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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 18:52

images-copie-7.jpgUne énième parodie électorale vient de se dérouler dans l’indifférence totale. Inutile d’en commenter les résultats tant le suffrage universel est introuvable en Algérie. Sous d’autres cieux, les élections ont pour objectif de renouveler le contrat démocratique, d’assoir ou de renforcer le consensus autour de valeurs communes forgées par de longues traditions politiques et qui constituent le socle d’une Nation souveraine.

Dans l’Algérie de Bouteflika et des chefs militaires, elles ne sont qu’une technique sophistiquée destinée à remodeler le champ politique en fonction des rapports de force entre factions se disputant le pouvoir et le contrôle des hydrocarbures.
Le débat d’idées et la confrontation de projets relèvent du chimérique, voire du risible, en l’absence d’un espace public démocratique. La "chose publique" est un concept qui a du mal à percer dans l’épais brouillard formé par la corruption, l’irresponsabilité, et le "j’m’en‑foutisme" au plus haut niveau !
Mission impossible pour tous ceux, hélas peu nombreux, qui ont un sens élevé de la politique, celui de servir l’intérêt général. Mais qui désespèrent aujourd’hui de voir le pays s’enfoncer dans le chaos. Pourtant le devoir moral et civique est de résister et de continuer à faire œuvre de pédagogie en dénonçant les impostures du pouvoir et de ceux qui, y compris dans l’opposition, les alimentent, consciemment ou inconsciemment.
L’Algérie en danger !
C’est le nouveau mot d’ordre de l’opposition pour justifier ce nouveau rôle d’idiot utile du Système.
Préserver la Nation des visées néo‑impériales peut constituer un noble objectif, tout comme l’a été, pour sa libération, le 1er novembre 1954. Tout patriote a le devoir, dans des circonstances graves, de placer l’intérêt national au dessus de toutes autres considérations.
Dire cela, c’est dans un même mouvement refuser la prédominance des intérêts claniques, tribaux et régionalistes et dénoncer un détournement des institutions, devenues le terrain de jeu privilégié d'imposteurs, d'arrivistes sans scrupules, d’affairistes véreux, d’ancien et de nouveaux caïds, brefs de ces Raspoutine, sans foi ni loi, faisant et défaisant les lois, terrorisant les plus intègres de nos cadres.
C’est par exemple refuser tout compromis avec cet ancien Premier ministre, qui a poussé l'outrecuidance jusqu'à évoquer le « sens de l'État » quand il n’a fait, avec un zèle inégalé, que servir ses mentors.
C’est se démarquer d’un parti dont la mission historique s’est achevée en 1962 et qui sert aujourd’hui de bouclier au Système et dont la victoire programmée par un nouveau coup de force veut faire croire, notamment vis‑à‑vis de l’étranger, à un large consensus autour du pouvoir.
Être patriote, c’est refuser toute forme de complaisance.
C’est de l’Algérie de Bouteflika et des chefs militaires qui l’ont coopté à la tête du pays qu’il faut, en définitive, se démarquer !
Bien sur, il ne s'agit pas d'établir une corrélation entre l'intronisation de Bouteflika et la crise politique qui remonte aux premières heures de l'indépendance, et peut-être même avant. Sûrement d’ailleurs. Mais l'actuel chef d'état l’a considérablement aggravée, sapant ce qui constitue le souffle d’une Nation, son "esprit" : le "vouloir vivre ensemble". En centralisant tous les leviers décisionnels, en instrumentalisant cyniquement et en manipulant les facteurs de cohésion nationale, Bouteflika a divisé le pays et créé une situation potentiellement dangereuse pour l’unité et l’intégrité du pays.
En stigmatisant une région, la Kabylie, en refusant de faire la lumière sur les événements du printemps noir de 2001, en entravant l’investissement productif national, en faisant d’elle un espace où prolifèrent le terrorisme, les kidnappings et la délinquance pour la neutraliser politiquement, Bouteflika a fait objectivement le jeu des extrémismes et offre la possibilité aux ennemis de l’Algérie d’instrumentaliser une possible dissidence à caractère ethnique.
Responsabilité et conviction
Être patriote, c’est éviter de hurler avec les loups et de céder à l’hystérie "nationaliste" d’un pouvoir qui, paradoxe des paradoxes, n’agit que pour éloigner davantage la tâche urgente de construire un consensus national démocratique susceptible de permettre à notre pays de mieux résister à la dynamique infernale d’un capitalisme financier mondial qui sape les fondements des États‑nations partout dans le monde.
