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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 18:25

index-copie-1.jpgHocine Ait-Ahmed Cour de sûreté d’État 1964

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, Qu'est-ce que cet ordre révolutionnaire au nom duquel se commettent les inégalités, les infractions à la loi, les violations de la Constitution, les atteintes aux droits de l'homme et les actes arbitraires qui traduisent le mépris du pouvoir pour les libertés individuelles et collectives les plus essentielles ? Pour répondre à cette question, il importe d'analyser les caractéristiques de la bureaucratie algérienne qui en confisquant le " Pouvoir démocratique et populaire " a instauré le règne de l’absurde, de l'arbitraire et de l'humiliation de l'Homme par l'Homme. Laissez-moi vous dire qu’après la mort de Staline les bonnes consciences raisonnèrent qui au nom du marxisme-léninisme, ou de toute autre " isme " humanitaire se sont empressés de rendre la bureaucratie stalinienne responsable des massacres de Géorgie, du système policier et des purges. Je n'ai pas attendu ce jour pour avertir le peuple algérien et les militants contre les périls du " stalinisme sans Staline et sans les travailleurs ". Cependant, si le régime actuel imposé à l’Algérie évoque le stalinisme du point de vue du pouvoir personnel, des institutions policières, de la docilité inconditionnelle, des rapports de violence entre État et les masses laborieuses, par contre il y a des différences fondamentales entre le stalinisme et le néo-fascisme algérien. Ces différences proviennent essentiellement de la " spécificité " de la bureaucratie algérienne. En effet, la bureaucratie stalinienne était issue malgré tout de la Révolution d'Octobre et de la notation léniniste de la "dictature du prolétariat ". Elle se rattachait à un système cohérent. Les hommes de l'appareil stalinien ont tous appartenu au Parti Bolchévique et ont tous participé jusqu'au bout à la longue lutte pour le pouvoir mené par le parti, sous la géniale direction tactique de Lénine. C’étaient des militants acquis à la cause du communisme et forgés par les épreuves du combat révolutionnaire. De plus, à la tête des services administratifs, Staline a su placer des compétences. Compétences inconditionnelles certes et qui de part leur inconditionnalité cachaient souvent ou atténuaient la vérité dans leurs rapports politiques avec leur idole, mes compétences quand même et que leur allégeance même autorisait à ne pas tricher tout au moins avec les réalités économiques et sociales. Ils pouvaient renseigner les dirigeants sur la marche du pays et ils mettaient tous leur ardeur au travail. Les cadres du stalinisme avaient le mérite de s’étourdir dans le dévouement à la cause révolutionnaire, ils se projetaient ainsi dans l'avenir pour oublier le présent. Production, rendement, l'industrialisation furent leur leimotiv avec l'espoir que la transformation de la base objective mettrait fin à la tragique déviation bureaucratique que seul le génie de Lénine ait pu éviter. Quand à la bureaucratie algérienne, Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, elle constitue la classe la plus incohérente, la plus irresponsable, la plus incompétente et la plus improductive qui ait jamais existé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette bureaucratie tire toute sa force de l'anarchie, de la pagaille et de l'arbitraire. Cela n'est pas un hasard. La bureaucratie qui fonde le régime actuel est historiquement constituée par les franges les plus opportunistes de la société algérienne. A tous les postes institutions algériennes, y compris le néo-FLN, on retrouve ces hommes qui se sont distingués par leurs positions anti-révolutionnaires et anti-populaires. En premier lieu, on retrouve tout le vieux personnel des vieilles formations politiques. Ces " élites " ont de tout temps donné le change. Sous prétexte de faire l’économie de l’étape nationale ou de l’étape démocratique, ils n'ont eu d'autres soucis que d'avoir des places à la table du colonialisme, ils exprimaient la volonté de la bourgeoisie mercantile "indigène" en formation et de super-prolétariat européen de se réaliser en tant que classes privilégiées à l'ombre de "l’assimilation" ou de "l'Union française". On retrouve, en second lieu, ces représentants de la petite bourgeoisie urbaine qui ont d'abord produit le Messalisme, par leur docilité inconditionnelle ( 1947-1952 ) et qui ont fait ensuite du MTLD l'instrument de la plus grande déviation réformiste du mouvement révolutionnaire. Les centralistes avaient construit autour du "Zaim " une doctrine populiste arabe ou islamique dans une atmosphère de confrérie magico-metaphisique. Leur but était d'abord d’éliminer les portes-paroles des couches révolutionnaires, "déparalyser " la dialectique révolutionnaire dans les forces sociales en faisant jouer à vide les puissantes pressions rurales. Les élites du MTLD étaient des portes-paroles de la petite bourgeoisie et des propriétaires fonciers. Elles réussirent à bloquer le processus révolutionnaire amorcé après le Congrès clandestin de février 1947. Leur Congrés tenu publiquement en 1953, proclame " théorie révolutionnaire des soubassements " destinée à camoufler leur trahison de classe. Ce Congrès était l'aboutissement d'une série de mesures opportunistes dont la chasse aux maquisards m’a mise à l’écart comme responsable de l'OS. Je fut remplacé par Ben Bella dévoué à Messali puis au clan du second auquel le rattachait son origine. Le troisième lieu, on retrouve dans cette bureaucratie deux autres catégories " d’élites algériennes ". D'une part, les anciens fonctionnaires du protectorat français au Maroc, les jeunes cadres destinés à être de brillants auxiliaires du Loyautisme et leur zèle " révolutionnaire " déployé au Maroc a souvent agacé le peuple marocain qui avait souffert de leur zèle d'une autre espèce au temps ou voulant être français à part entière, ils se comportaient en auxiliaire entièrement à part du colonialisme. D'autre part, les cadres de la "promotion Soustelle " et du plan de Constantine destinés à former l'avant-garde de la troisième force en pleine guerre de libération tête de pont du néo-colonialisme. Aussi bien la bureaucratie algérienne, support du pouvoir actuel, est conglomérat d’éléments disparates. Elle se caractérise par l'opportunisme qui constitue sa seule force de frappe et sa seule capacité d'insertion dans la société algérienne d’après-guerre. Elle est prête à servir n'importe quel maître. Malgré leur diversité d'origine, ces hommes ont tous développé ce sixième sens qui s’appelle l'opportunisme. Il ont toujours su flairer les répressions coloniales pour se mettre à l'abri. Ils ont toujours su flairer la victoire pour se porter à son secours dans leur choix du maître. Ils ont toujours su flairer le complice de leurs convoitises et savent saisir au vol l'occasion de grimper aux échelons supérieurs. Les exploits des opportunistes tiennent lieu de critères idéologiques, politiques et techniques. La docilité inconditionnelle remplace la rigueur morale, la fermeté idéologique et la compétence. La bureaucratie algérienne se caractérise aussi par le sectarisme et la lutte des sectes. Personne n'ignore en Algérie que les cadres actuels du régime, au niveau des administrations et du Parti se regroupent par affinités sectaires. C'est même dans le cadre des sectes que se poursuit et s'organise la chasse aux postes. Qu'un ancien cadre du MTLD soit ministre ou coordinateur du FLN, et l'on voit l'agglutiner autour de lui tous ses anciens petits copains. Qu'un ancien dirigeant de l'UDMA soit haut fonctionnaire et il s'arrange pour que l'administration " à ses ordres " soit formée par ses amis politiques des temps anciens. De nombreux procureurs se sont des staliniens comme le procureur Djender qui requiert aujourd'hui contre nous. C'est ainsi que de nombreux ministères sont " marocains " qui ont réussi à se rassembler autour de personnalités du régime qui avaient fait carrière au Maroc. Le népotisme, le " piston " deviennent la règle. Pour se maintenir, les hommes honnêtes doivent aussi chercher les bonnes grâces de l'une ou de l'autre des féodalités politiques qui sont les piliers du régime. Composée d'opportunistes et de sectes, la bureaucratie algérienne s'est constituée de classes parasitaires, je dirais presque clandestines. Elle est obligée, pour cacher sa fonction parasitaire et anti-sociale, de s'approprier les mots d'ordres des masses pour mieux les discréditer. La dégradation sectariste et opportuniste des " appareils " a isolé le régime par apport aux aspirations et aux intérêts populaires. L'administration centrale tourne à vide aux bruits des ronronnements démagogiques et des fanfaronnades. Toute critique étant passible de disgrâce ou de châtiment, les rapports fournis par les divers services ne peuvent dés lors que redoubler d'optimisme. Ils font monter en flèche une réalisation locale qui peut leur valoir des avancements et passent sous silence tous les phénomènes de désocialisation. Le FLN lui-même est condamné à n’être qu'un appareil de coercition para-administratif et para-policier. Il est maintenant permis de dire ce qu'est cet ordre révolutionnaire en Algérie. L'ordre révolutionnaire, c'est d'abord le pouvoir que possède le chef de l’État et du Parti de prendre n'importe quelle décision et toutes les décisions dans n'importe quel domaine, de n'importe quelle manière et de les faire appliquer n'importe comment par n'importe qui. Il est l’autorité suprême, l'incarnation de l'ordre révolutionnaire. Cette vérité admise, une liberté est laissée à chaque potentat de la cellule, de la préfecture, de l'ANP ou de la police, d’apprécier ce qui est conforme à l'ordre révolutionnaire et de prendre toutes les mesures de nature à sauver le socialisme. Chacun y va de sa petite expérience socialiste et des grandes mesures d’épuration. Tous y vont de leurs règlements de comptes et de leurs convoitises. Au nom du socialisme, on confisque la voiture ou la villa du voisin. Au nom du socialisme, on épure tel fonctionnaire qui en sait trop sur ses supérieurs ou sur les notables du FLN qui ont une conception égocentrique de prééminence du Parti. Au nom du socialisme, tel ministre est obligé de choyer ses subordonnés parce qu'à tout moment. ils peuvent le salir dans des rapports de police. Au nom du socialisme, on arrête des députés, on saisit ou on dessaisit la justice sur un simple coup de fil, au profit du cousin et au détriment de l'adversaire. Au nom du socialisme, la bureaucratie algérienne décrète l'abolition des Droits de l'Homme et du Citoyen, supprime les libertés individuelles et viole la légalité qu'elle a pourtant confectionnée elle-même. Historiquement, sociologiquement, idéologiquement et moralement difforme, cette classe d'opportuniste tente de prendre forme en condamnant comme " formalistes " toutes les valeurs qui rendent précieuse la vie des Hommes. L'ordre révolutionnaire est un ordre kafkaien. Tout comme le programme de Tripoli, la Charte d'Alger, si elle alimente le zèle pharisaïque des potentats du régime, n'enraye pas le souffle de crétinisme intellectuel qui anime leurs décisions. L'ordre révolutionnaire, c'est l'ordre du verbe et des fictions. A ce titre, il rappelle l'ordre colonial avec sa phraséologie et ses fictions juridiques et politiques que le peuple algérien a combattu avec tant d'acharnement. Il rappelle aussi un passé plus récent: manipulations totalitaires des SAS et des officiers du cinquième bureau, partisan de Massu. Le peuple algérien est fatigué de toutes ces sornettes qui ont fait fi des personnalités. Il a lutté pour maîtriser son destin, pour affirmer sa personnalité et instaurer enfin avec l’indépendance reconquise un ordre légal qui exclurait l'exploitation et l'humiliation de l'Homme par l'Homme. La résistance du peuple algérien à ce régime ne fait pas de doute. Elle revêt des formes multiples, larvée passive et active suivant les régions d’Algérie. Le FFS ( Front des Forces Socialistes ), porte-parole des couches révolutionnaires exprime les aspirations du peuple algérien à se débarrasser de cette bureaucratie sans foi ni loi. Les assises policières du régime s'exacerbent et s’élargissent devant la résistance populaire. Arrestations, séquestrations, tortures sont le lot quotidien des paysans et du petit peuple des villes. Des militants sont devenus tortionnaires. L’Algérie qui a souffert de la gangrène est en train de pourrir par les effets désastreux de la torture généralisée. Cela personne ne l'ignore. De quelque coté que nous approchions notre victoire sur le colonialisme, c'est notre défaite que nous rencontrons. Je n'ai pas été moi-même victime de sévices. Mes camarades qui étaient détenus de l'autre coté du pavillon ou j'étais séquestré pendant cinq mois ont par contre vécu des cauchemars hallucinants. Chaque jour, une humanité passait à la baignoire et à l’éléctricité. Des garçons et des filles de quatorze à seize ans ne sont pas épargnés. La faim, la soif, les humiliations. Il m'est arrivé d'entrevoir des prisonniers ( car les inspecteurs s'arrangeaient pour que je ne rencontre personne au moment de ma toilette ): de véritables rescapés des camps de Dachau, squelettiques, hagards et terrorisés. D'ailleurs, certains de mes camarades ici présents ont été obligés de boire leur urine de fièvre et de soif. C'est le Zéro moins l'infini, le néo-fascisme de la pire espèce. Ces policiers ont les mœurs et les pratiques de la pègre. Leurs locaux sont des refuges des jeux interdits, des orgies. Les inspecteurs se disputent à propos du partage des butins, produits des perquisitions et des saisies arbitraires. Mes camarades m'ont stupéfait par certaines révélations. Certains inspecteurs que je croyais honnêtes et qui m'ont juré n'avoir jamais levé la main sur des détenus ont été les plus inhumains et les plus sales. Ce sont des tortionnaires et qui en plus ranconnent aussi bien les détenus que la famille. A Tizi-Ouzou, le Commissaire Ben Said s'est rendu célèbre par le supplice de la bouteille. La corruption aussi est en voie de devenir une institution. Il faut " graisser les pattes " des fonctionnaires de l'administration ou du Parti pour assurer la sécurité de sa personne, de ses biens ou de son emploi. Le nombre impressionnant de comités de gestion arrêtés pour détournement de fonds, l'ampleur de la répression pour des faits concussions et de malversation témoignent de la gravité du mal. L'exemple est du reste donné par le sommet. Que sont devenus les cent milliards versés au secteur socialiste ? Il n'y a jamais eu de vérification des comptes ou de contrôle. Pourtant la constitution a prévu la Cour des Comptes. On préfère créer des Cours Criminelles. Quand aux crimes économiques, le socialisme les encourage et leurs auteurs reçoivent des promotions. Voilà… ou la bureaucratie sectariste et opportuniste a conduit le pays. Les observateurs étrangers pourraient s'en étonner. La corruption, la délation et le piston sont des maladies de la vieillesse alors que notre régime est si jeune. Ils ignorent que cette bureaucratie est vieille de toutes les vieilleries dont la création du FLN a cru débarrasser le pays. On nous dira: des efforts dont déployés chaque jour pour éliminer la bureaucratie. L’épuration se poursuit. Il y a le Congrés des travailleurs de la terre, il y a le Congrès de l'UGTA. La question se pose de savoir qui épure ? C'est une secte bureaucratique et qui utilise des méthodes bureaucratiques et sectaires. Le cercle vicieux des règlements de compte et des boucs émissaires se poursuit. Chaque épuration au lieu d'amorcer un redressement ajoute son cortège d'injustice, de rancœurs. Elle renforce les sentiments d’insécurité, d’instabilité et engendre par contre-coup chez les autres fonctionnaires ou cadres du régime des doses d'opportunisme et de docilité plus grandes. Quand aux Congrés dont