10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 20:42
Le tortionnaire Paul Aussaresses rejoint ses victimes!

Le 10 décembre 2013 ont lieu les obsèques du général tortionnaire, Paul Aussaresses. Le hasard du calendrier a fait qu’il soit enterré le même jour que le grand humaniste, Nielson Mandela. Là s’arrête la comparaison entre les deux hommes. Pour avoir fait souffrir des milliers de nationalistes pendant la guerre d’Algérie, ce n’est sans doute pas un ange qui quitte ce bas monde. En fait, cet homme sans cœur est connu surtout, contrairement à l’image incarnée par le président sud-africain, pour ses sales besognes quand il a servi en Algérie entre 1955 et 1957.

De toute évidence, bien que les excès en temps de guerre soient inéluctables, ce qui distingue ce tortionnaire des autres, c’est le fait qu’il ne regrette rien. Faisant fi de la souffrance de ses victimes, il continue de penser, un demi-siècle après la fin de la guerre d’Algérie, que la torture était une solution idoine. Or, ces victimes, traitées par ailleurs en simples « terroristes », n’étaient autres que des hommes en quête de leur liberté. À moins qu’il y ait quelqu’un qui puisse nous démontrer qu’en privant l’homme de sa liberté, on garantit sa liberté.

De toute façon, en servant un système colonial inique à tous points de vue, son approche est d’emblée faussée. D’ailleurs, a-t-on attendu le déclenchement de la guerre d’Algérie pour pratiquer la torture ? Il est un secret de polichinelle que ce phénomène a précédé la guerre de plusieurs années. Quant à ce sinistre personnage, ces talents de tortionnaire, il les a acquis en Indochine en 1947. Naturellement, après le lancement de l’action armée, le gouvernement français, dirigé par Mendès France, fait appel à ses soldats éparpillés à travers les colonies. Du coup, de 50000 soldats en novembre 1954, les effectifs de l’armée atteignent 400000 soldats vers la fin 1956. Le capitaine Paul Aussaresses, quant à lui, est arrivé en 1955. Affecté dans le Constantinois, il s’illustre tout de suite par ses méthodes inhumaines. Ainsi, en réponse aux actions du 20 août 1955, ce militaire inhumain fait payer un lourd tribut à la population de Philippeville (Skikda). « J’ai fait aligner les prisonniers (…) Il fallait les tuer, c’est tout, et je l’ai fait », avoue-t-il avec cynisme dans son livre aveu « Services Spéciaux, Algérie 1955-1957 ».

Cependant, là où ce criminel de guerre étale son savoir-faire, c’est lorsque le général Massu, ayant reçu les pleins pouvoirs du gouvernement Guy Mollet pour rétablir l’ordre à Alger, s’attache ses services. Bien que les procédés d’humiliation aient précédé l’arrivée de Paul Aussaresses à Alger, force est de reconnaître que cette pratique devient la règle sous son commandement. Plus tard, n’avoue-t-il pas qu’il était à la tête d’un « escadron de la mort ». Ainsi, sous prétexte d’empêcher les actes « terroristes », l’enfant terrible du système colonial exécute sans discernement. « Il était rare que les prisonniers interrogés la nuit se retrouvent encore vivants au petit matin. Qu’ils aient parlé ou pas, ils étaient généralement neutralisés », admet-il dans ses mémoires.

En l’espace de quelque mois, les pertes humaines se chiffrent par milliers. Celles qui sont repêchées dans la mer, la presse coloniale les nommait ironiquement « les crevettes de Bigeard ». En tout cas, que ce soit un militant simple ou un haut responsable de l’insurrection, le criminel de guerre les traite de la même manière. Et lorsque le colonel Bigeard lui confie le chef charismatique du FLN, Larbi Ben Mhidi, Paul Aussaresses ne pense qu’à une chose : sa liquidation. Racontant les circonstances de sa liquidation, le tortionnaire écrit : « Nous l’avons empoigné et pendu, d’une manière qui puisse laisser penser à un suicide. » Voilà grosso modo l’homme qui s’est éteint la semaine passée.

Pour conclure, il va de soi que la disparation d’un tel homme, dépourvu de surcroît de tout sentiment humain, ne constitue pas une perte pour l’humanité. En tout cas, à leur disparition, ces tortionnaires ne suscitent pas de sentiment d’indulgence. En ce qui concerne Paul Aussaresses, depuis l’annonce de sa mort, les commentateurs mettent plus en exergue son passé de tortionnaire que des hommages. Il semblerait même que ses filles l’aient renié depuis qu’il avait fait ses aveux sur la torture au début des années 2000. Comme quoi, même au sein de sa famille, le tortionnaire n’est pas bien apprécié.

Par Ait Benali Boubekeur

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