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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 21:14

algeria01.jpgDans tous les pays du monde, lorsqu’un conflit paralyse un pays, les dirigeants politiques sont les premiers à engager un débat sans exclusive avec l’ensemble des acteurs politiques. En Algérie, bien que la tragédie des années 1990 ait plongé le pays dans une crise indescriptible, les responsables algériens se sont recroquevillés sur eux-mêmes en refusant toute initiative tendant à trouver une solution politique au problème.

De toute évidence, c’est pour tenter de trouver une issue à la crise algérienne que plusieurs partis politiques algériens se sont réunis, du 8 au 13 janvier 1995, en Italie –à Rome précisément –en vue de proposer une solution de sortie de crise à la tragédie algérienne. Celle-ci, pour rappel, est la conséquence de l’arrêt du processus électoral, décidé par le haut commandement militaire le 11 janvier 1992. Prévu pour le 16 janvier 1992, le second tour des élections législatives n’aura jamais lieu. Cela dit, bien que le parti vainqueur ne soit pas un chantre des principes démocratiques, au premier tour de ces élections, les Algériens ont sanctionné le régime ayant étouffé le peuple algérien depuis l’accession de l’Algérie à l’indépendance en 1962.

D’une façon générale, les participants à cette rencontre, abritée par la communauté de Sant ‘Egidio, ont mis en exergue, dans la première partie de la plateforme [elle contient six parties en tout], les principes, foulés au sol depuis l’indépendance, devant présider à la gestion des affaires du pays. Ceux-ci sont malheureusement non respectés par les dirigeants algériens qui se sont succédé au pouvoir. Ainsi, en premier lieu, les rédacteurs remontent jusqu’à la proclamation de novembre 1954 pour prôner « la restauration de l’État algérien souverain démocratique et social dans le cadre des principes de l’islam ».

Cependant, pour qu’il y ait la stabilité du régime, les signataires de la plateforme de Sant ‘Egidio consacrent le principe de la non-violence.  En effet, bien que la tentation de se pérenniser au pouvoir puisse attiser les convoitises, ils rejettent  formellement l’emploi de la violence pour accéder au pouvoir ou pour s’y maintenir. En outre, dans le souci d’éloigner le spectre de la dictature, dont l’Algérie a payé depuis 1962 une facture salée, il est question de consacrer le principe de l’alternance au pouvoir. « Les instituions librement élues ne peuvent être remises en cause que par la volonté populaire », énoncent-ils dans le point 6 de la partie relative aux « valeurs et principes ».

En tout cas, les invités de la communauté de Sant ‘Egidio n’omettent rien qui puisse déboucher sur la confiscation du pouvoir. S’inspirant des grandes démocraties occidentales, ils préconisent la séparation des pouvoirs. Pour eux, il faut qu’il y ait une indépendance entre le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Pour couronner le tout, les rédacteurs de la plateforme précisent également le rôle de l’armée. En effet, pour que l’Algérie soit apaisée, il faudrait que l’armée se limité « à se attributions constitutionnelles de sauvegarde de l’unité et de l’indivisibilité du territoire national ».

Néanmoins, les détracteurs de la plateforme soulèvent l’ambigüité du point 7 relatif à la loi légitime. L’assimilant à tort à la l’application de la loi coranique [l’application de la charia], ils rejettent du coup la plateforme dans le fond et dans le détail. Or, dans le point 13, les dirigeants de l’opposition algérienne réunis à Rome avancent le principe de « la liberté et le respect des confessions ». Ce qui prouve que le point 7 ne parle pas de la loi divine.

En tout état de cause, ces propositions constituent, pour les rédacteurs de la plateforme, des éléments de débat avec les autorités algériennes. Par ailleurs, bien qu’à Sant ‘Egidio les partis présents représentent 99% de l’électorat en 1991, il n’en reste pas moins que les chefs de l’opposition n’imposent rien. En plus, bien que les observateurs aient craint l’intransigeance des dirigeants du FIS voulant réclamer la poursuite du second tour des législatives, grâce au discours persuasif d’Ait Ahmed, témoigne le responsable de la communauté de Sant ‘Egidio, cette exigence est évacuée.

Toutefois, pour revenir à un climat non vicié en Algérie, les invités de la communauté de Sant ‘Egidio proposent quelques mesures d’apaisement, notamment la libération  des détenus du FIS, l’ouverture du champ politique et médiatique, l’annulation de la décision de dissolution du FIS, etc. Sur cette base, les acteurs politiques réunis à Rome s’engagent à respecter la constitution en vigueur. À partir de là, estiment-ils, la négociation peut commencer.

En tout état de cause, s’accrochant indûment aux avantages que procure l’exercice du pouvoir, les dirigeants algériens refusent toutes propositions allant dans le sens de résoudre le conflit. Pour fabriquer un dialogue à leur convenance, les dirigeants Algériens vont aller, dès 1996, dans les montagnes en vue de négocier avec des éléments armés. Résultat des courses : prés de deux décennies plus tard, le retour au calme en Algérie n’est pas effectif. Et si le régime algérien avait accepté ce cadre de travail, proposé par les rédacteurs de la plateforme de Sant ‘Egidio, l’Algérie aurait gagné un temps précieux  pour s’occuper des problèmes plus importants, à l’instar du chômage, la répartition équitable des richesses nationales, etc. Malheureusement, le document est rejeté dans le fond et dans la forme. Depuis cette date, la constitution est remaniée deux fois. À chaque fois, le pouvoir du président est renforcé, au détriment du droit du peuple à choisir librement ses représentants. Du coup, l’Algérie repose sur la volonté d’un seul homme, le président de la République, lui-même désigné préalablement par un cercle occulte du pouvoir à qui il devrait rendre des comptes.

Par Ait Benali Boubekeur

   

 

 

 

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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 15:25

24093_1339776828105_1641709808_786261_6767839_n.jpgDans tous les systèmes autoritaires, sans exception aucune, les dérives sont légion. À ce titre, vu la nature du régime algérien, le pays ne peut pas déroger à la règle. Disposant d’une rente pétrolière conséquente, des dirigeants sans scrupules essaient de se servir au lieu de servir leur pays. Cela dit, bien que les Algériens continuent encore de croire que sous le règne de Boumediene les choses allaient mieux, force est de reconnaitre que les tares du régime ne furent que camouflées. En réalité, la corruption, les détournements sont apparus à ce moment-là. Et si les Algériens n’en parlaient pas, c’est parce que la répression s’abattait sans vergogne sur les bavards.

Incontestablement, on peut l’affirmer sans qu’il y ait le moindre doute que la corruption en Algérie n’a pas commencé avec la disparition de Houari Boumediene. Cette idée est certes entretenue pendant longtemps faisant ainsi de cette période l’âge d’or de la gestion rigoureuse des affaires publiques. Néanmoins, bien que le phénomène n’ait pas été généralisé comme on le constate sous le règne de Bouteflika ou de Chadli, la corruption a bel et bien existé bien avant eux. Car, pour l’économiste Ahmed Dahmani, le phénomène de la corruption est lié à la nature du régime politique. « À la base de la corruption il y a la monopolisation du pouvoir politique et sa détention par un groupe social restreint, des éléments essentiels dans les processus d’accaparement des ressources et d’enrichissement », met-il en exergue la relation entre l’usurpation du pouvoir et la mainmise sur les richesses d’une nation.

De toute évidence, en Algérie, la prise du pouvoir par la force a donné naissance à un régime politique totalitaire. D’emblée, celui-ci exclut le peuple algérien de participer à la mise en place des institutions du jeune État. Pour les nouveaux maitres de l’Algérie, la question du pouvoir a été tranchée avant même que ce peuple ait recouvré sa liberté. En tout état de cause, si le peuple a le droit de choisir ses représentants, il sanctionnera, le mandat prochain, le responsable zélé en cas de manquement. Or, le pouvoir algérien au premier jour de l’indépendance, par son essence cynique, ne pouvait pas être proche de son peuple. Créé initialement en dehors du territoire national [sur les frontières tunisienne et marocaine], ce groupe a barré la route au pouvoir légitime de la révolution, le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne). Par conséquent, en s’imposant par la force, ce groupe, à sa tête Houari Boumediene, a refusé toute constitution de contre-pouvoirs. D’où la gestion par la force des questions politiques. Cela a engendré également les abus tous azimuts. Selon Ahmed Dahmani, « cette situation n’est possible qu’en l’absence de tout contrôle par des institutions et organismes étatiques indépendants du pouvoir politique et/ou de contre-pouvoirs émanant de la société. L’organisation sociale par et autour de l’État imposée par le pouvoir politique (la fraction militaire dans le cas algérien) va générer et généraliser la corruption comme mode régulier du fonctionnement du système économique et social dans son ensemble ».

D’une façon générale, bien que les détenteurs du pouvoir nient être à l’origine du phénomène, il n’en reste pas moins que cette pratique s’est développé en son sein ou par des gens se réclamant d’eux. Petit à petit, le moindre responsable essaie de tirer profit de sa position dominante en monnayant ses services voire même son accord, argue Ahmed Dahmani. La brèche étant ouverte, les mercantiles se rapprochent naturellement des responsables inamovibles afin qu’ils aient leur part du gâteau. Ainsi, après l’ouverture du secteur économique à la concurrence, à vrai dire à la fausse concurrence, les investisseurs privés cherchent prioritairement à s’associer avec un haut responsable. « Dans le cas algérien, appartenir à la fraction militaire est le plus sûr moyen d’accès aux ressources publiques, d’obtenir des différentes autorisations pour réaliser tel ou tel projet. Les officiers de l’armée et des services de sécurité sont ceux qui détiennent, généralement par l’intermédiaire d’un prête-nom (souvent un proche), les affaires les plus juteuses », affirme à juste titre Ahmed Dahmani.

