Décidemment, rien ne va plus en Kabylie ces derniers temps. Outre les élections qui se déroulent
dans l’anonymat le plus total, la visite officielle du chef de l’Etat Français, François Hollande, en Algérie, n’a pas suscité la curiosité des populations kabyles. En tous les cas, l’attitude
kabyle est loin de rimer avec ces faux airs d’hospitalité et de pays pleinement souverain que veut traduire l’Etat algérien à l’occasion du séjour de M.Hollande. En dépit de l’abattage «
publicitaire » entamé depuis des semaines par la presse et les grands medias d’ici et d’ailleurs, le moins que l’on puisse dire, l’anonymat et l’indifférence sont les deux sentiments qui
ressortent ici au Djurdjura au moment ou le président Français foulait le sol algérien. Et pourtant cette visite qui porte un cachet particulier en raison du passé douloureux qui lie les deux
pays, n’est pas de nature à laisser indifférente la Kabylie qui compte, il faut le souligner, l’une des plus grandes communautés algérienne en France. Or, la venue de François Hollande, même
surmédiatisée, vient de mettre en évidence une chose : le désintérêt et le mépris qu’à le Djurdjura pour la pratique politique, se sont visiblement enflés au cours de ces dix dernières années. Et
à tout le moins les anachronismes d’un régime dans lequel les algériennes et les algériens refusent de se reconnaître ou de s’identifier.
A vrai dire, il n’y a pas que la visite du premier responsable Français qui est confrontée au rituel marquant de l’indifférence kabyle .Un pesant et retentissant dégoût entoure l’atmosphère
depuis quelques temps déjà, au point qu’aucun événement arrive a faire sortir la région de sa torpeur pour la réconcilier avec le discours politique.
Dans la plupart des endroits ou nous nous étions rendus au Djurdjura au cours de cette semaine, la visité de M. Hollande est relatée comme un banal fait divers relevant de la rubrique des chiens
écrasés. Pas un mot sur le sujet de la repentance qui chauffe les esprits sur les deux rives de la méditerranée. Eveil des consciences ou démission totale ? La frénésie qui s’est emparée des
medias algériens et français, est vite, tournée en quelques commentaires de café, en dérision. « Le président algérien François Hollande rencontre Bouteflika » ou encore « le franco-algérien
Hollande », traduisent l’atmosphère dans laquelle baigne le Djurdjura quelques années.
Au fait, il n’y a pas que la servilité du régime qui choque et qui pousse les algériens à avoir ces sentiments d’indifférence et d’anonymat. A la vérité, nos sociologues, nos journalistes, nos
politologues et les leaders d’opinions le savent très bien, les algériens veulent en finir une bonne fois pour toutes avec la complaisance, les connivences, la courtisanerie, les faux semblants
…devenus des constantes nationales si nécessaires à la survie de chacun. Alors, attention aux grands silences qui précèdent la tempête. D’autant plus le spectre du printemps arabe plane
majestueusement sous le ciel d’Algérie.
Par Saïd Radjef.