Par Amar
Cheballah.
A leur arrestation, lors de leurs procès devant les tribunaux militaires de la colonisation, les femmes et les hommes du 1er novembre 1954, en guise de réponse aux
accusations de terroristes dont on a voulu les charger, eurent à l’unanimité cette réponse : « Non ! On n’est pas des terroristes. On est des révolutionnaires. On veut une Algérie libre et
démocratique ». La majorité écrasante de ces militants armés de la cause indépendantiste, condamnés à mort, n’avait pas le certificat de fin d’études. En dépit de leur niveau intellectuel très
limité, ils ont fait preuve d’une intelligence et d’une lucidité politique hors du commun lorsqu’à travers le Congrès de la Soummam ils ont affirmé leur attachement indéfectible aux valeurs
universelles, à la science, au savoir, à l’art et au talent.
Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, l’Algérie est devenue un Etat terroriste par excellence, qui nuit terriblement au peuple et aux ressortissants algériens.
Un chantier d’expériences, une zone pilote pour les gangsters de la haute finance internationale et de la grosse industrie militaire qui instrumentalisent le terrorisme pour spolier les peuples
de leurs souverainetés et de leurs richesses. Il suffit à l’un des portes parole de ces deux instances de dire que « l’Algérie est leader dans la lutte anti terroriste » pour voir nos dirigeants
et notre presse chanter comme le corbeau de La Fontaine. Mais ne dit on pas que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
L’Algérie qui était un modèle dans la production intellectuelle, culturelle et artistique durant la colonisation, ne l’est plus aujourd’hui. Il n’a plus d’élite. Il
est classé derrière les pays du Sahel et les pays Subsahariens. L’Algérie, au cours de ces cinquante dernières années, a perdu son savoir et son savoir faire que la colonisation n’a pas pu
détruire au bout de 130 ans de présence. Maintenant que la menace se précise sur le monde arabe, maintenant que l’Occident sous le péril de la récession, ne cache plus ses appétits voraces de
monstre dévoreur, vous tracez une feuille de route par laquelle vous poussez les partis les uns après les autres vers la porte de sortie. De ces réformettes, vous voulez faire un coup d’éclat
pour éblouir l’univers. Mais ni Ait Ahmed, ni Saadi, ni Ouyahia, ni Touati, ni Belkhadem et encore moins ces bataillons de faux moudjahidines et de délateurs auxquels vous avez fait croire qu’ils
sont les gardiens du temple, n’ont géré dans les faits le destin du pays. Toutes les décisions qui ont engagé le destin de la nation ont été votre œuvre exclusive. Nous le savons et le reste du
monde le sait également.
Aujourd’hui, vous êtes seuls. Même les écoles militaires ne peuvent pas produire un caporal audacieux capable de foutre un coup d’Etat à l’africaine, parce que vous
les avez toutes perverti et aliéné. Désormais, vous êtes seuls, sans élites et sans le peuple ; seuls avec vos puits de pétrole qui font agité l’Occident. Vous savez, le pétrole ne réfléchit pas.
Le pétrole n’est pas une science ou un patriote orgueilleux. C’est une malédiction pour les gens affamés qui haïssent la science, le savoir, la liberté, la démocratie. C’est une malédiction pour
les gens qui veulent se substituer à Dieu et à la providence.
Quant à nous, nous irons pleurer sur les tombes de Ben Boulaid, de Laghrour, d’Abane, de Ben M’hidi, de Baya Hocine, de Hassiba Ben Bouali…