se glorifie le régime, ils sont venus à contretemps et trop tard, comme des wagons repeints pour la galerie, que l'on accroche à une locomotive essoufflée. Que de négations, ce sont par exemple les décisions autoritaires qui ont eu pour effet de diviser et de désorganiser les avant-gardes depuis l’avènement du groupe de Tlemcen. Elles ont imposé un ordre, une bureaucratie et une morale de clan qui tourne dos aux aspirations, aux intérêts et aux valeurs de la révolution algérienne. Les affirmations ce sont les fuites en avant, les mesures fragmentaires de démocratisation qui ont pour but de donner le change aux avant-gardes révolutionnaires afin d’éviter leur regroupement, elles ne remettent en cause ni le cadre général, ni la morale de clan, ni l’existence de cette bureaucratie parasitaire et sectariste. L'identification de l'ordre bureaucratique au pouvoir des masses laborieuses est une usurpation. L'ordre révolutionnaire repose sur des fictions qui postulent le transfert de souveraineté des masses déshéritées au système actuel. La vérité est qu'il y a eu bel et bien détournement du pouvoir au profit d'une classe bureaucratique. Le césarien engendré ne sert ni les intérêts immédiats, ni les intérêts lointains du peuple algérien. Il a donné naissance à une bureaucratie d'un genre nouveau, du point de vue de la typologie, mais archaïque en égard à son niveau moral, idéologique et technique. Que le socialisme officiel se débattre entre la voie autoritaire (capitalisme d'Etat ) et la voie libertaire ( auto-gestion ) ne prouve pas qu'il ait au sein du régime affrontement entre deux tendances cohérentes qui se disputent le pouvoir. Cela confirme au contraire: - Premièrement, la poussée populaire qui se fait de plus en plus exigeante. Les masses paysannes broyées par la guerre, de même que le prolétariat ne se reconnaissant ni dans les appareils gouvernementaux, ni dans le parti. Les rapports de violence et d'usurpation entre le pouvoir et le peuple sont parvenus à un tel degré que là ou il n'y a pas résistance armée en raison du découragement, de la domestication et de la désorganisation des cadres moyens, il y a pourrissement de l'esprit civique, dépolitisation et démobilisation des masses. - Deuxièmement, la gravité des contradictions sectaristes qui secouent les appareils bureaucratiques. Loin de briser le cycle classique, ces contradictions abondonnées à elles-mêmes ne feraient que le boucler. Les professions de foi de socialistes ne doivent plus faire illusion, pas plus que les rassemblements "spontanés", de cette spontanéité empruntée aux techniques scéniques du 13 Mai. Le programme de Tripoli n’était qu'un instrument de la prise de pouvoir par un large éventail de sectes bureaucratiques qui ont comploté contre le pouvoir du peuple et au nom des idéaux qui sont chers à ce peuple. Elles ont préfèré prendre le pouvoir à l’échelon du Bureau Politique, l'organisme suprême du FLN afin de paralyser la dialectique révolutionnaire dans la structuration du Parti, et par voie de conséquence dans l’édification de l'Etat. L'usage d'une terminologie d'avant-garde comme celle de la Charte d'Alger n'est rien d'autre que l'appropriation des mots d'ordres populaire par cette bureaucratie. Il témoigne de l'attachement du peuple algérien au socialisme en dépit du discrédit dans lequel le socialisme a été sciemment traîné. Comment sortir du cercle vicieux à l’intérieur duquel les sectes bureaucratiques se livrent une lutte surnoise au nom des intérêts et des aspirations populaires ? Dans son réquisitoire "historique" le professeur Djender a voulu démontrer que l’Algérie de clans est l'aboutissement du jeu des forces économiques et sociales. C'est ce qui ressort de son analyse archéo-marxiste. Décidément, les éléments de l'ancien Parti Communiste Algérien ne se sont pas renouvelés. Ainsi, d’après leur matérialisme mécaniciste, l’Algérie subit une fatalité inexorable. Que nous soyons dans ce box, et que Djender requiert contre nous est la manifestation d'une nécessité historique implacable. Veut-il prouver par la qu'il est irresponsable par faute de l'Histoire et non par sa faute, et qu'il est " le jouet de la fatalité " comme dans le film ou Fernandel ne trouvait même pas une place parmi les inadaptés sociaux et que dialectiquement il ne peut être qu'une vision difforme de Vichinsky ? Mais alors, Monsieur Djender aurait du être non pas moins sévère à l’égard de mes camarades Madjid et Rachid qu'il a arrachés à l’hôpital malgré leur extrême faiblesse causée par deux semaines de tortures physiques et cinq mois de tortures morales et en dépit de la révolte des médecins. Et bien, Messieurs, cette fatalité des clans, les hommes l'ont brisée il y a près de vingt ans au Congré du PPA (février 47) et il y a eu une décade: le 1er novembre 1954, au moment ou la base économique était plus féodale et ou par conséquent, les lois historiques condamnaient plus irrémédiablement encore notre pays à la division. L'infrastructure était tellement arriérée que Djender ne voulait pas daigner faire au peuple algérien l'honneur d’être parmi son avant-garde. Personne ne peut oublier le désespoir du peuple à la veille du 1er novembre 1954, le désarroi des militants. Les partis réduits à des querelles entre leaders, les congrès, les excommunications; lumpen-prolétariat d'Alger, futur client de Massu et de Godard, faisait un usage " voyoucratique " de surenchères verbales en insultes et bagarres. Et le colonialisme triomphait et " Alger Républicain " faisait éloge de stalinisme. Le FLN est né contre la fatalité dans un pari de confiance de peuple. Ceux qui, comme Djender se sont tardivement et accidentellement ralliés au FLN du temps de la guerre, ne pouvaient comprendre ce nouveau déterminisme historique qu'est la volonté d'un peuple. Si le peuple algérien avait écouté les archéo-marxistes, la seule possibilité objective de l’Algérie d'avant 1954 était de se soumettre au jeu stérile des querelles sectaires et d'attendre que le PCF donne à la fatalité de l’indépendance un visa d’entrée chez nous par l'entremise du PCA. L'infrastructure de la Révolution Algérienne n’était pas constituée par la base matérielle au sens économico-social mais par le peuple algérien avec ses aspirations culturelles, économiques et sociales plus que séculaires et avec son expérience de lutte anti-colonialiste. Le FLN dont je m'honore être l'un des créateurs a su exploiter les seules possibilités objectives de l’Algérie en libérant les forces profondes de la Nation Algérienne. La volonté des peuples africains, asiatiques et latino-américains est en train de bousculer les cadres théoriques, les tabous idéologiques et les postulats historiques pour hâter la libération politique et économique des pays encore dépendants ainsi que l’avènement d'une démocratie socialiste universelle. La volonté des peuples, voilà le moteur de l'histoire. Djender condamne le peuple algérien à la misère et à l'anarchie et pour longtemps car rien n'indique que cette base objective se transformera " à pas de géants " comme clame "Alger-Républicain ". La situation économique et sociale se dégrade à une allure affolante, campagne de dépeuplement à cause de la répression collective et du chômage. L'incertitude politique décourage la petite épargne aussi bien que le capital étranger qui doit être investi au mieux des intérêts du peuple et de la croissance économique. Le secteur dit "socialiste " est dans l'impasse. L’insécurité de l'emploi sur les terres, dans les ateliers ou aux bureaux, accroît bien sur la docilité mais aussi la déchéance morale, les larcins, les vols et les détournements. Jadis, le proverbe rural disait pour symboliser le laisser-aller: " Mon âme est à Dieu, mon cheval à l'Etat ". Aujourd'hui, les paysans qui ont le privilège de travailler sur la terre en auto-gestion disent: "Mon âme est au diable et je me moque de la terre parce qu'elle est à l'Etat ". Damnés pour damnés, puisque les comités de gestion et les présidents sont imposés aux travailleurs, puisque tous les dirigeants trichent que le rendement et l’honnêteté ne paient pas et que seul " le fourbi" paie, alors tant pis faisons comme tous le monde. La vérité est que Djender fait une analyse sectaire destinée a dégager des conclusions sectaires qui n'ont rien de commun avec les intérêts du peuple algérien. Les attardés du PCA ne peuvent fonder leurs espoirs sur la confiance aux masses opprimées. Ils fondent leurs espoirs sur le pourrissement à long terme, sur la faillite de tous les cadres populaires, sur la division des avant-gardes. Le procureur n'a pas hésité à me dire cyniquement " le socialisme ne se construira qu’après la mort du dernier résistant" cela explique la haine avec laquelle il s'associe aux tortionnaires et aux agents de la répression militaire, policière et économique. Alors, Messieurs, ne resterait-il aucune autre perspective pour notre pays que des aventures militaristes ? Nul doute que les Algériens, excédés par le désordre et l’instabilité appelleraient de leurs vœux les plus profonds un ordre nouveau, quel qu'il soit, pourvu qu'il soit cohérent et libère les citoyens de la bureaucratie parasitaire. De l'anarchie à la dictature, c'est également l'un des langages connus de la Dialectique Historique. Mais l’armée aussi est divisée. Les complots surnois de division ont atteint l'ANP à tous les niveaux. Les mutations et les promotions d'officiers, le noyautage des unités, minent chaque jour davantage la cohésion de l'ANP. Par conséquent, un coup d'Etat militaire brisera sans doute le cycle infernal des sous-partis parasitaires mais il ouvrira un cycle infernal d'un genre nouveau, du genre syrien ou latino-américain, le cycle des clans militaires et des pronunciamientos. Comment sortir de l'impasse ? Il faut recourir au peuple comme au 1er novembre 1954. Docteurs ex-marxisme, cessez d'inventer des microbes pour cacher la véritable maladie. Pour guérir un cas pathologique, il faut faire disparaître les causes pathogènes. Même maux, même remèdes. La situation actuelle est la projection de la situation qui a précèdé le 1er novembre, en plus grave. Comme au 1er novembre 1954, il faut faire appel au peuple. Ce peuple est écarté du pouvoir. Il est terrorisé là ou comme en Kabylie, il subit la plus terrible des répressions. Quand on sait que la conscience nationale et la conscience révolutionnaire ont été profondément conditionnées par la lutte contre les oligarchies de toutes sortes, financieres, administratives, féodale, contre les illégalités coloniales fondées sur la terreur policière, contre tout " statut octroie", on comprend que le peuple algérien, après sept ans de guerre aspire à disposer librement de son destin, de ses terres et de ses richesses. Il veut choisir ses dirigeants puisqu'il n'y en a jamais eu en Algérie. Le recours au peuple doit transcender les petits calculs tactiques. Il doit exprimer un tournant décisif. Nous pensons qu'il peut s'effectuer en permettant au FFS ( Front des Forces Socialistes ), à l'opposition en général, d'avoir une activité légale et publique, de s'organiser librement, d'avoir sa presse et ses publications et de tenir à grand jour son congrés constitutif. Alors, un dialogue pourra s'instaurer, non pas entre deux leaders ou deux équipes et en catimini, mais entre deux mouvements, deux thèses avec leurs conceptions du socialisme et du pouvoir politique. Le dialogue se déroulera au grand jour à l’échelon de l'opinion publique toute entière. Cela suppose que l'on renonce au Parti Unique. Le Parti Unique n'est pas une fin en soi. La dualité des partis n'est pas une fin en soi non plus. Ce ne sont que des instruments, des moyens, la fin c'est le bonheur de notre peuple qui a tant souffert de l'humiliation et des injustices sociales. Faut-il sacrifier le peuple au Parti Unique, alors même que l’unicité est une fiction, cachant la grande réalité des multiples sous-partis ? Le passage du système du Parti Unique à un régime bi-partisan est une mutation historiquement indispensable. Elle lèvera l’hypothèque des sectes qui exploitent dans l'ombre tous les phénomènes de répression, népotisme, régionalisme, autoritarisme, pouvoir personnel. Elle seule peut permettre au socialisme de sortir de l’ornière bureaucratique pour reprendre sa source dans la conscience populaire. S'attacher à un système qui a fait faillite, c'est accepter que " pourisse l’Algérie, plutôt que périsse le Parti Unique". Tout concept qui pousse au divorce avec les masses populaires devient un élément d'exploitation de celles-ci. La théorie doit être un facteur de progrès et non un simple décor sémantique qui s'enrichit en principes et slogans au fur et a mesure que la réalité s'appauvrit en valeurs culturelles, politiques et sociales. Face aux réalités sociales qui sont des réalités humaines, la théorie doit être disponibilite dans la réinterprétation des idées et des concepts. Le programme de Tripoli constituait un effort d’interprétation, mais sa valeur devait se vérifier dans l'application, car la gigantesque lutte du peuple algérien débordait n'importe quel système d’interprétation qu'on peut lui appliquer. C'est ainsi que l’unicité du Parti du FLN ne pouvait être viable que si dans la pratique le FLN réussissait à rassembler par une structuration non classique les avant-gardes dispersées par la guerre. Or, la crise de juillet 1962 assurera le divorce entre la théorie et la réalité. Quant à la Charte d'Alger, elle n'a fait qu'alourdir de fictions et d'alibis l’écran qui sépare le verbe et le réel, le Parti Unique et le peuple. Certaines interprétations mélodramatiques de la révolution vont jusqu’à attribuer celle-ci à des complots ourdis à Alger ou au Caire, alors que les masses paysannes étaient le moteur. Il s'agit aujourd'hui à nouveau de libérer ces forces profondes et de rétablir ce phénomène premier qui a conduit l’Algérie à l’indépendance. Le système bi-partisan répond aux réalités actuelles telles qu'elles nous sont léguées par une suite ininterrompue de crise. Il permettra d’opérer un clivage entre les hommes et la décantation dans les idées. Il remobilisera le peuple dans ses profondeurs. Aussi bien, il importe que la réussite de cette politique de réconciliation des avant-gardes et la relance du socialisme qu'elle se déroule dans une ambiance de liberté, dans un climat de confiance. Le dialogue ne peut se poursuivre sous la menace d'une répression. Les garanties doivent être données et pour les plus importantes elles peuvent être données unilatéralement par le pouvoir. Il suffit que le peuple apprenne le retrait de l’armée de la Kabylie, que les tortionnaires archi-connus soient sanctionnés que des postes d’autorité soient confiés à des militants honnêtes et compétents. La chasse au soutien populaire n'est jamais plus vaine que lorsque le chasseur doit la faire au jour le jour par le mensonge et avec l'aide des chiens policiers. Le système bi-partisan préparera la voie de la démocratie révolutionnaire. La démocratie révolutionnaire c'est le libre-choix par les travailleurs de leurs syndicalistes et des comités de gestion. C'est le libre-choix par les militants de leurs responsables à tous les échelons. La démocratie révolutionnaire c'est la démocratie décentralisatrice dans les institutions étatiques et d'abord la gestion des affaires publiques par les communes. Ce sont des élections libres au niveau des communes, des cantons et des législatives. C'est la gestion de la terre par les paysans les plus éprouvés par la guerre. Ainsi, l’Algérie donnera aux pays qui cherchent une voie non-autoritaire de développement socialiste un exemple de confiance envers leurs peuples et leurs militants. Sans doute, la dialectique historique, comme théorie, perdra-t-elle des postulats que les réalités humaines s’entêtent à ne pas vérifier, mais la dialectique historique en tant que mouvement historique de l’espèce humaine vers la Démocratie Socialiste Universelle y gagnera.

