2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 20:49

Le tiers monde n'est pas le seul concerné.

La 21ème session de la Conférence générale de l'UNESCO qui se déroule du 29 septembre au 28 octobre à Belgrade sera principalement consacrée aux problèmes de communication dans le monde. Tout comme à l'occasion des multiples rencontres portant sur le nouvel ordre économique international, les pays du tiers monde vont dénoncer les structures et les techniques d'inégalité dans l'échanges en matière de communication dont ils sont victimes et dont bénéficient les pays industrialisés de l'Est et de l'Ouest. Des revendications destinées à corriger les déséquilibres qui permettraient de jeter les bases du nouvel ordre international de l'information.

Il ne serait pas étonnant que l'option désabusée par une stratégie de l'échec perpétuel réagisse avec scepticisme. Encore une Conférence? que-sais-je de ce qui se trame en réalité, et de toute façon que puis-je? Cette réponse s'expliquerait si le nouvel ordre international de l'information se réduisait aux revendications des gouvernements du tiers monde. Car, premièrement, le message serait particulier et partial. Ce serait oublier les aspirations des hommes et des peuples du monde <<socialiste>> pour lesquels le socialisme signifie liberté d'information et non propagande.

Les événements de Pologne soulignent l'écart des réalités vécus quotidiennement par les travailleurs et les réalités claironnées par le secret des huit-clos et la censure. Ce serait également ignorer qu'en Occident le pluralisme libéral ne met pas l'information à l'abri de la raison d'état et les grands monopoles financiers. Témoins, les matraquages publicitaires, les campagnes orchestrées par les fournisseurs d'armements. Réduit au rôle de consommateur, le citoyen n'a même pas le temps de s'apercevoir que sa passivité, c'est-à-dire le refus de participation et d'une solidarité actives à la vie nationale et internationale le condamne à une existence de solitude et désespoir.

Au demeurant, entre Est et l'Ouest l'instauration d'un nouvel ordre de l'information en Europe fait toujours problème. Il n'est pas évident que la prochaine conférence de Madrid fasse avancer l'application des accords d'Helsinki.

Deuxièmement, le message serait erroné puisqu'on laisse entendre que le nouvel ordre international de l'information restaurant la liberté d'information dans le tiers monde et se fera au service des citoyens et non pas des pouvoirs en place. Cette vérité implicite pourrait se fonder sur la valeur et les intentions de quelques personnalités du tiers monde dont le directeur actuel de l'Unesco. Et pourquoi pas aussi d'éventuelles conversions en chaîne à la démocratie des dirigeants du tiers monde ?

Ce qui inquiète

Mais la généralisation des structures oppressives et des pratiques répressives en Afrique, en Asie et en Amérique latine renforcent plutôt la vérité contraire. Il en serait alors du nouvel ordre international de l'information comme du nouvel ordre économique international. Du reste, à quoi sert de les quémander? Quand donc les puissants ont fait cadeau de leur puissance? Surtout quand ils reçoivent chaque jour en cadeau la désunion, l'affaiblissement, voire la destruction des pays du tiers monde par eux-mêmes. Le Courrier de l'Unesco nous apprend que les dépenses d'armements se chiffrent à un milliard de dollars à la minute alors qu'un milliard et demi d'enfants sont la proie de la faim, de l'insalubrité et l'ignorance.

Or, faut-il rappeler que 75% du commerce d'armements concerne le tiers monde, qui en se ruinant permet aux pays nantis d'équilibrer leur balance de paiements et d'assurer leur croissances. Ils renforcent ainsi la logique inégalitaire qui a présidé à l'intégration du système international autour des deux blocs hégémoniques. La dynamique du non-alignement faisant place à la logique de prolétariat propre aux hégémonies, les états du tiers monde pourraient bien accéder aux satellites comme ils ont accédé aux blindés et arroser la planète des portraits de leurs vedettes. Mais est-ce là le nouvel ordre international de l'information dont il s'agit?

Ce qui rassure

Ce qui rassure, c'est qu'il y a une prise de conscience des enjeux décisifs liés à la liberté de communication et au droit de l'information. Il ne fait plus de doute que la stratégie de l'échec perpétuel est due à l'absence permanente et conséquente de l'opinion mondiale, des majorités concernées dans la solution des grandes crises internationales. De plus, l'effort prodigieux des progrès technologiques confère à l'information une puissance effrayante. L'informatique au service de la désinformation et de la militarisation du monde, tel est le spectre qui commence à hanter et à responsabiliser les esprits.

Cette prise de conscience fera-t-elle franchir un seuil historique à la conférence de Belgrade? Il est de bon augure que celle-ci ait lieu dans le cadre de l'Unesco qui vient d'appeler à une véritable solution des problèmes des valeurs, refusant de scier le problème de la paix civile du nouvel ordre économique mondial en problème de respect et de la promotion des droits de l'homme.

Encore faut il que l'UNESCO se donne et donne à l'opinion  mondiale les moyens écrits, audiovisuels d'exercer d'une façon permanente et à l’échelle mondiale son rôle d'humanisation et de démocratisation.

Hocine Ait-Ahmed
24H,le 02/10/1980

15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 21:47

                                                             Message de Hocine Ait-Ahmed 
                                                                   aux familles des disparus 
                                              à l’occasion de l’innauguration du siège de SOS disparus
                                                             à Alger, le 15 septembre 2001

 

Chères compatriotes et mes chères sœurs,

 C'est un honneur pour moi de m'adresser à vous qui incarnez le courage, la fidélité, l'incorruptibilité et toutes nos traditions d'honneur qui n'ont pas cédé au délabrement spirituel et politique de notre formidable société.

A cette formidable jeunesse en quête de sens de respect et d'espoir crédible, vous avez donné deux exemples inestimables :

 1/ votre survie et votre résistance physique à toutes les épreuves, d'une part ;

 2/ et d'autre part votre existence et vos luttes citoyennes.

Survivre à vos angoisses sans fin ne témoigne-t-il pas déjà d'une grandeur d'âme exceptionnelle ?

 Depuis des années et chaque jour que Dieu fait - avec sa nuit - vous déployez des efforts surhumains pour retrouver vos êtres chers enlevés devant témoins par « les forces de sécurité » ou pour le moins connaître le sort qui leur à été réservé. Lorsque l'on sait, par ailleurs que vos démarches discrètes, vos suppliques, vos interpellations publiques, se sont heurtées à la hogra institutionnalisée à tous les niveaux d'un pseudo-Etat.

De quel droit ces gens vous ont-il honteusement fermé leurs portes au nez, alors que les dettes liées à leurs fonctions de service publique ainsi que leurs obligations internationales leur commandaient de vous répondre, et sur le fond de vos revendications et dans le respect qui est dû, non aux urnes qu'ils trafiquent mais aux contribuables qui les paient, sinon au nom de la loi non écrite du plus fort. Leur but étant de vous décourager à l'usure, d'exténuer votre esprit et vos nerfs et de faire plier votre résistance physique. Car la politique du silence et de l'autisme vous a infligé une interminable agonie que vous ne méritez pas et qu'aucun être humain ne mérite. Et pas la moins atroce des souffrances : même le travail de deuil vous est rendu impossible.

Aux épreuves quotidiennes de l'absence des êtres aimés, aux humiliations grotesques de l'arbitraire d'un pouvoir qui s'est arrogé le droit de décider de la vie, de la mort, ainsi que de la durée de cette zone grise entre les deux, s'ajoutent paradoxalement les tourments des vrais faux espoirs. Les promesses mensongères savamment tenues au chaud redevenant alors pures manipulations déshumanisées.

Ainsi après avoir kidnappé, torturé voire assassiné des milliers de membres de vos familles, voilà qu'on veut assassiner leur mémoire, en blanchissant crimes et forfaits par les techniques totalitaires de la banalisation et de l'oubli.

Mais soyez rassurées, vos sacrifices n'ont pas été vains, ils ont porté leurs fruits tant auprès de l'Algérie profonde que dans l'opinion internationale. Vous êtes dignes des visages qui vous manquent et qui nous manquent. Miracles de la tendresse et de l'intelligence vous êtes toujours et encore au premier rang de cette dissidence citoyenne, nationale et pacifique qui constitue la grande espérance pour une jeunesse impatiente de reconquérir ses libertés politiques et ses droits sociaux et culturels.

 C'est ce qui rend votre existence et vos luttes citoyennes aussi exemplaires que votre résistance physique. Dès lors, vous vous en doutez bien, chères compatriotes, chères sœurs, la mémoire des vôtres est inexpugnable ; puisqu'elle est au cœur de l'histoire qui avance tous les jours - hélas / certes encore dans le deuil et le martyrologue d'autres mamans, d'autres épouses d'autres sœurs et d'autres jeunes et moins jeunes - mais qui avance IRREVERSIBLEMENT vers la paix, la démocratie, la justice et la restitution des richesses de notre pays aux algériennes et aux algériens les plus faibles et les plus démunis. De plus leur mémoire, la vôtre également, feront indubitablement partie de notre patrimoine historique commun, quand l'histoire échappera aux faussaires et pourra être écrite librement. En outre, je répète, l'histoire qui se fait vous a donné raison, quand, à l'instar des mères argentines de la Place de Mai, et après avoir épuisé tous les recours nationaux fictifs et inopérants, vous n'avez pas hésité à porter la question de vos parents disparus devant les instances internationales adéquates. Vous avez là aussi fait œuvre de citoyenneté, car en signant le Protocole facultatif des deux Pactes Internationaux des droits de l'hommes, l'Algérie officielle vous a ouvert la porte de ce recours international conforme au droit national. De même qu'elle permet à tous les pays signataires de ce même protocole de porter des jugements sur la situation des droits de l'homme dans notre pays.

L'inauguration de ce Bureau est la preuve que vous avez gagné. C'est désormais le siège de la Mémoire vivante des disparus et celui de l'Espoir pour le retour de la paix et de réconciliation. Il ne vous a pas été octroyé par le caprice du prince; vous l'avez arraché de haute lutte, un exemple tellement éloquent pour notre jeunesse. Je vous félicite de toutes mes forces pour cette domiciliation des chers disparus, quant à l'exercice, par vous interposées, de leurs droits à la vie ou à la vérité, et à la reconquête de vos propres droits civils et politiques. Dans ce combat nous resterons toujours à vos côtés.

 Nous ne cesserons d'interpeller et l'indifférence des autorités algériennes et la mollesse des institutions internationales dont nous attendons impatiemment l'envoi d'un rapporteur sur le problème des disparus.

 

 Vous symbolisez le véritable honneur de notre pays.

Un honneur inséparable de la vérité de la justice et de la liberté. Un honneur qui refuse de se mettre au pluriel, car les honneurs, les privilèges, les passe-droits vont aux opportunistes, leurs destinataires naturels.

 Avec mes fraternelles salutations,

 Hocine Aït-Ahmed

15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 21:41

Chères compatriotes et mes chères sœurs ,

Salutations en arabe et tamazight

C’est un honneur pour moi , de m’adresser à vous qui incarnez le courage, la fidélité, l’incorruptibilité et toutes nos traditions d’honneur qui n’ont pas cédé au délabrement spirituel et politique d’une frange importante de notre société .

A cette formidable jeunesse en quête de sens de respect et d’espoir crédible , vous avez donné deux exemples inestimables :

votre survie et votre résistance physique à toutes les épreuves , d’une part

et d’autre part votre existence et vos luttes citoyennes.

1 /Survivre à vos angoisses sans fin ne témoigne-t-il pas déjà d’une grandeur d’âme exceptionnelle ? Depuis des années et chaque jour que dieu fait -avec leur nuit - vous déployez des efforts surhumains pour retrouver vos êtres chers enlevés devant témoins par «  les forces de sécurité , ou pour le moins connaître le sort qui leur a été réservé. Lorsque l’on sait, par ailleurs que vos démarches discrètes, vos suppliques , vos interpellations publiques , se sont heurtées à la hogra institutionalisée à tous les niveaux d’un pseudo -Etat .

De quel droit ces gens vous ont-ils honteusement fermé leurs portes au nez , alors que les dettes liées à leurs fonctions de service publique ainsi que leurs obligations internationales leur commandaient de vous répondre et sur le fond de vos revendications et dans le respect qui est dû, non aux urnes qu’ils trafiquent mais aux contribuables  qui les paient ? Sinon au nom de la loi non écrite du plus fort.Leur but étant de vous décourager à l’usure, d’exténuer votre esprit et vos nerfs et de faire plier votre résistance physique .Car la politique du silence et de l’autisme vous a infligé une interminable agonie que vous ne méritez pas et qu’aucun être humain ne mérite . Et pas la moins atroce des souffrances : même le travail de deuil vous est rendu impossible une formule en arabe :……………………………………………
traduite ainsi : » Il n’est jusqu’au cœur , capitale de la tendresse , qui ne soit rongé par la douleur «  suit une expression en tamazight : …………………………. traduite aussi : «  Le chagrin qui consume le cœur s’égoutte en flammèches « 

 

Aux épreuves quotidiennes de l’absence des êtres aimés, aux humiliations grotesques de l’arbitraire d’un pouvoir qui s’est arrogé le droit de décider de la vie , de la mort ,ainsi que de la durée de cette zone grise entre les deux, s’ajoutent paradoxalement les tourments des vrais faux espoirs. Les promesses mensongères savamment tenues au chaud redevenant alors pures manipulations déshumanisées .

Ainsi après avoir kidnappé , torturé voire assassiné des milliers de membres de vos familles, voilà qu’on veut assassiner leur mémoire , en blanchissant crimes et forfaits par les techniques totalitaires de la banalisation et de l’oubli .

Mais soyez rassurées, vos sacrifices n’ont pas été vains , ils ont porté leurs fruits tant auprès de l’Algérie profonde que dans l’opinion internationale. Vous êtes dignes des visages qui vous manquent et qui nous manquent. Miracles de la tendresse et de l’intelligence vous êtes toujours et encore au premier rang de cette dissidence citoyenne , nationale et pacifique qui constitue la grande espérance pour une jeunesse impatiente de reconquérir leurs libertés politiques et leurs droits sociaux et culturels

C’est ce qui rend votre exitence et vos luttes citoyennes aussi exemplaires que votre résistance physique .Dès lors , vous vous en doutez bien , chères compatriotes , chères sœurs ,la mémoire des vôtres est inexpugnable ; puisqu’elle est au coeur de l’histoire qui avance tous les jours - hélas / certes encore dans le deuil et le martyrologue d’autres mamans, d’autres épouses d’autres sœurs et d’autres jeunes et moins jeunes -mais qui avance IRREVERSIBLEMENT , vers la paix la démocratie la justice et la restitution des richesses de notre pays aux Algériennes et aux Algériens les plus faibles et les plus démunis .De plus leur mémoire, la vôtre également, feront indubitablement partie de notre patrimoine historique commun, quand l’histoire échappera aux faussaires et pourra être écrite librement. En outre, je répète, l’histoire qui se fait vous a donné raison, quand, à l’instar des mères argentines de la place de Mai, et après avoir épuisé tous les recours nationaux fictifs et inopérants , vous n’avez pas hésité à porter la question de vos parents disparus devant les instances internationales adéquates .Vous avez là aussi fait œuvre de citoyenneté , car en signant le Protocole facultatif des deux Pactes Internationaux des droits de l’hommes , l’Algérie officielle vous a ouvert la porte de ce recours international conforme au droit national .De même qu’elle permet à tous les pays signataires de ce même protocole de porter des jugements sur la situation des droits de l’homme dans notre pays.

L’inauguration de ce Bureau est la preuve que vous avez gagné. C’est désormais le siège de la Mémoire vivante des disparus et celui de l’Espoir pour le retour de la paix et de la réconciliation. Il ne vous a pas été octroyé par le caprice du prince ;
Vous l’avez arraché de haute lutte, un exemple tellement éloquent pour notre jeunesse. Je vous félicite de toutes mes forces pour cette domiciliation des chers disparus, quant à l’exercice, par vous interposées, de leurs droits à la vie ou à la vérité , et à la reconquête de vos propres droits civils et politiques .

Dans ce combat nous resterons toujours à vos côtés Nous ne cesserons d’interpeller et l’indifférence des autorités algériennes et la mollesse des institutions internationales dont nous attendons impatiemment l’envoi d’un rapporteur sur le problème des disparus .

Vous symbolisez le véritable honneur de notre pays
Un honneur inséparable de la vérité de la justice et de la liberté .
Un honneur qui refuse de se mettre au pluriel , car les honneurs , les privilèges, les passe-droits vont aux opportunistes, leurs destinataires naturels.

Avec mes fraternelles salutations,

Hocine Ait-Ahmed

Le 15 septembre 2001

20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 21:20

À LA CELEBRATION DU CONGRES DE LA SOUMMAM

20 août 2003

Aux femmes et aux hommes libres rassemblés pour l'Algérie,


Essalams âlaykoum wa rahmat Allah wa barakatou !
Ayen iw nuznegh : di durar isirmen ara-d yezden garawen tagmats n'tmeddit du laqrar ad soukesen tafat di Tlam Utelhis .

.
De toute évidence le Congrès de la Soummam, comme tout ce qui est grandiose transcende la conjoncture historique qui l'a vu naître pour devenir un événement d'une portée nationale et internationale INCOMPARABLE.
Autant dire que la solennité qui nous réunit aujourd'hui n'est pas une simple commémoration ; cela d'ailleurs n'a jamais été le cas depuis près d'un demi-siècle (20 août 1956 ­20 août 2003).
En effet, chaque année, des Algériens et Algériennes en provenance de diverses régions du pays viennent à Ighzer Amoqrane communier dans l'hommage aux décisions historiques de leurs aînés. Ils doivent sans doute obéir à certaines exigences morales et politiques : 
Préserver en premier lieu ce qu'il y a de plus vrai de plus positif et de plus fondamental dans une culture politique qui a quand même - cahin caha - réussi à conduire vers la victoire la lutte de notre peuple pour recouvrer son droit à l'auto-determination et à l'indépendance .
Témoigner en deuxième lieu des idéaux démocratiques et du principe de " la primauté du politique sur le militaire " proclamés par le Congrès de la Soummam . Et ce , quelque soient l'avenir de leur témoignage ainsi que sa portée sur la société ; certes celle-ci n'avait pas oublié les promesses "d'une république démocratique et sociale " , proclamée le PREMIER NOVEMBRE 1954 ; sauf , ne l'oublions pas , qu'elle venait de passer ,-quasiment sans transition -, d'une domination coloniale à un système d'oppression d'autant plus redoutable qu'il n'est pas d'origine étrangère et qu'au surplus ,il se prévaut d'une légitimité et d'un patriotisme pris en otage par la " famille révolutionnaire " .
Recueillir dans cette vallée historique les enseignements emmagasinés dans les archives de la mémoire collective , en vue de les faire passer aux vagues montantes de notre jeunesse. Car cet énorme capital de reflexes politiques et d'expériences fussent elles précieuses ou atroces à l'exemple des exécutions dans les maquis , sans procès mais sous torture de centaines de jeunes lycéens patriotes " donnés " comme des traitres par les services de l'armée coloniale ; un patrimoine qui continue à se transmettre oralement mais qui ne s'écrit pas risquait de disparaître à la longue et d'occasionner ainsi une brisure irréparable entre les générations .
Chers compatriotes ,
Si cette fracture entre les jeunes générations de l'Algérie profonde n'a pas eu lieu , ce n'est pas faute pour le cabinet noir de n'avoir pas fait de la prédation politique une véritable stratégie destinée à pérenniser sa main mise sur le pays sur ses richesses et sur le destin d'une nation au passé glorieux . La confiscation , l'instrumentalisation la falsification et la manipulation de la mémoire historique illustrent clairement le caractère délibéré , planifié et totalitaire d'une volonté éradicatrice de toute forme de lutte politique non violente et de toute avancée démocratique .
Pour notre jeunesse , c'est une arrogance insupportable de se voir dépossédée de son passé et des significations qu'elle lui accordait .La traque organisée de la vérité , l'effacement des traces qui rappellent l'extra-ordinaire mobilisation des femmes et des hommes libres de tous âges .Cet invraisemblable détournement de sens du combat libérateur , refuge ultime de la mémoire et de l'identité nationales s'est aussi effectué en plein jour et à ciel ouvert . Y compris dans la frénésie des commémorations patriotiques présidées par des démagogues rentiers de leur passé .
Oui ! la dictature a mené pendant près de quarante ans une politique de déculturation , de dépolitisation voire de destabilisation mentale des Algériennes et des Algériens afin de rendre impossible toute pensée et toute action logiques . Par contre elle a donné toutes ses chances à l'inculture politique , à la culture du mensonge de la manipulation et de la violence .Certains cercles du pouvoir s'évertuent encore à rendre irréversible la politique de la kalashnikov et des dobermans .
Chers amis ,
Qu'a-t-on fait de notre pays , de notre société ,de notre jeunessse ?
Je ne vous apprend rien . Vous qui vivez chaque jour les épisodes dramatiques et burlesques d'une hallucinante deliquescence dans tous les domaines . Je n'ai pas le moindre doute que votre reflexion et vos analyses ,à Ighzer Amoqran , n'attribueront pas à la fatalité ou à je ne sais quelle malédiction les malheurs , l'extrême detresse sociale , jusqu'à la réapparition de la peste dans notre pays , un fléau pourtant éradiqué . dans le monde depuis de siècles. Le règne d'un nihilisme destructeur voilà l'une des racines du mal qui vouent l'Algérie au chaos à la division et à l'auto-destruction.. Pourtant les " amis " et les partenaires de l'Algérie continuent à faire confiance à la peste brune pour éradiquer la peste noire .
Jamais notre pays n'a connu une impasse aussi désespérante . Les clans du pouvoir se donnent honteusement en spectacle , pour imposer un candidat aux présidentielles . Ainsi la seule issue pour une guerre qui dévore les Algériens et dévaste l'Algérie serait le choix d'une perruque à un semblant d'" Etat" .
Etrange attirance du vide d'Etat, où une société en plein désarroi retourne à ce qui l'a fondé et uni le 20 août 1956. Faire revivre le congrès de la Soummam c'est ouvrir la voie à l'espoir et redonner à la nation algérienne confiance en elle-même. Le miracle qui a pu s'accomplir en pleine guerre de reconquête coloniale est, aujourd'hui, à la portée des Algériens et Algériennes. Deux hommes, Ben M'hidi Larbi et Abbane Ramdane ont réussi les premières assises de la " révolution" , parce qu'ils ont su réussir la préparation de ces assises.
C'était une entreprise de titans pour qui se rappelle les querelles de personnes , les problèmes entre willayas et les rivalités qui opposaient les dirigeants des différentes formations politiques invitées à ce congrès. Cet anniversaire est là pour nous rappeler que notre nation a vécu de grandes choses dans son histoire. Elle est montée si haut dans l'affection et l'estime des peuples et des hommes libres du Monde en Tiers. Pourquoi est-il descendu si bas ? probablement aussi parce que la diplomatie totalitaire a réussi à tromper ces derniers et à les retourner contre les aspirations profondes de cette nation, au nom de la lutte contre le terrorisme intégriste.
Une chose est sûre : quoiqu'on fasse pour brouiller les cartes, jusqu'à oser comparer " une plate-forme cocotte-minute au Congrès de la Soummam, celui-ci est un des évènements qui se sont inscrits profondément dans l'identité de notre pays.
Il convient de préciser, que ce congrès n'est pas né de nulle part , ex-nihilo, son mérite majeur est d'avoir réhabilité la nature politique et contractuelle de notre combat national depuis des décennies.
Le congrès de la Soummam appartiendrait-il, pour autant à l'histoire ancienne.? Bien au contraire, son défi exemplaire à la fatalité s'impose plus que jamais au présent puisqu'il peut constituer l'une des clefs pour un avenir de justice de liberté et de réconciliation.
Je ne saurai assez répéter que la négation au peuple algérien de son droit à l'auto -détermination est l'élément fondateur non pas d'une république démocratique et sociale mais au contraire d'un simulacre de république où il n'y a quasiment rien de public.
La fondation de la deuxième république apparaît ainsi comme l'unique perspective de sortie de crise ; j'ajouterai que cette initiative révolutionnaire -au sens qualitatif de terme ­est loin d'être une utopie, pour peu que ceux qui détiennent la réalité du pouvoir accepte de renoncer aux fausses solutions notamment à la perversion du suffrage universel. La seule manière de se réconcilier avec ce principe électoral sans lequel il n'y aurait pas eu de civilisation est de restituer aux Algériens individuellement et collectivement les libertés et les droits qui leur permettent d'élire en toute souveraineté une Assemblée Nationale Constituante.
Seule une constitution peut permettre l'établissement de l'Etat de droit. Faute de quoi l'exercice de la puissance publique continuerait à être illégitime, la justice continuerait à ne pas être indépendante équitable et unanimement respectée, et la loi devant commencer à s'appliquer à tous les citoyens sans exception, ne sera pas le lieu géométrique d'une alternative démocratique.
La balle est aussi et surtout dans le camp des vrais démocrates et de la société civile.
Refusez le refus du pouvoir d'une solution globale politique et pacifique est un préalable qui interpelle la responsabilité de chaque Algérien et Algérienne.
Que revivent les Algériens en citoyens et citoyennes à part entière libres heureux et fraternels.

Hocine Ait-Ahmed

7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 21:22

AU FORUM DE LA LIBERTE ET DE LA CITOYENNETE

( tenu à Boumerdès du 4-7 / 08 2001 )

 

Salams Salams / Azul Urvih /

Lorsque une jeunesse est déterminée à reconquérir l’ensemble des droits qui abolissent la Hogra et garantissent la dignité de chaque citoyen et citoyenne, quand elle perfectionne sans cesse ses formes d’expression et d’organisation tout en les étendant au niveau national, alors nous pouvons dire que le régime en place depuis 40 ans mais qui est englué dans des archaïsmes d’un autre âge, alors nous pouvons dire qu’il n’a pas d’avenir. Les décideurs savaient déjà, le 5 octobre qu’ils n’avaient pas d’avenir, c’est pour cela qu’ils n’ont pas hésité à faucher à la mitrailleuse des centaines d’adolescents aux mains nues, Ils les ont tués, comme on sacrifie les moutons au rituel de l’Aïd …. Dans le but de gagner du temps, au lieu d’en perdre à circonvenir les faveurs de Dieu auquel , de toute manière ,les Djouhals –Tout- Puissants continuent à se substituer pour décider de la vie ou de la mort de « leurs indigènes « . 
Vous avez, nous avons d’énormes dettes envers ces martyrs qui ont fait paniquer la nomenklatura et qui ont permis l’ouverture de la première brèche dans la pyramide stalinienne . .Les idéaux élémentaires mais fondamentaux de cette jeunesse les espoirs de la nation tout entière dont ils furent les interprètes les plus généreux et les plus fidèles ont été trahis, en définitive. Comme furent corrompues les promesses et les valeurs proclamées le 1er novembre1954. Comme furent dénaturés, les sursauts de ces vaillants militants du FFS, tombés pour empêcher l’enracinement irréversible d’une contre-révolution totalitaire déguisée en Etat.
La première de nos obligations morales, à l’égard des victimes d’0ctobre Noir, de leurs familles et de leurs camarades rescapés est donc, de tout entreprendre pour éradiquer la Hogra et la détresse sociale contre lesquelles elles s’étaient soulevés 
.
Cependant, comment passer sous silence qu’en réalité l’Intifadha d’octobre a été trahie à ses débuts et tout au long de ses développements tragiques, par des manipulations et des infiltrations qui ont été télécommandées par les clans d’un pouvoir habitués à régler leurs différends sordides par le sang des innocents .
Ne jamais oublier que c’est par les coups de force et les manipulations de toutes sortes que le régime n’a cessé de gagner du temps. En écrasant ou en détournant à son profit les occasions de changements et d’alternances véritables . Tirer des leçons des expériences passées, apprendre aux jeunes délibérément coupés de nos longues traditions historiques de luttes, à déjouer les techniques policières de provocations et de récupérations subtiles, est aussi une façon de leur rendre un hommage permanent.
Notre dette envers notre jeunesse est d’autant plus écrasante, qu’elle a payé un prix incommensurable à une guerre aussi absurde qu’impitoyable. 10 ans: Les massacres,les exécutions sommaires , les tortures , les formes de détresse sociales les plus extrêmes, n’ont, elles aussi , décidément pas perdu de temps .
Effroyable et inquantifiable bilan :
Les familles de disparus, les assassinats de sang froid de Massinissa et des dizaines de ses camarades de Kabylie sont parmi les expressions les plus significatives de la schizophrénie des « décideurs « qui sont à la fois juges et assassins .
Ces jeunes qui ont déclenché ce Printemps Algérien avaient quelques 10 ans d’âge , en janvier 1992.Ils ont passé leur enfance et leur adolescence dans une tourmente de tueries de 
misère et de hogra qu’ils ont refusée parce qu’elle les sacrifie .
Parce qu’elle a créé au quotidien un délit qui n’existe nulle part :
« Le délit de Jeunesse « .Ils savaient qu’on voulait les immoler dans une guerre privée qui rappelle le règne de ces seigneurs européens au Moyen Âge qui enrôlaient leurs serfs pour défendre leurs intérêts et leurs tutelles .
Achr Snin Barakat ! Barra les généraux bunkérisés derrière 
l’impunité et la corruption ! Barra les institutions potiche
et postiches. Contre les constitutions et les réformes octroyées, 
contre les fausses solutions et les dialogues-bidons 
Résoudre la crise de légitimité est la priorité des priorités. Il
faut doter le pays d’institutions et de règles démocratiques , d’un Etat de droit , d’une justice indépendante, d’une armée, sans sigle, comme toutes les armées des pays démocratiques 
qui appartiennent à toute la nation et non pas à un parti ou une secte occulte .,
Et cela passe par la restitution au peuple algérien de son droit à l’auto-détermination. Il appartient à la jeunesse algérienne de reconquérir les libertés d’expression, d’organisation et de participation qui leur permettent de choisir, de gérer et de contrôler les instances et les ressources de leur pays.
C’est à elle - déjà plus que majoritaire en nombre - que revient, par l’élection d’une Assemblée Constituante, le rôle d’élaborer une Constitution digne à la fois de leur soif de démocratie politique et de leurs exigences sociales économiques et culturelles.

VIVE l’ALGERIE PLURIELLE ET FRATERNELLE /
SANTE ET VICTOIRE A LA DISSIDENCE CITOYENNE PACIFIQUE ET NATIONALE


Un militant parmi vous.
Hocine Ait-Ahmed

17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 19:52

MESSAGE DE HOCINE AIT-AHMED
AU CONSEIL NATIONAL DU FRONT DES FORCES SOCIALISTES (FFS)
réuni les 17-18 juillet 2003 à Alger

 


Chers compatriotes , cher(e)s ami(e)s ,

Je vous adresse mes sentiments de respect et de franche camaraderie.

Je souhaite que mes paroles d'aujourd'hui comme celles d'hier, vous parviennent dénuées de toute connotation paternaliste. Plus que jamais le maintien de notre tradition de langage direct est indispensable pour renforcer les rapports de complémentarité, de solidarité et de confiance entre les deux instances souveraines du FFS .

Vous vous en doutez bien j'ai été profondément affligé par le cataclysme effroyable qui a foudroyé des dizaines de milliers de nos compatriotes dans les willayas de Boumerdès et d'Alger tout particulièrement. J'ai vécu et je continue à vivre intensément comme un cauchemar apocalyptique, la destruction, la ruine, la mort, et les terribles deuils qui ont déchiré la chair de notre chair. Je voudrais renouveler à toutes les personnes familles et communautés sinistrées l'expression de mes sentiments de communion et d'affection les plus forts .

Que dire de l'incurie et du " je-m'en-foutisme du pouvoir ", du voyeurisme de l'arrogance, voire de menaces obscènes proférées et affichés effrontément par des tyranneaux de hasard à légard d' une population au comble de la douleur et de la désespérance? Sinon que ces comportements ont transformé un séisme , terrible phénomène de la nature , en contre performance humanitaire, sociale et politique d'une amplitude historique digne des républiques bananières.

En revanche comment ne pas être porté à l'apogée de la fierté devant la superbe spontanée du peuple algérien, en osmose digne de lui-même et dans une indéracinable solidarité avec les populations accablées par le destin. L'histoire reconquise lui rendra l'hommage qu'il mérite.

Je tiens pour ma part à saluer tous les acteurs réels et anonymes de cette mobilisation populaire Je veux bien sûr rendre un vibrant hommage aux militants, aux cadres aux élus locaux, aux ex-parlementaires et à la masse des sympathisants du FFS qui se sont honorés, honorent encore et toujours, ce pacte non écrit de loyauté et de dévouement qui lie notre parti à la communauté nationale, et tout particulièrement à l'Algérie des laisser pour compte.

Chers compatriotes !

La conjoncture que traverse notre pays est d'une gravité exceptionnelle.

Loin de se résorber, la crise qui déchire ruine et ensanglante la société depuis onze années semble chargée de périls encore plus incontrôlables. Ce diagnostic est d'abord évidemment celui de la majorité des Algériennes et des Algériens réduits au silence et qui vivent dans l'angoisse quotidienne de malheurs plus profonds et plus vastes ; mais cette analyse est aussi largement partagée dans le monde, en particulier chez les dirigeants des Instituions internationales, chez les observateurs, les analystes objectifs et même par certains de " nos " partenaires qui n'avaient compris l'Algérie que selon ses propriétaires, mais qui n'en sont pas moins aujourd'hui très inquiets sur les dérives annoncées d'un système à la fois rongé par la grande corruption et ses réseaux " administratifs " et miné par des rivalités internes sauvages. Dont par dessus le marché, la nation aura à payer les conséquences directes et collatérales .

L'état des lieux est effrayant, la dégradation s'aggrave dans tous les domaines de la vie quotidienne des citoyennes et des citoyens. Sans qu' aucune perspective crédible de sortie de crise ne soit proposée " ni globalement ni dans le détail ". Le système militaro-policier qui domine la société est totalement bloqué et en plus déboussolé par l'approche du " scrutin présidentiel ". Dés lors, il ne peut s'ouvrir que sur lui-même en vue de remettre sa façade démocratique au goût du jour et aux niveaux des appétits antagonistes de ses composantes maffieuses. D'évidence le point de convergence et de réconciliation de celles-ci étant la pérennité de leur " Organisation " que l'on ose encore appelé " Etat ".

Cette course aux présidentielles avait atteint des paroxismes de manipulation pour imposer Abd El Aziz Bouteflika au palais EL-Mouradia .Aujourd'hui comme hier , la presse privée aux ordres et les médias publiques embrigadés , ont pour mission de porter la façade démocratique et de fabriquer l'opinion intérieure et internationale ; par campagnes successives ils se mobilisent pour organiser la confusion et la désaffection politiques , encourager la résurgence de toutes sortes d'archaïsme , et tout spécialement pour réactiver le spectre de l'intégrisme . La préoccupation étant , comme toujours , soit de reconduire les notabilités et les élites domestiquées de la société civile et politique soit d'en promouvoir .d'autres après les avoir programmées .Il n'y a là , décidément ,rien de nouveau dans ce processus rôdé à longueur de décennies : les mêmes manipulations tactiques au service d'un objectif stratégique immuable : Recomposer le champ politique pour ne pas en perdre la maîtrise . " Il fallait bien que quelque chose change pour que tout puisse rester comme avant" Ce mot célèbre du comte Salina dans " Le guépard "- roman de Di Lampadusa porté sur les écrans par Visconti - , est comme sorti du c¦ur même du fonctionnement de la dictature algérienne .En vérité , les ressemblances dans l'histoire des peuples ne sont pas étonnantes , en revanche , ce qui n'est pas banal , c'est le fait que les deux chefs d'¦uvre - de littérature et du cinéma ­ déroulent leur trame et leur intrigue en Sicile , Oum el-maffiahat , Yammas n' tlafsiwin.

Chers Ami(e)s ,

Toutes ces gesticulations signifient pour nous le retour au procédé du coup Etat scientifique contre les organisations et associations jalouses de leur autonomie programmatique et de leur liberté d'action .

C'est dans cette perspective que le FFS fait l'objet d'une campagne de déstabilisation sans précèdent. Ce n'est pas la première fois, me diriez-vous, car à l'approche de chaque échéance électorale importante ou à la veille d'Assises nationales du parti, nous avons connu et fait face sans trop de problèmes aux man¦uvres concoctées par les laboratoires de la police politique. Sauf que jamais une tentative d'inverser l'orientation et de renverser les structures du parti n'a été aussi grave qu'en ce moment crucial.Elle a été conçu et préparée de longue date, ce qui explique la non application des résolutions de notre dernier 3e Congrès , portant sur l'ouverture des structures à la société et leur mise à niveau afin de promouvoir l'alternative démocratique qui reste l'axe stratégique de notre radicalité politique. Elle s'appuie sur des agissements fractionnels à l'intérieur du parti, exécuté par un groupe subtilement organisé, et relayés par une presse méthodiquement téléguidée . Permettez une parenthèse ! chers camarades ! En aucune manière je n'admetterai l'amalgame entre ce milieu des médias , et la génération de journalistes jeunes et moins jeunes qui se battent pour faire honnêtement et courageusement leur noble métier .
J'entrevois les signes avant-coureurs d'une entreprise de destruction du FFS ; il s'agit bel et bien d' un "complot à ciel ouvert " dont les régimes soviétiques - qui servent encore de modèles aux " appareils " de sécurité du pouvoir - étaient coutumiers. Je peux vous citer à titre d'exemples :

o Les tentatives de découpler les structures de base du secrétariat national .
o Le dénigrement systématique de la direction nationale et du président .
o La diffusion de rumeurs
o la dénaturation des véritables positions politiques du parti, de l'esprit d'équipe et des méthodes de travail rationnelles qui prévalent dans cette équipe dans le respect rigoureux des statuts du parti .
o Les vaines tentatives de fragmentation et d'instrumentalisation des structures du parti 
o L'encouragement du sectarisme politique et de l'éthnicisme rétrograde .
o Les tentatives d'enrôlement massif et précipité de clientèles vers les structures

Comment interpréter les enchevêtrements des quatre décennies de gestion de l'indépendance si on oublie que la manipulation combinée à la violence et aux camouflages constituent la donnée centrale du système post-stalinien qui opprime notre société ?

Et d'abord, comment appréhender les tenants et aboutissants de cette décennie sanglante infligée à l'Algérie si on la séparait de ses causes profondes accumulées pendant les trois décennies précédentes. A plus forte raison, si on gommait la planification politique et " technique " mise en oeuvre tout au long de l'année 1991 pour mettre fin à une transition démocratique dont, au demeurant ,la spécificité était son extrême fragilité ..

De même, l'irruption des Arouchs en Kabylie ne sera pas un phénomène de génération spontané ni une opération improvisée. Les textes que je me suis empressé de vous adresser avaient pour but de rendre intelligible cet événement en le replaçant dans son contexte politique national. A la lumière de quelques éléments historiques, sociologiques et politiques importants. 
J'avais " ramé " durement pour essayer de rendre intelligible la plus redoutable des manipulations opérées depuis le coup d'Etat de janvier 1992. Etant donné son caractère inédit, l'envergure et l'opacité de son dispositif d'encadrement militato-policier: Sans oublier l'important soutien logistique très discret, en moyens de transport et financiers dont les meneurs attitrés des Arouch disposaient pour entraîner encadrer et man¦uvrer vers l'émeute une jeunesse démunie de tout sauf de pulsions de justice et de révolte. Ces données destinées aussi à brouiller les pistes au regard de l'opinion internationale , bénéficiaient des campagnes de désinformation matraqués par les médias télécommandés .

Il m'était apparu indispensable de redonner à cet épisode déconcertant son sens historique - dans sa double acception, à la fois comme signification objective et comme direction réelle, c.a.d. en tant que buts précis assignés à ce mouvement . Pour les témoins directs et non complaisants, ce phénomène ressemble fort aux manipulations des " services " soviétiques qui tiraient paradoxalement leur vraisemblance dans le fait qu'elles se déroulaient en plein jour .

Chers camarades ,

J'en ai vécu directement les prémisses parce qu'alerté en temps réel par la direction, par des militants de base du parti et par des acteurs de la société civile sur l'ampleur des rackets, des provocations et des violences physiques perpétrés simultanément et d'une manière lisible et visible, par de nombreuses brigades de gendarmerie , dans les villages, les villes ainsi que sur les routes. J'avais aussitôt adressé une note de mise en garde à Kofi Annan, à Marie Robinson et à Leondro Despouy, l'Argentin qui présidait alors la session de la Commission des Droits de l'Homme de Genève. (il est aujourd'hui un pilier des Affaires étrangères à Buenos Aires ). Celui-ci m'avait même accordé un entretien entre deux séances de la Commission au moment où les gendarmes passèrent de la phase préliminaire à la phase inaugurale de la répression et des assassinats en chaîne. Il m'avait remercié de l'avoir prévenu. Je m'étais laissé dire que lui-même et la Haut-Commissaire des Droits de l'Homme . auraient fait des démarches en vue de désamorcer l'inexorable emballement d'une crise régionale . 
Ce geste fut accompli probablement sans trop d'illusion et par acquis de conscience, comme une bouteille à la mer dont les pirates du 21e siècle n'en ont cure, évidemment. De toute façon le comportement cynique des décideurs montre qu'à des moments décisifs , ils ignorent avec arrogance les réactions défavorables de la communauté internationale. Du reste, leur intention stratégique pouvait se lire dans leur volonté de pousser la " hogra " aux extrêmes par une longue série d'exécutions sommaires et publiques aussi cruels qu'infâmes afin d'enrager et d'instrumentaliser la jeunesse de Kabylie en vue de briser ce bastion irréductible de la dissidence citoyenne pacifique .

L'enlèvement étrange de Maatoub Lounès, puis son exécution s'inscrivaient dans ce scénario de la terre brûlée. Il est clair qu'une Kabylie politiquement calcinée et soumise - objectif obsessionnellement visé par ces deux opérations - n'avait pas pu se réaliser; s'étant heurté aux réflexes de levées en masse pacifique dans les villes et les campagnes de cette région d'Algérie

Al'évidence, l'emballement du terrorisme d'Etat n'en restera pas sur ces échecs. Tout s'est passé au contraire, comme si ces déboires avaient poussé aux extrêmes aussi bien l'obstination dans la hargne que l'art des montages à l'esbroufe. Comme quoi comprendre l'Algérie réelle, c'est au préalable, sortir de la pseudo-Algérie du pouvoir réduite à des schémas mystificateurs ; c'est garder à l'esprit que le cercle fermé des planificateurs a réussi à se forger une vraie culture de la prédation politique , grâce à une longévité et une impunité confondantes.Nous sommes là dans l'une des données centrales du drame de notre pays. C'est évidemment sur le FFS que ces prédateurs portent toute leur charge vengeresse . Comme si sa base militante, ses cadres, ses élus locaux toujours fidèles au contrat social et hostiles à la loi du plus fort avait commis le crime d'avoir fait échouer leurs calculs monstrueux. Réussir à transformer une mobilisation spontanée qui était au bord de l'émeute généralisée en manifestations quotidiennes pacifiques était déjà une prouesse.

L'essentiel est que des dérives meurtrières furent alors épargnées à une société déjà recluse de malheurs et de désespoir. Une chose est évidente sans la confiance de la population et face aux forces de la violence ,.le parti n'aurait pas pu canaliser et maîtriser la conjoncture en folie. Toujours au cri de " pouvoir assassin " il ira jusqu'à porter la protesta au c¦ur de la capitale. Des centaines de militants et de manifestants algérois furent brutalement jetés dans des camions bâchés et conduits vers les nombreux commissariats d'Alger. Des dirigeants et des députés FFS, ciblés individuellement, furent ostensiblement brutalisés et blessés Les manifestations de solidarité et de protestations sociales qui s'étaient déroulés dans presque toutes les willayas avaient réveillé chez les maîtres du pays, une double hantise . D'une part, l'émergence d'une protesta nationale qui mettrait en danger leur stratégie de toujours: diviser et disloquer pour durer . D'autant qu'à la veille de ces évènements, le FFS avait lancé son appel à une Dissidence nationale citoyenne pacifique et démocratique . Et d'autre part, un mouvement de solidarité internationale - en France tout particulièrement - en faveur des populations de Kabylie victimes de la terreur et des mises à mort de leurs enfants. Plus alarmant encore pour les généraux .une vraie prise de conscience internationale commençait à percer à jour les fondements véritables de leur système et de leur sale guerre . D'autant qu'ils ne pouvaient exciper du péril intégriste pour faire passer impunément les 120 exécutions extra-judiciares commises de sang froid et à visages découverts sur des adolescents. En outre, le silence absolu observé pendant des mois par le " président ", le " chef du gouvernement " et le " Parlement " révèle que ces instances civiles ne sont que la " face démocratique " d'un pouvoir occulte. Qui t'a fait roi t'a fait aussi bouche cousue. Il est normal qu'une omertà décidée en conclave par les faiseurs de rois exige que les illustres gouvernants qui plastronnent en vitrine apparaissent bien dans leur rôle d'exécutants.

En somme la haine vengeresse du club des décideurs à l'encontre de la Kabylie résulte du fait qu'il considère ce bastion du politique comme le terreau nourricier du FFS. Il ne lui pardonne pas d'y avoir empêché une fraude massive des élections locales de 1997, et d'avoir ainsi assuré le triomphe des listes du plus vieux parti d'opposition démocratique en Algérie, et ce , dans des proportions allant de 75% à 85 % des APC ( Assemblées populaires communales ). Alors que dans les autres régions du pays, le suffrage universel fut le théâtre d'une panoplie d'OPA menées tambour battant, sans voile et sans pitié par des forces publiques dont les éléments de l'armée .

Chers ami(e)s

Je peux me permettre avec vous sans complexe un rappel du passé qui est surtout lié ici à une constante invariable quasiment : la position géo-stratégique de la Kabylie. On ne semble pas avoir retenu l'aspect symbolique que pouvait avoir l'"Opération Jumelles" conduite par le général Challes contre la résistance armée en Kabylie. Certes, cette offensive-rouleau compresseur avait obéi à des considérations purement stratégiques, donc à la fois militaire et politique et le retrait des deux divisions françaises de l'OTAN qui furent dépêchées en renfort en Algérie, se situait bien dans l'urgence du militaire. Par contre, s'agissant de réflexion politique inhérente aux grandes décisions opérationnelles, je pense qu'on ne peut pas exclure chez les tenants fanatiques de l'Algérie française , une pulsion de représailles contre cette Kabylie qui avait eu le culot d'organiser et de protéger le Congrès de la Soummam (août 1956 ). En effet, le haut commandement de l'armée française ne pouvait pas ignorer l'impact politique qu'avaient provoqué ces premières assises nationales du FLN sur le moral de la population et des combattants. Et à ce niveau , on ne peut occulter un événement qui continuait à peser à la fois sur le rapport des forces et sur l'équation politique qui conditionnent l'issue de la reconquista coloniale.

Force est de constater que les " Arouch" assujettis à la stratégie des généraux ont permis à ces derniers d'atteindre leurs objectifs. Avant l'intrusion des " Arouch " cette région d'Algérie qui ne connaissait pas les mêmes problèmes d'insécurité que d'autres régions du pays était devenue un havre de paix où des milliers de compatriotes originaires de diverses willayas venaient se réfugier avec leurs familles, leurs petites entreprises ou leurs bureaux professionnels privés. Aujourd'hui la Kabylie n'a jamais connu un tel niveau de peur et de paupérisation organisées. Des forces obscures sont lâchées dans les villages, les villes et sur les routes . Il s'agit des milices des forces spéciales de l'armée ou de la DRS habillées en civil, mais aussi de cet univers de " l'underground" que les services de sécurité savent si bien exploiter:banditisme de grand chemin ,trafic de drogues, prostitution et alcool systématiquement organisée à grande échelle .

Voilà! Chers militantes et militants comment les dignitaires s'entêtent à dévaster et à pourrir une société, tout en intensifiant et en généralisant les germes de la violence. La guerre d'intoxication et de désinformation avait réussi à substituer au regard des " homo crédulus " de par le monde , une réalité trompeuse à une réalité inavouable . 
Observons que dans cette bataille de la communication , les mêmes titres s'acharnent à garder soigneusement à l'abri de l'opinion nationale et internationale les véritables enjeux des luttes intestines qui se déroulent dans les labyrinthes de la nomenclatura ..

