14 novembre 2007 3 14 /11 /novembre /2007 10:41

imagesmorin.jpgL’association toulousaine « GREEP » a invité l’économiste François Morin pour animer une conférence-débat sur « Les troubles dans le système financier international.» En effet, le choix du sujet n’est pas fortuit. Le conférencier a fait partie du conseil de la banque de France dans les années 1980. D’emblée, il rentre dans le vif du sujet. Il constate que depuis les années 1980 quelques banques échappent au contrôle des gouvernements. Résultat des courses : les effets néfastes ne se font  pas attendre. Quoi qu’il en soit, cette situation génère d’énormes flux monétaires. Or, estime-t-il, ces oligopoles ne font rien pour  éviter la catastrophe. Cela dit, la crise provient de ces diverses façons de spéculer. Bien que les États contribuent à la création de la richesse, en profitant de l’ordre financier actuel, les banques parient sur des richesses inexistantes.

Aujourd’hui, dit-il, l’unité de mesure des transactions mondiales est le Téra dollar, soit 1000 milliards de dollars. Selon le conférencier, les sommes se trouvant en jeu sont faramineuses. « Le  PIB  mondial  est  de  44 T$. Le  marché  des  changes, ensemble  des  transactions, est  de  566 T$, dont  11  consacrés  aux  échanges  de  biens  et  valeurs  produites . Le  marché  des  produits  dérivés, c’est-à-dire les assurances,  quant à  lui, passe de 1 T$ en  1970 à 1406 T$ en  2005. En  additionnant  ces  chiffres, on  obtient  2069 T$.  Cela  représente en fait  les  marchés  inter – bancaires  ( ou  marchés  mondiaux ), équivalents au volume  total  des  transactions », précise-t-il à l’endroit de l’assistance fort nombreuse.

Cependant, pour le conférencier, la manipulation sans précaution de tant de flux monétaires a provoqué une bourrasque dans le monde de la finance. La crise a commencé, dit-il, par le phénomène de l’effet des dominos. Celle-ci est intervenue suite un choc, pour reprendre le langage des économistes. Du coup, la faillite d’une banque entraine forcément, dans son sillage, les autres banques. Car elles sont liées entre-elles par des échanges. D’une façon générale, estime François Morin, le système boursier s’est imposé depuis trois décennies. Les grands investisseurs sont désormais présents partout. Ils placent leurs biens en bourse sous forme des actions. Le conférencier explique qu’avant cette course vers les profits colossaux, « les investisseurs avaient des obligations de résultat ». Maintenant, on passe à une obligation de moyens. Désormais, la meilleure rentabilité est exigée. Ces dernières années, les investisseurs ont tellement pris du poids que leurs exigences deviennent également énorme. 

Selon le conférencier, ce phénomène a commencé dans les années 1980 aux USA et vers la fin des années 1990 en Europe. Bien que les luttes syndicales aient tempéré quelque peu ces ardeurs, au début de l’avènement de la spéculation, on assiste aujourd’hui à une course effrénée des entreprises pour le profit. Celles-ci exigent des rentabilités élevées, et ce, au détriment de la situation de l’ouvrier. Cela entraine inéluctablement la précarisation du travail. Pour François Morin, on assiste à un « management de la peur » dans le monde du travail.

Cependant, le phénomène qui s’est développé à une vitesse vertigineuse est «  les marchés de couverture ». En d’autres termes, ce sont ceux de la spéculation. Les banques, à leur tour, sont liées par ce système. Quant aux spéculateurs, ils jouent sur les hedge-funds (Fonds souverains). Ces opérations pèsent, et c’est le moins que l’on puisse dire, sur l’économie réelle. La conséquence peut se résumer ainsi : une hypertrophie de la sphère financière. Pour le conférencier, deux interrogations devront être posées aux États, si ces derniers veulent éviter une catastrophe. La première est comment éviter les hedge-funds dans les paradis fiscaux ? La seconde est comment parvenir à mettre en place un système de régulation à l’échelle mondiale des marchés monétaires ? Certes, les banques centrales vont perdre leur indépendance. Mais ne l’ont-elles pas perdu en ne parvenant pas à maitriser la crise ? En tout cas, cette question doit être prise au sérieux. Pour le conférencier, la crise financière est bien plus pire que  le risque écologique.

Pour le moment, pour sauver le système, les États doivent mettre la main à la poche. Les crédits alloués au financement des bulles sont faramineux. La plus grave est celle à laquelle on assiste actuellement aux USA. Dans les années 2000, les banques ont commencé les opérations de titrisation : créances transformées en titres financiers dans les paradis fiscaux. Tout est mis, selon François Morin, dans un « véhicule » appelé paradis fiscal. L’émission des titres sur le marché allait crescendo. Six ans plus tard, les USA se trouvent face à la crise dite « la bulle immobilière ». Plus d’un million de ménages sont dans l’obligation de vendre leurs maisons. Le système étant chevauché de partout, les banques sont prises à leur jeu. En 2007, la crise atteint de plein fouet l’Europe. Le 15 aout de la même année, les banques européennes injectent 300 milliards d’euros pour sauver le système.

En somme, le conférencier conclut son exposé en préconisant la création d’une monnaie internationale. Mais le problème est qui va la gérer ? En outre, pour le moment, les banques, notamment les banques centrales, s’y opposent à des interventions dans leur précarré. Enfin, constate-t-il, les États n’agissent qu’à leur échelle. Dans ce cas, leur pouvoir est limité. Tout compte fait, personne ne sait comment va se terminer cette crise, clôt-il son intervention.   

                 Par Ait Benali Boubekeur.     

 

commentaires

Contactez-Moi

  • : Blog AIT BENALI Boubekeur
  • : L’école algérienne ne s’est pas attelée, en ce qui concerne l’enseignement de l’histoire, à la transmission du savoir. L’idéologisation de l’école l’a emporté sur les impératifs de la formation. Or, les concepteurs de ces programmes préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles occidentales. Du coup, la connaissance de l'histoire ne passe pas par l'école.
  • Contact

  • Ait Benali Boubekeur
  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.

Recherche

Catégories