/image%2F0550898%2F201309%2Fob_4c3805_1044464-241580635989967-1167224869-n.jpg)
Du 5 au 7 septembre 2013, le FFS a tenu son université d’été à Bejaia. Celle-ci intervient, comme le signale si bien le premier secrétaire, Ahmed Betatache, dans un contexte alambiqué. En effet, bien que la société en général adopte la politique de l’autruche [en cachant sa tête, elle croit que le danger la guettant disparait par la même occasion], l’état du pays –et c’est le moins que l’on puisse dire –est calamiteux. La multiplication des scandales financiers, le verrouillage du champ politique et les intimidations tous azimuts paralysent sérieusement le « fonctionnement normal » des institutions du pays. Pour empêcher la société de se prendre en charge, le régime fait en sorte de pérenniser cette situation. Aidé par ses relais, ce pouvoir a toujours su tirer son épingle du jeu.
Quoi qu’il en soit, malgré la faiblesse de l’opposition, phagocytée par le pouvoir, le FFS a toujours joué un rôle décisif. Ayant évolué dans un climat hostile depuis sa création, le parti fondé par Hocine Ait Ahmed n’a jamais courbé l’échine face à la pression des pouvoirs publics. Faisant du droit du peuple algérien de choisir librement ses représentants un principe tangible, Hocine Ait Ahmed a déployé, tout au long de son combat, toute son énergie pour que les rênes du pouvoir soient détenues par les Algériens. « Les Algériennes et les Algériens, notamment les jeunes, les femmes et les acteurs sociaux, doivent s’impliquer activement dans la construction d’une alternative démocratique et la recherche d’une issue pacifique à la crise multidimensionnelle qui ronge notre pays depuis l’indépendance », lit-on dans la déclaration de synthèse rédigée à l’issue des travaux de l’université d’été. Or, bien qu’on ne doute pas de la bonne foi des participants aux travaux de l’université d’été, le sujet qui préoccupe les Algériens en ce moment n’est pas traité en profondeur.
En effet, paradoxal que cela puisse paraitre, le sujet des élections présidentielles a été éludé. Quelle attitude doit alors adopter le militant face à l’absence de choix de la direction ? Dans mon long séjour au village, il se trouve que les discussions entre militants tournent autour de ce sujet. Bien que chacun de nous ait son propre avis, on aurait aimé que le parti se soit déjà prononcé sur la question. Du moins, on aurait aimé que le parti se positionne pour qu’on fasse de ce positionnement le nôtre. Hélas, le temps où le FFS adoptait des positions offensives semble appartenir à une autre ère. Cela étant dit, il se peut que la situation recommande plus de retenue. Mais, ce qu’on peut dire, c’est qu’au temps d’Ait Ahmed, il suffit qu’on ait son message entre les mains pour que le problème soit simplifié au maximum. Lors des élections de mai 2012, les militants avaient eu droit à une analyse détaillée dès le 18 mars 2011, complétée par l’interview du 4 juillet 2011, de la part du président Ait Ahmed.
Or, à sept mois des élections présidentielles, le militant du FFS navigue à vue. Bien que les arguments qui ont motivé notamment la participation du parti en 2012 soient repris par le premier secrétaire lors de son discours d’ouverture de l’université d’été, on n’ose pas aller au fond du raisonnement. « Je rappelle que notre participation aux élections législatives dernières visait à mettre le mouvement dans la situation de statu quo politique. Elle avait aussi pour but de faire face aux défis et aux dangers qui nous menaçaient », argue-t-il. Est-ce que les éléments qui ont motivé le parti à prendre part à ces élections sont toujours d’actualité ? La réponse est oui. On peut même dire que la situation s’est empirée. Donc, si les dangers sont toujours là, il faudra agir en conséquence. Sauf si l’enjeu des élections n’est pas le même. Ainsi, si le régime décide d’exclure le peuple algérien de la prochaine joute électorale [en 2012, le peuple algérien s’est exclu lui-même], il faudra dénoncer ce jeu criminel. Dans tous les cas, la position du FFS doit être claire. Et si le militant du FFS est exigeant, c’est parce qu’on a été habitué à la franchise et à la clarté du temps où Ait Ahmed dirigeait le parti. De toute façon, quelle que soit la position du parti, la base a toujours respecté le choix. Il suffit juste de l’argumenter honnêtement. Enfin, le FFS ne devrait avoir aucun reproche à se faire si le régime ne jouait pas le jeu de la démocratie.
Ait Benali Boubekeur