.

Nous voilà à la onzième année d'une guerre sans nom, sans normes et sans fin et la clique des généraux aux commandes s'entête à se bunkériser derrière son refus absolu d'une solution politique .Comment auraient-ils pu imposer ce " Niet " à la communauté internationale - le " danger intégriste " mis à part - s'ils n'avaient pas usé et abusé de fausses vraies échéances, de vraies fausses sorties de crise. Et si les élections et les dialogues qui, sans aucune exception, ont été préfabriqués depuis près de 4 décennies n'étaient pas cautionnés par les partenaires de l'Algérie et les faiseurs de l'opinion internationale .

A finalités illusoires , moyens pervers et ça marche à tous les coups.

L'interminable marche du système qui domine l'Algérie est recouverte de couches successives de pièges et de mises en scène pour durer .

A chaque impasse que connaît l'option du " Tout- sécuritaire ", les docteurs Follamour de laboratoires ressortent le piège du faux dialogue. Tout se passe comme si " l'impasse kabyle " engendrée dans le meurtre et le mensonge était destinée à justifier un faux dialogue , avec de faux interlocuteurs et à l'échelle régionale .

La Kabylie est ainsi promise au sort de bouc émissaire collectif à l'approche d'une soit-disant " élection " présidentielle. Le sort a encore voulu que le grand prêtre chargé de: l'immolation politique économique et répressive de la Kabyle soit un Kabyle de service. Avec sa volonté parallèle de dialoguer avec les Arouchs, les jeux sont on ne peut plus clairs . Détruire les forces autonomes de résistance politique et pacifique et parallèlement fabriquer un " interlocuteur régional valable " , instrument fascisant de confusion et de violence.

C'est l'illustration parfaite de la détermination des généraux d'enfermer le destin de l'Algérie dans l'indépassable cercle rouge de l'orthodoxie auto-sécuritaire .
Perdre de vue cette exigence consubstantielle à la nature du régime, oublier cette tranchée stratégique défendue par un dispositif de fausses pistes c'est se condamner à tourner le dos à la vraie problématique de la crise algérienne Šdonc à se tromper de diagnostic et de traitement .

 

Quelles perspectives politiques pour le FFS , ici et maintenant ? Elles seront celles qu'il se donnera lui-même:


EN REFUSANT LE REFUS DU POUVOIR

D'UNE SOLUTION POLITIQUE NATIONALE GLOBALE ET NEGOCIEE !


Le FFS reprendra le flambeau d'une opposition radicale et pacifique pour la restitution aux Algériens en tant que peuple et en tant qu'individus, de leur droit à l'autodétermination qui est le premier et le plus fondamental des droits de la personne humaine .

Avec le mémorandum, remis le 12 mai 2001 à trois des principaux détenteurs du pouvoir, le FFS a ré-affirmé son engagement de lutter pour rompre le cercle rouge de la domination, en faisant prévaloir l'exigence de redonner aux citoyenne et aux citoyens tous les moyens qui leur permettent d'élire librement une Assemblée Nationale Constituante. Depuis les années 1920 et pendant 4 décennies les revendications du mouvement national ont couplé indissociablement les mots d'ordre d'Indépendance et de Constituante. Il devait revenir aux Algériens et aux Algériennes à part entière le droit de construire leur Etat national sur la base d'une Constitution librement élaborée.Quatre décennies après l'indépendance, il n'y a toujours pas d'Etat et donc pas d'Etat de droit . Alors ,que reste-il de l'indépendance algérienne ? Seuls dieu , et les " gouvernés qui ne doivent rien aux gouvernants " le savent parfaitement .

Il y aura 40 ans, le 8 septembre 1963, nous avons appelé au boycott du coup de force constitutionnel et exigé des élections libres pour une véritable Assemblée Constituante. C'était en prélude à la naissance du FFS proclamé le 29 septembre 1963. Qu'en est-il de cette demande historique? En définitive, elle sera ce que le FFS fera de ce pacte historique qui le lie à l'Algérie profonde qui n'oubliera jamais d'avoir été une gloire . Et qui ne se résignera pas à démériter des sacrifices inestimables qu'elle a dû payer pour la libération de son pays...

Quelles perspectives organiques pour le FFS? Les mêmes, tracées par les martyrs de la démocratie: Ouverture Ouverture ! Serrez les rangs encore et toujours pour honorer leurs sacrifices. Le FFS s'est construit une tradition de libres débats et de respect des règles du jeu. Il doit respecter et faire respecter sa différence qui est d'éviter les pratiques que nous ne cessons de condamner chez les formations qui ont vendu leur âme aux maîtres de l'heure.

J'espére que ce message parviendra à tous ceux et toutes celles à l'intérieur comme à l'extérieur des structures, qui sauront se mobiliser et se rassembler dans la fraternité et la rigueur pour qu'enfin l'Algérie jouisse de son droit à la libre disposition .

Avec mes salutations affectueuses et mes fervents souhaits de réussite .

Hocine Ait-Ahmed

5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 22:20

Même s’il ne doute pas que le régime est en train de manœuvrer en agitant la thématique de la « réforme », Hocine AIT AHMED ne fait preuve d’aucun pessimisme. Il célèbre, dans cet entretien, le retour du mot liberté à la faveur « du printemps arabe » et le début d’une libération du long asservissement des consciences qui a suivit les indépendances. Il ne doute pas que les Algériens qui ont résisté à l’anéantissement colonial sauront créer l’alternative démocratique à un régime qui ruse et violente. 
Un hommage aux Algériens et aux militants politiques qui ne le sont jamais définitivement et qui réapprennent, chaque jour contre l’adversité, contre la répression et contre l’abattement, à le devenir et à le rester.

La fête de l’indépendance intervient cette année dans un contexte national et international marqué par l’idée de réformes d’une part et le « printemps arabe » d’autre part, qu’est-ce que cela vous inspire ?

En premier lieu, le grand retour du mot Liberté. Et le démantèlement (enfin ! ) d’ une idée absurde qui a pesé des décennies durant par-dessus la tête de millions d’hommes et de femmes. Une idée qui prétendait que les peuples, une fois les indépendances acquises, n’avaient plus rien à conquérir. Tout au plus quelques doléances à caractère matériel. Ce qui devait être le début d’un processus de libération, la proclamation des indépendances, s’est transformé- a été transformé par la force, la ruse et le chantage- en un long asservissement des consciences. La première et la plus formidable victoire de ce soulèvement des sociétés est d’abord dans l’affirmation d’une idée jusque là interdite : C’est aux dirigeants de plaire à leurs peuples et non le contraire. C’est aux dirigeants de faire la preuve qu’ils aiment leur pays et qu’ils méritent la confiance de leurs peuples. Ce n’est pas aux peuples de faire tous les matins la preuve de leur patriotisme en se mettant au garde à vous devant des despotes. Le printemps de Tunis et la formidable mobilisation du peuple égyptien ont offert à tout le monde arabe ce cadeau inestimable.

Et la fête de l’indépendance ?

Vous avez noté la joie des manifestants de la place Tahrir ? Malgré la peur et la conscience de la gravité des enjeux Les peuples sont heureux quand ils se battent pour un avenir meilleur. Même si tout n’est pas gagné. Nous avons connu ce type de bonheur quand la Liberté nous semblait à portée de main. Nous retrouverons ce sens festif de la lutte quand l’avenir semblera moins angoissant à la jeunesse. Les blessures infligées à ce pays sont trop profondes pour être contenues dans un ordre du jour simpliste. L’indépendance sans la liberté n’est plus vraiment l’indépendance…

On parle de réformes politiques à Alger, de changement

Je sais. On en parle à chaque fois qu’on ne sait pas que faire, quand il ya eu de vraies réformes, ils ont fait une guerre pour les stopper Je reste sceptique sur les capacités du régime à faire mieux que d’habitude.

C ‘est tout ?

Vous croyez que c’est une question de propositions, d’idées novatrices, de programmes ambitieux. Nous avons fait des propositions, des déclarations, des lettres, des mémorandums…

De quoi alors est-il question ?

De volonté politique. Il manque la volonté de faire les choses sérieusement. Il ya trop de mensonges, de dribbles, de jeux malsains. Ce pays croule sous les manigances et les coups tordus. Et au milieu de tout cela une incroyable légèreté dans la gestion de cette colère qui gronde. On dirait que le pouvoir n’est même plus capable de prendre la mesure de tout ce qui a été gâché. Les vrais décideurs ont toujours imposé le savoir-faire de la police politique, sans oublier le rôle et la longue expérience de Bouteflika dans l’art de faire échec par la ruse et la violence à toute possibilité de démocratisation. Quand il n’y a plus de confiance, il faut d’abord restaurer la confiance. On n’imagine pas un dialogue sans ce préalable.

Mr Abdel Hamid Mehri s’est rendu à la commission Bensalah alors que vous avez décliné l’invitation, on croyait avoir décelé un rapprochement entre vous deux ces dernières années Que pensez-vous de ses propositions de sortie de crise ?

Je lui ai exprimé mon soutien, publiquement et en privé, par ce qu’il essaie de décliner avec un maximum de pédagogie, en direction du pouvoir et de tous ceux qui ne savent pas encore ce que démocratie veut dire, les conditions d’opérabilité et de mise en confiance dans une démarche sérieuse en faveur du changement.

Mais, vous-même ne pensez pas à faire « œuvre pédagogique » en direction du pouvoir ?

Chacun sa méthode. Quand il y aura du nouveau je me prononcerai. Pour l’heure je n’en vois pas. La priorité pour moi reste dans la construction du parti, le rétablissement des liens entre militants, entre citoyens, entre forces sociales. Et la poursuite du dialogue avec les partenaires engagés dans un effort sérieux et constant pour la démocratie et le changement de ce système de pouvoir. La lutte politique sous un régime autoritaire force au réapprentissage permanent de l’exercice politique. On ne devient jamais définitivement un militant politique. On doit chaque jour réapprendre à le devenir ou à le rester.

On a beaucoup parlé d’histoire ces derniers mois, je ne vous ferais pas l’injure de vous demander de répondre aux propos qui ont été tenus mais croyez vous que le silence suffise ?

Quel silence ? L’histoire on la fait d’abord, on l’écrit ensuite. Cela fait plusieurs mois que je travaille avec un groupe d’historiens français et algériens, jeunes et moins jeunes, sur ce que je sais et ce à quoi j’ai participé dans l’écriture de la Révolution et de la guerre d’Indépendance. Cela je le dois à la mémoire de tous les patriotes et compagnons de lutte. De même que je le dois aux jeunes générations. Je laisse les bavardages aux bavards.

Revenons alors au présent. Le climat sécuritaire qui a connu une accalmie dans le reste du pays reste malsain en Kabylie.

Comment voulez-vous avoir un climat sécuritaire sain dans un pays dont le climat politique est (excusez-moi l’expression) complètement pourri ? Le climat sécuritaire est globalement malsain dans l’ensemble du pays avec quelques particularités locales ici et là. La violence « terroriste » a certes connu une nette décroissance dans certains endroits et pas en d’autres, même si on ne sait pas exactement qui entretient la pratique ignoble des enlèvements, mais d’autres formes de violence ont fait leur apparition et connaissent des développements inquiétants.

Lesquelles ?

Elles sont nombreuses mais ont toutes un lien avec la corruption dans l’administration et les services en charge de la sécurité des citoyens. Le grand banditisme, la drogue, les trafics en tous genres ne se développent pas à cette échelle dans un pays à l’encadrement sain. Le chômage de masse chez les jeunes pousse la société à être moins regardante sur la morale quotidienne. Après, il suffit que dans un cas sur dix on tombe dans les filets d’une organisation criminelle et c’est l’engrenage infernal. C’est là que l’on retombe sur la nature du système de pouvoir. La corruption est un phénomène complexe. Un citoyen qui commet un délit mineur court un risque majeur de se retrouver, à plus ou moins brève échéance, entre les mains d’une organisation criminelle à l’échelle du quartier où le trafiquant, le policier ripoux, l’élu de la « chkara », le bureaucrate véreux etc. constituent « les nouvelles élites du système » qui se chargent de « l’encadrement » de la jeunesse.

