Depuis l’ouverture du débat avec la base, le
FFS devient la cible des partisans du statu quo. Mais pourquoi cette démarche du FFS dérange-t-elle ? Il va de soi que le débat avec la base n’est pas une tradition politique en Algérie.
Chez les autres formations, une telle initiative est tout bonnement inenvisageable. Car elles fonctionnent selon la théorie suivante : on reçoit des ordres et on les transmet à la base. Du
coup, le FFS fait face à une vague de critiques sans précédent. Connu pour ses positions intransigeantes sur le respect des valeurs démocratiques, le FFS, en réalité, est habitué à ce genre
d’entreprise de déstabilisation.
Cependant, cette campagne ne choque plus à force de la multiplication des attaques. Il se peut que ces gens ne soient pas habitués à avoir un débat de fond au sein de leur formation politique. Étant plus à l’aise dans l’invective que dans la proposition, ils colportent à l’envi des allégations mensongères à l’égard du FFS. Mais qui peut croire, hormis leurs partisans croyants il y quelques années que la démocratie pût réussir en ne respectant pas la volonté des Algériens, à une possible allégeance d’Ait Ahmed au régime d’Alger ? Homme de conviction, Ait Ahmed va-t-il commencer une carrière de compromission à l’âge de 86 ans ? En tout état de cause, pour les militants du FFS, cette campagne de déstabilisation ne doit pas les détourner de leur mission consistant à poursuivre sereinement les débats jusqu’à leur terme.
D’une façon générale, ce débat n’engage pas seulement l’avenir du FFS mais aussi celui de l’Algérie. Bien que la tragédie nationale des années 1990 soit exploitée par le régime pour se pérenniser, il n’en reste pas moins que la chute de plusieurs régimes dictatoriaux, dans la région, constitue une chance pour l’Algérie de renouer avec la démocratie, un processus, rappelons-nous, interrompu par les militaires en 1992. En effet, sous prétexte que les Algériens n’ont pas voté dans le sens espéré par les dirigeants, le processus démocratique a été uniment stoppé. Et c’est ce que le FFS n’a cessé et ne cesse de dénoncer. Pour le FFS, pour peu que l’Algérie atteigne l’âge de voter, son choix doit être respecté. Cela dit, bien qu’une telle position soit unanime dans l’esprit de tous les démocrates, en Algérie, il y a encore du chemin à faire. Et pour cause, dés que le FFS monte au créneau pour appeler à l’instauration de la démocratie, les pseudos démocrates l’attaquent sans vergogne.
Pour ce faire, ils répandent des rumeurs selon lesquelles Ait Ahmed aurait passé un deal avec le pouvoir. D’une façon générale, ils font tout pour décourager le citoyen de s’intéresser au processus de démocratisation de l’Algérie. C’est ce que le journaliste du journal la Nation résume, lors de l’interview que lui a accordé Ait Ahmed en juillet 2011, par ce titre : « le système encourage la dépolitisation ». Sorti des laboratoires des services, leur parti est un vrai représentant du pouvoir réel en Algérie. D’ailleurs, dans son dernier livre intitulé « Histoire secrète de l’Algérie indépendante », Mohamed Sifaoui, un proche de certains cercles des services algériens, n’écrit-il pas en page 229 : « Selon un document de Wikileaks qui faisait état d’une discussion entre Saïd Sadi, leader du RCD, et le général Mediene, celui-ci aurait reconnu, devant l’opposant démocrate, l’étendue de la corruption au sein du système. Le président du RCD raconte que le patron du DRS, après avoir observé un moment de silence, a jeté un regard en direction du portrait du président Bouteflika en répliquant que le problème avait atteint son paroxysme. »
Quoi qu’il en soit, chacun est libre de concocter les alliances qu’il juge idoines. Ce qui est répréhensible, en revanche, est de propager des mensonges sur un parti ne misant aucunement sur les services pour parvenir au changement en Algérie. Ainsi, à la différence des services et leurs amis, le FFS considère que le changement émane du peuple. D’ailleurs, dans l’interview déjà citée, Ait Ahmed relève que : « La première et la plus formidable victoire de ce soulèvement des sociétés est d’abord dans l’affirmation d’une idée jusque-là interdite : c’est aux dirigeants de faire la preuve qu’ils aiment leur pays et qu’ils méritent la confiance de leur peuple…Le printemps de Tunis et la formidable mobilisation du peuple égyptien ont offert à tout le monde arabe ce cadeau inestimable. »
Cela étant dit, bien qu’il puisse y avoir des réticences, le contexte régional oblige, qu’ils le veuillent ou non, les dirigeants à offrir les conditions de la tenue d’un scrutin correct. Et sans les révolutions dans les pays nord-africains et les avancées au Maroc, cette position de participation aurait être interprétée –et ça serait une compromission –comme une capitulation. Néanmoins, le régime ne va pas faciliter la tâche. Sans qu’on attende qu’il fasse son mea-culpa, il faut tout simplement s’inviter dans l’arène. Que ce soit le boycottage actif ou la participation, les militants ne doivent plus laisser le terrain libre.
Là encore, il ne s’agit pas d’avancer aveuglément. Le régime algérien, il faut le dire haut et fort, ne mérite aucune confiance. Dans tous les cas, il fera tout pour se pérenniser. Du coup, ses appels au changement sont un leurre. Sans la prise en charge de la question démocratique par les Algériens eux-mêmes, le régime tentera de maintenir son emprise sur l’Algérie. En tout cas, ces manœuvres ne datent pas d’hier. Revenant sur les réformes promises par le régime, Ait Ahmed rappelle : « Quand il y a eu des vraies réformes, ils ont fait une guerre pour les stopper ». Par conséquent, la solution réside dans la mobilisation des masses. Pour lui, la priorité est « la construction du parti, le rétablissement des liens entre militants, entre citoyens, entre forces sociales. Et la poursuite du dialogue avec les partenaires engagés dans un effort sérieux et constant sur la démocratie et le changement de ce système de pouvoir. »
Cependant, six mois après cette interview, le FFS engage une large concertation avec la base. Quel que soit le choix du parti, les militants et sympathisants du FFS doivent se réjouir de la confiance du parti à leur égard. Ailleurs, chez les autres formations, leurs responsables reçoivent des ordres qu’ils transmettent aussitôt à leurs bases respectives. Enfin, bien que les adversaires du FFS tentent vaille que vaille de discréditer une telle démarche, le militant doit se concentrer sur l’essentiel : être une force de proposition. Et peu importe son choix, il faut qu’il saisisse à fond cette opportunité. Car, encore une fois, cette opportunité n’existe pas chez les autres formations, même si elles se réclament de la mouvance démocratique.
Par Ait Benali Boubekeur