Quoi qu’il en soit, en dépit des dérapages incessants, ces responsables expliquent, en utilisant la langue de bois, que leur départ plongerait l’Algérie dans une crise abyssale. Evidemment, en décrétant cela, ils empêchent, par la même occasion, le peuple algérien de participer à l’organisation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) en Algérie. Du coup, ce groupe, pour assurer l’avenir de ses enfants et celui des arrières enfants, s’appuie sur une clientèle bien entretenue afin de se pérenniser. Résultat des courses : malgré les ressources faramineuses dont dispose l’Algérie, des Algériens n’arrivent pas à se nourrir convenablement. Aujourd’hui, les différents scandales montrent que les sommes en jeu représentent des milliards de dollars. Pour mesurer l’ordre de grandeur de ces détournements, on peut citer le chiffre avancé en juin 1990 par l’ancien premier ministre, Abdelhamid Brahimi. Pour lui, l’estimation des détournements aurait avoisiné les 26 milliards de dollars. Tout compte fait, la conséquence de la gestion catastrophique des deniers publics a été à l’origine du développement des courants extrémistes en Algérie dans les années 1980 et 1990. Pour sanctionner un régime responsable de leur situation misérable, les Algériens ont voté, en1991, en faveur d’un parti extrémiste, le FIS en l’occurrence, dont la prise du pouvoir n’aurait en aucun cas amélioré, selon mon humble avis, le sort des Algériens. Et si une occasion se présente à nouveau pour le sanctionner, les Algériens n’hésiteront pas une seconde à le faire.

Par Ait Benali Boubekeur

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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 14:31

images-copie-14.jpg« L’habitude a été prise par certains de reprocher au FFS une chose et son contraire, d’amorcer sa mort et d’annoncer en même temps que c’est une menace aux frontières, qu’il deale avec les islamistes et qu’il manque aux démocrates, qu’il est compromis avec le pouvoir et en même temps qu’il est un oppositionniste chronique et irréductible », allocution d’ouverture de Hocine Ait Ahmed au 4e congrès du FFS à Zéralda.

En fait, le FFS, quoi qu’il fasse, reste la cible privilégiée des partisans du statu quo. Bien que certaines critiques ne soient pas blessantes, car émanant des auteurs connus pour leur animosité envers le FFS, il n’en reste pas moins que la multiplication de ces attaques est parfois déstabilisatrice, semant parfois le doute parmi les militants de la base. En effet, la répétition de ces coups, caractérisés par l’acharnement des services et parfois assenés par des anciens de la maison FFS, a mainte fois fait vaciller le FFS. « Pour un observateur initié, pour vous, c’est un miracle si le FFS est encore là. Et ce miracle vous l’avez construit petit à petit comme un nid, pierre par pierre comme un temple de la démocratie, douleur après douleur comme un champ de résistance », s’adresse-t-il aux congressistes.

D’une façon plus globale, cet acharnement contre le FFS vise à l’empêcher de jouer un rôle prépondérant dans la construction du processus démocratique. Depuis sa création, et sur trois thèmes au moins, le FFS mène de toutes ses forces un combat sans complaisance pour leur réalisation : la consolidation de l’indépendance, l’instauration de la démocratie et la construction du Maghreb des peuples. De toute évidence, bien que l’Algérie ne soit plus sous la domination coloniale, force est de reconnaitre que le régime en place ne fait rien pour concrétiser, sur le terrain, des droits arrachés de hautes luttes. En effet, la prise du pouvoir par la force, au lendemain du cessez-le-feu, a privé le peuple algérien d’être maitre de son destin. Constatant, dès le départ, cette dérive autoritaire, Ait Ahmed a fondé un parti prônant la restitution du pouvoir au peuple. Pour lui, « la raison d’être du FFS est que sur la terre des chahidates et chouhadas soient bannis, soient interdit, soient sanctionné les pratiques d’intimidations, de terreur, de torture et les disparitions. » D’ailleurs, de quelle indépendance peut-on se réjouir quand on constate que l’Algérie est le dernier pays nord-africain où toute manifestation est systématiquement réprimée ? Car bien que la loi sur l’État de siège soit levée, force est de reconnaitre que, sur le terrain, les Algériens ne perçoivent pas la différence.

Quant au second point, le FFS fait son combat d’honneur. En effet, depuis 1963, la mission du FFS consiste à œuvrer pour l’instauration de la démocratie. « En 1963, le FFS naquit pour la liberté, les libertés, toutes les libertés, pour un socle constitutionnel incontesté et incontestable, pour le respect du pluralisme et de tous les pluralismes », évoque-t-il la mission historique du FFS. Hélas, en 2012, ces objectifs ne sont pas encore atteints. Bien que le FFS ait déployé tous ses efforts pour cela, les vrais décideurs ont toujours déjoué ses plans. Pour étayer cette thèse, l’exemple de l’avortement du processus démocratique en 1992 constitue la meilleure preuve. Malgré le vote des Algériens [il s’agissait d’un vote sanction en faveur d’un parti certes extrémiste], les vrais décideurs, au mépris de toutes les lois, ont employé la violence pour ne pas lâcher les rênes du pouvoir.

Quoi qu’il en soit, bien que les accusations, selon lesquelles le FFS est contre l’ANP, fassent légion, en réalité, Ait Ahmed ne nourrit aucune aversion envers cette institution respectable. « Aucun pays fut-il la Suisse, le Vatican ou l’Algérie ne peut se passer d’une armée. C’est une institution républicaine. Elle est nécessaire à la défense du pays, à son intégrité et à son développement », décrit-il l’importance de l’armée. En revanche, quand celle-ci outrepasse sa mission, elle devient du coup un élément de blocage pour l’épanouissement du processus démocratique. « Le FFS dans ce domaine n’a pas hésité à alerter les uns et les autres sur les dangers d’un recours à la violence armée en 1991 », rappelle-t-il. Concernant la construction d’un Maghreb des peuples, Ait Ahmed avance des propositions concrètes. « Ici et pour ce cadre, j’appelle à l’élection d’un parlement maghrébin élu au suffrage universel », prône-t-il. Dans ce même esprit, et ce, contrairement aux régimes de certains pays qui bloquent délibérément ce processus, Ait Ahmed avance trois suggestions. Il s’agit d’abord de créer une nouvelle proximité avec la société, de renforcer notre présence dans celle-ci ensuite et enfin d’être à son écoute.

Tout compte fait, les blocages tous azimuts n’ont pas permis au FFS de mener à bien son plan. Les coups d’estocades des services conjugués aux différentes contestations internes ont conduit à l’amoindrissement des forces du FFS. À l’approche du cinquième congrès, le FFS vit peut-être l’étape la plus agitée de son histoire. En effet, après avoir participé aux élections législatives de mai dernier, les adversaires internes et externes réunissent leurs forces en vue de mettre à terre le seul parti qui prône le changement pacifique et global en Algérie. Dans cette lutte, certains titres nationaux jouent un rôle néfaste. Dépassant leur mission d’information, ils se lancent dans une bataille n’honorant nullement leur profession. La dernière polémique en date est inhérente à l’affaire du journaliste de l’expression, un journal dont la poltronnerie n’est plus à démontrer, soi-disant agressé au siège national du FFS. Après avoir postulé à la candidature aux législatives sur la liste FFS [sa candidature n’a pas été retenue], ce journaliste se retourne contre son parti. Bien que la déception puisse être compréhensible, ce dernier a franchi à plusieurs fois le rubican en traitant ses anciens camarades de nazis. Mais, ce qui est bizarre dans cette affaire, c’est que les organisations anti FFS se sont manifestées aussitôt pour condamner une virtuelle agression. Pourquoi n’ont-ils pas dénoncé les propos de leur collègue quand il a traité le FFS de parti nazi ? Il est clair aujourd’hui  que ces pseudos défenseurs du respect des droits ne s’élèvent que pour éclabousser le FFS. Pour cette raison, les militants du FFS doivent rester vigilants en ne tendant pas l’oreille aux adversaires acharnés de leur parti.    

Par Ait Benali Boubekeur  

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 12:13

35515_183848331737978_100003384360479_264955_148658896_n.jpg« Si l’histoire est écrite par les vainqueurs, celle de Si l’Hocine sera écrite, en son temps, par ceux qui seront vainqueurs pour leur peuple car il mérite, bel et bien, la médaille de la sincérité et de la crédibilité », préface de Saâd Djebbar de la nouvelle édition des « Mémoires d’un combattant ».

L’histoire du mouvement national est marquée, de façon indélébile, par des hommes qui l’ont faite. À l’instar de Ben Boulaid, Ben Mhidi, Boudiaf, Abane, Ait Ahmed a joué un rôle prépondérant. En effet, en dépit de l’indigence de leurs moyens, il n’en reste pas moins que leur détermination a finalement eu raison de l’un des plus horribles systèmes, la colonisation. Du coup, la première réponse à la crise multidimensionnelle que vit l’Algérie actuellement se trouve dans la manière dont certains valeureux patriotes ont été soit écartés des responsabilités soit éliminés tout bonnement.

En effet, sans être chauvin, l’Algérie d’hier comme celle d’aujourd’hui regorgent de potentialités pouvant contribuer à la construction d’un pays juste. Mais faut-il que leur action serve uniquement  l’Algérie. En tout cas, cela ne sera possible que si le pouvoir est entre les mains du peuple. Or, depuis cinquante ans, les différents dirigeants n’ont rien fait pour que le choix du peuple soit la source du pouvoir. A ce titre, une distinction entre les valeureux chahids et ceux qui ont dirigé le pays doit être constamment mentionnée.   

En tout cas, ceux qui ont libéré l’Algérie, notamment ceux qui sont morts au champ d’honneur, sont exempts de toutes critiques. Car, avec des moyens infimes, ils ont réalisé un projet colossal, la libération du pays. Lors d’un entretien entre Hocine Ait Ahmed et Saâd Djebbar à Londres en 1994, celui-ci se demande comment les Algériens ont pu juguler le joug colonial ? La réponse d’Ait Ahmed est alors sans équivoque : « Les enfants du mouvement national étaient, dans leur écrasante majorité, des gens simples qui ont transformé leurs muscles en cerveaux pensants pour faire face au colonialisme. » Est-ce cela qui manque à l’Algérie d’aujourd’hui ? Qui est-ce qui bloque l’Algérie pour que son épanouissement n’intervienne pas ? La gestion du pouvoir par la force doit y être, me semble-t-il, pour grand-chose.

De toute évidence, la force du mouvement national réside indéniablement dans l’abnégation de ses militants à mettre à mort le système colonial. Bien que ce mouvement ait été dirigé pas des hommes stoïques, sur le plan organisationnel, il n’existe aucun homme infaillible. Ainsi, en dépit du rôle capital joué par Ait Ahmed, quand il s’agit de faire le bilan, Ait Ahmed n’hésite pas à signaler les carences. Contrairement à ceux qui disent, à des fins démagogiques bien sûr, que tout était parfait, Ait Ahmed relève les faiblesses afin que l’Algérie n’ait plus à revivre les mêmes erreurs. Mais les dirigeants de l’Algérie indépendant ont-ils tiré les leçons appropriées ? Aujourd’hui encore, pourrait-on le regretter, certaines pratiques de l’ère coloniale n’ont pas disparu. Les fraudes électorales, pendant la période coloniale, appelées les élections à la naegleenne, n’ont pas cessé une fois l’indépendance recouvrée.

De 1965 à 1976, le colonel Boumediene a mis tout bonnement en sourdine toutes les institutions. Pendant onze ans, il n’y avait même pas des élections à la naegeleenne. Et puis, de rafistolage en rafistolage, l’Algérie a vécu les pires années de son histoire. Dans les années 1990, 200000 morts sont le bilan tragique des luttes pour le pouvoir. Bien que l’analyse d’Ait Ahmed ait pu éviter à l’Algérie une telle catastrophe, les partisans de la violence ont donné un coup terrible à la démocratie. N’ayant pas un intérêt occulte, Ait Ahmed [et bien qu’il se soit opposé au projet s’inspirant de l’islam politique], a appelé au respect du verdict des urnes. Et lorsque certains furent pris de panique, Ait Ahmed leur a conseillé de garder le sang froid en acceptant d’aller au second tour. Hélas, voulant sauver le peuple malgré lui, les éradicateurs ont perpétré un coup d’État. Résultat des courses : la société algérienne a payé un lourd tribut sans qu’il parvienne à instaurer des institutions justes. 

Cependant, pour combattre les idées d’Ait Ahmed, les éradicateurs ont  constamment dénaturé son message. Et pourtant, comme le résume si bien Saâd Djebbar, son message est empreint d’une sincérité : « Son refus de l’arrêt du processus électoral en 1992, sa mise en garde contre les dangers d’une telle mesure pour la population et le pays, sa condamnation des fraudes continues lors des scrutins organisés par la suite et son appel permanent au dialogue et à la réconciliation nationale, étaient autant d’attitudes réfléchies. Elles n’avaient pas pour but de défendre des intérêts partisans étroits. » Mais qu’importe !

Quoi qu’il en soit, fonctionnant selon le mode archaïque, les détenteurs du pouvoir réel et leurs relais ont attaqué de chaque côté les appels au calme d’Ait Ahmed. Cela dit, bien qu’Ait Ahmed soit inattaquable sur son engagement en faveur d’une Algérie apaisée, il n’en demeure pas moins que son parti a subi toute sorte d’entreprises de déstabilisation. On se demande encore aujourd’hui comment le parti n’a pas été emporté par la répétition des coups d’estocade. De cette série de coups, on peut retenir celui de 2001. Mais la vigilance d’Ait Ahmed, comme l’écrit Saâd Djebbar, a déjoué leur plan. « Les manœuvres pour faire basculer la Kabylie dans le chaos et le sang, pour brouiller les cartes et masquer les véritables problèmes des enfants de l’Algérie, échouent grâce à Hocine Ait Ahmed. Il est, par sa pensée et son expérience, l’homme de fer, le verrou de sécurité qui protègent l’unité nationale du danger que représentent ceux qui sont tentés d’en manipuler les ressorts », note le directeur adjoint du centre d’études sur l’Afrique du Nord à l’université de Cambridge.

Ainsi, et d’une façon générale, quand l’Algérie –et  non pas le régime comme tentent certains de le faire accroire –est menacée, Ait Ahmed essaie, autant que faire se peut, de montrer la voie la moins couteuse en dégâts pour le pays. Cela dit, bien que la participation du FFS aux élections législatives du 10 mai 2012 soit dictée par le contexte régional, Ait Ahmed se montre également sévère avec les détenteurs du pouvoir. En effet, de ce qu’on connait de ce régime, il est difficile qu’il lâche facilement les rênes du pouvoir. Mais s’il s’engage à respecter le choix du peuple, le FFS ne rejettera pas cette offre. Car le but du FFS est de travailler en sorte que le pouvoir émane du peuple. Enfin, bien qu’il ait pu opter pour un choix de la facilité, en l’occurrence le boycott, son engagement dans l’arène l’expose indubitablement à des attaques tous azimuts. Mais l’essentiel est que l’Algérie tienne débout.          

Par Ait Benali Boubekeur  

 

  

   

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 15:59

imagmecilies.jpg« Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l’Algérie », mots écrits par Ali Mécili quelques jours avant son assassinat.

  

Ces vocables sont ceux d’un patriote sain et probe. Celui qui aime véritablement son pays.  Non pas pour profiter d’un quelconque privilège, mais pour que l’Algérien ait de la considération dans son propre pays. Pour y parvenir, Ali Mécili a combattu, sans fard ni acrimonie, un régime inamovible, installé par la force depuis 1962. Refusant toute alternance, ce régime s’appuie sur ses services pour assurer sa pérennité. C’est justement là que se situe indubitablement le nœud du problème ayant fini par provoquer la mort Ali Mécili, le 7 avril 1987 à Paris. La méthode est simple : éliminer physiquement celui qui tente d’organiser la société en vue de réclamer le changement. Et ce n’est pas la première fois que cela arrive en Algérie. Depuis l’accession du pays à l’indépendance jusqu’aux événements d’octobre 1988, les dirigeants faisaient de l’Algérie leur propriété privée. Et celui qui se met sur leur chemin devient immanquablement un ennemi à abattre. En ce sens, le parcours d’Ali Mécili est une succession d’entraves à la longévité de leur système.

D’une façon générale, dans les pays hermétiques, des hommes comme Ali Mécili attirent sur eux les foudres des dirigeants. Bien que partout dans le monde le dirigeant soit uniquement le représentant de la volonté du peuple, en Algérie, le dirigeant se substitue à lui. S’intéressant uniquement au profit que procure l’exercice du pouvoir, le chef ignore totalement la souffrance du peuple. Car, au moment où Ali Mécili a été assassiné, on peut affirmer que la crise économique fut le résultat d’une gestion catastrophique poursuivie depuis l’indépendance. Non issus de la volonté populaire, ils défendent par la violence leurs postes. Et gare à celui qui les contrariera. Pour comprendre cette page assez terne de notre histoire, il est primordial d’évoquer succinctement la course au pouvoir à l’aube de l’indépendance. Engagé dans la lutte pour la libération du pays du joug colonial, Ali Mécili, comme tant d’autres, a cru que l’indépendance allait permettre aux Algériens de tourner la page de la longue nuit coloniale. Malheureusement, une catégorie de nationalistes n’a attendu que le départ des Français pour les supplanter. Pour se maintenir, ils n’hésitaient pas à recourir aux procédés les plus vils. Ainsi, les crimes politiques, ou la liquidation des gêneurs, ont commencé à peine l’indépendance recouvrée.   

Pour contrecarrer cette dérive autoritaire, des militants épris de justice et de démocratie ont créé le FFS (Front des forces socialistes), en septembre 1963. Dans cette épreuve délicate, deux hommes ont œuvré ensemble afin de sensibiliser les Algériens sur une autre manière de gouverner, celle où le peuple est au cœur de l’édification des institutions. Mais l’alternative proposée par Hocine Ait Ahmed et Ali Mécili était trop idéale pour être choisie. Du coup, pour toute réponse, le régime a recouru sans vergogne à la répression. Treize mois plus tard, les deux hommes sont arrêtés. En sachant que le régime ne tolérait pas une opposition démocratique, il ne leur restait que l’alternative cruelle de partir du pays qu’ils ont arraché à la puissance coloniale. À l’étranger, leur action n’a jamais cessé d’être en faveur du changement en Algérie. Mais, le régime ne voulait pas d’une opposition frontale, même à l’étranger. Dans la nouvelle préface de « l’affaire Ali Mécili », Ait Ahmed rappelle comment le régime a réglé ses comptes avec des Algériens ne partageant pas sa politique. « Ce fut le prélude à une longue liste d’assassinats : Mohamed Khider (janvier 1967) et Krim Belkacem (octobre 1970), deux opposants déterminés qui étaient aussi des chefs « historiques » de la guerre de libération ; le commandant Saïd Abid, ex-maquisard des Aurès promu après l’indépendance à la tête de la 1er région militaire (Algérois, Kabylie), « suicidé » en 1967 dans son quartier général de Blida ; Abdelkader Moulay, plus connu sous le nom de colonel Chabou, ex-sous-officier de l’armée française et cheville ouvrière du ministère de la Défense, victime d’un accident d’hélicoptère en 1971 ; Mohamed Medeghri, le tout Premier ministre de l’Intérieur, lui aussi « suicidé »en décembre 1974. Homme de conviction, Medeghri était aussi animé d’un courage politique qui le poussa à signaler sans cesse au chef de l’État Ahmed Ben Bella –qui le limogea début 1965 –les dépassements de son appareil policier. Deux jours avant son « suicide », Medeghri avait confié par téléphone à Claude Julien qu’il se sentait menacé », récapitule Ait Ahmed la série d’assassinats politiques en Algérie sous Boumediene.

