4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 13:35
Quelle serait la réponse de Hocine Ait Ahmed, s’il devait répondre à Saidani ?

Obligée pendant longtemps à imaginer des scénarios farfelus, la presse algérienne trouve dans la lettre de Saidani une occasion rêvée de déverser toute sa haine envers le FFS. Habituée aux sales besognes, la presse s’en saisit aussitôt du sujet. Pour les deux titres nationaux, liberté et le soir d’Algérie, dont l’animosité à l’égard du FFS n’est plus à démontrer, cette lettre constitue une preuve irréfutable d’un deal passé entre le pouvoir et le FFS. Voila donc une opportunité que les adversaires du FFS tentent d’exploiter au maximum: Amar Saidani envoie une lettre à Hocine Ait Ahmed. Le complot contre la nation est enfin découvert, tentent-ils de prouver. Selon le plumitif, Mustapha Hamouche, du journal liberté, « la lettre de Saidani à Ait Ahmed vient, enfin, résoudre l’énigme qui, depuis le début 2012, entoure la nature des rapports entre le FFS et le pouvoir. »

Cependant, pour permettre aux lecteurs –peu nombreux certes, comme aimait à me le faire signaler un apprenti sorcier de la politique – de cerner les contours de la lettre de Saidani, celle-ci, peut-être scindée, selon mon humble avis, en deux parties. La première –à l’exception des farouches adversaires du FFS bien évidemment –peut faire quasiment l’unanimité. En fait, il s’agit tout bonnement d’un rappel du parcours de l’une des figures de proue du mouvement national. Quant à la seconde, bien qu’elle ne contienne aucune offense, elle risque de ne pas plaire aux militants du FFS en général et à son destinataire, Hocine Ait Ahmed, en particulier.

En tout état de cause, bien qu’il appartienne à Hocine Ait Ahmed, et à lui tout seul, de juger de l’utilité de répondre à cette sollicitation du SG du FLN, il est fort possible que la réponse –s’il n’y en a une bien sûr –ne soit pas du gout de Saidani. Car, depuis l’indépendance du pays, les divergences entre Hocine Ait Ahmed et les dirigeants inamovibles sont fondamentales. Quand ceux-ci voulaient et veulent toujours exercer une tutelle sur les Algériens, le chef charismatique du FFS demandait et demande encore que la source du pouvoir émane uniquement du peuple algérien. En outre, à chaque fois qu’il se démenait pour que la bride soit un tout petit desserrée, le régime l’a systématiquement combattu.

Néanmoins, malgré l’exil forcé, pendant près de trois décennies, malgré les difficultés tous azimuts, force est de reconnaitre que Hocine Ait Ahmed n’a jamais abdiqué. Prenant soin de ne pas confondre l’Algérie avec le régime en place, il a toujours œuvré dans l’intérêt du pays et non dans l’intérêt d’un quelconque groupe. Et pour ceux qui n’aiment pas le langage codé, Ait Ahmed ne peut pas prendre parti pour Mediene contre Bouteflika ou vis-versa, comme ont l’habitude de procéder certains politiciens algériens. Cette ligne de conduite a été la sienne tout au long de sa riche carrière politique. En dépit des départs, dois-je dire des pertes, qui ont parfois secoué la maison FFS à cause du chantage permanent du régime, Hocine Ait Ahmed a fait du FFS une force politique incontournable. Du coup, malgré son retrait de la présidence du parti, pour la majorité des militants et des sympathisants du FFS, Hocine Ait Ahmed restera toujours présent dans tout ce que le parti entreprendra.

Quoi qu’il en soit, bien que nous ne percevions pas le retrait de Hocine Ait Ahmed de la vie politique de la même manière que Saidani [il est bon de rappeler aussi que les idéaux pour lesquels Ait Ahmed s’est battu, pour nous, militants et sympathisants du FFS, ne se marchandent pas], le SG du FLN a raison de dire, en s’adressant à Hocine Ait Ahmed, que « votre parcours dans l’honneur et l’exemplarité et ce que vous incarnez comme valeurs et symboles dans la conscience collective nationale doivent pouvoir continuer d’inspirer les générations présentes [pour beaucoup de militants, cela s’est fait depuis longtemps] et futures de militants et de politiciens, quelles que soient leurs sensibilités partisanes. »

Pour toutes ces raisons, si jamais Hocine Ait Ahmed doit s’impliquer personnellement dans le processus politique, ce sera uniquement dans le but de permettre aux Algériens de reprendre les rênes du pouvoir. Est-ce que le pouvoir en place est prêt à œuvrer dans ce sens ? Voilà une question qu’il faudra clarifier si les décideurs veulent la participation des Algériens en vue d’édifier des institutions justes et équitables. Or, jusque-là, on assiste plus à un combat de coqs au sommet de l’État en vue de contrôler le pouvoir et non pas dans le but d’organiser les conditions d’un jeu politique sain. Et à ce jeu, il ne faut surtout pas compter sur le concours de Hocine Ait Ahmed.

Ait Benali Boubekeur

commentaires

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories