faire chanter le pouvoir illégitime…
Selon un journaliste d’El Watan qui a mené tout récemment une enquête dans plusieurs lycées du pays sur le niveau réel de nos marchands d’alphabet, 8 enseignants sur dix sont analphabètes. Quel rôle peut jouer dans ce cas notre école, alors que les sociétés dites évoluées s’acheminent toutes d’un pas accéléré dans le système de la gouvernance mondialisé ? Les politiques scolaires adoptées par Boumedienne à partir de « la révolution culturelle », qui prétendirent réinventer l’École, renforcèrent en fait la dérive du secteur de l’Education. La formation « industrielle » d’enseignants ne disposant d’aucune capacité pédagogique y concourut largement. Ainsi, au lieu de former une élite capable d’interpréter dans les faits les pulsions de la société, les attentes légitimes du peuple et de relever les défis de l’avenir, 1’Ecole perdit de sa valeur aux yeux des populations dés le moment ou un licencié ne sait ni lire ni écrire et le diplôme universitaire qui ne garantit aucun emploi contraint à l’exil, à la harga.
Pour des raisons inavouables, parce que criminelles, L’Ecole a été destituée à travers son incapacité à dispenser un enseignement de qualité qui pourrait permettre aux élèves de faire leur entrée dans l’enceinte réservée et sacrée du pouvoir. Selon certaines statistiques qu’il est difficile de confirmer, sur un échantillon de 1000 élèves, seuls 30 arrivent à s’accrocher à la périphérie du pouvoir à travers des postes de responsabilité de premier rang.
Mais à force de jouer sur l’ignorance de la société, le pouvoir a fini par avoir les syndicats qu’il mérite : des maîtres chanteurs en puissance !

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  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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