Le parcours d’un homme ne se limite pas à une seule phrase. Avant de revenir sur le commentaire d’Anwar Haddam, il est primordial, à mon humble avis, de définir
la situation des années 1990. Bien que la situation ait été scabreuse, Ait Ahmed se positionnait selon les données politiques du moment. En comprenant que Mouloud Hamrouche voulait lancer des
chantiers de réformes, il n’hésita pas à faire alliance avec lui. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Hamrouche fut décrié par la direction du FIS. Dans cette logique, il est normal qu’Ait
Ahmed ait un rapport distant avec le FIS. En plus, ils disputèrent la même base. Cependant, et sans que ce soit nullement une quelconque animosité, le FFS et le FIS ne furent pas sur la même
longueur d’onde quant à l’acception de la République algérienne. Pour Ait Ahmed, celle-ci doit être démocratique. Il s’appuie sur le fait que la renaissance de l’Algérie fut issue d’un référendum
sur l’autodétermination. En outre, pour lui, comme l’Algérie n’avait pas été une monarchie ni une théocratie, en 1962, elle ne pouvait être que démocratique. Or, dans le début des années 1990,
certaines déclarations des responsables du FIS consistant à dire que « la démocratie est impie » faisaient énormément peur. Cela dit, quand les Algériens ont opté pour le FIS en
décembre 1991, il fut quasiment seul, dans la soi-disant mouvance démocratique, à réclamer le respect des résultats. En revanche, il entendait ensuite mener le combat, qu’il jugeait le sien, au
sein de l’Assemblée. Malheureusement, les décideurs ont décidé autrement. Dans cette compagne, Ait Ahmed s’est retrouvé, de la façon la plus naturelle, du côté des opprimés. C’est pour ça, et
sans qu’il y ait de risque que je me trompe, je dis à Amel que tu te trompes énormément. En effet, si tu attends que l’ENTV dise ce que fait Ait Ahmed, tu ne sauras rien de ses activités. Quant à
Monsieur Anwar Haddam, eh bien, je cite ces passages pour que le lecteur sache tout. En ce sens, la ligne du LQA est claire. Dès le départ, LQA travaille pour l’émergence, partout alors, de la
vérité.
Cependant, le FIS, dans le début des années 1990, avait des ambitions et s’appuyait aussi sur une base solide. Or, en bon musulman, Ait Ahmed n’estimait pas (et n’estime pas jusqu’à aujourd’hui) que la charia était la panacée à la crise politique que traversait l’Algérie à ce moment-là. Et en défendant la poursuite du processus électorale, il n’entendait pas troquer ses idées pour celles du FIS. Ne pas le dire, deux décennies plus tard, serait, pour moi, une façon de désorienter les lecteurs, notamment ceux du LQA. Quant à moi, dès le début de ma participation aux débats de ce respectueux journal, je me sens toujours en symbiose avec sa ligne éditoriale. Le but que j’assigne à mes textes est avant tout de partager mes recherches. Bien sûr, j’essaie, autant que faire se peut, de m’appuyer sur des archives respectables. D’ailleurs, ce Monsieur, Pierre Monbeig, a consacré une thèse de doctorat sur l’opposition algérienne. Du coup, pour ma part, je trouve opportun que de tels passages soient cités, et ce bien que le pays ait besoin d’un large rassemblement. Ceci dit, à travers ce texte, je n’attise nullement la haine. En effet, entre la démarche du DRS et une analyse scientifique, il existe, entre elles, une distance incommensurable. D’ailleurs, dans mes différents textes, je ne fais aucune allusion régionale ni une orientation discriminatoire. En somme, il va de soi que notre souci est de voir notre pays dans une meilleure posture. Et l’éventuel rassemblement doit se faire sur cette base et uniquement sur cette base.