Le siège de la fédération du FFS de Tizi Ouzou s’est avéré trop exigu pour contenir les responsables locaux venus assister à la présentation des candidats à la députation, le 6 avril 2012. Mais avant cela, le premier secrétaire national, Ali Laskri, a procédé à l’installation du directoire de compagne électorale. A cet effet, le responsable fédéral, Farid Bouazizi, a été, à l’occasion, désigné à sa tête.
Cependant, vers 15 heures 30, Farid Bouzizi prend la parole. Après les formules de salamalecs, il se dit surtout satisfait de la présence des militants venus dans différentes localités de la wilaya. Contrairement à ce qui s’écrit dans la presse, nous dit-il, le FFS se porte bien. Après cette brève intervention, il donne ensuite la parole au premier secrétaire national, Ali Laskri. D’emblée, celui-ci invite les présents à observer une minute de silence à la mémoire du compagnon de lutte d’Hocine Ait Ahmed, maitre Ali Mécili. Pour rappel, ce partisan du rapprochement de l’opposition algérienne à l’étranger a été assassiné, il y a 25 ans, par les services secrets algériens.
Toutefois, dans son discours, Ali Laskri revient sur les conditions dans lesquelles le parti a décidé de participer à ces joutes, prévues le 10 mai prochain. D’une façon limpide, le premier secrétaire avoue que le choix fut difficile à prendre. Car il y avait, ajoute-t-il, une autre voie souhaitée par une partie de nos militants. Mais grâce à la large concertation avec la base, les militants ont pu trancher la question en choisissant, de façon totalement autonome, la participation. Ainsi, après la décision du conseil national du 2 mars, le parti a mis en place une commission chargée de recueillir les candidatures.
D’une façon générale, bien que le parti puisse se présenter dans les 48 wilayas, dans le souci de ne pas se tromper, le parti n’a retenu que 42 listes, affirme-t-il. En effet, le critère mis en valeur est indubitablement celui de la capacité du candidat à mieux représenter le parti. Néanmoins, il se peut qu’il y ait, argue-t-il, des erreurs, mais celles-ci furent sans gravités. D’ailleurs, aux différents recours émanant des candidats non retenus –ce qui est tout à fait normal dans la vie d’un parti démocratique –, le parti a apporté des réponses idoines.
Ensuite, c’est autour de Madame Nabila Adjlout, quatrième sur la liste du FFS à Tizi Ouzou de prendre la parole. En dépit d’une intervention laconique, son message, et c’est le moins que l’on puisse dire, est chargé de sens. Les mots choisis résument parfaitement l’idée qu’elle se fait du combat politique. Assumant son combat d’opposante et de femme, elle appelle de ses vœux à un changement imminent en Algérie. A ce titre, le pays doit s’appuyer, dit-elle, sur les meilleures volontés provenant que ce soit de l’homme ou de la femme.
Par ailleurs, prenant la parole en dernier, le docteur Halet Rachid, tête de liste du FFS à Tizi Ouzou, revient longuement sur les motifs ayant amené le FFS à participer aux législatives du mois prochain. Pour lui, la décision n’a pas été prise dans la précipitation. Bien que le régime ait attendu le boycottage de ces joutes par le FFS, le parti a faussé, en quelque sorte, les calculs de certains cercles du pouvoir.
Expliquant sans ambages le choix du parti, il insiste que le parti tablera prioritairement sur « la remobilisation de nos militants et de la population ». Cependant, malgré la désaffection de nos concitoyens envers la chose politique –découragés en cela par les intrigues permanentes du pouvoir –, le docteur Halet estime que « si rien n’est fait, nous irons dans le mur ». Dans ce cas, la responsabilité du FFS, comme il l’a fait à plusieurs reprises durant son long parcours, est de s’impliquer en vue d’épargner au pays les menaces, combien nombreuses, pesant sur lui.
Tout compte fait, le contexte régional, marqué notamment par les divers changements intervenus chez nos voisins, exige des acteurs politiques de ne pas se démettre. Cela dit, bien que toute décision politique soit respectable, principe cher à notre président du parti, « le boycott constitue une réponse inadaptée, voire une démission et une faute politique », argumente le docteur Halet. Ainsi, à la volonté du régime de maintenir le statu quo, le FFS envisage de créer du mouvement dans une situation que le pouvoir souhaiterait qu’elle reste figée. « Le FFS est une force de changement. Il milite depuis toujours pour un changement pacifique », étaie-t-il son propos. Car le pays, ayant souffert pendant la décennie noire, ne pourrait pas supporter une violence supplémentaire. Partant, comme par le passé, le FFS constituera une force de changement dans un cadre pacifique.
Néanmoins, bien que le FFS prenne part à un processus organisé sous l’égide du régime en place, Rachid Halet promet, en se tournant vers les autres candidats, deux choses : « Nous serons des députés dans un parlement du système sans être du système. Nous serons des députés militants et non des députés fonctionnaires ou des députés mercenaires ». Enfin, la parole est donnée derechef au responsable de la fédération de Tizi Ouzou, Farid Bouazizi, afin de présenter les candidats. Deux d’entre eux se sont excusés de ne pas pouvoir être là. La rencontre s’est terminée, dans une ambiance chaleureuse, après une petite collation.
Par Ait Benali Boubekeur