13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 12:19

2012_09_arton10148_174336757.jpgPar Amar Cheballah
 Dans une petite ville française du Midi, on peut compter facilement jusqu'à 1000 hebdomadaires, quotidiens, revues spécialisées et autres éditions destinées à promouvoir le savoir et les valeurs universelles si nécessaires à l’épanouissement de la démocratie et de la citoyenneté. A moins de 700 kilomètres de cette ville dont on peut entendre les battements de cœur, un vaste pays : l’Algérie. Mais les pratiques morales, intellectuelles et politiques entre ces deux rives de la Méditerranée sont si opposées qu’on se dit par moment que le Midi se trouve à des millions d’années lumière des cotes algériennes. Il est malheureux de constater que l’Algérie tout entière ne compte pas plus de 300 journaux. Trois cent journaux dont la majorité des éditeurs et des responsables n’ont aucune relation avec la culture, le savoir, la science et la communication. Vous êtes à la tête d’un Ministère composé essentiellement d’un conglomérat de mercenaires.
S’il est vrai que l’art et le génie n’ont pas besoin de tuteurs politiques pour exister, il convient de dire que sans le savoir et sans la science la démocratie ne peut pas être rétablie sur son trône. Souvent, le régime auquel vous appartenez sournoisement dit à ses opposants : « Vous critiquez mais vous ne proposez aucune perspective ». La seule perspective qui existe (parce qu’il n’y a pas d’autres) et qui peut remettre l’Algérie sur rails est que vous cessiez ici et maintenant de clochardiser la culture et de retenir en otage l’art et le génie par des lois scélérates. Autant le lait de la maman est nécessaire à l’enfant pour grandir, autant la culture, la science et le savoir constituent la sève qui nourrit la démocratie et la liberté. Il faut que le régime auquel vous servez de façade et d’alibi pour faire accréditer aux yeux de l’opinion internationale la thèse selon laquelle l’Algérie fonctionne désormais sur les principes de la démocratie, restitue l’Etat à la nation, la culture et le savoir au peuple. Sans l’éveil des consciences, aucune démocratie n’est possible et l’Algérie est condamnée à s’effacer de la carte géographique du globe.
En vertu de quoi l’Etat accorde t-il, outre ses moyens financiers et ses appuis administratifs, des autorisations à certains pour créer un journal, une chaine de télévision et des revues et les interdit-il à d’autres ? Mais il est stupide de poser cette question. Il vaut mieux un Rabrab, un Fettani, un Belhouchet, une dévergondée… qu’un Med Dib, qu’un M’hammed Issiakhem, qu’un Mammeri, qu’un Sençal, qu’un Addi Lahouari, qu’un esprit libre genre Salima Ghezali, qu’un anarchiste romantique genre Med Benchicou …Le régime sait à quel prix il doit assurer sa survie : amputer, fragiliser ou aliéner la société en la privant d’accéder à la culture, au savoir et à la science.
Est-ce admissible qu’une petite ville de France peut compter trois fois plus de journaux et de revues qu’un Etat souverain comme le notre ? Ce que je vous dis dans cette lettre, les paysans du Djurdjura le parlent quotidiennement sur les places publiques. Et probablement dans d’autres contrées du pays aussi.
Les algériennes et les algériens savent que sans la science, le savoir, la culture et une presse réellement libre, ils ne peuvent pas avoir de partis politiques. D’ailleurs, tous les scrutins organisés depuis 1994 à ce jour l’ont prouvé avec des taux de participation qui n’ont jamais dépassé les 15%. Depuis quelques jours, le pouvoir pour se régénérer, incite le peuple à des manifestations en organisant des grèves ou en procédant à des augmentations ahurissantes des prix des produits de large consommation. Le peuple refuse de sortir dans la rue, parce qu’il sait qu’il n’a ni parti politique, ni presse et ni élite pour le défendre contre votre régime. On est comme à la veille du 1er novembre 1954. Avec cependant cette nuance : il y a plus de haine dans lés générations d’aujourd’hui que dans celles du 1er novembre 1954.

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  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
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