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 15:56

index.jpgMessage de Hocine Aït Ahmed au Conseil national du FFS
Alger, le 2 mars 2012

« Les guerres peuvent être menées avec des armes mais elles sont gagnées par des hommes. C’est l’esprit des hommes, de ceux qui suivent et celui de ceux qui précédent, qui remporte la victoire. » Georges S. Patton.

Chers amis, Salam Alaykoum,
Mon opinion concernant cette élection est faite depuis un certain temps. J’ai pourtant tenu à prendre la température au sein du parti et à m’imprégner des délibérations des militants avant de me prononcer.
Je tiens d’abord à rendre un hommage particulier aux militants de base dont l’engagement sans failles s’accomplit depuis des années dans la plus rude des conjonctures politiques.
Je tiens également à remercier la direction – non moins militante- du parti pour les efforts consentis sur le chemin de la reconstruction –sans cesse recommencée- du lien politique à l’intérieur de l’appareil du parti, au sein du parti, avec nos partenaires dans la société et avec la population.
J’ai suivi et lu attentivement vos débats, vos remarques, vos inquiétudes et vos attentes. Je m’en suis trouvé conforté dans mes convictions et dans ma décision.
Depuis un an, depuis l’éclosion des révoltes populaires dans le monde arabe, on ne cesse de nous poser la question : Pourquoi l’Algérie ne fait pas comme les autres pays de la région ?
Notre réponse a toujours été très claire : Il existe une voie algérienne vers la libération de la dictature comme il a existé une voie algérienne pour la libération du colonialisme.
Et si la voie pacifique a échoué à libérer l’Algérie de la colonisation française pour laisser la place à la lutte armée, la voie de la violence a échoué à libérer l’Algérie de la dictature, du sous-développement et des menaces extérieures et doit laisser place à la lutte politique au sens le plus sérieux du terme.
C’est d’abord la voie de la violence du régime qui a échoué. La violence de la prise du pouvoir par la force. La violence de la répression des libertés, la violence de la dépossession du peuple algérien de son droit à l’auto-organisation, la violence de l’exclusion politique et donc économique et culturelle.
Puis est venue la violence de la sale guerre avec son lot de haines, de brutalités inouïes, de révisionnismes intolérables qui ont réhabilité les conduites méprisantes et les discours néo-colonialistes les plus scandaleux.
Derrière la guerre au terrorisme et derrière l’alibi du néo-libéralisme économique, le pays a été renvoyé plusieurs siècles en arrière. Et je n’exagère rien.
Les dernières intempéries sont venues démontrer à quel point déposséder une population du droit à s’organiser autour de ses propres conditions de vie et de travail conduit à la catastrophe.
Et si les classements déshonorants de notre pays dans tous les domaines par les institutions internationales laissent nos dirigeants de marbre, ils sont douloureusement ressentis par notre peuple et nos cadres qui à chaque fois que l’occasion leur en a été donnée ont su montrer de quel génie nous sommes capables.
Oui, les intempéries ont mis à nu une rhétorique creuse et des chiffres ronflants de dépenses destinées à finir dans les poches de la corruption qui gangrène le pays.
Ce n’est pas seulement le pouvoir central qui se désintéresse de ce qui se passe dans les régions, c’est le pouvoir local lui-même qui se retrouve totalement démuni par ce que tout a été fait pour le réduire d’abord en contrôle (et donc en soutien) populaire ensuite en moyens et en prérogatives.
Il y a des régions d’Algérie qui sont aujourd’hui passées sous le contrôle quasi-total des mafias, des régions où la notion d’état n’existe presque plus. Des potentats locaux et des seigneurs de guerre font régner leur propre loi en s’appuyant sur leurs hommes de mains. Certains rêvent peut-être de cela en Kabylie.
Certains voient dans cette déliquescence la forme idéale d’autonomie pour nos sociétés en sous-développement accéléré. La voie de l’écrasement de l’encadrement politique de la population sous la puissance de l’argent sale, de la violence et de la manipulation des foules.
L’autre voie violente qui a échoué et a activement participé à la régression du pays est celle de l’intégrisme.
L’intégrisme islamiste et l’intégrisme anti-islamiste ont combattu le pluralisme irréductible de notre société. Ils ont – tous deux – contribué à aggraver les dégâts préalablement occasionnés par l’autoritarisme et l’intolérance du parti unique. Les deux ont également servi de base de manipulation des passions et des personnes par la police politique du régime.
Et c’est une violence supplémentaire que de réduire l’importance de toutes ces violences cumulées dans l’état de délabrement actuel du pays.
Demander aux algériens d’aller voter pour sauver le pays des périls sans rien changer de sa démarche est une des inconséquences habituelles de ce pouvoir. Car, avant toute autre, c’est sa démarche qui est en cause.
On vient nous dire aujourd’hui que le pays est en danger, qu’il traverse un moment « sensible » et autres discours qu’aucune vision politique ne porte et que n’incarne aucun programme sérieux de sortie de crise. On ne nous apprend rien.
Cela fait des décennies que nous vous disons que votre démarche conduit le pays à sa perte !
Et vous venez maintenant nous dire que le pays est en danger ! Tout en persistant dans votre vision biaisée et unilatérale et en manoeuvrant en sous-main vos réseaux pour qu’ils entravent notre travail de construction politique et pacifique de notre société !
Notre démarche, depuis le congrès de la Soummam, se distingue de la votre par l’option stratégique de la primauté que nous accordons à la construction du politique.
La primauté du politique parce qu’elle signifie l’engagement conscient et actif du peuple. Parce qu’elle signifie l’organisation de la société autour de la défense de ses intérêts. La primauté du politique parce qu’elle signifie la concertation la plus large possible, et le rassemblement conscient des volontés non l’abdication ou l’exacerbation des passions.
La primauté du politique parce qu’elle exclue le recours à la violence entre algériens dans la conduite de leurs affaires et dans la gestion de leurs différends. La primauté du politique parce qu’elle met en présence des citoyens égaux en droits et en devoirs et non des maitres et des esclaves.
La primauté du politique parce qu’elle se construit sur des pouvoirs et des contre-pouvoirs. Et par ce qu’elle organise les rapports entre les deux.
La primauté du politique enfin parce que les partis et les militants qui se distinguent par une ligne politique véritable savent détecter la vérité du mensonge et peuvent apprendre de leurs propres faiblesses les moyens de reconstruire leurs forces.
C’est à cause de cette primauté que nous accordons au politique que le sens de notre action s’est toujours distingué de celle du régime.
Notre conception de la démocratie n’est pas la même que la leur : Nous la concevons comme une organisation légale des droits et libertés de notre peuple portée et défendue par des institutions ancrées dans la société et qui incarnent des pouvoirs et des contre-pouvoirs clairement définis.
Notre conception de la participation électorale n’est pas la même que la leur : Nous nous investissons dans la mobilisation des citoyens en vue d’une finalité politique collective alors qu’ils s’investissent dans la promotion des clientèles en vue d’un intérêt privé.
Notre conception du contrat politique n’est pas la même que la leur. Nous avons débattu avec des partenaires politiques à Rome en 1995 et nous avons publiquement proposé au pouvoir une plate-forme de sortie de crise en 14 points. En toute transparence. Pour la gestion des différends au sein de la société et entre la société et le pouvoir.
Ils ont été discuté dans des maquis, ou ailleurs, et nous ont insinué, par des fuites organisées dans la presse, qu’ils avaient conclu un accord avec des groupes armés. Un accord dont personne ne sait toujours rien !
Notre réconciliation n’est pas la même que la leur. Ils l’ont décrétée au travers d’une charte qui interdit aux algériens de porter devant la justice des crimes qui relèvent de cette sombre page de notre histoire. Au mépris de toutes les souffrances occasionnées à ce peuple. Au mépris de toutes ces victimes, les morts, les disparus, les blessés, les traumatisés, les exilés, les déplacés… Ils ont interdit aux algériens de faire face à ce qui leur a été imposé et de s’en saisir pacifiquement en s’appuyant sur leur sens moral pour dépasser ce sombre épisode.
Nous avons toujours défendu le principe d’une réconciliation qui s’appuie sur la vérité et la justice comme préalable et comme garantie contre l’impunité autant que contre les ingérences.
La liste est longue qui illustre la permanence de nos positions respectives. Celle du pouvoir basée sur la manœuvre à courte vue et la notre basée sur la conviction que seule la mobilisation politique et pacifique de notre peuple peut mettre le développement, la justice et la démocratie à portée de notre société et notre pays à l’abri des ingérences extérieures.
Pour toutes ces raisons notre cheminement va continuer à diverger avec celui du pouvoir dans ses deux déclinaisons : celle qui s’exprime à l’intérieur du cadre institutionnel et celle qui attaque ce cadre sitôt qu’elle en est exclue.

Chers amis,
Je considère que la participation à ces élections est une nécessité tactique pour le FFS qui s’inscrit en droite ligne de notre stratégie de construction pacifique de l’alternative démocratique à ce régime despotique, destructeur et corrompu.
Je sais, nombre d’entre vous craignent la puissante attractivité de la mangeoire du régime.
Ceux-là, je les comprends, je partage leur souci et je les rassure : nous pouvons, nous devons et nous allons, nous donner les moyens du contrôle de notre participation. Cette participation a tiré les enseignements de nos lacunes de 1997 et nous allons tout mettre en œuvre pour les combler.
D’abord par ce que notre but ne réside pas dans un quota de sièges à atteindre. Notre but est dans la remobilisation politique et pacifique de notre parti et de notre peuple. C’est là l’essentiel de notre décision. Remettre du mouvement dans le Statu quo.
Le pouvoir a conduit le pays dans une impasse. Une triple impasse : celle du pouvoir, celle du pays et celle de la Kabylie.
Le démantèlement du politique partout dans le pays a particulièrement ciblé la Kabylie par ce qu’elle a pendant des décennies constitué le réservoir de mobilisation démocratique et de contestation politique du pays.
Ces vingt dernières années ont constitué une régression phénoménale dans tous les domaines à l’échelle nationale. Le renforcement du régime s’est fait dans le sillage du démantèlement de structures de l’état partout à travers le pays. En Kabylie, c’est également au démantèlement d’une organisation et d’un engagement politique de la population qu’il a été procédé. Car ces derniers s’étaient maintenus dans la région contre vents et marées. Je vous ai longuement décrit ce processus machiavélique dans ma note sur les arouchs.

Chers amis,
Aujourd’hui, plus que jamais, c’est sur chaque militant et chaque militante que nous devons nous appuyer pour gagner la bataille de la remobilisation politique.
C’est en toute sérénité que le parti doit aborder cette étape de son parcours, et dans le respect de tous ceux qui, hors du parti, défendront de manière respectable d’autres visions que la notre, mais il est exclu que quiconque nous donne des leçons en politique, en démocratie, en militantisme, en patriotisme ou en Takbaylit.
Nous n’avons aucune leçon à recevoir ni de ceux qui veulent nous apprendre comment défendre notre parcours- qu’ils n’ont pas- ni de ceux pour qui l’engagement ne fût qu’une alternance de trahisons. Trahir une cause puis une autre avec l’irresponsabilité politique, l’outrance verbale et le mensonge comme seules constantes.
Nous avons appris, dans la pratique des êtres, à identifier et choisir ceux qui nous agréent comme camarades, comme frères et comme amis et ceux qui ne nous agréent à aucun de ces titres mais que nous supportons car ils sont, malgré tout, des compatriotes.

Chers amis,
Une fois la décision du conseil national prise et rendue publique nous allons nous concerter et dégager ensemble la stratégie et les moyens à mettre en œuvre pour les étapes suivantes.
Je vous transmets mes salutations militantes.

Hocine Aït Ahmed

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 18:51

images2.jpg"Allah est grand ! Le Pétrole est plus grand! ". Ecrit par un musulman croyant, ce livre, paru après la Première Guerre mondiale a marqué la réflexion de nombreux militants de la décolonisation. Titre provocateur ! mais c'est une leçon de choses sur la logique coloniale et les rivalités impériales russo-britanniques notamment illustrées par la ruée vers l'or noir, elle s'attachait surtout à souligner "la faillite morale de l'Occident " (1) qui avait introduit le règne de la force brutale dans les relations internationales et qui fondait sa prospérité sur la domination et les tentatives d'asphyxie des civilisations islamiques.

Plus que les défaites à Poitier, à Vienne, les croisades succédant où précédant les guerres saintes, ce sont les premières décades du XXe siècle qui marqueront le regard de l'Islam sur l'Occident et qui scelleront l'âge d'une décadence qui se poursuit depuis six siècles.

Guillaume II se proclamant protecteur des musulmans de Chine en 1908, Mussoline jouant entre les deux guerres au tuteur de l'Islam en Afrique, Staline allant à sa manière spiritualiser l'annexion des nations musulmanes transcaucasiennes par les tsars de Russie en postulant que cette annexion a objectivement élargi la patrie du socialisme.

Ces épisodes ont marqué profondément l'opinion islamique, il n'est pas étonnant que le rejet de toute forme d'inféodation et de tutelle étrangères y ait prédominé tout au long de la décolonisation dont la religion musulmane fut ferment mobilisateur.

Le souffle de Bandung a exprimé cette volonté des peuples de sauvegarder leur indépendance politique coûte que coûte contre les rêves hégémoniques des grandes puissances.

Sept cent millions de musulmans

Qu'en est-il de cette aspiration profonde des peuples ? Quels rôle occupe l'islam dans l'échiquier international ?

Il y a en effet sept cent millions de musulmans dans le monde, un homme sur six dans un vaste ensemble qui, du Maroc à l'Indonésie, dessine un arc d'une importance géostratégique capital, et qui, de plus, recèle plus de la moitié des réserves d'or noir. Les cinq plus grands exportateurs de pétrole sont en effet musulman, l'OPEP est en majorité islamique, à l'exception du Gabon, du Venezuela, de l'Equateur et du Nigéria ( cette dernière à prédominance islamique ).

Paradoxalement, ce ne sont pas ces formidables atouts qui font croire à une force cohérente et déterminante du monde musulman, c'est l'actualité quotidienne.

Les événements du Sahara occidental, de Gasfa en Tunisie, du Moyen-Orient, de l'occupation de la Grande Mosquée, à la Mecque, d'Iran, d'Afhganistan, etc. Crises intérieures, s'entremêlant à des conflits interétatiques manipulés par les grandes puissances. La conférence d'Islamabab, qui a réuni quarante-deux états musulmans a certainement fait illusion. Chacun sait que la condamnation de l'intervention soviétique en Afhganistan ne s'inscrit pas dans le cadre d'une stratégie de non-alignement. Les gouvernements s'y sont mis d'accord pour ne pas être d'accord en réalité, car après les embrassades officielles, chacun vaguera plus ou moins subtilement au soin de mettre son pays sous orbite.

Car, que reste-t-il des idéaux de libération animés par l'Islam ? Aucun pays musulman ne vit en démocratie, aucun musulman n'est à l'abri du terrorisme ou de l'arbitraire policier ! Les fléaux de la faim, de la maladie et du déracinement culturel continuent de faire des ravages dans l'humanité islamique, qui avaient pu être juguler grâce aux richesses pétrolières avec un degré minimal de conscience de solidarité et de capacité de gestion.

L'absolutisation du pouvoir politique a transformé les potentialités en catastrophe. Le pétrole a détruit l'agriculture au profit du béton et construit des machines de guerre contre les peuples.

Le parti est plus grand

" Dieu est grand, le parti est plus grand ", serait-on tenté d'écrire aujourd'hui quand on sait que les partis uniques de droite ou de gauche ont bloqué la dialectique populaire de l'Islam dans l'intégrisme de droite et de gauche. Deux concepts fictifs dont le résultat pratique évident est l'installation du colonialisme intérieur au bénéfice de catégories féodales soutenues par des puissances hégémoniques.

L'Iran peut-il échapper à cette dialectique ? Oui ! si les masses populaire dans leurs différences culturelles s'engagent sur la voie de l'intégrisme des droits de l'homme.

C'est la seule voie ( il n'y en a pas de troisième ) qui sont conforme au "totalisme"  libérateur de l'islam, hostile à la dissolution des droits civils politiques, économiques et culturel, la seule voie susceptible de contribuer à la construction d'une alternative mondiale, aux totalitarismes à la guerre civile généralisée et à l'anéantissement nucléaire.

 Hocine Ait-Ahmed
24H, le 22/02/1980

(1) Autre livre de la même époque écrit par un autre intellectuel musulman.

 

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 10:24

Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,

Je dois d'abord m'associer au vibrant hommage qui a été rendu à toutes celles et à tous ceux qui ont rendu possible la tenue de ces assises. Par-delà les différences de cultures, de races et de religions, le droit d'asile s'est imposé comme valeur éthique et sociale fondamentale aux mœurs ainsi qu'à la cité. Temples païens, synagogues, églises, mosquées, mausolées ont été des refuges pour toutes sortes de personnes traquées, de proscrits.

Qu'à la fin du XXe siècle se pose avec acuité la question de la protection du droit d'asile en tant que simple norme humanitaire  alors que devrait se poser quelques décennies après la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme le problème de la promotion juridique, économique et sociale en tant que droit de l'homme, nous confronte en réalité avec le problème de société beaucoup plus profond, un problème de civilisation plus grave, un problème politique énorme.

Les peuples du Tiers Monde, qui forment environ trois cinquième de la population mondiale sont dans leur majorité forcé à subir l'exil intérieur, résultat de l'absence de démocratie ou bien choisir l'exil vers l'étranger. Ces phénomène de violences historiques l'Europe les a connus avec le déferlement des régimes totalitaires et la généralisation des conflits dont ils étaient porteurs. Longtemps après la guerre, l'Europe a pu résoudre ses problèmes de réfugiés avec l'aide de la communauté internationale.

Ce n'est pas un hasard si l'expression "démocratie ", "démocratique" apparaissent dans la Convention européenne des droits de l'homme de 1950 et de la Charte sociale. Ces termes ne figurent pas dans la Charte des Nations Unies ni dans la Déclaration universelle des droits de l'homme bien que celle-ci ait esquissé une éthique des droits de l'homme en proclamant que la paix ne peut être assurée entre les états que par le respect et la promotion des droits de l'homme. C'est ce qui fait dire que les pays signataires de la Charte et de la Déclaration universelle ne purent se mettre d'accord que lorsqu'ils cessèrent de se poser la question du pourquoi, le principe démocratique faisait sans doute partie de ce pourquoi.