Quoi qu’il en soit, bien que les premières années de l’arrivée de Chadli, par effraction certes, au pouvoir soient caractérisées par la mise en sourdine de ces procédés honteux, en 1987, le régime n’hésite pas à recourir au crime politique. Selon la sinistre analyse du régime algérien, Ali Mécili a franchi le rubican. Et pour cause ! Il a réuni deux chefs historiques, Hocine Ait Ahmed et Ahmed Ben Bella, à Londres en 1985 en vue de constituer une alternative à celle du régime en place. Cette démarche –et c’est le moins que l’on puisse dire –a choqué les tenants du régime à Alger. Pour frapper fort Ait Ahmed [malgré les multiples tentatives le visant personnellement, il a réussi à déjouer les plans ourdis par la SM], la sécurité militaire décide d’éliminer physiquement l’organisateur de ce rapprochement. D’une certaine façon, ils ont réussi en ce sens que l’opposition a reçu un coup terrible. Dans le même sillage, ils ont mis un coup de frein aux grands chantiers, lancés de façon simultanée, par Ali Mécili. Car au-delà du militant, il fut présent sur plusieurs fronts (le mouvement des jeunes culturalistes, le FFS, les jeunes réunis autour du MDA d’Ahmed Ben Bella, selon Ait Ahmed). Il fut aussi le fondateur du journal Libre Algérie. Indubitablement, un journal de l’opposition.

 Considéré comme une menace à leur régime, les dirigeants d’Alger planifient tout bonnement la liquidation physique de celui qui a cru que le travail politique pouvait amener le changement en Algérie. D’ailleurs, n’a-t-il pas écrit dans sa dernière lettre : « Je meurs pour avoir cru qu’il n’y avait qu’une seule démocratie : celle qui, en assurant le respect des libertés fondamentales, redonne à l’Homme sa dignité et les moyens appropriés pour épanouir sa personnalité. » Cependant, la décision de mettre en œuvre le plan macabre est prise directement à la présidence de la République. L’ancien colonel de la SM, en rupture de ban avec les services, à moins que se soit un rôle théâtral bien interprété, Hicham Aboud, le dit d’ailleurs sans ambages : « À la fin de l’année 1986, une réunion s’est tenue au Palais d’el Mouradia entre Larbi Belkheir (chef de cabinet de la présidence) et Lakhal Ayat (directeur central de la sécurité militaire, alors DCSM). » Lors de cette réunion, la décision d’assassiner Ali Mécili est arrêtée. Un volontaire s’engage à accomplir la sale besogne : Rachid Hassani. « Pour éviter de mouiller directement la Sécurité militaire, il est impératif que le porte-flingue ne soit pas de la maison », explique Hicham Aboud le recours à un truand. Quelques semaines plus tard, Rachid Hassani rencontre un voyou proxénète, Abdelmalek Amellou, à Paris. Le moins que l’on puisse dire c’est que le contrat, pour un truand, est juteux. La tête d’Ali Mécili, celui qui a combattu le colonialisme, est ainsi mise à prix par des Algériens sans scrupules : une somme faramineuse de 800000 francs et un grand appartement à Alger. Toutefois, Rachid Hassani exige que l’argent ne soit remis qu’une fois le crime perpétré. Voilà grosso modo comment le régime d’Alger a procédé pour éliminer un grand patriote pour « ne pas avoir accepté la compromission et le déshonneur dans lesquels se complaisent les plus grands nombres d’élites du Tiers Monde » (dernière lettre d’Ali Mécili).

Cependant, ce jour maudit du 7 avril 1987, Amellou attend sa victime dans le hall de son immeuble. À 22heures 35, Ali Mécili est abattu de trois balles dans la tête. Bien que le tueur ait exécuté son forfait sans ambages, dans sa fuite, il laisse des indices qui vont le trahir plus tard. Pour l’heure, le crime étant orchestré, c’est aux politiques désormais que revient la tâche de gérer cette affaire. Selon Hocine Ait Ahmed : « Dans les heures suivant l’assassinat de cet avocat du barreau de Paris, l’ambassadeur d’Algérie en France recevait un appel téléphonique insolite. Le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua tenait en personne « à assurer que l’Algérie n’avait rien à voir avec cette affaire ». Tout était dit. Et rien n’allait permettre de remettre en cause « ce message » adressé dès la première heure aux autorités algériennes : Paris les couvrait et garantissait leur impunité en les assurant d’emblée qu’elles n’avaient « rien à voir » avec la mort de Mécili. » Quoi qu’il en soit, après les garanties verbales, Pasqua se met au travail. En catimini, ses services expédient l’assassin à Alger. Dès son arrivée en Algérie, Amellou se déplace en Algérie, en toute quiétude, afin de récupérer l’argent promis par les services. Pour ce faire, il se rend à Skikda où l’attendait depuis un moment Mohamed Semraoui, chargé de le prendre en charge.

Toutefois, pendant qu’il séjourne en Algérie, la police française reçoit des informations, certes anonymes, sur le profil du tueur. Elle dispose désormais de tous les éléments permettant d’inculper Amellou. Pour de plus amples informations, la police met également le domicile du truand sur écoute. Quelques jours après, Amellou, en croyant que l’orage est passé, décide de retourner en France. Le 6 juin, il atterrit à l’aéroport parisien. Dans la foulée, la police procède à son arrestation et à celle de sa compagne, une danseuse de cabaret. Là, les enquêteurs tombent sur des documents prouvant la nette implication des services algériens dans le crime du 7 avril 1987. En effet, la police trouve dans le portefeuille d’Amellou l’ordre de mission de la SM algérienne, signé par Rachid Hassani. Et sans les conseils de son secrétaire, cet ordre aurait été signé par le patron des services, Lakhal Ayat. À partir de là, tout va très vite. Le 11 juin, malgré les aveux d’Amellou, le 12 juin, le ministre délégué à la sécurité, Robert Pandraud, signe un avis d’expulsion, vers Alger, de ce dernier. Le 14 juin 1987, bien que des charges pèsent sur lui, Amellou est expulsé en Algérie.

Et quoi qu’on puisse alors épiloguer sur cette affaire, il va de soi que la raison d’État a primé sur la justice et la vérité. Partant, ce crime politique est resté, jusqu’au jour d’aujourd’hui, impuni. Bien qu’il y ait plusieurs occasions de faire jaillir la lumière sur ce crime abject, comme en 2008, la justice française n’a pas osé aller jusqu’au bout. D’une façon générale, depuis la disparition de Mécili, le FFS en général et Ait Ahmed en particulier ne cessent d’œuvrer pour que la lumière soit faite sur cet assassinat politique. En effet, les instigateurs [ceux qui sont encore vivants] et son meurtrier doivent répondre de leurs actes devant une justice impartiale. Concomitamment à ce travail, le FFS a toujours suivi la voie de non-compromission voulue par Ali Mécili. Bien qu’il n’ait pas eu la chance de vivre la période d’ouverture, vite refermée suite au coup d’État de janvier 1992, le FFS a toujours travaillé pour réaliser le rêve d’Ali Mécili « de voir ériger ses antiques traditions démocratiques au rang d’institutions ». À ce titre, le parcours du parti est irréprochable. Ainsi, en refusant de participer aux élections locales de juin 1990, le FFS avait raison de ne pas servir de torchon sur lequel le régime voulait s’essuyer les mains. En 1991, bien que le FFS se soit démarqué du projet politique du FIS visant à instaurer un État théocratique, après le verdict des urnes, il fut quasiment le seul à accepter le choix, certes par dépit, des Algériens. Acteur actif pour trouver une issue à la tragédie générée par le coup d’État, Ait Ahmed a été présent, si ce n’est pas lui l’initiateur, à toutes les initiatives susceptibles de ramener la paix en Algérie. En 1999, malgré les promesses d’une élection présidentielle propre, l’armée n’a pas tenu sa promesse. Ait Ahmed, en convainquant les autres candidats, s’est retiré de la course laissant ainsi le candidat de l’armée seul en lice. En 2002, le régime a tenté de dépecer la Kabylie en laissant la région entre les mains des extrémistes. Grâce au FFS, la Kabylie n’est pas livrée aux aventuriers. Cette année, le FFS va participer aux élections législatives de mai 2012 non pas pour se rapprocher du régime, mais pour éviter au pays des menaces de dislocations ou une épreuve de sang que certains éradicateurs appellent de leur vœu.     

Par Ait Benali Boubekeur

                

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 18:55

imageait ahmedsLa large concertation avec la base a conduit le FFS à participer aux élections législatives de mai prochain. Bien qu’elles soient organisées par un régime despotique, la participation du FFS ne tend nullement à lui apporter la moindre reconnaissance. Au contraire, le parti considère que les multiples crises sont la conséquence d’une gestion catastrophique d’un régime ne cherchant qu’à se pérenniser. Cela dit, le FFS n’est pas guidé par une quelconque haine. Quand l’intérêt de l’Algérie est menacé, le FFS intervient, non pas pour sauver le régime, mais pour contenir les dangers menaçant le pays de la dislocation. Sinon, les visions entre le FFS et le régime se situent aux antipodes. En effet, quand le régime s’appuie sur l’administration et les réseaux clientélistes, le FFS, lui, préconise une autre voie. « Nous nous investissons dans la mobilisation des citoyens en vue d’une finalité politique collective », écrit Hocine Ait Ahmed, dans un message aux membres du conseil national du FFS.

D’une façon générale, le FFS, fidèle aux principes qui l’ont toujours guidé, pense que le pouvoir ne peut émaner que du peuple algérien. Sans s’attarder sur les positions de principe du FFS, un exemple étaie l’attachement du FFS à la volonté du peuple algérien. En 1991, bien que le FFS ait affiché clairement son opposition au projet politique du FIS, après la proclamation des résultats, il fut presque le seul à réclamer la poursuite du processus démocratique. Contrairement « aux Harkis du système » –eux-mêmes se définissent ainsi –, le FFS a condamné fermement le coup d’État ayant plongé le pays dans une crise abyssale. Cependant, bien que le peuple algérien n’ait pas voulu d’une telle guerre, le choix de la répression a éloigné pendant quelques années une issue au conflit.

Ainsi, aux différents appels à l’apaisement, le régime et ses soutiens s’attaquent sans vergogne aux solutions pacifiques. Et lorsque le FFS a participé à la réunion de Rome, les éradicateurs l’ont rejeté dans le fond et dans la forme. « Nous avons débattu avec des partenaires politiques à Rome en 1995 et nous avons publiquement proposé au pouvoir une plate-forme de sortie de crise en 14 points. En toute transparence. Pour la gestion des différends au sein de la société et entre la société et le pouvoir », résume Ait Ahmed le contenu de cette proposition de sortie de crise. Pour toutes ces raisons, écrit Ait Ahmed dans son message du 2 mars, « notre cheminement va continuer à diverger avec celui du pouvoir dans ses deux déclinaisons : celle qui s’exprime à l’intérieur du cadre institutionnel et celle qui attaque ce cadre sitôt qu’elle en est exclue ».

D’une certaine façon, le FFS n’a pas attendu 2012 pour se faire attaquer tous azimuts par des personnes pour qui la démocratie ne pourra exister que s’ils sont vainqueurs. Ces derniers jours, on a entendu des critiques infondées. C’est comme si Ait Ahmed va commencer une carrière de compromission, alors que tout son combat a été et est celui de la transparence. Certaines mauvaises langues disent même que le FFS a négocié un quota. Ces habitués des locaux de Mohamed Mediene, au lieu de défendre leur position que les gens peuvent respecter, s’attaquent sans vergogne au FFS. Pour le moment, les critiques sont verbales. Plus sérieusement, et le FFS s’est posé cette question, pourquoi participer à une joute organisée par le régime ? Pour le FFS, cette participation est dictée par des impératifs. En ce moment, l’avenir du pays –et c’est le moins que l’on puisse dire –est en danger. Bien que le choix simpliste soit de boycotter le scrutin, les risques de dislocation de la nation font réagir le FFS. Du coup, plus que jamais, ce dernier a un rôle historique à jouer.

En effet, dans une pareille conjoncture, le souci n’est pas d’obtenir un nombre de sièges au parlement comme certains sont accoutumés de recevoir. Plaçant l’intérêt du pays au-delà de toute considération, Ait Ahmed intervient pour éteindre le feu des pompiers pyromanes. Selon lui, « Le pouvoir a conduit le pays dans une impasse. Une triple impasse : celle du pouvoir, celle du pays et celle de la Kabylie. Le démantèlement du politique partout dans le pays a particulièrement ciblé la Kabylie par ce qu’elle a pendant des décennies constitué le réservoir de mobilisation démocratique et de contestation politique du pays ». Car la réponse du régime aux revendications de démocratisation du pays émanant de cette région a été et est toujours répressive. Les cicatrices des estocades contre le FFS dans le début des années 2000 en Kabylie sont toujours perceptibles. Cette politique de terre brulée a incité certains citoyens à emprunter une voie extrémiste. De nos jours, certains rejettent l’Algérie –et ils ont tort de mon point de vue –parce que le régime les rejette. Pour le président du FFS, ce risque peut conduire, par la faute d’un pouvoir dont la préoccupation est de rester aux commandes, à une fissure de la cohésion nationale. Dans son message à la convention nationale, Ait Ahmed souligne : « A l’unité de la Kabylie nous tenons autant qu’à l’unité de chaque région d’Algérie et de l’Algérie elle-même. Un coup d’œil sur notre histoire, et un regard sur le monde, nous montrera aisément combien l’unité de chacune des parties est tributaire de l’unité du tout, qui les constitue autant qu’elles le constituent. Car ce sont précisément ces mensonges, ces manipulations, ces enfermements qui menacent la notion d’unité elle-même, à force de l’avoir instrumentalisée contre la diversité et le pluralisme réellement existants au profit d’autres fabriqués de toutes pièces. »

Dans cette région, la tactique du régime visait et vise toujours à faire émerger les plus extrémistes afin de la discréditer. Deux exemples corroborent si besoin est cette thèse. En 2002, le mouvement des arch interdit le vote aux Algériens de cette région. En bravant tous les risques, les militants du FFS ont, rappelons-nous, manifesté leur opposition à ces méthodes d’un autre âge. Or, en 2005, le régime considère qu’ils avaient raison d’empêcher le scrutin de 2002 en accédant à leur revendication de dissoudre les assemblées communales. Plus grave encore, à partir de 2009, la région est confrontée à un mouvement non représentatif parlant en son nom à l’étranger sans qu’elle ait été consultée. Au bonheur du régime, les représentants de ce mouvement mènent une campagne contre l’Algérie en toute quiétude. Actuellement, tous les citoyens de cette région sont pointés du doigt. Toute critique du régime est retournée contre son auteur en l’accusant de visées séparatistes. Attaché à l’unité nationale, le FFS, contre vent et marée, contribue autant que faire se peut à déjouer cette machination et à éviter une dislocation de la nation dont le régime est en partie responsable.

Pour toutes ces raisons, la participation du FFS ne peut être assimilée à un quelconque abandon de ses principes. Au contraire, il les affirme en montrant ce qui le sépare du régime, mais interpelle aussi l’Algérien pour qu’il saisisse l’occasion du vent de liberté soufflant sur l’Afrique du Nord. À ceux qui imaginent un scénario à la libyenne, le FFS dit qu’ « il existe une voie algérienne vers la libération de la dictature comme il a existé une voie algérienne pour la libération du colonialisme. » Désormais, cette arme peut être un bulletin de vote. En effet, le 10 mai, tous les regards seront fixés sur l’Algérie. Avec une mobilisation citoyenne générale, le régime recevra une défaite cuisante. Le régime va-t-il rééditer le coup d’État de janvier 1992 si les Algériens votent pour le changement ? Il est peu probable. Si tel est le cas, il apparaitra à l’opinion internationale que le régime n’a jamais cherché la démocratisation du pays. Quoi qu’il en soit, ces élections peuvent déboucher sur deux issues ambivalentes. L’une salvatrice pour le pays, car elle permettra la reprise du processus démocratique et par la même la restitution du pouvoir au peuple. L’autre sera fatale si le régime s’accroche aux privilèges que peut procurer l’exercice du pouvoir.

Finalement, en analysant l’ensemble des éléments ayant conduit le FFS à participer, on peut constater aisément que le FFS emprunte une autre voie que celle que ses détracteurs ont suivie jusque-là. En effet, quand certains partis participent aux élections, ils admettent au préalable que le régime a sauvé la démocratie en Algérie. Pour le FFS, la démocratie, au contraire, a été malmenée par ce régime et ses soutiens. Il appelle du coup les Algériens à être une partie prenante conduisant à l’instauration de la démocratie. Ayant bloqué le processus pendant vingt ans, ces gens ont la responsabilité des dérives qu’a connues le pays. Nous, militants et sympathisants du FFS, on doit se rappeler, comme l’écrit Ait Ahmed, que nous sommes fiers de notre parti et qu’ « il est exclu que quiconque nous donne des leçons en politique, en démocratie, en militantisme, en patriotisme ou en Takbaylit. Nous n’avons aucune leçon à recevoir ni de ceux qui veulent nous apprendre comment défendre notre parcours- qu’ils n’ont pas- ni de ceux pour qui l’engagement ne fût qu’une alternance de trahisons. Trahir une cause puis une autre avec l’irresponsabilité politique, l’outrance verbale et le mensonge comme seules constantes».

Par Ait Benali Boubekeur

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 19:38

370570_100000984087566_1130522287_n.jpgDepuis l’ouverture du débat avec la base, le FFS devient la cible des partisans du statu quo. Mais pourquoi cette démarche du FFS dérange-t-elle ? Il va de soi que le débat avec la base n’est pas une tradition politique en Algérie. Chez les autres formations, une telle initiative est tout bonnement inenvisageable. Car elles fonctionnent selon la théorie suivante : on reçoit des ordres et on les transmet à la base. Du coup, le FFS fait face à une vague de critiques sans précédent. Connu pour ses positions intransigeantes sur le respect des valeurs démocratiques, le FFS, en réalité, est habitué à ce genre d’entreprise de déstabilisation.