Mais que font les partis politiques ?

Les militants des partis politiques ne sont pas des super-héros en mesure de lutter, en même temps et en permanence, contre la répression policière et les maffias qui représentent la véritable base sociale du régime ! Bien qu’ils le fassent. Ou qu’ils essaient de le faire. Qu’ils essaient de surmonter la désorganisation générale, la fatigue et la colère. Et cela pendant que tout l’appareil idéologique du système encourage la dépolitisation ! Encadrer la population est une entreprise de titan quand un travail de sape permanent fait croire que les divergences entre partis politiques, entre militants, entre élus sont de simples histoires de jalousie et de h’ssad ! Certes, cela existe, mais il ya surtout cette ligne de fracture qui partage les militants intègres des militants qui fricotent avec la police politique ou avec les milieux de la corruption. En l’absence de possibilité de faire objectivement la part des choses, mais surtout à cause de l’alignement de l’administration sur les ripoux ! La population reste en retrait entre deux émeutes. Par crainte de se tromper autant que par crainte des représailles de toutes sortes. Ce « terrorisme » là est de plus en plus puissant. Il est entretenu et encouragé par le système de pouvoir.

A titre d’exemple Prenez l’Affaire Khaliffa. De Moumène Khalifa au petit délinquant de quartier, il ya une « chaine de commandement » qui va des bureaux somptueux de la « Nomenklatura » de l’état ou des « barrons » du système aux cités populaires ou aux bidonvilles. Une population sans recours et exclue de toutes les médiations « normales » offre son contingent de victimes et de coupables. Hier elle fournissait les maquis, aujourd’hui elle fournit les troupes de la criminalité. Voilà où nous en sommes 50 ans après l’Indépendance. Sous la colonisation, les jeunes algériens pauvres étaient enrôlés de force dans les contingents de l’armée coloniale, aujourd’hui ils sont livrés à la maffia.

Même en Kabylie ?

En Kabylie, le pouvoir ne se contente pas d’une gestion par la répression brutale et par la corruption comme il le fait ailleurs. En Kabylie, pour mieux casser cette région historiquement frondeuse et fortement politisée, le pouvoir aide à la promotion des fausses alternatives. La dépolitisation est, sous la houlette du pouvoir, conduite par des barrons locaux qui tout en étant souvent de pures créations du régime, tiennent un discours oppositionnel non au système de pouvoir mais au reste de l’Algérie. Le plus pervers dans cette histoire est que les mêmes officines qui veillent à la propagation d’un discours violemment anti-kabyle dans certains médias et cercles sont derrière certains des groupuscules qui développent en Kabylie un discours anti-arabe. Le résultat est dans cette dépolitisation croissante. Ce que la Kabylie a apporté de plus précieux à l’Algérie c’est son capital politique.

En remplaçant la politique par le repli chauvin on veut priver l’Algérie de l’apport de la Kabylie pour mieux priver la Kabylie de l’Algérie Des gens responsables et sérieux ne peuvent pas dire que la Kabylie c’est la Suisse quand tout le pays est à feu et à sang et une décennie plus tard dire que seule la Kabylie est ciblée par la violence.
Jusqu’ici la population en Kabylie et hors de Kabylie résiste à ces manœuvres. Et cette résistance vient de ce qui reste de l’héritage du mouvement national. En ce 5 juillet nous n ‘avons à célébrer que ce que la détermination des algériens a pu préserver de toutes les entreprises destructrices du régime. Mais cette détermination obstinée qui a su résister à l’anéantissement colonial sera, malgré tous les obstacles, capable de construire une alternative démocratique à ce régime insoutenable.

Ahmed SELMANE
Lundi 4 Juillet 2011

25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 21:30


A la session du Conseil national réuni à Alger les 24 & 25 juin 2004

Chers compatriotes et ami(e) s,

Essalam âlaikoum wa rahmatou Allahi wa barakatouhou! Azul d Izoumal

Permettez-moi de ne pas être répétitif pour ne pas vous infliger du « déjà dit ou déjà écrit » ; néanmoins je souhaiterais, que l'occasion soit donnée à nos militantes et militants de relire, et de commenter - voire d'en débattre - deux messages que je vous avais adressés lors de vos sessions tenues les 25-26 / 12 / 2003 et les 17-18 / 08 / 2003... car ces deux textes gardent, je crois, leur actualité et une pertinence. 
Pour ma part, du reste, je me contenterais bien de reprendre le premier d'entre eux - le plus court, le moins bavard si vous voulez - l'espace d'une page; la conclusion de ce message serait alors toute prête car elle insiste sur les impératifs de mise en oeuvre des résolutions du 3e Congrès national, sans lesquels toute analyse ou programme de travail ne sont pas plus que des paroles verbales, donc dénuées de signification. Sauf que la question charnière reste entière : comment redonner la portée opérationnelle voulue aux décisions restées si longtemps à l'état de brouillon ? Voilà bien une question devant laquelle je ne saurai personnellement biaiser mais, et à laquelle, vous aussi, membres de Conseil National devez répondre, de manière sereine et responsable. De plus, pour être réalistes et positives les réponses, doivent être actualisées bien sûr, mais aussi elles doivent être tournées d'avantage vers l'avenir que vers le passé.

Par ailleurs, j'emprunterai deux passages au deuxième message, qui, je le rappelle, évoquait « le cauchemar apocalyptique » vécu par nos frères et soeurs des wilayas de Boumerdes et d'Alger, notamment.

- 1er passage : « Que dire de l'incurie du « je m-en-foutisme » du pouvoir, du voyeurisme, de l'arrogance, voire des menaces proférées et affichées effrontément par des tyranneaux de hasard vis-à-vis d'une population au comble de la douleur et de la désespérance ? Sinon que ces comportements ont transformé un séisme, terrible phénomène de la nature, en contre-performance humanitaire, sociale, et politique d'une amplitude historique digne des républiques bananières. »

- 2e passage : L'état des lieux est effrayant, la dégradation s'aggrave dans tous les domaines de la vie quotidienne des citoyennes et des citoyens. Sans qu'aucune perspective crédible de sortie de crise ne soit proposée « ni globalement ni dans le détail ». Le système militaro-policier est totalement bloqué et déboussolé par l'approche du « scrutin présidentiel».
Dès lors, il ne peut s'ouvrir que sur lui-même en vue de remettre sa façade démocratique au goût du jour ainsi qu'aux niveaux de ses composantes maffieuses et de leurs appétits antagonistes en pleine croissance. Souvenons-nous des effroyables carnages aux portes de la capitale, à l'automne 1997, n'oublions pas que les rivalités féroces et opaques qui fermentaient dans les conclaves et les labyrinthes immergés de l'iceberg, avaient fini par se révéler au grand jour, par médias interposés, avant de dégénérer en exactions ciblées et collectives. D'évidence, cela n'a pas empêché, la réconciliation entre les dignitaires dont le souci consensuel, en définitive, demeure toujours la pérennité de leur « Organisation », que l'on ose encore dénommer «Etat»…Encore une fois ces dérèglements quasi-chaotiques ne doivent rien à la fatalité. (Fin de citation)

Tout au long de l'histoire humaine les mythes de la fatalité ont déposé des strates redoutables dans les consciences et l'inconscient des gens et des sociétés. Qu'ils s'appellent destin, malédiction, (laânat Allah !), mauvais sort, (Yir tawenza). Mais au niveau plus fondamental qui nous concerne, c'est qu' ils font partie des armes classiques - psychologiques et politiques - que les oppresseurs, étrangers ou nationaux exploitent cyniquement ou subtilement en vue de miner et de « normaliser » la résistance des peuples qu'ils dominent. Et, dans le même mouvement, de pousser les élites les plus convaincues à s'incliner et à renoncer. « Contre la force pas de résistance » disait-on, chez nos compatriotes pendant la période coloniale; une formule qui se voulait empreinte de sagesse chez les uns ou de « réalisme politique » chez les plus « instruits ».

Aujourd'hui, cette formule (contre la force pas de résistance) est classée parmi les non dits dans notre beau pays, et surtout à ne pas dire puisque officiellement il n'existe pas de système oppressif. Bien au contraire ce serait plutôt le règne de la transparence et du droit qui est proclamé et non pas celui de la jungle dans la meilleure des démocraties virtuelles cela va de soi. Ghedwa n'seguek ya lkemoun : Ha Houwa iraâraâ ! 
Traduit du génie d'une langue au génie de l'autre langue, cette boutade adage donne ceci: Plante de cumin, demain je t'arroserai à profusion, mais te voilà déjà en pleine floraison !

Le pouvoir cultive à sa manière et scientifiquement le fatalisme des violences et des désastres en tout genre qui écrasent le pays et son peuple. D'abord il commence, priorité oblige, par occulter les rapports de cause à effet entre les trois décennies de gestation totalitaire et la douzaine d'années de braise qui en ont résulté. Ensuite, il donne de sa machine médiatique colossale pour griller toutes les grilles d'analyse crédibles et pour désagréger la mémoire historique; il lui suffit de dissocier les étapes successives de leur cohérence historique globale et de séparer les évènements les uns des autres pour les détacher de l'ensemble d'un système autoritaire. Qui, soit dit en passant, défie toutes les règles du genre.

Dès lors, la paupérisation, la violence, l'école sinistrée, les fondamentalistes et les laïcistes radicaux, les massacres, les assassinats ciblés, les actes barbares ne pourraient être que des phénomènes de génération spontané en quelque sorte de l'actualité éphémère et banale comme si les champignons qui poussent aux hasards des nuages, n'étaient que le produit de la météo.
Ainsi se trouve bloqué le chemin qui peut mener à la source et aux racines des fléaux politiques sécuritaires, sociaux et culturels par la désinformation, les a priori idéologiques et les manipulations de toutes sortes. Et du coup les décideurs bunkérisés se sentent plus que jamais sécurisés derrière l'opacité, l'irresponsabilité et l'impunité. 
Cependant, un quelque chose semble manquer au tableau de « l'Organisation » et ce quelque chose c'est l'existence d'un chef d'orchestre super-clandestin. Sauf que les décideurs ne veulent pas d'un chef; ils ont hérité et capitalisé une longue expérience de gestion consensuelle et ce, en directoire restreint et en vase clos. Ils n'ont pas besoin d'afficher un parrain, n'ayant pas intérêt à le « brûler ». D'évidence ils se savent condamnés à s'entendre ou à disparaître; ce qui explique la flexibilité pragmatique dans leurs rapports mutuels sans oublier les consignes de discrétion absolue qui sont de tradition dans les services. 
Quant au rôle de chef d'orchestre, il est dévolu au « président de la république » chargé de diriger formellement les instances « civiles ou représentatives » de l'Etat. Car, il faut bien qu'il y en ait un qui soit capable tout particulièrement d'actionner le concept de souveraineté nationale, pour interdire toute immixtion étrangère dans les affaires intérieures. Plus précisément pour empêcher les institutions internationales et les ONG d'accomplir les missions de contrôle et d'investigation sur la situation des droits de l'Homme en Algérie. Comme elles le font le plus normalement du monde dans les pays en crise qui avaient pris les engagements solennels de respecter le droit international et le droit humanitaire en signant et ratifiant les Pactes et Conventions internationales.

