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Par Saïd Radjef. En Algérie, on a cette fâcheuse habitude de déterrer à chaque fois les morts pour masquer notre lâcheté et notre soumission aveugle à l’ordre établi. Des morts auxquels on colle du reste un tas de « faits imaginaires » pour justifier nos choix pervers…d’hier et d’aujourd’hui. Certains veulent disposer de nos choix et de nos convictions comme si on était leur propriété privée.
Ce n'est pas pour rien que les algériennes et les algériens en ont marre de leur presse. Ils étouffent sous le paternalisme chiant et dégradant du pouvoir tout en constatant la lâcheté, la complicité et l’ignorance des médias prêts à brader la liberté pour se soumettre aux cartels du régime. Apres avoir honteusement abandonné les idéaux d’une réelle liberté d'expression et d’une presse véritablement libre et renoncé de façon criminelle à la rectitude intellectuelle et citoyenne, certains directeurs fabriqués dans les laboratoires du régime auxquels ce même régime a fabriqué un accoutrement d’opposant démocrate, ont tout fait pour étatiser la libre pensée et le génie du peuple.
En 2013, à l’heure des grands défis scientifiques et de la conquête de l’espace, l’Algérie ne compte pas plus de 70 journaux et revues (presque le même nombre que durant la colonisation lorsque l’Algérie ne faisait pas encore neuf millions d’habitants), alors qu’une ville du Midi dont on peut entendre les battements de cœur à partir d’Alger ou d’Oran en compte plus de 1200. Tout y est : outre la diversité de la gamme proposée allant de l’information locale aux dernières découvertes scientifiques, tout le monde trouve ses comptes. Dans le respect des principes de la déontologie et des limites à ne pas franchir.
En Algérie, la presse donne l’impression d’être une entre metteuse de bas étage au service des cartels du régime. Au lieu de s’affranchir de la tutelle de ces cartels, elle fait tout pour corrompre l’imaginaire collectif par un tas de mensonges et de manipulations aussi ridicules qu’ubuesques. Mais une entre metteuse est une salope qui peut s’accommoder de toutes les humiliations avec un sourire au bout des lèvres. Elle combat toutes les initiatives visant à élargir l’espace médiatique par une véritable ouverture démocratique. Si vous n’êtes pas un patriote de l’Etat, un artiste de l’Etat, une plume de l’Etat vous n’avez pas le droit d’exister. L’intelligence et le génie sont la propriété exclusive des cartels qui ont privatisé l’Etat. L’initiative artistique, culturelle et intellectuelle en dehors de la tutelle de l’Etat est considérée comme un acte terroriste passible de lourdes peines… Et nos éditeurs qui se voilent fébrilement derrière les sacrifices de la presse, veillent scrupuleusement à ce qu’aucune initiative ne vienne changer le cours des choses. Surtout lorsqu’on brasse quotidiennement des milliards de dinars grâce à la pub des cartels.