Trente-cinq jours après la tenue des élections législatives, la fédération du FFS de Tizi Ouzou tient, le 15 juin 2012, son conseil ordinaire. Bien évidemment, la fédération de Tizi Ouzou
n’est pas restée bras croisés pendant tout ce temps-là. En effet, juste après les législatives, la fédération a convoqué un conseil fédéral extraordinaire. Elle a eu surtout à gérer le mouvement
de contestation ayant touché la wilaya de Tizi Ouzou de plein fouet. Pour toutes ces raisons, la priorité de la fédération consistait à faire un travail en direction de la base quelque peu
désemparée. Par conséquent, pour dissiper autant que faire se peut les équivoques, une série de conférences, dans l’ensemble des localités de la wilaya, a été organisée.
D’une façon générale, le conseil ordinaire a pour but d’évaluer la participation, sans fard ni acrimonie, dans la wilaya.
Néanmoins, bien que tous les responsables soient conviés à prendre part à cette rencontre, force est de reconnaitre que les adversaires de la direction ont décliné tout bonnement l’invitation.
Cependant, prenant la parole en premier, le fédéral, Farid Bouaziz, souligne avec insistance l’importance de cette rencontre. Pour lui, les résultats obtenus par le parti lors des législatives du
10 mai sont satisfaisants. Dans la foulée, il annonce deux informations. L’invitation du député de Bordj Bou Arreridj, Abbas Abdelhamid, et l’animation de cette réunion par le membre de la
direction nationale, Brahim Meziani.
D’emblée, celui-ci explique que cette rencontre rentre dans le cadre d’un programme initié par le parti. En effet, des
rencontres, avant celle-ci, ont eu lieu dans les différentes régions du pays, notamment à l’est, à l’ouest et au sud. Comme celles qui l’ont précédée, le but latent de cette réunion est de
permettre qu’un dialogue franc et honnête se tienne à l’intérieur des instances du parti. Bien qu’il ait pu y avoir des insuffisances dans la façon avec laquelle a été engagé le débat avant les
législatives, le parti décide désormais de pallier aux carences en permettant à chaque militant de s’exprimer. Cependant, affirme Brahim Meziani, le parti ne tolérera pas que des critiques
soient émises en dehors de ses instances. De toute évidence, le prochain conseil national, prévu pour les 22 et 23 juin, sera une occasion de revenir sur toutes ces questions. Car une analyse
critique et objective est nécessaire afin que le bilan se fasse dans la clarté. Dans le même ordre d’idée, « les questions qui préoccupent le parti vont être discutées », affirme le membre de la
direction nationale.
Quoi qu’il en soit, Brahim Meziani n’omet pas de souligner le néfaste travail de la presse contre le FFS. Du coup, cette
situation a désorienté la base militante, dit-il. Malgré les recours du FFS visant à récupérer les sièges dont le parti a été privé, la presse algérienne a semé le doute en présentant ces acquis
comme des largesses du pouvoir. Cela dit, le FFS n’est pas seulement confronté à des embûches venant seulement de l’extérieur. « Nous avons lutté contre nos camarades pour sauver le FFS de
la débâcle », argue Brahim Meziani. Et si tous les camarades avaient fait la campagne avec la même volonté, on aurait gagné des majorités quasi absolues dans les wilayas de Tizi Ouzou et de
Bejaia. « Les sept sièges de Tizi Ouzou et les sept sièges de Bejaia sont une victoire par rapport au travail de sape qui a été accompli dans ces wilayas », étaie-t-il son propos.
Par ailleurs, le député du FFS de Bordj Bou Arreridj n’est allé par trente-six chemins pour condamner les entraves dont le FFS a
fait l’objet dans sa wilaya. En tout cas, les adversaires les plus coriaces sont les membres du parti, qui, selon lui, ont plus pensé à leur carrière qu’à l’avenir du parti. Selon Abbas
Abdelhamid, bien qu’il ait attendu la dernière minute pour faire une liste rassemblant l’ensemble des cadres du parti, il reconnait que sa tâche n’a pas été une sinécure. Car certains ont décidé
de contester la liste s’ils n’étaient pas tête de liste. Du coup, la liste n’a été faite qu’au dernier moment. Cela dit, malgré un CV très riche, certains cadres de Bordj Bou Arreridj n’ont pas
toléré que leur camarade, Abbas Abdelhamid, soit tête de liste. « Quand je me bats sur tous les fronts, ils ne me remettent pas en cause. Mais, ils ne veulent pas que je sois député »,
déplore-t-il.
Toutefois, au lendemain des élections, Abbas Abdelhamid a dénoncé, contrairement à ce qu’a été colporté ici et là, les
dépassements de l’administration. Pour corroborer sa preuve, il montre un document qu’il a signé avec plusieurs partis en lice dénonçant la fraude à Bordj Bou Arreridj. En effet, bien que le
parti soit présent dans les 34 communes de la wilaya, le PV, issu de la fraude, n’a pas permis au FFS de remporter le moindre siège. Dans ce cas, le parti a introduit naturellement des recours.
Néanmoins, avoue-t-il, les fondeurs de Bordj Bou Arreridj furent contre cette procédure de recours. Aidés par la presse, ils ont lancé une campagne de dénigrement à l’encontre du parti.
Enfin, Abbas Abdelhamid estime que les deux sièges obtenus dans sa wilaya sont le fruit d’un travail d’abnégation des militants attachés au parti. En tout cas, dit-il, j’ai tous les PV prouvant
la bonne foi de ce que j’avance.
Par ailleurs, après ces deux interventions remarquables, l’assistance est invitée au débat. À cette occasion, deux députés,
Hamou Didouche et Nassim Sadeg, se sont adressés à l’assistance. Mais l’intervention qui a retenu mon attention est incontestablement celle du docteur Moussa Tamadartaza. Bien qu’il ne dissimule
pas sa déception de ne pas pouvoir siéger au parlement [Il a été septième sur la liste, mais il a du céder sa place à une candidate], le docteur estime que le désappointement ne doit pas prendre
le dessus sur la conviction du militant. Au lendemain des élections, dit-il, une image m’est passée à l’esprit. C’est l’image du héros de la révolution, Larbi Ben Mhidi qui, bien qu’il se
dirigeât vers la mort certaine, a eu le courage de sourire aux caméras. « Que vaut mon sacrifice devant celui de ce grand révolutionnaire », s’interroge le docteur. En tout état de cause, c’est
une façon de dire que nos déceptions doivent être vite surmontées quand on mesure le sacrifice de ces grands héros. Tout compte fait, cette prise de conscience –et c’est le moins que l’on puisse
dire –est d’une moralité exemplaire. Et si tous les candidats déçus avaient pensé aux sacrifices des hommes comme Larbi Ben Mhidi, on n’aurait pas eu une contestation interne. Enfin, le docteur
exhorte chaque militant à la discipline et au respect de l’éthique, un principe cher au FFS.
Enfin, il y a une habitude qui s’impose dans les débats. En effet, les rencontres de ce genre sont une opportunité pour
les intervenants afin de vider leur sac. Hélas, la plupart des intervenants ont tendance à parler de leurs expériences personnelles que des choses pouvant faire avancer le parti. Ainsi, sur la
majorité des interventions, certains ont carrément oublié de parler du bilan, qu’il soit positif ou négatif. En revanche, ils se sont adonnés à leur exercice favori : la critique des
personnes.
Par Ait Benali Boubekeur