Chers camarades !
Vous n'ignorez pas les raisons qui ont imposé en 1999 le choix d'Abd El Aziz Bouteflika pour occuper El Mouradia. Les navettes Alger - Paris qui avaient fini par rallier à sa candidature le consensus des généraux sont du domaine public. Les mauvaises langues comme la mienne, pouvaient y voir une «investiture » préalable aussi étrange qu'étrangère; tellement vivace est le souvenir des lobbies de la grosse colonisation qui faisaient et défaisaient les gouverneurs généraux en Algérie. Cependant, que le président Chirac se soit récemment empressé d'aller à Alger féliciter son ami pour légitimer sa réélection si libre et transparente, offre moins d'intérêt que l'éclairage dialectique que peuvent se renvoyer les deux « scrutins présidentiels » de 1999 et 2004. Ainsi à l'occasion de la dernière « échéance électorale » l'ouvrage écrit par M. Benchicou intitulé « Bouteflika : Une imposture algérienne », on apprend que celui-ci, était non seulement furieux d'avoir été élu à un score - 53 % des voix - inférieur à celui - 61% - obtenu en 1995 par son prédécesseur le général Zéroual; mais qu'il s'apprêtait « à quitter le pays le soir même, ne voulant plus du fauteuil de chef d'Etat ». Alerté, le chef du DRS (la police politique) intervient personnellement auprès de Bouteflika, d'ailleurs resté seul en lice, le retrait collectif des 6 autres candidats lui ayant abandonné la scène pour cause de fraude massive. Devant l'obstination du postulant au 2e mandat, et trois heures après l'annonce publique et officielle des résultats « les généraux décident de changer le score et de le porter à 73,79 %, donc nettement supérieur à celui de Zéroual... Il sera élu avec un bakchich supplémentaire de 20 %. Et le directeur du Matin d'ajouter cette formule géniale : 
« Quand on coopte, on ne compte pas ». 
La question qui se pose à la lumière de cette falsification surréaliste : avait-on besoin de mobiliser le plus vertigineux des dispositifs électoraux dans l'histoire de notre pays, la plus hystérique débauche de manipulations, de moyens financiers et médiatiques pour remettre à l'étrier les mêmes pieds, ceux de celui dont, nous étions quasiment persuadés qu'il serait reconduit.
C'est en raison même de cette démonstration spectaculaire doublée d'un rouleau compresseur d'agitations agressives et festives au frais de la princesse, que nous avions compris que Si Abd El Aziz sera réélu de nouveau. 
Cet épisode comme raconté « par un idiot, plein de bruit et de fureur » ne «signifiait pas rien », car il avait un but : créer le climat adéquat et multiplier les villages Potemkine à travers le territoire national afin de crédibiliser le chiffre triomphal de 84,9 % de votants, dont il se savait gratifié. Moins que Ben Ali évidemment ! Mais subtilement, juste un tout petit peu plus que Chirac.
Cher ami (e) s,
La masse des Algériennes et des Algériens ne sont pas dupes et ils ne se laissent pas mener par le bout du nez, car c'est dans leur chair et leur âme qu'ils vivent les fausses échéances les promesses sans lendemain et les élections « garagouz ». Ils savent que le suffrage universel est enterré depuis des décennies en l'absence des conditions minima qui en garantissent le fonctionnement libre et honnête : à savoir le respect des droits de la personne humaine et l'exercice plénier des libertés d'expression d'association et de participation citoyenne notamment.

Le contexte ubuesque dans lequel s'est déroulé la « présidentielle » constitue une véritable profanation des fosses communes dans lesquelles le suffrage universel a été enterré. Cette opération à multiples détentes a été préparée de longue date et dans le secret le plus absolu; aucun des journalistes aux ordres des clans du pouvoir, aucune des personnalités encouragées à se porter candidats à « la présidence avec des promesses de soutien les plus convaincantes, et personne parmi les « démocrates » et les « modernistes » mis sous orbite, n'avaient été mis au parfum. 
« Les candidats opposés à Bouteflika, ainsi que leurs staffs » qui étaient individuellement «pris en charge», chapitrés sans relâche et en permanence par des professionnels des services probablement, n'en croyaient pas leurs oreilles à l'annonce des résultats officiels. Certains d'entre eux voulaient même appeler leurs contacts au téléphone pour s'assurer de la fausseté des résultats. Hélas ! Gros Jean comme devant : Plus de réponse à l'autre bout du fil. 
Ainsi ont été sacrifiés les piliers sur lesquels repose la vitrine civile et démocratique derrière laquelle les décideurs s’avancent masqués.

Ce complot d'envergure avait également pour objectif de renouveler les thèmes et les mises en scène de leur communication pour intoxiquer la communauté internationale et la gagner à leurs certitudes et à leurs promesses mensongères. Comme à titre d'exemples :

- Que l'élection sera libre et transparente ;
- Que l'armée est neutre et qu'elle doit rejoindre ses casernes ;
- Que le droit à l'alternance et le pluralisme politique sont des réalités ;
- Que la situation sécuritaire sera totalement réglée ;
Et qu'avec la stabilité retrouvée, l'économie de marché pourra fonctionner et a s'ouvrir aux investissements etc…
Le suffrage universel devenu une mystification universelle n'est pas un simple slogan. C'est une réalité et qui de plus est conçue pour accompagner les nouveaux impératifs stratégiques du pouvoir, aux plans national, maghrébin et international.

Que pouvons-nous encore espérer d'un régime qui rappelle à plus d'un titre l'ère dictatoriale de Boumedienne? L'Algérie est bel et bien face à la Restauration avec tout ce que pourrait évoquer ce label, sous d'autres cieux, comme connotations d'autoritarisme de régressions culturelles et sociales. L'actualité nous en fournit toutes les prémices inquiétantes. Aussi bien je souhaite que votre rencontre de la semaine prochaine sera l'occasion de débattre plus profondément des perspectives d'avenir. Je pourrais éventuellement contribuer à ma façon par l'envoi d'un enregistrement.

Chères soeurs et chers frères, 
Face à sa conscience, chaque Algérien doit opérer des révisions déchirantes. Les journalistes notamment peuvent et doivent se réconcilier avec la vérité. Nul besoin de courage pour la dire en démocratie, mais il faut une sorte d’héroïsme pour refuser de dire ou d’avaliser le mensonge en régime autoritaire. Le caporal Hitler avait félicité « les journalistes passés maîtres dans l’art de mentir et qui continuent à travailler au perfectionnement du mensonge »… « Le mensonge le plus impudent laisse toujours des traces même s’il a été réduit à néant ».
Chateaubriand, lui, disait : « la presse c’est l’électricité sociale ». C’est dire qu’elle constitue une condition sine qua non de l’existence d’une vie publique. Le même écrivain célèbre, invité par les clubs de gauche et du prolétariat à soutenir le coup de force du futur Napoléon III au motif qu’il était proche des couches déshéritées, les avait mis en garde contre le soutien au plébiscite de 1852. Et lorsque ces mêmes personnalités et groupes sont revenus le voir quelques mois après ce plébiscite pour les aider à combattre le dictateur, il leur répondit : « c’est vous qui l’avez mis au pouvoir, c’est à vous à l’enlever ».

Notre combat continue, pacifique serein mais déterminé. Il est temps que toutes les forces autonomes dédiées à la paix, à la justice sociale et à la démocratie se concertent et se retrouvent. 
Il appartient au FFS de jouer un rôle moteur pour l'instauration de la 2e République qui doit concrétiser les idéaux et les promesses historiques. 
C'est dans cette perspective que nous devons préparer les 4e Assises du parti, en prenant soin que l'Audit et la Convention Nationale, enrichiront la dynamique politique de cette préparation. C'est en fonction de cette échéance également que j'ai réfléchi à l'alternance statutaire concernant le Premier Secrétaire : Conformément aux articles 8.4 et 8.5 des statuts du FFS, je désigne le camarade Mustapha BOUHADEF comme nouveau Premier Secrétaire. Il constituera son équipe en consultation avec le président. A la suite de quoi vous sera proposé un programme et un agenda de mise en oeuvre des échéances intermédiaires importantes.

Je tiens à rendre hommage au camarade Mammeri et à son équipe pour le dévouement, l'intelligence politique et l'esprit d'équipe dont ils ont fait preuve.

Avec mes affectueuses salutations.

Le président
Hocine Ait-Ahmed

16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 17:54

images3.jpgY a-t-il une chance pour que les bruits de négociations entre le gouvernement éthiopien et les Fronts de libération de l'Erythrée puissent déboucher sur la fin d'une guerre qui depuis dix-huit ans sème la mort et la désolation et qui depuis dix-huit ans est entourée d'un silence et de l'inattention internationale en raison de la conjonction paradoxale des rivalités entre les deux superpuissances et entre les états de la région ?

En mars dernier, le chef d'état éthiopien, Mengisu Hail Mariam déclara devant les cadets de l'école militaire de Genet:  "Une solution militaire n'est pas l'unique option ouverte au gouvernement pour mettre fin à la guerre en Erythrée... "

C'est la première  fois que le conseil administratif militaire provisoire envisage une solution négociée.

En réalité, l'affaire érythréenne suscite une grande fébrilité diplomatique. A l'Est, des contacts officieux entre belligérants sont organisés sous le patronage de l'Union Soviétique notamment au Yémen du Sud et en Allemagne de l'Est. A l'Ouest, il s'agit de tentatives officielles de médiation de la part du gouvernement soudanais.

Un atout stratégique

Pour apprécier les chances d'un retour à la paix, il ne faut pas perdre de vue un facteur politique primordial qui conditionne toute la situation de la corne de l'Afrique et structure le sort de l'Erythrée; pour les USA d'abord, et  plus tard, pour l'URSS, une grande Ethiopie constitue sur un fol échiquier, un atout stratégique trop important pour l'amputer de l'Erythrée son unique et grande ouverture sur la mer rouge et le continent asiatique.

Il faut rappeler que ce soit les USA qui au lendemain de la Seconde Guerre mondiale empêchèrent l'Erythrée d'accéder à l'indépendance comme les autres colonies italiennes et qui sous couvert d'un statut autonome arrachèrent à l'ONU la décision du rattachement à l'Ethiopie en 1952.

L'Union Soviètique soutenait alors le droit de l'Erythrèe à l'indépendance et des centaines de patriotes firent leur entrainement militaire à La Havane. Cela n'empêcha pas le maréchal Gretchko de proposer un marché à l'empereur lors de sa visite à  Addis-Abeda en 1963-64 "débarrassez les Américains de Kagnew et nous donnerons plus d'armes que nous n'en livrons à la Somalie" .

Depuis l'arrivée au pouvoir du DERG, c'est l'URSS qui soutient l'effort de guerre massif entrepris contre les maquisards et les populations civiles de l'Erythrée.

A l'origine d'un drame qui prend les proportions d'un génocide, l'affrontement des deux grands reste la donnée la fondamentale qui permet de comprendre aujourd'hui les rumeurs de paix.

Il semble que l'URSS ne veuille pas s'enliser dans ce conflit interminable où sa position idéologique est encore plus indéfendable qu'en Afghanistan. Mais souhaiterait-elle vraiment la paix et renoncerait-elle vraiment à un atout au moment où forte de ses expériences décevantes en Somalie et en Egypte, elle décèle des signes d'indépendance chez de nombreux dirigeants militaires qui appréhendent la création inspirée du parti unique ?

Un nouveau statut d'autonomie ? Avec quelle garantie contre un nouvel Anschluss ? L'affaire érythréenne née des Nations Unies devrait y revenir pour échapper à l'engrenage de la guerre froide et du double langage qui permet l'escamotage des droits de l'homme et du droit des peuples à disposer d'eux mêmes. C'est la seule façon de réveiller l'opinion mondiale.

 Hocine Ait-Ahmed
24H, le 16/06/1980.

12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 18:35

MEMORANDUM

" Pour une transition démocratique "

La Constituante, aux sources du projet démocratique

Notre projet démocratique plonge ses racines dans le mouvement indépendantiste qui a mobilisé les énergies patriotiques autour de valeurs universelles et modernes : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et celui des Algériens à construire un Etat de droit. Il n'appartenait en effet à aucun homme, aucun groupe, aucun appareil, de se substituer à la volonté populaire.

Depuis la naissance du premier parti indépendantiste, l'Etoile nord-africaine, la principale revendication des Algériens était de pouvoir doter leur Etat indépendant de fondements constitutionnels. Après qu'ils aient arrachés leur droit à l'autodétermination - consacré par référendum -, une Assemblée nationale constituante a donc été élue pour élaborer et adopter une constitution.

Cette assemblée constituante n'a pas tardé à être dessaisie de cette mission puisque la première constitution de l'Algérie indépendante a été élaborée, en définitive, dans une salle de cinéma algéroise, " L'empire ", par une réunion de notables civils et militaires triés sur le volet.
Cette confiscation de la souveraineté populaire s'inscrit dans une série de coups de force qui vont priver les Algériens de leur droit à l'autodétermination, à commencer par leur droit inaliénable à bâtir leur Etat. Ce détournement de pouvoir constitue une trahison des valeurs et des idéaux du 1er novembre 1954 pour lesquels les Algériens ont consenti tant de sacrifices.

