3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 10:46

FERHAT_ABBAS-2-ccd9b.jpg« À vouloir agir en dehors du peuple, on arrive à des résultats diamétralement opposés aux véritables objectifs socialistes et égalitaires », extrait de la lettre de démission de Ferhat Abbas, le 12 aout 1963.

Après avoir apporté son soutien, quasiment indéfectible, à la coalition Ben Bella-Boumediene en 1962, Ferhat Abbas jette l’éponge. D’ailleurs, ce choix, il le regrettera amèrement plus tard. Quoi qu’il en soit, son engagement avec le bureau politique, créé à Tlemcen le 22 juillet 1962, ne peut être assimilé à celui des opportunistes de tout poil. En tout cas, bien que le bureau politique, après avoir écarté illégalement le GPRA, ait concocté des listes dans le seul souci d’avoir une emprise sur l’Assemblée nationale constituante, il n’en demeure pas moins que certains élus, à l’instar de Ferhat Abbas ou de Hocine Ait Ahmed, tiennent à accomplir leur mission convenablement.

Pour Ferhat Abbas, le but assigné à l’Assemblée constituante est incontestablement de doter le pays d’une constitution juste. Or, le nouveau pouvoir ne l’entend pas de cette oreille. Du coup, le peuple algérien, s’il voulait vivre libre, devrait mener derechef le combat pour sa libération de la dictature. Et en dépit des souffrances dues à la brutalité coloniale, les Algériens, selon Ferhat Abbas, doivent reconquérir, au prix d’autres sacrifices, leur émancipation. « Avant d’engager l’avenir, celui du pays, celui de nos femmes et de nos enfants, chacun de nous doit prendre conscience de ses responsabilités pour mieux les assumer. Sinon, il renonce, par un lâche opportunisme, au devoir élémentaire de tout citoyen », fait-il remarquer.

Par ailleurs, nonobstant le soutien de Ferhat Abbas à la coalition Ben Bella-Boumediene lors de la crise de l’été 1962, son respect au peuple algérien le détache rapidement de ces assoiffés de pouvoir, dont la satisfaction de leur égo relègue l’avenir de l’Algérie au second plan. Tout compte fait, ces pratiques antidémocratiques, selon lui, conduisent indubitablement à l’instauration d’une République bananière. En effet, à défaut que les chefs soient l’émanation du peuple, les vainqueurs de la crise de l’été 1962 recourent sans vergogne à la cooptation.  Celle-ci, fait remarquer Ferhat Abbas, aboutit à la formation de la «  République des Camarades », contre laquelle tout Algérien a le devoir de s’élever. Hélas ! Quarante-neuf ans après la dénonciation des dérives personnelles, la situation en Algérie reste inchangée. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le peuple algérien aura du pain sur la planche s’il veut recouvrer la liberté effective.

D’une façon générale, cette liberté ne représente pas un luxe par rapport aux sacrifices des ainés pour que cette terre ne soit pas entre les mains de n’importe quel maitre. Plus que ça, le peuple algérien a le droit et le devoir de réclamer cette liberté. D’ailleurs, de quel droit un responsable engage-t-il l’avenir du pays sans tenir compte des citoyens ? Le slogan de la révolution algérienne n’est-il pas, « La révolution se fait par le peuple et pour le peuple »? Cela dit, bien que les Algériens soient fatigués de lutter, à chaque joute électorale, ils doivent donner une claque électorale à ce régime. En tout état de cause, le boycott des élections ne sert pas la cause démocratique, notamment après les révolutions nord-africaines où des mutations réelles se sont produites. En effet, sans que le peuple recoure à la force, il faut qu’il exerce une pression telle que le pouvoir lui revienne. Ainsi, l’action du dirigeant sera soumise à son contrôle. Et celui qui ne fait pas ses preuves, il n’aura plus la chance d’exercer de nouvelles responsabilités. Et comme le dit Ait Ahmed, c’est au dirigeant de plaire à son peuple et non l’inverse.

En somme, le constat des cinquante ans d’indépendance est décevant sur le plan des libertés. En effet, depuis l’accès de l’Algérie à sa souveraineté, le peuple algérien est systématiquement marginalisé. Au meilleur des cas, il n’est consulté que pour avaliser des décisions déjà arrêtées. Enfin, sans être un grand clerc, la solution réside dans la prise de conscience du peuple algérien. En principe, c’est à lui de prendre les initiatives. « Et même s’il se trompait cette erreur serait moins grave de conséquence que le fait de le museler, et de lui imposer une camisole de force. Il a mérité mieux que cette suprême injure », conclut Ferhat Abbas sa missive.   

Par Ait Benali Boubekeur

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