En Europe occidentale, les peuples et les individus qui pouvaient et voulaient tirer les leçons de la montée et des conséquences du fascisme avaient charnellement compris que l'alternative démocratique est le seule alternative au régime totalitaire. Ils ne voulaient plus être égaux devant la mort mais devant la vie, ils exigeaient que leur gouvernement soit soumis au respect des droits de l'homme sous contrôle des institutions européennes et d'une presse libre. D'où ce consensus social fondé sur la démocratie, sur le pluralisme des idées, des partis, des associations syndicales et des choix électoraux.

Camus disait: "La revendication de la justice aboutit à l'injustice si elle n'est pas fondée sur une éthique de justice". Une éthique européenne des droits de l'homme faisait à grands pas son chemin. C'était, c'est l’éthique de la démocratie pluraliste, cette percée révolutionnaire au sens qualitatif, elle doit la sauvegarder pour le bonheur de ses peuples et la contribution indispensable qu'elle doit apporter à l'extension de l'humanisme des droits de l'homme à l'humanité toute entière.

L'Europe a une grande responsabilité historique par rapport aux pays sous-développés car premièrement, le phénomène colonial lui a appris, lui a permis d'atteindre un niveau de développement qu'elle a connu avant la deuxième guerre  et qui a facilité son relèvement après la guerre. Deuxièmement, elle dispose d'une expérience et d'une connaissance beaucoup plus sérieuse des problèmes du Tiers Monde, elle n'a pas pu contribué à les créer. Il ne s'agit pas d'ici de culpabiliser qui ce soit, ou d'opérer un transfert de responsabilité. Pour moi, nous sommes responsables de tout ce qui nous arrive. Après tout, l'impérialisme, néo-colonialisme, tout cela à besoin de complicités pour se co-organiser, se co-gérer. Hélas, les réalités sont encore là, en Afrique par exemple, qui fut façonné par le Congès de Berlin. Il y a un siècle presque exactement ( 1885-1985), les puissances européennes se sont partagé à la règle et au compas d'immenses territoires africains déchirant, séparant et mélangeant les ethnies. La déstabilisation génératrice de la dictature et des conflits inter-étatiques est déjà là au rendez-vous des indépendances avec toutes les structures de sous-développement.

 L'Europe ne doit pas se laver les mains et rester indifférente à la multiplication des crises, des dictatures, des famines et guerre. La stratégie du bunker démocratique européen est un leurre et un danger pour les Européens eux-même. L'évolution démocratique de l'Argentine, du Brésil, de l'Uruguay, si fragile qu'elle soit encore, après l'évolution du Mexique et du Venezuela, s'inscrit en faux contre la fatalité-connexion de la militarisation. Ce n'est pas le Paraguay, où  bat le record de longévité, qui le démentira. Il ne tient que par le soutien des multinationales. Il faut admettre que le Tiers Monde traverse la situation la plus dramatique depuis la fin du processus de décolonisation. Pas moins de cent vingt guerre, conflits internes et guerre civiles ont ravagé les pays sous-développés.

Chaque jour nous apporte une ration d'images atroces, famines, massacres, réfugiés, qui confinent au génocide migratoire, Arménie, Afghanistan. Cinquante millions meurent chaque année de carence alimentaire et médicale, 700 millions d'êtres humains sont sous-alimentés, 250 millions se trouvent sans logement dans les zones urbaines, des centaines de millions n'ont pas d'emplois, 550 millions sont analphabètes, 1.200 millions n'ont pas d'accès à l'eau potable et au soins médicaux. Parallèlement, les dépenses d'armement et les armements augmentent au rythme diabolique. La militarisation des états s'étend sans cesse, polarisée et remise sous tutelle par deux super-puissances.

 Les dictatures y sont la règle, la démocratie l'exception au point de se laisser prendre aux apparences et au jeu des bonnes dictatures, celles dont les technique policières et la propagande ne font pas de bavures trop visibles. En dépit de tout, les peuples du Tiers Monde ont tendance à développer des grandes espérances à l'endroit de l'Europe; on trouve chez les peuples qui ont combattu pour la liberté, ou simplement dans les réflexes de survie, les intuitions politiques, stratégiques judicieuses qui manquent à leurs dirigeants. L'alliance Europe-Tiers Monde peut constituer une perspectives de salut pour l'humanité toute entière à condition:

   - Premièrement, l'Europe soit, et c'est l'affaire des Européens et des Européennes de faire en sorte qu'elle fasse preuve de plus de fermeté et d'initiative à l'égard des pays comme la Turquie, membre de la communauté européenne: " dites moi ce que vous faites de la minorité kurde et je vous dirai ce que vous faites de la majorité turque". Il faut arrêter le cycle des répressions et des terrorismes. Pour tarir la source de l'exil extérieur, il faut régler politiquement les problèmes et mettre fin à l'exil intérieur. Le Conseil de l'Europe pourrait reprendre et approfondir les mécanismes de protections des minorités esquissées par la Société des Nations.

   - Deuxièmement, que l'Europe prenne des initiatives cohérentes et conséquentes par rapport aux tenants de l'expansionnisme, de l'apartheid et des dictatures, travaille collectivement à ramener la paix partout où elle est rompue. A titre d'exemple, faire convoquer des séances du Conseil de sécurité, voir la tenue d'assemblée générales extraordinaires de l'ONU, successivement dans les régions chaudes ou avoisinantes afin de dramatiser l'événement, de mobiliser l'opinion, de rechercher et appliquer des solutions sur le terrain. Nous avons intérêt à ce que les organisations internationales soient secouées et sortent de la routine bureaucratique.

-         Trois, à condition que l'Europe cesse de considérer que les droits de l'homme ne sont pas faits pour les nègres d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique latine et les pays sous-développés ne sont pas mûrs pour la démocratie, comme si les dictatures civiles ou militaires avaient jamais donné un exemple, un seul exemple de développement réussi. Le développement politique, l'instauration de la démocratie constituent un préalable au développement. Ils ne sont pas des luxes. L'humanité est une, il ne peut y avoir plusieurs types de justice pour différentes catégories d'hommes.

C'est donc dans la mesure où la communauté européenne sort de ses hésitations et se donne avec une volonté politique les moyens de faire respecter et promouvoir les droits de l'homme dans le monde, qu'elle pourra, en ce qui concerne le droit d'asile, agir d'une part sur l'aspect quantitatif des réfugiés et d'autre part promouvoir un traitement qualitatif du problème de l'asile. La timide ouverture de la Convention européenne en faveur des non-nationaux peut être pour ces assises un point de départ en vue de l'élargissement de la sauvegarde du droit d'asile et sa promotion véritable du Droit de l'Homme. Ainsi, le droit européen des droits de l'homme aura contribué à accélérer l'élaboration du droit international des Droits de l'Homme.

   Je vous remercie

  Hocine Ait-Ahmed
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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 16:07

3881019-5833906.jpgC’est avec une grande émotion que je m’adresse à vous en ce jour si particulier, une émotion provoquée par les souffrances que cet hiver rigoureux a infligé à notre peuple, révélant encore et toujours l’absence de l’état. Désorganisation et irresponsabilité, sont à considérer comme la principale menace contre la sécurité des algériennes et des algériens et de notre pays tout entier.

Nous ne pouvons plus nous contenter de rendre hommage au courage et à l’abnégation des solidarités effectives, qui se sont exprimées de manière spontanée au sein de la population. Ceci est depuis toujours la marque de grandeur du peuple algérien. Un ami de ce peuple, Paolo Lombo, l’ancien représentant des Nations-Unies à Alger, a eu l’occasion d’en témoigner lors du tremblement de terre de 2003 quand il a rendu hommage aux algériennes et aux algériens, à leurs valeurs de solidarité et de fraternité. Il me revient à l’esprit que ce fin observateur extérieur de l’Algérie avait déjà à cette occasion noté que ce qui manquait à notre pays n’était pas une batterie de lois mais un dispositif et une volonté politique qui rendraient possible leur application. Il avait souligné une tare de son système de pouvoir et répondu à un propos raciste de Berlusconi sur l’infériorité de l’Islam sur la civilisation occidentale. Les autorités algériennes ont alors demandé, et obtenu, son départ d’Alger. Elles se sentaient certainement plus proches de Berlusconi que de leur propre peuple, tout comme aujourd’hui elles se sentent plus proches des propos et des manoeuvres  policières racistes d’un Guéant que des mobilisations et des revendications légitimes des algériennes et des algériens.

Mon  émotion est aussi liée à ce moment particulier de la vie de notre parti, un moment à la fois modeste et extraordinaire.

Modeste, d’abord au regard de nos ambitions et de nos potentialités, il n’était pas écrit, si ce n’est dans les recoins obscurs des officines d’ici et d’ailleurs, que les algériennes et les algériens en viendraient un jour à débattre de l’utilité d’une participation électorale quand tant de défis sont encore à relever.

Oui, cette petite salle de cinéma au passé si chargé, aurait pu nous voir discuter des moyens de sortir de la dépendance alimentaire, énergétique, industrielle, culturelle, politique…Nous aurions même, plus modestement, pu être occupés par un débat sur les modes de scrutin ou les prérogatives institutionnelles de telle ou telle assemblée et cela n’aurait pas été déprimant, compte tenu de l’évolution permanente des conditions de l’exercice politique et démocratique à travers le monde et l’histoire.

Mais nous voici, contraints par l’état de délabrement du pays, à discuter de l’opportunité de participer ou non à une consultation électorale. Et une telle discussion se tient dans un contexte de dévoiement des pratiques politiques, électorales ou non électorales, autant que des instruments de contrôle. Nous sommes arrivés à un moment où les consciences elles-mêmes sont soumises à une pression intolérable en vue de leur détournement.

Et c’est là que l’aspect extraordinaire de cet évènement prend sa pleine mesure.

Un homme perché sur le sommet d’une montagne peut se croire plus grand que tous les hommes, mais qu’un séisme vienne à faire trembler cette montagne, et le voici à terre. Mais un homme porté par des idées et des actions discutées et partagées avec d’autres hommes peut construire une maison qui résiste aux séismes. Ce parti et ce pays sont notre maison à bâtir envers et contre tous les séismes.

Cette convention est un aboutissement  comme vous l’a si bien dit Da Ali Laskri. J’aimerais ajouter qu’il s’agît là également d’un commencement. Laissez-moi vous faire un aveu. Les clivages qui traversent le parti ont failli, plus d’une fois, le perdre. Surtout durant les années de braises et de cendres dans lesquelles le pays a été plongé malgré lui. J’assume avoir dû, dans des conditions extrêmement pénibles, prendre des décisions qui ont pu sembler unilatérales. Elles ne l’ont jamais été. Il m’est arrivé de trancher entre des propositions différentes, voire divergentes, mais je n’ai rien ordonné ni engagé selon mon seul entendement, car nul homme sensé ne devrait laisser son jugement tributaire de son seul entendement.

Les conditions de semi-clandestinité (qui sont pires que celles de la clandestinité véritable qui ont une cohérence intrinsèque) nous ont  contraints non seulement à donner un caractère semi-clandestin à nos délibérations, mais ces conditions ont également permis au pouvoir de plaquer sur nos propres divergences les manoeuvres malveillantes de sa police politique. Suscitant et encourageant le travail de sape et de division dans le parti comme dans le pays. Exacerbant la méfiance et cultivant la paranoïa pour mieux casser les liens qui font la force des peuples.

Notez que la même méthode a été utilisée pour nous accuser, tour à tour, de menacer l’unité de l’Algérie, celle du « pôle démocratique » enfin celle de la Kabylie.


A l’unité de la Kabylie nous tenons autant qu’à l’unité de chaque région d’Algérie et de l’Algérie elle-même. Un coup d’œil sur notre histoire, et un regard sur le monde, nous montrera aisément combien l’unité de chacune des parties est tributaire de l’unité du tout, qui les constitue autant qu’elles le constituent.

Quant au « pôle démocratique » il sera peut-être à l’ordre du jour (et peut-être pas), quand la politique reprendra ses droits sur le bricolage inconscient, les mensonges, les manipulations et les enfermements de tous ordres. Car ce sont précisément ces mensonges, ces manipulations, ces enfermements qui menacent la notion d’unité elle-même, à force de l’avoir instrumentalisée contre la diversité et le pluralisme réellement existants au profit d’autres fabriqués de toutes pièces.


Il est bien peu probable que les prochaines élections soient des élections ouvertes. En fait, et sans précautions inutiles, les prochaines élections n’ont aucune chance d’être des élections ouvertes. Nous ne pourrons donc pas assurer que nous allons sanctuariser le pays, veiller à la sécurité nationale et initier le changement démocratique en y participant. Nulle équipe, nulle institution n’est en mesure aujourd’hui d’assurer à l’Algérie une « immunité électorale » contre tous les périls qui la guettent.

Mais, par ailleurs, aucun boycott ne peut assurer qu’il constitue une alternative efficace à la participation. Ce dilemme n’est pas sans rappeler notre fameux «  Ni république intégriste, ni Etat policier » dont tant se sont moqués… avant d’en constater la pertinence.

Je ne vous en dirais pas plus aujourd’hui  sinon que j’attends des débats que vous avez eus lors de ces derniers mois qu’ils éclairent notre démarche autant que notre décision finale. Le troisième élément de l’émotion qui m’étreint en ce moment est, d’une certaine manière, le liant entre notre expérience du passé proche et moins proche, et les enseignements que nous en tirons pour nous projeter dans l’avenir, dans l’histoire et dans le monde.

Vous l’avez compris, je veux parler de la profonde tristesse qui m’a saisi à l’annonce de la disparition de Si Abdel hamid Mehri.  Que dire qui soit à la mesure de l’homme ? J’ai perdu des camarades, des amis et des frères sur mon chemin de vie. Beaucoup sont à mes yeux irremplaçables. Mais de Si Abdel Hamid, je peux juste dire, aujourd’hui, que tout militant politique, démocrate et patriote sincère, devrait avoir la chance de rencontrer un militant de sa stature, de sa droiture, de son intelligence et de s’en faire un ami dans la lutte.

C’est pourquoi  cette Convention nationale a été dédiée à Monsieur Abdel Hamid Mehri. En hommage à sa haute conception de l’engagement politique.

Hocine Ait Ahmed

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 10:21

Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer: ma communication a pour titre : "Introduction à une éthique et une stratégie: l'intégralisme des Droits de l'Homme". C'est un sujet trop ambitieux pour être traité sommairement.

 Une immense distance sépare vos réflexions en occident, et nos préoccupations dans le tiers monde. En écoutant les discours, tout au long de la journée d'hier des représentants du gouvernement français et de l'opposition, je me suis surpris à dire : quelle leçon de choses sur la démocratie car le principe fondamental de la démocratie est le dialogue, plus que le suffrage universel que la dictature peut récupérer à loisir, sous ses formes plébiscitaires, pour des débuts de légitimation, même s'agissant de choix réels et libres, les élections n'ont une signification démocratique que si elles sont préparées, précédées, accompagnées et suivies par un dialogue entre la majorité et la minorité qui forment l'unité nationale.

En occident, il existe un consensus général autour du principe démocratique, brillamment illustré par l'allocation du professeur Duverger. C'est pourquoi vous envisagez la promotion de la troisième catégorie des Droits de l'homme : droit à un environnement sain, à l'air et à l'eau purs, non pollués, vous anticipez sur les risques de manipulation policière que comporte l'informatisation des fichiers, ainsi que sur les retombées de certaines conquêtes scientifiques et technologiques telles que le génie génétique.

 Dans les pays dits de tiers monde dont, je tiens à le préciser, je ne suis pas le porte-parole, nous en sommes encore souvent à des questions de survie, de vie tout court, et non pas de qualité de vie.

 Ce n'est pas que les problèmes de la qualité de la vie ont moins d'intensité chez nous, comme l'a peut-être sous-entendu le bâtonnier Pettiti; l'eau est une préoccupation de tous les jours non seulement pour une humanité qui en manque pour des raisons climatiques, mais aussi pour cause d'options économiques qui n'ont pas pris en compte le bien-être des populations. Mao Tsé-Toung n'a-t-il pas dit, dans une de ses observations non dogmatiques (en substance) "l'eau, le fumier sont plus utiles que la théorie marxiste?" Etait-ce des dirigeants, pour lesquels la devise est "Périsse le peuple pourvu que vivent les idées officielles"? Le Tiers monde rongé par toutes sortes de guerres, aspire, d'abord et avant tout à la paix civile.

 Le droit à la paix est une condition sine qua non du respect et de promotion des autres Droits de l'Homme, les peuples et les individus sont impuissants, puisqu'ils ne disposent d'aucun recours, d'ordre intérieur ou international, pour s'opposer à la guerre: ni accès au mécanisme de la décision gouvernementale, ni liberté de la presse et d'association pour faire contrepoids et défendre les sentiments véritables et les besoins des citoyens. Les phénomènes d'auto-destruction éclipsent le droit d'auto-détermination.

 Nous retrouverons toujours le préalable de la démocratie pour éviter les aventures bellicistes d'abord et ensuite faire échec aux aventures économiques, culturelles et politiques qui aboutissent à la destruction des richesses agricoles et du patrimoine civique. La démocratie c'est le Droit à la paix, le Droit au développement, c'est le droit des personnes et des peuples à l'auto-détermination interne et externe. Ce droit ne s'éteint pas avec la naissance de l'état; ce dernier en est l'expression ou n'est pas digne d'être un état au sens civilisé du terme.

C'est dire la difficulté de promouvoir le Droit de sûreté par exemple, le Droit à la justice, à la participation aux affaires solennellement proclamé par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, dans des régimes non démocratiques. Quand à contrôler les prérogatives et les pratiques d'une police, c'est un sujet tabou, dans des systèmes politiques où celle-ci à des fins "particulières" (Déclaration de 1789).

 C'est dire que si, dans la conscience politique et l'imaginaire de l'Occident, l'époque contemporaine se divise en Avant-guerre -Avant le nazisme et le fascisme- et Après, les sociétés du Tiers monde n'ont connu de répit avec le colonialisme, à peine une récréation au moment de l'indépendance, car, sans tomber dans la caricature et sans aller aux détails des typologies, elles ont assisté à la montée des ersatz de fascisme. On réduit ces nations à "Ein Fuhrer, Ein Volk, Ein Sprach". Une absolutisation qui réduit cette trinité à un seul être, celui qui s'approprie en premier le pouvoir, une seule langue à l'exclusion des autres, cela veut dire son discours, et son "Ein Partei" qui lui permet de parler au nom du peuple, en vue de le mettre dans un tiroir. Propagande et polices politiques s'efforcent d'éteindre l'opinion et de soumettre les Hommes.

 La version méridionale du despotisme est peut-être plus appropriée à l'hémisphère Sud. "Il Duce a sempré raggione", le chef d'état a toujours raison. La raison d'état, limitée en Occident par un niveau minimum d'institutions (liberté de la presse, séparation du pouvoir judiciaire et de l'exécutif), de traditions politiques et de culture morale, n'admet pas de limites autres que la raison du chef d'état. Nous savons où peuvent conduire les formes de déraison qui caractérisent les psychopates, la folie meurtrière d'un président cambodgien, d'un Empereur centrafricain et d'un général chilien à l'ivresse mégalomaniaque, le One-Man-Show system la multiplication des régimes de dictature nous rappellent l'ordre Nouveau, un ordre panétatique qui a tendance à se mondialiser sous la pression des deux super puissances.

 La Conférence de Bandung, qui a marqué et activé le processus de décolonisation, n'a été qu'un jaillissement éphémère, l'entrée de nations prolétaires, les principes proclamés après la Déclaration de Bandung, l'éthique et la stratégie esquissées ou implicites pour un non-alignement des pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, en coopération avec l'Europe, furent une lumineuse espérance fondée sur l'humanisme des Droits de 'Homme en voie d'universalisation. Aujourd'hui, oublié Bandung, oubliées les valeurs de justice et de liberté investies dans le combat libérateur! Les dirigeants du Tiers monde se dispensent de célébrer cet énorme rendez-vous d'Avril 1955, un point de repère qu'ils s'efforcent de brouiller, pour que les Femmes et les Hommes dont ils ont la charge ne puissent mesurer le distance qui les sépare de leurs idéaux.

 En dépit du grand catalysme couvert par les vociférations de la Kultur et des "I combatti del destino", malgré les destructions colossales d'une guerre totale, il faut constater que les pays occidentaux s'en sont heureusement bien sortis. Vous avez pu reconstruire vos économies, ainsi que vos systèmes politiques. C'est la preuve que la sempiternelle excuse "la démocratie est un luxe que ne peuvent se payer les pays sous-développés" n'est pas fondée ni en théorie, ni par l'expérience.

 Les pays industrialisés  peuvent se payer le luxe et  ils l'ont payé très cher et nous avec eux de grè ou de force de violentes ruptures dictatoriales, mais par nos jeunes états écrasés par de lourds handicaps. Ils ont besoin de toutes les énergies nationales, de l'adhésion fervente et de la participation responsable de tous et de chacun. Nous ne devons pas perdre de vue que vos pays ont bénéficié de siècles de croissance économique et de stabilité politique et si vous avez pu rapidement reconstruire vos systèmes démocratiques, c'est aussi grâce à l'amplitude du champ intellectuel qui a préparé les conquêtes politiques successives. Rappelons que la Révolution de 1789 et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen sont la résultante de trois données principales:

A)     Le développement d'une conception rationnelle et universelle de la politique, basée sur les progrès de la connaissance et la libre recherche. Locke et Hobbes avec les "conditions d'un gouvernement civil" et le "Leviathan", Montesquieu et Rousseau "l'Esprit des lois" (vous vous souvenez Me Buttin, lors de "mon" procès devant la Cour Révolutionnaire, en Avril 1965, ayant évoqué la principe de la séparation des pouvoirs, j'avais fait un jeu de mots en disant :"Vous allez découvrir des lois de l'esprit totalitaire), les oeuvres de Spinoza et de Pufendort en faveur de la séparation de l'église et de l'état. En revanche, dans notre ère culturelle, on n'a pas fait d'effort dans le sens de l'autonomisation de la politique, en tant que discipline, par rapport à la pensée religieuse.

B)     Le développement d'une morale politique en dehors du champ religieux, "la connaissance résulte de l'expérience" soutenait Holbach, "le bonheur est la source de nos actions" disait Pope, pour Wolf "la loi naturelle s'impose même si Dieu n'existait pas", inutile de noter que personnellement, je n'approuve ni ne désapprouve ces pensées. Ce sont des illustrations témoignant d'un combat d'idées, même si les avancées ultérieures feront justice de certaines de ces idées.

N'oublions pas Darwin, à ce propos, qui, il faut le dire en passant, a suscité des réactions violentes de la part des courants "Fondamentalistes" en Amérique et "intégristes", en Italie notamment, au 19 éme siècle : "Dieu ne peut pas avoir fondé la création sur les lois de la jungle". Dans cet essor intellectuel, la raison, d'une façon générale, accentue son  autonomisation par rapport aux préjugés et aux dogmes de toute nature.

C)     La montée d'une bourgeoisie libérale en France qui, faute de traditions démocratiques existant dans les pays à dominante protestante (Grande-Bretagne, Pays scandinaves), se fait porteuse de l'idéal démocratique et de la laïcité pour prendre le pouvoir à la noblesse et au clergé, s'ensuit l'émergence du capitalisme sauvage, une approche prométhéenne du monde, une civilisation matérielle, une stratégie de domination de la nature et de la planète tout entière: d'où les conquêtes coloniales dont nous fûmes les victimes, la destruction des équilibres naturels, l'épuisement des ressources que certains orateurs ont déploré à propos du droit au développement et du l'étouffement des langues régionales doit être lié au capitalisme, soucieux de s'aménager des marchés nationaux par le moyen de la centralisation de l'état et par l’homogénéisation de la nation. Le développement de l'état communiste n'a pas fait mieux, en dépit des coquetteries constitutionnelles et idéologiques, au secours de la fiction d'un état qui se veut le contraire de l'empire russe des Tsars, un état multinational respectant le pluralisme linguistique donc culturel.

 

 Malgré le colonialisme et les lourds héritages de nos sociétés, la dictature n'est pas une fatalité. On ne peut, certes, pas sous-estimer, à titre d'exemple les effets déstabilisateurs du partage (au compas et au crayon, sur une simple carte géographique déshumanisée) issu du congrès de Berlin. Il y a de cela un siècle, fin 1884-début 1885, les puissances coloniales ont taillé dans la chair ethno-culturelle et se sont taillées des "territoires" arbitraires au détriment de la cohésion spatiale et culturelle d'une multitude de sociétés.

Aussi bien, le nouvel état africain est au départ déstabilisé, qui précède l'existence de la nation et va au surplus, tenter de construire la nation sur le modèle jacobin uniformisateur et centralisateur à outrance. Au lieu de prendre en compte les composantes ethno-culturelles diverses, il ne se pose même pas le problème central de l'intégration nationale. Il le suppose résolu. Le verbe va remplacer l'examen des réalités sociologiques, les mythes de l'unité nationale couvrir les pires violences historiques. Déstabilisation, sous-développement et fuites en avant, dans la spirale du despotisme, l'impasse du Tiers monde évoque le mythe de Sisype, la quadrature du cercle. L'Afrique et l'Asie n'ont pas tiré profit de la longue expérience de l'Amérique du Sud : "Voici plus d'un siècle et demi que chacun de nos états met les militaires aux affaires civiles afin de gagner du temps, que nos armées veulent mobiliser nos nations en vue de brûler les étapes de développement. A quoi avons-nous abouti? A démobiliser les peuples, à aggraver les conditions de vie, à nous enferrer encore davantage dans la dépendance et le sous-développement. Jamais aucune dictature n'a tenu ses promesses, les progrès réalisés, ici ou là, servant à cacher des échecs plus graves et des régressions plus profondes".

Ce message pourrait faire partie de ce dialogue de civilisations dont on parle tant. Hélas! l'ivresse du pouvoir cloisonne les cœurs et les sens. Comment les chefs africains et asiatiques entendaient-ils les avertissements quand l'exil de l'écoute continue de sévir en Amérique "latine" même? Et les rencontres régionales et internationales, les résolutions et les stratégies onusiennes de développement, n'ont guère fait passer la "Ruse de l'Histoire" d'un pays à un autre, d'un continent à un autre. Sinon et à la lumière de l'expérimentation historique, comment peut-on dire aujourd'hui, qu'il y a de bonnes dictatures? Il n'y a pas une bonne et mauvaise dictature, il y a des peuples soumis et des peuples qui résistent. La dictature ne fait que changer de manières et le dictateur devient méchant quand les manières douces cessent de fonctionner. Force est donc de constater l'interversion des choses. Les pratiques du despotisme ont fait échec aux ruses de l'histoire et enrichi l'histoire de la ruse.

 Tous les gouvernements anti-démocratiques se proclament démocrates et n'hésitent pas à prendre des engagements constitutionnels et internationaux, pour respecter et promouvoir les Droits de l'Homme. Pinochet invente l'expression de démocratie totalitaire. Les potentats recourent au camouflage. L'hommage du vice à la vertu Il Duce n'allait pas jusque-là. A chaque époque sa comdia del arte, la sienne pouvait être créditée de franchise, que l'on confond avec le cynisme. Le bilan des droits de l'homme se lit sur les enfants de Bangui, du Brésil, des Boat People et d'Ethiopie, fauchés par milliers par la famine et le bon vouloir des despotes de droite et de gauche. Chaque jour le Tiers monde nous ravitaille en atrocités, en visions de guerre, l'insoutenable routine‚ devient presque banal et entretient sans doute l'illusion, en Occident, que le monde vit dans la paix et l'après-fascisme.

 Les régimes démocratiques sont aujourd'hui une minorité, comme si l'histoire avait deux vitesses : l'une pour l'intrusion de la dictature, l'autre pour l'installation de la démocratie. Celle-ci requiert une longue patience, c'est un apprentissage de chaque instant. Quant à celle-là, la force brutale suffit, les mécanismes des putschs sont expéditifs: l'universalisation des Droits de l'Homme se développe dans le sens de leur violation et non de leur promotion. La perte de l'auto-détermination interne par les peuples et les individus du Tiers Monde est toujours en corrélation avec la perte de l'auto-détermination externe de la souveraineté extérieure. L'une suivant ou précédent l'autre ou bien les deux tutelles, indigène et étrangère se coordonnant, se co-gérant. Issue de Yalta, la bi-polarisation verticale du monde tend à structurer les gouvernements autoritaires dans le sens d'un condominium russo-américain.

 Tout se passe comme si ces gouvernements servaient de relais à cet ordre nouveau à deux pyramides, l'apocalypse et la guerre froide fonctionnant comme le Bogey, le croquemitaine; les deux combinats militaro-industriels suscitant ou encourageant les guerres périphériques indirectes, afin d'étendre leur système mondial de protectorat sauf à se faire une guerre idéologique politique et économique directe par le moyen de transnationales.

 Dès lors, les interrogations portant sur les crises et les impasses internationales, dans tous les domaines : échec des dialogues Nord-Sud, des trios décennies dites de développement et liées au désarmement décrétées par l'O.N.U, échec du désarmement, des négociations commerciales et monétaires, trouvent leurs réponses dans l'instauration subtile mais résolue d'un ordre pan-étatique dominé par deux hégémonies dans lequel le Peuple, les Femmes, les Hommes, c'est à dire le monde en tiers, n'a pas voix au chapitre. Le nouvel ordre Economique International ne pouvait qu'échouer. Son intitulé est significatif : comment est-ce les dictatures politiques peuvent promouvoir la démocratisation des structures économiques et des institutions internationales? C'est un contre-sens flagrant! Ce n'est pas un hasard si elles sont privilégiées par le F.M.I, le P.N.U.D et la Banque mondiale notamment.

On ne peut promouvoir les Droits de l'Homme économiques et sociaux là ou les Droits de l'Homme civils et politiques sont confisqués. En matière des Droits de l'Homme, les institutions de protection se trouvent bloquées par la solidarité‚ pan-étatique qui tire avantage de la clause d'exception, dite de souvrainté, qui empêche l'immixation dans les affaires intérieures. Boucher est maître chez soi, le grossiste seul retient de droit au regard. Ainsi, les USA et l'URSS opposent leur véto à l'O.N.U. pour empêcher la condamnation des colonels salvadoriens et chiliens, devant la Commission des Droits de l'Homme à Genéve. Signataires de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et des deux pactes internationaux, plus d'une centaine d'états, membres de l'O.N.U. violent le droit de sûreté‚ musélent la presse, suppriment les libertés d'association politique et syndicale, linguistique et culturelle, entravent la volonté des citoyens de choisir librement leurs représentants et ne leur laissent aucun moyen démocratique de critiquer ou de mettre fin à leur gestion.

 La propagande remplace les vertus éducatives du pluralisme des idées et des écrits. Esprit de domination ou tutelle paternaliste, on va jusqu' à choisir et limiter la lecture des sujets aux seuls classiques du dogme officiel. Il n'est pas exagéré, à propos des pays sous-développés d'envisager le monde orwellien soumis au Big Brother, les conquêtes de l'informatique au service du contrôle policier et de la propagande. Tant de misére sociale et morale : on dirait que les pouvoirs préparant la voie aux seules alternatives fondamentalistes ou intégristes de droite et de gauche.

 Pour faire face à cette crise de civilisation, il faut repenser l'idéal des Droits de l'Homme et engager un processus de colloques, de conférences plus fréquentes et plus universelles, afin de définir les grandes lignes d'une éthique susceptible de redonner à cet humanisme en gestation plus de crédibilité‚ et d'impact mobilisateur. Puis-je suggérer qu'il convient en premier lieu d'opérer un travail de clarification idéologique et de démystification en matiére des Droits de l'Homme? Quand je propose l'expression "intégralisme des Droits de l'Homme", c'est d'abord en réaction aux idéologies qui tentent de parcelliser, catégoriser, hiérarchiser et opposer les Droits de l'Homme les uns aux autres. Nous savons qu' à la zone d'influence USA correspond, du point de vue conceptuel et de propagande, la catégorie des Droits de l'Homme couvert par le Pacte des droits civils et politiques.

C'est le "Monde libre" de la démocratie politique. Pour l'aire soviétique, les libertés formelles sont des notions bourgeoises, ce qui importe, c'est de promouvoir les Droits de l'Homme du Second pacte, les droits économiques et sociaux. Le résultat de ce fractionnement, au demeurant récursé par le texte de la Déclaration universelle vous apparaît évident, mesdames, messieurs, les contre-performances s'expriment dans les domaines des Droits de l'Homme privilégiés par l'une ou l'autre des super-puissances. Qu'on interroge des Chiliens et les Salvadoriens sur leur "Droit au bonheur" et les travailleurs des pays de l'Est ou les victimes étythéennes de la famine, ravitaillées en blindés, sur leur niveau de vie.

 L'intégrisme des Droits de l'Homme postule l'intégrité de la dignité humaine, le respect de l'intégralité de ses dimensions multiples. Les Droits de l'Homme sont inaliénables et imprescriptibles, sont indissociables, inséparables: le droit au pain, au logis, à la libre circulation, les libertés personnelles et publiques, le droit d'élire et de se débarrasser démocratiquement d'un dirigeant dont l'appropriation absolue de la puissance publique finit par déstabiliser les facultés mentales. Quand nous parlons de la transcendance des Droits de l'Homme, nous voulons rappeler que la dignité de la personne humaine, dans ses multiples dimensions, a précédé la formulation  de ces Droits : Manifestes, Déclarations, Pactes, n'ont pas été écrits sur des feuilles blanches. Ils sont arrachés par les luttes qui ont pour origine les instincts et les sentiments de justice, de liberté et d'égalité les plus profondes. C'est dire que les gouvernants ne peuvent prétendre les créer. Ils n'ont pas à les reconnaître.

 Ils doivent, et ils sont là pour cela, les protéger et les promouvoir, dans un régime de Droit. Les Hommes et les Femmes ont pour devoir de surveiller avec vigilance et de veiller à ce que leur dignité ne leur soit livrée, découpée en tranches, elle constitue un tout. Certes, il faut se battre pour le respect de l'intégrité physique et morale et bannir la torture, mais cela doit aller de pair avec tous les autres aspects, manifestes ou potentiels, de l'équilibre personnel, tel que le droit d'apprendre et de sauvegarder sa langue maternelle. Du reste, l'histoire nous enseigne que les violations des diverses libertés sont, elles, solidaires et s'enchaînent les unes aux autres. Quand on instaure la censure ou qu'on viole le droit de grève, l'engrenage de la répression n'est pas loin, la torture est au bout. C'est ce qui me fait dire qu'il n'y a pas de bonne dictature, toute dictature est une déstabilisation ( coupure de la nation par rapport à l'état, corruption de l'état de droit et des fonctions de l'état) et la déstabilisation pousse vers l'aventure. Il s'ensuit au niveau national, l'intégralisme des Droits de l'homme est la reconstruction de l'idéal démocratique sur une conception réunifiée des Droits de l'Homme. Il faut rompre la rupture de caractère idéologique qui joue sur les frontières établies entre les deux catégories et donc rétablir la dialectique de soutien et de fécondation mutuels entre l'ensemble des Droits de l'Homme.

 Pluralisme politique, syndical, linguistique, associatif, en un mot démocratisation dans tous les domaines, avec le règne de la loi, d'une loi toujours ouverte sur la société et le progrès, combattre toutes les formes de monopoles incompatibles avec le socialisme, cercles vicieux qui font de l'argent va à l'argent, le savoir au savoir et le pouvoir au pouvoir. Le droit au développement, à cette condition, sera pris au sérieux et retrouvera ses vertus mobilisatrices: développer toute la personne, toute personne et toutes les personnes, une éthique, un intégralisme des Droits de l'Homme comme but et moyen, en même temps un idéal pour un non-alignement, capable de promouvoir la paix, la liberté et la solidarité dans le monde.

 Voici quelques thèmes pouvant suggérer une stratégie:

  1) Reposer le problème de l'intégration nationale sous le signe de l'intégralisme des Droits de L'Homme, c'est à dire réconcilier l'état et la nation, en redonnant à celle-ci les moyens de reconstruire et de sauvegarder son droit à l'aut-détermination interne;

  2) Réaliser l'intégration régionale qui élargit les possibilités de développement dans tous les domaines;

  3) Avoir pour idéal l'intégralisme des Droits de l'Homme, donner au non-alignement une ossature géo-économico-stratégique Europe-Tiers Monde, un camp et non un bloc susceptible de desserrer l'étreinte de la grande tenaille et d'engager le processus de la véritable décolonisation, fondée sur la fin de l'équilibre de la terreur des néo-protectorats, sur la démocratisation des structures et des institutions internationales, sur la restitution aux peuples de leur droit à l'indépendance nationale et d'une véritable coopération internationale;

  4) Mobiliser en permanence l'opinion, multiplier les initiatives de tous genres, encourager la création d'organisations non gouvernementales, spécialement dans le Tiers Monde, à l'effet de défendre les Droits de l'Homme et de promouvoir les libertés. Les femmes et la jeunesse doivent jouer un rôle de premier plan dans la démocratisation des mentalités et des mœurs;

  5) Combat pour la démocratisation des institutions régionales et internationales, institution de mécanismes de recours individuels, d'une Cour Internationale des Droits de l'Homme à l'O.N.U., abolir la clause de souveraineté exclusive des états en matière des Droits de l'Homme.

Dans cette perspective, l'intégrisme religieux, en tant que revitalisation des valeurs morales de solidarité, de tolérance non dogmatique et non pas en tant qu'occupation théologique du champ politique, peut contribuer au renforcement de l'éthique des Droits de l'Homme.

 Hocine Ait Ahmed
Paris, 25-26-27 JANVIER 1985

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 22:52

 Message de Hocine Aït-Ahmed
                                    Au Conseil  national                            
                             Réuni à Alger le 22 novembre 2001

Chères amies, chers amis !

Quelle meilleure entrée en matière que de vous faire relire le message que j’avais eu le privilège et le plaisir de vous envoyer, il y a un an, exactement jour pour jour, et mot pour mot, à l’exception des 2 ou 3 premières lignes d’hommages.

 Ce texte démontre que je faisais alors une mauvaise évaluation de la situation du parti. Je m’étais surtout fait des illusions sur la mise en œuvre des résolutions de notre troisième congrès, qui dataient déjà de quelques six mois. Aussi le constat des obstacles à l’application des mesures prévues pour préparer le parti à jouer son rôle dans la construction de l’Alternative Démocratique, m’a-t-il contraint à hausser le ton dans la communication que je vous ai adressée le 04 octobre passé. Il m’incombait aussi de mettre le HOLA, à quelques dérives indisciplines et impunités qui risquent de faire tout doucement contagion et nuire à notre capital le plus précieux : la suprématie morale et militante du FFS.

Faut-il rappeler qu’étant élus directement par les congressistes, le Conseil national et le président du parti, sont les organes souverains du parti jusqu’aux prochaines assises nationales. Ils ont donc pour obligations complémentaires de veiller sur les idéaux, les principes et les orientations politiques fondamentales du FFS. La mise à niveau sincère et conséquente de nos structures et de nos pratiques bureaucratiques voire, pas impossible, de nos mentalités, constituait, par conséquent, une priorité stratégique. On aura compris qu’il ne s’agissait pas d’opérer des changements de personnes ou des remaniements techniques. L’enjeu est d’ordre stratégique, il signifie préserver et développer nos forces à l’intérieur, et concomitamment aider les potentialités démocratiques éparpillées dans la société à se rassembler et s’organiser. Il ne faut pas se le cacher : les militants et les cadres sérieux du parti n’ont pas manqué de trouver étrange et inquiétant que le SENS DE LA RESPONSABILITE soit le grand absent dans la réflexion politique, chez l’une ou l’autre de ces deux instances souveraines.

 

                                  Message de Hocine Aït-Ahmed
             au Conseil national réuni à Alger  les 23 & 24 novembre 2000

 A tous les membres de votre instance, j’adresse mes salutations fraternelles, et souhaite plein succès à vos travaux.

J’ai prêté une attention soutenue, « aux rapports écrits ou oraux qui me sont parvenus sur l’application des résolutions politiques et les options organisationnelles prises par notre 3ème congrès. Vous avez su, maintenir et animer les débats politiques sur les vrais problèmes, liées aux aspirations prioritaires de la population. De même, vous avez pu dégager une démarche pragmatique pour arrêter les axes de réorganisation destinés à adapter les méthodes et les moyens tactiques à l’Alternative Démocratique qui est la ligne stratégique débattue et définie par nos dernières assises…

Je sais que cette politique audacieuse d’ouverture sur nous-mêmes et sur les franges exclues de la société, se heurte plus que jamais à toutes les formes d’obstacles, d’interdictions, de pressions et de menaces. Le maintien de l’état d’urgence, s’est, dans les réalités quotidiennes, transformé en véritable état d’exception. Un état d’exception non proclamé, mais érigé en système concret par la multiplication et l’aggravation de pratiques, d’appareils et de réseaux contrôlés et incontrôlés qui annulent le Droit purement et simplement et font régner la terreur. Cela ne rappelle-t-il pas les pouvoirs spéciaux – et leurs inévitables dérives – votés par la majorité de la gauche française, afin de donner les coudées franches aux ultras de la guerre d’Algérie ? Il y aurait là, d’ailleurs, comme une sorte d’accoutumance dans le silence de la France, de moins en moins gênée à force de banalisation, devant un état d’urgence de plus en plus illégitime et inutile, mais dont la seule raison d’être est précisément de justifier la suppression des libertés et des droits de la personne humaine, et d’empêcher toute alternance démocratique. Il est clair, par ailleurs que les verrouillages supplémentaires, destinés à empêcher la libre expression et le libre jeu du pluralisme démocratique n’a d’autre objectif que de soumettre les Algériens et les Algériennes en vue de « parachever » la « normalisation » de l’Algérie. Une normalisation autoritaire, certes, mais forcément tempérée par un décorum démocratique…mœurs nouvelles obligent.

C’est sur nous-mêmes, comme toujours, que nous devons compter pour faire avancer l’Alternative Démocratique, qui, elle, ne fait pas semblant, mais, s’inscrit drapeau déployé dans l’irrésistible marche de ces mœurs nouvelles qui s’appellent Démocratie, Etat de droit et bonne gouvernance. C’est sur nous-mêmes, c’est à dire notre détermination et notre savoir faire que nous pourrons accélérer cette ouverture sur nous mêmes et sur les forces saines et sincères de notre population. Ce combat est loin d’être un slogan superficiel, il exige de nous tous collectivement et de chacun en particulier des efforts continuels de reconversion psychologique et politique. Il y va de la cohérence et du suivi de cette politique. Notre capacité d’écoute et de communication est au cœur de cette reconversion. L’une et l’autre sont devenus indispensables et décisifs à tous les échelons et dans tous les domaines de la vie nationale et internationale…par ce siècle qui court, à l’aube de ce 3ème millénaire.

J’entends par écoute, pas seulement l’oreille attentive ou bien la compréhension théorique, mais bien un état d’âme tout entier, appelé sympathie par les Grecs, libre de moralismes et de préjugés, qui permet de saisir le fond des choses chez l’autre, chez les autres. J’entends par communication, non pas la langue de bois ou de velours et l’emphase du verbe qui peuvent avoir les appartenances de l’intrigue ou de la vanité… Un tel mode de communication qui consolide le pouvoir de quelques uns et la passivité des autres, nous le subissons depuis tant de décennies. L’absence de débats et de libertés d’expression, a également pour conséquence de faire reproduire même chez les partis et associations indépendants du pouvoir, des stéréotypes de pensées et même des schémas de langages qui blessent, humilient voir assujettissent et qui, intégrés en profondeur entravent la liberté d’expression et l’épanouissement des militantes et des militants.

 C’est dire, l’importance de développer une conception nouvelle de la formation et de l’information, dans le parti, pour éviter la rupture de l’écoute et de la communication, tant au sein des instances dirigeantes que dans la chaîne de transmission – ET NON de commandement encore moins de caporalisation – de la base au sommet et vice versa. Cette modernisation dans les techniques de formation et d’information est d’autant plus indispensable, que le pouvoir instrumentalise toutes sortes de manipulations et de mensonges en vue de semer, au dedans et au dehors les germes de peur, de confusion, de discorde et de paranoïa.

Pareille ouverture tous azimuts, à l’intérieur comme à l’extérieur des structures, suppose, donc, et je le répète, que les messages et les messagers, puissent bénéficier de la meilleure écoute et de la meilleure communication possibles. Les uns et les autres, ont de toute évidence, besoin de temps et d’espace pour s’exprimer ou être entendus pleinement. Ce travail énorme et permanent, est bien sûr, donc l’affaire de chaque militant individuellement, voir de chaque sympathisant. D’où l’utilité d’élaborer des argumentaires périodiques actualisés à l’intention de la base. Et ça peut faire l’objet de l’une des rubriques d’un bulletin FFS, pareille publication interne, exigence politique, pédagogique et communicationnelle, devrait faire l’objet d’une consultation élargie et rapide…Mais c’est surtout l’affaire des structures, de la grosse machine qui offre profondeur et surface, en se déployant vers la société civile dans le champ politique et éventuellement en direction des pouvoirs en place.

 LE SIEGE NATIONAL DU PARTI, doit être l’illustration exemplaire, de cette communication et de cette information à double sens. Permettez-moi d’insister, une fois de plus : l’écoute ne doit pas être un geste de pure forme, une attention de politesse ou d’hospitalité distraite. Quant à la communication, elle s’efforcera d’échapper aux automatismes bureaucratique ou paternalistes. Ni café maure, ni caserne, voilà un double refus caricatural qui indiquerait les limites du fonctionnement digne de nos options au-delà de l’enjeu symbolique, la réorganisation du siège, confirmera et confortera la volonté de changements sérieux et responsables amorcés par notre rencontre de Tipaza.

C’est dans les horizons innovateurs et conséquents d’un vrai redéploiement politique que je situe le rôle de Libre Algérie. Notre souhait et notre volonté sont qu’il puisse contribuer à relancer et développer la culture démocratique à l’échelle de la nation toute entière, à populariser dans l’Algérie profonde les idéaux et la politique du parti, et à faire parvenir à l’ensemble des Algériens et Algériennes et surtout aux couches les plus déshéritées les significations et les messages de l’Alternative démocratique.

 Aussi bien, sans prétendre le reconduire comme organe partisan, il s’agit de faire de notre mieux pour l’aider à devenir un hebdomadaire dans le respect de nos principes éditoriaux, et de soutenir le projet de sa commercialisation tant en Algérie qu’à l’extérieur. Ces projets constituent pour l’avenir démocratique de notre pays, des exigences fondamentales.

 Chers amies et amis !

J’espère que le déroulement de vos débats politiques et les discussions autour de votre ordre du jour, auront obéi aux concepts de l’écoute et de l’information que je viens d’exposer, et qui, en fait, ont le plus souvent été en honneur au sein du FFS.

                                                                  (Fin du message de l’année dernière)

 Chers camarades,

Le sentiment de responsabilité est indissociable d’une éthique militante minimum. Et ce sentiment ne peut se fortifier qu’avec le libre débat, le courage politique et la sérénité, toujours la sérénité et encore la sérénité. C’est pourquoi les Algériennes et les Algériens méprisent la loi du silence la langue de bois, le caporalisme de bazar et tout ce qui rappelle les pratiques et les mentalités des mutants qui prétendent gouverner en gérant l’irresponsabilité et en se laissant gérer par elle.

La catastrophe qui vient de foudroyer l’Algérie et tout particulièrement la capitale est l’illustration visible de l’irresponsabilité criminelle qui a provoqué chacune des causes jusqu’ici imperceptibles qui ont engendré cette effroyable bourbier torrentiel. En voici brièvement quelques exemples :

Premièrement : Le fait que les autorités, voulant priver les terroristes de caches secrètes, aient complètement emmuré la canalisation centrale souterraine qui a servi pendant des décennies à évacuer eaux et immondices. On aurait pu penser que le tout-à-l‘égout avait été remis en service depuis le temps qu’on nous ressasse qu’Alger est nettoyé de ses terroristes. Mais comment le rouvrir rapidement, sans d’abord pouvoir le localiser ? Or, en l’absence d’un ordre étatique minimum aggravée par l’incompétence et l’irresponsabilité des services de sécurité, ce fut finalement grâce à une carte géographique de l’administration coloniale qui était en possession des secouristes français que l’entrée de la canalisation fut retrouvée. Trop tard, hélas ! Une mort des plus absurdes et atroces emportera près d’un millier de femmes, d’hommes et d’enfants.

Deuxièmement : La destruction totale de la grande forêt de Baïnem, sur les hauteurs d’Alger a certes privé les familles algéroises de leur fierté et de leur lieu de plaisance, par excellence, mais aussi d’un important environnement traditionnel de retenue des pluies. Comment qualifier l’irresponsabilité dans ce saccage écologique, quand on ajoute que l’armée avait, par ailleurs, consciencieusement passé de l’acide sur toute la surface de la forêt incendiée afin qu’aucun arbre ne puisse repousser. Les militaires tenus par la discipline ignoraient sans doute qu’ils faisaient place nette au bénéfice de commanditaires cachés bien au chaud derrière les maffias de la spéculation foncière.

 Troisièmement : Autre face cachée de cette guerre d’éradication sans images, les déplacements forcés des populations rurales prises an otage dans le cercle infernal exactions et rackets terroristes d’un côté, et de l’autre répression collective et bombes napalm de la terreur d’« Etat ». Dans leur interminable et dramatique errance, des familles voire des communautés villageoises entières, chassées d’une région à une autre, d’un bidonville surchargé à un autre, de hangars à des lieux publics désaffectés durent payer en 1997 de monstrueux tributs, à Bentalha, Relizane et Beni Messous où elles avaient fini par se croire en sécurité et bien tolérées. Des dizaines d’entre elles viennent de trouver leur dénouement épouvantable sous le lit boueux des bas-fonds de Bab El Oued. Quelle conclusion tirer quand on pense que le terrible et redoutable cyclone qui a récemment dévasté Cuba, n’a fait que six victimes ? Sinon que même une administration aussi délabrée que celle de Castro a su réagir à l’alerte donnée par les services météorologiques en faisant évacuer la population par dizaines de milliers. Pourtant les fonctionnaires de notre météo n’avaient pas manqué de tirer la sonnette d’alarme en annonçant l’arrivée des pluies torrentielles. C’est dire le degré du chaos institutionnel, du je m’enfoutisme et de déshumanisation nourris par l’effarante absurdité de la salle guerre. Les réactions de révolte des citoyennes et citoyens viennent de rejeter catégoriquement le règne des Tontons Macoutes indignes de notre pays. Au demeurant, le pouvoir algérien ne s’est jamais soucié du sort de ce million de « réfugiés de l’intérieur » comme les appelle le Haut Commissariat aux Réfugiés. Il a, d’ailleurs, constamment refusé de donner leur liste à cette institution internationale, afin qu’elle puisse leur venir en aide et assistance. C’est que, n’oubliant jamais le nationalisme garagouzien : le pouvoir algérien est intransigeant sur « la dignité du pays ». Il refuse la charité internationale. La simple vérité est qu’il panique, devant l’éventualité de voir la communauté internationale découvrir les terribles proportions et conséquences d’un conflit - cataclysme présenté comme une série dd’opération de maintien de l’ordre comme au temps de la guerre coloniale.

Dans cette hécatombe des inondations, c’est encore l’invraisemblable cupidité des maffias du foncier qui ont arnaqué les plus démunis des nos compatriotes en leur vendant des masures montées n’importe comment avec n’importe quoi et n’importe où. Gageons que l’impunité ne viendra pas toujours au secours des criminels irresponsables de tout poils. La vérité et la justice auront le dernier mot. Je voudrais rendre un vibrant hommage aux efforts de solidarité et de réconfort moral que les militants et les responsables du parti, ont déployés auprès des familles des victimes et des sinistrés. Je les remercie également d’avoir su mobiliser des bénévoles, sur place et dans l’Algérie profonde de nos villages. Je souhaite que la solidarité concrète et la présence fraternelle du parti au sein des populations endeuillées continuera à être à la hauteur de nos idéaux de paix, de liberté et de justice.

 Pour ma part, je m’incline avec humilité et impuissance douloureuse devant les victimes, leurs familles et leurs amis. Je ne laisserai pas une pierre non retournée pour alerter, culpabiliser et rendre irréversibles les mouvements de soutien et de solidarité internationale qui s’étaient manifesté depuis le printemps dernier jusqu’au 11 septembre dernier.

 Les réalités politiques et la vraie nature du pouvoir ne peuvent plus être ignorées désormais ; elles ne tarderont pas à faire fondre comme neige au soleil, les nouveaux alibis et ceintures de chasteté destinés à amorcer le virage d’une troisième guerre d’Algérie.

 Il y a un vrai ras-le-bol chez de nombreux chefs d’Etat et de gouvernements par rapport au mensonges, faux semblants et fausses échéances de la stratégie totalitaire de la junte algérienne. De toute évidence l’interminable martyrologue de notre peuple commence à peser drôlement sur les consciences et les intelligences. Elles savent que ce conflit est irréductible au bilan déjà terrifiant des victimes. Qu’il y a des profondeurs plus tragiques encore, comme la surface d’apparence limpide de la Grande Bleue (la Méditerranée) cache les conflits impitoyables d’une jungle de requins et de monstres froids. Ils réalisent surtout que ce conflit risque d’exporter la violence d’une manière plus significative de contaminer le Maghreb et d’exacerber la révolte des masses innombrables dans le monde arabo-africano-islamique qui souffre en silence de la discrimination dont est victime une Algérie qu’ils continuent encore à respecter pour sa lutte de libération exemplaire.

 Ils savent surtout que la dissidence citoyenne et pacifique nationale est une dynamique pleine d’espoir. C’est elle qui mettra en échec les complots du pouvoir toutes tendances confondues qui visent à ghettoïser, ethniciser, pousser à la violence la jeunesse de la Kabylie. A l’exemple des mythes des arouchs qui s’efforcent de coiffer et de détourner les aspirations culturelles, politiques et sociales de la population pour mieux les étouffer. Le projet d’autonomie de la Kabylie apparaît clairement comme un traquenard destiné à diviser pour régner…et comme une duperie. Que signifie, en réalité, une région autonome dans un contexte national totalitaire ? De plus quelle garantie crédible peut offrir un régime de non droit : une réforme octroyée aujourd’hui peut-être reprise et violée, demain, à l’exemple de toutes les constitutions, des élections truquées et des lois octroyées par les caprices des seigneurs de la guerre.

Quoi qu’il en soit le FFS demeure l’unique espoir pour ouvrir la voie à un retour à la paix et à un avenir de bonheur qui ne laisse derrière aucune Algérienne et aucun Algérien.

Le Congrès vous, nous, a confié la responsabilité de veiller à la réalisation des axes stratégiques de l’Alternative démocratique.

 La responsabilité ne porte pas seulement sur ce qui a été fait ou pas fait mais aussi et surtout sur ce qui est à faire. Désormais le devoir de rendre des comptes à tous les niveaux du parti vient enrichir la panoplie des devoirs de vérité, de lucidité et de pédagogie qui fonde notre radicalité politique. Vous du conseil national, devez utiliser vos prérogatives pour interpeller tel ou tel secrétaire national ou demander une commission d’enquête. Les mêmes possibilités démocratiques conférés par les nouveaux statuts, existent aussi au bénéfice des fédérations et des sections. Il faut qu’elles deviennent des traditions opératoires. Pour ma part, je m’efforce de ne pas outrepasser mes compétences. Je répète je ne joue pas au Président, mes rêves et ambitions étant à l’opposé de tout ce qui est pouvoir. Mais j’assumerais pleinement mes responsabilités. Le message du 04 octobre relatif aux lourdeurs de l’ouverture du parti sur la société, exprimait ma détermination à redonner confiance à cette base extraordinaire du parti y compris à ceux et celles qui même en dehors du parti mais n’ayant jamais démérité de ses principes continuent à se battre pour les valeurs et les options cardinales du FFS. Permettez-moi de déplorer que ce message d’auto-critique, ne soit pas remis aux militants au motif que la presse du régime s’en saisirait et en ferait un sujet de matraquage. Je pense que la transparence fait notre différence et notre différence fait notre crédibilité.

Je tiens à revenir sur les contributions des parlementaires. Je les avais fixées à 30% de leurs salaires. J’ai décidé qu’à partir d’aujourd’hui, ils doivent s’acquitter régulièrement des 30%. Je voudrais bien savoir quels types de rééchelonnements ont été arrêtés en ce qui concerne ce qui est dû au parti. Je veillerais à ce que chaque manquement à cette décision soit sanctionné.

Nous voici arrivés à l’objet de votre réunion : l’alternance statutaire à la responsabilité de Premier Secrétaire. J’ai procédé à de nombreuses consultations de responsables et de militants, avant de vous proposer le nouveau candidat.

J’ai donc opté pour un choix en mon âme et conscience et cela, bien sans céder à quelque influence et surtout à quelque pression que ce soit.

Conformément à l’article 8.4 et 8.5 des statuts du FFS, je désigne le camarade Ahmed DJEDDAÏ Premier secrétaire national du parti.

Le nouveau premier secrétaire constituera son équipe en consultation avec le président, il ne s’agira pas seulement de désigner des personnes, il est impératif qu’une alternative de fonctionnement du Secrétariat vous soit présentée en même temps qu’un programme et un calendrier politique.

AVEC MES CHALEUREUSES SALUTATIONS AMICALES ET MES MEILLEURS SOUHAITS POUR VOUS-MEMES..

Le président Hocine Aït-Ahmed

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 16:25

images1.jpgMessage de Hocine Aït-Ahmed au Conseil national du FFS, réuni le 18 novembre 2011

Ikhwani, akhawati salami alaykoum

Cher (e)s camarades, cher (e) s ami (e)s, cher (e)s compatriotes,

Il  y a un temps pour toute chose en politique.

La crise nationale arrive à un point de non retour. A la veille du 50ème anniversaire de l’Indépendance nationale, les potentialités et les rêves qui ont porté la révolution algérienne ont été détruits par les dérives accumulées par le pouvoir.

Aujourd’hui, nous arrivons avec plus de blessures que de promesses réalisées. C’est le résultat d’une politique de mépris. De tous les mépris: mépris de la liberté, mépris de la concertation, mépris du travail en commun, mépris des règles et des lois qui ordonnent et organisent l’action collective.

Chacun de nous sent intimement, instinctivement que nous sommes, en tant que société, largement atteints par l’action et les dérives du pouvoir. Nous avons le devoir de dénoncer chacune d’entre elles.

Une violence extrême a été infligée au peuple algérien pour imposer des choix et des options politiques et économiques désastreux. Des choix qui hypothèquent et compromettent notre avenir mais aussi celui des générations futures.

Les actes d’aujourd’hui ont leur prolongement dans la société de demain. C’est pour cela que nous devons appréhender l’étape actuelle pour ce qu’elle représente. Un défi majeur, un enjeu vital.

Nous avons l’obligation de nous organiser en conséquence pour faire face, en conscience de l’extrême modestie de nos moyens mais avec l’ambition de porter notre part de la lutte démocratique et pacifique des Algériens pour un Etat de droit, pour le respect des libertés publiques, pour la solidarité, pour la justice sociale.

Cher (e) s amis,  cher (e ) s  camarades,

Les forces compradores qui ont confisqué l’indépendance algérienne veulent réaménager la façade d’un pouvoir de violence et de prédation et ainsi lui donner un vernis démocratique.

Nous avons le devoir de nous y opposer démocratiquement et pacifiquement en mobilisant les énergies capables de nouer entre les militants du parti un contrat éthique et politique, qui les mette en mesure de le proposer aux Algériens et aux Algériennes demain.

Cette lutte marathonienne nécessite courage et constance dans l’action. C’est pourquoi je rends hommage à l’ensemble des militants, aux responsables et aux élus qui continuent de s’investir au quotidien.

C’est pourquoi j’exprime également mon estime et ma considération à Karim Tabbou. Sa «grinta spanioulia» bien de chez nous mais aussi la force de conviction et le sens politique qu’il a démontré dans l’exercice de ses fonctions de Premier secrétaire le promettent à un bel avenir dans le parti.

Chers camarades,

Aujourd’hui, vous et moi mesurons pleinement les exigences du temps politique. Les chantiers sont nombreux, parfois immenses; les obstacles considérables, les échéances sont là.

Voici venue l’heure des plus durs efforts. Nous devons rester fidèles à nos engagements primordiaux et assumer nos principes. Renouveler nos méthodes avec intelligence et imagination politique.

Nous devons, plus que jamais, faire preuve de lucidité, de maitrise individuelle et collective. Agir dans la liberté mais aussi dans la discipline et la responsabilité.

Pour ma part, la feuille de route du parti m’apparait clairement: des mesures immédiates doivent être prises pour permettre de développer notre action politique et aborder les échéances à venir  dans de bonnes conditions.

C’est pour quoi, en vertu des pouvoirs que me confèrent les statuts du parti, je décide le report du 5ème Congrès et la tenue d’une Convention nationale. Celle-ci permettra le débat le plus large et le plus libre autour des échéances électorales à venir. Et le consensus le plus fort pour la prise de décision.

Je nomme également le camarade Ali Laskri comme Premier secrétaire avec pour mission de rassembler les énergies du parti. J’ai pleinement confiance dans son aptitude à mener à bien cette mission.

Le prochain congrès du FFS sera un moment décisif pour le parti et un événement national dans le pays. Nous nous donnerons le temps et les moyens de le réussir en le plaçant sous le signe du «Changement patriotique, démocratique, pacifique et respectueux de la souveraineté populaire et nationale». J’ai la certitude morale et la conviction que ce changement est inéluctable pour notre pays.

Cher (e) s ami (e ) s

Notre peuple ne doit pas oublier qu’il a déjà su être un exemple de libération et d’indépendance.

Merci.

Je vous embrasse.

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 21:28

À l'occasion d'une réflexion commune sur la répression 
de la manifestation pacifique algérienne
.

le 13 octobre 2001

Je tiens d'abord à présenter mes salutations chaleureuses aux participantes et participants à ce colloque, qu'ils soient dans la salle ou sur la tribune. Je suis tout particulièrement heureux d'y retrouver l'UNEF et ses indéfectibles traditions de solidarité humaine. Hier déjà, en 1957, l'UNEF avait osé rompre le consensus d'une hystérie... "éradicatrice " entretenue par les "tabous patriotiques " en initiant une négociation politique avec l'U.G.E.M.A, (l'Association des Etudiants algériens à Paris). En donnant l'exemple concret d'une alternative de paix et de justice, elle faisait la démonstration que le choix de la guerre et de ses horreurs n 'étai t pas une fatalité.

Si les responsables français avaient alors daigné prêter l'oreille à leur jeunesse, peut-être aurions nous pu faire l'économie de la tragédie du 17 octobre 1961, et de bien d'autres encore. N'ignorant toutefois pas qu'il ne sert à rien de tirer l'histoire en arrière puisqu'on ne peut la refaire, l'essentiel est bien sûr de revenir sur les racines profondes et les origines immédiates de ce carnage. Loin de toute instrumentalisation de la mémoire, il me paraît essentiel en effet d'en tirer les leçons liées à une conception moderne de la justice criminelle. Celle-ci repose en effet sur un postulat : il ne suffit pas de châtier les meurtriers, les tortionnaires, les violeurs et les commanditaires de tout bord. Encore faut-il s'efforcer de comprendre pourquoi ces crimes ont été commis , et éradiquer leurs causes, pour arrêter l'engrenage de crimes à plus grande échelle et de plus en plus atroces. Comprendre les mécanismes institutionnels et psychopathiques des tueries ne signifie en rien les justifier, mais se donner les moyens prioritairement politiques, mais aussi sécuritaires, de prévenir leur résurgence.

Vos débats se déroulent aujourd'hui sous de bons auspices, puisque la France a finalement décidé de poser une plaque en hommage aux victimes algériennes assassinées de sang froid ou jetées dans La Seine comme des animaux dénués de toute valeur. Comment pourrais-je ne pas m'en féliciter alors que l'an dernier encore, je déplorais au cours d'une conférence à l'Institut de Sciences politiques à Paris, qu'aucune plaque n'ait encore été érigée sur les bords de Seine en mémoire des ces hommes? 
La mémoire commence donc à triompher de sa lutte contre le néant, une pratique totalitaire qui vise à ne pas laisser de traces, à confisquer leur deuil aux familles des victimes et à faire fi du devoir de mémoire. Dès lors, la plaque commémorant le 17 octobre est avant tout un geste restituant aux disparus et à leurs familles leur dignité humaine. C'est le début de la fin officielle de l'amnésie et le dévoilement public de la vérité. Qu'un préfet de la République française ait pu impunément prolonger à sa guise - et à son échelle - les exécutions industrielles perpétrés par les nazis illustre une réalité historique têtue. A savoir qu'aucun pays ne peut se croire immunisé contre de tels épisodes nauséabonds .

Remarquons cependant qu'à force de galvauder le concept de mémoire, nous risquons d'oublier que les formes de barbarie qui imprègnent les mentalités et les comportements, à l'aube du 3ème millénaire, empruntent sans vergogne aux époques les plus reculées. C'est un défi que doivent relever toutes celles et tous ceux qui croient en la justice, la vérité et la réconciliation.
C'est dans la perspective de ce défi que nous devons envisager l'avenir entre nos deux pays, entre nos deux rives . Mais comment préparer l'avenir sans comprendre le présent et sans éclaircir le passé ? Il faut s'en féliciter : des historiens français de plus en plus nombreux - je ne parle pas des fabulateurs ­ ont déjà cassé bien des tabous, d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée afin qu'on regarde en face les années de braise et de cendres. Par ailleurs , des mouvements associatifs , des politologues, des hommes et des femmes d'origine algérienne et maghrébine font campagne pour que la France intègre à son histoire celle des pays qu'elle a colonisé. C'est l'une des meilleures manières de favoriser l'intégration des personnes qui en sont originaires. 
Sans tomber dans une manipulation culpabilisante omniprésente, il faut rappeler en effet que cette commémoration a trait à un drame qui s'est déroulé dans l'Hexagone et implique directement les familles d'immigrés d'hier qui sont des parents, des grands parents et des arrières grand-parents des "beurs " d'aujourd'hui.
L'histoire peut être l'objet de conflits qui n'ont pas été réglés ou dépassés . Méfions-nous de la violence du refoulé ! Surtout dans les moments d'affrontements " identitaires " où les mémoires
sont " réactivées " et instrumentalisées. Les " beurs " ne doivent pas se sentir des citoyens du 2e collège, pas seulement à cause de la marginalisation sociale dans laquelle ils se trouvent trop souvent, mais aussi à cause d'une mémoire nationale non partagée .

Mais hier n'est pas dissociable d'aujourd'hui. Je reste persuadé qu'un autre sentiment de discrimination, tout aussi redoutable travaille en profondeur les Algériens - " d'origine " ou simplement " de passage " en France - : c'est le laisser faire et l'indifférence de la communauté internationale qui se ré-installent autour d¹une guerre qui n'en finit pas de décimer les populations civiles. Son bilan - 200 000 morts - est effrayant. Et il ne manquera pas d'intervenants pour illustrer l'étendu des désastres occasionnés dans tous les domaines par cette deuxième et sale guerre.

Comment estimer les retombées psychologiques des tueries, de la détresse et de la hogra sans limites au quotidien sur le moral de nos compatriotes qui vivent parmi vous et qui restent à l'écoute permanente de leur autre pays? Comment ne pas voir les pressions souterraines et les manipulations, médiatiques ou autres, destinées à ramener la crise algérienne à l'équation politique officielle opposant l'armée aux intégristes. Pourtant, la communauté et les institutions internationales ont découvert la véritable équation lors de la répression sauvage et cynique en Kabylie : une dissidence nationale citoyenne face au " pouvoir assassin ".
Loin d'occulter les crimes et les violences intégristes que nous avons dénoncé et que continuerons à dénoncer et à condamner sans ambiguïté, il reste à déterminer les responsabilités du pouvoir algérien. Responsabilités à la fois dans l'entretien des terreaux nourriciers de l'intégrisme et dans l'instrumentalisation des réseaux de la violence pour maintenir sa main mise sur les "institutions " et les richesses du pays.

Les Algériennes et les Algériens ont repris confiance et espoir après les séries de révélations irréfutables sur l'implication des forces de l'ordre dans les massacres . Après l'évasion rocambolesque d'un général accusé de tortures. Et surtout après le réveil de la conscience universelle devant un conflit où les violations massives des droits de l'Homme deviennent, selon la Charte des Nations Unies , une menace contre la Paix et la Sécurité Internationale. La résolution d'urgence adoptée à l'unanimité à Berlin par le congrès du Parti des Socialistes Européens; la Déclaration des 17 chefs d'Etat et de gouvernements de l'Union Européenne à Goëteborg et une résolution de l'Internationale Socialiste ont dénoncé la répression en Algérie, préconisé la recherche négociée d'une solution politique et décidé de saisir le Secrétaire Général de l'O.N.U pour aider à ramener la Paix dans notre pays.

L'espoir de trouver un règlement politique à la crise qui détruit notre pays semble submergé par les attaques tragiques du 11 septembre contre New York et Wasshington et par les dimensions planétaires de la lutte contre le terrorisme. Ce drame est perçu comme une aubaine par le régime en place qui ne cesse de répéter " New-York et Alger, même combat " pour mieux ramener mon pays à la case départ. Les " décideurs " pensent que les conditions optimum sont réunies pour lancer une 3ème guerre en Algérie à l'abri d'une conjoncture internationale qui leur serait favorable. Comment ose-t- il répéter que la guerre contre les auteurs des attentats du 11 ne doit pas devenir un conflit contre les musulmans et poursuivre une politique de discrimination à l'égard du peuple algérien pris entre deux feux?

Le 20ème siècle a été celui de conflits titanesques entre fascismes et démocratie. Ils continuent à hanter nos mémoires quand on voit la résurgence des polices politiques .Il a été aussi l'époque d'une Guerre Froide qui a permis aux deux superpuissances concurrentes de multiplier à travers la planète, et particulièrement dans le Tiers-Monde et l'aire islamique, des dictatures qui ont servi de relais à leur condominium .
L'échec de la décolonisation qui en a résulté s'est soldé en pays d'islam par une paupérisation, une oppression et une inculture généralisées favorables aux violences et aux extrémismes .

L¹Algérie peut et doit échapper à la nouvelle spirale suicidaire avec laquelle les généraux de l'armée et de la police politique veulent jouer à pile ou face l'avenir des Algériens. A condition que ceux ­ci cessent de bénéficier des complaisances et des complicités internationales.
Un mouvement de solidarité internationale peut ouvrir cette nouvelle dialectique entre la mémoire et l'histoire qui se fait sous nos yeux. Son enjeu ne serait plus la seule fidélité au passé , mais la capacité de l'histoire et de la mémoire à modifier la vision et les projets de chacun et de tous pour faire triompher une modernité humaniste fondée sur la paix, la démocratie et la justice.

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 21:49

A Alger, le 04-05 octobre 2001

Aux membres du Conseil national du Front des forces socialistes 
Essalam âalaykum wa rahmatu Allah wa barakatuh !
Azul fllawn, fllaknt !

 Vos assises de demain coïncident avec le 38e anniversaire du parti. Comme toujours j’essaie de vous parler du fond de moi-même ! Et d’abord je souhaite que vos débats soient sereins et libérés de tout tabou. Que vous alliez rendre le meilleur hommage aux hommes et aux femmes qui ont animé et construit le FFS, et surtout à tous ceux et celles qui ont donné leur vie à notre long et si difficile combat, en allant au fond des problèmes qui se posent à notre peuple à notre stratégie politique.

 C’est grâce à une certaine conception éthique de la politique indissociable des valeurs spirituelles et morales de notre société, que notre parti a réussi à triompher de toutes les tentatives d’éradication, de retournement et de déstabilisation. C’est grâce à notre volonté de conformer nos comportements et nos actes à nos discours en faveur de la paix, de la justice et de la démocratie, qu’il a affirmé sa différence par rapport aux jeux stériles et sans gloire des castes «politiques» qui soutiennent le pouvoir. Et qu’il ne cesse de gagner en crédibilité et en confiance auprès de notre peuple et de ses couches les plus démunies.

 Nos hommages et nos devoirs de mémoire à l’égard des hommes et des femmes qui ont porté le FFS à bout de bras depuis presque trois générations, nous créent l’obligation de sauvegarder cette ferveur éthique qui est l’essence de nos motivations et de nos activités politiques.

 Le souvenir et la fidélité à nos camarades assassinés, torturés ou exclus de la vie sociale, c’est continuer à donner son vrai sens à la politique, pour la réhabiliter aux yeux de notre jeunesse coupée de nos traditions de lutte parce que coupée de son passé. La réhabilitation du combat politique était plus que jamais au cœur des débats de notre IIIe Congrès. L’alternative démocratique qui y fut notre devise était conditionnée, pour sa réalisation, par la réconciliation de la jeunesse avec la politique, dont le sens a été systématiquement dénaturé et perverti. Il fallait trouver les voies et moyens d’éveiller et d’impliquer cette jeunesse dans les luttes sociales, culturelles et politiques. Lui apprendre à se prendre en charge, à construire de ses propres mains l’avenir démocratique et reconquérir les leviers de l’Etat ainsi que les ressources du pays pour sortir de la détresse et de la hogra. Je vous rappelle que nous avions prolongé d’une journée nos travaux aux IIIe Assises, afin de définir les axes d’une stratégie susceptible d’enclencher la dynamique porteuse d’un changement radical progressif et pacifique dans notre pays ruiné par une gestion désastreuse de plusieurs décades, gestion couronnée par une guerre fratricide, cruelle et absurde.

 Lisez ou relisez les statuts du parti ! Vous y trouverez notamment un impératif fondamental : ouvrir le parti à la société afin de l’aider à s’impliquer et se mobiliser. Pourquoi donc avions nous insisté, à titre d’exemple, sur la création de collectifs à la base et de commissions au niveau de votre instance élue directement par le Congrès pour veiller à la mise en oeuvre des changements qui doivent mettre à niveaules structures et les mentalités pour impulser, élargir et enraciner l’influence du FFS.

L’évaluation de l’état actuel du parti ne peut faire l’impasse sur une autocritique sereine, mais qui sorte de l’indifférence et du silence des uns et de la langue de bois des autres. Aucune des résolutions de nos IIIe Assises en question n’a été appliquée, pourquoi ?

A-t-on peur d’ouvrir le parti pour le préserver des opportunistes ? Ou pour protéger sa position personnelle, c’est-à-dire son «grade», sa clientèle, ses ambitions électorales. C’est vrai que l’expérience de l’ouverture a donné des déceptions, des retournements de veste de la part de nouveaux venus, d’ailleurs souvent parrainés par de plus anciens. Mais avons nous oublié que les défaillances inattendues, mais qui auraient pu être graves, n’étaient les saines réactions de la base, avaient été aussi le fait de responsables qui pouvaient se prévaloir de leurs engagements plus «historiques» et n’avaient pas hésité à le faire d’ailleurs ? Il nous faut revenir à l’essentiel : c’est le choix stratégique du parti qui détermine le mode d’organisation. Ou bien choisir la conception élitiste d’une minorité sûre, pure et dure qui se condamne à être isolée des masses, à être exposée aux tentations de manipulation du pouvoir. Et qui, faute de poids politique dans la société, s’inscrit sur la liste d’attente des groupes voire des sectes en voie d’intégration au pouvoir en place.

 Notre choix et à l’opposé depuis la création du parti. Il a été réaffirmé et confirmé tout au long de notre opposition démocratique et par toutes nos assises nationales. Nous avons fait de notre enracinement populaire l’axe fondamental pour faire avancer la culture démocratique dans la société et redonner aux catégories sociales marginalisées les chances de se mobiliser pour que ce soit elles qui isolent le pouvoir.

Il s’en est suivi chez nous le refus d’une organisation fermée sur elle-même et dont le rôle consistait dans la pratique à limiter, entretenir, gérer les militants voire régler les problèmes de clans et d’incompatibilité d’humeur qui caractérisent les structures closes, à la fois asphyxiées par les terribles conséquences de l’éternel état d’urgence et le train train bureaucratique. Les risques de fermer ou de feindre l’ouverture de l’organisation sur la société sont, en définitive, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus graves qu’une ouverture faite avec détermination et discernement. Ils risquent de priver le parti des relais et passerelles d’écoute et de communication avec la chaire vivante de notre peuple. D’anesthésier la vigilance et les réflexes politiques des militants.

C’est pourquoi le parti a été pris de court par les sursauts extraordinaires de notre jeunesse et de l’écrasante majorité de la population.

 Je ne saurais assez rendre hommage aux militants, aux responsables et aux élus locaux pour la manière dont ils se sont vite impliqués contre la répression impitoyable en Kabylie et pour encadrer les mouvements de contestations pacifiques. Sans oublier les nombreux militants et sympathisants qui sans être encartés ont retrouvé les réflexes FFS, le Nif démocratique, qui s’étaient mobilisés d’eux-mêmes pour que nous puissions faire face honorablement à une véritable tragédie nationale.

C’est dire qu’il n’y a pas que des aspects négatifs dans mes propos et mes convictions, par rapport à l’ensemble des engagements et des promesses du parti. Mais les accélérations de l’histoire nous interdisent l’autosatisfaction. La dynamique de la dissidence citoyenne pacifique et nationale a ouvert le processus de cette alternative démocratique que nous appelions de tous nos vœux. Nous avons l’obligation morale et politique, aujourd’hui, de répondre, à notre tour, à l’appel de cette alternative, de notre jeunesse qui s’est mobilisée d’elle-même à travers le pays et qui a redécouvert l’importance de sa participation ; elle a vérifié, dans la résistance et l’engagement, le succès et la portée de son auto-mobilisation.

 Et maintenant, notre devoir est de protéger cette dynamique citoyenne d’une dérive populiste à tendance violente, irresponsable voire néo-fasciste.

 Chers amis,

  La fermeture de nos structures a eu aussi comme conséquence de restreindre la possibilité de renouvellement partiel de notre instance dirigeante, le Secrétariat national. Non pas que les secrétaires nationaux aient démérité, loin de là. Mais c’est toute une démarche alternative du développement du parti qui est en jeu. Outre le principe de l’alternance que nous imposent nos statuts.

 Je souhaite vous saisir de propositions à ce sujet, lors de la session extraordinaire de votre instance qui pourrait se tenir aux alentours du 10-15 novembre prochain.

 Je terminerai ce message par le point, j’allais dire sur la plaie la plus sensible et la plus intolérable. La question des contributions des parlementaires et des élus locaux et wilayaux. Vous aviez depuis très longtemps fixé à 30% le taux des indemnités des parlementaires qui devaient être versées au parti, comme le font tous les partis sociaux-démocrates de l’Internationale socialiste.

 Ce taux a été révisé d’autorité à la baisse, à 10% exactement, faisant fi! des décisions des deux instances élues directement par le congrès. Comble de stupeur, même à ce niveau de nombreux intéressés ne se sont pas mis à jour, à ce jour, avec le parti.

Vous me connaissez assez pour savoir que ce n’est pas de ma nature de jouer au Président. Mais il y a deux choses qui m’interpellent d’une manière douloureuse et très impérieuse : que la corruption ou ce qui y ressemble s’installent dans le parti.

J’ai une responsabilité morale et politique écrasante sur ces questions auprès des militants et du parti et j’entends les assumer. Je n’ai pas d’autres solutions à vous proposer, les multiples rappels à l’ordre n’ayant servi à rien chez certains, que de vous demander de me faire avant le prochain conseil l’état financier de l’ensemble et de chacun des élus qui ne se seraient pas mis en règle avec le parti, d’ici vos assises prévues le mois prochain. Je veux la liste nominale des récalcitrants. Il n’est pas dans ma compétence de leur enlever, éventuellement, la couverture du parti. Nos statuts en ont prévu la procédure. Je me contenterai de les renvoyer à la population qui les a élus et surtout aux militants qui se sont coupés en quatre pour les faire élire. Du reste on sait les sacrifices et le point d’honneur que ces mêmes militants se font en silence pour ramasser les petits sous et s’acquitter de leurs propres cotisations.

Je n’hésiterai pas un seul instant à faire oeuvre de transparence en dénonçant des comportements de notables intouchables étrangersà nos traditions et qui portent atteinte à ce que nous avons de meilleur et partageons avec notre peuple.

 Bon travail ! Les nuages des retombées internationales nocives passeront. L’avenir démocratique est incontournable aussi chez nous.

 Avec toutes mes amitiés  Hocine Aït-Ahmed

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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