Selon les observateurs, le
MPA est la nouvelle carte du régime au Djurdjura. La victoire pour le moins surprenante de la formation de Amara Benyounes devant les ténors de la politique nationale n’est rien d’autre qu’un
signal fort du pouvoir en direction de l’opposition pour lui signifier qu’il contrôle désormais tous les espaces en Kabylie
Quelques mois seulement après sa naissance, le MPA s’impose comme la troisième force politique du pays. C’est ce qui ressort au lendemain de la proclamation des
résultats du scrutin pour le renouvellement des APC et APW, tenu jeudi dernier. Que pense la Kabylie de ce résultat ? Au delà de l’argument « de la manipulation scientifique du scrutin par le
régime » avancé par le FFS et le RCD, nombre d’observateurs estiment que la victoire du MPA résulte de la dynamique créée par Amara Ben younes lors de cette compagne pour le double scrutin du
29 novembre 2012.
Il a réussi à le faire probablement en raison de son propre parcours : il vient des rangs du défunt MCB et a appartenu au parti RCD ou il fut longtemps l’ombre de
Said Saadi avant de créer sa formation, le MPA. En somme, il connait bien l’univers politique de la Kabylie.
Par son expérience de militant clandestin, sa verve, son savoir faire, sa capacité à mobiliser les symboles qui touchent à l'inconscient politique de la Kabylie,
il est passé d'une position marginale à celle, peut être, de l’interlocuteur et du représentant, entre le pouvoir et les populations locales.
Mais son talent personnel n'explique pas tout. La nature a horreur du vide. Le FFS et le RCD, affaiblis et amoindris par de longues années d’affrontements
fratricides, ont fait perdre à la Kabylie sa culture et son goût pour la résistance citoyenne. Par ailleurs, il ne faut pas oublier les séquelles laissées dans la région par le mouvement
citoyen lorsque les partis d’Ait Ahmed et de Belabes ont touché le fond entre 2002 et 2007 en réalisant moins de 12% des suffrages aux différentes joutes électorales
Amara Ben younes est un homme qui a appris par cœur ses leçons. Il a appris à manier remarquablement le verbe, en ressuscitant les grandes espérances de la
région. Il a réveillé l’engouement de la Kabylie en conduisant une stratégie en trois temps : Depuis sa création, il n’a pas cessé d’articuler son discours sur les inquiétudes, les angoisses et
les déceptions de la région. Ensuite, il a su rassemblé une grande partie des mécontents FFS et RCD sous la bannière MPA. Ensuite, il a donné suffisamment d’assurances au régime par de
nouvelles orientations politiques aux antipodes avec celles prônées jusqu’ici par le FFS et le RCD.
Il reste maintenant à savoir s’il saura réellement être à la hauteur de la tache qui lui a été confiée par le régime pour séduire cette Kabylie indécise qui
constitue la majorité et effacer les formations du FFS et du RCD de l’espace politique national.
Par Said RAdjef.