Il n’y a d’historique que la volonté du peuple algérien à exercer sa souveraineté, disait Hocine Aït Ahmed. Autrement dit, seule la volonté populaire est réellement constitutive de la Nation. L’histoire, les langues, la (ou les) religion(s), les coutumes et autres traditions en sont les ferments nourriciers.
Contrarier cette volonté, c’est ce à quoi se sont attelés depuis l’indépendance, les "nationalistes" au pouvoir. Et c’est contre ce viol historique que s’est structuré le mouvement de résistance démocratique. Un mouvement initié par le FFS en 1963 et qui, aujourd’hui, au nom d’un réalisme politique mal compris et d’un acoquinement trouble avec le clan d’Oujda, est en voie de renier ses fondamentaux politiques.
Il est vrai que la politique est rapport de force. Que le réel doit être appréhendé tel qu’il est : une terrifiante régression morale, politique et civique. Mais quand l’éthique de responsabilité se moque de l’éthique de conviction, elle dégénère en opportunisme qui, dans le désastre actuel, confine à l’immoralité.
Alors, quid du sens de l’intérêt général ? De la morale publique ? Faut‑il rejoindre cette cohorte de "politiques" qui se bousculent avec voracité aux portes blindées d’un système rentier comme jadis, du temps des pénuries, on se chamaillait devant les Souks el fellah et autres supermarchés ? Il est vrai que la rente n’est pas éternelle !
Seul le Grand Maghreb des peuples
Oui, L’Algérie est bel et bien menacée. Elle se trouve dans le collimateur de ceux qui n’ont pas digéré le processus de libération et de ceux dont elle attise la convoitise en raison de ses immenses richesses naturelles.
La sanctuarisation de l'Algérie face au processus impérial de recomposition géostratégique, autoritaire et guerrier est impossible dans le cadre du Système en place. Elle le sera d’autant moins dans ce "néo‑boumediénisme" que les décideurs envisagent de nous concocter au moment d’une succession réglée en 2014.
À vouloir faire de l'Algérie une exception qui échappe au mouvement "révolutionnaire" qualifié abusivement de « printemps arabe », le pouvoir prépare l’irréparable en condamnant le pays à l'inertie. Notre pays n'échappera pas aux stratégies mondiales et régionales de recomposition. Pour les puissances occidentales, américaines ou françaises, c'est simplement une question d'opportunité et de priorisation.
La crise au Mali – et l’intervention militaire qui se précise – participe de cette entreprise néocoloniale qui risque d’embraser toute la région et ne manquera pas d’impacter négativement une Algérie fragilisée.
Les atermoiements, les attitudes contradictoires parfois à la limite du ridicule qui passent pour de vrais chefs‑d'œuvres d'ambiguïté d'un ministre des Affaires étrangères sont à la mesure de l'incapacité d'un pouvoir à donner de la lisibilité et surtout de la crédibilité à la position officielle. Ces incohérences sont révélatrices des perversions d'un Système qui s'auto‑dérégule, affaiblissant l’État et déstructurant la société et nous ramènent brutalement à l'évidence qui veut qu'une diplomatie forte est conditionnée par un État fort, reposant sur un large consensus politique, économique et social, dynamique.
Affaibli de l’intérieur, pressé de l’extérieur, le pouvoir d’Alger est devant un dilemme cornélien : servir de sous‑traitant régional d'intérêts occidentaux ou camper sur ses supposés "fondamentaux", ceux d’une doctrine de politique étrangère héritée de la guerre froide, en totale retrait par rapport aux exigences d'un monde nouveau.
Une fausse alternative qui ne résistera pas à la dynamique historique. Tout comme jouer des contradictions entre puissances occidentales relèverait aujourd’hui du pur fantasme.
Car l’unique perspective pour les patriotes soucieux de protéger le pays tout en combattant un isolement dangereux et préjudiciable est de renouer au plus vite avec le rêve des pionniers des mouvements indépendantistes qui ont fait preuve d’une grande lucidité et d’une vision à long terme en n’imaginant pas l’achèvement du processus de décolonisation sans la construction d’un Maghreb libre et démocratique.
Ce grand idéal qui donne un vrai sens à une authentique politique de puissance régionale, historiquement pertinente car en phase avec les exigences d'un monde multipolaire et équilibré.
Plus que jamais, les intérêts nationaux de l'Algérie ne seront sauvegardés que dans le cadre d'une dynamique de construction maghrébine.
Tout le reste n'est que pure sophistique.
Par Samir Bouakouir.
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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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