 

Cependant, cette campagne ne choque plus à force de la multiplication des attaques. Il se peut que ces gens ne soient pas habitués à avoir un débat de fond au sein de leur formation politique. Étant plus à l’aise dans l’invective que dans la proposition, ils colportent à l’envi des allégations mensongères à l’égard du FFS. Mais qui peut croire, hormis leurs partisans croyants il y quelques années que la démocratie pût réussir en ne respectant pas la volonté des Algériens, à une possible allégeance d’Ait Ahmed au régime d’Alger ? Homme de conviction, Ait Ahmed va-t-il commencer une carrière de compromission à l’âge de 86 ans ? En tout état de cause, pour les militants du FFS, cette campagne de déstabilisation ne doit pas les détourner de leur mission consistant à poursuivre sereinement les débats jusqu’à leur terme.

 

D’une façon générale, ce débat n’engage pas seulement l’avenir du FFS mais aussi celui de l’Algérie. Bien que la tragédie nationale des années 1990 soit exploitée par le régime pour se pérenniser, il n’en reste pas moins que la chute de plusieurs régimes dictatoriaux, dans la région, constitue une chance pour l’Algérie de renouer avec la démocratie, un processus, rappelons-nous, interrompu par les militaires en 1992. En effet, sous prétexte que les Algériens n’ont pas voté dans le sens espéré par les dirigeants, le processus démocratique a été uniment stoppé. Et c’est ce que le FFS n’a cessé et ne cesse de dénoncer. Pour le FFS, pour peu que l’Algérie atteigne l’âge de voter, son choix doit être respecté. Cela dit, bien qu’une telle position soit unanime dans l’esprit de tous les démocrates, en Algérie, il y a encore du chemin à faire. Et pour cause, dés que le FFS monte au créneau pour appeler à l’instauration de la démocratie, les pseudos démocrates l’attaquent sans vergogne.

 

Pour ce faire, ils répandent des rumeurs selon lesquelles Ait Ahmed aurait passé un deal avec le pouvoir. D’une façon générale, ils font tout pour décourager le citoyen de s’intéresser au processus de démocratisation de l’Algérie. C’est ce que le journaliste du journal la Nation résume, lors de l’interview que lui a accordé Ait Ahmed en juillet 2011, par ce titre : « le système encourage la dépolitisation ». Sorti des laboratoires des services, leur parti est un vrai représentant du pouvoir réel en Algérie. D’ailleurs, dans son dernier livre intitulé « Histoire secrète de l’Algérie indépendante », Mohamed Sifaoui, un proche de certains cercles des services algériens, n’écrit-il pas en page 229 : « Selon un document de Wikileaks qui faisait état d’une discussion entre Saïd Sadi, leader du RCD, et le général Mediene,  celui-ci aurait reconnu, devant l’opposant démocrate, l’étendue de la corruption au sein du système. Le président du RCD raconte que le patron du DRS, après avoir observé un moment de silence, a jeté un regard en direction du portrait du président Bouteflika en répliquant que le problème avait atteint son paroxysme. »

 

Quoi qu’il en soit, chacun est libre de concocter les alliances qu’il juge idoines. Ce qui est répréhensible, en revanche, est de propager des mensonges sur un parti ne misant aucunement sur les services pour parvenir au changement en Algérie. Ainsi, à la différence des services et leurs amis, le FFS considère que le changement émane du peuple. D’ailleurs, dans l’interview déjà citée, Ait Ahmed relève que : « La première et la plus formidable victoire de ce soulèvement des sociétés est d’abord dans l’affirmation d’une idée jusque-là interdite : c’est aux dirigeants de faire la preuve qu’ils aiment leur pays et qu’ils méritent la confiance de leur peuple…Le printemps de Tunis et la formidable mobilisation du peuple égyptien ont offert à tout le monde arabe ce cadeau inestimable. »

 

Cela étant dit, bien qu’il puisse y avoir des réticences, le contexte  régional oblige, qu’ils le veuillent ou non, les dirigeants à offrir les conditions de la tenue d’un scrutin correct. Et sans les révolutions dans les pays nord-africains et les avancées au Maroc, cette position de participation aurait être interprétée –et ça serait une compromission –comme une capitulation. Néanmoins, le régime ne va pas faciliter la tâche. Sans qu’on attende qu’il fasse son mea-culpa, il faut tout simplement s’inviter dans l’arène. Que ce soit le boycottage actif ou la participation, les militants ne doivent plus laisser le terrain libre.

 

Là encore, il ne s’agit pas d’avancer aveuglément. Le régime algérien, il faut le dire haut et fort, ne mérite aucune confiance. Dans tous les cas, il fera tout pour se pérenniser.  Du coup, ses appels au changement sont un leurre. Sans la prise en charge de la question démocratique par les Algériens eux-mêmes, le régime tentera de maintenir son emprise sur l’Algérie. En tout cas, ces manœuvres ne datent pas d’hier. Revenant sur les réformes promises par le régime, Ait Ahmed  rappelle : « Quand il y a eu des vraies réformes, ils ont fait une guerre pour les stopper ». Par conséquent, la solution réside dans la mobilisation des masses. Pour lui, la priorité est « la construction du parti, le rétablissement des liens entre militants, entre citoyens, entre forces sociales. Et la poursuite du dialogue avec les partenaires engagés dans un effort sérieux et constant sur la démocratie et le changement de ce système de pouvoir. »

 

Cependant, six mois après cette interview, le FFS engage une large concertation avec la base. Quel que soit le choix du parti, les militants et sympathisants du FFS doivent se réjouir de la confiance du parti à leur égard. Ailleurs, chez les autres formations, leurs responsables reçoivent des ordres qu’ils transmettent aussitôt à leurs bases respectives. Enfin, bien que les adversaires du FFS tentent vaille que vaille de discréditer une telle démarche,  le militant doit se concentrer sur l’essentiel : être une force de proposition. Et peu importe son choix, il faut qu’il saisisse à fond cette opportunité. Car, encore une fois, cette opportunité n’existe pas chez les autres formations, même si elles se réclament de la mouvance démocratique.     

Par Ait Benali Boubekeur

       

 

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 16:03

imag11111111es.jpgLa convention, qui se tiendra le 11 février prochain, va décider de la participation ou non du FFS aux prochaines législatives. Bien que je ne sois pas en ce moment encarté, je saisis cette occasion, qui est offerte aux militants et sympathisants du FFS, afin d’intervenir directement sur le sujet. En tout cas, cela est d’une importance capitale pour des gens se trouvant à la périphérie du parti de donner leur avis. Cela dit, bien que le choix soit difficile à faire, je vais essayer, sans fard ni acrimonie, d’exprimer le fond de ma pensée. En effet, dans les pays qui respectent les règles démocratiques, une telle échéance doit susciter un engouement extraordinaire. Or, dans notre pays, le régime a toujours verrouillé –et continue de le faire –le champ politique. Est-ce qu’il est prêt à associer les Algériens à prendre part à la gestion de leurs affaires ? La réponse, si cela dépendait de lui, serait  bien entendu non. Quoi qu’il en soit, doit-on le laisser faire sans réagir ? Le combat, me semble-t-il, doit être l’engagement de chaque instant de tous ceux qui sont épris de la liberté et de la démocratie.

Quoi qu’il en soit, le FFS, et c’est pour cela que nous continuons à le soutenir indéfectiblement, a su accomplir cette mission de défense de ces principes universels. En tout cas, sa pression sur les pouvoirs publics le grandit dans le cœur des Algériens. Mais jusque-là, force est de constater que le régime, en répondant par la force à toutes les revendications des Algériens, s’est toujours maintenu. Il faut dire aussi que les enjeux, financiers notamment, sont colossaux pour qu’il fasse une place large aux Algériens. L’annulation des élections législatives en janvier 1992 ne s’inscrivait-elle pas dans cette logique. En effet, bien que le parti vainqueur n’ait pas été le chantre de la démocratie, il ne reste pas moins que la victoire du FIS, en dépit des dépassements signalés ça et là, fut incontestable. Celle-ci fut d’ailleurs une sanction infligée aux dirigeants ayant conduit le pays à la dérive.  

Cependant, dans cette épreuve, le FFS est sorti doublement grandi. D’une part, ses résultats furent honorables. D’autre part, il a montré sa constance dans le combat qu’il menait pour l’instauration d’une véritable démocratie en Algérie. En appelant à la poursuite du processus électoral, gagné par un parti qui faisait –et c’est le moins que l’on puisse dire –peur, Hocine Ait Ahmed a donné une leçon de maturité et de savoir-faire politiques. Cet épisode de l’hiver 1992 a révélé aussi le visage des faux démocrates. Quand ils disent « nous sommes pour l’instauration de la démocratie à condition que certains Algériens ne puissent pas participer au processus démocratique », le FFS déploie tous ses efforts pour que le pouvoir revienne au peuple. Et il est temps que ce peuple sorte du statut de mineur que lui impose le pouvoir.

Toutefois, pour revenir aux échéances à venir, le FFS doit être un élément incontournable. Car il est porteur d’un grand espoir. De toute façon, que ce soit la participation ou le boycott actif, il doit peser de tout son poids sur le processus. Et je suis sûr que les Algériens comprendront ces arguments. En ce qui me concerne, je préconise la participation. Bien entendu, elle ne doit pas intervenir à n’importe quel prix. Pour ce faire, il faut qu’au moins deux conditions soient réunies : la neutralité de l’administration et le respect des résultats des urnes. Tout compte fait, conscients de la crédibilité dont jouit le parti, les dirigeants feront, et j’en suis sûr, en sorte que ces garanties soient effectives.

Cependant, cette participation, selon mon humble avis, est motivée par plusieurs facteurs. D’une façon générale, ces élections vont être différentes de celles qui ont eu lieu depuis 1992. Car la donne a changé. Désormais, la totalité ou peu s’en faut des pays de l’Afrique du Nord, à l’exception de l’Algérie se trouvant du coup à la queue du peloton,  ont choisi leurs représentants aux assemblées du peuple. Partant, le contexte est tout bonnement nouveau. Par conséquent, cette évolution doit amener les acteurs politiques à revoir leur stratégie. À ce titre, le FFS ne peut pas déroger à la règle. Et il est capable de jouer un rôle prépondérant. En tout cas, le FFS a un rôle historique. Sans sa participation, le pouvoir ne donnera pas assez de garantie pour que le processus soit honnête. Dans les élections précédentes, on l’a vu, le régime octroyait des récompenses aux participants. Qui ne se rappelle pas de l’expression de Zeroual remerciant ces soi-disant concurrents de l’avoir accompagné à l’élection présidentielle du 15 novembre 1995.  

En outre, sa participation va susciter un intérêt grandissant chez les Algériens pour qu’ils reprennent goût à la politique.  Par ailleurs, bien qu’il soit difficile de tabler sur la victoire [j’entends par là être majoritaire au parlement], le FFS va consolider ses soubassements.  En ayant un nombre honorable de sièges,  ses futurs élus auront  indubitablement accès aux médias lourds afin de mieux diffuser les idées du FFS. Sur ce dernier point, on doit reconnaitre que le FFS a souffert énormément de l’exclusion médiatique. Pour étayer cette thèse, je donne un exemple.  Lorsque le secrétaire national, Ahmed Betatache, a participé à l’émission, en novembre dernier, en direct sur l’ENTV, les Algériens pouvaient aisément reconnaitre les vrais démocrates des gens animés par le souci de se pérenniser au pouvoir.

Finalement, le changement de la donne dans la région doit profiter à un véritable changement dans notre pays. Ceci est le combat du FFS. En tout cas, il est connu pour ce combat. C’est pour cela que le changement ne doit pas et ne peut pas intervenir sans le FFS. En somme, étant résident à l’étranger, je sais que le FFS jouit d’une crédibilité exemplaire chez les Algériens de toutes les régions. Et beaucoup  l’attendent à ce rendez-vous.

Le Havre, le 15 janvier 2012.

Ait Benali Boubekeur   

 

 

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 12:41

imagesCAA4FA0T.jpgIl y a vingt ans, les Algériens votent, pour la première fois, pour une élection nationale majeure, en l’occurrence les législatives. Bien que d’emblée son issue ait été difficile à prévoir, les Algériens, en âge de voter, ont pris part massivement à cette joute électorale. Mais ce que les électeurs ignorent c’est que leurs voix ne peuvent être comptabilisées que lorsque les détenteurs réels du pouvoir valident ou non le scrutin. Et c’est là que le bât blesse. Car jusque-là l’organisation du pouvoir s’est faite en excluant uniment le peuple. En effet, dans tous les pays concernés par ce genre de transition démocratique, l’institution militaire joue un rôle péremptoire dans ces processus. Pour William Quandt, dans « Société et pouvoir en Algérie » : « Partout où les régimes ont permis des ouvertures, l’assignation d’un rôle précis aux militaires a constitué un problème de taille : il est extrêmement  difficile d’écarter les militaires de la scène politique, comme l’ont montré les cas de la Turquie et du Chili ». Du coup, l’Algérie, pendant la période allant de 1989 à 1992, n’a pas échappé à ce schéma.

  

Cependant, pour mieux comprendre la nature du pouvoir algérien, un rappel historique est requis. Dans les années 1960 et 1970, le pouvoir a été assumé sans partage par l’institution militaire. Ainsi, celui qui a réussi à créer un consensus au sein de cette institution fut incontestablement Houari Boumediene. Pendant son règne, la politique algérienne fut incarnée par sa seule volonté. Bénéficiant d’un soutien indéfectible de l’armée, il gouvernait sans partage. Après sa disparition, le centre du pouvoir s’est élargi, mais il n’a pas quitté le centre préalablement constitué. Le meilleur exemple pouvant étayer cette thèse est la solidarité de l’armée pour organiser la succession de Boumediene.  En effet, bien que cette bataille ait généré une guerre de positions entre les différents clans, d’une façon générale, l’institution militaire est restée unie. Par conséquent, tout au long du règne du parti unique, la politique du pays a été conçue dans des cercles échappant à tous les contrôles constitutionnels.  Dans une analyse fort intéressante de Madjid Benchikh, intitulée « Les obstacles au processus de démocratisation en Algérie », le juriste constate que : «  La stratégie du système n'est pas déterminée au sein du parti unique, elle est déterminée par le commandement militaire. Le plus souvent, la conception, les décisions et la stratégie du commandement militaire sont annoncées au sein du parti par les membres militaires du comité central. L'essentiel des autres groupes rejoint alors la ligne définie par le commandement. Toute l'histoire de la prise du pouvoir dès le lendemain de l'indépendance du pays en 1962 est en ce sens ».

 

Cependant, lorsque l’Algérie s’apprête à inaugurer une nouvelle ère démocratique, la question lancinante est de savoir quel rôle va échoir à l’institution militaire. Bien que les militaires, membres du comité central du parti unique, décident de démissionner de leur fonction politique en mars 1989, ils gardent quand même un œil sur l’évolution du processus démocratique. Cette nouvelle situation laisse parfois pantois les observateurs. Après trois décennies de dictature, les Algériens sont enfin libres de participer à la vie politique de leur pays sans faire allégeance au régime. Par ailleurs, cette liberté mérite une nuance. Il s’agit d’un octroi plus que d’une acquisition. « La constitution de 1989 ouvre, au texte même, quelques chemins de liberté, mais ce sont des chemins étroits, parsemés d'embûches et de fausses pistes. C'est que les libertés que la constitution reconnaît n'ont pas non plus été arrachées par des forces sociales organisées», écrit Madjid Benchikh. Quoi qu’il en soit, le jeu politique est d’emblée biaisé. L’article 40 de la constitution permet certes aux Algériens de participer à la vie politique. En revanche, ils ne peuvent pas créer des partis politiques, mais des associations à caractère politique. L’auteur des obstacles au processus de démocratisation en Algérie dissèque la mauvaise foi des dirigeants en notant : « L'ambiguïté de la reconnaissance du multipartisme est révélatrice du rapport des forces en présence à la fin de l'année 1988 : le processus d'effondrement du FLN a commencé, mais le mouvement démocratique est embryonnaire. L'ouverture démocratique apparaît aux yeux du pouvoir en place comme une recette préconisée pour faire face à la crise économique et sociale et pour dépasser les contradictions qui minent le système ».

 

Dans ces conditions, il est difficile de parler d’une volonté des dirigeants de remettre le pouvoir au peuple algérien. D’ailleurs, mis à part le FFS d’Ait Ahmed et le FIS d’Abassi, dont le seul point commun réside dans leur réelle opposition au régime, les autres partis se contentent d’applaudir les dirigeants. Certains, sans les nommer, critiquent le pouvoir apparent. Dans le fond, ils ne sont jamais en désaccord avec le pouvoir occulte. Cela dit, la stratégie du régime consiste à subventionner  les partis afin de mieux les contrôler. Du coup, pour échapper à l’emprise du pouvoir, le FFS et le FIS refusent tout bonnement l’argent du gouvernement. Cependant, le premier test électoral, en l’absence du FFS, tourne à l’avantage du FIS lors des élections municipales du 12 juin 1990. Par ailleurs, bien que les Algériens votent massivement pour le FIS, il n’en reste pas moins que le résultat électoral ne reflète pas le poids du parti dans la société. Cette victoire écrasante n’est possible que grâce à la loi électorale, conçue au départ pour favoriser le FLN. Celle-ci stipule que : « Si aucun parti n’obtenait pas la majorité absolue, le parti au score le plus large recevrait la moitié des sièges plus un, le reste étant réparti proportionnellement entre tous partis ayant obtenu plus de 7% de voix ». Partant, avec seulement 34% de voix par rapport au nombre d’inscrits, le FIS obtient 57% d’Assemblées communales et 66% d’Assemblées de wilayas. Analysant ces résultats, Madjid Benchikh écrit : « La victoire du Front islamique du Salut (FIS) à ces élections surprend le gouvernement. Mais au lieu d'en tirer les leçons en effectuant des changements substantiels dans la politique, les méthodes et le personnel politique et de gestion, le gouvernement entreprend de réorganiser le FLN au profit des tendances qui le soutiennent, et médiatise, notamment grâce au contrôle des organes d'information, les réformes qu'il préconise ».

 

Quoi qu’il en soit, le régime refuse de voir la réalité en face. Car cette victoire n’était pas accidentelle. Bien que les réformes de Mouloud Hamrouche puissent constituer des avancées incontestables, l’impopularité du régime fait que les Algériens s’en éloignent de toute solution émanant de ce pouvoir. Ainsi, malgré le discrédit du régime, le gouvernement prévoit la tenue des élections législatives pour le 26 juin 1991. Le 1er avril, le chef du gouvernement soumet au parlement un projet de loi régissant ces législatives. Le découpage électoral, et c’est le moins que l’on puisse dire, favorise le FLN réformateur et le FFS. Plus tard, Ait Ahmed expliquera que l’alliance avec les réformateurs du FLN, dirigé à ce moment-là par Abdelhamid Mehri, aurait donné naissance à un gouvernement républicain et réformateur. Toutefois, étant donné que le FIS était considéré dangereux, les détenteurs du pouvoir réel auraient pu se réjouir d’une telle alliance. Hélas, le commandement militaire n’en voulait pas d’un gouvernement républicain qui pourrait échapper à son contrôle. Au même moment, le FIS occupe la rue. Bien qu’il crée un désordre en occupant les voies publiques, l’intervention de l’armée va provoquer l’annulation des élections de juin 1991. Ainsi, selon Madjid Benchikh, avec la démission de Hamrouche le 4 juin 1991, «  L'armée rappelle aussi qu'elle peut écarter même un gouvernement FLN dont le chef avait jusque-là la confiance du Président de la République. L'intervention de l'armée de juin 1991, alors même que tous les événements durant cette période montraient que le FIS n'était pas armé, indique que le commandement militaire ne peut tolérer une évolution du processus démocratique qu'il ne maîtrise pas, même s'il faut faire pression sur le chef de l'État et écarter ses hommes de confiance ».

 

D’une façon générale, le départ de Mouloud Hamrouche satisfait le FIS et le commandement militaire. L’arrivée de Ghozali va conforter le FIS. Le nouveau premier ministre propose de revoir la loi électorale du 1er avril 1991. Désormais, le nombre de députés est relevé à 430 au lieu des 295 proposés par son prédécesseur. Quant au commandement militaire, sa satisfaction réside dans le fait qu’une alliance Hamrouche-Ait Ahmed est définitivement écartée. Cependant, le 12 octobre 1991, l’Assemblée nationale, dont les députés sont issus du parti unique, adopte le nouveau découpage électoral. Pour le spécialiste Willaim Quandt : « Le nouveau premier ministre Sid Ahmed Ghozali avait promis l’organisation d’élections libres et honnêtes, avec une nouvelle loi électorale, ce qui pouvait ressembler aussi à une victoire du FIS ». Dans la foulée, Chadli Bendjedid fixe la date des législatives pour le 26 décembre 1991. Parlant au conditionnel, il ajoute que le second tour « pourrait se tenir le 16 janvier 1992 ».

Toutefois, sous la direction d’Abdelkader Hachani, libéré de prison en octobre, le FIS annonce, après moult tergiversations, sa participation aux législatives le 14 décembre 1991. Ainsi, pour la première fois, les Algériens peuvent envoyer les députés de leur choix à l’Assemblée nationale. Ce droit intervient après trente ans d’attente. Du coup, on peut dire que les Algériens sont prêts à rentrer de plain-pied dans cette nouvelle ère démocratique. Hélas, le rêve est de courte durée. Bien que le vote soit entaché de quelques irrégularités, dans l’ensemble, le scrutin s’est déroulé normalement. Après les dépouillements, le général Larbi Belkheir, ministre de l’Intérieur, annonce les résultats. Le FIS obtient, au premier tour, 188 sièges. Il est suivi par le FFS avec 25 sièges. En troisième position, le FLN remporte 15 sièges. Avec ses résultats, les prévisions des vrais décideurs tablant sur le tiers des sièges pour le FIS se sont trompées lourdement. A la stupéfaction générale, une voix de sagesse se prononce. Ait Ahmed, chef historique de la révolution algérienne, préconise le respect du verdict des urnes. Toutefois, aux manœuvres du commandement militaire et des faux démocrates, Ait Ahmed organise une marche gigantesque pour faire appel au sens des responsabilités des Algériens. Il rejette au passage la fatalité qui se résume soit par l’instauration d’un État intégriste soit par un État policier. Malheureusement, comme le constate Madjid Benchikh, élu du FFS à Ain El Hammam en décembre 1991, le vrai pouvoir en Algérie ne se trouve pas dans les urnes : « Mais l'analyse du rapport de force montre bien que ni le FIS ni les forces démocratiques impulsées par le FFS ne sont suffisamment organisées pour imposer l'alternance. Le commandement militaire13 décide d'annuler le deuxième tour des élections législatives prévu pour le 15 janvier 1992. Le Président de la République "est démissionné", un Haut Comité d'État présidé par Mohamed Boudiaf reçoit les pouvoirs du Président de la République ».

 

Pour conclure, il va de soi que depuis l’indépendance, la vie politique se décide en dehors de la participation du peuple algérien. À la faveur des événements d’octobre 1988, les Algériens espèrent jouer le rôle qui devait leur revenir de droit depuis 1962. Hélas, bien que le peuple algérien soit prêt à composer avec les règles démocratiques, les vrais décideurs, habitués à imposer leurs vues sans concertation, ne sont pas sur la même longueur d’onde. En décrétant que le peuple a fait un mauvais choix [ce qui s’explique par la volonté du peuple algérien de rompre avec le régime responsable de la gabegie depuis 1962], ils décident de mettre fin au processus démocratique.  Sur le plan politique, quoi qu’en puisse épiloguer sur cet épisode, l’Algérie est replongée dans l’avant 1988. Vingt ans plus tard, cette vision prévaut encore. Malgré les révolutions qui se sont déroulées chez nos voisins, en accordant des miettes, le régime se refuse à tout changement profond. D’ailleurs, dans quelques mois, il va même organiser des élections législatives. Or, en refusant de rompre avec les anciennes méthodes, celles-ci ne seront guère différentes des précédentes. À moins que des observateurs neutres puissent les contrôler. Dans ce cas, quelle garantie le régime donnera-t-il pour laisser le peuple algérien se décider sans être tenu à la gorge ?

 

Par Ait Benali Boubekeur  

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 10:38

images-copie-10.jpgLa réussite des différentes élections, dans les pays voisins, place désormais l’Algérie parmi les pays maghrébins les plus verrouillés. Et pourtant, il y a de cela une année, il n’existait aucune différence dans la façon de gouverner ces pays. Mais entre-temps, les jeunes de nos pays voisins ont décidé de juguler leurs systèmes dictatoriaux. Bien que la révolution égyptienne paraisse la plus fragile, les jeunes Cairotes ont réinvesti la place Tahrir pour réclamer la restitution du pouvoir politique aux civils. Il faut rappeler qu’après le départ de Moubarak, les militaires avaient pris le relais. Mais grâce à la détermination des manifestants, les Égyptiens entrent dans la phase de la démocratisation du pays. Les élections législatives ont connu une participation honorable. Avant eux, les Tunisiens ont fait mieux. Ils ont élu une assemblée constituante, signe d’une rupture avec l’ancien régime. L’autre exemple, on peut citer le Maroc. Le roi Mohamed VI a promis des élections libres. Celles-ci ont consacré la victoire du parti PJD (Parti  Justice et Développement). Bien entendu, dans un événement démocratique, on ne  tient pas compte des noms des partis vainqueurs. L’essentiel, c’est que la voix du peuple a été entendue dans ces pays. Il se peut que ces peuples aient fait un mauvais choix, mais cela reste le leur.

Cependant, en Algérie, rien ne se passe. Le simulacre de réformes promises avril dernier accouche de mini- réformettes. En tout cas, pour l’Algérie, cela relève de la malédiction. En effet, depuis l’indépendance, les gouvernants répondent subrepticement aux attentes des Algériens. Pour élucider cet imbroglio, quatre personnalités algériennes, dont l’historien Mohamed Harbi, esquissent une explication : « Au moment où dans plusieurs pays voisins de larges parties de la population réclament des changements démocratiques, nombreux sont ceux qui se demandent si la Constitution algérienne et le système politique dans lequel elle prend un sens répondent à ces revendications populaires.» D’ailleurs, même si la loi existe, son application est renvoyée aux calendes grecques. En effet, bien que les lois soient écrites noir sur blanc, il n’en reste pas moins que leur application, et c’est vraiment le moins que l’on puisse dire, laisse à désirer. L’exemple qui taraude les esprits est celui inhérent à la création des nouveaux partis politiques. Bien que la législation n’interdise pas de créer un parti, le ministre de l’Intérieur rejette systématiquement les demandes.

Toutefois, pour contourner le sujet du véritable changement, les dirigeants donnent des arguments du genre « Notre révolution nous l’avons faite en octobre 1988 ». Cependant, bien que les révoltes se ressemblent, on ne peut pas dire autant de leurs issues. Les rédacteurs du texte déjà cité  arguent que les événements du 5 octobre et ceux des pays voisins comportent des différences. Ils notent à ce propos : « En Tunisie et en Égypte, les insurgés ont maintenu la pression et la maintiennent toujours sur les gouvernants pour obtenir les transformations pour lesquelles ils se sont mobilisés. Rien de tout cela, qui est pourtant essentiel, n’a caractérisé les manifestations algériennes de 1988. Enfin, les décisions prises et les transformations effectuées dans le système politique algérien l’ont été à la seule initiative des responsables du système lui-même, sans aucune consultation politique ou débat public avec d’autres forces politiques pour fixer le contenu de ces réformes. »

Naturellement, avec les avancées observées chez les pays voisins, l’Algérie se retrouve actuellement dans le peloton de queue en matière de l’exercice des libertés démocratiques. D’ailleurs, mis à part la courte parenthèse de 1989-1992, le régime n’a pas évolué d’un iota. Enfin,  les fondateurs de ce régime, dont la prise de pouvoir remonte à 1962, sont inamovibles. Quoi qu’il se passe, ils sont  toujours là. Et tout au long de cette  période, le régime a su organiser le pouvoir selon ses convenances.

Par Ait Benali Boubekeur

 

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