Usurpation de pouvoir
Depuis prés de quarante ans, un pouvoir militaro-policier a privé les Algériens de leur citoyenneté en bafouant les droits de l'Homme et en confisquant leurs libertés d'expression, d'organisation et de participation au développement de leur pays. La privatisation de l'Etat a ouvert la voie à l'accaparement des richesses de l'Algérie par un cartel d'officiers supérieurs et leurs réseaux.
Un pouvoir absolu s'exerce dans l'ombre, sans aucun contrôle ni garde fou, assuré de l'impunité. Soucieux uniquement d'assurer la pérennité du système, il anticipe pour étouffer dans l'œuf toute expression autonome de la société et toute opposition démocratique.
Cette volonté de se maintenir à tout prix l'amène à recourir au coup de force chaque fois que les conditions d'une alternance politique se font jour. Le bilan de cette gestion est catastrophique : faillite de l'agriculture, éducation sinistrée, économie délabrée, justice aux ordres, corruption généralisée...
Les conséquences de l'exclusion sociale, de l'arbitraire et d'une hogra sans limites, ainsi que le vide politique, ont créé les conditions d'une guerre contre les civils qui dure depuis dix ans et dont on ne voit toujours pas la fin.

La responsabilité du pouvoir est totale

Pour avoir rejeté et combattu systématiquement toute issue politique et démocratique à la crise, les tenants du pouvoir ont mené le pays à des dérives dangereuses et multiplié les facteurs d'implosion.
Paupérisation, perte du pouvoir d'achat, chômage endémique, licenciements massifs ont placé l'écrasante majorité du peuple dans une situation de précarité insupportable.

Comment ne pas percevoir la désillusion et le désespoir pourtant criants chez ces millions de femmes et d'hommes, qui sont demeurés dignes devant tant de malheurs et d'humiliations, malgré l'absence totale d'espoir et de perspective de changement ?
Cette situation est d'autant plus intolérable que des minorités privilégiées et d'affairistes intégrés dans les réseaux du pouvoir et de son administration affichent leur opulence de manière indécente.

Les fractures se multiplient jusqu'à menacer la cohésion sociale pendant que les autorités, insensibles au désespoir et à la détresse des Algériens, se félicitent d'une embellie financière dont on ignore les bénéficiaires et qui, en tous cas, ne profite en rien à la population.
Cette attitude montre un mépris total de l'intérêt général. Elle dénote en outre une rupture radicale avec la société, et davantage encore avec les exclus qui représentent plus de la moitié des Algériens.

Les événements récents de Kabylie

C'est dans ce contexte que sont intervenus les événements dramatiques qui ont embrasé plusieurs wilayas du centre et qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. L'assassinat de sang froid du jeune Massinissa à l'intérieur d'un poste de gendarmerie ne pouvait que mettre le feu aux poudres, surtout venant après que la préparation de la commémoration du " Printemps berbère " ait été perturbée par des provocations et des manipulations programmées par des cercles du pouvoir et leurs relais.
Comme en octobre 1988, les forces de sécurité n'ont pas hésité à tirer à balles réelles sur de jeunes manifestants désarmés qui exprimaient leur ras le bol de la hogra, de l'injustice et de l'impunité.
Ce nouveau recours à la force ne fait que s'ajouter à toutes les formes de violences subies par les Algériens depuis l'indépendance. Ces réalités réduisent à néant toutes les promesses et les professions de foi sur un système " en voie de réforme " et sur un Etat de droit " en construction ".

Faire basculer une région dans le chaos

C'est certainement le dessein de ceux qui veulent en finir avec l'un des bastions qui, dans le cadre de l'unité nationale, a toujours lutté pour la démocratie, elle même inséparable de la reconnaissance des pluralismes, sans se faire complice des jusqu'aux-boutistes de la politique du pire.
La tentative de réduire une révolte et un ras le bol généralisé à une revendication linguistique, par ailleurs totalement légitime, vise à singulariser une région en agitant une fois de plus le croque-mitaine berbériste comme menace à la stabilité du pays.
Cette stratégie éculée ne cherche qu'à faire diversion face à la colère qui monte du pays tout entier et aux aspirations d'une jeunesse privée de son passé, de son présent et de son avenir.

Détourner l'opinion nationale et internationale des véritables enjeux

La répression sauvage en Kabylie prolonge les exactions massives des droits de l'Homme perpétrés à huis clos contre les civils, notamment dans les zones rurales, depuis bientôt dix ans au prétexte de la lutte contre la violence islamiste.
Le vide politique, le désordre généralisé, la multiplication des acteurs de la violence par la distribution d'armes aux civils, les attaques récurrentes contre le pluralisme visent à soumettre et éradiquer toute vie politique en brisant tous les cadres d'expression pacifique et démocratique.

Le pouvoir n'a qu'un objectif: utiliser tous les moyens pour empêcher toute alternative démocratique et rendre impossible toute solution politique de la crise.

Condamner la société à la violence

Comment s'étonner que des Algériennes et des Algériens à bout de patience et accablés par des conditions de vie qui se détériorent de jour en jour soient tentés par d'autres voies d'expression surtout quand tous les espaces politiques ont été verrouillés et pervertis?

La rue est devenue le seul recours, le dernier lieu où exprimer sa révolte.
Comment s'étonner quand les institutions préfabriquées sont à ce point inopérantes, discréditées et squattées par des intérêts claniques?
Comment parler de menaces contre la République quand il n'y a rien de public, que les espaces sont privatisés et que l'opposition démocratique est paralysée par l'état d'urgence prorogé illégalement depuis 1992 ?
Le projet de réforme du code pénal concernant la presse rappelle les mesures scélérates imposées par les dictatures d'Amérique Latine dans les années 1970.
Etouffer jusqu'au droit de dire, de dénoncer les crimes et leurs auteurs quels qu'ils soient, n'est-ce pas transférer la responsabilité de la violence vers la société?

Nous refusons tout statut octroyé, toute façade démocratique. Nous refusons le statut déshonorant de république bananière, de président préfabriqué, de constitution cocotte minute et de gouvernement fantoche.

La marche de l'espoir

Pourtant l'alternative pacifique et démocratique existe. La marche organisée par le FFS le 3 mai 2001 l'a amplement démontré.
Le peuple algérien a toujours su transcender les faux clivages, éviter les manipulations de toute nature et démontrer sa maturité politique, prouvant une nouvelle fois que la démocratie n'est pas un luxe réservé aux seuls pays nantis.
Les Algériennes et les Algériens viennent de signifier aux ultras de tous bords leur profond attachement à la paix civile, à la justice sociale et au pluralisme politique et linguistique.

Les décideurs face à leurs responsabilités

Le FFS interpelle solennellement tous les décideurs. Il les adjure d'opérer les révisions déchirantes nécessaires pour mettre en œuvre sans délai une sortie de crise politique et démocratique.
Les enjeux dépassent plus que jamais aujourd'hui les considérations de personne, de régions ou d'appareils. Il s'agit d'abord de sauver notre pays du chaos, de le hisser au rang digne de son rayonnement passé, de ses immenses potentialités présentes et par dessus tout de l'avenir et du bonheur des générations montantes.

Il importe de tourner la page des fausses solutions, des faux dialogues, des manœuvres de sérail et des diversions dangereuses. Le vrai patriotisme nous impose l'obligation d'en finir avec les atteintes aux droits de l'Homme, l'arbitraire sans limite, la détresse morale et sociale , l'impunité du crime organisé que les détenteurs de la rente pétrolière tentent d'occulter par des campagnes médiatiques et diplomatiques qui ne trompent personne, y compris désormais à l'étranger.

Retour à la transition démocratique

Le FFS considère que l'urgence des urgences est de libérer une dynamique politique de construction démocratique de l'Etat et de la société.

Pour cela, des mesures urgentes de détente doivent être prises, notamment:

1. Levée de l'Etat d'urgence et abrogations de toutes les lois d'exception
2. Ouverture des champs politique et d'opinion, par la levée toutes les restrictions et entraves à l'exercice des droits d'expression, de manifestation, d'organisation et d'association.
3. Ouverture du champs médiatique en garantissant l'accès libre et équitable aux médias lourds, notamment la télévision.
4. Reconnaissance de Tamazight, l'un des piliers de l'Algérianité au même titre que l'arabe, comme langue nationale et officielle.
5. Retrait immédiat du projet de loi portant amendement du code pénal concernant la liberté de la presse
6. Retrait de l'hypothèque de l'agrément préalable qui empêche la constitution de partis et d'associations autonomes, et de journaux indépendants.
7. Mettre fin au pillage du patrimoine national par le démantèlement de tout le cadre juridique l'ayant favorisé et le retrait de toutes les lois aboutissant au bradage de nos ressources nationales, telle la loi sur les hydrocarbures.
8. Engager des poursuites contre les responsables de cette dilapidation.

Il s'agira également de prendre des mesures immédiates pour la protection des populations en poursuivant les auteurs des actes perpétrés contre les civils et en mettant en place un dispositif destiné à prévenir la violence et à faire respecter les droits de l'homme.
Dans ce sens, l'acceptation de l'envoi de rapporteurs spéciaux sur la torture, les exécutions extrajudiciaires ainsi qu'un groupe de travail sur les disparus s'impose.

Ces mesures seront de nature à créer un climat favorable à l'ouverture d'un dialogue entre le pouvoir et les forces politiques et sociales en vue d'amorcer une véritable transition démocratique.
Le cadre, les partenaires et les objectifs doivent être définis d'un commun accord.

Le FFS propose que ce dialogue se structure autour de:

1. L'élaboration d'une charte politique sous la forme d'un engagement public et sans ambiguïté des différents acteurs pour :
a - le respect des libertés fondamentales, individuelles et collectives.
b - Le respect et la défense des droits de l'homme en toute circonstance.
c - Le respect des pluralismes politique, culturel , linguistique et confessionnel.
d - La non utilisation de la religion à des fins politiques par toutes les parties.
e - Le rejet de la violence comme moyen d'expression politique

2. La mise en place d'institutions chargées de gérer une période de transition la plus
courte possible:
a - une Convention Nationale de Suivi et de Contrôle de la Transition ( CNSCT)
La CNSCT dont la composition sera définie par les participants au dialogue, sera chargée :
- d'agréer les personnalités devant siéger au gouvernement
- d'élaborer l'ensemble du dispositif électoral (révision des listes, découpage électoral,
révision de la loi électorale, dispositif de surveillance nationale et internationale du
processus électoral)
- de fixer le calendrier électoral dans sa globalité, avec l'élection d'une assemblée
constituante comme première étape.
b - un gouvernement chargé de mettre en œuvre les recommandations de la CNSCT et
d'expédier avec le chef de l'Etat les affaires courantes.

Ces deux institutions auront donc pour mission essentielle de réunir les conditions politiques et techniques nécessaires à l'organisation de l'élection d'une assemblée constituante.
Une telle assemblée est une condition sine qua non pour restituer au peuple algérien son droit à l'autodétermination et mettre en place un Etat de droit.
C'est en effet aux Algériennes et aux Algériens, et à eux seuls, qu'il appartient de reconstruire un Etat en lui donnant des fondements garantissant la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, la non utilisation de la religion à des fins politiques, le respect de tous les pluralismes existant dans la société, l'égalité entre hommes et femmes, le respect et la promotion des droits de la personne humaine.

Durant cette période de transition, l'assemblée populaire nationale étant dissoute. le chef de l'Etat peut légiférer par ordonnance sur des questions d'intérêt national avec l'approbation de la CNSCT.
L'institution militaire, partenaire important de cette transition, doit être garante du respect des engagements pris. Elle doit être associée à l'ensemble des étapes du processus. Son retrait du champ politique doit être graduel et effectif.

La communauté internationale doit être également présente, par le biais d'une représentation officielle et permanente du Secrétaire général des Nations-Unies, chargée de l'observation et, éventuellement, des bons offices, dès le début et tout au long de ce processus historique mené par les Algériens, pour les Algériens en Algérie.

Alger, le 12 mai 2001

Front des Forces Socialistes 56, Souidani Boudjema - Alger tel: 21321694141 fax: 21321484554 e-mail : ffscom@hotmail.com

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories